Séance du 24 juin 1864
(Annales parlementaires de Belgique, chambre des représentants, session 1863-1864)
(Présidence de M. E. Vandenpeereboom.)
(page 623) M. de Moorµ procède à l'appel nominal à 1 heure et un quart.
M. Van Humbeeck donne lecture du procès-verbal de la dernière séance.
- La rédaction en est approuvée.
M. de Moorµ communique l'analyse des pièces adressées à la Chambre.
« Des négociants et propriétaires de bateaux demandent l'abaissement des péages des canaux de Charleroi à Bruxelles et de Bruxelles à Willebroeck. »
- Renvoi à la commission permanente de l'industrie.
« Le sieur Thirion, ancien employé temporaire des ponts et chaussées demande que ces fonctions lui soient continuées ou qu'on lui restitue les sommes qu'il a versées à la caisse des veuves et orphelins. »
- Renvoi à la commission des pétitions.
« Le conseil communal et des habitants de Wondelghem présentent des observations contre une modification de tracé demandée par le concessionnaire du chemin de fer de Gand vers Terneuzen. »
M. de Kerchoveµ. – Il y a quelques jours la Chambre a ordonné le renvoi d'une pétition ayant le même objet que celle-ci à la commission des pétitions avec demande d'un prompt rapport.
Je prie la Chambre de vouloir bien prendre la même résolution à l'égard de la pétition dont l'analyse vient de nous être faite.
- Cette proposition est adoptée.
« Les instituteurs du canton de Fauvillers demandent l'augmentation de traitement qui leur revient, pour les années 1862 et 1863, sur le crédit voté au budget de l'intérieur. »
M. Guillery. - M. le ministre de l'intérieur a eu la bonté de demander que toutes les pétitions relatives à cet objet lui fussent renvoyées. Je crois qu'on pourrait agir de même au sujet de la pétition qu'on vient d'analyser, sans la faire passer par la commission des pétitions.
M. Mullerµ. - Il serait préférable d'ordonner le dépôt de la pétition sur le bureau de la Chambre pendant la discussion du budget de l'intérieur.
- Ce dépôt est ordonné.
« Le conseil communal de Saint-Trond prie la Chambre d'accorder au sieur Pousset la concession d'un chemin de fer de Tongres à Tirlemont, avec embranchement de Looz, d'un côté sur Waremme et de l'autre sur Diepenbeek. »
- Même renvoi.
« Des habitants de Zellick prient la Chambre d'autoriser la concession des chemins de fer secondaires dans la province de Brabant, projetés par l'ingénieur Splingard. »
- Même renvoi.
« Des habitants de Leerbeek prient la Chambre d'accorder aux sieurs de Haulleville et Wergifosse la concession d'un chemin de fer d'Anvers à Saint-Vith. »
« Même demande d'habitants de Namur. »
- Même renvoi.
« Des habitants de Bruxelles demandent la révision des articles 47 et 53 de la Constitution. »
- Même renvoi.
« Des habitants de Bruxelles demandent la révision de l'article 47 de la Constitution. »
« Même demande d'habitants de Jumet. »
- Même renvoi.
« Le sieur Verbist demande pour la dame de Rie, veuve du sieur Verbist, légionnaire, l'indemnité annuelle de 250 francs. »
M. De Fré. - Je demande à la Chambre qu'il lui plaise de décider que la commission des pétitions sera invitée à faire un prompt rapport sur celle-ci.
- Cette proposition est adoptée.
« Le conseil communal de Roulers prie la Chambre d'accorder à la compagnie Hoyois la concession d'un chemin de fer de Roulers à Selzaete. »
« Même demande des conseils communaux d'Eecloo et de Thielt. »
- Renvoi à la commission des pétitions avec demande d'un prompt rapport.
M. David. - J'ai l'honneur de déposer le rapport de la commission permanente de l'industrie sur une pétition de marchands de chiffons de Bruges et sur diverses pétitions de fabricants de papier du pays.
- La discussion de ce rapport est mise à la suite de l'ordre du jour.
M. Jacquemyns. - Messieurs, j'ai l'honneur de déposer sur le bureau le rapport de la commission permanente d'industrie, sur la pétition d'industriels de Selzaete et de Gand tendante à ce que l'eau de mer pour l'usage des raffineries de sel puisse être prise à Terneuzen.
- Même décision.
M. Bouvierµ. - Messieurs, dans une précédente séance, l'honorable député de Bastogne a appelé l'attention de M. le ministre de l'intérieur sur une réclamation faite par des instituteurs du canton de Fauvillers.
Vous venez d'entendre que la Chambre a décidé le dépôt sur le bureau d'une pétition émanée de ces mêmes instituteurs.
Leur réclamation tend à obtenir, dans le plus bref délai possible, leur part dans le subside qu'ils doivent à la gratitude de la législature, subside qui devait leur être payé depuis le 1er janvier 1862.
A cette occasion, l'honorable député auquel je fais allusion, a fait une excursion dans mon arrondissement. Je ne m'en plains pas. Mon arrondissement étant libéral, il a pensé que cette excursion pourrait lui profiter. (Interruption.)
M. Van Hoordeµ. - Je demande la permission de donner une explication.
- A gauche. - N'interrompez pas, vous n'avez pas la parole.
M. Bouvierµ. - Nous ne sommes pas à Bastogne, nous sommes à la Chambre. (Interruption.)
Je n'avais pas l'honneur d'assister à cette partis de la séance. Le jour où vous avez fait cette excursion dans mon arrondissement, j'étais dans le Luxembourg, j'étais même en rapport avec quelques instituteurs ; cela n'empêche pas que les réclamations dont M. Van Hoorde s'est fait l'écho ne soient parfaitement justes ; si j'avais été présent à la séance où elles se sont produites, je me serais associé de la manière la plus vive et même la plus chaleureuse aux plaintes qui se sont élevées et qui ne sont que trop réelles.
La preuve qu'elles sont exactes se rencontre dans une lettre, non pas d'instituteurs du canton de Fauvillers, que vous représentez, mais du canton de Florenville, qui fait partie de mon arrondissement. Je suis sur mon terrain, je n'ai pas besoin de vous pour m'y ramener. Si la Chambre le permet, je donnerai lecture de cette lettre. (A gauche : Oui ! oui ! lisez !.)
« Florenville, ce 16 juin 1864.
« Monsieur le Représentant,
« Nous venons d'adresser à M. le ministre de l'intérieur une pétition dont le but est de faire cesser notre incertitude au sujet de deux subsides de 345,163 fr. 98 c. votés en faveur des instituteurs communaux.
« Il ressort des paroles de M. le ministre de l'intérieur lui-même lors de la discussion, qu'une partie de ces subsides devait nous profiter à partir du 1er janvier 1862, et pourtant nous n'avons encore rien reçu.
« Nous venons vous supplier bien instamment, M. le représentant, d'appuyer notre réclamation au ministère, etc. »
Viennent les compliments de politesse et d'usage.
Cependant je dois faire également mon compliment à M. le ministre de l'intérieur ; je sais qu'il porte un grand dévouement à tout ce qui a rapport à l'instruction publique ; je lui rends un éclatant hommage.
Il y a peu de jours, nous avons voté un million pour la construction de bâtiments d'école, j'espère que nous voterons encore des crédits pour l'instruction publique et l'érection d'écoles en Belgique, mais ce que je ne comprends pas, c'est que les subsides que vous avez votés en faveur des instituteurs communaux, en faveur de ces vaillants pionniers de la civilisation et du progrès, de ces hommes qui exercent, comme on le dit partout, une espèce de sacerdoce, de ces hommes qui distribuent le pain de l'intelligence aux déshérités de la société, c'est de voir que ces subsides ne leur sont pas encore parvenus ; et cependant ces malheureux instituteurs qui n'ont guère de quoi vivre, qui ont des traitements trop minimes dans un pays comme le nôtre, eh bien, ces instituteurs doivent adresser leurs doléances jusqu'au sein de la législature pour obtenir la (page 624) faible, la misérable aumône qu'ils doivent à notre munificence. Je demande que l'honorable ministre de l'intérieur interpose son autorité pour faire cesser ce cruel état de choses et que les subsides votés aillent trouver immédiatement ces intéressants instituteurs.
Messieurs, je n'en dirai pas davantage, je ne veux pas faire de discours. Nous en avons fait pendant trois semaines, et Dieu merci ! le pays en a assez. (Interruption.)
Le pays en a assez. Ce que nous devons faire ce sont de bonnes lois, c'est d'arriver le plus promptement possible au secours de ces malheureux qui nous adressent de semblables pétitions.
Je profite de cette occasion, messieurs, pour prier le gouvernement de donner le plus tôt possible aux fonctionnaires publics qu'on est convenu d'appeler les petits fonctionnaires l'augmentation de leur traitement. Ils sont dans un état voisin de la misère, et je crois répondre au sentiment de la Chambre tout entière en m'adressant à la sollicitude éclairée du gouvernement.
M. Van Hoordeµ. - Messieurs, l'honorable M. Bouvier trouve mauvais que j'aie cité son nom en répondant mardi à une interruption de l'honorable M. Muller, et que j'aie ainsi rappelé à son souvenir les intérêts de ses commettants qu'il avait, quoi qu'il en dise, parfaitement oubliés.
La réclamation émanée des instituteurs de l'arrondissement qu'il représente a été analysée au commencement de la séance du 14 juin, et l'attention de l'honorable membre se trouvant ailleurs, il ne l'a pas appuyée. (Interruption.) Quant à l'honorable membre lui-même, il se trouvait à son banc. Ce sont les Annales parlementaires qui le prouvent. Elles constatent qu'il a fait, dans cette séance, trois ou quatre discours du genre de ceux dont il nous gratifie chaque jour en interrompant les orateurs de la droite.
Quand est arrivée la première pétition du canton de Fauvillers, je me suis levé pour la soutenir, et désirant obtenir l'appui du député de Virton, qui était aussi intéressé que moi dans la question soulevée par cette pétition, j'ai appris à la Chambre, qui l'ignorait encore d'une manière absolue, que les instituteurs du canton d'Etalle lui avaient adressé une plainte identique. L'événement a prouvé que j'avais eu raison de compter sur le concours de M. Bouvier, et de rafraîchir ses souvenirs ; il vient de me prêter un concours chaleureux, et je l'en remercie. Comment peut-il trouver mauvais que je lui aie fourni cette occasion d'être utile à l'arrondissement qui l'a envoyé ici ?
Puisque la parole m'est accordée, j'en profiterai pour remercier M. le ministre de l'intérieur de l'obligeance qu'il a eue de déposer sur le bureau de la Chambre tous les renseignements qui étaient en sa possession. Mais je regrette de devoir lui dire que ces renseignements ne sont pas concluants.
La question sur laquelle j'ai appelé son attention est incontestablement fort grave.
Elle appelle un examen sérieux et approfondi, et j'insiste pour qu'il ait lieu. Un examen par à peu près, roulant sur des données incomplètes, basé sur des suppositions et sur des chiffres épars, ne peut évidemment lui suffire.
Il y a là, l'honorable M. Bouvier vous le dit avec moi, des instituteurs en nombre considérable, qui attendent depuis environ trois ans la réalisation des espérances que les déclarations du gouvernement ont fait naître en eux, et l'exécution des volontés de la Chambre. Jusqu'à présent leur attente a été vaine. A l'heure qu'il est, ils se trouvent encore dans la position pénible, dans l'état de gêne et de misère qui a soulevé si souvent dans cette enceinte des cris de surprise et d'indignation qui ont trouvé de l'écho au dehors et qui ont été reproduits dans les journaux, dans les brochures, dans les congrès, partout !
Aujourd'hui ces instituteurs viennent se plaindre à nous, et ils nous demandent de répondre par des chiffres et des faits précis. Il y a plus ; au fond de leurs plaintes se trouve une accusation à laquelle il est de la dignité du gouvernement de riposter par l'exposé au grand jour de toute la situation.
Ils lui disent : Vous nous avez joués, vous nous avez trompés, vous nous avez accablés de promesses, et au jour de l'échéance, vous avez refusé de faire honneur à votre signature. Il y a plus encore ! Outre le navrant spectacle de leur pauvreté, outre la cruelle déception qui est résultée pour eux de l'inexécution des engagements qui ont été pris, vous avez sous les yeux le scandale d'une grande injustice, l’injustice du privilège.
Le privilège est toujours mauvais, mais il l'est ici plus encore que partout ailleurs.
Tous les fonctionnaires qui servent l'Etat, la province ou la commune, ont le droit de ne pas mourir de faim. Or, voyez ce qui se passe :
Aux uns on a fourni les moyens de vivre et de vivre honorablement, c'est bien fait ! Mais qu'a-t-on donné aux autres ? Rien. Des mots et des paroles. Quelle est la raison de cette différence ? Comment cette situation se produit-elle et se maintient elle ? C'est ce que j'ai demandé à M. le ministre de l'intérieur.
Ses réponses ne m'ont pas satisfait, non plus que les documents qu'il a déposés sur le bureau de la Chambre. M. le ministre m'a répondu d'abord par une fin de non recevoir. Il s'est retranché derrière la députation permanente. Elle règle d'une manière à peu près souveraine, a-t-il dit, ce qui concerne l'enseignement primaire.
Quant à moi, j'ai transmis à la députation permanente du Luxembourg la part de subside afférente à cette province dans la répartition des sommes qui ont été votées par la Chambre. La députation permanente en a fait l'usage qu'elle a jugé convenable. Je ne puis intervenir ; en d'autres termes : je m'en lave les mains.
Il est vrai qu'immédiatement après, à la suite des remarques judicieuses qui lui avaient été faites par un de ses amis politiques, que, du reste, l'on est toujours certain de trouver sur la brèche lorsqu'il s'agit de défendre les intérêts des classes inférieures, l'honorable M. Guillery, M. le ministre de l'intérieur, comprenant que sa réponse n'était pas très admissible ni de nature à rallier beaucoup de soldats autour du drapeau ministériel dans la lutte prochaine, est revenu sur ce qu'il y avait de trop absolu dans ses observations ; il a dit alors qu'il aimait à croire que la députation permanente du Luxembourg avait fait des fonds un usage équitable et conforme à la loi, qu'il s'en informerait, et qu'il nous communiquerait le résultat de ses investigations.
Celte promesse j'en ai pris acte, et j'y tiens. J'y tiens aujourd'hui comme j'y tenais hier, parce que la question n'a pas fait un pas, et cependant il faut qu'elle soit vidée et vidée au grand jour, comme je le disais tout à l'heure, et pour qu'elle soit vidée, il faut que nous sachions comment ont été réparties entre les différents arrondissements du Luxembourg les parts de subsides allouées à cette province.
II faut que nous sachions comment ces subsides votés pour augmentations de traitement, ont été distribués entre les différents instituteurs en fonctions. Il faut que nous sachions si certains arrondissements, certains cantons, certaines communes ont été privilégiés, comme cela semble résulter des réclamations qui nous parviennent.
