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« Aperçus de la part que j’ai prise à la révolution de 1830 » (« Mémoires »), par A. Gendebien (1866-1867)

 

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C. LE GOUVERNEMENT PROVISOIRE.

 

LIII. Le vote. - Le rôle de Ponsonby

 

(page 450) On connaît le résultat de cette longue et laborieuse lutte qui avait fini par être irritante.

Au premier scrutin, Nemours obtint 89 voix, Leuchtenberg 67, l'archiduc Charles 35.

Au second tour de scrutin, Nemours obtint 97 voix, Leuchtenberg 74, l'Archiduc, 21.

Le duc de Nemours avait obtenu la majorité ; elle était faible ; ce n'était pas assez. Louis-Philippe et son gouvernement avaient subordonné l'acceptation du duc de Nemours à la condition expresse et sine qua non, qu'il obtiendrait une immense majorité. Les partisans de Leuchtenberg le savaient ; ils savaient aussi, depuis le 27 janvier, que Leuchtenberg n'accepterait pas. S'ils avaient été des hommes d'Etat, ils n'auraient pas prolongé une lutte inutile ; ils auraient au moins, après le premier scrutin, donné leur voix au duc de Nemours, parce que c'était une solution qui, même en cas de refus, nous garantissait les sympathies de la France et de son gouvernement ; tandis qu'un résultat relativement négatif pouvait nous les faire perdre.

Quel a été le mobile de leur persistance obstinée ? J'aime à croire, qu'ils n'ont pas cédé aux suggestions, aux influences de Ponsonby, bien qu'ils aient eu de fréquents rapports avec lui et qu'ils aient, pendant la discussion, fait souvent allusion à ses conseils et à ses menaces.

* * *

Ponsonby ! C'était pour les hommes les moins clairvoyants, la restauration du roi Guillaume, le maintien des traités de 1814 et de 1815. Il était l'ennemi de la France, de sa révolution et de la nôtre. Bien imprudent, bien aveugle qui s'y fiait ! On n'a pas tardé à en avoir une preuve irrécusable : contre-révolution, le 2 février, à Gand ; (page 451) contre-révolution, le 27 mars, à Bruxeles, Anvers, Gand, Liége ! Telle était l'œuvre de Ponsonby qui a été bien près de réussir !!

Les partisans de Leuchtenberg ont-ils cédé à un amour-propre désordonné, à une vanité puérile ?

J'aime mieux attribuer leur aveugle obstination aux petites misères de l'espèce humaine, qu'aux influences très compromettantes de Pon­sonby. Leur amour-propre d'homme d'Etat pourra en souffrir, mais leur probité politique restera intacte.

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