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« Histoire
du Congrès national ou de la fondation de la monarchie belge », par Théodore
JUSTE
Bruxelles,
Librairie polytechnique d’Aug. Decq, 1850, 2 tomes (1er tome :
Livres I et II ; 2e tome : Livres III et IV)
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matières
LIVRE
PREMIER. LE GOUVERNEMENT PROVISOIRE
CHAPITRE
VII
Protocole
du 17 novembre 1830. Institution d'un comité diplomatique. Adhésion définitive
du gouvernement provisoire à la suspension d'armes.
(page 123)
Il restait une dernière question à vider, la plus brûlante de toutes, car il
s'agissait de prononcer la déchéance d'une dynastie, alliée aux Romanov et aux
Hohenzollern. La guerre européenne, croyait-on, pouvait sortir de la décision
qui serait prise par le Congrès belge. Cependant la diplomatie n'épargnait rien
pour assoupir la lutte encore flagrante entre les deux parties de l'ancien
royaume des Pays-Bas. Revenus à Londres, le 13 novembre, avec l'adhésion
éventuelle du gouvernement belge au premier protocole (du 4 novembre) MM
Cartwright et Bresson étaient bientôt repartis pour Bruxelles avec un nouveau
protocole, dans lequel la conférence (page
124) annonçait l'adhésion du roi des Pays-Bas à un armistice sur les bases
du 4. Le 19, ils communiquèrent au gouvernement provisoire ce second protocole
, qui portait la date du 17. La veille, le comité central, pour rendre sa tâche
plus facile, avait institué un comité diplomatique, et il l'avait composé de
MM. Sylvain Van de Weyer, président, comte d'Aerschot, comte de Celles,
Destriveaux et Nothomb, tous membres du Congrès (Note de bas de page :
M. Ch. Lehon fut adjoint au comité dans les derniers jours de décembre, et M.
Destriveaux s'en retira au commencement du mois de janvier 1831).
Le 21 novembre, un dimanche, à quatre heures de
l'après- midi, le gouvernement provisoire donna son adhésion définitive à la
suspension d'armes proposée par la conférence, mais sans rien préjuger sur les
dispositions du second protocole qui pouvaient être sujettes à discussion, et
le tout sous condition de réciprocité parfaite de la part de
Le protocole du 17 portait encore la signature de
lord Aberdeen. Mais ce fut son dernier acte. La réforme électorale, réclamée avec
persévérance depuis la fin du siècle précédent, avait enfin conquis la majorité
dans le parlement anglais. Le duc de Wellington venait de se retirer devant les
whigs victorieux, et le vénérable et loyal lord Grey avait pris la direction
des affaires avec lord Melbourne, comme ministre de l'intérieur, et lord
Palmerston comme chef du Foreign-Office. Ce changement ministériel, sans
apporter aucune modification apparente ou immédiate dans la politique étrangère
de
Discussion
de la proposition relative à l'exclusion de la maison de Nassau lors de la
séance du 23 novembre 1830.
Le 23 novembre, un silence religieux s'établit dans
l'enceinte du Congrès, lorsque M. Constantin Rodenbach prit la parole pour
développer sa proposition. Il remplit cette tâche avec une énergie que
justifiaient le souvenir encore récent des combats de Bruxelles et du
bombardement d'Anvers, la haine de la suprématie hollandaise, les manœuvres des
partisans de la maison d'Orange, la colère du peuple qui frémissait à l'idée
d'une restauration. Mais les passions, qu'elles soient excitées par le
fanatisme politique ou par l'exaltation religieuse, sont presque toujours
injustes, quelquefois cruelles, parce que lorsqu'on veut démolir, il n'est
guère possible de ménager ses coups. Certes, on peut encore admirer aujourd'hui
la fermeté dont la majorité du Congrès donna une preuve éclatante, on doit
approuver l'arrêt que le bien du pays lui dicta; mais en racontant fidèlement
ces discussions orageuses, l'historien n'est pas obligé de s'associer aux
accusations partiales (page 126) que
l'effervescence du moment inspira contre une des plus illustres maisons
souveraines de l'Europe. M. Rodenbach considérait l'exclusion perpétuelle des
Nassau de tout pouvoir en Belgique comme le corollaire et le complément de la
proclamation de l'indépendance ; il demandait aussi cette exclusion comme
condition de paix, afin de ramener la tranquillité dans les esprits et de
rattacher définitivement le peuple au Congrès. Non seulement il déclarait le
roi Guillaume parjure et sanguinaire, mais il repoussait avec autant de
vivacité la candidature du prince d'Orange. « Il n'y a, disait-il, point de
paroles de paix, point de gages, point de promesses, point d'expiations, qui
puissent racheter les maux qui, depuis quinze ans, ont accablé notre
malheureuse patrie : un fleuve de sang nous sépare. Le nom du prince d'Orange
est à jamais enseveli sous les ruines encore fumantes de la ville d'Anvers.