Nous n'avons pas le droit de suspecter la véracité des pétitionnaires, et s'il résulte de l'examen des faits que la députation permanente a agi avec indifférence, avec insouciance, je ne veux pas lui faire l'injure de dire : avec partialité, alors il sera du devoir du ministre d'intervenir, et d'intervenir énergiquement.
II ne faut pas que, sous prétexte de décentralisation, on rende les députations permanentes omnipotentes, il ne faut pas que, sous prétexte de donner plus de latitude aux rapports existants entre les tuteurs et les pupilles, on livre ceux-ci, pieds et poings liés, à des satrapes !
Or, à mon sens, il n'y a qu'un cas dans lequel la députation permanente serait à l'abri de tout reproche, et les instituteurs qui pétitionnent mal fondés dans leurs réclamation ? Il faut pour la réalisation de cette hypothèse deux conditions.
D'abord que les pétitionnaires des cantons de Fauvillers et d'Etalle aient atteint au moins le minimum de leur traitement ; je crois que cette condition est remplie ; mais il faut en outre, et l'on ne peut pas séparer cette seconde condition de la première, que les augmentations de traitement, votées par la Chambre et accordées au Luxembourg, n'aient été distribuées qu'à des instituteurs n'ayant pas encore atteint ce chiffre minimum, se trouvant, par conséquent, dans des conditions moins favorables que les premiers ; si tant est qu'on puisse appeler favorable la condition d'instituteurs ayant le minimum dans une province, où, par une étrange anomalie, le maximum de traitement atteint à peine le minimum fixé pour les autres parties du pays. Certes, s'il se trouvait dans la province de Luxembourg des fonctionnaires à ce point misérables parmi les malheureux, il y avait là un vide à combler, avant tout. Mais ce vide comblé, l'argent de l'Etat a dû être réparti au marc le franc entre les différents instituteurs, proportion gardée aux besoins et à l'importance des écoles.
Est-ce ainsi que la députation permanente a agi ? est-ce ainsi que les choses se sont passées ? Si je devais m'en tenir exclusivement aux renseignements qui nous ont été communiqués jusqu'à présent, j'inclinerais pour la négative. Mais, je m'empresse de le reconnaître, personne ici ne peut porter de jugement, en parfaite connaissance de cause, sur cette question, en ce moment ; les détails que nous avons sont trop incomplets ; les documents qui reposent au ministère de l'intérieur sont trop insuffisants pour que nous puissions la trancher dès aujourd'hui. Cependant je tiens à vous faire connaître le résultat des calculs qui (page 625) concernent l'arrondissement que j'ai l'honneur de représenter. Ils sont extraits des registres du ministère, mais ils se traduisent par des chiffres tellement étonnants, que l'on croit rêver en les voyant figurer dans les pièces officielles, et que l'on se demande si l'on n'est pas victime d'une erreur. Sous cette réserve formelle, voici ces calculs.
Des cinq cantons qui composent l'arrondissement de Bastogne, l'un, celui de Fauvillers, auquel appartiennent les instituteurs des réclamations desquels je me suis fait l'organe, n'avait pas reçu un centime des subsides pour augmentation de traitement, au 31 décembre 1863. Je n'ai vu que les pièces de 1862 ; mais M. le ministre m'assure que les traitements n'ont pas changé en 1863. La position de tous ces instituteurs se trouvait donc être, au 31 décembre 1863, exactement ce qu'elle était au 31 décembre 1861 ; et en examinant les tableaux comparatifs de 1859 à 1861, j'ai constaté que la différence entre les situations au 31 décembre 1861, et au 31 décembre 1859, est tout à fait insignifiante.
Ainsi, malgré la grande réforme, rien n'a été fait dans ce canton depuis 1861, presque rien depuis 1859.
Dans les quatre autres cantons de l'arrondissement de Bastogne, 38 instituteurs sur 71, plus de la moitié, par conséquent, sont exactement dans les mêmes conditions que les instituteurs du canton de Fauvillers. Ils n'ont pas reçu un rouge liard d'augmentation. Les 33 autres ont vu leur traitement augmenté, les uns, fort peu nombreux, d'une centaine de francs, d'autres de 20 à 40 fr., d'autres enfin, quelle dérision ! de 4, 5 ou 6 fr. par an. Au total, pour 85 instituteurs, on a distribué 1,014 fr., ce qui fait moins de 12 fr. par tête !
On ne dira pas cependant que les traitements des instituteurs sont élevés dans l'arrondissement de Bastogne, et que là est le motif de l'exiguïté de l'augmentation. Ces traitements sont de 500, 600 et le plus souvent de 700 fr. Evidemment ces chiffres ne sont pas excessifs.
Admettons que la moyenne soit de 700 francs ; eh bien, quand nous voyons les maçons et les charpentiers, les ouvriers qui travaillent le bois et la pierre gagner 3 et 4 fr. par jour, qui donc oserait soutenir que ces pauvres ouvriers de l'intelligence qui se nomment les instituteurs primaires, sont trop payés, reçoivent pour leurs services une rémunération trop grande quand ils touchent à la fin de leur journée 1 fr. 90 ou 92 centimes ? Il me paraît certain qu'il y a eu dans tout ceci erreur ou abus.
S'il y a eu abus, il est du devoir de M. le ministre de l'intérieur de provoquer une réparation éclatante, et qu'il me permette d'exprimer un vœu en terminant : c'est qu'à l'avenir il ne puisse plus être question de réparation. En pareille matière, il faut prévenir le mal. Que M. le ministre tienne la main à l'exécution de la loi, et que nous ne lisions plus jamais dans ses réponses à la section centrale des aveux désolants comme celui qui figure en regard de la septième question inscrite dans le rapport de l'honorable M. Van Humbeeck et qui est ainsi conçu :
« Il est encore beaucoup de communes, où, du consentement de la députation, on n'affecte à l'instruction qu'une somme trop minime. »
M. le ministre de l'intérieur (M. A. Vandenpeereboom). - Messieurs, avant de répondre, je veux protester contre certaines expressions que s'est permises M. Van Hoorde. L'honorable membre a parlé de scandales ! de réparation ! Il n'y a pas eu le moindre scandale en tout ceci, et j'espère le démontrer clairement. Le gouvernement a exécuté la loi, il l'a exécutée loyalement, il ne devra, par conséquent, rien réparer, ni revenir en rien sur les mesures qu'il a prises et que M. Van Hoorde blâme à tort.
Je prie aussi l'honorable député de Bastogne de ne pas se préoccuper constamment du drapeau ministériel et du drapeau de l'opposition ; on a beaucoup parlé de drapeaux dans la discussion sur la crise ministérielle ; nous pouvons maintenant déposer ces drapeaux à l'état-major général pour les en retirer au jour du combat électoral, et nous occuper, en attendant, du budget de l'intérieur et de questions administratives. (Interruption.)
L'honorable M. Van Hoorde a eu la loyauté de reconnaître que j'ai mis avec empressement à la disposition de la Chambre toutes les pièces que je possédais, il m'était impossible de faire plus, je ne puis donner que ce que j'ai.
J'ai donc mis à la disposition de M. Van Hoorde toutes les pièces dont je pouvais disposer et je vais lui donner, ainsi qu'à la Chambre, des explications qui seront, je l'espère, trouvées parfaitement claires et satisfaisantes et d'où il résulte que ni le gouvernement, ni le gouverneur de la province, ni la députation permanente ne sont en faute, sous aucun rapport.
Les honorables MM. Van Hoorde et Bouvier ne se rendent pas bien compte du mécanisme de la loi de 1842. Ces honorables membres semblent croire que lorsque le gouvernement demande et obtient un crédit supplémentaire ou une augmentation de crédit pour le service ordinaire de l'enseignement primaire, l'allocation est répartie par tête entre tous les instituteurs du pays, ou divisée en parts égales, soit par canton, soit par arrondissement, soit par province ; or, il n'en est pas ainsi, la loi ne permet pas pareille répartition.
En effet, le service de l'instruction primaire est un service essentiellement communal. Ainsi l'a voulu la loi. Ce service est donc réglé par les conseils communaux sous l'approbation de la députation permanente.
Le conseil communal fixe le traitement des instituteurs, comme il fixe les traitements de tous les autres fonctionnaires communaux. Mais, lorsque le conseil communal a pris une délibération spéciale pour fixer les traitements de l'instituteur ou pour le modifier, cette délibération doit être soumise à l'approbation de la députation permanente ; ce collège l'approuve ou ne l'approuve pas, mais il n'a pas le droit d'augmenter ou de diminuer le traitement fixé par le conseil communal, ainsi que les Annales rendant compte du discours que j'ai prononcé dans la séance du 23 juin dernier, me l'ont fait dire par erreur ; erreur que je m'empresse de rectifier ; les députations n'ont donc pas le droit d'augmenter ou de diminuer le chiffre des traitements des instituteurs fixé par les conseils communaux ; leur droit se borne à approuver ou à ne pas approuver. Si elles approuvent et que quelqu'un se croie lésé par cette approbation, le recours au Roi lui est ouvert, et un arrêté royal intervient, s'il y a lieu, pour faire droit à la réclamation ; si au contraire, la députation permanente n'approuve pas, et que la commune, le gouverneur ou l'instituteur, ou même un simple particulier réclame contre la décision prise, le recours au Roi leur est encore ouvert ; c'est ainsi que la loi a toujours été interprétée.
Mais il est à remarquer que ce recours doit être individuel ; il ne peut pas y avoir de recours collectif ; il faut qu'il y ait un recours pour chaque affaire, et ce recours est ouvert à tout le monde.
Lorsque les communes ont ainsi fixé, sous l'approbation de la députation, les traitements de leurs instituteurs, le gouverneur dresse un état comprenant non seulement le montant des traitements, mais encore toutes les autres dépenses relatives au service ordinaire de l'instruction primaire pour la province ; puis la députation permanente examine quelle est la partie des dépenses qui peut être mise à la charge des communes.
La province ajoute ensuite ce qu'elle doit donner pour suppléer à l'insuffisance des ressources communales ; et finalement, les pièces sont transmises au gouvernement qui comble le déficit que présentaient les budgets communaux augmentés de la quote-part provinciale.
Messieurs, ce système est bon et je pense qu'il doit être maintenu. L'intervention exagérée du gouvernement dans les affaires communales, en ce qui concerne même l'enseignement primaire, présente, d'après moi, des inconvénients sérieux ; il faut que l'école soit, avant tout, communale.
Il faut que le bourgmestre, en parlant de l'école, puisse dire : mon école ! Il faut qu'il y porte intérêt, qu'il la surveille avec sollicitude, comme étant une institution communale ; le gouvernement est placé d'ailleurs beaucoup trop loin pour pouvoir intervenir utilement dans une foule de cas particuliers, et pour diriger les écoles de nos 2,544 communes.
Quand il s'agit même d'augmenter les traitements des instituteurs, le gouvernement ne doit et ne peut intervenir préventivement que par voie de conseil, par voie d'instructions générales, et c'est ce qu'il a fait. Peu de temps après mon entrée au ministère de l'intérieur, j'ai examiné les états des traitements de tous les instituteurs, j'ai trouvé que ces traitements étaient trop peu élevés, et j'ai cherché autant qu'il était en moi, à les faire augmenter.
J'ajoute que j'ai été puissamment encouragé dans cette œuvre par les discussions qui ont eu lieu dans cette Chambre et tout particulièrement par un honorable député de Bruxelles, M. Guillery, dont les sympathies pour l'instruction primaire, comme on vient de le rappeler, n'ont jamais fait défaut.
Persuadé donc que je pouvais compter sur le concours de la Chambre, j'ai adressé, le 24 mars 1862, à MM. les gouverneurs la circulaire suivante qui témoigne, je pense, des bonnes intentions du gouvernement à l'égard de l'instruction primaire et des instituteurs.
« Monsieur le gouverneur,
« Je vous prie de vouloir bien me faire parvenir le tableau des ressources et des besoins ordinaires de l'instruction primaire dans les diverses communes de votre province pour l'année 1862.
« J'aime à me persuader que les budgets scolaires de cette année ont été partout dressés conformément aux circulaires ministérielles, c'est-à-dire de manière à assurer la marche régulière du service. Néanmoins, je crois utile d'appeler votre attention sur la position du personnel enseignant. Vous devez veiller, M. le gouverneur, à ce que les traitements soient proportionnés à l'importance des fonctions et mis en rapport avec les nécessités de la vie.
(page 626) Il est à supposer que les communes ont pu affecter à cet objet une partie des fonds dont elles disposent en vertu de la loi d'abolition des octrois. Quoi qu'il en soit, on ne saurait admettre qu'elles excipent de l'insuffisance de leurs ressources pour refuser une rémunération convenable aux instituteurs, puisque la province et l'Etat sont tenus, le cas échéant, de suppléer à cette insuffisance par des subsides en exécution de l’article 23 de loi du 23 septembre 1842.
« Si, nonobstant les recommandations réitérées du gouvernement, il est encore des instituteurs qui ne sont pas rétribués comme ils devraient l'être, vous voudrez bien m'adresser des propositions à l'effet de faire augmenter d'office leurs traitements et émoluments.
« Les Chambres législatives ont provisoirement maintenu au chiffre d'un million trois cent trente-deux mille cent quatre-vingt-neuf francs (1,352,489 fr.) le crédit de l'Etat applicable au service ordinaire.
« La part revenant à votre province dans la distribution de cette somme sera la même qu'en 1861. Si elle ne suffit pas pour venir efficacement en aide aux communes pauvres, je n'hésiterai point à proposer aux Chambres l'allocation d'un crédit supplémentaire. Déjà j'ai fait connaître mes intentions à cet égard dans les notes explicatives à l'appui du budget et dans un discours prononcé à la séance de la Chambre des représentants du 27 février dernier.
« Mais je ne saurai bien à quoi m'en tenir sur la somme à demander supplémentairement s'il y a lieu, que lorsque je connaîtrai le chiffre exact du contingent que l'Etat doit fournir. C'est ce que m'apprendra le tableau qui vous est demandé ci-dessus. Je désire, M. le gouverneur, recevoir ce travail avant le 20 avril prochain. Vous l'accompagnerez d'un relevé comparatif des traitements du personnel enseignant en 1861 et en 1862, dressé dans la forme du modèle joint à la circulaire du 12 novembre 1858, n° de la présente. »
Pour se conformer aux prescriptions de cette circulaire, MM. les gouverneurs m'ont envoyé les états des ressources et des besoins constatés pour 1862 ; et j'ai demandé à la Chambre les crédits qui m'étaient nécessaires pour suppléer à l'insuffisance des ressources locales dans les neuf provinces.
La députation du Luxembourg avait constaté que le chiffre total des besoins de l'instruction primaire pour 1862 s'élevait à fr. 410,695, que dans cette somme la province et les communes intervenaient pour 270.637 fr. et que par conséquent le déficit à couvrir par l'Etat était de 140,058 fr. Eh bien, cette somme, indiquée par l'administration provinciale et les communes elles-mêmes, leur a été accordée et mise à la disposition des conseils communaux.
