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Note
d’intention
« Aperçus
de la part que j’ai prise à la révolution de 1830 »
(« Mémoires »), par A. Gendebien (1866-1867)
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C. LE GOUVERNEMENT PROVISOIRE.
XX. Les premiers débats du Congrès.
(page 358) Le Congrès
consacra plusieurs jours à la vérification des pouvoirs de ses membres et à
l'élaboration de son règlement.
A la séance du 16, Van de Weyer rendit compte de sa mission à Londres.
Voir L'Union, journal officiel, n° 31 du 18 novembre.
Quoiqu'improvisé,
son rapport mérite encore aujourd'hui d'être lu : il contient des faits
intéressants et des aperçus dignes de la situation nouvelle que la révolution
avait faite à la Belgique.
Il a rendu compte avec convenance et dignité de la conférence que le
prince d'Orange lui avait demandée.
« Une triple salve de bravos accueillit la fin de ce rapport », dit l'auteur du compte-rendu de la séance. (Note
de bas de page : Gendebien défend ici Van de Weyer contre une ridicule
accusation d'orangisme formulée par De Potter.)
Dans la même séance du 16 novembre, M. de Celles développa sa
proposition d'indépendance de la Belgique, avec talent et beaucoup d'énergie.
La
séance du 17 novembre a été consacrée à la solution d'une question délicate, au
sujet de la province du Luxembourg. Elle a été résolue par la déclaration
qu'elle conserverait ses relations avec la confédération germanique.
Beaucoup
de bons discours ont été prononcés. Plusieurs méritent encore d'être lus aujourd'hui,
bien qu'ils aient perdu tout intérêt. d'actualité.
Qu'il
me soit permis de citer le discours, ou plutôt l'allocution de mon père : non
parce qu'il fut brillant d'éloquence, mais parce qu'il fut concis, logique,
persuasif et, surtout, parce qu'il fut prononcé par le plus âgé, le doyen d'âge
du Congrès ; il était alors âgé de soixante-dix-huit ans et près d'accomplir sa
soixante-dix neuvième année (Note de bas de page : Les Aperçus
ne donnent pas cette allocution : on peut la trouver dans Huyttens (voir sur ce site).)
(page 359) Les députés luxembourgeois comprirent et acceptèrent,
sans hésiter, la position qui leur était faite.
Les
députés de Maestricht, après avoir exprimé les craintes que leur inspiraient
les canons braqués sur la ville, finirent par comprendre que la résignation
était le seul parti à prendre.
Les
députés anversois avaient subi un bombardement ; leurs appréhensions étaient
légitimes sans doute ; mais quelques-uns, très hostiles à la révolution,
exploitaient les éventualités d'un nouveau bombardement, pour attaquer la
révolution, lui susciter des ennemis et des embarras.
A
cette époque, M. Legrelle, député d'Anvers, exclamait
à tout propos : « MALHEUREUSE VILLE D'ANVERS » Cette jérémiade n'avançait à
rien et avait, sinon pour but, au moins pour résultat d'aviver des terreurs
passées et des sentiments hostiles à la Révolution et aux révolutionnaires ; il
s'en est expliqué plus d'une fois et notamment dans la séance de la Chambre des
représentants du 27 novembre 1832.
A
l'occasion de l'adresse en réponse au discours du trône M.LEGRELLE dit : « Il
est inutile de parler de la Révolution ; j'ai toujours été et je serai toujours
ennemi des révolutions et des révolutionnaires » (violents murmures,
interruption prolongée). Plusieurs voix : « A l'ordre ! à l'ordre ! »
M.
LEBEAU répond vivement à M. Legrelle.
M.
GENDEBIEN : « Je ne viens pas appuyer l'ordre du jour ; je demande seulement à
relever une expression proférée par M. Legrelle. Il a
dit qu'il était et qu'il serait toujours l'ennemi des révolutions et des
révolutionnaires. Messieurs, j'ai pris part à la Révolution, je me suis montré
l'ami de la Révolution et des révolutionnaires ; je ne me suis jamais déclaré
l'ennemi de ceux qui ne l'ont pas adoptée, ni de ceux qui s'y sont opposés. Si
M. Legrelle a le malheur de se trouver un jour dans
la position où j'ai été placé pendant la tourmente, je désire qu'il arrive à la
fin de sa carrière sans que sa conscience lui fasse plus de reproche que ne
m'en fait la mienne, mais je déteste et je méprise souverainement les hommes
qui, toujours à genoux devant tous les pouvoirs, montrent tant d'empressement à
saisir toutes les occasions d'accabler des hommes qui ont quitté le pouvoir,
sans jamais avoir rien stipulé pour eux. »
M. LEGRELLE : « Je demande la parole pour un fait personnel ; je dois
donner des explications »
M. GENDEBIEN : « Je n'en ai pas besoin. »
M.
LEGRELLE : « Messieurs, j'ai le droit de m'expliquer, je n'ai fait (page 360)
allusion à personne, je n'ai voulu blesser personne. J'ai parlé en termes
généraux : et nullement de M. Gendebien. Il est d'ailleurs, en tout, des
exceptions honorables.»
M.
GENDEBIEN : « Vous avez dit une sottise, enfin ! »
On me pardonnera cette digression. Elle peint les embarras de la
situation au mois de novembre 1830 ; elle apprendra à la postérité quels
étaient les amis et les ennemis de notre Révolution.
M.
Gérard Legrelle a été décoré, enrubanné et nommé
vicomte !! Combien d'autres, au même titre, ont été, sont et seront
décorés, enrubannés, titrés, rentés de bonnes sinécures !!