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d’intention
« Histoire
du Congrès national ou de la fondation de la monarchie belge », par Théodore
JUSTE
Bruxelles, Librairie polytechnique d’Aug. Decq, 1850, 2 tomes (1er tome : Livres I et II ; 2e tome : Livres III et IV)
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LIVRE
TROISIEME.
CHAPITRE XI
Rappel de lord Ponsonby et du général Belliard. Causes de leur
départ
(page 231) La veille du départ des
commissaires belges pour Londres, la conférence adressa (6 juin) à lord
Ponsonby l'ordre de quitter immédiatement Bruxelles, et de communiquer cette
détermination au général Belliard.
Cette
résolution avait été prise par la conférence à la suite des informations, qui
lui avaient été adressées de Bruxelles par lord (page 232) Ponsonby jusqu'à la date du 4, et de deux notes émanées
des plénipotentiaires du roi des Pays-Bas. Par la première, ils demandaient
d'être informés officiellement des résolutions prises par le gouvernement
belge, relativement aux bases de séparation arrêtées par la conférence ; en
d'autres termes, ils exigeaient la rupture de toutes relations entre
La conférence
répondit à la première note que, d'après les informations reçues de Bruxelles,
les Belges ne s'étaient pas placés envers les cinq puissances, par
l'acceptation des bases de séparation, dans la position où se trouvait à leur
égard le roi des Pays-Bas, qui avait pleinement adhéré à ces mêmes bases ; que
lord Ponsonby était définitivement rappelé ; que le général Belliard (page 233) avait reçu du gouvernement du
roi des Français l'ordre de quitter Bruxelles dès que lord Ponsonby en
partirait, et que la conférence s'occupait des mesures que pourraient réclamer
les engagements contractés envers le roi des Pays-Bas par les cinq grandes
puissances.
A la seconde
note, la conférence répliqua que, étrangère à la lettre de lord Ponsonby, elle
ne pouvait que se référer au protocole du 21 mai. « Cet acte, disait-elle, pose
trois principes : le premier, que les arrangements qui auraient pour but
d'assurer à
Le 11 juin,
lord Ponsonby et le général Belliard quittèrent presque en même temps Bruxelles
; le premier prit la route de Calais, le second celle de Paris.
Il avait fallu
toute l'énergie du diplomate anglais pour lui faire supporter une position
devenue intolérable. Tandis qu'il était en Belgique l'objet des attaques les
plus passionnées, tandis que l'opposition le signalait comme l'implacable
adversaire de la révolution (page 234)
de septembre, la conférence l'accusait de montrer trop de condescendance pour
le gouvernement issu de cette révolution. On donnait pour prétexte à son rappel
le décret du 2 juin par lequel le congrès, au lieu d'adhérer aux bases de
séparation, avait autorisé le ministère à ouvrir de nouvelles négociations ;
mais la véritable cause, c'était que lord Ponsonby n'avait pas exécuté les
dernières instructions de la conférence, qui lui enjoignaient de notifier au
gouvernement du régent les protocoles du 10 et du 21 mai. Il était en disgrâce auprès
des représentants des cours absolutistes, qui trouvaient trop douce sa fameuse
lettre du 27 mai. Plusieurs semaines s'écoulèrent avant que la conférence,
éclairée par les faits, rendit justice à l'habilité et à la loyauté de l'homme
qu'elle avait chargé de la mission la plus délicate (Note
de bas de page : Le gouvernement britannique le récompensa en lui donnant
la riche ambassade de Constantinople).
Le cabinet français manifeste l'intention de rompre toutes
relations officielles avec
Le gouvernement
français, conformément à son système politique, était resté uni à la
conférence. Le général Belliard avait reçu l'ordre formel de quitter Bruxelles dès
que lord Ponsonby en partirait (Note de bas de
page : Le jour même où le général Belliard quittait Bruxelles, M.