La même allocation a été accordée pour 1863, la part contributive de l'Etat a été pour les autres provinces comme pour le Luxembourg fixée en 1863 à peu près au chiffre admis pour 1862.
L'examen des états qui m'avaient été fournis, pour 1862, m'avait donné la conviction que, malgré toutes nos recommandations, les traitements des instituteurs n'étaient pas encore arrivés à un chiffre assez élevé. J'ai donc fait de nouveaux efforts pour vaincre en quelque sorte la timidité des administrations provinciales et communales et j'ai soumis à la signature du Roi un projet d'arrêté dont les dispositions auront pour résultat d'améliorer la position des instituteurs, de mettre de l'ordre dans la comptabilité des écoles et de déterminer définitivement les bases de l'intervention de l'Etat en faveur des communes dont les ressources sont insuffisantes pour assurer la marche du service.
Cet arrêté porte la date du 10 janvier 1863 ; il fixe, entre autres, le chiffre maximum des traitements des instituteurs.
Mais il est à remarquer que ce traitement ne constitue pas leur seule ressource : indépendamment de leur traitement, les instituteurs perçoivent encore des sommes variables, parfois importantes, à titre de casuel ou de rétribuons scolaires.
On se plaint souvent dans cette Chambre, surtout à droite, de voir diminuer constamment ce casuel ; et je crois, en effet, que c'est un mal. Il est bon que l'instituteur soit obligé de gagner une partie de son revenu ; il a ainsi intérêt à ce que son école soit fréquentée, les crédits que les communes, les provinces et l'Etat consacrent au service de l'enseignement primaire, crédits qui augmentent sans cesse, ne doivent pas seulement servir à améliorer la position des instituteurs, mais surtout à améliorer l'enseignement primaire.
Or, un des grands vices de l'état de choses actuel étant la non fréquentation des écoles, il en résulte qu'en ajoutant au traitement un casuel, nous intéressons les instituteurs à remédier à ce défaut et nous parvenons ainsi au résultat que nous voulons tous atteindre.
Mais, messieurs, je ne me suis pas borné à dire aux communes et aux provinces : L'Etat interviendra pour couvrir le déficit, pourvu que les traitements ne dépassent pas les chiffres fixés par l'arrêté royal du 10 janvier 1863. J'ai fait connaître aussi aux gouverneurs, par circulaire du 12 du même mois, que, dans l'opinion du gouvernement, il était désirable, sauf les cas exceptionnels, que le minimum des émoluments (traitement et casuel) que l'instituteur peut gagner, fût au moins de 850 fr. pour les écoles de 60 élèves au plus, de 950 fr. pour les écoles de 60 à 100 élèves, et de 1,050 fr. pour les écoles qui ont 100 élèves et au delà. Ces chiffres, dans mon opinion, ne sont que des minimums, et je crois qu'il est du devoir du gouverneur de prendre son recours chaque fois que les minimums ne peuvent être atteints d'après les prévisions des communes.
M. Guillery. - C'est ce qui a eu lieu dans le Luxembourg, puisqu'il y a là des traitements de 500 francs.
M. le ministre de l'intérieur (M. A. Vandenpeereboom). - Sans doute.
M. Bouvierµ. - C'est malheureusement ainsi.
M. Guillery. - C'est un fait à vérifier.
M. le ministre de l'intérieur (M. A. Vandenpeereboom). - C'est ce que je ferai. L'arrêté dont je parle et la circulaire qui l'explique datent du mois de janvier 1863, mais, comme toute mesure générale prise par le gouvernement donne souvent lieu à quelques difficultés avant d'être bien comprise et appliquée, la mesure dont j'ai donné communication tout à l'heure, n'a pas pu être mise en pratique en 1863.
Elle l'a été ou doit l'avoir été à dater du 1er janvier 1864. Pour la province de Luxembourg, les frais du service ordinaire de l'enseignement primaire, qui, pour l'exercice 1863, étaient de 410,695 fr., sont arrivés, pour 1864, à 509,661 fr. ; voilà une augmentation de 91,000 fr. pour le Luxembourg seul.
Mais il ne faut pas qu'on se trompe sur la portée de mes paroles ; cette augmentation n'est pas une conséquence des interpellations qui viennent d'être faites ; elles sont les conséquences des mesures que j'ai prises et des décisions des conseils communaux, approuvées par les députations. Si vous me demandez maintenant comment cette augmentation de 91,000 fr. sera répartie entre les instituteurs, si chacun d'eux aura 50 ou 60 fr., je vous dirai que je ne le sais pas ; mais aucun recours n'a été adressé au gouvernement, personne n'a réclamé contre les décisions des conseils communaux approuvées par la députation.
Je ferai remarquer à la Chambre, que le gouvernement s'est montré très bienveillant envers le Luxembourg, en matière de subsides pour l'enseignement primaire, comme en beaucoup d'autres choses.
J'en trouve la preuve dans l'augmentation constante des subsides que le gouvernement accorde à cette province pour le service ordinaire de l'instruction. Ces augmentations suivent une progression rapide depuis un certain nombre d'années.
La somme totale des dépenses pour ce service était en 1858 de 308,000 fr., en 1859 de 318,000 fr., en 1861 (je n'ai pas le chiffre de 1860), de 389,000fr., en 1862 de 410,000 fr., en 1864 il est de 509,600 fr. Voilà une augmentation de 200,000 fr. depuis 1858, et la part de l'Etat qui en 1861 était de 136,000 fr., sera de 210,000 en 1864.
M. Bouvierµ. - J'espère que vous continuerez la progression.
M. le ministre de l'intérieur (M. A. Vandenpeereboom). - Oui, mais il y a certaines limites ; cependant si les conseils communaux augmentent les traitements et que la députation approuve, je n'hésiterai pas à demander de nouveaux crédits à la Chambre, après que les communes et les provinces auront fait tous les sacrifices en rapport avec leur situation financière.
Il est à remarquer que les communes n'augmentent pas toujours leur part d'intervention dans la même proportion que l'Etat. Dans la province de Luxembourg, elles étaient intervenues en 1863 pour 270,000 fr. Cette année elles interviendront pour 298,000 fr., augmentation de 28,000 fr. L'Etat au contraire a augmenté sa part de 70,000 fr.
La progression des subsides de l'Etat est donc plus forte que celle des communes, qui ont pourtant à leur charge, en principe, toutes les dépenses de l'enseignement primaire.
Voilà, messieurs, les explications que je puis donner. Quant à préciser la position de chacun des instituteurs, je ne le puis, mais je mets à la disposition de la Chambre tous les documents ; si les instituteurs ont à réclamer, qu'ils adressent leur recours au Roi. Je crois du reste qu'en 1864, le nombre des instituteurs qui n'auront pas le minimum dont je viens de parler, sera très restreint.
Je répondrai maintenant à l'honorable M. de Kerchove qui, dans la séance d'hier, a traité une question intéressante, l'interprétation de l'article 23 de la loi de 1842. Cette question a fait l'objet de controverses nombreuses et vives entre le gouvernement, les députations permanentes et les conseils communaux. Elle a été plusieurs fois discutée dans cette (page 627) enceinte ; à la suite de cette discussion, M. Piercot a présenté un projet de loi ayant pour objet de modifier le système de la loi de 1842 ; le projet a disparu de l'ordre du jour par suite de la dissolution de 1857.
La question n'est donc pas neuve, mais M. de Kerchove l'a exposée avec tant de lucidité et de netteté que son discours a fait impression sur la Chambre, et cela ne m'étonne pas, l'honorable membre est bourgmestre d'une ville où l'on a compris que l'enseignement primaire est un besoin et où on le vulgarise autant que possible.
Toute la question soulevée se borne à savoir si, d'après l'article 23 de la loi, l'obligation pour le gouvernement d'intervenir financièrement mais seulement quand les ressources de la commune sont insuffisantes.
Celte question d'interprétation a toujours été entendue au département de l'intérieur, dans la pratique, en ce sens que l'intervention de l'Etat n'est obligatoire qu'en cas d'insuffisance des ressources locales et quand les communes ont consacré à l'enseignement au moins le montant de deux centimes additionnels sur toutes leurs contributions.
D'après le gouvernement, le montant de ces 2 centimes n'est qu'un minimum. Telle est la jurisprudence que mes prédécesseurs ont toujours admise. Pour la soutenir on argumente de l'article 20 de la loi sur l'enseignement primaire. Cet article porte, en effet, que tous les frais de l'instruction primaire sont à la charge des communes et que la somme nécessaire pour cet objet sera portée au budget communal parmi les dépenses obligatoires. (Article 133 de la loi communale.)
Puisque le principe général est que les frais de l'enseignement sont une charge obligatoire, que c'est un service communal, c'est la commune qui, avant tout, doit les payer. L'article 23 n'est qu'une exception, un cas d'application.
Il est possible, comme l'affirme l'honorable député de Gand, que le gouvernement n'ait pas perdu de vue les conséquences financières de l'interprétation contraire qui l'auraient entraîné extrêmement loin.
M. de Kerchoveµ. - Nous sommes d'accord.
M. le ministre de l'intérieur (M. A. Vandenpeereboom). - En voici la preuve : en 1860 les dépenses de toute nature de l'enseignement primaire ont été de 6,700,000 fr. en chiffres ronds.
Si l'on déduit de cette somme le montant des encaisses, la rétribution des élèves, etc., qui ont été de 1,328,000 fr., l'on trouve qu'il y aurait eu à fournir par les communes, les provinces et l'Etat une somme de 5,455,000 fr.
Or, en admettant le système préconisé, on ne pourrait exiger l'intervention des communes et des provinces réunies que jusqu'à concurrence de 4 centimes additionnels.
Ce produit est de 1,200,000 fr. environ. L'Etat aurait donc dû dès 1860 suppléer 4,255,000 fr. II n'a eu à suppléer d'après le système de la loi que 1,879,000 francs ; il aurait donc dû suppléer en plus 2,376,000 fr.
Depuis lors, messieurs, la dépense s'est accrue et je pense que si l'on admettait sans tempérament le système préconisé par l'honorable M. de Kerchove, il faudrait voter en 1864 un nouveau crédit de plus de 2 millions sans compter les crédits extraordinaires pour construction et ameublement d'école.
D'ailleurs si l'interprétation était admise elle produirait des anomalies très grandes ; ainsi, il est telle commune que l'on dit être une commune pauvre et qui cependant est riche, qui a des revenus patrimoniaux.
2 centimes additionnels dans certaines de ces communes produisent 18, 20 ou 30 fr. et l'enseignement y coûte 2,000 fr. L'Etat aurait à intervenir dans ces communes pour une somme de 1,980 ou 1,970 fr. sur une dépense de 2,000 francs. C'est-à-dire à payer à peu près tout.
Vous voyez, messieurs, que cette interprétation nous conduirait loin. Si le droit des communes était absolu, il entraînerait d'autres abus encore. Si elles pouvaient, en effet, dire : j'ai voté deux centimes additionnels, j'ai le droit de vous demander ce qui manque et si, d'autre part, comme le veut la loi, ce sont les communes qui fixent le traitement et les autres dépenses, où sera la garantie pour le trésor de l'Etat, qui aura à discuter constamment avec les communes ? D'autre part, une intervention plus à craindre que l'intervention d'argent sera inévitable. C'est l'intervention dans tous les détails du service de l'enseignement qui résultera nécessairement d'une intervention financière dans une pareille proportion.
On accuse déjà le gouvernement d'aller trop loin dans cette voie ; il serait obligé d'aller bien plus loin encore qu'il ne l'a fait jusqu'ici, pour sauvegarder les intérêts du trésor.
Quoi qu'il en soit, messieurs, je reconnais que sous ce rapport il y a quelque chose à faire, que la loi de 1842, en ce qui concerne le système administratif et financier, laisse à désirer et est d'une application parfois difficile.
Lorsqu'on a voté cette loi, personne n'a prévu les résultats que nous constatons aujourd'hui, personne n'a pu prévoir le développement que prendrait l'intervention de l'Etat. On a cru que les choses resteraient à peu près à l'état ancien, et l'on a même prescrit que les communes ne pourraient pas diminuer leur part d'intervention de 1842.
Je reconnais aussi que le texte pris isolément pourrait donner lieu à des doutes si l'on ne l'interprétait pas par les principes généraux.
Un autre inconvénient encore de l'interprétation suivie mérite d'être signalé, elle peut donner lieu, jusqu'à un certain point, à l'arbitraire. On peut dire à une commune : Votre situation financière est bonne, et à une autre : Votre situation financière est mauvaise. Mais une situation financière mauvaise ne démontre pas toujours qu'une commune est pauvre comme une bonne situation ne dénote pas toujours qu'une commune est riche.
Il y a des communes où l'on ne s'impose pas, où l'on ne prélève pas d'impôts ou bien où l'on diminue même les impôts à mesure que de nouvelles ressources sont créées. Ces communes n'ont pas une situation financière brillante.
Il y a là une question d'appréciation qui est très difficile et souvent très délicate.
Il y a donc quelque chose à faire.
Je ne me le suis jamais dissimulé et j'ai exprimé mon opinion à ce égard dans cette Chambre, avant d'être assis sur ces bancs. Depuis que j'y ai pris place, j'ai cherché la solution ; je le déclare, je ne reculerais pas devant une modification de la loi de 1842 au point de vue administratif et financier, bien entendu.
J'ai donc cherché s'il n'y avait pas d'autres bases, si par exemple on ne pouvait pas dire qu'au lieu d'intervenir pour 2 centimes, les communes devraient intervenir pour 3 ou 4 centimes.
C'est un des systèmes, mais je ne puis le dissimuler, il donnerait lieu à des difficultés, car, je le répète, il y a des communes qui ont de grands revenus patrimoniaux et qui pourtant payent très peu d'impôts.
Un autre système qui serait très simple et qui rentrerait dans les idées exprimées par l'honorable M. de Kerchove, ce serait d'intervenir pour une part proportionnelle, pour un tiers, un quart, la moitié, par exemple ; mais là encore il y aurait des anomalies, on donnerait parfois trop aux communes riches et pas assez aux communes pauvres.
Enfin il y a un troisième système ; il consisterait à dire que les communes doivent consacrer sur leurs revenus ordinaires un tantième déterminé à prélever avant tout pour l'enseignement primaire, qui est un des services les plus importants auxquels les communes ont à faire face.
Ces diverses questions, je les ai examinées, et dès le mois de janvier dernier, et je me proposais de prendre l'avis des députations permanentes ; car on ne peut innover en cette matière sans être environné de renseignements et d'avis donnés par les hommes d'expérience. La circulaire à adresser aux gouverneurs était même préparée ; mais la crise ministérielle a surgi alors. J'ai cru que dans une pareille situation, le moment était peu opportun pour entamer une élude aussi considérable. J'ai donc ajourné l'affaire.
