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Note
d’intention
« Jules Malou (1810-1870) », par le
baron de TRANNOY
(Bruxelles,
Dewit, 1905)
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(page XIII) Une croix de pierre, au chevet
d’une église de village ; sur le piédestal de cette croix « qu’il a aimée et
défendue », une inscription tracée par une main pieuse ; ailleurs, rien, ni un
monument, ni même une notice, ne rappelle la mémoire de Jules Malou.
Peu d’hommes, à dire vrai, dédaignèrent autant que lui les louanges et
les honneurs. Il voulut être enseveli, sans faste, sans bruit, comme il avait
vécu, dans la paix de la retraite qu’il s’était choisie.
Peut-être ne désira-t-il que l’oubli pour son nom, si longtemps
mêlé aux luttes politiques et religieuses de son pays ?
La vie de Jules Malou se confond, en effet, avec cinquante ans
d’histoire parlementaire de la Belgique : retracer l’une, c’est entrer dans le
vif de l’autre.
Ses actes s’associent surtout étroitement aux destinées politiques,
longtemps incertaines, des catholiques belges.
(page XIV) Aussi bien, est-ce nécessairement
dépasser les limites d’une biographie que de retracer la carrière de Jules
Malou.
Dans l’œuvre que nous avons tentée, nous nous sommes arrêtés à
mi-chemin. En d’autres moments, plus opportuns, il conviendra d’exposer la
période la plus connue de sa vie, cel le qui
s’étendit de 1870 à 1886.
On ne s’étonnera pas de ne point retrouver, dans les pages qui suivront,
le Malou de
Nous ne signalerons qu’au passage certains aspects plus vrais et,
jusqu’à un certain point caractéristiques de sa physionomie originale.
Aquarelliste de talent, violoncelliste, versificateur à l’épigramme facile,
géographe et naturaliste, agronome et sylviculteur expert, artisan habile aux
travaux manuels, Malou fut tout cela, à ses moments de loisir.
On trouvera réduite à peu de chose la part faite à des traits de mœurs
ou d’esprit présents encore à bien des mémoires. Il ne faudrait pas voir une
protestation, dont nous nous abstiendrons, contre l’importance trop grande que
des contemporains leur ont attribuée. Certaines anecdotes trouveront mieux leur
place dans le récit des dernières années de la vie de Jules Malou ; d’autres, (page XV) en grand nombre, ont une
paternité contestable et ne méritent pas créance.
Pour redresser l’inexactitude, voire l’injustice trop vivace de
certaines appréciations, il suffira de montrer, en toute simplicité et vérité,
l’homme d’Etat que fut Jules Malou, catholique de tradition et d’éducation, de
conviction et d’action, digne de présider aux destinées du parti qu’il fut
appelé à diriger.
Ce travail sera principalement objectif. Nous chercherons moins à juger
Malou qu’à le faire connaître : prétention grande déjà, dira-t-on, de la part
de celui qui ne l’a point connu.
Sans le concours et l’autorité de documents abondants, nous n’eussions
pas entrepris d’écrire cette biographie.
A M. le baron et à Mme la baronne d’Huart-Malou va l’hommage de notre
profonde reconnaissance. Ils voulurent bien nous confier le dépôt de papiers
précieux et nous autorisèrent à faire usage de la correspondance de Jules Malou
et de celle de son frère, Mgr J.-B. Malou, mort en 1864 évêque de Bruges.
Par ces lettres, on pénétrera dans le sanctuaire de deux âmes rarement
occupées d’elles-mêmes, toujours soucieuses d’intérêts supérieurs ; on vivra de
cette vie intime, qui est, comme on a dit, tout l’homme, qui fait toute la
valeur de l’homme et qu’il importe de connaître, si l’on veut plus tard juger.
L’œuvre de Jules Malou est considérable. Elle (page XVI) embrasse des domaines divers. Nous l’avons surtout
envisagée au point de vue politique, négligeant sa carrière financière, ainsi
que sa vie privée, si digne pourtant d’être proposée en exemple.
Dans le domaine politique même, nous nous sommes attaché,
avec prédilection, à retracer l’œuvre la plus oubliée de Jules Malou : sa
participation très active à l’organisation des catholiques et ses efforts pour
le relèvement de la presse conservatrice.
Nous avons été amenés à traiter avec plus ou moins d’amplitude et de
détails certains chapitres qui n ont pas, dans l’histoire générale, une égale
importance. On tiendra compte de l’abondance ou de la pénurie des matériaux
inédits que nous eûmes sous la main.
Que le Révérend Père Malou, de
Bon De T.
Bruxelles, 15 février 1905.