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« ESSAI HISTORIQUE & POLITIQUE SUR
Par
Jean-Baptiste Nothomb
Avant-propos de l’auteur
(précédant la quatrième édition) (10 mars 1876)
(page
V) La constitution pacifique, comme État indépendant, de
Bien
que des changements plus considérables aient attiré depuis, attirent encore
l'attention publique, cette première et profonde atteinte, dont les résultats
subsistent, à l'ordre de choses créé en 1815 ne peut être perdue de vue.
L'indépendance belge est restée une nécessité, quoique le cadre général ne soit
plus le même. Une assise avait été refaite et, après la destruction de l'édifice,
elle est demeurée soudée au (page VI) sol européen. Quelque restreint que fût
le champ d'action, le repos du monde s'y rattachait et s'y rattache encore. Ce
sera d'ailleurs un constant sujet d'étude que de rechercher comment cette
révolution, tentée avec tant de chances contraires et de si faibles moyens, a
pu réussir; comment l'intervention diplomatique plus ou moins déguisée d'abord,
alternativement déclinée et acceptée, a fini par l'emporter malgré l'une et
l'autre des parties en cause.
- I -
Après
un si long intervalle, nous publions sans changements cette édition qui sera la
quatrième; l'ouvrage a été plus qu'un livre: c'est un acte. On reprochera
peut-être à l'auteur de ne pas l'avoir remanié, au lieu d'y ajouter des notes
qui fatiguent souvent et distraient toujours. Toutes les pièces diplomatiques
sont aujourd'hui connues; de graves révélations personnelles ont même été
faites; il était impossible de ne pas tenir compte des unes et des autres; les.
notes auraient débordé de page en page si l'on ne s'était restreint. Une
refonte du texte eût rendu l'œuvre plus littéraire en lui enlevant sa valeur de
document; les exemplaires presque introuvables des trois éditions épuisées n'en
eussent été que plus recherchés. Cette publication, qui remonte à 1833,
constate que le plan de la transaction qui a fait (page VII) adopter la
révolution belge par l'Europe n'a pas été imaginé après coup; même avant
l'élection du prince Léopold, il avait été entrevu par quelques personnes qui
comptaient l'auteur dans leurs rangs; depuis, il a été systématiquement suivi.
Le livre a même exercé une influence sur le dénouement final de 1839. Bien que
le litige portât principalement sur les limites et les dettes, la question de
l'Escaut, si vitale pour
Comme
les seigneurs féodaux du moyen âge, elle s'est vue, à regret, dépossédée de
privilèges incompatibles avec les idées modernes sur l'usage international des
grands fleuves, appendices des mers; elle ne l'a pas été cette fois brutalement
comme elle l'avait été, le 16 novembre 1792, par
L'auteur,
dans sa revue des causes de la révolution, les avait rattachées à une idée
fatalement dominante, celle de la suprématie inévitable du Nord sur le Midi. Il
y est revenu en 1835 dans sa réponse à un apologiste de l'union; nous avons
reproduit cette défense; les générations nouvelles manquent fréquemment de
mémoire, disposées qu'elles sont à oublier les inconvénients du passé et à
méconnaître les avantages du présent.
(page
IX) Bien que la révolution belge ait été solennellement close en 1839, le monde
est loin de s'être immobilisé; il s'est renouvelé autour de
A
l'aide de la table alphabétique des matières, qui termine le tome II, le
lecteur pourra, sans s’engager (page X) dans des recherches difficiles, réunir rapidement
sur chaque fait, sur chaque question toutes les notions éparses tant dans
l'ouvrage principal que dans. la première continuation de l'auteur et dans la
seconde où M. Théodore Juste, connu par tant d'utiles travaux, notamment par
une intéressante monographie de Léopold 1er, conduit les négociations jusqu'à
leur conclusion. Les préfaces de la 2e et de la 3e édition ont été lues avec
avidité; nous. n'avons pas cru pouvoir les supprimer; ce sont de courtes
brochures politiques où se reflète la situation d'alors.
