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Chambres des représentants de Belgique
Séance du vendredi 21 décembre 1849

(Annales parlementaires de Belgique, chambre des représentants, session 1849-1850)

(Présidence de M. Verhaegen)

Appel nominal et lecture du procès-verbal

(page 304) M. A. Vandenpeereboom procède à l'appel nominal à midi et un quart.

La séance est ouverte.

M. T'Kint de Naeyer donne lecture du procès-verbal de la séance d'hier, dont la rédaction est approuvée.

Pièces adressées à la chambre

M. A. Vandenpeereboom fait connaître l'analyse des pièces suivantes.

« Les sieurs Voet et Desoutter, président et secrétaire de la société d'émulation d'agriculture et d'horticulture de l'arrondissement administratif de Dixmude, demandent que les céréales soient soumises à un droit d'entrée de 20 fr. par 1,000 kilog., et que le tarif de 1834, relatif à l'introduction du gros bétail, sans distinction, sauf la suppression du libre transit, soit remis en vigueur. »

M. de Breyne. — Je demande le dépôt de cette pétition sur le bureau pendant la discussion du projet de loi sur les denrées alimentaires.

- Adopté.


« Les membres de l'administration communale de Remicourt demandent le rejet du projet de loi sur les denrées alimentaires, l'établissement de droits protecteurs, la révision de la loi sur l'organisation de l'armée et la réduction du budget de la guerre à 18,000,000. »

- Dépôt sur le bureau pendant la discussion du projet de loi sur les denrées alimentaires et du budget de la guerre.

« Quelques brasseurs à Liège demandent que, dans toutes les localités, les brasseurs soient autorisés à avoir une cuve n°1, de la contenance de 20 hectolitres, et une cuve n°2, de la contenance de 10 hectolitres, dont ils pourraient faire usage pendant les quatre mois de chaleur.»

- Renvoi à la commission des pétitions.


« L'administration communale de Boorsheim et plusieurs propriétaires et cultivateurs de Maeseyck demandent le rejet du projet de loi sur les denrées alimentaires et l'établissement de droits protecteurs. »

« Même demande du conseil communal de Weem et de plusieurs cultivateurs et habitants de Berg. »

- Dépôt sur le bureau pendant la discussion du projet de loi sur les denrées alimentaires.


« Le sieur Dewilté demande que le gouvernement reconnaisse à son frère et à lui les droits de priorité du projet de construction d'un port de refuge à Blankenberghe, relié à Bruges. »

- Renvoi à la commission des pétitions.


« L'administration communale de Voorde prie la chambre de prendre des mesures pour l'entretien des mendiants à charge des communes, et pour modifier la loi concernant le domicile de secours. »

M. Bruneau. - Messieurs, l'administration communale de Voorde s'adresse à la chambre pour demander une modification à la loi sur le domicile de secours, loi qui impose des charges écrasantes à un grand nombre de communes, surtout dans les Flandres. Elle indique plusieurs moyens qui, selon elle, pourraient être employés utilement pour parer à ces inconvénients. Je demande que la pétition soit renvoyée à la commission des pétitions, avec demande d'un prompt rapport.

- Adopté.


M. le ministre des finances adresse à la chambre le compte spécial de toutes les opérations relatives à la négociation des bons du trésor pendant les années 1847 et 1848.

- Dépôt sur le bureau.


Le sieur Dejonghe, de Bruxelles, fait hommage à la chambre de cent exemplaires d'une brochure intitulée : « Réflexions sur le mérite de l'arrêt de la Cour de cassation en cause des compagnies étrangères d'assurances. »

- Distribution aux membres de la chambre et dépôt à la bibliothèque.

Projet de loi ouvrant des crédits supplémentaires au budget du ministère de la justice

Rapport de la section centrale

M. de Luesemans. - Messieurs, j'ai l'honneur de déposer le rapport de la section centrale sur les crédits supplémentaires demandés par le département de la justice.

- Ce rapport sera imprimé et distribué.

La chambre le met à l'ordre du jour à la suite des objets qui y sont déjà.

Projet de loi portant le budget des voies et moyens de l’exercice 1850

Rapport de la section centrale

M. Veydt. - Messieurs, la chambre a envoyé à l'examen de la section centrale du budget des voies et moyens, les deux dispositions présentées hier, par M. le ministre des finances, dont l'une tend à tenir compte au trésor de l'accroissement survenu dans la matière imposable à la contribution foncière, depuis l'achèvement du cadastre, et l'autre à réduire le taux de la décharge des droits à la sortie des eaux-de-vie indigènes.

La section s'est réunie, ce matin, pour s'occuper de cet examen. Elle m'a autorisé à vous faire un rapport verbal, qui pourra être remplacé par un rapport écrit et développé, si la proposition n'est pas immédiatement mise en discussion.

Des membres se sont prononcés en faveur de l'adoption sans délai des deux dispositions et surtout en faveur de la première, qui leur a paru suffisamment justifiée par les raisons que M. le ministre a données. D'autres membres ont été d'avis que, si on s'engage dans une discussion à ce sujet, on court les risques d'un assez long débat qui pourrait retarder le vote, devenu urgent, du budget des voies et moyens. La majorité de la section centrale (5 voix contre 2) s'est prononcée pour que les deux dispositions soient disjointes du budget et envoyées aux sections pour examen. En proposant à la chambre de différer la solution de ces questions, la section centrale entend bien formellement ne rien préjuger sur le fond; ces questions demeurent intactes.

On n'a pas cru pouvoir refuser le temps à ceux qui, au sein de la section centrale, ont demandé à en faire un examen plus approfondi. Le renvoi aux sections n'a pas d'autre signification et se justifie par cette considération seule que nous touchons à la fin de l'année et qu'il convient d'éviter de s'engager dans des discussions autres que celles que les affaires portées à l'ordre du jour peuvent faire naître.

En résumé, messieurs, les conclusions adoptées par la majorité sont de détacher les deux dispositions du budget, qui se discute en ce moment, et de les envoyer à l'examen des sections.

M. le ministre des finances (M. Frère-Orban). - Messieurs, je ne puis me rallier aux conclusions de la section centrale. Je désire que les propositions que j'ai eu l'honneur de soumettre à la chambre soient examinées et qu'il y ait une résolution. La chambre connaît parfaitement, par les explications que j'ai eu l'honneur de lui donner souvent, et récemment encore, quelle est la véritable situation de nos finances. Il importe de savoir si l'on entend, oui ou non, améliorer nos recettes là où cela est possible, sans aucune espèce d'injustice, et si, d'un autre côté, l'on veut empêcher que nos recettes actuelles ne soient l'objet de déprédations. Voilà ce que j'ai eu l'honneur de demander, et j'insiste pour qu'il y soit statué.

M. Vilain XIIII. - Aux voix les conclusions de la section centrale.

M. le président. - On ne demande pas l'impression du rapport?

- De toutes parts. - Non ! non !

- La chambre, consultée, décide qu’elle s'occupera séance tenante de la suite de la discussion des articles du budget des voies et moyens.

Discussion de la proposition d’ajournement

M. le président. - Nous avons d'abord deux propositions de M. le ministre des finances, à l'égard desquelles la section centrale propose un ajournement consistant dans un renvoi aux sections.

M. le ministre des finances (M. Frère-Orban). - Je ne comprends pas qu'il y ait la moindre nécessité d'un ajournement quelconque pour l'examen de l'une ou de l'autre des propositions que j'ai eu l'honneur de soumettre à la chambre. La première est d'une extrême simplicité; il s'agit de savoir si l'accroissement de valeur résultant des propriétés bâties qui sont venues jusqu'à présent en déduction de l'impôt, qui ont servi, par conséquent, de dégrèvement aux autres contribuables, tourneront aujourd'hui au profit du trésor. Voilà toute la question.

Cette question a déjà été soumise à la chambre par l'honorable M. Mercier ; en 1845, lors du vote de la loi de péréquation cadastrale, il a démontré qu'il était de toute raison et de toute justice de faire entrer en accroissement de valeur, au profit du trésor, le produit des nouvelles propriétés bâties soumises à l'impôt qui sans raison venait en déduction de la cote des contribuables. Quelle bonne raison y a-t-il pour que la quotité des propriétés actuellement soumises à l'impôt diminue, parce que les valeurs donnant lieu à l'impôt se sont accrues? Que l'on me dise s'il y a un motif sérieux, admissible pour qu'il en soit ainsi ?

Je prie la chambre d'y être bien attentive, il ne s'agit pas d'autre chose. Le revenu cadastral est augmenté d'une certaine somme pendant un certain nombre d'années, uniquement à raison de nouvelles constructions, de nouvelles bâtisses. Je demande de percevoir sur ces nouvelles valeurs exactement la même quotité que celle qui est actuellement perçue, je demande qu'elle profite au trésor et ne vienne pas en dégrèvement de la quotité de chaque contribuable pour les propriétés bâties et non bâties. La somme qui reviendrait au trésor serait de 278,000 fr. Cette somme résulte des accroissements successifs pendant cinq ans depuis la dernière loi de 1845.

(page 305) Chaque année, il y a eu une augmentation de valeur de 40 à 50 mille francs qui a profité pour quelques centimes annuellement à chaque contribuable. Eh bien, chaque contribuable ayant profité annuellement de ces quelques centimes, je demande qu'il les donne aujourd'hui au trésor, il en a profité pendant cinq ans; je demande que cette nouvelle valeur vienne en augmentation de recettes. Si je demandais une augmentation d'impôt, si je demandais de changer la quotité de l'impôt, de la porter à 12 ou 15 p. c. au lieu de 9/871, je comprendrais qu'il y eût réclamation; mais je demande d'appliquer la quotité actuelle aux propriétés nouvellement bâties, aux nouvelles valeurs entrées dans l'impôt depuis cinq années.

Si l'on peut me convaincre qu'il y a quelque justice à ce que cette valeur profite au contribuable actuel, je suis prêt à renoncer à ma proposition. Mais je crois qu'il sera bien difficile que l'on donne des raisons de nature à ébranler ma conviction.

La deuxième proposition n'est pas moins simple. Il existe, cela n'est pas contestable, cela n'a pas été contesté, une prime énormissime au profit des exportations d'eau-de-vie. Cette prime a été volontairement décrétée ; elle n'a pas été dissimulée lorsque la loi a été soumise à la chambre. Cela résulte du rapport fait à la chambre par la section centrale et des explications de M. le ministre des finances d'alors. On a voulu sérieusement allouer une prime. Sur quelles raisons s'est-on fondé pour l'établir? D'abord sur le produit obtenu à cette époque de la distillation pendant un temps donné; ensuite sur les primes alors accordées en Hollande; enfin sur l'impôt qui pesait sur l'entrée des céréales. Voilà les trois raisons qui existaient alors.

De ces trois raisons, pas une ne subsiste. La quantité produite est supérieure à la production constatée à l'époque de l'établissement de la prime. Il n'existe plus de primes en Hollande; elles ont été formellement abolies en Hollande, en 1847, par une loi expresse. Il n'existe plus aucun droit sur les grains étrangers.

Quelle raison y a-t-il donc de maintenir cette prime énormissime, qui menace de dévorer une de vos principales recettes, une des recettes qui se justifient le mieux? Attendrez-vous, pour la faire disparaître, que des établissements considérables soient formés à l'abri de votre législation mauvaise, que vous soyez dans l'impossibilité de faire droit aux réclamations du ministre, pressés que vous serez par les réclamations des intéressés?

Jusqu'ici peu d'intérêts sont en jeu ; les exportations sont minimes : elles ont été de 3,000 hectolitres environ en 1848; elles s'élèveront, en 1849, à 12,000 hectolitres. Si votre législation n'est pas changée, je vous prédis qu'en 1850 l'exportation sera plus considérable encore. Il y aura donc une nouvelle réduction de recette.

Comment y suppléerez-vous, si vous laissez prendre vos recettes de cette façon? On devra s'adresser à la terre, à l'impôt foncier; on établira des centimes additionnels à toutes les contributions, expédient toujours renaissant.

