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« Aperçus de la part que j’ai prise à la révolution de 1830 » (« Mémoires »), par A. Gendebien (1866-1867)

 

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A. LES PRODROMES DE LA RÉVOLUTION.

 

X IV. La démarche de certains députés auprès du prince Frédéric.

 

(page 247) Après avoir, par leur honteuse palinodie, jeté le découragement dans l'âme des patriotes, à l'hôtel de ville, le 7 septembre, dans la matinée, plusieurs députés sollicitèrent une audience du prince Frédéric, et allèrent à Vilvorde implorer la clémence du Prince ; c'est-à-dire lui prouver, par d'abondantes larmes, que la cause qu'ils désertaient, était perdue et livrée à sa merci.

M. de Gerlache se chargea d'aller à Vilvorde, compléter l'œuvre qu'il avait si bien commencée à l'hôtel de ville.

Voici comment il rend compte de sa philanthropique mission, dans son Histoire du Royaume des Pays-Bas, 3e édition, tome 2, page 267.

« Le prince nous écouta avec une attention soutenue et polie et qui contrastait péniblement avec les larmes dont quelques-uns d'entre nous, affectés de prévisions sinistres, finirent par assaisonner leurs patriotiques supplications ; il parla justement comme son père. »

J'ai souligné le mot assaisonner, parce qu'il est d'une naïveté admirable dans le style cuisinière qui prépare le pot au feu représentatif.

Le matin, à Bruxelles, on décourage les patriotes, on les condamne à une catastrophe certaine. Après-midi, à Vilvorde, on encourage les mauvaises passions, les projets sinistres du prince, par des larmes inspirées par des prévisions sinistres ! ! C'était logique pour des caméléons politiques.

S'ils avaient été à la hauteur des événements, s'ils avaient été des hommes libres, indépendants, comme ils ont toujours eu la prétention de l'être, ils n'auraient pas déserté ce qu'ils avaient excité, encouragé, exalté.

Mes expressions sont vives, acrimonieuses, elles seraient cent fois plus incisives, si je me laissais aller à toutes les amertumes de mes souvenirs (Note de bas de page : Ce qu'il y a peut-être de plus poignant, c'est que nous fûmes forcés de pallier la conduite de nos députés et d'approuver leur départ, pour rassurer les patriotes de Bruxelles et surtout ceux des provinces, le mot fut donné et accepté généralement par les journaux patriotes. (Note de Gendebien.))

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