- II
-
On a
dit que l'essentiel pour les princes et les hommes d'État est de bien finir. Le
roi Louis-Philippe a mal fini; même à l'étranger ce monarque, le seul, après
Henri IV, qui se soit assis sur le trône de France avec le sentiment des droits
des autres peuples, continue à être sévèrement jugé. Le gendre, sans être aussi
puissant, a été plus heureux; son œuvre lui a survécu. Léopold 1er n'est guère
apprécié que comme diplomate; cependant ce n'est pas son unique mérite. Éloigné
du trône britannique par la mort de la princesse Charlotte, il avait pu espérer
d'en être rapproché un jour, sinon comme régent, au moins comme conseiller
officieux, par l'avènement de sa nièce, et croire qu'un rôle politique lui
était encore, plus ou moins secrètement, réservé; il ne (page XI) cessait de
s'y préparer lorsqu'un appel indirect lui fut adressé au nom de
Devenu
roi des Belges, il a été son ministre des affaires étrangères; en
correspondance avec tous les personnages influents, chefs d'État ou chefs de
cabinet, rien d'important ne se passait on Europe qu'il n'en fût informé, rien
de grave ne s'y préparait qu'il ne pût pressentir. Aucun de ses ministres
officiels n'a pu se prévaloir d'une position semblable. Pour prévenir des abus
trop fréquents de nos jours, (page XII) ces lettres qui eussent été si
précieuses et que les archives officielles ne remplaceront pas, ont été
réciproquement restituées. A certains égards, le département des affaires
étrangères est la partie intellectuelle de tout gouvernement; il en est comme
la providence; il épie les signes du temps; il cherche à découvrir les rapports
parfois lointains entre la destinée du pays et les événements du dehors ;
souvent il a l'apparence d'être inactif, inutile même, mais l'imprévoyance,
l'oubli, l'erreur d'un jour, une méprise, une fausse appréciation ont des
suites irréparables.
Le
roi Léopold 1er n'employait pas son influence extérieure dans l'intérêt seul de
Esprit
cosmopolite, il s'intéressait au sort de l'humanité sur tous les points du
globe; l'Orient avait conservé le privilége d'émouvoir son imagination; il
(page XIV) n'était pas sans regretter la couronne grecque un moment entrevue. A
l'auteur de cet ouvrage qui, revenant d'Athènes, le félicitait en 1856 de ne
pas être devenu roi des Hellènes, il répondait: « A ne considérer que le
présent,
La
guerre n'étant que la politique dans son action extrême, la question militaire
avait la seconde place dans sa pensée; il n'admettait pas que la neutralité
subsistât par sa seule vertu:
Son
attention ne s'est pas même, comme on le suppose, bornée en tout temps à la
diplomatie e tà la guerre. Arrivé au pouvoir dans la maturité de l'âge, avec
des notions générales de gouvernement, il a, surtout pendant la première moitié
de son règne, influé sur toutes les branches de l'administration, (page XV)
influence qu'il s'est bien gardé d'afficher; il a fondé le crédit du pays et
les travaux publics. Appréciant ce qu'il y a de salutaire dans la limitation
des pouvoirs, il ne voyait rien d'offensant dans un contrôle:
Les
Belges lui doivent plus de trente-quatre années de paix, de prospérité et de
considération; ils ne peuvent mieux honorer sa mémoire qu'en montrant que son
esprit est encore avec eux. Pour se guider ,dans. les circonstances les plus
difficiles, il leur suffira de se demander ce qu'il aurait fait.
Une
histoire complète embrassant toutes les parties du règne manque encore;
espérons que parmi la génération nouvelle quelque esprit .vigoureux se
détachera de la polémique quotidienne où les forces se gaspillent, pour
entreprendre ce patriotique travail dans son ensemble. Qu'exagérant son rôle
constitutionnel, on n'en fasse pas un roi nul. I)ans le partage du pouvoir il
pratiquait le précepte que, pour sauver les grandes choses, il faut savoir
sacrifier les petites. Les partis s'agitent à la superficie ; l’action du roi
doit être cherchée à de plus grandes profondeurs.
- III
-
L'époque
n'est pas éloignée où
On
sera en droit de lui demander, on lui demandera si elle a rempli ses devoirs
envers l'Europe. Sa naissance a été laborieuse et les grandes puissances qui
l'ont tenue sur les fonts baptismaux ne l'ont pas (page XVIII) gâtée.