Pourquoi ne pas conserver quelques recettes? V a-t-il quelque justice à les abaisser au profit des exportateurs, alors surtout qu'on a exagéré la hauteur de la prime? Remarquez-le bien, je ne fais pas une proposition qui puisse soulever une réclamation légitime; car je suis en mesure de démontrer qu'avec la décharge que je propose d'établir, il existera encore une prime de quelques francs à l'exportation des eaux-de-vie.

Les deux propositions que j'ai eu l'honneur de faire sont extrêmement simples et faciles à apprécier. Il n'y a aucun inconvénient à les discuter, soit maintenant, soit après avoir obtenu un rapport de la section centrale. Il y a un inconvénient sérieux à renvoyer très probablement aux calendes grecques l'examen des propositions que j'ai eu l'honneur de faire dans l'intérêt du trésor.

Il faut cependant qu'on en finisse une bonne fois avec l'attitude qu'on prend en ces matières. On est dans une voie que je ne puis admettre. Dès qu'il s'agit de voter des dépenses, on est bientôt disposé. S'agit-il de voter des impôts, personne n'est prêt. Il faut aviser au moyen d'accroître les recettes.

M. de Man d'Attenrode. - C'est vous qui avez diminué plusieurs impôts.

M. le ministre des finances (M. Frère-Orban). - Nous avons diminué les impôts qu'il fallait nécessairement, impérieusement réduire dans les circonstances où nous nous trouvions.

Nous avons diminué quoi ? Faisons le compte, et nous demanderons à l'honorable M. de Mail d'Attenrode si lui a été opposé aux réductions.

On a fait disparaître le timbre des journaux...

M. de Man d'Attenrode. - Je m'y suis opposé.

M. Rodenbach. - Et moi, j'ai été pour, et aujourd'hui je le serais encore.

M. le ministre des finances (M. Frère-Orban). - On a accordé une réduction sur les péages du canal de Charleroy. Vous savez dans quelles circonstances, pour quels motifs on l'a fait.

M. de Man d'Attenrode. - A cause de votre tarif.

M. le ministre des finances (M. Frère-Orban). - Mon Dieu, non, ce n'est pas à cause du tarif.

Messieurs, il sera indispensable que la chambre, un peu plus tôt un peu plus tard, aujourd'hui ou demain, fasse quelque chose pour le trésor; cela est inévitable.

M. Manilius. - On fera des économies.

M. le ministre des finances (M. Frère-Orban). - Je vous prédis, M. Manilius, que quelques économies que vous fassiez, entendez-le bien, vous n'échapperez pas l'impôt.

M. Manilius. - Cela aidera cependant.

M. le ministre des finances (M. Frère-Orban). - Voilà la situation nettement posée. Il faut donc, messieurs, que dans cette situation vous ne laissiez pas amoindrir vos recettes sans motifs, que vous ne les laissiez pas enlever sans raison. Il importe que vous conserviez ce que vous pouvez tenir. C'est l'objet des propositions sur lesquelles j'ai l'honneur d'insister.

M. Veydt, rapporteur. - Messieurs, en mon nom personnel, j’adhère entièrement aux motifs que M. le ministre des finances vient de faire valoir pour l'adoption, sans examen ultérieur, des deux dispositions qu'il a apportées hier à la chambre. L'une ne peut être envisagée comme une innovation, ni une aggravation de l'impôt foncier; si l'accroissement est pris isolément, il ne profite tous les ans que pour une fraction de centime par franc aux contribuables, et ce n'est que pour le trésor que la réunion de ce qui revient sur la totalité a une certaine importance.

C'est au point de vue du trésor que je me place ; je saisis cette occasion, en attendant qu'il en vienne d'autres de lui assurer un supplément de recette. Je veux le déclarer sans détour à la chambre. Je suis résolu à voter en faveur de tous les projets de loi mûrement réfléchis que le gouvernement a présentés et qu'il présentera dans la suite pour améliorer, pour fortifier notre situation financière. Je pense avec lui que les économies seules ne suffiront pas et qu'il faut avoir le courage de recourir aussi à l'impôt ; qu'il faut mettre tout en œuvre pour remédier à un état de choses qui deviendra un danger pour le pays si nous n'en faisons l'objet de notre préoccupation constante et absolue. Telle est la conduite que je me suis tracée ; j'en accepte toutes les conséquences et je ne faillirai pas à ce que je regarde comme un rigoureux devoir.

En ce qui concerne la section centrale, l'honorable ministre des finances lui a attribué des intentions qu'elle n'a pas eues. Elle n'a pas voulu se débarrasser, par un ajournement, des deux dispositions qu'elle avait à examiner; elle ne les a pas, comme il l'a dit, renvoyées aux calendes grecques. Le fond n'a pas été abordé, parce qu'on a cru qu'on pouvait atteindre le but en donnant satisfaction à ceux de ses membres qui réclamaient une plus grande latitude d'examen. Le trésor ne perdra rien de l'accroissement que M. le ministre demande pour lui, car on pourra y comprendre la somme que produira l'exercice 1849, si, comme je l'espère, le principe en est sanctionné par la chambre.

Quant à la modification au taux de la décharge à l'exportation des genièvres, on a si peu voulu l'envoyer aux calendes grecques que des membres de la section centrale ont soutenu que des distillateurs eux-mêmes s'y montreraient favorables, parce qu'il en est qui abusent de la législation en vigueur. Lorsque cette question aura été plus mûrement examinée, il est hors de doute, suivant moi, que les griefs qu'on a élevés contre la décharge accordée à une autre industrie, dont nous avons si souvent remanie les conditions d'existence, seront également articulés pour mettre un terme au préjudice qu'éprouvent les recettes et qui ira croissant, si on ne l'arrête, quand on peut encore le faire sans grave lésion pour les intérêts engagés. Ce qui tranche la question pour moi, c'est que depuis la loi de 1842 les conditions de la fabrication, la législation d'un pays voisin, qu'on opposait alors, l'emploi de nouvelles matières, la durée du travail, tout a été modifié.

M. Vilain XIIII. - Messieurs, je ne m'occuperai que de la proposition d'ajournement; et, pour commencer par où a fini M. le ministre des finances, je dirai que, quant à la seconde proposition, je serais disposé à la discuter immédiatement et de voter en sa faveur, quoique ce soit une prime indirecte à l'agriculture, puisque la matière première des eaux-de-vie indigènes est le grain et que l'exportation augmente naturellement la consommation des céréales. Néanmoins, opposé en principe à toute prime d'exportation, je renoncerai à celle dont il s'agit en ce moment, bien qu'elle puisse profiter à l'agriculture; mais je me réserve bien de combattre toute autre prime qu'on viendrait nous proposer ultérieurement.

Quant à la première proposition de M. le ministre des finances, la question me paraît beaucoup plus grosse qu'il ne la fait. Je regrette que cette proposition ne nous ait pas été soumise plus tôt; nous aurions pu nous préparer à la discussion, et aujourd'hui nous pourrions nous prononcer en connaissance de cause.

La proposition de M. le ministre des finances tend à changer la nature de la loi de 1790 telle qu'elle est appliquée depuis 60 ans. (Interruption.) C'est un impôt de répartition et non pas un impôt de quotité; et la proposition, non pas en principe mais en fait, en fait un impôt de quotité. Jusqu'à présent, c'était un droit acquis pour les propriétaires, de voir leurs cotes réduites par suite de l'augmentation de la valeur de certaines propriétés. Voilà comment les choses se passent depuis 1790. Or en enlevant ce bénéfice aux contribuables, vous augmentez nécessairement leurs charges.

M. le ministre dit : Vous payerez, l'année prochaine, absolument la même somme que l'année dernière. Cela n'est pas exact, car les 278,000 fr. que l'on propose d'ajouter au montant de la contribution foncière, sont le résultat de la plus-value des propriétés bâties depuis 5 ans, et depuis 5 ans la masse des contribuables a profité de cette plus-value; les propriétaires ont vu leurs cotes diminuées, de ce chef, de quelques centimes ; si vous adoptez la proposition de M. le ministre des finances, (page 306) l'année prochaine toutes les cotes seront augmentées. On payera donc plus en 1850 qu'on n'a payé on 1849, et on payera plus non seulement en principal mais aussi pour les additionnels au profil des provinces et des communes; de cette manière, la somme de 278,000 fr. pourra s'élever peut-être 400,000 ou à 500,000 fr.

M. le ministre des finances (M. Frère-Orban). - C'est une erreur.

M. Vilain XIIII. - Il est possible que ce soit une erreur; je n'ai pas eu le temps d'examiner la proposition.

Je voudrais revoir la discussion de l'assemblée constituante, de la grande Constituante, comme dit M. Dupin; je voudrais examiner les motifs qu'elle a eus de faire de l'impôt foncier un impôt de répartition et non pas un impôt de quotité.

J'appuie l'ajournement.

M. le ministre des finances (M. Frère-Orban). - Il y a une raison bien simple pour laquelle on a fait de la contribution foncière un impôt de répartition plutôt qu'un impôt de quotité : c'est que, à cette époque il eût été impossible de fixer une quotité ; il n'y avait pas alors un revenu déterminé d'une manière uniforme pour tout le monde, il n'y avait pas de revenu cadastral. Il a fallu, en conséquence, fixer un contingent, sauf à en faire la répartition entre les diverses localités. Cette répartition se faisait par des comités de répartiteurs en raison du revenu foncier que l'on supposait à chaque contribuable. Depuis que le cadastre est fait, cette raison n'existe plus; il y a maintenant un revenu connu, établi sur des données certaines, d'après des règles qui sont les mêmes pour tout le monde.

L'honorable membre se trompe en disant que ma proposition a pour résultat de transformer la contribution foncière en impôt de quotité. Ma proposition se borne à une seule chose, c'est de modifier le contingent, le contingent, le contingent général et le contingent provincial, sauf à faire ensuite la sous-répartition entre les différentes localités.

M. Vilain XIIII. - Vous faites d'un impôt invariable un impôt variable.

M. le ministre des finances (M. Frère-Orban). - Le législateur ne touche-t-il pas au contingent? Est-ce qu'il ne peut pas l'augmenter? Ne l'a-t-il pas augmenté fréquemment? De même que le législateur a dit, à certaines époques : Le contingent sera augmenté de 5, 10,15 centimes additionnels, de même il conserverait le droit, s'il y avait quotité, au lieu de contingent, de déclarer que la quotité est aujourd'hui 9, demain 10.

L'honorable préopinant dit que j'ai proposé une innovation en ce qui s'est pratiqué depuis 1790. C'est une erreur. On a décidé déjà plusieurs fois ce que je propose de décider. En 1845, l'honorable M. Mercier proposa de faire entrer en accroissement de l'impôt au profit du trésor, les valeurs nouvelles qui avaient été constatées par les opérations cadastrales, et qui s'élevaient à 519,000 fr. Cette proposition fut adoptée.

Une troisième erreur, commise par l'honorable préopinant, consiste à dire que l'accroissement que nous demandons est en total de 278,000 fr., et qu'avec les additionnels nous arriverions à 400,000 fr. Mais les additionnels au profit de l'Etat sont compris dans cette somme. (Interruption.) Je ne m'occupe pas des additionnels provinciaux et communaux ; en tout cas, avec ces derniers additionnels, nous n'aurions pas, certes, 400,000 fr.

Ainsi, les motifs qu'allègue l'honorable M. Vilain XIIII n'ont aucun fondement; s'il n'y a pas d'autres raisons pour écarter l'examen actuel de la proposition, je pense que la chambre peut et doit s'en occuper.

M. Rodenbach. - Messieurs, la proposition de M. le ministre des finances ne nous a été soumise que dans la séance d'hier ; je ne pense pas que la chambre puisse voter ex abrupto sur une proposition de cette nature.

M. le ministre des finances vient de dire qu'en Hollande la prime sur le genièvre n'existe plus; il nous a exposé les motifs qui doivent faire supprimer la prime chez nous.

Je conviens qu'il faut modifier le drawback, si l'existence de la prime peut beaucoup nuire au trésor, par suite des exportations considérables que l'on ferait; mais, je le demande : y a-t-il un seul membre de la chambre qui soit en état de se prononcer aujourd'hui sur cette question, sans l'avoir mûrement étudiée?