N'avons-nous pas juré sur les cadavres de nos frères que la famille des Nassau
avait cessé de régner sur nous? » La proposition de M. Rodenbach fut
immédiatement combattue par le comte Joseph de Baillet, député de Nivelles. A
ses yeux, Guillaume I" avait mérité la déchéance pour avoir violé le pacte
en vertu duquel il possédait
M. Nothomb fut calme, digne, mais remarquable par
la force de son argumentation. « Lorsqu'on veut être libre, dit-il, on ne conserve
pas une main dans les chaînes ; on les dégage toutes les deux. En proclamant
notre indépendance, nous avons rendu impossible tout retour à la domination
hollandaise. Repousser le peuple hollandais, et supposer la possibilité de
l'avènement d'un prince hollandais, serait à la fois établir et détruire le
même principe, annuler et sanctionner les traités de 1815. En vain dira-t-on
que nous ne pouvons nous lier pour l'avenir, nous et les générations futures ;
toute loi est faite pour l'avenir. C'est un acte de providence nationale que
nous exerçons ; la (page 128)
postérité le ratifiera si, comme nous, elle veut l’indépendance. »
Abordant ensuite un autre ordre d'idées, prévoyant les menaces qui allaient
bientôt éclater, et voulant neutraliser leur effet, l'orateur ajoutait : «
Cette déclaration est une mesure politique d'une grande portée. Elle
n’augmentera pas les embarras du choix du chef de l'État ; elle les diminuera.
Elle ouvrira un vaste concours européen, et amènera peut-être des combinaisons
politiques très avantageuses Elle exercera une grande influence sur les
déterminations des puissances étrangères. Nous préviendrons beaucoup
d'intrigues, et nous dominerons la diplomatie. Jusqu'aujourd'hui
Tous les arguments furent employés dans cette solennelle
discussion. On invoqua tour à tour l'opportunité, la nécessité politique,
l'honneur de la nation belge, et les enseignements du passé. « Toutes les fois,
dit M. H. Vilain XIIII, qu'une forme de gouvernement devient destructive de la
liberté et du bonheur des citoyens, ceux-ci ont le droit de la rejeter et de
l'abolir ; que si on exige l'autorité des antécédents et de l'histoire pour
valider cette proscription, nous montrerons le grand exemple des Stuarts
expulsés par les chambres d'Angleterre dans la (page 129) glorieuse révolution de 1688. Nous ouvrirons enfin les
pages de nos propres annales, et vous y lirez , non sans étonnement, qu'en
l'année 1581 , les états généraux des Pays-Bas, avec l'assentiment du prince
d'Orange, prononcèrent l'exclusion de Philippe II de toute souveraineté en
Belgique, qu'ils transférèrent au duc d'Alençon, frère du roi de France; tant
il est vrai de dire que, dès cette époque, la doctrine de la résistance légale
des peuples que l'on opprime n'était plus mise en doute dans nos contrées, et
que les nations n'appartenaient plus aux rois. »
Deux orateurs s'étaient déclarés formellement
contre la proposition ; trois avaient demandé l'ajournement ; dix-sept avaient
réclamé l'exclusion à perpétuité. Des considérations puissantes engageaient
l'assemblée à ne pas prolonger ces débats irritants. Une agitation tumultueuse
régnait au dehors. La multitude, qui se pressait au pied du Palais législatif,
faisait entendre des vociférations et des menaces de mort contre les orangistes
qui ne voteraient point l'exclusion (Histoire du royaume des Pays-Bas,
par M. DE GERLACHE, t.II.). Sur la proposition de M. Lebeau, la clôture fut
mise aux voix; mais la majorité la repoussa. Elle voulut que les adversaires de
la proposition eussent la faculté de motiver leur vote. Décision imprudente,
car, dans ce moment même, les agents des puissances se concertaient pour
briser, par la menace aussi, la majorité de l'assemblée.