Sébastian! lui adressait la dépêche suivante : « J'apprends avec la plus vive
surprise que vous avez cru pouvoir prendre sur vous de prolonger de dix jours
le délai que la conférence avait accordé aux Belges pour adhérer à ses
résolutions, et qu'elle avait fixé au 1er de ce mois. Celle démarche m'a paru
d'autant plus extraordinaire, que vos instructions, souvent renouvelées, vous
prescrivent d'appuyer les démarches du représentant de la conférence. Ma lettre
du 31 mai vous prescrit du quitter Bruxelles en même temps que lord Ponsonby si
le refus des Belges d'adhérer aux décisions de la conférence lui en imposait la
nécessité. Je m'empresse de vous renouveler cet ordre de la manière la plus
positive ; et si, lorsque cette dépêche vous parviendra, l'obstination des
Belges avait obligé lord Ponsonby à se retirer, vous devriez quitter aussi
Bruxelles immédiatement, et sans adresser au gouvernement belge aucune espèce
de communication écrite. »). Le conseil
des ministres avait décidé en même (page
235) temps, conformément au protocole du 10 mai, qu'il y avait lieu de
rompre toutes relations officielles avec
Il dut alors convenir
que l'ajournement, en quelque sorte arraché par M. Lehon, n'était pas moins
utile à
MM. Devaux et Nothomb, à
Londres. Détails sur les négociations qui aboutissent aux préliminaires de paix
dits des dix-huit articles. Intervention efficace du prince Léopold en faveur
de
Les deux
commissaires du régent, MM. Devaux et Nothomb, (page 236) étaient arrivés à Londres le 7 juin, à onze heures. Ils
lurent aussitôt le Courrier qui, dans un article semi-officiel, annonçait le
rappel de lord Ponsonby, ajoutant que le prince Léopold avait assisté à la
réunion de la conférence où cette grave résolution avait été prise. Cette
nouvelle atterra les deux négociateurs ; ils craignirent qu'elle ne provoquât
la dissolution immédiate du ministère belge et l'insuccès de la combinaison à
laquelle il avait attaché son existence. Ils demandèrent immédiatement une
entrevue au prince ; elle fut fixée au lendemain, à une heure. Les deux
négociateurs s'y rendirent, soucieux, préoccupés, se reportant, par
l'imagination, au delà du détroit, et partageant l'anxiété de leurs concitoyens
qui s'agitaient, incertains de leur sort.
Le prince
Léopold connaissait déjà M. Devaux, qui avait suivi à Londres, à la fin du mois
de mai, la première députation belge ; il avait pu apprécier la haute raison,
le jugement calme, la droiture, le tact parfait de ce citoyen éminent. Son
jeune collègue, transporté sur un théâtre digne de sa rare intelligence, allait
y paraître avec les avantages que lui donnaient une étude profonde des
questions diplomatiques et les ressources d'un esprit déjà rompu aux affaires
les plus épineuses. Le prince témoigna d'abord aux négociateurs combien il
était touché des sympathies qu'il avait rencontrées en Belgique et de la
manière dont l'avait traité même la minorité du Congrès. Repoussant ensuite avec
indignation l'imputation du Courrier, il dit aux négociateurs qu'il était
étranger au dernier acte de la conférence ; qu'elle s'était d'ailleurs bornée à
rappeler lord Ponsonby, assimilant le décret adopté par le Congrès le 2 juin à
une nouvelle protestation contre les protocoles, mais qu'elle comptait
néanmoins sur des négociations ultérieures. — « Vous m'avez « envoyé,
poursuivit-il, des hommes de beaucoup d'esprit, de beaucoup de patriotisme ;
mais jusqu'à présent, personne n'a (page
237) pu m’indiquer une base (appuyant sur ce mot). » - M Nothomb, qui avait
garde le silence, prit alors la parole. — « Le prince Léopold, dit-il, doit-il
se rendre en Belgique sans arrangement préalable avec la conférence ou après un
arrangement ? « C'est la première question à examiner. Je crois qu'il faut un
arrangement préalable ; le roi nouveau pourrait être désavoué par les
puissances qui ne seraient pas liées avec lui et qu’il aurait momentanément
tirées d'embarras. » - Après avoir développé cette opinion, il reprit : - « II faut donc un arrangement ; quel peut-il
être ?
M. Nothomb, reprenant les idées développées (page 238) dans son mémoire, exposa lui-même devant le prince, avec
une lucidité qui éclairait les points les plus obscurs, comment, si la conférence
ne s'entêtait pas sur la forme, le protocole même du 20 janvier pouvait, par
l'échange des enclaves, donner à
Cependant
l'horizon politique n'avait pas cette sérénité qui aurait pu rassurer et
encourager les représentants du gouvernement belge. A la veille de perdre
définitivement les anciennes provinces méridionales du royaume des Pays-Bas,
On montrait
Mais ce projet,
qui seul aurait pu anéantir le nom belge, fut énergiquement combattu tant à
Londres qu'à Paris même. Le prince de Saxe-Cobourg appuya vivement les
représentations des commissaires belges contre un plan destructif de cet
équilibre européen, jusqu'alors placé sous la sauvegarde de
M. Casimir
Périer déclara à M. Lehon que sa politique était tellement nette et les
instructions données au prince de Talleyrand tellement précises, qu'il y aurait
trahison si ce qu'on lui imputait était vrai. Peut-être M. de Talleyrand,
jaloux d’illustrer la fin de sa carrière, ne se renfermait-il pas dans
l'horizon du ministère Périer ; peut-être y avait-il chez lui deux hommes,
l'agent du ministère Périer et le diplomate célèbre qui s'élevait au-dessus de
ce ministère et des difficultés du moment qui l'absorbaient. Quoi qu'il en
soit, M. Casimir Périer attribuait les idées de l'ambassadeur français, quant
au démembrement de
Le gouvernement
du régent désirait vivement que l'avènement du roi des Belges pût s'accomplir
avec la conservation de l'intégrité (page
241) du territoire fixé par
Par son décret
du 2 juin, le Congrès avait autorisé le gouvernement à ouvrir des négociations
pour terminer toutes les questions territoriales au moyen de sacrifices
pécuniaires, et à faire des offres formelles dans ce sens.