Il est de toute justice que nous devions pouvoir soutenir la concurrence avec la Hollande pour l'exportation des boissons spiritueuses. La Hollande a un commerce immense dans plusieurs parties du monde ; elle y exporte ses genièvres. Or, maintenant que la Belgique a perfectionné sa distillerie, maintenant qu'elle peut soutenir la concurrence avec la Hollande, je demande à M. le ministre des finances, qui est partisan du libre-échange, si le moment est bien choisi pour proposer une mesure propre à empêcher que cette industrie ne se développe.

La question est, comme vous voyez, très sérieuse, et je regrette que M. le ministre des finances insiste pour que la chambre y statue, sans avoir eu le temps de l'examiner. J'appuie donc la disjonction proposée par la section centrale. La question n'est véritablement pas instruite; on ne sait pas même combien M. le ministre propose pour le drawback. Plusieurs industries jouissent d'une restitution de droits quand elles exportent; agir autrement dans cette circonstance, c'est aller à rencontre de la navigation et de l'industrie du pays. J'ai dit.

M. le Bailly de Tilleghem. - J'ai fait une attention toute particulière à ce que vient de dire M. le ministre des finances.

Cependant, je pense que cela ne diminue pas le mérite des considérations qui ont déterminé les conclusions de la section centrale.

Comme l'honorable rapporteur M. Veydt a eu l'honneur de l'observer à la chambre; si elle le désire, pour mieux éclairer son opinion, on pourrait faire imprimer le rapport de la section et le distribuer aux honorables membres.

Je pense également qu'il ne peut y avoir d'inconvénient pour adopter la proposition de la section centrale, qui tend à ce que M. le ministre présente un projet de loi dans les formes voulues, qui sera renvoyé à l'examen des sections.

Il est réellement impossible à la chambre de voter ainsi, obrepticement, sans être suffisamment éclairée.

Je propose donc de nouveau que la chambre veuille admettre les conclusions de la section centrale.

M. Cools. - Messieurs, il est de notre devoir d'améliorer, autant que possible, la situation du trésor ; j'appuie, en conséquence, M. le ministre des finances, et je demande avec lui un vote immédiat au moins sur l'une de ses deux propositions. (Interruption.)

Je m'explique. Je ne m'oppose pas à ce que les propositions soient renvoyées à la section centrale, pour qu'elle nous présente des conclusions formelles; mais j'entends qu'il y ait un vote de la chambre avant la fin de la discussion du budget des voies et moyens, ou au moins avant le 1er janvier.

Messieurs, je fais une grande différence entre les deux propositions. En ce qui concerne la prime de sortie pour le genièvre, il n'y a pas urgence.

Je crois que la question provoquera une très longue discussion ; elle soulève la question des primes, et pour moi, je ne sais pas si, du moment qu’on veut abolir les primes, c'est par celle qui est accordée au genièvre qu'il faut commencer. Je m'étonne seulement de voir le gouvernement insister si fortement pour la suppression des primes, alors qu'il a fait tant d'efforts l'année dernière pour maintenir la prime excessive sur les sucres.

En ce qui concerne l'impôt foncier, il y a une ressource toute prête; il n'y a aucun motif pour l'abandonner; mais il faut qu'un vote soit émis avant la fin de l'année ; car sans cela les rôles ne pourraient pas être libellés en conséquence.

On a fait valoir cette considération, qu'on changerait le caractère de l'impôt. Mais, messieurs, faites bien attention : il s'agit uniquement de se prononcer sur le chiffre indiqué par M. le ministre des finances, et indiquant l'accroissement de valeurs dans les propriétés bâties. Eh bien, si nous faisons entrer ce chiffre dans la fixation du chiffre global, l'impôt restera un impôt de répartition.

Je ne me prononce pas pour le moment sur la formule que propose M. le ministre des finances; mais pour ce qui concerne le chiffre d'accroissement lui-même, pourquoi ne pas le faire entrer dans nos voies et moyens, alors qu'il n'est pas juste, il faut le reconnaître, que la généralité des contribuables profite d'améliorations dans ces propriétés bâties qui n'ont été réalisées que par quelques-uns.

Comme la question doit être examinée de nouveau par la section centrale, je ne prolongerai pas la discussion. J'ai déjà dit que je ne m'opposerais pas au renvoi à la section centrale, pour avoir au moins un rapport sur le fond. Il importe que nous ayons une proposition formelle de la section centrale afin que nous puissions prendre une décision avant le 1er janvier.

M. Jullien. - Messieurs, les propositions de M. le ministre des finances me paraissent présenter le caractère de véritables propositions de lois modifiant la législation actuelle. S'il en est ainsi, ces propositions, conformément aux prescriptions du règlement de la chambre, doivent être renvoyées à l'examen des sections ; il est utile qu'elles passent par la filière des sections, afin que tous les membres de cette chambre aient le temps de les examiner, de les mûrir.

Dans la pensée de plusieurs membres, la première partie des propositions de M. le ministre des finances impliquerait une transformation de l'impôt de répartition en impôt de quotité.

Quelles seront les conséquences de cette transformation, relativement au trésor? Quelles seront ces conséquences relativement aux impositions provinciales et communales? Jusqu'où ira l'accroissement proposé de 278,000 fr.? Nul de nous ne peut le dire sans un examen approfondi de la question. L'importance, la gravité de cette question exigent que les amendements de M. le ministre des finances soient l'objet d'une délibération au sein des sections.

Je demande en conséquence que, conformément au règlement de la chambre, les deux propositions soient disjointes du budget des voies et moyens, pour être renvoyées à l'examen des sections.

M. Delfosse. - Si la disjonction des deux propositions n'était pas prononcée, si nous devions discuter maintenant le fond de ces propositions, il serait à craindre que la discussion ne se prolongeât et retardât trop le vote du budget et des autres lois urgentes qui doivent nécessairement être votées avant le 1er janvier. Je dois donc me prononcer pour la disjonction; mais je ne pense pas, comme l'honorable M. Jullien, qu'il faille renvoyer les propositions dont il s'agit aux sections; la chambre peut renvoyer les propositions dont elle est saisie, soit à l'examen des sections, soit à l'examen d'une commission spéciale.

La section centrale qui a examiné le budget des voies et moyens est composée de manière à nous inspirer une entière confiance ; je demande qu'en prononçant la disjonction, la chambre décide que la section centrale restera saisie comme commission spéciale; elle fera son rapport, qui sera imprimé ; chacun aura le temps d'en prendre connaissance et d'apprécier les motifs qu'elle fera valoir à l'appui de ses conclusions. La (page 307) section centrale serait invitée à faire un prompt rapport, et le sénat pourrait être saisi dès le premier jour de sa rentrée du budget des voies et moyens.

M. le ministre des finances (M. Frère-Orban). - Je ne veux pas laisser subsister une erreur qui vient d'échapper à l'honorable M. Jullien, Il a dit que la proposition que j'ai faite relativement à l'impôt foncier était extrêmement importante, qu'on ne savait pas où l'on allait, qu'on ne pouvait pas en prévoir les conséquences. Elle s'arrête tout juste à 278 mille fr., par la raison toute simple qu'il faut nécessairement que la loi décide, ainsi que dans ma proposition l'énonce formellement, il faut que la loi prononce sur le contingent de chaque province. Ainsi il sera impossible sans nouvelle loi d'accroître le contingent.

Si, l'an prochain, il y a accroissement de valeurs, il faudra qu'une loi décide s'il y a lieu de les porter en accroissement d'impôt. Des dispositions de ce genre ont été faites constamment dans la loi du budget des voies et moyens. L'honorable membre n'a qu'à consulter les lois décrétant les divers budgets, il y trouvera des modifications de cette nature; des dispositions modifiant la législation ont été proposées pendant la discussion et insérées dans le budget des voies et moyens; d'autres ont été présentées avec le budget et examinées par la section centrale.

Quant à la proposition que vient de faire l'honorable M. Delfosse, je crois pouvoir m'y rallier ; elle est différente de celle de la section centrale, qui était de renvoyer les propositions aux sections ou plutôt qui provoquait la présentation de projets de lois; ce qui aurait fait traîner la chose en longueur et aurait paru écarter les propositions. M. Delfosse demande que la section centrale reste saisie et fasse un prompt rapport.

Je comprends les raisons qui peuvent faire désirer qu'on vote immédiatement le budget des voies et moyens. Je me rallie donc à la proposition de M. Delfosse, avec invitation à la section centrale de faire un prompt rapport.

M. Deliége. - Les trois membres présents de la section centrale se rallient à la proposition de M. Delfosse.

M. de Man d'Attenrode. - Je reprends la proposition de la section centrale; je demande le renvoi aux sections.

M. le président. - La proposition de la section centrale n'est abandonnée que par trois membres.

M. le ministre de l'intérieur (M. Rogier). - La question est extrêmement simple. Tout le monde est d'accord sur la disjonction, le ministre s'y est rallié, il s'agit de savoir si on renverra à la section centrale comme commission spéciale ou aux sections.

- La proposition de M. Delfosse est mise aux voix et adoptée.

L'article foncier est mis aux voix et adopté avec le chiffre de 18,350,730 francs.

La chambre passe à la discussion sur le texte du budget.

Vote des articles

Articles 1 à 2

« Article 1er. Les impôts directs et indirects, existants au 31 décembre 1849, en principal et centimes additionnels ordinaires et extraordinaires, tant pour le fonds de non-valeurs qu'au profit de l'Etat, ainsi que la taxe des barrières, seront recouvrés, pendant l'année 1850, d'après les lois et les tarifs qui en règlent l'assiette et la perception.

« Le principal de la contribution foncière est réparti entre les provinces, pour l'année 1850, conformément à la loi du 9 mars 1848. »

- Adopté.


« Art. 2. D'après les dispositions qui précèdent, le budget des recettes de l'Etat, pour l'exercice 1850,est évalué à la somme de cent quinze millions dix mille huit cent vingt francs (115,010,820 francs) ; les recettes spéciales, provenant des ventes de biens domaniaux, autorisées en vertu de la loi du 3 février 1843, à la somme de neuf cent mille francs (900,000 francs), et les recettes pour ordre à celle de onze millions six cent vingt mille francs (11,620,000 francs).

- Adopté.

Article 3

« Art. 3. Pour faciliter le service du trésor, pendant le même exercice, le gouvernement pourra, à mesure des besoins de l'Etat, mettre en circulation des bons du trésor jusqu'à concurrence de la somme de quinze millions de francs. »

M. Osy. - La position gardée par la Belgique, pendant la tourmente de l'année dernière, non seulement a excité l'admiration de toute l'Europe, mais encore a influencé favorablement le crédit public et le cours des fonds publics du pays. Tandis que vous voyez, en France, les fonds publics avoir beaucoup de peine à se relever, les nôtres approchent du pair.

L'étranger a confiance, non seulement dans les fonds de l'Etat belge, mais encore dans les fonds de sa capitale. Il est à ma connaissance qu'un pays d'Allemagne a pris des obligations de la ville de Bruxelles jusqu'à concurrence de près d'un million de francs.

Vous voyez, messieurs, quelle confiance inspire la situation du pays.

D'après la situation financière du pays, je crois que nous ferons chose très sage d'autoriser, dans le budget, l'émission de 15 millions de bons du trésor que demande le ministre des finances.

Cependant j'espère que, dans le courant de l'année, la situation s'améliorera, et que le gouvernement renoncera à l'émission de 12 millions de billets de banque qu'il a demandée par la loi du mois de mai.

Les bons du trésor se sont placés si facilement qu'on peut dire que la confiance renaît entièrement. Je crois que ce serait l'occasion, au commencement de l'exercice prochain, de baisser le taux de l'intérêt que nous accordons ; car tandis que l'on a de la peine à trouver à placer d'une manière solide à nos bourses, l'urgent à 2 1/2 ou 3 p. c., le gouvernement continue à payer pour les bons du trésor un intérêt de 5 1/4 p. c. par an.

M. le ministre dos finances, d'après la confiance qu'inspire la Belgique à l'étranger, aurait tort de payer la commission de 1/4 p. c, car c'est aujourd'hui le taux lorsqu'on renonce au payement à l'étranger.

M. le ministre des finances devrait examiner la situation du pays, la situation de nos bourses, et profiter de la situation pour baisser graduellement et avec prudence le taux de l'intérêt. Je ne stipule pas 4 1/2 ou 4 3/4. Mais je prie M. le ministre des finances de prendre ces observations en considération.

