(Annales parlementaires de Belgique, chambre des représentants, session 1868-1869)
(Présidence de M. Dolezµ.)
(page 302) M. Dethuin, secrétaire, procède à l'appel nominal à 2 3/4 heures.
MfFOµ. - Messieurs, je remplis la triste mission d'annoncer à la Chambre la mort de S. A. R. Mgr le Duc de Brabant.
Après de longues souffrances dont la Belgique entière a été si longtemps émue et inquiète, l'Enfant royal, qui était la joie de la famille et l'espoir du pays, a succombé, aujourd'hui, à une heure du matin.
La Chambre et le pays s'associeront à la douleur du Roi et de la Reine. Le malheur qui les frappe est aussi un malheur pour la nation.
M. le président. - Messieurs, le malheur qui frappe la Famille royale sera profondément ressenti par la Belgique tout entière, qui entourait de tant de sollicitude et de tant d'espérances le jeune Prince qui vient de nous être ravi.
Dans cette cruelle épreuve, la nation et notre Dynastie si populaire sentiront se resserrer encore les liens qui les unissaient d'une manière si étroite. Elles sauront se fortifier éventuellement, en supportant en commun cette immense douleur, qui n'ébranlera pas notre foi et notre confiance dans l'avenir.
J'ai l'honneur de proposer à la Chambre, en signe de deuil, en témoignage de sympathie pour la douleur de la Famille royale, de suspendre ses travaux jusqu'après les funérailles du Prince dont nous déplorons la perte.
- De toutes parts. - Approuvé !
M. le président. - Jusqu'ici, messieurs, aucune mesure ne nous a été notifiée relativement à ces funérailles. Nous ne pouvons donc, de notre côté, en arrêter aucune.
Vos séances étant suspendues, j'ai l'honneur de vous proposer de vous réunir demain en comité secret, afin d'aviser à ce qu'il y aura lieu de faire, suivant les notifications qui pourront nous être faites sous ce rapport.
Telles sont les propositions que j'ai l'honneur de vous soumettre, mes chers collègues, dans ces circonstances si profondément douloureuses pour notre Famille royale, pour nous et pour la Belgique tout entière.
M. de Brouckere. - Messieurs, je n'ajouterai rien aux paroles que vient de prononcer M. le président et qui rendent si bien les sentiments qu'éprouve la Chambre et qu'éprouvera le pays entier. Je craindrais, messieurs, en y ajoutant quelque chose, d'affaiblir l'effet qu'elles ont produit sur nous. Si j'ai demandé la parole, c'est parce que je suis convaincu que j'irai au-devant de vos vœux en vous proposant de décider qu'une députation de douze membres sera tirée au sort et sera chargée d'aller, au nom de la Chambre et du pays, porter au Roi l'expression de la profonde douleur dont le pays et ses représentants sont pénétrés, de dire surtout au Roi que ce malheur commun resserrera encore les liens qui unissent si étroitement la dynastie et le pays.
M. Dumortier. - Messieurs, je ne puis que m'associer aux paroles que vous venez d'entendre. Dans la circonstance si grave où le pays se trouve aujourd'hui placé, il est bien d'affirmer une fois de plus notre foi en la patrie et notre foi dans la dynastie. Nous ne devons pas nous laisser décourager par les malheurs qui nous arrivent, nous devons toujours avoir devant nous l'avenir de la patrie et nous rappeler que la Providence, qui a conduit jusqu'ici la Belgique et lui a fait traverser tant de circonstances malheureuses, saura aussi la garder dans toutes les éventualités qui peuvent se présenter.
Je viens donc appuyer de tout mon cœur la proposition faite par l'honorable M. de Brouckere de nommer une députation qui aille, après les funérailles, porter au Roi les compliments de condoléance de la Chambre.
Il est bien entendu que chacun de nous pourra se joindre à la députation, afin que cette démarche soit une manifestation solennelle de la foi que nous avons et dans la patrie, et dans la royauté.
M. le président. - La Chambre vient d'entendre la proposition qui lui est faite. Elle consiste à nommer une députation qui sera composée par la voie du sort et qui sera chargée de porter au Roi, après les funérailles du Prince royal, les sentiments de sympathie de la Chambre et du pays.
- Cette proposition est adoptée, de l'assentiment unanime de la Chambre.
M. le président. - Nous allons donc tirer au sort, séance tenante, douze noms qui composeront cette députation.
- Le sort désigne : MM. Muller, Elias, Vermeire, Liénart, Bruneau, Jacquemyns, de Muelenaere, de Montblanc, Anspach, Royer de Behr, Van Humbeeck, Van Cromphaut.
M. le président. - Messieurs, à cette commission, dont fait partie de droit votre président, se joindront tous les membres qui voudront l'accompagner.
- La lecture du procès-verbal est renvoyée à une séance ultérieure. La Chambre se réunira demain en comité secret, à 3 heures.
- La séance est levée à 3 1/4 heures.