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« Aperçus de la part que j’ai prise à la révolution de 1830 » (« Mémoires »), par A. Gendebien (1866-1867)

 

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C. LE GOUVERNEMENT PROVISOIRE.

 

XXXIV. Le rapport de Gendebien sur ses missions à Paris.

 

(page 404) Le lendemain 11 janvier, je fis un rapport sommaire de ma mission à Paris ; j'appuyai le Comité diplomatique et les dépêches de Firmin Rogier.

Gendebien n'en dit pas davantage. Nous reproduisons, d'après Huyttens, la partie essentielle du discours qu'il prononça.

« ... Etant à Paris, je reçus, par des lettres non officielles, l'invitation de sonder le gouvernement français sur le choix du duc de Leuchtenberg ; je pris des informations non seulement auprès de M. le comte Sébastiani, mais encore auprès de M. le maréchal Gérard, le même dont parle M. Rogier dans sa lettre (je crois pouvoir le nommer sans indiscrétion), et il résulta de ces informations la certitude et la conviction la plus complète pour moi, que la réponse du gouvernement français serait telle que vous venez de l'entendre. Non content d'avoir pris l'avis de M. le ministre des affaires étrangères et de M. le maréchal Gérard, que l'on peut croire avoir souvent la pensée du roi, j'ai consulté plusieurs autres personnes qui toutes me répondirent que le choix du duc de Leuchtenberg serait vu avec la plus grande peine par le gouvernement et par S. M. Louis-Philippe. Voilà, Messieurs, ce que j'avais à dire relativement au duc de Leuchtenberg, et je voudrais pouvoir faire passer dans votre âme la conviction où le sais qu'il faut que le Congrès renonce à ce choix, quelque satisfaisant qu'il pût paraitre sous le rapport de la personne du prince.

« Je me permettrai maintenant, sans entrer dans de grands détails, de dire quelques mots non seulement sur ma dernière mission, mais encore sur les autres missions que j'ai eu à remplir à Paris. Je crois nécessaire d'en dire quelque chose pour faire cesser les conjectures hasardées à ce sujet. Je serai court.

« Vous savez, Messieurs, que ce fut le lundi 27 septembre que l'armée hollandaise évacua Bruxelles. Le Gouvernement provisoire à peine rassemblé, il fut reconnu que si la lutte ne se prolongeait qu'entre la France et la Belgique, elle ne pouvait être douteuse pour nous ; mais que si la Prusse accordait des secours à la Hollande, il en serait autrement. Convaincu de la nécessité d'assurer les résultats d'un premier succès, je fus chargé de partir pour Paris. Je m'y rendis et j'acquis bientôt la conviction que la lutte se bornerait entre la Hollande et la Belgique. Revenu à Bruxelles le 10 octobre, je reçus, dès le 16 du même mois, une seconde mission, qui avait pour but de m'assurer (page 405) si la France persisterait à observer le principe de la non-intervention, et si elle ne regarderait pas comme une infraction à ce principe l'arrivée de quelques déserteurs prussiens en Hollande. Cette circonstance, et les préparatifs de guerre de la Prusse dans les provinces rhénanes, faisaient craindre une intervention de la part de cette puissance.

« J'étais chargé en même temps de savoir (comme le Congrès était sur le point de se réunir) si le choix qu'il pourrait faire du duc de Nemours pour roi de la Belgique serait approuvé par le gouvernement français. Je reçus, dès cette époque, une réponse négative. Il ne fut pas plus question de réunion à la France, cette fois, que dans ma première mission.

« Ma troisième mission avait pour but la même demande du fils de S. M. Louis­-Philippe pour roi des Belges ; je vous ai déjà dit la certitude que j'ai acquise.

« J'étais chargé aussi de demander protection au gouvernement français pour notre commerce, et d'ouvrir des négociations pour obtenir un traité de commerce avantageux. J'ai eu l'assurance des ministres du roi et du roi lui-même, que la France nous accorderait tout ce qui pourrait nous donner la plus grande somme de bonheur possible, et assurer la prospérité du commerce et de l'industrie en Belgique.

« Voilà, Messieurs, quels ont été et le but et le résultat de mes trois missions à Paris. »

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