Je crois que M. le ministre des finances devrait réduire la bonification de 1/4 p. c, qu'aujourd'hui nous payons quand on renonce au payement à l'étranger. Ce ne sont pas les étrangers qui prennent nos bons du trésor; ce sont les Belges.

Je ne demande pas que M. le ministre des finances prenne un engagement quelconque. Tout ce qui tient au crédit doit être fait avec maturité. Mais je prie M. le ministre des finances de prendre mes observations en considération.

M. le ministre des finances (M. Frère-Orban). - Depuis plusieurs mois, le trésor a renoncé à l'émission de bons du trésor. Il y en avait en quantité suffisante. Il a dû en refuser, sauf quelques renouvellements. Je n'ai pas eu besoin de réduire l'intérêt, puisqu'il n'y a plus eu d'émission.

Mais si la situation ne change pas, j'ai pris la résolution de n'émettre, à partir du 1er janvier prochain, qu'à un taux inférieur à celui payé jusqu'à présent. Je suis d'accord, avec l'honorable M. Osy, qu'il y a lieu de réduire l'intérêt. L'abondance des fonds qui s'offrent démontre que, si l'état des choses ne change point, on pourra facilement abaisser le taux de l'intérêt.

- L'article 3 est adopté.

Article 4

« Art. 4. La présente loi sera obligatoire le 1er janvier 1850. »

Vote sur l’ensemble du projet

Il est procédé au vote par appel nominal sur l'ensemble du budget, qui est adopté à l'unanimité des 91 membres présents.

Ce sont : Moreau, Moxhon, Osy, Peers, Pierre, Pirmez, Prévinaire, Reyntjens, Rodenbach, Rogier, Rousselle, Sinave, Tesch, Thibault, Thiéfry, T’Kint de Naeyer, Tremouroux, Vanden Berghe de Binckum, Vanden Branden de Reeth, Vandenpeereboom (Alphonse), Vandenpeereboom (Ernest), Van Grootven, Van Hoorebeke, Van Iseghem, Van Renynghe, Vermeire, Veydt, Vilain XIIII, Allard, Ansiau, Boulez, Bruneau, Cans, Christiaens, Clep, Cools, Coomans, Cumont, Dautrebande, David, de Baillet (H.), de Bocarmé, Debourdeaud’hui, de Breyne, de Brouwer de Hogendorp, Debroux, Dedecker, de Denterghem, de Haerne, Delehaye, Delescluse, Delfosse, de Liedekerke, Deliége, de Man d’Attenrode, de Meester, de Perceval, de Pitteurs, de Pouhon, Dequesne, de Renesse, de Royer, Desoer, Destriveaux, de Theux, de T’Serclaes, Devaux, d’Hoffschmidt, d’Hont, Dumon (Auguste), Dumont (Guillaume), Dumortier, Faignart, Frère-Orban, Jacques, Jouret, Jullien, Julliot, Lange, le Bailly de Tilleghem, Lebeau, Lelièvre, Lesoinne, Liefmans, Manilius, Mascart, Mercier, Moncheur, Verhaegen.

Projet de loi instituant une caisse générale de retraite

Second vote des articles

Article premier

L’article premier, amendé au premier vote, est définitivement adopté.

Article 3 nouveau (anciennement article 12)

M. le ministre des finances (M. Frère-Orban). - Je pense qu'il y a lieu de faire une transposition, et d'intercaler l'amendement que j'ai eu l'honneur de proposer à l'article 12 et qui a été sous-amendé par l'honorable M. Delfosse, entre les articles 2 et 3. L'honorable M. de Brouckere avait d'ailleurs fait remarquer qu'il y avait lieu d'en faire un article séparé.

Cette disposition formerait donc l'article 3, et serait ainsi conçue:

« La rente est personnelle à celui qui l'acquiert. Néanmoins, si la rente a été constituée avec des deniers communs, chacun des conjoints a le droit d'en percevoir la moitié en cas de dissolution de la communauté. »

Je me suis mis d'accord avec l'honorable M. Delfosse sur cette rédaction.

- La proposition de M. le ministre des finances est adoptée.

L'article 3 nouveau est définitivement adopté.

Article 3

L'article 3 (devenu 4), amendé au premier vote, est définitivement adopté.

Article 4

« Art. 4 (devenu 5). Les rentes s'acquièrent d'après des tarifs qui seront réglés par arrêté royal.

« L'arrêté royal indiquera le taux de l'intérêt d'après lequel les tables auront été calculées. »

(page 308) M. Julliot. - Messieurs, je vais motiver mon vote. Il résulte, pour moi, de la discussion qui s'est si péniblement trainée pendant quelques jours dans cette enceinte, qu'en cette matière les hommes les plus compétents parlent des langues différentes. Et, de bonne loi, pendant un instant, je me suis cru en présence de la tour de Babel, où l'un ne comprenait plus l'autre.

Mais ce que j'ai bien compris, c'est qu'une fois qu'on veut définir les classes de la société, on s'y perd, et on est obligé d'abandonner le terrain.

Un premier orateur nous a dit que l'ouvrier n'avait pas de reste, qu'il était en déficit de 3 centimes par jour et ne placerait pas à la caisse de retraite.

Un second orateur nous a fait comprendre que la caisse serait utile aux artistes, aux musiciens, etc.

Finalement, plusieurs de mes collègues se trouvant dans des positions plus qu'aisées m'ont confié qu'ils créeraient des rentes à tous leurs enfants, pour, disent-ils, tout ce qui peut arriver.

Eh bien, messieurs, je conclus de tous ces exposés de motifs différents, que le gouvernement, en faisant cautionner une caisse de retraite par les contribuables, a été mû par une idée généreuse, mais qui avortera dans la pratique, parce que la masse déshéritée, s'il m'est permis d'emprunter ce langage, se trouvera en dessous de la caisse, qu'elle aura le bras trop court pour y atteindre.

Ce seront les petits qui cautionneront les intérêts de ceux qui sont plus grands; et, à mon point de vue, c'est de la philanthropie à rebours que je n'accepte pas, et je voterai contre la loi.

M. Jacques. - Dans le premier paragraphe on emploie l'expression « tarifs », et dans le second le mot « tables ». Je crois qu'il n'y a pas lieu d'exprimer la même idée par deux mots différents dans le même article. Je propose donc de substituer dans le second paragraphe le mot « tarifs » au mot « tables ».

M. le ministre des finances (M. Frère-Orban). - Je ne vois pas d'inconvénient à cette modification.

- L'article ainsi modifié est définitivement adopté.

Article 8

« Art. 8 (devenu 9). Par dérogation à l'article précédent, toute personne assurée dont l'existence dépend de son travail, et qui, avant l'âge fixé par l'assurance, se trouverait, par la perte d'un membre ou d'un organe, par une infirmité permanente résultant d'un accident survenu dans l'exercice ou à l'occasion de l'exercice de sa profession, incapable de pourvoir à sa subsistance, jouira immédiatement des rentes qu'elle aura acquises depuis cinq ans au moins, sans que ces rentes puissent dépasser 360 francs.

« La jouissance anticipée de la rente cessera si les conditions qui l'ont amenée viennent à disparaître. »

M. le ministre des finances (M. Frère-Orban). - Je propose de supprimer le mot « ou », et de dire : « par la perte d'un membre, d'un organe, par une infirmité permanente résultant d'un accident. »

M. Rousselle. - Messieurs, dans l'article primitif on avait excepté l'état militaire. Je pense que le gouvernement et la section centrale ont eu de bonnes raisons pour faire cette restriction que je ne retrouve plus dans l'article 8. Je proposerai de la reproduire et d'ajouter, après les mots: « de sa profession, » ceux-ci : « autre que l'état militaire. »

M. le ministre des finances (M. Frère-Orban). - Messieurs, l'article 8 n'est applicable qu'à ceux qui ne peuvent pas pourvoir autrement à leur subsistance. Si un soldat était blessé dans l'exercice de sa profession, il aurait droit à une pension militaire et, par conséquent, il pourrait pourvoir à sa subsistance à l'aide de cette pension, et dès lors l'article 8 ne lui serait pas applicable. Il résulte de là, messieurs, que l'amendement de M. Rousselle est inutile.

M. Rousselle. - L'explication de M. le ministre des finances me satisfait; je retire mon amendement.

- L'amendement admis au premier vote est définitivement adopté.

Article 9

« Art. 9 (devenu art. 10). Les versements sont irrévocablement acquis à la caisse, à l'exception :

« 1° De ceux que la femme mariée a effectués sans autorisation ;

« 2° De ceux qui dépassent la quotité nécessaire pour l'acquisition du maximum de rente fixé par l'article 5;

« 3° De ceux qui sont insuffisants pour être convertis en rentes (article 6).

« Les versements mentionnés aux n°1 et 2 seront restitués à qui de droit, sans intérêts, sauf l'exception établie par le dernier alinéa de l'article 5.

« Les versements compris sous le n°3 seront aussi restitués sans intérêts, mais seulement lorsque le déposant ne pourra plus, à raison de son âge, acquérir des rentes, ou après son décès. »

Les mots : « sauf l'exception établie par le dernier alinéa de l'article 5 » forment amendement.

M. Cans. - Par suite de l'adoption qui a eu lieu d'un nouvel article, il faut substituer dans l'amendement l'article 6 à l'article 5.

- L'article 9 (10) est définitivement adopté avec l'amendement, tel qu'il est modifié par M. Cans.

Les articles 10 et 11 (11 et 12) n'ont pas été amendés.

Article 12

« Art. 12 (devenu art. 13). La rente est personnelle à celui qui l'acquiert, sauf les droits du conjoint en cas de dissolution de la communauté.

« Toute personne est admise à verser des fonds et à prendre des livrets pour le compte et au nom de tiers.

« Les rentes ne seront payées qu'à ceux-là seuls au profit desquels elles sont inscrites.»

M. le président. - Le premier paragraphe de cet article, qui formait amendement, est devenu l'article 3; il n'y a donc pas lieu de le mettre aux voix.

M. le ministre des finances (M. Frère-Orban). - Par suite du changement après l'article 2, il y a lieu de rétablir l'article tel qu'il était dans le projet primitif, c'est-à-dire dans les termes suivants :

« Toute personne est admise à verser des fonds et à prendre des livrets pour le compte et au nom de tiers. Néanmoins les rentes ne seront payées qu'à ceux-là seuls au profit desquelles elles sont inscrites. »

- L'article, ainsi modifié, est définitivement adopté.

Article 13

« Art. 13 (devenu art. 14). Les rentes sont payées mensuellement et par douzième, par les receveurs des contributions directes dans le ressort desquels les rentiers résident ; elles ne sont payées qu'aux rentiers résidant dans le royaume.

« Toutefois des exceptions peuvent être faites en faveur de Belges qui, depuis l'acquisition de leur rente, se seront établis à l'étranger. »

Le dernier paragraphe forme amendement.

- L'article est définitivement adopté.

Les articles 14 à 18 (15 à 19) n'ont pas été amendés.

Article 19

« Art. 19 (devenu art. 20). Les comptes de la caisse sont présentés par un agent comptable et arrêtés, par la cour des comptes, avant le 1er mars de chaque année.

« La commission publie et soumet au contrôle de neuf commissaires délégués par les conseils provinciaux le compte financier et moral de la caisse.

« Tous les ans, le gouvernement présentera à la législature un rapport détaillé sur la situation de l'institution.»

Les amendements consistent dans les mots : « présentés par un agent comptable et arrêtés par la cour des comptes avant le 1er mars, » dans le premier paragraphe, et dans les mots : « Tous les ans » qui ont été substitués à ceux de: « Tous les trois ans » dans le troisième paragraphe.

M. le ministre de l'intérieur (M. Rogier). - Messieurs, les comptes qui devront être présentés donneront lieu à un assez long travail; ils devront être examinés par commission spéciale et par la cour des comptes. Je pense que tout cela ne pourra pas être terminé pour le 1er mars. Je proposerai de substituer à cette date celle du 1er mai. Il ne faut pas mettre dans la loi des prescriptions qu'il serait impossible d'observer.

