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« ESSAI HISTORIQUE & POLITIQUE SUR
Par Jean-Baptiste Nothomb
CHAPITRE XVII - Marche
adoptée par le gouvernement belge à la suite des ratifications – Mariage du roi
Léopold
(page 286) Nul doute que
M. de Muelenaere, en communiquant le texte du traité aux Chambres belges, avait dit: « Le traité ayant été conclu par les plénipotentiaires munis de pleins pouvoirs, qui ont été trouvés en bonne et due forme, l'échange des ratifications et la ratification elle-même ne sont plus que de simples formalités diplomatiques. » Et il devait en être ainsi. Ce n'est qu'en violant la loi des négociations qu'on a donné un démenti aux paroles du ministre belge.
Ce qu'il importe
toutefois de remarquer, c'est que les réserves laissent subsister le traité à
l'égard de la (page 287) France, de
L'exécution pouvait être
ou volontaire ou forcée. C'est de l'exécution volontaire que
« Après avoir terminé l'échange des ratifications du traité du 15 novembre 1831, les plénipotentiaires se sont réunis à l'effet de prendre en considération la marche que les cinq puissances, placées dans la même attitude par la sanction commune dont cet acte est (page 288) revêtu, auraient à suivre pour en amener l'exécution de la manière la plus conforme aux vues de paix dont elles sont animées.
« Dans ce but, les
plénipotentiaires ont été unanimement d'avis qu'il était du devoir de
Le protocole du 4 mai
laissait indécise une question grave: il déclarait, d'une part, que l'état de
possession territoriale était irrévocablement fixé; d'autre part, qu'il serait
ouvert une négociation pour aplanir quelques difficultés. Cette négociation
devait-elle être ouverte avant ou après que la partie du traité relative à
l'état de possession territoriale eût reçu son exécution? C'est sur ce point
que
Le ministère belge
saisit l'initiative pour combler cette lacune, et soutint la nécessité de
l'exécution immédiate de la partie du traité relative aux arrangements (page
289) territoriaux; nous avons, dans le chapitre précédent, cité un passage du
rapport officiel de M. de Muelenaere, du 12 mai; la conception de ce plan est
antérieure à cette époque et aux débats des Chambres. Sous la date du 7 mai, le
plénipotentiaire belge, M. Van de Weyer, avait demandé l'évacuation préalable
du territoire; cette demande reçut de plus amples développements dans une note
du 11 mai, qui ne fut pas remise à
Cette note, écrite pour ainsi dire sous la dictée du Roi, était ainsi conçue:
« Le soussigné, ministre
des affaires étrangères de S. M. le roi des Belges, ayant porté à la
connaissance de son souverain que le traité du 15 novembre se trouve
aujourd'hui revêtu de la sanction commune des cinq cours, a été chargé par Sa
Majesté de présenter, avec toute la précision possible, à LL. EE. les
plénipotentiaires d'Autriche, de France, de
«
« Considéré en lui-même, le traité renferme deux genres de dispositions: les unes, à l'abri de toute contestation sérieuse et susceptibles d'une exécution immédiate; les autres, sujettes à de nouvelles négociations pour devenir susceptibles d'exécution.
« Si le roi des Belges pouvait se montrer disposé à ouvrir des négociations sur ces derniers points, ce ne pourrait être qu'après que le traité aurait reçu un commencement (page 291) d'exécution dans toutes les parties à l'abri de controverse; ce commencement d'exécution consisterait au moins dans l'évacuation du territoire belge; jusque-là, Sa Majesté ne prendra part à aucune négociation nouvelle.
« Elle doit, en outre, à la bonne foi qui a caractérisé toutes ses relations politiques, de déclarer que, dans les négociations qui pourraient s'ouvrir après l'évacuation du territoire, son gouvernement ne pourrait accepter de changements à quelques dispositions du traité que d'après les principes d'une juste compensation.
« Persistant
d'ailleurs à considérer les vingt-quatre articles comme formant la transaction
définitive entre
« Que si la marche indiquée dans la présente note pouvait être réprouvée par un des derniers actes posés par le plénipotentiaire belge, Sa Majesté, pour ne pas perdre ou affaiblir des droits irrévocablement acquis, se verrait dans la pénible nécessité de désavouer son agent.
.« Le soussigné saisit cette occasion, etc.
« Bruxelles, le 11 mai 1832.
