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« Aperçus de la part que j’ai prise à la révolution de 1830 » (« Mémoires »), par A. Gendebien (1866-1867)

 

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C. LE GOUVERNEMENT PROVISOIRE.

 

XI. Débats au sein du Gouvernement provisoire sur la déposition des pouvoirs.

 

(page 340) La question de démission ayant été résolue à l'unanimité, moins De Potter seul, convenait-il d'en parler dans le discours d'ouverture ? Rogier et moi nous pensâmes qu'il convenait de résoudre cette question affirmativement et de terminer le discours par la déclaration que le Gouvernement provisoire conservera le pouvoir jusqu'au moment où le Congrès constitué le confirmera ou le confiera à d'autres citoyens.

Nous étions tous convaincus que les membres les plus ambitieux du Congrès étant peu disposés à prendre le pouvoir, dans un moment encore plein d'orages, le Congrès proclamerait à l'unanimité et d'enthousiasme, la confirmation de nos pouvoirs. Nous serons maintenus tous, y compris De Potter, bien qu'il ne fasse pas partie du Congrès.

Ma proposition, fortement appuyée par Rogier, contrariait les projets de De Potter qui, secondé par Tielemans, l'attaqua plutôt dans la forme que dans le fond.

Ils dirent qu'il convenait d'attendre que le Congrès fut constitué, parce que, si nous acceptions le mandat de député, nous cesserions, par le fait, de faire partie du Gouvernement provisoire, les deux mandats étant incompatibles.

La discussion ne fut pas longue sur cette question que nous considérions comme oiseuse, mais dont De Potter tira parti plus tard pour accomplir son dessein de rester seul au Comité Central.

(page 341) Bref, M. de Mérode désirait ajourner la question et Van de Weyer étant à Londres, nous n'insistâmes pas.

Ma motion et la sollicitude du Gouvernement provisoire avaient pour but de maintenir le pouvoir révolutionnaire et d'y conserver De Potter, quoiqu'il eût échoué aux élections nationales.

. Ici Gendebien, après avoir dit de l'installation du Congrès, que ce « fut un jour d'espérance et d'enthousiasme pour tout le monde, et de récompense pour le Gouvernement provisoire», signale les manœuvres auxquelles De Potter, secondé par Tielemans, songeait pour parvenir à son but monomane. Notamment la manifestation de la Réunion centrale, où s'étaient concentrés les rares, mais ardents adeptes de la république ; puis la proposition de Tielemans de soumettre éventuellement à un nouveau Congrès, dans trois ans, la question d'établir la république ; enfin les articles insidieux du Belge.

Tielemans - dit Gendebien - avait donné « d'amples développements à sa proposition, sans la rendre acceptable ni même raisonnable. Le Comité central tout entier, De Potter seul excepté, la repoussa ; les mots absurde et ridicule furent prononcés. Le lecteur n'hésitera pas sans doute à ratifier le sentiment du Comité central.

Dans la disposition d'esprit de De Potter et de Tielemans, cette proposition avait pour eux un côté sérieux.

Tous deux voulaient la république quand même et à tout prix. Ils ont espéré trouver une majorité pour une république de trois ans. En cela ils se sont trompés ; ils ne connaissaient pas le terrain sur lequel ils manœuvraient. Ils se faisaient illusion sur les conséquences, au point de vue des puissances, de la proclamation d'une république même transitoire.

Ils espéraient exciter les masses, les soulever contre les membres du Comité central qui avaient repoussé une proposition simple, équitable en apparence. Ils se sont trompés : le peuple est resté complètement indifférent.

Gendebien, en conclusion à cette longue polémique, souligne l'échec piteux de Louis De Potter, avoué par ce dernier dans ses SOUVENIRS. Il avait, par la voie du journal officiel d'alors, L'UNION BELGE du 12 novembre, publié un projet d'adresse du peuple au Congrès national, ainsi qu'une lettre invitant les citoyens à réclamer de leurs députés un gouvernement républicain, à bon marché, avec UN CHEF PRIS DANS LE SEIN DE LA NATION ­lui-même bien entendu.

Bien que répandu à profusion, cet appel - reconnaît De Potter ­– « n'obtint PAS UNE signature ». Gendebien triomphe :

(page 342) Cet aveu est précieux, il réhabilite le Gouvernement provisoire, il le venge des accusations, des injures, des calomnies de De Potter. Cet aveu et toutes les vaines intrigues de De Potter et de ses complices prouvent que le Gouvernement provisoire avait bien apprécié la situation des choses et des esprits. Ils démontrent les aberrations de De Potter et son impuissance.

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