M. de Man d'Attenrode. - J'appuie l'amendement de M. le ministre de l'intérieur.

- L'article est définitivement adopté avec l'amendement de M. le ministre de l'intérieur.

Les autres articles du projet n'ont pas été amendés.

Vote sur l’ensemble du projet

Il est procédé au vote par appel nominal sur le projet de loi qui est adopté par 72 voix contre 5 ; 6 membres se sont abstenus.

Ont voté l'adoption : Moreau, Moxhon, Orts, Osy, Peers, Pierre, Pirmez, Prévinaire, Reyntjens, Rodenbach, Rogier, Rousselle, Sinave, Thibault, Thiéfry, T’Kint de Naeyer, Tremouroux, Van Cleemputte, Vanden Berghe de Binckum, Vanden Brande de Reeth, Vandenpeereboom (Alphonse), Vandenpeereboom (Ernest), Van Grootven, Van Hoorebeke, Van Iseghem, Van Renynghe, Veydt, Allard, Ansiau, Boulez, Bruneau, Cans, Christiaens, Clep, Cools, Cumont, Dautrebande, David, de Baillet (H.), de Bocarmé, Debourdeaud’hui, de Breyne, Debroux, Dedecker, de Haerne, Delehaye, Delescluse, Delfosse, Deliége, de Luesemans, de Perceval, de Pitteurs, de Pouhon, Dequesne, de Renesse, de Royer, Destriveaux, Devaux, d’Hoffschmidt, d’Hont, Dumon (Auguste), Dumont (Guillaume), Frère-Orban, Jacques, Jouret, Lange, le Bailly de Tilleghem, Lebeau, Lelièvre, Lesoinne, Liefmans, Manilius, Mascart, Mercier, Moncheur, Verhaegen.

Ont voté le rejet : MM. Pirmez, de Liedekerke, de Theux, Faignart, Julliot, Pirmez.

Se sont abstenus : Vermeire, Coomans, de Brouwer de Hogendorp, de Denterghem, de Meester, de T’Serclaes

M. le président. - Les membres qui se sont abstenus sont priés de faire connaître les motifs de leur abstention.

M. Vermeire. - Je n'ai pas voté pour la loi parce que je ne crois point aux résultats heureux qu'elle promet; parce que, dans ma manière de voir, elle écarte grand nombre de participants par la confiscation, en cas de (page 309) décès prématuré, d'épargnes qui sont souvent le fruit de longues et de dures privations ; et qu'à ces conditions onéreuses, les classes laborieuses ne seront guère disposées à y prendre part ; qu'ainsi le but principal de la loi me paraît manqué.

Je n'ai pas voté contre la loi, parce que je rends hommage au mobile philanthropique qui l'a dicté, mais que, dans le doute sur son efficacité dans l'application, je ne puis ni l'admettre, ni la rejeter.

M. Coomans. - Messieurs, bien que j'approuve le principe de la loi, je n'ai pas émis un avis favorable, parce que le mode d'exécution me paraît dangereux sous quelques rapports, et peu praticable sous d'autres.

M. de Brouwer de Hogendorp. - Messieurs, je me suis abstenu, non par un motif d'hostilité contre la loi; je me suis abstenu, parce que j'ai été absent de la chambre pendant la discussion.

M. de Denterghem. - J'approuve le principe de la loi, mais il m'est impossible d'apprécier la plupart des modifications qui y ont été introduites, ayant été absent pendant la discussion.

M. de Meester. - Je n'ai pas voté contre le projet de loi parce que j'adopte ce qu'il renferme de relativement bienfaisant pour une certaine classe de la société. Je n'ai pas voté pour le projet, parce que je crois qu'il est dangereux pour les finances publiques, et qu'il n'atteindra pas son but principal, celui de venir au secours de la classe ouvrière proprement dite.

M. de T'Serclaes. - Je me suis abstenu par les motifs que vient d'énoncer l'honorable (erratum, page 373) M. de Meester.

Projet de loi sur les denrées alimentaires

M. le président. - L'ordre du jour appellerait le vote de la loi sur les faillites, mais les amendements ne sont pas encore distribués; nous passons à l'objet suivant de l'ordre du jour qui est le projet de loi sur les denrées alimentaires.

Ordre des travaux de la chambre

M. Bruneau (pour une motion d’ordre). - Je demande la parole pour une motion d'ordre.

Messieurs, la chambre va aborder la discussion de la loi sur les denrées alimentaires ; 30 orateurs sont déjà inscrits ; uns demi-heure pour chaque orateur, et ce n'est pas trop, cela ferait 15 heures ou 4 séances. Or, il reste 6 séances d'ici à la nouvelle année, et nous avons à voter le budget des travaux publics, celui de la guerre, et deux ou trois lois de crédits qui doivent être votées avant la fin de l'année.

Nous avons à choisir entre des dispositions provisoires pour deux budgets, contrairement à la loi de comptabilité, ou une disposition provisoire pour une loi spéciale; car il est impossible de les discuter toutes avec étendue et une complète liberté. Le temps nous forcera nécessairement à étrangler la discussion de l'une ou l'autre de ces lois.

Je demande à la chambre si dans ces circonstances il ne conviendrait pas de proroger purement et simplement la loi sur les denrées alimentaires jusqu'au 1er février, et à remettre la discussion immédiatement après notre rentrée ; alors on pourra lui donner toutes les proportions que son importance réclame.

Je soumets ces observations à la chambre ; elle appréciera tous les inconvénients de la discussion immédiate ; elle appréciera également qu'il n'y a pas d'inconvénient à remettre la discussion, attendu qu'aucun des droits engagés ne peut être lésé par l'ajournement d'un mois.

Du reste, il pourrait être convenu que tous les orateurs inscrits conserveront leur tour de parole, tel qu'il leur est acquis aujourd'hui.

M. Coomans. - Messieurs, je regrette de devoir le dire, la motion de l'honorable M. Bruneau ne me surprend pas : je m'y attendais. L'autre jour, on ne combattait pas la proposition de l'honorable M. Rogier, de continuer la discussion de la loi sur la caisse de retraite. J'ai dit que j'y mettais pour condition formelle que tous les projets urgents qui devaient être examinés et votés avant le 1er janvier, le fussent réellement, sérieusement. J'ai ajouté même, quant à la loi des denrées alimentaires, qu'il était bien entendu qu'elle devait être discutée sérieusement, loyalement; complètement, avant le 1er janvier. M. le ministre de l'intérieur a dit oui, à haute voix; la grande majorité de la chambre a acquiescé également à ma demande, et c'est alors que la proposition très raisonnable, du reste, de l'honorable M. Dumortier a été rejetée.

Je déclare donc qu'il y a ici une sorte de droit acquis; sinon, si je n'avais pas cru aux promesses du ministère, j'aurais prévenu l'honorable M. Dumortier, et j'eusse fait avant lui sa proposition, je l'eusse faite plusieurs fois, car il était bien naturel que les lois urgentes passassent avant celles qu'on pouvait ajourner.

Quoi ! l'on nous propose de proroger une loi qui, dans notre pensée, est une des causes principales des souffrances des campagnes!

Telle est ma conviction; j'ai le droit de faire valoir les arguments qui l'appuient. Du reste, puisque l'honorable M. Bruneau veut bien nous accorder une demi-heure pour justifier nos opinions, je n'en demande pas davantage pour ma part. Ce temps me suffira pour signaler les dangers de votre économie politique.

On m'a prêté une présomption et des forces pulmonaires que je n'ai pas, quand on a supposé que j'occuperais la chambre pendant toute une séance. (Interruption.)

On l'a dit au dehors, ce dont je ne me soucie pas ; mais on l'a dit encore ici tout à l'heure. Que ne vous a-t-on pas dit pour obtenir un ajournement ? Je ne me serais plaint que pendant 30 minutes de toute une année de souffrance. Vous voyez que j'y aurais apporté de la modération .

Dans tous les cas, messieurs, je m'oppose, pour les motifs que je viens d'indiquer, à la suppression de la discussion. Vous ne l'étoufferez pas, vous en êtes incapables. Un acte pareil justifierait des plaintes très graves, très fondées, dont je saurai bien me rendre le sévère écho.

M. de Theux. - Un seul mot sur la motion d'ordre. Quand l'honorable M. Dumortier a demandé, pour la deuxième fois, l'ajournement de la discussion du projet de loi sur la caisse de retraite, M. le président, a fait connaître qu'il y avait déjà vingt orateurs inscrits. On a invoqué alors les raisons que vient de faire valoir M. Bruneau, et nonobstant, la chambre n'a pas adopté la proposition de M. Dumortier. J'en appelle, messieurs, à votre…

M. Coomans. - Loyauté.

M. de Theux. - A votre intelligence des affaires. Il en est résulté l'engagement tacite de laisser, à la discussion de la loi sur les céréales, son libre cours, de ne pas l'étrangler ni de l'écarter par un ajournement.

J'espère que la chambre ne faillira pas à son devoir ; si le budget des travaux publics ne peut pas être voté avant le 1er janvier, on votera des crédits provisoires comme les années précédentes; le service n'en souffrira pas. Si on trouve des inconvénients graves à ce que ce budget ne soit pas voté avant le 1er janvier, il fallait ajourner la discussion delà loi sur la caisse de retraite qui n'avait pas le caractère d'urgence qu'on veut assigner aux autres propositions de lois.

M. de Brouwer de Hogendorp. - J'ai un mot à répondre à l'honorable M. Coomans. La question dans laquelle nous allons nous engager est extrêmement grave, elle touche aux intérêts commerciaux.et industriels...

- Un membre. - Agricoles.

M. de Brouwer de Hogendorp. - Sociaux même. L'honorable M. Coomans veut qu'on discute tout de suite un objet aussi important. Je prétends que, s'il en est ainsi, la discussion sera étouffée et que l'honorable membre sera le premier à l'étouffer, comme il a fait l'année dernière: il a pris deux fois la parole, et quand des orateurs ont voulu parler en faveur du projet du gouvernement, il s'est levé pour demander qu'on mît fin à la discussion.

M. Delehaye. - Je regrette que la proposition de M. Dumortier, quand elle a été faite, n'ait pas été adoptée par la chambre. Je pense que pour les questions les plus importantes, comme celle des denrées alimentaires, il faut, quand on les aborde, les examiner dans tous leurs détails, et, pour imiter le langage de M. Coomans, entrer dans les entrailles de la question. Or, pour cela, il faut plus de temps qu'il ne nous en reste. Je pense que le principe de la protection pour l'industrie doit se rattacher à la question agricole ; pour pouvoir examiner cette grande question à notre aise dans toutes ses parties, je demande qu'on adopte la proposition de M. Bruneau.

Je suppose que vous abordiez maintenant la loi des céréales, quelle sera votre position ? Forcément vous devrez l'interrompre; si au contraire vous ne l'abordez que quand votre ordre du jour sera débarrassé de tous les objets urgents, vous pourrez l'examiner comme elle mérite de l'être; la proposition de M. Bruneau nous permettra de l'examinera loisir.

Puisqu'au dire de nos adversaires nous avons commis une faute en consacrant notre temps à la loi sur les caisses de retraite, n'en commettons pas une nouvelle en abordant un projet que nous ne pourrions pas discuter à fond.

M. Christiaens. - Il paraît qu'une partie de la chambre est sous l'empire de la frayeur que lui a causée M. Bruneau, en faisant la supputation du temps qu'il faudrait pour entendre les orateurs inscrits, et qu'il a évalué à 15 heures. Vous venez d'entendre M. Coomans, qu'on avait accusé de vouloir prendre une séance, vous dire que cela se réduirait à une demi-heure; moi je ne me propose de n'entretenir la chambre qu'un quart d'heure; d'autres, qu'on suppose devoir parler une demi-heure, ne demanderont également qu'un quart d'heure; si on faisait une nouvelle supputation sur ces données, on trouverait qu'au lieu de 15 heures la discussion ne prendrait que 4 ou 5 heures. Les membres qui parleront dans cette discussion ne seront-ils pas assez raisonnables pour circonscrire dans des phrases substantielles cette discussion? Faisons-en du moins l'essai, et s'il ne réussit pas, nous ajournerons. (Aux voix! aux voix! La clôture!)