Voilà la situation dans laquelle se trouve cette question. Je crois, pour ma part, qu'il y a quelque chose à faire afin de mieux déterminer les obligations des communes. Mais je pense aussi, et vous serez probablement de mon avis, que le moment n'est pas opportun pour tenter cette réforme qui a une importance immense, et qu'en attendant, la jurisprudence admise depuis 1842 doit continuer à être appliquée.
M. Bouvierµ (pour un fait personnel). - Messieurs, je suis très étonné que l'honorable député de Bastogne se soit posé, dans cette enceinte, en véritable Aristarque et ait cru convenable de me donner une leçon. C'est sans doute parce qu'il parlait d'instituteurs qu'il a jugé convenable de faire, dans cette enceinte, de la discipline.
L'honorable membre s'est plaint également de ma détestable habitude qui consiste à lancer de loin en loin une légère interruption. (Interruption.)
Il me paraît que cela le choque très vivement. Mais si je me suis permis quelquefois d'interrompre, j'en ai trouvé l'exemple sur les bancs de la droite. Ouvrez les Annales parlementaires et, dans toutes les discussions, vous verrez un grand nombre d'interruptions parties de ce côté de la Chambre.
(page 628) Est-ce que, par hasard, tous voulez monopoliser les interruptions et transformer la liberté en privilège ?
Du moment que vous reviendrez de cette erreur, du moment qu'en fils soumis vous aurez fait votre acte de contrition, la gauche suivra votre exemple ; moi-même je ferai un bon acte de contrition, et à l'avenir vous serez débarrassé de mes interruptions. Mais commencez par donner l'exemple ; ce n'est qu'alors que vous aurez le droit de nous donner des leçons.
M. Vander Donckt. - Messieurs, j'ai demandé la parole pour répondre quelques mots au discours de l'honorable M. de Kerchove.
Hier il a longuement défendu les intérêts de la ville de Gand ; il nous a dit que cette ville faisait annuellement un sacrifice de 200,000 fr. pour l'instruction primaire. A cet égard, j'applaudis beaucoup aux efforts que font et l'honorable membre comme bourgmestre de la ville de Gand et l'administration communale.
Mais l'honorable membre a ajouté : Nous payons beaucoup au delà de ce que la loi nous impose ; nous ne devrions contribuer dans ces 200,000 francs que pour 35,000 fr.
Eh bien, messieurs, c'est précisément là le point sur lequel j'ai à répliquer quelques mots.
Si l'honorable membre avait dit que les deux Flandres sont énormément surchargées de contributions pour l'instruction primaire, en ce que la contribution foncière y est élevée à un taux énorme comparativement aux autres provinces et que ces charges ne seront diminuées que lorsque la révision du cadastre aura en lieu, je me serais très volontiers associé à mon honorable collègue.
Évidemment les deux Flandres sont surchargées d'une manière exorbitante par la loi sur l'enseignement primaire. Il y a eu à cet égard des réclamations constantes et réitérées de la part de l'autorité provinciale. L'autorité provinciale, dans une des réclamations qu'elle a adressées au gouvernement, a fait le calcul entre le revenu des communes et le revenu des villes pour l'imposition des 2 centimes additionnels sur la contribution foncière. Ce calcul est extrait des documents authentiques qui sont parvenus au département de l'intérieur, et qui ont été fournis à la section centrale dont je faisais partie, et qui était chargé d'examiner s'il y avait lieu de réviser l'article 23 de la loi de 1842.
Dans les communes de la Flandre orientale, les 2 centimes additionnels forment le dix-huitième de leurs revenus, et dans les villes ils forment la soixante-quatrième partie seulement de leurs revenus. Il n'y a donc pas de comparaison à établir entre les ressources des villes et celles des autres communes.
Vous voyez combien la différence est grande et c'est mal à propos que l'honorable membre vient réclamer pour la ville de Gand une part dans la quote-part que le gouvernement accorde à la province de la Flandre orientale.
Ces réclamations ont d'ailleurs été maintes fois produites au conseil provincial, alors que tous deux nous avions l'honneur de siéger dans cette enceinte. II me semble même que cette question ne devrait pas être soumise à la discussion de la Chambre. Le gouvernement accorde une somme globale à la province, et comme l'honorable ministre de l'intérieur vient de le dire avec raison, c'est l'autorité provinciale qui répartit les subsides entre les communes et les villes. Par conséquent l'honorable membre s'est trompé ; il a cru probablement qu'im siégeait encore au conseil provincial.
« Pour les provinces, la charge devient trop lourde, dit le même document ; elle s'élève au quart des revenus provinciaux. »
Et ceci est incontestable ; il n'y a aucune province autre que les deux Flandres où les deux centimes additionnels s'élèvent au quart des revenus provinciaux.
« Il y a donc réellement surcharge des contributions qui pèsent sur la province de la Flandre orientale ; les 2 centimes additionnels ne constituent ni la mesure des besoins de l'instruction primaire ni celle des ressources de la province. »
Messieurs, c'est parce que la base de la loi est vicieuse que, dès le principe, on a réclamé dans les deux provinces des Flandres surtout, et aussi dans le Hainaut et la province d'Anvers. Ces provinces ont réclamé avec beaucoup de vivacité contre la base vicieuse des 2 centimes additionnels sur la contribution foncière et la Flandre orientale avait d'autant plus raison de réclamer contre cet impôt, parce que, d'après le cadastre, elle supportait déjà injustement, eu égard à la part des autres provinces, une charge beaucoup trop lourde.
Voilà les observations que je désirais faire en réponse au discours de l'honorable M. de Kerchove.
M. Hymans. - J'ai demandé la parole tout à l'heure, pendant le discours de l'honorable M. Van Hoorde, pour faire observer qu'il est impossible que la Chambre se rende compte de la position réelle des instituteurs communaux, attendu que cette position dépend autant de l'allocation que les instituteurs reçoivent pour l'instruction des enfants pauvres que du traitement qui leur est alloué par l'Etat. M. le ministre de l'intérieur a fait cette observation ; je n'ai pas besoin d'insister davantage sur ce point.
Je me bornerai à faire observer que si des instituteurs se plaignent, ce n'est pas précisément du peu d'élévation de la somme que le gouvernement leur alloue, mais du retard que l'on apporte généralement dans la liquidation des subsides.
Ainsi, il est des instituteurs qui sont obligés de faire des avances pour le matériel de l'école, pour l'achat de livres classiques et lorsqu'ils s'adressent aux communes pour récupérer ces avances, ils reçoivent pour réponse : Les subsides que le gouvernement alloue aux communes ne sont pas encore liquidés.
C'est là un vice évident. Je ne sais s'il provient des communes, des administrations provinciales ou de l'administration centrale ; mais il existe, et je crois devoir m'adresser à M. le ministre de l'intérieur pour que, par voie de circulaires ou autrement, il veille à ce qu'il soit corrigé. Des plaintes de ce chef ont été adressées à plusieurs membres de cette Chambre. Pour ma part, j'en ai reçu un très grand nombre.
J'appelle l'attention sérieuse du gouvernement sur ce point.
M. de Kerchoveµ. - Messieurs, je désire répondre à l'honorable M. Vander Donckt. En soulevant hier dans cette enceinte la question de l'intervention du gouvernement dans les dépenses de l'instruction primaire, je n'ai pas eu en vue de prendre seulement la défense des intérêts de la ville de Gand ; j'ai pris la défense de toutes les villes du royaume et de plus celle des provinces. Les provinces, en inscrivant des centimes additionnels aux contributions directes, ne font que se conformer à la loi. C'est ce qui a lieu dans la Flandre orientale comme dans toutes les autres provinces ; la province n'inscrit à son budget que ces deux centimes et elle sollicite du gouvernement le surplus pour satisfaire aux besoins de l'enseignement primaire. Mais les villes ne reçoivent aucun subside de l'Etat. Ainsi Bruxelles ne reçoit rien, Gand ne reçoit rien, Liège, Anvers, aucune grande ville ne reçoivent rien. C'est ce système-là que j'ai critiqué.
L'honorable M. Vander Donckt a dit que je m'étais trompé, que c'était une question à débattre dans les conseils provinciaux. Je crois que l'honorable M. Vander Donckt est dans l'erreur. Je lui rappellerai que plus d'une fois déjà cette question a été soulevée dans cette enceinte et que c'est bien au législateur à interpréter cet article.
Voilà ce que j'avais à répondre à l'honorable membre.
Maintenant que j'ai la parole, je remercierai M. le ministre de l'intérieur, de ce qu'il a bien voulu dire au sujet de l'interprétation à donnera l'article 23, et j'espère qu'il ne se passera pas longtemps avant que justice soit faite, car je le dis, messieurs, c'est une véritable injustice que de ne pas aider les grandes villes dans l'œuvre qu'elles ont entreprise.
M. Wasseige. - Messieurs, c'est toujours, à mon avis, un grand mal de voir un article de loi clair, catégorique et positif ne pas être appliqué selon son texte, et c'est le cas pour l'article 23 de la loi de 1842. Si l'honorable membre s'était borné à dire qu'il y a des inconvénients à l'exécution de cet article, que lorsqu'il a été voté, on n'a pas prévu toutes les conséquences dans lesquelles il entraînerait le gouvernement, et qu'il y a lieu de revenir sur cet article, je n'aurais pas demandé la parole ; mais l'honorable membre a été plus loin ; il a voulu justifier l'interprétation que son département donne à l'article 23, et voilà ce qui me paraît injustifiable.
C'est pourquoi j'ai cru devoir me lever pour protester. Il est impossible, en présence du texte clair et positif de l'article 23, de ne pas reconnaître qu'au département de l'intérieur on n'interprète pas l'article, mais qu'on l'élude. Prétendre trouver un argument favorable à ce système dans l'article 20 qui déclare que les frais de l'instruction primaire sont à la charge des communes, c'est vouloir donner à ces termes une extension qu'ils ne comportent pas.
S'il est vrai que l'article 20 mette les frais de l'instruction primaire à la charge des communes, l'article 23 dit, en termes sur lesquels il est impossible d'épiloguer, jusqu'où va cette obligation, jusqu'à concurrence de quelle somme les communes doivent supporter ces frais. Je crois d'ailleurs que ma manière devoir, à cet égard, est à peu près d'accord avec celle de M. le ministre de l'intérieur, car il vient de reconnaître qu'il y a quelque chose à faire et que l'interprétation du gouvernement pourrait bien avoir été faussée par la crainte de voir la question d'argent prendre de trop grandes proportions.
Eh bien, vous devez avouer, messieurs, qu'il n'est pas convenable que (page 629) le gouvernement se laisse aller à la faiblesse d'éluder la loi à cause d'une question d'argent. Si le gouvernement pense que la loi est défectueuse, il est de son devoir d'en proposer la modification ; mais il ne doit pas se permettre de ne pas appliquer la loi aussi longtemps qu'elle existe, alors surtout que l'application qu'il en fait prête à l'arbitraire ; car, on peut dans le système du gouvernement, augmenter le subside d'une commune, diminuer le subside d'une autre commune, le tout selon le bon plaisir ou l'intérêt électoral du gouvernement ; cela n'est pas possible. Il faut que les droits de chacun soient parfaitement établis par la loi.
M. le ministre, d'ailleurs, partage cette manière de voir, puisqu'il nous a dit, en terminant, qu'il avait préparé la modification que je réclame à l'article 23, et qu'il était disposé à la présenter à la législature, mais que la crise ministérielle l'avait empêché de donner suite à ce projet. Je ne sais si la crise ministérielle est terminée, mais si, après le vote de samedi, l'honorable ministre est de cet avis, je le prierai de donner suite aux bonnes intention qu'il a exprimées.
M. B. Dumortier. - Je ne partage pas du tout l'opinion de mon honorable ami qui vient de se rasseoir, ni celle des honorables membres qui ont parlé dans le même sens. Je crois que le gouvernement exécute la loi comme elle doit être exécutée, c'est-à-dire dans l'esprit dans lequel elle a été votée.
Il faut bien le dire, on cherche à entraîner l'Etat dans une voie entièrement différente de celle en vue de laquelle la loi a été faite, on cherche à entraîner l'Etat dans des dépenses considérables, non pas au profit des instituteurs, mais au profit des communes.
Eh bien, je ne me soucie pas de voir améliorer les conditions des administrations communales sous prétexte des instituteurs. Les instituteurs reçoivent un traitement ; dans les villes, ce traitement est suffisant, et aucune plainte ne s'élève de ce côté. (Interruption.) II est évident que si vous voulez encore le porter plus haut, ils l'accepteront de bon cœur Donnez aux instituteurs 4,000, 5,000 ou 6,000 fr., ils accepteront ; la question est de savoir si les traitements sont en raison de la position que les titulaires occupent dans le corps enseignant.
Maintenant, messieurs, l'intervention de l'Etat n'arrive qu'à titre de subside.
- Un membre. - Subside obligatoire.
M. B. Dumortier. - Ce n'est pas un subside obligatoire ; la seule obligation qui existe dans la loi, c'est l'obligation de la commune.
La commune doit l'instruction à ses pauvres et elle doit s'imposera cet effet jusqu'à concurrence de deux centimes additionnels. Voilà la seule obligation qui existe dans la loi. Maintenant, quand est-ce que l'Etat arrive ? Il ne doit arriver qu'en cas d'insuffisance. C'est en ce sens que la loi a été faite en 1842 et c'est en ce sens qu'elle a toujours été appliquée.
On dira qu'il y a quelque chose d'anomal à voir que, dans tel petit village l'instituteur obtient un subside, tandis que dans la ville de Gand il n'en obtient pas ; il faut remarquer, messieurs, que les grandes villes ont des ressources que n'ont pas les villages, et si on voulait appliquer la même règle partout, on laisserait mourir les instituteurs des petits villages, tandis qu'on enrichirait les instituteurs des grandes villes.
Eh bien, je vous le demande, est-ce là ce que veut la loi ? Je dis que la disposition de la loi dont il s'agit est excellente, qu'elle est claire, qu'elle doit être maintenue, et que ces interprétations qu'on veut lui donner ne sont que le résultat de sollicitations faites, soit au profit de la caisse communale, sous prétexte des instituteurs, soit au profit des instituteurs, qui, voulant améliorer leur position, vont faire des démarches auprès des représentants.
M. le ministre de l'intérieur vous l'a dit : « Pour admettre l'interprétation que je combats, il faudrait porter à 5 millions l'allocation de l'Etat. »
La position des instituteurs sera-t-elle améliorée à proportion ? Pas le moins du monde. Quand vous aurez augmenté le subside alloué sur le trésor aux villes de Gand, de Bruxelles, de Liège, etc., la caisse communale cessera de payer sa quote-part ; et en définitive l'instruction primaire communale, sans profit aucun pour les instituteurs, deviendra une instruction primaire gouvernementale. Je ne veux pas du tout de cette centralisation-là, et je suis étonné de voir mon honorable ami qui siège à mes côtés pousser le gouvernement à ces idées de centralisation.