Abandonnée a elle-même durant la trève diplomatique, elle n'a jamais été plus
heureuse; échappée toute meurtrie à leurs étreintes, elle n'a pas gardé
rancune; elle n'a profité d'aucune complication extérieure pour tenter une
revanche. Elle sait qu'elle ne ferait pas impunément des essais nouveaux
d'existence; sans frontières naturelles, n'étant forte que par son union et son
bon sens, elle n'est protégée ni par des montagnes, comme
Renfermée
dans les frontières étroites qu'on lui a faites, elle a su vivre. Savoir vivre,
c'est avoir droit à la vie. A-t-elle déconcerté et désolé, par le défaut de
raison politique dans son âge mûr, ceux dont elle avait eu les sympathies au
berceau? S'est-elle montrée turbulente, hargneuse? Lui a-t-on jamais surpris la
main dans quelque intrigue? S'est-elle compromise par des innovations
inconsidérées? A-t-elle périodiquement inquiété l'Europe par l'anarchie,
l'a-t-elle scandalisée par la dilapidation des deniers publics? Lui est-il
arrivé de ne pas faire honneur à sa signature? A-t-elle joué avec le pouvoir et
donné l'exemple de l'impuissance parlementaire? A-t-elle fait le désespoir des
contemporains, spectateurs, par la fantasmagorie de noms éphémères, défilant
devant eux bruyamment sans laisser de trace? S'est-elle signalée par la chasse
au budget? Ses hauts fonctionnaires en place et ses envoyés à l'étranger
étonnent par leur longévité. Fidèle aux rêves de sa jeunesse, elle a laissé un
libre jeu aux institutions qu'elle s’est données; peut-on lui en faire un
crime? Sa Constitution est aujourd'hui la plus ancienne du continent. Elle ne
prétend pas être impeccable, mais a-t-elle (page XX) commis quelque faute
capitale? Ce qu'elle désire, c'est de ne pas être jugée par le petit côté des
choses. Elle n'a pu s'abstraire au point d'échapper à l’agitation de l'univers.
Ce n'est pas une île perdue au milieu du grand Océan. La neutralité ne peut
aller jusqu'à lui interdire toute vie intellectuelle, morale et religieuse,
sous prétexte qu'il ne lui est pas permis de jeter le regard au delà de ses
frontières. En la proclamant neutre,
Les
épreuves ne lui ont pas été épargnées et elle les a surmontées. Prétendue
contrefaçon de
Fidèle
à la transaction faite, au dehors avec l'Europe, au dedans avec les partis,
elle s'efforcera de rester elle-même; conservant ses libertés et même ses
illusions, elle espère célébrer son jubilé semi-séculaire sans qu'on puisse
l'accuser de s'être rendue indigne du droit de se gouverner, qu'elle a obtenu
après tant de vicissitudes.
10 mars 1876.
(page 49) Si cet ouvrage a quelque mérite,
c'est par sa date; publié en mars 1833, les faits ne lui ont pas donné de
démenti. Au milieu d'événements mal compris ou incomplets, l'auteur a osé non
seulement expliquer le passé, mais pressentir l'avenir; entraîné par ses
préoccupations historiques, il a supposé que, sanctionnée par l'Europe, la
révolution belge de 1830 pouvait faire une halte et se placer, en face de
Si
l'auteur, qui ne se dissimule aucune des imperfections de son travail, persiste
à ne rien changer au texte de son ouvrage, c'est qu'il a voulu laisser
subsister son livre comme un incident de la révolution. S'il a même conservé
les préfaces des éditions précédentes, c'est comme expression des sentiments
qui l'animaient, lui et ses amis, au milieu d'une lutte qui n'était pas sans
grandeur, mais dont le souvenir s'affaiblit déjà et dont leurs adversaires ont
intérêt aujourd'hui à nier les périls. La publication des pièces communiquées
par le ministère anglais aux deux chambres du Parlement lui a permis
d'éclaircir quelques détails dans des notes peu nombreuses qui restent
détachées du texte[2]; ces (page 51) pièces,
pour la plupart, ne lui étaient pas inconnues; mais il n'avait point le droit
de prendre l'initiative des révélations. Dans un appendice, il a rendu compte
des négociations qui ont accompagné et suivi les mesures coercitives et qui ont
abouti au status quo actuel: récit aride, il doit l'avouer, décoloré; où ne se
reflète plus le grand spectacle qu'offrait l'Europe au début de la révolution.
Enfin, il a essayé de résumer les négociations et de fixer l'état de la
question belge. Voilà quatre ans (page 52) que la maison de Nassau a cessé de
régner sur nous: espace immense, presque équivalent au tiers de
Le
gouvernement représentatif, surtout lorsqu'il est aux prises avec une
révolution, fait une grande consommation d'hommes; si l'auteur a eu le rare
privilége de rester depuis 1830 au centre, pour ainsi dire, de l'action diplomatique,
c'est que les positions secondaires, quelque voisines qu'elles puissent être
des sommités, usent moins vite. Cette espèce d'inamovibilité tenait,
d'ailleurs, à l'unité du système politique, unité qu'il était de son honneur de
faire ressortir.
Ce
système est aujourd'hui jugé. Il n'était pas l'œuvre d'un individu, mais de la
force des choses. Ce n'est pas que l'auteur veuille, comme on le lui a
reproché, transporter la fatalité dans l'histoire; tout en faisant la part, et
une part très large, à la volonté de l'homme, il tient compte des circonstances
dont l'appréciation est librement abandonnée à l'intelligence humaine.