Arrivée de
M. de Langsdorff à Bruxelles. Le gouvernement provisoire et le comité
diplomatique repoussent l'intervention qu'on veut leur imposer.
Le 23, après la séance, MM. Cartwright et Bresson
eurent avec le comité diplomatique une conférence qui dura de neuf heures du
soir à minuit. Il ne fut pas question, dans cette entrevue, du grave objet sur
lequel le Congrès délibérait. Mais le lendemain, vers dix heures du matin, les
membres du comité diplomatique furent convoqués extraordinairement ; ils se
réunirent avec les membres du gouvernement provisoire et le président de (page
130) l'assemblée nationale. Un envoyé du cabinet du Palais-Royal, M. de
Langsdorff, arrivé le matin même à Bruxelles, fut reçu par cette commission ;
il était accompagné de M. Bresson. M. de Langsdorff était porteur d'une lettre
dans laquelle aucune puissance n'était spécialement désignée ; mais il
résultait de cette lettre que l'exclusion des Nassau pouvait dominer la paix de
l'Europe et compromettre un Etat voisin ; on conseillait donc d'éviter cette
question brûlante. Le gouvernement provisoire et le comité diplomatique
déclarèrent unanimement que l'exclusion était de la plus impérieuse nécessité,
et repoussèrent l'intervention qu'on voulait leur imposer. Un des membres du
gouvernement provisoire étant allé communiquer son opinion personnelle aux
commissaires de la conférence, ceux-ci répondirent que
Vers midi s'ouvrit la séance du Congrès. Les
spectateurs (page 131) affluaient
dans les tribunes. On savait vaguement ce qui venait de se passer, et l'anxiété
était grande dans l'assemblée. Tout à coup on donne lecture d'une proposition
de M. Legrelle tendant à obtenir communication des ouvertures faites au
gouvernement provisoire par les agents de
Le
Congrès, après avoir reçu, le 24, communication des propositions de M. de
Langsdorff, passe à l'ordre du jour. Débats orageux. Le Congrès vote
l'exclusion des membres de la maison de Nassau de tout pouvoir en Belgique.
Le comité diplomatique, ainsi que le gouvernement
provisoire, ne voulant pas assumer la responsabilité des événements, avaient
résolu de faire part au Congrès des ouvertures de M. de Langsdorff. Aucune note
diplomatique n'ayant été remise, M. Van de Weyer répéta verbalement la
communication faite de bouche aussi par l'agent français. Une vive discussion
s'engagea, el aboutit à une résolution presque unanime : l'ordre du jour. Le
Congrès avait senti que céder sur ce point aux insinuations ou aux exigences de
la diplomatie, c'était ouvrir la porte à une série interminable de concessions.
Il ne voulut point transformer l'arbitrage de Londres en intervention
permanente et tyrannique.
A une heure et demie, la séance publique fut
reprise. La plus grande agitation régnait parmi les députés réunis dans
l'enceinte du Congrès ; les uns se livraient à des conversations animées,
d'autres paraissaient vivement affectés. Le président annonce que l'assemblée
passe à l'ordre du jour sur les communications qui lui ont été faites et se
déclare en permanence jusqu'à la fin de la discussion. M. Jottrand prend le
premier la parole. « Hier, » dit-il, « j'avais cru devoir déclarer que je
voterais contre la (page 132)
proposition ; aujourd'hui, après
les communications qui nous ont été faites en comité secret, je croirais
manquer à la dignité nationale et à mon devoir de représentant du peuple belge,
si j'hésitais une minute à voter l'exclusion à perpétuité de la famille des
Nassau. » Les tribunes applaudissent, et la clôture est demandée avec vivacité.