M. Coomans. - Je demande la parole contre la clôture. Je fais un appel à la sincérité de MM. les ministres, et notamment de M. le ministre de l'intérieur; je lui demande s'il est vrai, oui ou non, qu'il m'a dit à moi, publiquement, dans cette chambre...

M. le président. - Ce n'est pas contre la clôture que vous parlez.

M. Coomans. - Si, M. le président, je m'oppose à la clôture pour pouvoir achever mon interpellation.

M. le ministre de l'intérieur (M. Rogier). - Comme l'honorable membre fait un appel à ma sincérité, je désire beaucoup qu'il puisse continuer ; je veux savoir quelle sorte d'appel il a à faire. (La clôture! la clôture!) Si l'on clôt la discussion, je demande que l'interpellation puisse être faite après la clôture.

- La chambre, consultée, ferme la discussion sur la motion d'ordre,

M. le ministre de l'intérieur (M. Rogier). - Je demande à répondre à l'honorable M. Coomans.

M. Coomans. - Laissez-moi achever, vous ne pouvez répondre à une pensée que vous ne connaissez pas encore.

(page 310) M. le président. - Cela ne peut se faire qu'après le vote. La discussion est close.

M. Coomans. - Je demande la parole sur la position de la question.

On semble croire que l'adoption de la proposition de l'honorable M. Bruneau implique nécessairement la prorogation de la loi du 31 décembre 1848.

Je crois que c'est là une erreur évidente. La proposition de M. Bruneau est d'ajourner la discussion du projet ministériel et du rapport de la section centrale. Mais pour savoir si nous prorogerons la loi qui va expirer, il faut un projet nouveau, un rapport nouveau, il faut une loi nouvelle. C'est évident.

- Plusieurs membres. - Oui, oui, c'est clair.

M. Coomans. - Si la motion de M. Bruneau passe, il en résultera que la discussion sur le projet de loi dont nous sommes saisis sera ajournée. Mais nous aurons à discuter sur une loi nouvelle que le ministère ne peut tarder à nous présenter, s'il ne veut pas que l'importation des céréales soit prohibée en vertu de la loi de 1834, consacrant l'échelle mobile.

M. le ministre de l'intérieur (M. Rogier). - Il va de soi que si la motion de l'honorable M. Bruneau est adoptée, c'est-à-dire si l'on ajourne jusqu'à la rentrée des vacances la discussion de la loi sur les denrées alimentaires, un projet de loi transitoire devra maintenir la loi actuelle jusqu'à ce qu'elle soit remplacée par une loi nouvelle. Le pays ne peut retomber, pour 15 jours, sous le régime de 1834. Personne ne veut cela.

Une proposition en deux lignes y pourvoira.

Puisque j'ai la parole, je répondrai deux mots à l'interpellation de l'honorable M. Coomans.

M. le président. - La discussion est close.

M. le ministre de l'intérieur (M. Rogier). - Si je vote pour la proposition de M. Bruneau, je tiens à faire connaître à la chambre que je ne manque pas de sincérité vis-à-vis de M. Coomans.

M. le président. - Je dois maintenir la décision de la chambre.

M. Tesch. - Si l'on présente un projet de loi qui doit proroger la loi pour un mois, nous aurons les mêmes discussions que nous aurions en maintenant notre ordre du jour. Vous ne pouvez bâillonner ceux qui demanderont la parole dans cette discussion. C'est de toute évidence.

M. le ministre de l'intérieur (M. Rogier). - Ce sera de commun accord.

M. Tesch. - M. le ministre voit bien que l'on n'est guère d'accord.

M. le ministre de l'intérieur (M. Rogier). - Ce n'est pas ma faute.

M. Tesch. - Ce n'est pas la mienne non plus.

M. Dumortier. - Je voulais faire la même observation. La motion nous aura fait perdre du temps, et n'amènera aucun résultat.

M. le ministre des finances (M. Frère-Orban). - Si la motion est adoptée, la même majorité qui l'aura adoptée adoptera le projet après avoir prononcé la clôture.

M. Dumortier. - Il n'est pas permis à un ministre de faire le règlement à lui seul. Le règlement est positif. Lorsqu'on ouvre une discussion on doit entendre un orateur pour et un orateur contre. Le résultat sera donc le même.

- La motion de M. Bruneau est mise aux voix par appel nominal et adoptée par 46 voix contre 42; un membre (M. Dedecker) s'étant abstenu.

Ont voté pour l'adoption : MM. Moreau, Osy, Pierre, Pirmez, Reyntjens, Rogier, Thiéfry, T’Kint de Naeyer, Van Cleemputte, Vandenpeereboom (Ernest), Van Grootven, Van Hoorebeke, Vermeire, Allard, Bruneau, Cans, Cumont, Dautrebande, David, de Baillet (H.), Debourdeaud’hui, de Breyne, de Brouwer de Hogendorp, Debroux, de Haerne, Delehaye, Delescluse, Delfosse, Deliége, de Pouhon, Dequesne, de Royer, Destriveaux, Devaux, d’Hoffschmidt, d’Hont, Dumon (Auguste), Frère-Orban, Jouret, Jullien, Lange, Lebeau, Lesoinne, Liefmans, Manilius, Verhaegen.

Ont voté contre : MM. Moxhon, Peers, Prévinaire, Rodenbach, Rousselle, Sinave, Tesch, Tremouroux, Vanden Berghe de Binckum, Vanden Brande de Reeth, Vandenpeereboom (Alphonse), Van Renynghe, Veydt, Ansiau, Boulez, Christiaens, Clep, Cools, Coomans, de Bocarmé, Dechamps, de Denterghem, de Liedekerke, de Luesemans, de Man d’Attenrode, de Meester, de Perceval, de Pitteurs, de Renesse, Desoer, de Theux, de T’Serclaes, Dumont (Guillaume), Dumortier, Faignart, Jacques, Julliot, le Bailly de Tilleghem, Lelièvre, Mascart, Mercier, Moncheur.

M. le président. - Le membre qui s'est abstenu est invité à faire connaître les motifs du son abstention.

M. Dedecker. - Messieurs, je n'ai pas voulu voter pour la motion de l'honorable M. Bruneau, parce que, après les interpellations qui ont été faites à MM. les ministres dans les séances précédentes, il me semblait que la loyauté exigeait une discussion immédiate.

M. le ministre de l'intérieur (M. Rogier). - Je demande la parole.

M. Dedecker. - Je n'ai pas voulu voter contre cette motion, parce que, dans l'intérêt même de la grave question que nous avons à examiner, j'ai voulu qu'elle pût être discutée avec tous les développements qu'elle comportait.

M. le président. - La parole est à M. le ministre de l'intérieur pour une motion d'ordre.

M. le ministre de l'intérieur (M. Rogier). - Je n'ai pas demandé la parole pour une motion d'ordre; je l'ai demandée pour répondre à l'honorable M. Dedecker.

Messieurs, c'est à grand tort qu'on met en jeu les ministres. La chambre est entièrement maîtresse de régler ses travaux comme elle l'entend. Les ministres n'ont pas fait la motion; ils étaient prêts à entamer la discussion. Je remarque seulement que, dans le compte qui a été fait des orateurs qui devaient prendre la parole et des heures qui pouvaient être consacrées à la discussion, on a omis les discours des ministres qui, cependant, devront prendre une large part à cette discussion, vu les proportions qu'on semble vouloir lui donner.

Ainsi, quant à moi, je suis prêt à commencer la discussion et je puis dès maintenant l'aborder.

Mais, je l'avoue, ce n'est pas en une demi-heure que j'aurais pu terminer mon premier discours ; il m'aurait fallu deux heures. Puisqu'on a soulevé beaucoup d'autres questions à l'occasion du droit de 50 centimes bien certainement nous aurions eu des débats très prolongés, si nous avions voulu qu'ils fussent utiles.

Je crois, messieurs, que dans l'intérêt de la question et de toutes celles qui s'y rattachent, il vaut mieux avoir d'ici à un mois une discussion approfondie, qu'une discussion nécessairement étranglée comme celle à laquelle on aurait été condamné.

Messieurs, il n'y a aucune espèce de péril dans la demeure. Il ne s'agit pas de sauver les campagnes de la détresse. La section centrale propose quoi? De substituer un franc à un demi-franc par 100 kilog. Voilà à quelles proportions est réduite la question en fait et si elle avait dû se renfermer dans ces seules proportions, il n'aurait pas fallu trois jours pour la décider. Mais c'est précisément parce que, par les dispositions d'une partie de la chambre, par le nombre des orateurs inscrits, par les questions qui sont soulevées dans le rapport, on prévoit que nous allons avoir une grande discussion, qu'il était de la loyauté de ceux qui veulent s'éclairer, qui veulent éclairer le pays, d'appeler eux-mêmes une meilleure époque pour cette discussion. Quant à nous il nous est parfaitement indifférent de la commencer aujourd'hui ou dans quinze jours.

Nous étions prêts à la commencer dès maintenant. C'est dans l'intérêt même de cette question que nous avons voté pour l'ajournement, et je le répète, il n'y a aucune espèce de péril dans cet ajournement.

M. le président ; - Deux orateurs ont demandé la parole ; je ne sais pas sur quoi. Mais M. le ministre de l'intérieur a pris la parole; la justice exige que je l'accorde à ceux qui l'ont demandée.

La parole est à M. de Liedekerke.

M. de Liedekerke. - Messieurs, c'est dans la grandeur, dans l'importance même de cette question, que j'aurais puisé les motifs les plus péremptoires pour qu'on en eût abordé sans délai la discussion. Cette question intéresse le pays tout entier.

M. le ministre de l'intérieur prétend qu'il n'y a pas péril en la demeure. Mais pour tous ceux qui portent intérêt à l'agriculture, pour des classes nombreuses du pays, il y a péril en la demeure, et je regrette profondément que la discussion n'ait pas pu s'ouvrir aujourd'hui sur une question qui reste à l'état de provisoire depuis trop longtemps.

M. Coomans. - L'honorable ministre savait très bien, il y a huit jours, ce qu'il vient de nous dire; déjà alors il y avait vingt-trois orateurs inscrits ; déjà alors une vive opposition éclatait contre la doctrine du cabinet.

J'ai dit alors à l'honorable ministre : Vous assumez sur vous une grande responsabilité en insistant pour que l'on continue la discussion du projet de loi relatif à l'institution d'une caisse de retraite; mais vous n'aurez plus le temps de vous occuper de la loi des céréales. (Interruption.)

- Plusieurs membres. - Il y a décision prise.

M. de Theux. - Laissez parler. On a accusé de déloyauté ceux qui voulaient la discussion immédiate.

M. Coomans. - Alors l'honorable ministre a répondu : Nous discuterons avant le 1er janvier loyalement, complètement, librement la loi des céréales, et la grande majorité de la chambre, la même majorité qui nous empêche de discuter aujourd'hui, a fait un signe d'assentiment à cette déclaration.

L'honorable ministre vient de nous dire : Ce n'est pas nous, c'est la majorité de la chambre qui a décidé l'ajournement. D'abord je fais remarquer que tous les ministres présents ont voté pour la motion de (page 311) l’honorable M. Bruneau; cette motion est devenue ainsi la leur, ils l'ont acceptée, contrairement aux promesses de la semaine dernière. (Interruption.) Puisque les mots de loyauté et de déloyauté ont été prononcés, je déclare que, quant à nous, nous avons été loyaux, sincères, francs, car nous avons demandé à temps un débat approfondi, nous avons prévenu le gouvernement de ce qui arriverait ; et nos prévisions étaient bien plus exactes que celles du gouvernement, puisque nous avons exactement prédit il y a huit jours ce qui a lieu aujourd'hui.

M. le ministre de l'intérieur (M. Rogier). - Nous n'avons pas prévu, il y a huit jours, qu'il y aurait 30 orateurs inscrits pour une question de 50 centimes.

M. Coomans. - Il y a bien autre chose que 50 centimes en jeu.

M. le président. - Cet incident ne peut pas avoir d'autres suites. J'accorde la parole à M. Tesch pour une motion d'ordre.