M. Wasseige. - Messieurs, j'ai l'honneur de faire observer à mon honorable ami que je n'ai pas la moindre envie de pousser le gouvernement à la centralisation ; mais je répète que l'article 23, tel qu'il existe, n'a pas la signification que le gouvernement lui donne et que le texte en est trop clair pour prêter a l'interprétation ; je demande donc que le gouvernement en propose la modification, et je serais heureux que cette modification fût faite dans le sens des idées émises par l'honorable M. Dumortier. Mais tant que l'article existe, on a mauvaise grâce de l'éluder, sous le prétexte de l'interpréter.
M. le ministre de l'intérieur (M. A. Vandenpeereboom). - Messieurs, je n'interviendrai pas dans le débat qui s'est élevé entre les honorables MM. Dumortier et Wasseige ; c'est une question à régler en famille. Mais je constate avec une véritable satisfaction que l'honorable M. Wasseige ne reculerait pas devant une augmentation de dépense, dans le budget de l'Etat, en faveur de l'enseignement primaire pour assurer l'exécution de la loi, comme il la comprend, même en attendant qu'elle puisse être révisée. Je prends acte de ce fait, et quand nous viendrons demander une augmentation de crédit pour l'enseignement primaire, l'honorable M. Wasseige, je l'espère, nous prêtera son appui. J'espère aussi que si un nouveau ministère arrivait aux affaires et que s'il n'était pas disposé à proposer à la législature d'augmenter les allocations de l'enseignement primaire dans le budget de l'Etat, l'honorable M. Wasseige se joindrait encore à ceux des membres de la gauche qui pourraient soumettre à la Chambre des propositions spéciales, analogues à celles dont je viens de parler.
Messieurs, maintenant un mot de réponse à l'honorable M. Hymans. L'honorable membre vient de signaler à cette tribune une plainte faite par des instituteurs et dont la presse s'est rendue l'organe, savoir que le traitement des instituteurs ne leur est pas payé en temps utile ; qu'on les faisait souvent attendre fort longtemps.
Je ferai remarquer à l'honorable membre que c'est encore là un fait, s'il est réel, qui ne peut nullement être imputé au gouvernement :
L'enseignement primaire, comme je viens de le dire, est communal ; le gouvernement se borne à mettre à la disposition des communes le montant des subsides qui leur sont dus ; or, ces subsides ont été mis à leur disposition en temps utile.
Par exemple, l'on s'est plaint en 1862. Eh bien, la loi allouant le crédit supplémentaire a été promulguée le 16 décembre 1862, et la répartition en a été opérée entre les provinces dès le 31 du même mois.
Le crédit principal de 1,332,189 fr. avait été réparti dès le 29 du mois de mars 1862. Mais il est à remarquer, d'ailleurs, que les communes, ayant à contribuer pour une certaine part dans les traitements, peuvent au moins payer cette part, en attendant que les subsides de l'Etat soient liquidés.
Du reste, le fait signalé par l'honorable M. Hymans. avait fixé l'attention du gouvernement. Des dispositions ont été prises par l'arrêté du 10 janvier 1863 pour prescrire à toutes les communes de payer désormais les traitements fixes des instituteurs tous les mois, et le casuel, tous les trimestres.
M. Jacquemyns. - Messieurs, l'honorable M. B. Dumortier, dans le raisonnement qu'il vient de présenter à la Chambre, suppose que l'enseignement primaire dans les villes est tout à fait suffisant ; mais je ne puis admettre avec l'honorable membre que l'enseignement dans les villes et les traitements des instituteurs ne laissent plus rien à désirer.
Il est très vrai que dans les villes les instituteurs en chef qui dirigent des centaines d'enfants sont bien payés, sont mieux payés, par exemple, à Bruxelles et à Gand, que les instituteurs ruraux qui n'ont que 40 à 50 enfants à instruire ; mais les villes se trouvent aussi bien que les villages dans l'impossibilité de rémunérer convenablement les instituteurs de quatrième ou de cinquième ordre ; et je ne serais pas embarrassé de citer tel instituteur qui a renoncé à sa place d'instituteur dans une grande ville, qui s'est retiré de l'enseignement, pour solliciter, au chemin de fer de l'Etat, une place de garde-frein.
Ce n'est pas seulement dans les communes rurales que l'enseignement primaire laisse à désirer ; cet enseignement laisse également à désirer dans les villes et notamment à Gand. Cette ville est citée comme un modèle sous ce rapport. Mais je dois dire qu'il n'y a pas à Gand un seul homme éclairé qui ne désire vivement donner des développements ultérieurs à l'instruction primaire.
A Gand, il y a 8,000 enfants dans les écoles ; c'est très beau. Mais quand on compare ces chiffres à la population, on trouve que c'est seulement un quinzième de la population, tandis que dans plusieurs Etats 'Amérique, il y a un septième de la population dans les écoles. Il est donc indispensable de développer l'instruction primaire dans les villes tout aussi bien que dans les campagnes. Or actuellement il y a une limite à ce développement ; cette limite se trouve dans les dépenses que les villes sont à même de faire pour l'instruction primaire. La ville de Gand alloue actuellement pour ce service 200,000 francs ; (page 630) il conviendrait que la dépense fût considérablement augmentée. D'un autre côté les ressources de la ville ne pourront être augmentées, à moins d'impositions nouvelles ; car depuis l'abolition des octrois, les revenus des villes n'éprouvent plus cet accroissement progressif et ils demeurent invariables, à moins qu'on n'ait recours à de nouveaux impôts.
L'honorable M. Vander Donckt dit : « La ville de Gand a des ressources considérables. »
Mais, si grandes qu'elles soient, ces ressources sont insuffisantes, et la ville n'en trouvera de nouvelles que par les sacrifices qu'elle imposera aux habitants ; si certains villages s'imposaient dans la même proportion que la ville de Gand l'a fait, ils trouveraient des ressources bien plus considérables que celles dont ils disposent actuellement.
On a tort d'estimer la richesse d'une localité par la quotité des impôts qu'elle fait peser sur ses habitants ; ces impôts sont proportionnés aux besoins des communes ; mais on ne les proportionne pas d'une manière absolue aux richesses, et dans beaucoup de villages les impositions communales sont très loin d'être proportionnées aux ressources des habitants.
Les villes vont au delà des sacrifices que la loi leur impose pour bien organiser l'instruction primaire, et malgré cela, cette instruction est encore insuffisante. Aux termes de la loi, le gouvernement est obligé de venir à leur aide pour pourvoir aux besoins de l'instruction primaire. Le moment est venu pour lui d'intervenir, attendu que les villes se trouvent en présence de grandes difficultés pour accroître leurs ressources. Elles ont le droit de demander l'exécution de la loi de 1842, et le texte en est tellement clair et précis, qu'il n'y a pas moyen de leur refuser le concours de l'Etat.
M. Wasseige. - Je suis bien malheureux aujourd'hui. Je ne suis compris ni par mes amis ni par mes adversaires, mais il m'est impossible d'accueillir avec reconnaissance les éloges que M. le ministre de l’intérieur a bien voulu me donner.
M. le ministre de l'intérieur (M. A. Vandenpeereboom). - Je suis juste envers tout le monde.
M. Wasseige. - C'est pourquoi je ne puis accepter vos éloges, parce qu'ils ne sont pas justes.
Dans toutes les circonstances, j'appuierai de mon vote les subsides que je croirai légitimement dus pour le service de l'instruction primaire, tel qu'il est organisé par la loi de 1842, loyalement appliqué selon son texte et son esprit ; mais je les repousserai chaque fois que, sous prétexte d'exécuter la loi, on nous demandera des subsides qui en définitive n'auront d'autre but que de faire à l'instruction libre une concurrence déloyale et peu conforme à la loi.
Voilà, messieurs, la position que j'ai prise et que je prendrai toujours, et dussé-je perdre dans la bonne opinion de M. le ministre, il ne peut me compter au nombre des partisans de tous les subsides qui pourraient nous être demandés pour le service de l'instruction primaire.
Quant à la répartition des crédits affectés à l'instruction primaire, et qui sont alloués par l'Etat, par les provinces et par les communes, j'ai dit et je répète qu'en présence de l'article 23 de la loi et aussi longtemps que cet article ne serait pas modifié, cette répartition était injuste et illégale, qu'elle prêtait à l'arbitraire. J'ai demandé à M. le ministre, qui me paraît bien près de partager cet avis, de nous proposer le plus tôt possible la modification de cet article, afin que chacun puisse aviser en pleine connaissance de cause. Voilà ce que j'ai dit et ce que je maintiens.
Quant au reste, je le répète, il m'est impossible d'accepter les éloges de M. le ministre de l'intérieur, je ne les mérite à aucun titre.
M. Guillery. - Je partage le sort de tous ceux qui ont répondu à l'honorable M. Wasseige : je ne l'ai pas compris. Je n'ai pas du tout compris la pensée qu'il a voulu exprimer en disant qu'il est prêt à voter toutes les augmentations de crédits pour l'enseignement primaire alors qu'ils seront justifiés.
Je crois, messieurs, que nous sommes tous de cet avis : il faut qu'une dépense soit justifiée pour que nous la votions.
Mais l'honorable membre a ajouté qu'il ne votera pas de crédits pour l'instruction primaire, alors, a-t-il dit, qu'ils seront destinés à faire une concurrence déloyale à l'enseignement privé.
Qu'est-ce que cela veut dire ? Quelles sont les propositions de crédits faites au budget par le gouvernement ou par des membres de la Chambre qui avaient pour but de faire une concurrence déloyale à l'enseignement privé ?
Quant à moi, je ne les connais pas, je n'en ai jamais entendu parler.
M. Wasseige. - J'ai parlé pour l'avenir, et je pense que M. le ministre de l'intérieur n'a parlé, lui aussi, que de l'avenir.
M. Allard. - Il paraît que M. Wasseige a le droit d'interrompre.
MpVµ. - Messieurs, pas d'interruption, je vous prie.
M. Guillery. - Je ne demande pas mieux que de parler de l'avenir ; mais la pensée de l’honorable M. Wasseige ne m'apparaît pas plus claire pour l'avenir que pour le passé ou pour le présent. Je ne vois pas quelles pourraient être dans l'avenir les demandes de crédit faites dans le but de susciter une concurrence déloyale à l'instruction privée. Je ne puis expliquer la définition étrange de l'honorable M. Wasseige que par la nécessité où s'est trouvée la droite de concilier plusieurs idées tout à fait opposées. Il faut contenter l'honorable M. de Naeyer qui, fidèle à son programme, ne veut pas qu'on augmente les dépenses de l'instruction primaire ; qui considère le million que nous avons voté il y a deux jours comme destiné à faire à l'enseignement libre une concurrence contraire à l'esprit de notre constitution.
M. de Naeyer. - J'ai dit que cela faisait partie d'un ensemble de mesures.
M. Guillery. - Eh bien, si ce million fut partie d'un ensemble de mesures dont le but et dont l'effet sera de faire une concurrence anticonstitutionnelle à l'instruction libre, ce million est donc lui-même destiné à faire à l'enseignement libre une concurrence contraire à l'esprit de la Constitution. Je reproduisais donc fidèlement la pensée de l'honorable membre. J'avais donc parfaitement compris les motifs de l'abstention de M. de Naeyer ; mais bien que l'honorable membre soit toujours très clair, il ne nous est pas aussi facile de concevoir l'ensemble de son système général sur l'enseignement primaire.
Il faut donc concilier ces systèmes divers et c'est ce qui fait l'embarras de l'honorable M. Wasseige, qui, en général, sait fort bien ce qu'il dit et ce qu'il veut, et sait s'exprimer nettement quand sa pensée est bien nette.
La droite a inséré dans son programme, programme sur lequel elle désire que se fasse la dissolution, ce grand principe : pas de progression dans les dépenses.
Il n'y aura pas de progression dans les dépenses... sans que cependant on réduise le budget de la guerre ; il n'y aura pas de progression dans les dépenses, bien que plusieurs membres de la droite demandent que l'on accorde à certaines provinces et communes des subsides plus considérables en matière d'enseignement primaire. L'honorable M. Wasseige, en particulier trouve que l'article 23 de la loi de 1842 nécessite l'allocation de subsides plus importants : il ne comprend pas même qu'une discussion s'élève sur ce point, tant le texte lui paraît clair.
Mais je demande comment il va concilier tout cela. Il était un des plus fermes soutiens du ministère en projet et il est certainement un de ceux qui défendront avec le plus d'énergie, dans la prochaine lutte électorale, les candidats de la droite. Mais quel système adoptera-t-il ? Je voudrais bien sur ce point une explication claire, nette et franche.
J'ai interrompu l'honorable M. de Naeyer, pendant la discussion relative à la crise ministérielle ; je lui ai demandé quelle était sa pensée en matière d'enseignement.
L'honorable membre avait développé cette idée que l'enseignement de l'Etat faisait à l'enseignement libre une concurrence contraire à l'esprit de notre Constitution. Voilà sa doctrine. C'est aussi la doctrine que l'honorable M. Dechamps a défendue à différentes reprises dans cette enceinte.
Lorsque je disais au gouvernement, l'année dernière et l'année précédente : Vous ne dépensez pas assez en matière d'enseignement primaire, l'honorable M. Dechamps a pris la parole et a dit au gouvernement : Vous dépensez trop !
Nous devons donc, si pour comprendre l'opinion de la droite nous nous en rapportons à ce que disait l'honorable membre, qui devait être le chef du cabinet catholique, puis l'honorable membre qui devait tenir les cordons de la bourse, passez-moi l'expression, nous devons donc croire que si l'on ne diminuait pas quant à présent, comme dit l'honorable M. de Naeyer, les dépenses pour l'instruction primaire, on se garderait bien aussi de les augmenter.
On devait croire que le million qui vient d'être accordé pour la construction de maisons d'école, million qui se rapporte, d'après nous, aux dépenses les plus importantes du budget de l'Etat, que ce million n'aurait pas été demandé à la Chambre par l'honorable ministre des finances, appelé M. de Naeyer ; en effet dans son abstention, il a blâmé l'ensemble du système auquel appartient cette dépense.
Il importe donc que la doctrine démocratique de la droite en matière d'enseignement primaire soit parfaitement connue ; toute la droite a voté l'année dernière, comme il y a deux ans, contre mon amendement (page 631) sur l'enseignement primaire. Le gouvernement qui l'a combattu dans la forme, parce qu'il a voulu prendre des renseignements avant de demander un crédit supplémentaire, l'a admis en principe et en fait, puisqu'il a fini par proposer un crédit qui dépassait même celui de l'amendement.