Ces offres ne
purent être faites à la conférence ; car elle était déterminée à ne pas se
départir des bases de séparation consignées dans les protocoles. Les membres de
la conférence, qui paraissaient le plus favorables à
(page 244) La majorité de la conférence,
vaincue par les efforts des représentants belges, trouva dans ce système un
prétexte suffisant pour modifier ses premières décisions sans paraître y
renoncer. D'un côté, on désirait faciliter l'avènement du prince Léopold ; de
l'autre, on voulait mettre fin à une crise inquiétante. Sans se lier en rien,
sans engager d'aucune manière leur gouvernement, M.M. Devaux et Nothomb eurent
communication officieuse des propositions que la conférence se montrait
disposée à rédiger. Leurs énergiques représentations, secondées par l'active
influence du prince de Saxe-Cobourg, contribuèrent grandement à améliorer le
texte et la portée des préliminaires de paix que la conférence proposa enfin à
Ce succès, car
on peut bien donner ce nom à l'ensemble des concessions obtenues de la
conférence, ce succès fut le résultat des importantes négociations dont nous
allons continuer le récit. Il s'agissait de fixer les destinées de
Dès le 9 juin,
les deux négociateurs avaient eu avec lord Palmerston une entrevue de trois heures,
dans laquelle ils lui avaient expliqué le sens du décret voté par le Congrès le
2, et (page 245) cherché à faire
prévaloir l'intégrité territoriale de
Lord Grey, que
les commissaires belges virent le lendemain, émit d'abord l'opinion qu'il
fallait adhérer aux bases de séparation, sauf les arrangements ultérieurs ; les
négociateurs se montrèrent inflexibles. Le prince Léopold avait engagé M.
Nothomb à exposer à Sa Seigneurie le système des enclaves. Lord Grey était
attentif, mais ne comprenait pas la portée sérieuse de ce système. Pour rendre
sa déduction plus saisissante, M. Nothomb posa cette question : « Si, en 1790,
Amsterdam n’avait pas appartenu à la république des Provinces-Unies, à qui
appartiendrait Amsterdam d'après les art. 1 et 2 du protocole du 20 janvier ? »
Lord Grey fut obligé de répondre : « A
M. le baron de
Bulow, représentant de
Le 11 juin
aussi, tandis que M. Devaux se trouvait chez le prince Léopold à
Marlborough-House, M. Nothomb avait une nouvelle conférence avec lord
Palmerston au Foreign-Office. Sa Seigneurie parla de nouveau de l'échange du
Luxembourg contre la plus grande partie du Limbourg. Le négociateur belge
répondit que c'était impossible. Il demanda une explication du protocole du 21
mai, qu'il qualifia d'amère dérision, de piège dressé au prince Léopold, aux
Belges et peut-être aux ministres anglais. Il insista pour la mise hors de
cause de la question du Luxembourg. « Ce préalable est indispensable,
disait-il, pour que le gouvernement belge puisse ouvrir une négociation sur le
Limbourg sans craindre de nouvelles embûches. » On vint annoncer que tous les
ministres plénipotentiaires étaient arrivés. M. Nothomb voulut se retirer. Lord
Palmerston le pria de résumer leur conversation, ce que le négociateur belge
crut devoir refuser ; lui-même prit (page
247) alors la plume et écrivit une note qui portait en substance : « J'ai
vu les commissaires belges : leurs pouvoirs dérivent de l'art 2 du décret du 2
juin, ils ne peuvent en avoir de plus étendus. Le gouvernement belge, d'après
les lettres du général Belliard et de lord Ponsonby, regardait la question du
Luxembourg comme déjà réduite à une question d'argent, et s'étonne de
l'interprétation donnée au protocole n° 24 (le protocole du 21 mai). »
Le 14 juin,
après de nouvelles entrevues avec le prince Léopold et les deux principaux
membres du cabinet britannique, ceux-ci admirent le système des enclaves comme
base d'une négociation nouvelle, Une conversation, que les négociateurs eurent
le même jour avec M. de Wessenberg, ambassadeur d'Autriche, leur prouva que la
conférence était pressée d'en finir ; qu'elle cherchait un expédient, une issue
pour reconnaître le prince Léopold.
Lorsque les
négociateurs eurent fait connaître leurs vues à M. de Wessenberg (mise hors de
cause de la question du Luxembourg ; négociation pour le Limbourg), l'ambassadeur
d'Autriche leur dit à plusieurs reprises, en regardant la carte déployée devant
eux : « Vous ne pouvez céder le cours de
Les
négociateurs belges reconnaissaient donc la nécessité de dégager avant tout la
question du Luxembourg. Le 14, ils avaient remis au prince une note purement
confidentielle et privée sur cet objet. C'était le résumé de leurs
conversations. Le prince devait s'en (page
248) servir comme d'un guide et conférer sur cette pièce avec lord
Palmerston, sans dire de qui il la tenait et sans s'en dessaisir Cette note
était conçue en ces termes :
« Le protocole
du 21 mai, n°24, avait le double but : 1° de faciliter l'adhésion des Belges au
protocole du 20 janvier 1831 ; 2° de faciliter l'acceptation de S. A. R. le
prince Léopold.