« J'ai le droit, dit un député de Maestricht (M. Destouvelles), d'être
entendu ; je veux expliquer mon vote, les motifs qui le déterminent et qui ne
sont point puisés dans les communications qui vous ont été faites tout à
l'heure. Je ne veux pas qu'on croie que la crainte des poignards influe sur ma
décision. » M. Forgeur invoque le règlement et demande que la clôture soit mise
aux voix. « Il y a d'ailleurs, ajoute-t-il, d'autres considérations qui
l'exigent. Les communications qui nous ont été faites, et qui nous menacent
d'une intervention déguisée, ne nous permettent plus de temporiser. Il y va de
l'honneur national. Hâtons-nous de prononcer l'arrêt qui devient pour nous un
acte d'indépendance. » De nouveaux applaudissements éclatent ; les cris de
clôture se font entendre avec plus d'énergie ; le tumulte est à son comble. «
Ce n'est pas par de la faiblesse et de la pusillanimité, s'écrie alors M. Alex.
Gendebien, que nous délivrerons notre territoire ; notre révolution est
commencée ; elle marchera, il faut qu'elle marche, car une révolution qui
s'arrête avant d'être arrivée à son terme se perd. » Ces paroles chaleureuses
augmentent encore l'agitation. M. de Gerlache s'efforce de la calmer et de
ramener à la modération la majorité pleine d'irritation et d'enthousiasme. « En
1825, dit-il, trois membres de cette assemblée ont protesté contre la majorité
et ont professé des principes qui triomphent aujourd'hui. Ne méprisez pas les
minorités. Ne décidons pas par acclamation du sort de
M. de Gerlache, ayant obtenu la parole, commence
par déclarer qu'il n'agit pas sous l’inspiration de la peur et qu'il n'a aucune
arrière-pensée ; qu'habitué depuis de longues années à une lutte persévérante
contre le gouvernement hollandais, tandis qu'il était puissant, il ne vient pas
non plus prendre son parti aujourd'hui, mais qu'il vient défendre l'intérêt de
la propre dignité du Congrès, de la politique et de la justice. Rappelant
ensuite les luttes parlementaires qu'il avait soutenues contre le gouvernement
des Pays-Bas et ses prédictions sur la rupture prochaine du mariage
diplomatique et forcé entre deux peuples différents d'origine, de mœurs, de
langage, d'intérêts, de religion, M. de Gerlache cherche à prouver que la
proposition est inutile depuis que le Congrès a proclamé l'indépendance de
(page 135)
Le fantôme de l'Europe absolutiste vengeant l'outrage fait à la maison de
Nassau, ce fantôme menaçant, invoque par l'orateur, n'arrêta ni n'ébranla
l'assemblée.
M. Destouvelles fit preuve aussi d'un courage bien rare
en bravant les sentiments exaltés du peuple. « Je respecte le peuple, je
l'estime, je l’admire, dit-il. Mais je n'admets aucune influence quelconque
susceptible de dominer mon vote ; et si j'avais besoin d'être affermi dans la
conviction dont il sera l'expression, je trouverais de nouveaux motifs pour y
persister dans ces sinistres fictions dont mon indépendance et ma raison font
justice. » Oui, il fallait assurer la liberté de la minorité, quoique son
opposition fût plus dangereuse assurément que le décret d'exclusion. M. de
Gerlache lui-même a été forcé de reconnaître plus tard que la proposition, une
fois soulevée, l'exclusion devait être prononcée sur-le-champ, ou qu'il fallait
clore la salle du Congrès au bruit des huées populaires. C'est ce que firent
entendre MM. d'Arschot, de Langhc, de Muelenaere et Duval de Beaulieu. M. le
comte d'Arschot s'exprima en ces termes : « C'est à regret que j'ai vu la
question soulevée. Je pensais que la déclaration d'indépendance devait suffire
; mais la question est posée, elle a subi une discussion solennelle, qui
retentira en Europe; nous ne pouvons plus reculer. Je le sais, nous sommes
entre deux écueils, nous avons à opter entre la république sans nous, ou la
monarchie sans les Nassau. Quoi qu'il arrive, dans le parti que nous prendrons,
l'honneur sera sauf, et la postérité nous jugera. »
M. de Langhe dit : « J'ai parlé contre la
proposition, en me réservant mon vote... D'autres considérations ont ébranlé ma
