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Note
d’intention
« Aperçus
de la part que j’ai prise à la révolution de 1830 »
(« Mémoires »), par A. Gendebien (1866-1867)
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C. LE GOUVERNEMENT PROVISOIRE.
XXXIII.
Les officiers hollandais prisonniers.
(page 403) J'assistai à la
séance du Congrès du 10 janvier. Un débat surgit sur la priorité à donner aux
réclamations d'officiers hollandais prisonniers, sur les réclamations de
volontaires emprisonnés.
Les officiers hollandais faits prisonniers à Mons, lors du soulèvement
et de la délivrance de cette ville, étaient enfermés dans la citadelle de
Tournai. Par pétition adressée au Congrès, ils réclamaient leur mise en
liberté, soutenant qu'ils ne pouvaient être considérés comme prisonniers de
guerre. M. de Gerlache, vice-président du Congrès, s'était exceptionnellement
chargé du rapport de cette pétition et insistait pour la présenter d'urgence au
Congrès, tandis que dés séances du soir étaient consacrées à l'examen des
pétitions. Plusieurs membres s'opposaient à l'interruption de l'ordre du jour
et demandaient que le rapport fût ajourné à une séance du soir ; d'autres
demandaient la priorité pour la pétition des volontaires retenus aussi en
prison.
Le Congrès consulté décida qu'il entendrait le rapport sur la pétition
des officiers hollandais.
M. de Gerlache fit un rapport très favorable aux officiers.
Plusieurs membres du Congrès appuyèrent le rapport, soutenant que les
pétitionnaires ne pouvaient être considérés comme prisonniers de guerre, qu'ils
devaient être mis en liberté.
C'était là une concession qui prouvait au moins une grande faiblesse,
sinon un découragement funeste qu'il fallait combattre.
Je pris la parole, je démontrai énergiquement que les pétitionnaires
devaient nécessairement être traités comme prisonniers de guerre. Que si
l'humanité plaidait en faveur de leur liberté, l'humanité plaidait (page 404) aussi en faveur des Belges
tombés et qui pouvaient tomber entre les mains des Hollandais.
Je fis un tableau saisissant de la cruauté de nos ennemis envers nos
combattants. Ils sont sourds à la voix de l'humanité ; qu'ils sachent que nous
conservons en otages des Hollandais qui paieront de leur tête les nouvelles
infractions au droit des gens. Mes paroles ranimèrent le sentiment national ;
elles furent vivement appuyées, à la grande satisfaction des tribunes et des
patriotes qui les lurent et y applaudirent aussi.
Rentré au Comité central, je dis à mes collègues : « Vous voyez que le
Congrès est toujours animé de sentiments patriotiques et peu disposé à suivre
l'avis et les tendances des timides et des douteux. »