« La rédaction
de ce protocole, loin d'atteindre ce but et de diminuer les difficultés, les a,
au contraire, augmentées et compliquées davantage.
« En effet, en
n'énonçant pas expressément que, dans la négociation pour le Luxembourg, il ne
s'agira pour
« De là, pour
« Le protocole
du 21 mai, s'il faut l'entendre dans le sens d'un échange territorial, est un
acte plus onéreux que le protocole du 20 janvier 1831 . En effet, d'après le
protocole du 20 janvier,
« Les
difficultés, loin d'être aplanies, comme le voulait la conférence, sont donc
plus grandes qu'avant le protocole du 21 mai.
« Quel est
aujourd'hui le moyen de les diminuer ?
« C'est que la
conférence donne du protocole du 21 mai une explication ou interprétation dans
l’un ou l'autre des deux sens suivants :
« 1° Qu'elle
déclare que par le mot compensations, on a entendu des indemnités pécuniaires ;
ou bien : 2° qu'elle déclare que la question luxembourgeoise, étant en dehors
de la question belge-hollandaise, restera aussi en dehors des protocoles.
« A ce sujet,
il faut bien remarquer combien sont différentes de nature la question
belge-hollandaise et la question luxembourgeoise.
« Les parties,
dans la première question, sont
« Quel a été le
but des cinq puissances à l'égard de
« Les
puissances n'ayant voulu que poser les bases de séparation entre les deux
peuples, il est juste et logique de se borner à la limite du nord de
« Que la
question du Luxembourg soit donc distraite de la question belge-hollandaise,
comme étant d'une nature différente ; que, par ce moyen, la question de la
limite à tracer entre les territoires belge et hollandais soit dégagée de toute
autre, et puisse être consentie isolément par les deux parties ; que la
décision de la question du Luxembourg soit ainsi différée jusqu'après
l'avènement du futur roi des Belges.
« Que le statu
quo soit maintenu dans le Luxembourg durant le litige.
« Que le
maintien du statu quo ne soit pas un obstacle à la reconnaissance immédiate du
roi des Belges.
« Une
pareille déclaration serait de nature à faire disparaître les plus grandes
difficultés de la question belge, qui, se trouvant réduite à la contestation
relative à la limite du nord, serait susceptible d'une solution prompte et
satisfaisante. »
L'ajournement
de cette solution maintenait l'Europe dans un état d'inquiétude et
d'irritation, qui était désastreux pour
ART. Ier (du protocole du 20 janvier
1831. - Admis).
ART. II. (Admis avec la rédaction
suivante) : «
« La question du grand-duché de
Luxembourg, distincte de la question belge-hollandaise, donnera lieu à des
négociations ultérieures, et le statu quo actuel sera maintenu dans le
grand-duché durant le litige. »
N.B. En donnant à
ART. III. (Admis.) - Il sera stipulé à
cette occasion ce quo le congres de Vienne avait déjà décidé, la libre
navigation du Rhin. De même, la libre navigation des eaux intérieures, comme le
canal du Gand à Terneuze, le Zuid-Willems-Vaart et autres, avec réciprocité. On
stipulera, en outre, des procédés équitables pour les écluses.
L'article relatif à la liberté de la
navigation dus fleuves recevra immédiatement son exécution.
ART. IV ET V. – L'échange des enclaves
sera facultatif et, entendant, le statu quo de 1790 sera maintenu. L’évacuation de la citadelle d'Anvers et des
forts belges aura lieu immédiatement comme résultat de l'établissement du statu
quo de 1790.
ART. VI. (Admis.) - La neutralité ne
donnerait aux cinq puissances ni le droit ni la prétention de s'immiscer dans
les affaires intérieures du pays.
ART. VII. (Admis.) - Cet article
n'ôterait point à
ART. VIII. (Admis.) - Les cinq
puissances déclareraient, en termes positifs, n'avoir point l'intention
d'intervenir dans aucune autre affaire entre
Déclarer que pourvu que le Congrès
belge adopte les dispositions de ce traité, les cinq puissances reconnaissent
le roi élu par les Belges.). Il (page 252) s'agissait, en un mot,
d'obtenir des puissances la reconnaissance immédiate du roi des Belges, en ne faisant
que très peu de concessions et des concessions compatibles avec la dignité du
pays. Il s'agissait d'établir sur des bases honorables et sûres l'indépendance
de
On aura
remarqué que les négociateurs belges s'étaient abstenus de toutes démarches
auprès des plénipotentiaires de la cour de Russie. Ils avaient compris que ces
démarches seraient inutiles ou dangereuses ; inutiles, puisque ces
plénipotentiaires étaient décidés à accepter ce qui leur serait présenté au nom
de la conférence ; dangereuses, car ils auraient pu initier aux secrets de la
négociation les représentants du gouvernement hollandais. Ceux-ci n'avaient pas
participé et ne participèrent point à cette négociation, pourtant décisive ;
soit inattention, soit quiétude poussée jusqu'à l'indifférence, ils ne se
doutèrent même pas du revirement qui s'opérait dans la conférence, grâce aux
efforts incessants des commissaires du gouvernement belge, secondés par la
grande influence dont jouissait le prince Léopold.