conviction : l’agitation qui règne au dehors, et les communications qui nous
ont été faites. Nous ne pouvons plus, par un acte de faiblesse, accepter,
légitimer l'intervention. » M de Muelenaere ajouta : «... Je regrette bien
vivement qu'on (page 136) ait si
imprudemment lancé dans cette enceinte une proposition à laquelle je ne
reconnais, dans les circonstances actuelles, aucun caractère d'urgence ni
d'utilité, et dont il est impossible de calculer les résultats. Mais le mal me
semble consommé. Si la proposition est réellement dangereuse, si elle peut
exposer le pays à de tristes représailles de la part de
M. le comte Duval de Beaulieu prononça ces mots : «
J'avais l'intention de combattre la proposition de l'exclusion des Nassau, que
je trouve entachée de tant de défectuosité, d'intempestivité, d'injure inutile
et basse...C'est avec une vive émotion, je l'avoue, que je fais céder
aujourd'hui mon opinion à l'imminence des circonstances, et ce sera pour cette
fois seulement. Il faut pour cela toute l'importance que j'attribue à la
communication qui vient de nous être faite en comité secret ; mais à l'idée
d'une intervention contraire à nos droits, à l'idée d'autres événements autant
à craindre peut-être, je ne puis résister, et sacrifiant une question de forme
que je crois oiseuse en fait, je me réunis, non sans regret, il est vrai, à la
majorité, dont je crois que nous devons augmenter la force en cet instant. »
Après ces paroles décisives, la clôture de la
discussion fut prononcée. Le président rappela aux membres de l'assemblée et
aux citoyens des tribunes que la résolution du Congrès, quelle qu'elle fût,
devait être accueillie par le plus profond silence. On allait passer au vote,
lorsque M. Legrelle transmit au bureau (page
137) une proposition par laquelle il demandait que la question fût posée de
manière que l'assemblée put opter entre l'exclusion et l'ajournement, et que
les députés, qui voteraient contre l'exclusion, fussent censés non pas se
prononcer pour l'admission, mais pour la fusion de la question dans celle du
choix prochain du chef de l'État. Cette proposition avait pour but, suivant M.
Legrelle, d'éclairer la nation sur les véritables sentiments de ses mandataires
; en fait, elle devait ouvrir une issue aux opposants et les soustraire à
l'impopularité qui les menaçait. Elle fut accueillie par des rumeurs, et
retirée par M. Legrelle lorsqu'il vit qu'elle n'était pas appuyée. On passa au
vote. Cent quatre-vingt-neuf membres étaient présents ; cent soixante et un se
prononcèrent pour la proposition ; vingt-huit votèrent contre.
(Note de bas de page : Voici la liste, par
province, des députes qui votèrent pour ou contre l'exclusion de la famille
d'Orange-Nassau :
ANVERS
Pour: MM. le chanoine Boucqueau de Villeraie, le
comte François de Robiano, Jacques Bosmans, Jean-Baptiste Joos, Léonard Ooms, Louis
Gendens, P.-J. Denef, Ch.-Th. Lebon, Pierre-Eugène Peeters.
Contre : MM. Henri Cogels, d'Hanis Van Cannaert,
Jean-Baptiste Claes, Gérard Legrelle, le baron J.-J.-R. Osy, Ferdinand Dubois,
père, Albert Cogels, Werbrouck-Peeters, François Domis.
BRABANT
Pour : MM. le comte d'Arschot, le baron Jos.
Vanderlinden-d’Hooghvorst, Barthélémy. Sylvain Van de Weyer, Barbanson, le
comte de Celles, Viron, le baron Beyts, Lucien Jottrand, Vandenhove,
J.-B.Pettens, l'abbé Corten, Peemans, Van Meenen , Vanderbelen, l'abbé
Vanderlinden, Wyvekens, Deville, Nopener, Baugniet.
Contre : MM. le comte Cornet de Grez,
Huysman-d'Annecroix, le baron Van Volden de Lombeek, de Hemptinne, le comte J.
de Baillet.
Absents : MM. Lefebvre, non encore admis. Kockaert,
malade.
FLANDRE
OCCIDENTALE
Pour : MM. Coppieters, Félix de Muelenaere, le
baron de Pétichy Van Huerne, Paul Devaux, Serruys, Morel Danheel, Buylaert, de
Man, François de Langhe, François de Coninck, Léon Mulle, le curé Pollin, Jean
Goethals, Goethals-Bischoff, l'abbé Verbeke, Léon Vandorp, Lesaffre, père,
Buyse-Verschuere, le curé Wallaert, le vicomte de Jonghe, de Roo, Alexandre
Rodenbach, Constantin Rodenbach, l'abbé Désiré de Haerne, le comte Félix de
Béthune.