M. Tesch (pour une motion d’ordre). - Je prie la chambre de bien vouloir mettre comme premier objet à l'ordre du jour de demain le second vote du projet de loi sur les faillites, sursis et banqueroutes. Le sénat doit s'assembler lundi. Il serait utile, je pense, qu'il fût saisi de cette loi dans les premiers jours de sa réunion, afin qu'il put nommer une commission pour l'examiner.

- La proposition de M. Tesch est adoptée.

M. Manilius. - On demande, messieurs, que nous mettions à l'ordre du jour de demain le budget des travaux publics; mais nous n'avons pas eu le temps d'examiner le rapport. Mais il y a huit jours que le rapport sur le budget de la guerre est distribué; il me semble qu'il serait temps de le mettre en discussion, d'autant plus que le gouvernement a présenté tardivement la loi sur le contingent : il serait à désirer que le budget fût discuté avant la loi sur le contingent, qui préjuge le budget. J'y ai poussé depuis plus d'un mois en demandant la présentation de la loi sur le contingent.

Je demande que le budget de la guerre soit mis à l'ordre du jour avant le budget des travaux publics.

M. le président. - Est-ce que, dans le sens de la proposition de M. Manilius, le budget de la guerre viendrait aujourd'hui? (Interruption.) Si nous n'avons pas le budget des travaux publics, et si le budget de la guerre ne vient pas aujourd'hui, je crains que nous n'ayons une séance vide.

- Des membres. - Il y a des projets de délimitations de communes.

M. de Theux. - J'ai entendu parler, messieurs, de commencer immédiatement la discussion du budget des travaux publics ou du budget de la guerre; je m'opposerai également à l'une et à l'autre de ces propositions, et je le ferai par un motif puisé dans la dignité de la chambre et qui sera, je pense, tout puissant sur votre décision.

La dignité de la chambre exige qu'elle n'aborde aucun travail auquel elle ne soit suffisamment préparée. Or, je le demande, ne devions-nous pas nous attendre aujourd'hui à la discussion de la loi sur les céréales, et l'examen de cette loi n'est-il pas assez important pour absorber toute notre attention?

Je déclare, messieurs, que je n'ai pas lu le rapport sur le budget des travaux publics; je n'en ai pas lu une feuille; je n'ai pas lu davantage le rapport sur le budget de la guerre ; j'étais bien convaincu que la discussion de ces budgets ne pouvait pas être prochaine; quand on s'occupe de questions aussi importantes que celle qui était à l'ordre du jour, on ne peut pas se préparer à discuter éventuellement d'autres projets d'une importance également majeure.

Encore un seul mot.

Je regrette de devoir le dire, ce n'est pas la première fois que nous sommes appelés à aborder inopinément la discussion de semblables projets. Je désire qu'à l'avenir cela ne se présente plus; ce qu'il faut, messieurs, ce qu'exige l'importance de nos résolutions, c'est que la publicité ait été apportée sur tous les projets dont nous sommes saisis, avant l'examen en sections et avant la discussion publique, et que chacun des membres de la chambre ait pu se préparer suffisamment à cet examen et à cette discussion. Un jour on accusera la chambre d'avoir discuté, avec trop peu de maturité, et la considération des lois en souffrira. Rien n'est plus essentiel qu'une discussion mûre et approfondie, et nous ne pourrons que regretter d'avoir mis trop à de précipitation dans nos débats.

M. Manilius. - Je dois faire observer à la chambre que je n'ai pas demandé la discussion immédiate du budget de la guerre; j'ai seulement demandé la priorité pour ce budget sur celui des travaux publics. Il me semble que nous pourrions nous occuper aujourd'hui d'autre chose; nous voyons tous les jours figurer sur le bulletin de l'ordre du jour cinq ou six objets différents; nous avons, par exemple, des projets de loi relatifs à des délimitations de communes; pourquoi ne terminerions-nous pas ces objets?

M. Delehaye. - Messieurs, je pense, comme l'honorable comte de Theux, qu'il ne faut voter les lois importantes qu'après un mûr examen; mais il y a plusieurs objets qu'on pourrait discuter immédiatement; il y a, par exemple, le rapport fait par l'honorable M. Van Iseghem sur un projet de crédit pour le département des affaires étrangères.

Il y a, en second lieu, le rapport présenté aujourd'hui par l'honorable M. de Luesemans, et qui sera imprimé ce soir; il pourrait être mis à l'ordre du jour de demain.

Incessamment vous serez saisis d'autres rapports sur des projets urgents. On pourrait ainsi utiliser la séance de demain et celle de lundi, et rien n’empêcherait alors de mettre à l'ordre du jour d'une séance plus éloignée tel ou tel projet important. Je demande aussi que de semblables projets ne soient pas discutés sans que nous ayons eu le temps de les examiner.

Je propose de mettre à l'ordre du jour de demain les objets que j'ai indiqués en commençant.

M. Lelièvre. - Nous avons à l'ordre du jour le projet dont je suis rapporteur, relativement à l'érection de la commune de Durnal. Le gouvernement étant d'accord avec la section centrale, je propose de discuter immédiatement la loi, sur le mérite de laquelle il ne peut s'élever aucun doute.

M. le président. - Il n'est que 3 heures ; nous pourrions nous occuper immédiatement de cet objet.

M. Lelièvre. - Sans doute.

M. Manilius. - Je me rallie à la proposition de M. Delehaye, à la condition qu'on mette le budget de la guerre à l'ordre du jour de mercredi prochain.

M. le président. - C'est une autre question. Statuons d'abord sur la proposition de M. Delehaye.

- La proposition de M. Delehaye est mise aux voix et adoptée.

M. le président. - M. Manilius demande que le budget de la guerre soit mis à l'ordre du jour de mercredi.

- Des membres. - Lundi !

M. Bruneau. - Messieurs, je crois qu'il serait convenable de discuter d'abord le budget des travaux publics. Le sénat se réunit la semaine prochaine, et le budget des travaux publics ne nous prendra certainement pas autant de temps que le budget de la guerre; le sénat pourrait s'en occuper pendant que nous discuterions le budget de la guerre, et, par conséquent, encore avant la fin de l'année. Je pense, messieurs, que cet arrangement est le plus favorable aux travaux de la chambre et du sénat.

M. le président. - Le budget des travaux publics est à l'ordre du jour, mais M. Manilius propose de donner la priorité au budget de la guerre et de le mettre à l'ordre du jour de mercredi. Je consulterai la chambre sur cette proposition.

M. le ministre des finances (M. Frère-Orban). - M. Bruneau demande le maintien de l'ordre du jour. On mettrait le budget de la guerre à la suite de l'ordre du jour.

M. le président. - On pourrait voter sur la proposition de M. Manilius. M. Bruneau propose le rejet de cette proposition.

M. Manilius. - Messieurs, lorsque j'ai eu l'honneur de déposer le rapport sur le budget de la guerre, il a été entendu qu'on réclamerait la mise à l'ordre du jour, lors de la distribution; lorsque les rapport a été distribué, on n'a pas parlé de la mise à l'ordre du jour; cinq jours après, est venu le rapport sur le budget des travaux publics. Ce rapport est très compliqué; celui sur le budget de la guerre, est, au contraire, très concis ; je demande la priorité pour le rapport sur le budget delà guerre.

M. le ministre de l'intérieur (M. Rogier). - Messieurs, je crois que, dans l'intérêt de nos travaux et de ceux du sénat, il est préférable de commencer par l'examen du budget des travaux publics. Il est probable que ce budget ne donnera pas lieu à d'aussi longues discussions que le budget de la guerre ; c'est un budget qu'on adopte quelquefois en une séance.

Le budget des travaux publics étant voté, le sénat pourra s'en occuper ; alors la chambre examinera le budget de la guerre. Le rapport est court, c'est vrai, mais il ne s'y rattache de très graves questions qui n'y figurent que pour mémoire.

M. Liefmans. - Je crois qu'il convient d'adopter la proposition de l'honorable M. Manilius, précisément parce que ce budget peut donner lieu à une plus longue discussion. Si nous ne le votons pas en premier lieu, le sénat ne pourra pas en être saisi assez à temps, pour être à même de l'examiner et de le voter avant le 1er janvier. Le budget de la guerre doit avoir la priorité; alors le budget des travaux publics passera ainsi facilement, et le sénat pourra également l'examiner.

M. de Man d'Attenrode. - Messieurs, la chambre n'est préparée à discuter immédiatement, ni le budget de la guerre, ni le budget des travaux publics. Quel est celui de ces deux objets importants dont il faut fixer le plus tôt la discussion? C'est celui qui exige le moins d'étude; celui qui embrasse le moins de questions.

Eh bien, messieurs, la question qui, d'après moi, est la moins compliquée, c'est celle qui concerne le rapport de l'honorable M. Manilius. En effet, ce rapport ne rend pas compte de l'examen du budget de la guerre : la section centrale ne s'est occupée que d'une seule question : c'est celle de savoir s'il y a lieu à réviser la loi de l'organisation de l'armée; le budget des travaux publics, au contraire, se trouve compliqué de questions nombreuses, qu'il convient d'abord d'étudier et d'examiner.

M. le ministre de l'intérieur vient de déclarer qu'il pense que cette discussion ne prendra qu'une séance : j'espère que M. le ministre est dans l'erreur à cet égard. La chambre ne passera pas sans un sérieux examen sur la réorganisation de l'administration centrale des travaux publics ;et cette réorganisation exige toute l'attention de la chambre; ce budget est le résumé de tous les intérêts matériels du pays, et cette importance augmente encore à cause du monopole exercé par l'Etat concernant les transports. Je demande que la proposition de la section centrale de la guerre soit discutée avant les travaux publics.

(page 312) M. Dumortier. - Messieurs, je pense que le budget des travaux publics doit avoir la priorité ; il faudra beaucoup moins de temps que le budget de la guerre. En effet, la discussion la plus importante que soulève le budget des travaux publics, celle du chemin de fer, a été ouverte et clôturé hier; c'est une discussion qu'on ne recommence pas du jour au lendemain. Je crois donc qu'on doit donner la priorité au budget des travaux publics; il est d'autant plus nécessaire qu’il en soit ainsi, que nous n'avons pas encore fini avec toutes les lois urgentes; il est même une loi qui a ce caractère et qui n'est pas présentée : c'est celle du caissier de l'Etat. Or, il faut bien que le sénat puisse travailler le jour où il sera réuni.

- La chambre, consultée, décide qu'elle maintient son ordre du jour

Elle décide, ensuite, que le budget de la guerre sera mis à l'ordre du jour à la suite des objets qui y sont déjà.

M. Delfosse. - Il s'agit maintenant de savoir quand on commencera le budget des travaux publics

M. le président. - La chambre vient de maintenir son ordre du jour; à la fin de la séance, nous verrons ce qui nous restera

Nous reprenons donc l'ordre du jour.

Projet de loi qui érige le hameau de Durnal (Namur) en commune distincte

Vote des articles et sur l'ensemble du projet

Personne ne demandant la parole dans1 la discussion générale, on passe aux articles.

« Art. 1er. Le hameau de Durnal est séparé de la commune de Spontin, province de Namur, et érigé en commune distincte sous le nom de Durnal.

« La limite séparative est fixée conformément au liséré noir et bleu indiqué par les lettrés A, B, C, D, au plan annexé à la présente loi.

« La ligne de démarcation est tracée sur le terrain de A en B, par l'axe du ruisseau dit du Bouc ; de B en C, par le point de contact des lisières des prairies appartenant à Spontin, et des bois et rochers appartenant à Durnal ; et de C en D, par l'axe du ravin que parcourt un petit ruisseau. »

- Adopté.


« Art. 2. Le cens électoral et le nombre de conseillers à élire dans les nouvelles communes seront déterminés par l'arrêté royal fixant le chiffre de leur population. »

- Adopté.


Il est procédé à l'appel nominal. En voici le résultat :

81 membres ont répondu à l'appel.

79 membres ont répondu oui.

2 membres ont répondu non.

En conséquence, le projet de loi est adopté, il sera transmis au sénat.

Ont répondu non : MM. Allard et Jacques.