Les membres de
la députation du Congrès, qui avait suivi à (page 253) Londres les commissaires du régent, n'avaient pu remplir
jusqu'alors leur mission. Le prince Léopold leur avait témoigné combien il
était touché de l’acte solennel qui lui déférait le trône de Belgique ; mais en
même temps il avait exprimé le regret de ne pouvoir encore les recevoir
officiellement. Il avait ajouté qu’il allait consacrer tous ses efforts à
obtenir de la conférence des résolutions nouvelles plus en harmonie avec celles
du Congrès et le vœu du pays, et il les avait engagés à voir, de leur côté, les
plénipotentiaires des cinq cours et les membres du cabinet anglais. Cette
première audience, dit un des témoins, produisit une impression telle sur les
membres de la députation, dont plusieurs arrivaient avec des préventions
défavorables, que tous s'écrièrent, en sortant, que Léopold était le roi qui
convenait à
Les députés du
Congrès restèrent cependant étrangers à la négociation dont étaient chargés
exclusivement MM. Devaux et Nothomb (Note de bas de
page : Cette situation suscita quelques rivalités. Nous avons dit
précédemment que le régent, ne voyant de salut pour
Les
commissaires du gouvernement correspondaient avec le ministre des affaires
étrangères. Plusieurs membres de la députation du Congrès correspondaient avec
le régent et avec le bureau de l'assemblée. Le président de la députation
s'était empressé de faire connaître au régent les bonnes dispositions dans
lesquelles il avait trouvé le prince Léopold. De son côté, le régent décrivit
dans sa correspondance l'état du pays. « Je vois, disait-il, que les ministres
anglais tiennent à la reconnaissance du protocole du 20 janvier ; et s'ils y
persistent, ce sera un obstacle insurmontable à amener les négociations à bonne
fin. Le refus de s'expliquer, d'une part, si l'on obtiendra les objets
contestés au moyen de (page 255)
sacrifices pécuniaires, et de l'autre, la proposition d'un échange du Limbourg
contre le Luxembourg, proposition nouvelle, et que l'on dirait faite tout
exprès pour élever de nouveaux obstacles, tout cela, dis-je, me rend triste,
parce que je n'entrevois pas encore une fin bien prochaine à nos affaires, et
je crains que nous ne puissions en sortir que par un moyen violent. . . Le 30
juin approche, et s'il n'y a pas de solution pour cette époque, on mettra le
feu aux poudres... La minorité et le parti qui est opposé à l'élection du
prince emploieront tous les moyens pour arriver à leurs fins... »
État de
Le Congrès
aurait dû se réunir dès le 7 juin ; il ne se trouva en nombre suffisant pour
délibérer que six jours après, c'est-à- dire le 13. Il entendit en comité
secret un rapport du ministre de la guerre sur les forces militaires de
Cependant
l'Association nationale avait chargé son comité directeur de se rendre auprès
du régent pour le prier de renvoyer son ministère auquel on reprochait, pour
principal grief, de ne pas se préparer à la guerre. Le régent avait répondu
qu'il serait au moins convenable d'attendre jusqu'au 30 juin. Des députés de la
minorité du Congrès l'avaient également pressé de rompre avec ses ministres. On
désignait, comme pouvant les remplacer avantageusement : MM. Alex. Gendebien,
Tielemans, Ch. de (page 256)
Brouckere et le général le Hardy de Beaulieu. Comprenant les devoirs de sa
haute position, le régent objecta que le ministère ne pouvait se retirer que
devant un vote de la majorité du Congrès. La plus grande anxiété régnait dans
le pays ; quoique tranquille à la surface, il était profondément agité par des
excitations factieuses. Le parti orangiste répandait des proclamations dans
lesquelles la restauration de Guillaume Ier était ouvertement réclamée ; le
parti réunioniste prenait la résolution d'arborer le drapeau français en même
temps qu'il aurait fait détruire le monument de Waterloo. La garnison de Liége
avait été sur pied pendant quarante-huit heures pour empêcher une manifestation
qui pouvait avoir les conséquences les plus graves ; et la magistrature
communale avait décrété que des couleurs étrangères portées par un individu
quelconque seraient regardées comme un fait séditieux. Des mesures de
précaution avaient également fait avorter le complot dirigé contre le monument
de Waterloo, tandis que le gouvernement donnait satisfaction a des
susceptibilités respectables. En effet, le ministre de l'intérieur informa les
gouverneurs que les modifications amenées par la révolution dans les relations
politiques de
Les
dispositions pacifiques et conciliantes prévalaient à Londres. Un dernier
obstacle avait été surmonté par les commissaires du régent. A l'ultimatum du
prince Léopold, M. de Bulow avait voulu opposer un projet d'après lequel
Ouverture du parlement anglais ; discours de Guillaume IV. Les
chefs des torys et les chefs des whigs exposent leurs vues sur la question
belge à la chambre des lords
(page 258) Le 21 juin, Guillaume IV,
ouvrant le parlement chargé d'accomplir la reforme attendue par
« Les
discussions qui ont eu lieu sur les affaires de
Quatre jours
après, ce passage du discours du trône devint le texte d'une discussion
remarquable qui s'engagea, à la chambre des lords, entre les chefs des torys et
les chefs des whigs, lord Aberdeen, lord Grey et le duc de Wellington.