Il a adopté le même principe, nous aboutissons aux mêmes convictions, nous sommes donc unanimes à gauche pour dire qu'on ne dépense pas assez pour l'enseignement primaire ; à cet égard nous ne voulons pas dissimuler au pays que nous ne reculerons pas devant la progression des dépenses pour l’enseignement. La droite a une autre doctrine ; elle dit : La liberté de l'enseignement existe pour tout le monde, nous en faisons usage, nous sommes admirablement placés pour cela ; que les libéraux en usent, qu'ils érigent autant d'écoles que les catholiques, on aura un enseignement qui satisfera à tous les besoins.
En parlant ainsi, vous ne vous préoccupez que des intérêts d'une religion ; vous vous réjouissez de voir le catholicisme se répandre par l'enseignement, et vous en avez le droit ; mais l'intérêt général, y pensez-vous ? La cause démocratique vous touche-t-elle ? Nous, nous disons : la liberté d'enseignement consacre un droit mais non un devoir pour les particuliers ; mais pour l'Etat c'est un devoir, puisqu'il a le devoir de fournir au peuple les lumières et l'instruction nécessaires à sa vie morale.
Il ne suffît pas de dire au peuple que nul n'est censé ignorer la loi ; il ne suffit pas de promulguer un code pénal et tout un arsenal de lois civiles ou criminelles, il faut mettre les particuliers à même de connaître la loi ; la société, comme les particuliers, a des devoirs à remplir, elle doit l'enseignement primaire au peuple comme elle doit là justice.
Le gouvernement doit respecter la liberté d'enseignement ; nous sommes heureux de voir les écoles privées prospérer à l'ombre de la liberté, nous y applaudissons, nous félicitons la ville de Bruxelles d'envoyer six mille élèves dans les écoles privées ; nous aimons à voir les écoles se développer côte à côte avec les écoles publiques ; mais nous voulons un enseignement par la ville, un enseignement de l'Etat, pour me servir du terme généralement usité.
Cet enseignement est nécessaire ; l'enseignement privé ne peut pas donner à tous les enfants l'enseignement qu'ils réclament ; il faut que toutes les opinions soient représentées ; il faut que tous les hommes libres penseurs, solidaires, israélites, protestants, puissent procurer à leurs enfants une instruction convenable.
Cela m'amène à répondre à ce qu'a dit M. Dechamps sur une opinion que j'avais émise ; je n'ai pas cru devoir prendre la parole sur un fait de minime importance au milieu de la grave discussion sur la crise ministérielle. Je disais, dans la discussion de mon amendement combattu par M. Dechamps, qui trouvait que les dépenses en matière d'enseignement allaient trop loin, je disais qu'il y avait plus de six mille enfants fréquentant les écoles pauvres à Bruxelles. L'honorable comte de Mérode m'interrompit en disant : tant mieux !
J'ai répondu : certainement, tant mieux, je ne demande pas mieux que de voir l'enseignement libre se propager, s'organiser de telle façon que tous les besoins soient satisfaits. S'il en était ainsi, l'Etat n'aurait plus rien à faire.
J'ai voulu par là exprimer nettement une idée. Mais j'aurais été victime de bien décevantes illusions, si j'avais pu penser que les particuliers fonderaient ainsi des écoles pour toutes les opinions et pour tous les enfants qui réclament l'instruction. Nous savons que tous les intérêts ne peuvent pas être représentés par l'enseignement privé ; par conséquent, pour parler franchement, nous sommes sûr qu'il en restera quelques-uns à satisfaire et auxquels il ne pourra être pourvu que par l'enseignement de l'Etat. C'est tellement nécessaire que si l'on quitte le terrain de la théorie, des abstractions pour en revenir à la réalité, on trouve que dans tous les pays, ceux qui ont le plus repoussé la centralisation, où la puissance de l'initiative individuelle est la plus grande, sont aussi ceux où l'Etat fait les plus grandes dépenses pour l'enseignement. Voyez les Etats-Unis, la Suisse, l'Angleterre.
Pour ne parler que de l'Angleterre, on y constata, il y a quelques années, l'état déplorable de l'enseignement primaire, ce pays d'initiative individuelle, ou. l'on s'entend si bien à créer des associations, des corporations pour faire la charité et donner l'enseignement, on a trouvé que l'enseignement primaire était dans un état déplorable.
Lord Macaulay, défendant le projet du gouvernement, fit un parallèle entre l'enseignement en Ecosse et l'enseignement en Angleterre. Il y a cent cinquante ans, dit-il, les Ecossais étaient tellement pauvres et tellement ignorants qu'ils étaient l'objet des mépris des Anglais ; le parlement d'Edimbourg est intervenu dans l'enseignement.
Depuis lors, la proportion est renversée ; en Ecosse tout le monde sait lire et écrire, tandis qu'en Angleterre l'enseignement n’a produit que des résultats incomplets.
Ce fut sur le discours éloquent de lord Macaulay que fut voté à une grande majorité le principe de l’intervention de l’Etat dans des proportions très larges.
Ne nous faisons pas illusion, en matière d'enseignement primaire, il y a pour 27 millions de bâtiments d'écoles à construire ; l'évolution première était inférieure, on s'est toujours trompé à cet égard ; on ne parlait en 1843 que de huit millions pour cet objet, et aujourd'hui qu'on a déjà absorbé plus que cette somme, à mesure que les dépenses augmentent, ou trouve aujourd'hui qu'il faut encore vingt-sept millions.
Devons-nous regretter ces sacrifices ? Ne devons-nous pas, au contraire, les trouver insuffisants lorsque nous lisons dans l’Exposé de la situation administrative du Brabant, en 1863, que, dans une commune, sur trente et un miliciens nés en 1845, vingt et un étaient tout à fait illettrés et trois seulement savaient lire et écrire ; quand le même document nous apprend qu'aux portes de la capitale on trouve, dans plusieurs communes « des enfants entassés les uns sur les autres, péniblement courbés sur de misérables bancs, la poitrine brisée par une position impossible et manquant d'air respirable... »
De tels faits en 1863 ! quelle responsabilité pour nous !...
Dans une situation pareille, il faut courir à l'instruction primaire comme on court à l'incendie ; y appliquer tous nos excédants et ne pas réduire un seul impôt jusqu'au jour où la société aura rempli son premier devoir.
M. de Haerne. - Messieurs, je crois qu'il est plus facile de s'entendre sur la question de l'instruction primaire que l'honorable préopinant ne semble l'avoir insinué.
Je dirai d'abord qu'il n'est pas question d'esprit de parti, en ce qui regarde la loi de l'enseignement primaire, dans laquelle l'immense majorité de cette Chambre est d'avis qu'il ne faut pas innover.
Or, cette loi étant bonne aux yeux de presque tout le monde, je ne sache pas qu'il soit question de dire ici : Vous devez développer l'enseignement dans le sens libéral, tandis que nous le développerons dans le sens catholique. Ceci a été dit dans la discussion sur la question ministérielle au point de vue général ; mais cela ne s'applique guère à l'enseignement dont nous nous occupons.
C'est donc une première considération qui doit être mise de côté, quand il s'agit de l'enseignement primaire. Nous voulons tous, messieurs, le développement le plus large de l'enseignement primaire.
Nous voulons que les dépenses nécessaires se fassent dans cet branche d'intérêt public, et pour ce qui me regarde, je n'ai jamais reculé devant ces dépenses.
Ainsi dernièrement j'ai voté le million qui nous a été proposé pour l'enseignement élémentaire. Je ne pense pas, cependant, que sous ce rapport il y ait contradiction entre l'opinion émise par l'honorable M. de Naeyer sur le système financier, et celle qui a été défendue quelquefois par d'autres membres de cette Chambre, et par moi en particulier, en ce qui concerne l'augmentation de certaines dépenses à faire.
Je crois, si j'ai bien compris le plan de l'honorable M. de Naeyer, qu'il s'est opposé à l'augmentation progressive des impôts, des charges du trésor.
MfFOµ. - L'honorable M. de Naeyer veut arrêter la progression des dépenses.
M. de Haerne. - Je crois que l'honorable M. de Naeyer ne s'opposera pas, par exemple, à l'augmentation du budget communal pour le développement de l'enseignement primaire.
MfFOµ. - Le budget communal ne regarde pas le ministre des finances !
M. de Haerne. - Il peut avoir eu l'idée de recourir de ce chef directement ou indirectement aux ressources communales, en stimulant l'activité, l'initiative locale.
Il en est de même pour les provinces. Souvent par suite d'habitudes prises, les communes et les provinces comptent trop sur l'Etat, et il suffit de donner une impulsion nouvelle, pour qu'elle comptent sur elles-mêmes, comme on l'a vu dans certaines villes, à Gand, par exemple. La question consiste dans le mode de créer les ressources nécessaires. C'est-à-dire qu'on peut avoir une tendance de décentralisation dans l'application de la loi, par rapport aux dépenses.
Voilà, messieurs, ce qui nous sépare : c'est la centralisation d'un côté, la décentralisation de l'autre.
Mais lorsqu'on est entré dans un système, il ne s'agit pas de le renverser du jour au lendemain ; et pour ce qui regarde l'instruction (page 632) primaire, il s'agit de savoir comment on pourra entrer le mieux et le plus promptement dans le système de décentralisation, qui est dans les vues de mes honorables amis, sans nuire au grand intérêt social de l'instruction populaire, que nous prenons tous à cœur.
Telle est, messieurs, la réponse à faire à la contradiction que l'on a prétendu voir entre différents membres de la droite relativement à divers systèmes mis en avant ; système d'économie d'un côté, système de développement de l'instruction de l'autre. Je crois qu'il y a moyen de mettre d'accord ces divers s opinions, et ce moyen consiste dans les tendances dont je viens d'avoir l'honneur de vous parler ; il consiste dans la manière de créer et d'appliquer les ressources nécessaires, plutôt que dans l'augmentation des impôts, à laquelle on voudrait recourir pour atteindre le but généralement désiré.
M. Pirmez. - Messieurs, je voudrais faire une observation à M. le ministre de l’intérieur sur une matière toute différente de celle qui vient de faire l'objet de la discussion.
J'appelle son attention sur une disposition qui se trouve dans les arrêtés d'ouverture et de fermeture de la chasse. Ces arrêtés contiennent toujours une disposition qui permet la chasse à courre après la fermeture de la chasse à tir, pendant deux ou trois mois, ordinairement du 1er février au 15 avril.
Je n'ai pas d'objection à faire à cette disposition, mais il importe de savoir ce qu'elle signifie.
Il est certain qu'en vertu de cette tolérance l'on peut chasser avec une meute de chiens courants, à cheval et avec un personnel de piqueurs sonnant du cor d'après les règles de la vénerie. Mais on s'est demandé s'il est permis de chasser avec une couple de chiens en les suivant à pied ?
Je vois avec plaisir que la Chambre est tentée de répondre qu'à fortiori, on est autorisé à faire cela. Telle a été aussi mon opinion ; je ne me suis, jusque dans les derniers temps, jamais douté que cette solution pût être contestée ; j'avoue même que je me suis, il y a quelque dix ans, souvent donné ce modeste plaisir.
Plusieurs de mes honorables collègues me disaient qu'ils entendaient et qu'ils appliquaient ainsi l'arrêté sur la fermeture de la chasse.
Cependant, messieurs, quoique cette interprétation paraisse évidente, le tribunal de Turnhout et ensuite la cour d'appel de Bruxelles ont condamné, l'année dernière, deux individus pour avoir chassé avec un petit nombre de chiens et les avoir accompagnés à pied.
M. Coomans. Sans fusil ?
M. Pirmez. - Sans fusil. Or, si ces deux individus, au lieu de chasser avec deux chiens, avaient chassé avec vingt chiens, si, au lieu de suivre leurs chiens à pied ils les avaient suivis achevai, avec tout l'attirail d'une grande chasse, ils eussent été acquittés.
J'ai souvent entendu citer comme jugement étrange une prétendue décision d'un magistrat anglais qui avait acquitté un individu prévenu de bigamie, parce qu'au lieu d'avoir pris deux femmes il en avait pris trois.
Je crois que la décision dont je parle est à peu près du même genre.
Si les prévenus avaient pu établir qu'ils avaient une quinzaine de chiens et, en outre, des hommes et des chevaux en nombre considérable, ils eussent évité la condamnation.
Je suis très loin, messieurs, de blâmer nos tribunaux de leur décision. Ils se sont crus obligés par leur premier devoir, le respect de la loi, à juger comme ils l'ont fait.
Il y a des circulaires ministérielles qui interprètent dans ce sens l'arrêté de fermeture de la chasse.
Or, comme le dit le jugement confirmé par la cour, quand il s'agit d'interpréter une loi ou un arrêté, il faut, avant tout, consulter celui qui font cette loi ou ce règlement.
Quoi qu'il en soit, ce qui est arrivé prouve que si l'on conserve le texte actuel, l'on se trouve dans la possibilité de voir des condamnations réellement absurdes. Je dirai qu'elle ne sont pas seulement absurdes, mais qu'elles sont odieuses.
Il est certain que les deux individus qui ont été condamnés ont pu voir de grands propriétaires chasser avec une meute nombreuse, avec un grand attirail de chasse. Comment justifier leur condamnation pour un fait qui, à tous égards, était moins dommageable ?
Je signale le fait à M. le ministre de l'intérieur.
Si les décisions dont je parle ont rendu sa pensée, il doit modifier l'arrêté parce qu'il est mauvais.
Si, au contraire, elles n'ont pas rendu sa pensée, il faut encore le modifier, parce qu'il faut éviter que, par un texte équivoque, nous voyions se renouveler de pareilles condamnations.
M. le ministre de l'intérieur (M. A. Vandenpeereboom). - Messieurs, les arrêtés sur la chasse sont exactement les mêmes en 1864 qu'en 1846.
Toute la question est de savoir ce que l'on entend par la chasse à courre et à cor et à cri.
II y a là matière à interprétation. C'est une question toute spéciale. A première vue je suis très tenté de croire que l'on peut chasser à courre à pied. Je ne vois pas pourquoi il faudrait être à cheval. Je ne vois pas non plus pourquoi le cor joue une partie essentielle dans cette affaire.
Quoi qu'il en soit, messieurs, je pourrais difficilement me prononcer sur cette grave question.
On pourrait demander combien il faut de chiens pour qu'il y ait chasse à courre ? En faut-il 20 ? 19 ne suffiraient-ils pas ? et en descendant ainsi, on arriverait à poser à peu près ce problème, dont la solution donna lieu à beaucoup de controverses : Combien faut-il de moutons pour faire un troupeau ?
Je crois donc ne pas pouvoir me prononcer catégoriquement sur ce point. Mais je ferai remarquer que les tribunaux interprètent ces arrêtés. Je doute que des circulaires aient été lancées.
M. Orts. - Ces circulaires sont de 1847.
M. le ministre de l'intérieur (M. A. Vandenpeereboom). - Je ne les ai jamais vues. Mais en aucun cas elles, ne peuvent lier les tribunaux.
- La discussion générale est close.
« Art. 1er. Traitement du Ministre : fr. 21,000. »
- Adopté.