Ont répondu oui : Moreau, Moxhon, Osy, Peers, Pierre, Pirmez, Prévinaire, Reyntjens, Rodenbach, Rogier, Rousselle, Sinave, Tesch, Thibault, T’Kint de Naeyer, Tremouroux, Van Cleemputte, Vanden Berghe de Binckum, Vanden Branden de Reeth, Vandenpeereboom (Alphonse), Vandenpeereboom (Ernest), Van Grootven, Van Hoorebeke, Van Iseghem, Van Renynghe, Vermeire, Veydt, Ansiau, Boulez, Bruneau, Cans, Christiaens, Clep, Cools, Coomans, Cumont, David, de Baillet (H.), de Bocarmé, Debourdeaud’hui, de Breyne, Debroux, Dechamps, de Chimay, Dedecker, de Haerne, Delehaye, Delescluse, Delfosse, Deliége, de Luesemans, de Meester, de Perceval, de Pouhon, Dequesne, de Renesse, de Royer, Desoer, Destriveaux, de Theux, de T’Serclaes, Devaux, d’Hont, Dumon (Auguste), Dumortier, Faignart, Frère-Orban, Jouret, Jullien, Julliot, Lange, le Bailly de Tilleghem, Lebeau, Lelièvre, Lesoinne, Liefmans, Manilius, Mascart, Mercier, Moncheur, Verhaegen.

M. le président. - Nous passons au projet relatif à la commune, de Ploegsteert.

Projet de loi qui érige le hameau de Ploegsteert (Flandre occidentale) en commune distincte

Discussion des articles

La discussion générale est ouverte; si personne ne demande la parole, nous passons à la discussion des articles.

M. Rodenbach. - Je me bornerai à dire qu'il s'agit de mettre un terme à un déni de justice qui dure depuis 50 ans. Les deux communes sont d'accord ; je demande qu'on veuille s'empresser de voter la séparation proposée par le projet de loi.


« Article premier. Le hameau de Ploegsteert, dépendant actuellement de la ville de Warneton, province de la Flandre occidentale, est séparé du territoire de cette ville et érigé en commune distincte, sous le nom de Ploegsteert. Les limites séparatives sont fixées conformément au plan annexé à la présente loi.

« La ligne de démarcation, en prenant pour point de départ le pont existant sur le ruisseau la Douve, est tracée sur le terrain par l'axe du chemin n°3 de l'atlas des chemins vicinaux, jusqu'au chemin n°7. L'axe de ce chemin n°7 jusqu'à celui indiqué sous le n°32, puis l'axe de celui-ci jusqu'au point où reprend le chemin n°3. L'axe du chemin n°3 jusqu'à une partie de bois indiquée au cadastre sous le n°409 de la section B. Cette parcelle reste à Warneton. La ligne séparative longe la parcelle n°407, jusqu'à celle cotée n°455, laquelle continue également à faire partie du territoire de Warneton. Puis la limite est tracée par l'axe du chemin n°8, jusqu'au sentier n°61, l'axe de ce sentier jusqu'au ruisseau de Waernare et l'axe de ce ruisseau jusqu'au sentier n°60. L'axe de ce sentier jusqu'au chemin n°4, et l'axe de celui-ci jusqu'au point de communication avec le chemin n°23, puis l'axe de ce dernier jusqu'au chemin n°21. L'axe du chemin n°21 jusqu'au chemin n°26, l'axe de celui-ci jusqu'au sentier n°98, que la ligne séparative laissera à la gauche pour passer entre les parcelles cadastrales n°279 et 280, et aboutir à la Lys. »

- Adopté.


« Art. 2. Le cens électoral et le nombre de conseillers à élire dans ces communes seront déterminés par l'arrêté royal fixant le chiffre de leur population. »

- Adopté.


Il est procédé au vote par appel nominal sur l'ensemble du projet. En voici le résultat.

Le projet est adopté à l'unanimité des 76 membres qui. ont répondu à l'appel. Il sera transmis au sénat.

Ont répondu à l'appel : MM. Moreau, Moxhon, Orts, Osy, Pierre, Pirmez, Prévinaire, Reyntjens, Rodenbach, Sinave, Thibault, T’Kint de Naeyer, Tremouroux, Van Cleemputte, Vanden Berghe de Binckum, Vanden Branden de Reeth, Vandenpeereboom (Alphonse), Vandenpeereboom (Ernest), Van Grootven, Van Hoorebeke, Van Iseghem, Van Renynghe, Vermeire, Veydt, Allard, Ansiau, Boulez, Bruneau, Cans, Christiaens, Clep, Cools, David, de Bocarmé, Debourdeaud’hui, de Breyne, Debroux, de Chimay, Dedecker, de Haerne, Delescluse, Delfosse, Deliége, de Man d’Attenrode, de Meester, de Perceval, de Pitteurs, de Pouhon, Dequesne, de Renesse, de Royer, Destriveaux, de Theux, de T’Serclaes, Devaux, d’Hont, Dumon (Auguste), Dumont (Guillaume), Dumortier, Faignart, Frère-Orban, Jacques, Jouret, Jullien, Julliot, Lange, Lelièvre, Lesoinne, Liefmans, Manilius, Mercier, Moncheur, Verhaegen.

Projet de loi relatif à la délimitation des communes de Lambusart et de Moignelée

M. le président. - L'ordre du jour appelle maintenant la discussion relative à la délimitation entre les communes de Lambusart (Hainaut) et Moignelée (Namur).

M. Lelièvre. - Comme la commission n'est pas d'accord avec le gouvernement, et que personne n'a les pièces, je propose de renvoyer cette discussion à demain, comme second objet à l'ordre du jour.

- Cette proposition est adoptée.

Projet de loi relatif à l’abolition immédiate de la peine de la flétrissure

Vote de l’article unique

« Art. unique. La peine de la flétrissure est abolie. »

Cet article est mis aux voix par appel nominal et adopté à l'unanimité des membres qui prennent part au vote.

Ce sont : MM. Moreau, Orts, Osy, Pirmez, Prévinaire, Reyntjens, Rodenbach, Rogier, Rousselle, Tesch, Thibault, T’Kint de Naeyer, Tremouroux, Van Cleemputte, Vanden Berghe de Binckum, Vanden Branden de Reeth, Vandenpeereboom (Ernest), Van Grootven, Van Hoorebeke, Van Iseghem, Van Renynghe, Vermeire, Vilain XIIII, Allard, Anspach, Bruneau, Cans, Christiaens, Clep, Cools, Coomans, David, de Bocarmé, Debourdeaud’hui, de Breyne, de Brouckere, Debroux, de Chimay, Dedecker, de Haerne, Delescluse, Delfosse, de Liedekerke, Deliége, de Man d’Attenrode, de Meester, de Perceval, de Pitteurs, de Pouhon, Dequesne, de Renesse, de Royer, Destriveaux, de Theux, de T’Serclaes, Devaux, d’Hont, Dumon (Auguste), Dumortier, Faignart, Jacques, Jouret, Jullien, Julliot, Lange, le Bailly de Tilleghem, Lelièvre, Lesoinne, Liefmans, Manilius, Mercier, Moncheur, Verhaegen.

Projet de loi accordant un crédit supplémentaire au budget du ministère des affaires étrangères

Discussion générale

(page 313) M. le président. - L'ordre du jour appelle maintenant la discussion sur une demande de crédit de 70,000 fr. au département des affaires étrangères.

M. le Bailly de Tilleghem. - On n'a pas les pièces. Je demande le renvoi à demain,

- Cette proposition est mise aux voix et rejetée après deux épreuves.

M. le président. - La discussion générale est ouverte sur ce projet.

M. Vilain XIIII. - M. le ministre des affaires étrangères n'est pas présent.

M. de Renesse. - Je déclare que je ne puis voter ce crédit, parce que je n'ai pas examiné le projet. Je ne sais de quoi il s'agit.

M. le président. - Je ne puis que consulter la chambre et me conformer aux décisions de la majorité.

- M. le ministre des affaires étrangères entre dans la salle.

M. Rodenbach. - Messieurs; plusieurs membres n'ont pas seulement lu le rapport, et je suis de ce nombre.

On s'attendait à une toute autre discussion, celle du projet de loi sur les denrées alimentaires. Il me paraît qu'on ne peut voter des crédits supplémentaires sans connaissance de cause. Si donc on persiste à voter immédiatement, je devrai donner un vote négatif, tandis qu'il est probable que j'adopterais le projet si j'avais le temps d'en prendre connaissance.

M. le ministre des affaires étrangères (M. d'Hoffschmidt). - Messieurs, je n'insiste pas pour que la discussion ait lieu aujourd'hui; on peut la remettre à demain; si on le désire.

Je ferai cependant remarquer que le rapport est fait depuis plusieurs jours, et que cet objet figure à l'ordre du jour depuis deux jours. Mais si plusieurs membres n'ont pas lu le rapport, je suis le premier à me rallier à l'opinion qu'il faut remettre la discussion à demain.

M. Delehaye. - Je ne m'oppose pas à ce que la discussion soit remise à demain. Cependant je dois faire remarquer que le projet de loi n'est pas d'une grande importance; il n'est que la conséquence d'une loi déjà votée.

Il y a une loi qui accorde des primes pour construction de navires. Lorsque le budget a été voté l'année dernière, on n'avait pas pu prévoir le nombre de navires qui auraient droit à ces primes. Aujourd'hui le gouvernement sait à quelle somme s'élèvent les primes à accorder, et il vous demande un crédit pour y faire face.

Je le répète donc, ce projet n'est que la conséquence d'une loi votée par la chambre. J'ajouterai que les moyens de faire face aux crédits demandés sont prévus ; ou applique à cette dépense des économies effectuées sur d'autres articles du budget.

M. le président. - M. le ministre demande lui-même qu'on remette la discussion de ce projet à demain.

Nous avons donc à l'ordre du jour de demain : 1° le vote définitif du projet de loi sur les faillites et les sursis ; 2" le projet de loi relatif à la délimitation des communes de Lambusart et de Moignelée; 3° le projet de loi allouant des crédits supplémentaires au département des affaires étrangères.

Vient en quatrième lieu, d'après la décision de la chambre qui a maintenu son ordre du jour, la discussion du budget des travaux publics, et en cinquième lieu la discussion du budget de la guerre.

M. de Man d'Attenrode. - Messieurs, je demande que la discussion du budget des travaux publics soit fixée à lundi.

M. le président. - Il y a eu décision de la chambre qui a maintenu son ordre du jour.

M. de Man d'Attenrode. - Quelle serait la conséquence de cette décision ? C'est que demain, après le vote de quelques projets de loi peu importants, on commencerait la discussion du budget des travaux publics. Cette discussion commencerait donc vers deux heures. Eh bien, je le déclare, je n'ai pas encore lu la première page du rapport, et la plupart de nos collègues n'en ont encore que commencé la lecture. Tous nous nous attendions à une discussion de quelques jours sur les denrées alimentaires.

L'année dernière, nous avons procédé, comme l'on voudrait nous voir procéder cette année.

Nous avons eu la faiblesse de consentir à ce que la discussion du budget des travaux publics fut entamée sans en avoir été prévenus d'une manière convenable. Qu'en est-il résulté? C'est que ce budget n'a pas été discuté, qu'il a été emporté en une seule séance. C'est ce que je ne veux plus. C'est un objet d'une trop grande importance qu'un projet de loi qui implique le vote de nombreux millions.

Le budget qui concentre de si grands intérêts, un personnel si considérable, doit être examiné avec soin et discuté avec toute la latitude désirable.

M. Lelièvre. - Je demande qu'il n'y ail pas de séance lundi. C'est fête mardi; les membres étrangers à la capitale ne reviendront pas pour un jour.

M. le président. - Nous sommes surchargés de travaux ; la chambre ne peut pas perdre un jour.

M. de Haerne. - Je m'oppose à la proposition de l'honorable M. Lelièvre; je crois que le meilleur moyen de se trouver en nombre lundi, c'est de mettre à l'ordre du jour un objet important, tel que le budget des travaux publics.

- La proposition de M. de Man d'Attenrode, tendant à mettre à l'ordre du jour de lundi le budget des travaux publics, est adoptée.

Proposition de loi

Dépôt

M. le président. - Un membre vient de déposer une proposition de loi. Les sections seront consultées sur le point de savoir si elles en autorisent la lecture.

- La séance est levée à 3 heures trois quarts.