Contre : MM. l'abbé de Foere, Jean Maclagan.
Absent : M. Roels.
FLANDRE
ORIENTALE
Pour : MM. de Ryckere, Robert-Helias d'Huddeghem,
Charles Surmont de Volsberghe, le marquis de Rodes, Van Innis, le vicomte
Gustave de Jonghe, l'abbé Joseph Desmet, le baron Ch. Coppens, Jean
Vergauwen-Goethals, de Lehaye, Ferdinand Speelman-Rooman, Constant Wannaar,
Camille Desmet, Thienpont, Liedts, Eugène Hoobrouck de Mooreghem, Louis
Beaucarne, Eugéne Desmet, l'abbé Van Crombrugghe, le baron de Meer de Moorsel,
Jean-Eugène Fransman, Delwarde, Livin Vanderlooy, le curé Andries, Lebègue, le
comte Vilain XIIII, Verduyn, d'Hanens-Peers, Janssens, Verwilghen , le baron de
Terbecq, le vicomte Hipp. Vilain XIIII de Wetteren, Blomme, Joseph de Decker.
Contre : M. le comte de Bergeyck.
HAINAUT
Pour : MM. le comte Duval de Beaulieu, Alex.
Gendebien, Blargnies, Emmanuel Claus, Goffint, François Dubus, Pierre
Trentesaux, Charles Lehon, Lactance Allard, Couvin , Ch. Lecocq , Guillaume
Dumont, Jean Pirmez, Jean-Baptiste Gendebien, Nalinne, le comte Werner de
Mérode, Gendebien père, Edouard de Rouillé, Eugène de Facqz, Léopold Bredart,
Van Snick, le vicomte de Bousies de Rouveroy, Louis de Sebille, baron de Leuze,
le marquis d'Yve de Bavay.
Contre : MM. le baron de Sécus père, le marquis de
Trazegnies, le baron de Sécus fils.
Absents : MM. le marquis de Rodriguez d'Evora y
Vega et J.-François Lehon d'Antoing.
LIEGE
Pour : MM. Nagelmackers, Raikem, de Behr, Leclercq,
Destriveaux, David, Lardinois, Davignon, de Thier, Deleeuw-Dupont, Forgeur,
Lebeau, Fleussu, de Sélys Lonchamps.
Contre : MM. de Gerlache, Orban-Rossius, le baron
de Stockem-Méan.
Absents : MM. Charles Rogier, en mission; Collet,
malade.
LIMBOURG
Pour : MM. Hennequiin, le vicomte Ch. Vilain XIIII
de Leuth, de Tiecken de Terhove, le comte Félix de Mérode, le baron Surlet de Chokier,
Charles de Brouckere, le chevalier de Theux de Meylandt, le baron de Woelmont,
Teuwens, Louis de Schiervel, Henri de Brouckere, Olislagers, Gelders.
Contre : MM. le comte de Renesse, Charles
Destouvelles, le comte d'Ansembourg, le baron Liedel de Well.
LUXEMBOURG
Pour : MM. Nothomb, Masbourg, Fendius. Roeser,
Dams, d'Martiguy, Jacques, Léopold Zoude, Jean-Bernard Marlet, le baron
d'Huart, François.
Contre : M. Thorn.
Absents : MM. Wattlet et Simons. Deux places
étaient vacantes.
NAMUR
Pour : MM. le baron de Stassart, le vicomte Charles
Desmanet de Biesme, Justin de Labbeville, Théophile Fallon, le comte de Quarré,
Pirson, le baron de Coppin, Henry, Seron, Alexandre de Robaulx.)
(page 138)
Le président du Congrès, au milieu d'un
silence profond, prononça ces paroles solennelles : « Le Congrès national de la
(page 139) Belgique déclare, au nom du peuple belge, que les membres de la famille
d'Orange-Nassau sont à perpétuité exclus de tout (page 140) pouvoir en Belgique.
» Aucun cri n'accueillit cet arrêt national. Mais lorsque le président annonça
que la séance était levée, de longues acclamations retentirent dans les
tribunes et aux abords du Palais législatif.