Lord Aberdeen
ouvrit le débat. « Les ministres de Sa Majesté ont parlé sans trop de défiance
du maintien de la paix, dit-il. En rapprochant ces paroles des circonstances
connues et patentes, je ne puis que concevoir quelques alarmes pour l'honneur
de ce pays. En voyant la manière pompeuse dont le ministère a constamment
exprimé son désir de la paix depuis qu'il est au pouvoir, les puissances
étrangères pourraient peut-être se persuader que l'Angleterre n'est pas
préparée à la guerre. Je ne m'occuperai pas de savoir si cette conduite était
la plus propre à assurer le maintien de la paix. Le noble comte qui est à la
tête du gouvernement conviendra qu'une politique également pacifique avait été
adoptée par ses prédécesseurs ; mais le dernier ministère possédait
l'incalculable avantage de la confiance que les puissances de l'Europe
faisaient toutes reposer sur la personne du duc de Wellington, et cette
confiance a peut-être égalé les services rendus par lui sur le champ de
bataille. La première question que j'adresserai aux ministres porte sur les négociations
relatives aux affaires de
L'illustre chef
du cabinet whig répondit à son noble adversaire : « Lord Aberdeen a dit que le
gouvernement actuel était fondé sur le principe fastueusement annoncé du
maintien de la paix. Sans doute, le gouvernement avait la plus vive anxiété
pour la conservation de la paix, mais je ne sache pas que l'on ait mis aucune
ostentation dans cette annonce. Le maintien de la paix a été le but de la tâche
que s'était proposée et que se propose encore l'administration. Nous en
convenons volontiers, et quoique dans l'état actuel de l'Europe je ne sois pas
autorisé à parler du maintien de la paix avec confiance, cependant je dois dire
que je l'espère encore. Je ne récuse aucunement l'hommage rendu aux services du
duc de Wellington ; j'admets l'importance de ses services ; mais si lord
Aberdeen veut parler des arrangements de l'Europe, auxquels le noble duc et le
comte lui-même ont eu une part considérable, j'en appelle à l'état actuel de
l'Europe comme étant le meilleur commentaire du mérite de ces arrangements. Le
noble comte a donné son assentiment au principe de la non-intervention, puis il
l'a explique de manière à le réduire à l'inefficacité la plus déplorable. Si,
par exemple, les Belges avaient établi une république, les (page 263) puissances, selon le noble
comte, auraient eu le droit d'intervenir. Je n'adhérerai jamais à aucune
intervention fondée sur de pareils motifs. Ensuite le noble comte a parlé de
l'intervention qui aurait eu lieu sous le rapport du choix d'un souverain. Le
droit du peuple de
Le duc de
Wellington intervint ensuite dans le débat, et s'exprima en ces termes « Je
crois devoir répondre aux observations qu'on a faites sur la politique du
cabinet anglais, à l'époque où j'étais premier ministre. Lord Grey s'est plaint
des embarras au milieu desquels il s'est trouvé lors de son entrée au
ministère. Personne ne connaît mieux que moi les embarras d'une telle position,
mais je désire bien qu'on sache que ce n'est ni à moi ni à aucun de mes
collègues qu'il faut les attribuer. Il faut les attribuer aux malheureux
événements de juillet, d'août (page 264) et de septembre. Ces événements, il
n'était possible pour personne de les empêcher, excepté pour les souverains
dans le royaume desquels ils ont éclaté. Les ministres de Sa Majesté à cette
époque n'ont pas cependant applaudi à ces événements. Ils prévoyaient les
difficultés et les malheurs qu'ils allaient faire naître ; ils adoptèrent un
plan spécial pour ces nouvelles circonstances, et je vois avec plaisir que lord
Grey depuis son entrée au ministère n'en a pas suivi d'autre, et jusqu'à ce
jour cela lui a fort bien réussi. Il faut que le passé nous guide un peu dans
notre conduite a venir. Il a toujours été de la politique de l'Angleterre
d'empêcher
La conférence entre dans les vues des commissaires belges
L'accord des
puissances allait se manifester par la consécration solennelle de
l'indépendance de
Sur ces
entrefaites, M. de Talleyrand, ayant reçu de Paris les nouvelles instructions
dont nous avons parlé, donna un grand repas auquel il invita les négociateurs
belges. Lorsque M. Nothomb entra, il le prit à part, et s'appuyant familièrement
sur son épaule, lui dit : « Il faut en finir ; vous savez que je signerai tout
ce qui nous sera présenté de la part du prince Léopold. »
Il serait donc
inexact de prétendre, comme on l'a fait en France, que M. de Talleyrand aurait
rédigé ou suggéré le traité des dix- huit articles. La vérité est qu'il les
accepta, même un peu à contrecœur.
