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« Histoire de la révolution belge de 1830 », par Charles
White, (traduit de l’Anglais, sous les yeux de l’auteur, par Miss Marn Corr).
Bruxelles, Louis Hauman et Cie, 1836
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TOME 1
« The surest way to prevend
seditions (if the times do bear it) is to take away the matter of them ; for if
there be fuel prepared it is hard to telle whence the
spark shall come that shall set it on fire. » (Bacon)
(page III) En donnant cet ouvrage au public, je me dois à moi-même
de présenter quelques observations préliminaires, qui, je l'espère,
expliqueront, plusieurs réticences, et me mettront à l'abri de certaines
accusations que l'on pourrait porter contre moi.
Lorsque j'aurai fait
observer qu'habitant
Tout en faisant
connaître franchement ce concours de circonstances en apparence si favorables
pour lui, l'auteur sent qu'il importe de démontrer qu'en réalité
il en est plusieurs qui tendent plutôt à augmenter qu'à aplanir les difficultés
d'ailleurs communes aux ouvrages de ce genre. Car il est aussi impossible de
faire allusion aux événements dans lesquels j'ai figuré personnellement sans
risquer d'être accusé de poser devant le public, que de mettre au jour certains
détails qui sont en ma possession sans manquer à la confiance dont plusieurs
personnes m'ont honoré.
(page V) Il est tout aussi difficile de soulever le
voile qui couvre des événements récents sans livrer prématurément des noms
propres à la publicité et réveiller des passions à peine assoupies, que de
parler avec franchise et impartialité de la conduite des hommes, sans
indisposer contre moi des personnes à qui me lient et la bienveillance qu'elles
m'ont témoignée, et la reconnaissance que je leur ai de m'avoir fourni des
renseignements sur lesquels j'ai basé mes jugements. En un mot il n'est pas
moins embarrassant de censurer les actes publics sans blesser les sentiments
privés, que de déverser la louange sans s'exposer au reproche de partialité ou
à d'autres plus graves encore.
Je n'ai jamais eu la
pensée de produire un ouvrage éphémère, jeté au public dans la seule vue de
flatter l'amour-propre des partis ou de servir à quelque but politique. Mais je
voulais écrire une histoire claire, impartiale et complète, digne de survivre
aux intérêts du jour. Cependant, j'ai été détourné de ce plan par les
considérations que j'ai déjà énoncées, par la conviction où je suis que les
événements sont trop prés de nous pour l'accomplissement de cette tâche, et
surtout par d'autres (page VI) difficultés dont je vais énoncer les plus frappantes.
En Hollande comme en
Belgique, les passions politiques sont encore trop fortement excitées, les
préjugés trop profondément enracinés, les opinions trop exaltées, pour qu'il
soit possible d'y rencontrer beaucoup d'impartialité. A Bruxelles, par exemple,
le roi Guillaume est dépeint comme un tyran fiscal, dont le règne offre une
succession non interrompue d'infractions à la loi fondamentale : ses ministres
sont regardés comme des oppresseurs avides, dont le seul but était de réduire
L'état des
négociations est encore d'ailleurs trop peu avancé, et la question trop loin de
sa solution, pour qu'il soit possible d'obtenir les documents officiels
nécessaires pour l'explication d'une partie des faits, et surtout pour pouvoir
espérer de produire un ouvrage historique complet. En supposant même que l'on
parvînt à se procurer de tels documents, la publication eu serait prématurée,
intempestive, et ils ne pourraient être livrés au public, avec l'assentiment
des gouvernements, qu'après avoir subi de trop graves mutilations.
(page VIII) Ces circonstances, et quelques autres d'une nature toute
personnelle, m'ont forcé de renoncer au projet d'écrire une histoire complète.
Mais, pour ne pas perdre tout à fait le fruit de plusieurs mois de travail et
de recherches, je me suis borné à donner une narration succincte des événements
en général. Pénétré de la délicatesse de ma position, je me suis appliqué à
être toujours impartial et modéré. Cependant, je n'ai pas hésité à exprimer
librement mon opinion, à distribuer la louange et la censure, suivant ma
conscience, au risque de choquer l'esprit de parti ou les susceptibilités
nationales.
A ceux qui
regarderont mon appréciation des hommes et des choses comme inexacte, je
répondrai qu'en la supposant quelquefois erronée, elle découle toujours de ma
conviction. Je ferai seulement observer, à ceux qui seraient mécontents de mes
critiques, que je désavoue formellement toute intention de personnalité, et que
je borne mes remarques aux faits qui peuvent être considérés comme appartenant
désormais au public et exclusivement tombés dans le domaine de l'histoire. Sans
doute, il est des personnes que mes jugements (page IX) offenseront ; il en est peut-être que mes éloges ne
satisferont pas. A cet égard, je ne puis que me soumettre au sort qui attend
tous les écrivains contemporains, surtout ceux qui cherchent à juger la
conduite des hommes dans les commotions politiques. Car, comme
Cowley l'observe avec raison dans
ses Essais :
« In all
civil wars, men are so far from stating the quarrel against their country, that
they do it against a person or party which they really believe or pretend to be
pernicious to it.”
Tel paraît avoir été
l'esprit qui a présidé à la composition de la plupart des pamphlets et ouvrages
publiés par tous les partis, au sujet de la révolution
belge. Car, excepté les productions estimables de MM. Nothomb, le
comte de Hoogendorp et le baron de Keverberg, celles attribuées à M. Van de Weyer, et une ou
deux autres de moindre importance, ce qui a été écrit sur ce sujet n'est qu'un
tissu de personnalités, de diatribes mensongères, dirigées contre les hommes et
non contre les actes ; tendant à induire le public en erreur plutôt qu'à l'éclairer sur les faits ; plus propre à envenimer les haines des
personnes et des partis qu'à (page X)
faire envisager les événements sainement et sans passion.