« (Signé) DE MUELENAERE »
Nous pouvons considérer
cette pièce comme le résumé des notes
qui ont été successivement remises à
(page 293) « Les
soussignés, plénipotentiaires d'Autriche, de France, de
« 1 ° A conduire
aussitôt que possible à l'évacuation complète et réciproque des territoires
respectifs entre
« 2° A amener un
état de choses qui assure immédiatement à
« 3° Enfin, à établir, quand l'évacuation réciproque aura été effectuée des négociations à l'amiable entre les deux pays, sur le mode d'exécution ou la modification des articles au sujet desquels il s'est élevé des difficultés.
« Les soussignés saisissent cette occasion, etc.
« Foreign-Office, le 11 juin 1832.
« (Signé) WESSENBERG, NEUMANN, TALLEYRAND, PALMERSTON, BuLOW, LIEVEN, MATUSZEWIC. »
(page 294) Telle était
l'attitude que
Nous avons exposé la
marche du ministère belge sans faire mention des Chambres; nous voulons que le
public le sache: le plan adopté par le gouvernement était son propre ouvrage.
Il se rattachait à deux questions dont vous chercheriez en vain une solution
dans les adresses du 14 et du 21 mai et dans les débats qui les ont précédées;
ces questions, les voici: les ratifications sous réserves pouvaient-elles être
restituées? Dans le cas de la négative, quel était le meilleur parti à prendre
pour
Ces deux questions n'ont pas été examinées dans le sein des Chambres, elles l'avaient été dans le cabinet..
Les ratifications une
fois acceptées, il était impossible de les restituer; n'était-ce pas là un de
ces cas extraordinaires qui échappent aux règles étroites du droit civil et où
il faut, par dessus tout, tenir compte des circonstances? Restituer les
ratifications à l'Autriche, à
Et, si ces puissances avaient refusé de recevoir leurs ratifications et de nous rendre les nôtres, qu'aurions-nous fait? La nationalité belge n'eût-elle point été compromise dans son principe? Et, au pis aller, l'acceptation des réserves n'offrait pas ce danger. Quel est l'homme réfléchi qui n'eût pas craint d'en venir à une pareille extrémité? La restitution ne pouvant se faire, il n'y avait d'autre parti à prendre que celui que le ministère (page 295) avait adopté de son propre mouvement. La situation eût été différente dans le cas où il se fût agi de savoir s'il fallait ou non accepter une ratification conditionnelle; si telle avait été la question, le gouvernement belge aurait pu suivre l'exemple des États-Généraux de Hollande, qui, en 1607, refusèrent de recevoir une ratification défectueuse de Philippe III.
Nous avons conduit les
négociations jusqu'au mois d'août 1832; ici vient se placer un événement qui n'est
qu'un épisode dans un écrit politique. Ce fut le 9 août . que le roi des Belges
épousa, à Compiègne, la fille ainée du roi des Français[2].
Depuis les premiers jours de la révolution, une idée préoccupait la nation,
c'est qu'il fallait au trône belge un prince ou une princesse de la maison
d'Orléans.
[1] Il existe ici une lacune qu'il est nécessaire de remplir.
M. Van de Weyer, peu de
jours après avoir adressé à
La note signée par M.de Muelenaere le 11 mai arriva à Londres, au moment où M. Van de Weyer s'apprêtait à partir; cette seconde note, paraissant d'ailleurs offrir une espèce de double emploi avec celle du 7 mai, ne fut point remise.
Le ministère, voulant
constater ses intentions de la manière la plus évidente, communiqua
officieusement, dans la matinée du 13 mai, la note du 7 mai et la minute de la
note du 11 mai à la commission chargée par
M. Van de Weyer ne
reprit que le 18 août le poste de plénipotentiaire près de
Dans l'intervalle, le général Goblet y remplit seul ses fonctions.
Il réclama l'évacuation préalable par les notes du 1er juin, du 8 juin, du 29 juin, du 7 juillet, du 9 juillet, du 30 juillet, et le mémoire du 9 août qui renferme un précis des négociations depuis leur origine, au point de vue belge.
Les deux plénipotentiaires réitérèrent cette demande dans une note du 31 août.
Toutes ces pièces n'ont
point été annexées aux actes de
Cette note complète les indications sur la mission du général Goblet antérieurement à la conception du nouveau plan de négociation, à la suite de la rédaction du thème de lord Palmerston.
M. de Muelenaere refusa de se désister de l'ancien plan, malgré les instances du baron de Stockmar qui se rendit en personne à Bruxelles.Voyez Denkwürdigkeiten, p. 249. (Note de la 4e édition.)
[2]
La princesse Louise-Marie d'Orléans était née à Palerme, pendant le premier
exil de ses parents, le 3 avril 1812; le roi Léopold 1er, plus âgé qu'elle de
vingt-deux ans, devait être condamné à un second veuvage; cette femme
angélique, d'une rare distinction d'esprit, qui est devenue comme la patronne
de