« Art. 2. Traitements des fonctionnaires, employés et gens de service et frais du comité de législation et d'administration générale : fr. 300,684. »
- Adopté.
« Art. 3. Fournitures de bureau, impressions, achats et réparations de meubles, éclairage et chauffage, menues dépenses et souscription au Bulletin administratif du ministère de l'intérieur : fr. 49,460.
« Charge extraordinaire : fr. 2,000. »
- Adopté.
« Art. 4. Frais de route et de séjour, courriers extraordinaires : fr. 4,500. »
- Adopté.
« Art. 5. Pensions. Premier terme des pensions à accorder éventuellement : fr. 6,000. »
- Adopté.
« Art. 6. Subvention à la caisse centrale de prévoyance des secrétaires communaux ; subvention complémentaire à la même caisse, à laquelle les employés des commissariats d'arrondissement seront affiliés : fr. 27,000. »
- Adopté.
« Art. 7. Secours à d'anciens employés belges aux Indes, ou à leurs veuves ; charge extraordinaire : fr. 4,094 66. »
- Adopté.
« Art. 8. Secours à d'anciens fonctionnaires et employés, à des veuves et enfants d'employés qui, sans avoir droit à la pension, ont néanmoins des titres à l'obtention d'un secours, à raison de leur position malheureuse : fr. 10,000. »
- Adopté.
(page 633) « Art. 9. Frais de bureau et jetons de présence de la commission centrale de statistique. Frais de bureau des commissions provinciales. Vérification des registres de la population : fr. 9,000. »
- Adopté.
« Art. 10. Frais de rédaction et de publication des travaux du bureau de statistique générale, de la commission centrale et des commissions provinciales : fr. 5,300. »
- Adopté.
« Art. 11. Traitement du gouverneur, des députés du conseil provincial et du greffier provincial : fr. 42,500. »
- Adopté.
« Art. 12. Traitement des employés et gens de service : fr. 58,500. »
- Adopté.
« Art. 13. Frais de route, matériel et dépenses imprévues : fr. 18,500. »
- Adopté.
« Art. 14. Traitement du gouverneur, des députés du conseil provincial et du greffier provincial : fr. 42,500. »
- Adopté.
« Art. 15. Traitement des employés et gens de service : fr. .73,500. »
- Adopté.
« Art. 16. Frais de route, matériel et dépenses imprévues : fr. 18,700. »
- Adopté.
« Art. 17. Traitement du gouverneur, des députés du conseil provincial et du greffier provincial : fr. 42,500. »
- Adopté.
« Art. 18. Traitement des employés et gens de service : fr. 64,000. »
- Adopté.
« Art. 19. Frais de route, matériel et dépenses imprévues : fr. 19,250. »
- Adopté.
« Art. 20. Traitement du gouverneur, des députés du conseil provincial et du greffier provincial : fr. 42,500. »
- Adopté.
« Art. 21. Traitement des employés et gens de service : fr. 70,000. »
- Adopté.
« Art. 22. Frais de route, matériel et dépenses imprévues : fr. 18,500. »
- Adopté.
« Art. 23. Traitement du gouverneur, des députés du conseil provincial et du greffier provincial : fr. 42,500. »
- Adopté.
« Art. 24. Traitement des employés et gens de service : fr. 73,500. »
- Adopté.
« Art. 25. Frais de route, matériel et dépenses imprévues : fr. 18,930. »
- Adopté.
« Art. 26. Traitement du gouverneur, des députés du conseil provincial et du greffier provincial : fr. 42,500. »
- Adopté.
« Art. 27. Traitement des employés et gens de service : fr. 60,000.
« Charge extraordinaire : fr. 1,500. »
- Adopté.
« Art. 28. Frais de route, matériel et dépenses imprévues : fr. 18,000.
« Charges extraordinaires : fr. 2,770. »
M. Van Humbeeck, rapporteur. - Messieurs, à l'article 28, le gouvernement a proposé à la section centrale un crédit de 2,750 francs formant la première moitié d'un crédit extraordinaire de 5,500 francs pour appropriation d'un local pour les archives provinciales à Liége.
Le chiffre de cette allocation supplémentaire se trouve compris dans les crédits tels qu'ils sont mentionnés au budget rectifié. Mais le libellé n'a pas été inscrit ; c'est le résultat d'une erreur. Je crois que cette augmentation de 2,750 francs doit faire l'objet d'un libellé spécial et que le libellé de l'article doit être rectifié comme suit :
« Frais de route, matériel et dépenses imprévues ; première moitié d'un crédit extraordinaire de 5,500 fr. pour appropriation d'un local pour les archives provinciales à Liége. »
- L'article ainsi rectifié est adopté.
« Art. 29. Traitement du gouverneur, des députés du conseil provincial et du greffier provincial : fr. 42,500. »
- Adopté.
« Art. 30. Traitement des employés et gens de service : fr. 48,000. »
- Adopté.
« Art. 31. Frais de route, matériel et dépenses imprévues : fr. 15,200.
« Charge extraordinaire : fr. 1,134 01. »
- Adopté.
« Art. 32. Traitement du gouverneur, des députés du conseil provincial et du greffier provincial : fr. 42,500. »
- Adopté.
« Art. 33. Traitement des employés et gens de service. 48,000. »
- Adopté.
« Art. 34. Frais de route, matériel et dépenses imprévues : fr. 15,200. »
- Adopté.
« Art. 35. Traitement du gouverneur, des députés du conseil provincial et du greffier provincial : fr. 42,500. »
- Adopté.
« Art. 36. Traitement des employés et gens de service : fr. 54,000. »
- Adopté.
« Art. 37. Frais de route, matériel et dépenses imprévues : fr. 14,700. »
- Adopté.
« Art. 38. Traitement des commissaires d'arrondissement : fr. 189,550. »
M. Pirmez. - Je désire appeler l'attention de M. le ministre de l'intérieur sur un sujet beaucoup plus important que celui dont je viens d'entretenir la Chambre, à savoir les règlements de police communale.
Il est des communes qui s'ingénient à créer des délits de toutes espèce.
M. Coomans. - C'est vrai.
M. Pirmez. - Il ne suffit pas que la liberté soit dans nos lois, que nous cherchions à éviter par tous les moyens de créer de nouveaux délits restrictifs de la liberté. Il faut encore que la liberté ne soit pas compromise par une quantité de dispositions vexatoires et arbitraires.
M. Guillery. - Les provinces font la même chose.
M. Pirmez. - Je crois que les règlements communaux sont infiniment plus nombreux et contiennent beaucoup plus de délits que les règlements provinciaux ; mais j'étends volontiers mes observations à ces derniers règlements.
Il me semble, messieurs, qu'en thèse générale les règlements communaux ne doivent créer des délits que pour des nécessité spéciales à telle ou telle localité ; ce qui est d'utilité générale, universelle, est du domaine de la loi.
(page 634) Nous avons dans le Code pénal un titre spécial sur les contraventions de police. Les communes ne doivent ajouter à cette loi qu'à raison des circonstances qui, leur étant particulières, ont dû échapper au législateur qui n'envisage que les faits généraux.
il me paraît important surtout de chercher à empêcher que ces règlements n'entravent la liberté commerciale. Les dispositions qui ont ce résultat sont très nombreuses dans les règlements de police. Si l'on consulte les règlements de certaines villes de la Belgique, on y trouve une quantité de délits spéciaux aux marchés, qui sont contraires à toute saine idée économique.
Il est défendu, par exemple, à certaines personnes d'acheter au marché avant certaine heure, il est défendu d'acheter aux paysans pendant qu'ils sont en route pour se rendre au marché, etc.
Toutes ces restrictions sont de la nature des lois protectionnistes ; elles sont dictées par des intentions excellentes ; elles ont pour but de procurer aux habitants de la ville la viande et les légumes a meilleur compte.
Malheureusement, comme toutes les restrictions à la liberté, elles conduisent à un résultat précisément opposé. Plus on entrave, plus on gêne les personnes qui se rendent au marché pour vendre les produits de leur travail, plus on les éloigne du marché, moins il y aura dans la ville d'objets à acheter et par conséquent aussi plus les vivres se payeront cher. Chaque entrave est une charge pour le vendeur que l'acheteur paye.
J'engage donc l'honorable ministre de l'intérieur à veiller à préserver la liberté des restrictions que je signale, à examiner avec soin les nouveaux règlements qui lui sont soumis, et, dans les limites de son action, à refuser son approbation à tous ceux qui contiennent des dispositions qui ne sont pas en harmonie avec les sains principes économiques et qui ne justifient pas les nécessités de la police.
MiVSPBµ. - Il peut y avoir beaucoup de vrai dans l'observation de l'honorable M. Pirmez ; dans certaines communes, il règne encore des idées très étroites, surtout en ce qui concerne la tenue et la police des marchés. On adopte souvent des dispositions mauvaises, et je dirai même inconstitutionnelles. Mais je ferai observer que le gouvernement n'approuve pas les règlements de police des communes. Les communes font ces règlements, les envoient au gouvernement provincial, et tout est dit.
Si le gouverneur croit que le règlement est contraire aux lois et à la Constitution, il le fait annuler dans le délai fixé. Si les règlements ne donnent lieu à aucune observation, il en est fait mention au Mémorial. Certains règlements spéciaux, ceux qui concernent des taxes, sont seuls soumis à l'approbation du Roi.
J'espère, messieurs, que cette discussion aura un retentissement utile dans le pays. L'attention des conseils communaux et des députations permanentes sera appelée sur la question.
Lorsqu'on a été un peu bourgmestre, on sait parfaitement combien il faut lutter contre les influences locales pour ne pas créer constamment des privilèges, je ne dirai pas en faveur des électeurs, mais en faveur de ses administrés.
- L'article 38 est mis aux voix et adopté.
« Art. 39. Emoluments pour frais de bureau : fr. 134,750. »
- Adopté.
« Art. 40. Frais de route et de tournées : fr. 26,000. »
- Adopté.
« Art. 41. Frais d'exploits relatifs aux appels interjetés d'office, en vertu de l'article 7 de la loi du 1er avril 1843 : fr. 500. »
- Adopté.
« Art. 42. indemnités des membres des conseils de milice (qu'ils résident ou non au lieu où siège le conseil) et des secrétaires de ces conseils. Frais d'impression et de voyage pour la levée de la milice. Vacations des officiers de santé en matière de milice : fr. 63,000. »
- Adopté.
« Art. 43. Frais d'impression des listes alphabétiques et des registres d'inscription ; frais de recours en cassation en matière de milice (loi du 18 juin 1849) : fr. 2,100. »
- Adopté.
« Art. 44. Inspections générales, frais de tournées, d'impression et de fournitures de bureau, et commandants supérieurs : fr. 6,885. »
- Adopté.
« Art. 45. Achat, entretien et réparation des armes et objets d'équipement, magasin central. Frais d'impression des états de signalement et des brevets d'officiers et acquisition de théories, épinglettes, etc. : fr. 10,000.
« Une somme de 4,185 francs pourra être transférée de l'article 44 à l'article 45. »
- Adopté.
« Art. 46. Personnel du magasin central : fr. 3,520. »
- Adopté.
« Art. 47. Frais de célébration des fêtes nationales : fr. 40,000. »
- Adopté.
« Art. 48. Tir national : prix en argent, en armes, en objets d'orfèvrerie, etc. Tirs communaux : subsides pour la construction de cibles et l'encouragement des tirs en province. Personnel du tir et dépenses diverses : fr. 64,000. »
- Adopté.
« Art. 49. Médailles ou récompenses pécuniaires pour actes de dévouement, de courage et d'humanité ; impression et calligraphie des diplômes, frais de distribution, etc. : fr. 12,000. »
- Adopté.
« Art. 50. Pensions de 250 francs en faveur des légionnaires, des décorés de la croix de Fer peu favorisés de la fortune ; pensions de 250 francs aux blessés de septembre dont les droits auront été reconnus avant le 1er janvier 1864 ; subsides à leurs veuves ou orphelins ; charge extraordinaire : fr. 200,000.
« La somme qui, par suite des décès survenant parmi les pensionnés, deviendra, pour chaque exercice, sans emploi, sur le crédit de 200,000 francs, sera affectée :
« 1° A desservir de nouvelles pensions ;
« 2° A porter à 125 francs les pensions des veuves ;
« 3° A augmenter les pensions des décorés de la croix de Fer et des blessés de septembre non décorés, jusqu'à ce qu'elles atteignent le chiffre maximum de 1,200 fr. ;
« 4° A augmenter les pensions des veuves de décorés de la croix de Fer et de blessés de septembre, proportionnellement à l'augmentation qui sera accordée aux décorés et blessés, jusqu'au chiffre maximum de 400 francs. »
- Adopté.
« Art. 51. Subside au fonds spécial des blessés de septembre et à leurs familles ; charge extraordinaire : fr. 22,000. »
- Adopté.
« Art. 52. Indemnité pour bestiaux abattus : fr. 240,000. »
- Adopté.
« Art. 53. Service vétérinaire ; bourses : fr. 60,000. »
- Adopté.
« Art. 54. Traitements et indemnités du personnel du haras : fr. 43,000. »
(page 635) M. Coomans. - Messieurs, je me suis opposé longtemps a la formation d'un haras et j'en ai demandé la suppression. J'ai été assez heureux pour obtenir, il y a déjà quelques années, l'approbation de l'honorable ministre de l'intérieur, je suis aise de savoir quel résultat ont pu avoir dans son esprit les études auxquelles il a dû nécessairement se livrer depuis lors sur l'utilité d'un haras officiel.
Si je ne craignais pas de contrarier les dispositions de la Chambre, je lui soumettrais une foule de considérations à l'appui de ma vieille thèse de la suppression du haras. (Interruption.) Que M. le ministre des affaires étrangères et d'autres membres se rassurent, je n'en ferai rien. Je me borne à déclarer que je maintiens entièrement mon opinion en cette matière ; mais je prierai M. le ministre de l'intérieur de me dire si son intention est ou n'est pas de supprimer bientôt les étalons gouvernementaux, dans le double intérêt des contribuables et de la race chevaline. En cas de négative, j'en ferai la proposition formelle au prochain budget ; je serais même prêt à le faire aujourd'hui, si je rencontrais un peu d'adhésion.
- Plusieurs membres. - Nous voterons avec vous. Supprimons le haras dès à présent.
M. Coomans. - Je prends acte de votre assentiment pour en profiter en 1865.
M. le ministre de l'intérieur (M. A. Vandenpeereboom). - Messieurs, comme vient de le rappeler l'honorable M. Coomans, je me suis en diverses circonstances montré peu favorable au maintien du haras tel qu'il existe aujourd'hui, et, en arrivant au pouvoir, je n'ai pas abdiqué mes opinions anciennes. Beaucoup de personnages qui se sont occupés de l'élève du cheval trouvent aujourd'hui qu'un haras dirigé par le gouvernement, et surtout aussi incomplet que l'est le haras en Belgique, ne produit pas les avantages qu'il devrait produire et n'est pas en rapport avec les dépenses qu'il occasionne.