Les
esprits qui aiment à sonder les hypothèses peuvent aujourd'hui faire subir à ce
système une épreuve décisive, en se demandant ce qui serait advenu si la
révolution avait suivi une autre marche, si, dans chacune des grandes journées
du Congrès ou des Chambres, elle avait reçu l'impulsion de la minorité. On peut
distinguer cinq de ces journées où la question d'être ou ne pas être a été
débattue.
31
MAI 1831 : adoption du système de l'élection immédiate du chef de l’Etat;
4
JUIN 1831 : élection du prince Léopold;
9
JUILLET 1831 : vote des dix-huit articles;
1er
NOVEMBRE 1831 : vote des vingt-quatre articles;
27
NOVEMBRE 1832 : adhésion à l'exécution du traité du 15 novembre par
l'intervention anglo-française.
Sur
chacune de ces questions, déplacez la majorité, et l'indépendance belge devient
une impossibilité. Ces cinq propositions se tiennent; expression du même
système, elles n'étaient susceptibles que d'une solution uniforme, soit
affirmative, soit négative.
Ce
système, le voici réduit aux termes les plus simples :
Cette
transaction n'était possible qu'aux conditions suivantes :
(page
54) Interdiction de toute hostilité de nature à troubler la paix générale;
Maintien
du but des traités de 1815, c'est à dire du principe de la séparation de
Renonciation
à toute conquête, c'est à dire reconnaissance des anciens droits territoriaux
de
Enfin,
adoption du système monarchique et solution de la question dynastique dans un
sens européen.
Ces
données, contre lesquelles les déclamations, les sophismes, les injures ont dû
échouer, expliquent et justifient tout ce qui s'est fait depuis novembre 1830.
Si la révolution les avait méconnues, elle se serait perdue; en dehors de
l'ordre d'idées où elle s'est placée, il y avait la guerre avec tous ses maux,
et, à la suite de ces maux, l'anéantissement du nom belge, les malédictions du
monde et l'éternelle impopularité de l'avenir.
L'ajournement
du choix du chef de l'État, la non élection du prince Léopold, le rejet des
dix-huit articles d'où dépendait son avènement, eussent laissé
Rejeter
les vingt-quatre articles, c'était repousser les seules conditions d’existence
qui fussent possibles après les désastres du mois d'août: vaincue,
(page
55) La non-adhésion à l'intervention anglo-française eût laissé le traité du 15
novembre sans commencement d'exécution et empêché l'alliance de
Le
système politique n'a pas non plus été l'œuvre d'un jour; les événements en ont
successivement mis en relief chacune des parties ;ce n'est qu'aujourd'hui qu'il
nous apparaît dans son ensemble. Pour le bien comprendre, il faut même tenir
compte des antécédents révolutionnaires et de
Toutefois,
la position de
L'Autriche,
L'autocrate
du Nord, qui vient de dompter la révolution polonaise, retient une armée de
quatre cent mille (page 57) hommes qui, en moins de quinze ans, a appris le
chemin de Paris, de Constantinople et de Varsovie,.. lâcheté.
Les
soldats de la grande monarchie militaire demeurent l'arme au bras entre le Rhin
ct
L'Angleterre
oublie que sa révolution de
Ainsi,
tous les gouvernements, les peuples et les rois se seraient entendus pour être
lâches le même jour ! Il y aurait eu une lâcheté commune, fruit d'une peur mutuelle!...
Non, mais une impérieuse nécessité s' est reproduite partout sous des formes
diverses. Qu'on ne croie pas que
L'auteur
n'ignore point que ses adversaires repousseront comme injurieuse la supposition
d'avoir voulu la propagande et la guerre générale; il y a dans chaque système
bien des conséquences qui ne sont point dans la volonté de celui qui pose les
prémisses. Ce qu'il importe à l'auteur et à ses amis, c'est de constater la
portée des doctrines qu'ils ont eu à combattre; le repos européen et
l'indépendance belge ne pouvaient coexister que dans un système de transaction;
ceux qui se sont jetés dans le système belliqueux rendaient impossibles l'un et
l'autre de ces résultats; si c'est dans ce but qu'ils ont agi, leur pensée a
été criminelle; si sans avoir ce but, leur conduite a été absurde : absurdes ou
coupables, tel est l'arrêt qui les attend. Ce n'est pas que l'auteur ne
comprenne tout ce qui se fait d'entraînement et d'enthousiasme; mais il n'a
jamais pris les mouvements de son âme pour des maximes de droit public: cette
question de guerre générale, de révolution universelle, (page 59) qui semble
promettre d'autres destinées à l'espèce humaine, cette question se présente
dans un imposant appareil, entourée de bien des prestiges; elle ébranle les
imaginations; elle s'adresse à tout ce qu'il y a d'exalté et d'infini dans
l'homme; on est ému, on est tenté d'applaudir, on se surprend parfois
applaudissant; mais ce n'est point à ces premières impressions ,qu'il faut
céder. Le système. belliqueux, c'est le vieux .système de 1791; les partisans
du système belliqueux n'étaient point des novateurs, mais des plagiaires; tout
ce qu'on a dit en 1831, on l'avait dit en 1791. Le système belliqueux était
populaire en 1791 : cette popularité s'est éteinte dans le sang et les larmes.