La rédaction
définitive des préliminaires de paix, contenus en dix-huit articles, fut
arrêtée, le 24 juin, au soir, à Marlborough-House, entre le prince Léopold,
lord Palmerston et les deux commissaires du régent de
Les dix-huit articles sont envoyés, le 26 juin, aux commissaires
du régent. Réception officielle des députés du Congrès par le prince
Léopold. Le prince accepte la couronne de Belgique et annonce qu'il se rendra
en Belgique dès que le Congrès aura adopté les dix-huit articles
(page 266) Les commissaires du régent
s'attendaient à recevoir, le 25, la notification officielle du traité de paix.
Leur espoir fut déçu. Dans la matinée du dimanche, 26 juin, ils furent priés
par lord Palmerston de se rendre au Foreign-Office. Sa Seigneurie leur apprit
que le projet d’arrangement devait être remis par le prince Léopold à la
députation du Congrès, non signé, mais avec l'assurance donnée par Son Altesse
Royale que l'acceptation de ces conditions satisferait pleinement la
conférence. Après s'être élevés avec force contre ce mode de présentation d'un
acte aussi important, les commissaires se rendirent chez le prince, qui leur
dit que la veille il avait fait les mêmes objections. En ce moment, arriva un
billet de lord Palmerston dans lequel il mandait au prince qu'il était ébranlé
par les raisons des deux négociateurs. Le prince crut pouvoir fixer à huit
heures du soir la réception officielle de la députation du Congrès. Mais, à
sept heures, la notification du Foreign-Office n'était pas encore faite aux commissaires
du régent. M. Nothomb se rendit à Marlborough-House et instruisit le prince de
cette circonstance. La réception de la députation du Congrès fut alors fixée à
neuf heures. Enfin, vers huit heures, un paquet à l'adresse des deux
commissaires leur parvint à Brunswick-Hotel, où ils étaient descendus ; ils
l'ouvrirent et trouvèrent une simple lettre d'envoi, puis un deuxième paquet
cacheté à l'adresse de M. Lebeau, ministre des affaires étrangères du royaume
de Belgique ; la deuxième enveloppe fut aussitôt rompue, les dix-huit articles
lus et vérifiés. A neuf heures, la députation du Congrès se rendit à
Marlborough-House pour remettre officiellement au prince Léopold de
Saxe-Cobourg le décret qui l'appelait au trône de Belgique. Le président du Congrès
s'exprima en ces termes :
« MONSEIGNEUR,
« La révolution
belge est un fait accompli ; ce fait a été reconnu (page 267) par les grandes puissances, qui ont proclamé
l'indépendance d'une nation réunie, contre sa volonté, à une nation étrangère.
Les Belges, en se constituant, ont voulu fonder au dedans les libertés
conquises au prix d'une lutte courageuse, et montrer à l'Europe, par le choix
du souverain destiné à garantir leur existence politique, le vif désir de
concourir à la conservation de la paix générale. Désormais, rendus à eux-mêmes,
invinciblement attachés à leur patrie, au gouvernement qu'elle s'est donné, ils
opposeront une barrière redoutable à quiconque attenterait à leurs droits comme
nation, et ils contribueront ainsi au maintien de l'équilibre européen.
« C'est un rare
et un beau spectacle dans les fastes des peuples que l'accord de quatre
millions d'hommes libres déférant spontanément la couronne à un prince né loin
d'eux et qu'ils ne connaissaient que par ce que la renommée publiait de ses
éminentes qualités. Votre Altesse Royale est digne de cet appel, digne de
répondre à cette marque de confiance. Le bonheur de
« Au nom et
d'après les ordres du Congrès national, la députation belge a l'honneur de
remettre à Votre Altesse Royale l'acte solennel du 4 du présent mois, qui
l'appelle au donc de
(page 268) Le président du Congrès ayant
remis le décret d'élection au prince, celui-ci répondit :
« MESSIEURS,
« Je suis
profondément sensible au vœu dont le Congrès belge vous a constitués les
interprètes.
« Cette marque
de confiance est d'autant plus flatteuse qu'elle n'avait pas été recherchée par
moi.
« Les destinées
humaines n'offrent pas de tâche plus noble et plus utile que celle d'être
appelé à maintenir l'indépendance d'une nation et à consolider ses libertés.
« Une mission
d'aussi haute importance peut seule me décider à sortir d'une position
indépendante, et à me séparer d'un pays auquel j'ai été attaché par les liens
et les souvenirs les plus sacrés, et qui m'a donné tant de témoignages de
sympathie.
« J'accepte
donc, messieurs, l'offre que vous me faites, bien entendu que ce sera au
Congrès des représentants de la nation à adopter les mesures qui seules peuvent
constituer le nouvel État ; et par là lui assurer la reconnaissance des États
européens.
« Ce n'est
qu'ainsi que le Congrès me donnera la facilité de me dévouer tout entier à
La députation
rapportait la lettre suivante adressée, sous la date du 26 juin, par le prince
de Saxe-Cobourg au régent de
« MONSIEUR LE
RÉGENT,
« C'est
avec une entière satisfaction que j'ai reçu la lettre que (page 269) vous m'avez écrite, datée du 6 juin. Les circonstances
qui ont retardé ma réponse vous sont trop bien connues pour avoir besoin d'une
explication.
« Quel que
soit le résultat des événements politiques relativement à moi-même, la
confiance flatteuse que vous avez placée en moi m'a imposé le devoir de faire
tous les efforts qu'il a été en mon pouvoir pour contribuer à mener à une fin
heureuse une négociation d'une si grande importance pour l'existence de
« La forme de
mon acceptation ne me permettant pas d'entrer dans les détails, je dois ici
ajouter quelques explications. Aussitôt que le Congrès aura adopté les articles
que la conférence de Londres lui propose, je considérerai les difficultés comme
levées pour moi, et je pourrai me rendre immédiatement en Belgique.
Actuellement, le Congrès pourra d'un coup d'œil embrasser la position des
affaires. Puisse sa décision compléter l'indépendance de sa patrie, et par là
me fournir les moyens de contribuer à sa prospérité avec le dévouement le plus
vrai !
« Monsieur le
régent, veuillez agréer l'expression de mes sentiments distingués.
« LÉOPOLD.
« Londres, le
26 juin 1831. »
Le prince envoyait
en même temps la réponse suivante à l'adresse de félicitations qui lui avait
été adressée par la régence de Bruxelles :
«
Marlborough-House (Londres), ce 20 juin 1831.
« A MM. le
Bourgmestre et les Échevins de la ville de Bruxelles.
« MESSIEURS,
« J'ai reçu
avec une sincère satisfaction votre lettre datée du (page 270) 9 juin et je suis bien sensible aux sentiments que vous
m'y exprimez.
« Veuillez
croire que si les événements politiques me conduisent bientôt au milieu de
vous, je tâcherai de vous prouver, par les soins les plus assidus et les plus
constants, ma vive sollicitude pour le bien-être et la prospérité des habitants
de Bruxelles.
« Messieurs,
« Votre
très-dévoué,
« LÉOPOLD. »
(Note
de bas de page : L'adresse de la ville de Bruxelles était de la teneur
suivante : « MONSEIGNEUR, Le- bourgmestre et les échevins de la ville de
Bruxelles, organes du vœu général de leurs administrés, ont l'honneur
d'exprimer à Votre Altesse Royale leur adhésion sincère à son élection comme
roi de
« Le noble caractère et les vertus
privées dont Votre Altesse Royale offre le modèle ont sans doute
particulièrement contribué à déterminer ce choix, sanctionné par toute une
nation judicieuse et sage, qui, après avoir souffert les maux inséparables des
commotions politiques, aspire à prendre, sous un sceptre protecteur de ses
droits, le rang qui lui est assigné parmi les peuples régis
constitutionnellement.
« Puisse Votre Altesse Royale, en
prenant possession du trône populaire qui lui est dévolu, venir bientôt parmi
nous assurer l'existence politique, l'indépendance et la prospérité de notre
patrie !
« Le bourgmestre et les échevins
supplient Votre Altesse Royale de recevoir favorablement l'hommage de leur
profond respect.
« Bruxelles ce 9 juin 1831.
« Le Bourgmestre président, ROUPPE.
« Par ordonnance : Les
Secrétaires, ZANNA, WAEFELAER. »).
Retour des commissaires et des députés
(page 271) Les députés du Congrès et les
commissaires du régent quittèrent Londres à minuit. Débarqués à Ostende le 27
juin dans la soirée, ils partirent immédiatement pour Bruxelles, à l'exception
de M. Devaux qui s'arrêta à Bruges.
Le 28, à onze
heures du matin, M. Nothomb remit le traité des dix-huit articles aux
ministres, réunis en conseil dans l'hôtel du régent. Pendant les cinq derniers
jours, MM. Devaux et Nothomb avaient été tellement absorbés par les
négociations, qu'il leur avait été impossible de continuer leur correspondance
avec le ministre des affaires étrangères. Les propositions définitives de la
conférence vinrent donc en quelque sorte le surprendre. M. Nothomb fit
connaître au régent et à son conseil le résultat de la négociation, la
réception solennelle de la députation du Congrès par le prince et son
acceptation conditionnelle de la couronne. M. Nothomb donna ensuite lecture des
dix-huit articles. M. Barthélémy, ministre de la justice, rompit le premier le
silence pour s'écrier : « C'est plus beau que