Si ce système avait été écarté, il y a quarante ans, on aurait pu prétendre
que, resté sans application, il avait besoin d'une épreuve décisive; mais
l'épreuve a été faite, large, complète; la société lui a été livrée tout
entière, sans réserve, nivelée comme au lendemain de la création; il a disposé
de
L'auteur
n'est donc pas de ceux qui croient que les révolutions de 1830 ont manqué à
leurs principes, à leurs promesses, à leurs destinées; elles se sont arrêtées
aux faits qui les avaient rendues nécessaires; elles n'ont pas dévié de leur
point de départ; elles ont accompli leur œuvre pacifiquement, et c'est là un
grand progrès, un des plus grands progrès que puisse offrir l'humanité. La
monarchie belge, en acceptant toutes les libertés, a anticipé l'avenir et
réduit les théories sociales à des questions de mots;
Bruxelles, le 20 septembre 1834.
[1] Chambre des représentants,
séances du 26 mars et du 20 juin 1833. Recueil des discours faisant suite à
[2] Il existe quatre recueils de pièces officielles sur les négociations hollando-belges :
1° RECUEIL DE BRUXELI,ES (chez H. Remy). Nous donnons ce titre aux rapports, en très grand nombre, faits au Congrès et aux Chambres de Belgique par les divers ministres des affaires étrangères et qui forment deux volumes in-8°. L'absence de plan et le défaut de pagination uniforme rendent les recherches très difficiles;
2° RECUEIL DE LA HAYE (chez A.-D. Schinkel). Deux
volumes in-8°, sous le titre de : Pièces diplomatiques relatives aux affaires
de
Les notes émanées des cabinets de Bruxelles ou de La
Haye n'ayant point été toutes annexées aux actes de
3° RECUEIL DE LONDRES (imprimé chez Harrison. et
fils). Deux volumes in-folio ayant pour titre: Papers relative to the affairs
of Belgium. Le premier volume renferme le texte des soixante-dix protocoles
tenus par la conférence de Londres et les notes qu'elle a cru convenable d'y
annexer; le second volume est divisé en deux parties. Première partie: Communications with the
ministers foreign powers at
C'est la collection des pièces communiquées au Parlement en 1833.
Le deuxième volume est loin d'offrir l'intérêt qu'il semble promettre; il ne renferme que des dépêches officielles très laconiques et auxquelles bien souvent ont dû être jointes des lettres confidentielles restées inédites; néanmoins, on y trouve des documents très importants et, entre autres, le précis des négociations rédigé par le comte de Nesselrode, le 27 février 1831.
4° RECUEIL DE PARIS (de l'imprimerie royale). Deux volumes in-4°. Le premier volume est l'équivalent du premier volume du recueil de Londres; le second volume renferme une partie des pièces non annexées aux protocoles de Londres ou postérieures au soixante-dixième protocole. Ce deuxième volume, dont l'impression a été seulement achevée en 1836, est d'une haute importance, quoiqu'on ait négligé d'y insérer plusieurs documents intéressants qui se trouvent dans le second volume du recueil de Londres et, notamment, le mémoire russe du 27 février 1831. Ce recueil n'est destiné qu'aux membres du corps diplomatique français, et chaque exemplaire porte un numéro. Peu d'exemplaires ont été distribués.
La possession de ces quatre recueils ne dispense pas de recourir à d’autres sources; par exemple, la proclamation adressée par le régent de Belgique aux habitants du grand-duché de Luxembourg, le 10 mars 1831, ne se trouve pas dans ces recueils; il faut donc les compléter par une collection de journaux, par l'Annuaire historique de Lesur et Tensé, et par les State Papers.
[3] Discours sur les
vingt-quatre articles, séance du 26 octobre 1831. Recueil des discours, p. 36.