Depuis que je suis aux affaires, j'ai toujours cherché à simplifier autant que possible tous les rouages et à diminuer, autant que faire se pouvait, l'intervention du gouvernement.
J'ai donc tout naturellement fait examiner cette question ; et je suis porté à croire que le haras pourra être supprimé, c’est mon opinion personnelle ; mais je ne puis prendre une décision, avant d’avoir entendu les hommes spéciaux ; il s’agit, en effet, si on supprime le haras, de mettre quelque chose à la place. C’est une question à examiner. Une enquête a été ouverte. J’ai consulté les gouverneurs ; une partie des réponses m’est déjà parvenue ; il est probable que lors du vote du budget pour 1865, le gouvernement sera en mesure de proposer les mesures que la Chambre aura à apprécier.
M. Coomans. - Je me déclare parfaitement satisfait. En toutes choses, surtout en matière gouvernementale, la suppression c'est le progrès.
- Personne ne demandant plus la parole, le chiffre est adopté.
« Art. 55. Traitements et indemnités de disponibilité ; charge extraordinaire : fr. 1,600. »
- Adopté.
« Art. 56. Matériel du haras, frais de voyage du personnel et achat d'étalons : fr. 102,000. »
- Adopté.
« Art. 57. Amélioration de la race chevaline indigène ; exécution des règlements provinciaux sur la matière ; exécution des règlements provinciaux pour l'amélioration de la race bovine ; amélioration des espèces bovine, ovine et porcine ; traitements et indemnités des secrétaires du conseil supérieur et des commissions provinciales d'agriculture : fr. 93,500. »
- Adopté.
« Art. 58. Conseil supérieur et commissions provinciales d'agriculture ; subsides pour concours et expositions ; encouragements aux sociétés et aux comices agricoles ; achats d'instruments aratoires nouveaux, destinés à servir de modèles ou à être distribués aux commissions d'agriculture, aux comices et sociétés agricoles ; achat de graines nouvelles à répartir par l'intermédiaire des commissions d'agriculture ; dépenses diverses : fr. 123,700.
« Charge extraordinaire : fr. 21,000. »
- Adopté.
« Art. 59. Enseignement professionnel de l'agriculture et de l'horticulture ; personnel de l'Institut agricole et des écoles d'horticulture de l'Etat ; matériel de ces établissements ; traitements de disponibilité, frais de conférences d'agriculture, d'horticulture et de drainage : fr. 118,000.
« Charge extraordinaire : fr. 3,000. »
- Adopté.
« Art. 60. Service des défrichements en Campine ; charge extraordinaire : fr. 23 70. »
- Adopté.
« Art. 61. Mesures relatives aux défrichements, dépenses et indemnités nécessitées par le contrôle établi pour assurer l'exécution de la loi du 25 mars 1847 ; charge extraordinaire : fr. 60,000. »
- Adopté.
« Art. 62. Personnel de l'école de médecine vétérinaire de l'Etat : fr. 67,000. »
- Adopté.
« Art. 63. Matériel de l'école de médecine vétérinaire de l'Etat ; bourses ; travaux d'entretien, de réparation, de construction ; jury vétérinaire : fr. 68,200. »
- Adopté.
« Art. 64. Subside à la Société d'horticulture de Bruxelles : fr. 24,000. »
- Adopté.
« Art. 65. Encouragements pour l'amélioration de la voirie vicinale ; indemnités aux commissaires voyers, et encouragements pour les améliorations qui intéressent l'hygiène publique : fr. 1,150,000. »
M. Van Humbeeck, rapporteur. - Messieurs, à ce chapitre se rattachent deux pétitions qui ont été renvoyées à la section centrale ; l’une émane de la députation permanente du conseil provincial de la Flandre orientale, qui prie la Chambre d'augmenter le crédit demandé au budget, pour l'amélioration de la voirie vicinale ; l'autre, de la députation permanente du conseil provincial du Luxembourg, qui prie la Chambre de voter, dans la plus large mesure, des crédits en faveur de la voirie vicinale et des travaux d'assainissement.
Depuis que le rapport de la section centrale a été déposé et par conséquent lorsque cette section centrale s'est trouvée dessaisie, une autre pétition est arrivée à la Chambre ; c'est une pétition de conseillers provinciaux du Brabant qui prient la Chambre de voter au budget un crédit qui permette au gouvernement d'accorder pour la voirie vicinale des subsides proportionnés à ceux de la province.
Dans sa dernière séance, le conseil provincial du Brabant, prenant en considération que sur une partie des chemins vicinaux, les travaux restaient imparfaits, faute de ressources, qu'ailleurs les travaux présentaient des solutions de continuité, excessivement regrettables, le conseil provincial du Brabant avait voté une allocation extraordinaire de cent mille francs ; cette allocation de cent mille francs devait, si j'ai bien compris, être complétée par le concours ordinaire des communes, dans la proportion régulière et par le concours du gouvernement et permettre d'achever des chemins vicinaux pour une somme de 500,000 francs.
Les communes ont suivi l'impulsion qui leur avait été donnée par la province ; mais le concours du gouvernement a fait défaut jusqu'ici. La question n'a pas été soumise à la section centrale qui, par conséquent, n'a pas eu à se prononcer.
La Chambre a ordonné que les pétitions du conseil provincial de la Flandre orientale et de la députation du Luxembourg seraient déposées sua le bureau de la Chambre pendant la discussion du budget.
Je crois que cette décision doit maintenant être complétée, que la question doit être soumise à l'examen de l'honorable chef du département de l'intérieur.
Je prie donc la Chambre d'ordonner le renvoi de ces deux pétitions à M. le ministre de l'intérieur.
- Cette proposition est adoptée.
M. Coomans. - M. le ministre de l'intérieur, en finissant les bonnes observations qu'il a bien voulu nous présenter tout à l'heure, émettait l'opinion qu'il fallait trouver, en faveur de l'agriculture, un autre emploi des 200,000 fr. environ que nous coûte le haras. Il me semble, messieurs, que l'occasion se présente merveilleusement de donner suite à ces bonnes intentions. Je voudrais que les sacrifices énormes que nous coûte très inutilement le haras, fussent reportés au chapitre de la voirie vicinale.
(page 636) MfFOµ. - Pour arrêter les progression des dépenses.
M. Coomans. - Oui, des dépenses inutiles ou nuisibles. Ainsi que l'a fait remarquer 1 honorable M. Van Humbeeck, en augmentant de 200,000 francs le crédit de la voirie vicinale, nous augmenterions en réalité de 600,000 francs l'excellent budget de la voirie vicinale, puisqu'il est de règle que les provinces et les communes contribuent pour un tiers dans les dépenses de cette nature.
Je prendrai la liberté d'insister fortement près de M. le ministre de l'intérieur pour qu'il adhère aux conclusions que je présente.
Après les paroles de M. le ministre de l'intérieur, je crois que nous ne tarderons guère à procéder aux funérailles du haras. Pour ma part, je serai à ces funérailles-là ; je crois que le pays, les contribuables, les paysans, et les employés même du haras riront autant que M. le ministre et moi et qu'il n'y aura que les bêtes qui auront à se plaindre.
M. le ministre de l'intérieur (M. A. Vandenpeereboom). - Lorsque des propositions seront faites, en ce qui concerne le haras, la Chambre avisera et décidera ce qu'il conviendra de faire des fonds que la suppression du haras laisserai disponibles.
Puisque j'ai la parole, je désire signaler à la Chambre un point sur lequel le gouvernement et la section centrale n'ont pas pu se mettre d'accord. Il s'agit de l'article 66.
Le service du drainage a été supprimé. Ce service avait produit d'excellents résultats ; il a introduit une pratique agricole fort utile, mais j'ai pensé que, l'éducation étant faite, les particuliers pouvaient être abandonnés à eux-mêmes pour le drainage de leurs terres. Par suite de cette suppression, il est resté disponible une somme assez importante. J'avais demandé de conserver une partie de ce crédit, c'est-à-dire 7,650 francs pour renforcer le service d'inspection des chemins vicinaux.
Dans presque toutes les provinces et surtout dans celles où l'on améliore la voirie au moyen d'empierrements, on demande que l'administration centrale exerce une surveillance active sur l'exécution des plans, il arrive très souvent, lorsque le gouvernement a approuvé des plans, que ces plans sont mal exécutés et que, peu de temps après, de grands frais doivent être faits pour réparer les détériorations que les chemins ont subies.
J'avais donc proposé de porter au budget une somme de 7,650 francs, qui aurait porté le crédit de fr. 15,550 à fr. 23,200, pour pouvoir maintenir deux des agents du service de drainage, qui étaient très capables et qui auraient parfaitement convenu pour ce service d'inspection.
La section centrale n'a pas approuvé cette demande. Je la reproduis cependant, persuadé que la Chambre ferait chose utile en l'accueillant. Dans le cas contraire, les deux agents dont je viens de parler seraient mis en disponibilité et toucheraient un traitement pour ne rien faire .
MpVµ. - Il convient de voter d'abord sur l'article 65.
- Cet article est mis aux voix et adopté.
« Art. 66. Inspection des chemins vicinaux, des cours d'eau et de l'agriculture : fr. 15,550. »
M. Le Hardy de Beaulieuµ. - Je suis un de ceux qui se sont opposés à la proposition de M. le ministre de l'intérieur, et voici les raisons sur lesquelles je me suis basé.
Nous avons discuté assez longuement cette question l'année dernière en session du conseil provincial du Brabant, à propos du système d'inspection des chemins vicinaux.
Les chemins vicinaux dans la province de Brabant mesurent une longueur totale de 21,000 ou 22,000 kilomètres, et nous en sommes venus à nous convaincre que l'inspection établie dans le Brabant sur une échelle beaucoup plus large qu'elle ne pourrait l'être avec la faible somme que réclame M. le ministre de l'intérieur, serait tout à fait incomplète.
Il serait impossible en effet que tous les chemins vicinaux du pays fussent visités plus d'une fois par an, et il y en aurait même qui resteraient au moins deux années sans être inspectés.
Nous nous sommes donc demandé si ce ne serait pas créer un service tout à fait inutile et qui ne remplirait ses fonctions que d'une manière illusoire, que de confier à 2 ou 3, voire même à 4 agents l'inspection des chemins vicinaux de tout le pays.
Nous avons pensé, messieurs, qu'il en serait réellement ainsi et je crois, pour ma part, qu'il serait infiniment préférable de renforcer le service des ponts et chaussées de manière à pouvoir lui rendire l'inspection des travaux de voirie exécutés à l'aide des subsides du gouvernement.
M. le ministre de l'intérieur (M. A. Vandenpeereboom). - J'ai été mal compris ; il ne s'agit pas de faire inspecter tous les chemins vicinaux, mais de faire vérifier l'exécution des plans approuvés par le gouvernement.
Du reste, si la Chambre n'est j ai disposée à accepter ma proposition, je n'insisterai pas ; mais si à l'avenir les autorités provinciales se plaignent de l'inexécution des conditions imposées par le gouvernement et si le gouvernement se trouve dans l'impossibilité de faire surveiller convenablement les chemins vicinaux, il aura du moins fait tout ce qui était en son pouvoir pour éviter cette situation.
M. Van Humbeeck, rapporteur. - Je ne puis pas accepter l'observation par laquelle M. le ministre vient de terminer. Parce que la section centrale a refusé le crédit, si les autorités locales font des critiques, ce ne sera pas à lui qu'en reviendra la responsabilité.
Voici la pensée de la section centrale : vous créez une fonction qui ne rendra pas les services que vous en attendez pour assurer l'exécution des plans ; elle dit. il faut faire plus ou rien ; votre crédit ne servira à rien, deux fonctionnaires chargés dans tout le royaume de surveiller la manière dont s'exécutent les plans de la voirie vicinale, sont insuffisants ; ils seront obligés de se transporter d'une extrémité à l'autre du pays pour surveiller des travaux qui sont éparpillés sur toute la surface du pays.
La section centrale ne veut pas donner les cinq mille francs parce que l'emploi qu'on en veut faire ne peut donner aucun résultat utile ; mais elle est prête à donner plus de cinq mille francs pour appliquer un. système pouvant donner le résultat que les autorités locales espèrent et qui fait l'objet des réclamations adressées au département de l'intérieur.
En refusant le crédit de 5 mille fr., nous n'entendons pas assumer la responsabilité de critiques qui pourraient se faire jour à l'avenir.
M. Mullerµ. - Le département des travaux publics et celui de l'intérieur ont un personnel suffisant pour pourvoir au service dont il s'agit. L'ingénieur en chef de la province peut être chargé de s'assurer si dans la construction d'un chemin vicinal on suit le tracé qui a été approuvé ; on peut recourir aux ingénieurs du gouvernement ; cette surveillance sera plus efficace que celle des deux fonctionnaires qui devront parcourir tout le pays.
Déjà cela se fait officieusement. Ainsi, dans la province de Liège, quand j'étais membre de la députation, plusieurs fois nous avons demandé à l'ingénieur en chef de concourir à la réception de travaux et de surveiller l'exécution des plans ; nous avons toujours trouvé dans l'ingénieur eu chef un concours empressé qui a toujours été utile. Par ce moyen nous obtiendrons le but proposé et nous aurons la dépense en moins.
M. le ministre de l'intérieur (M. A. Vandenpeereboom). - Je n'insiste pas, puisqu'on croit que la dépense n'est pas efficace ; j'étais et je suis encore d'un autre avis, mais puisque des deux côtés de la Chambre on pense différemment, je le répète, je n'insiste pas.
- L'amendement est retiré.
Le chiffre primitif est mis aux voix et adopté.
« Art. 67. Frais du conseil supérieur de l'industrie et du commerce ; traitement de l'inspecteur pour les affaires d'industrie et du secrétaire du conseil : fr. 12,500. »
- Adopté.
« Art. 68. Enseignement professionnel : Ecoles industrielles, ateliers d'apprentissage : fr. 184,000. »
- Adopté.
« Art. 69. Achat de modèles et de métiers perfectionnés ; voyages et missions ; publications utiles et souscriptions ; prix ou récompenses pour des ouvrages ou mémoires sur des questions de technologie, de droit ou d'économie industrielle ; subsides en faveur d'industries nouvelles ; frais relatifs aux caisses de prévoyance et aux sociétés de secours mutuels, et frais de bureau de la commission permanente établie pour l'examen des affaires qui se rattachent à ces associations ; décorations d'ouvriers, etc. ; encouragement à la société de pisciculture de Belgique ; indemnité du secrétaire de la commission permanence pour les sociétés de secours mutuels : fr. 15 450.
« Charge extraordinaire : fr. 6,000. »
- Adopté.
« Art. 70. Indemnités des greffiers des conseils de prud'hommes : fr. 15,000. »
- Adopté.
(page 637) « Art. 71, Frais de publication du Recueil officiel des brevets d'intention ; traitement du rédacteur du recueil : fr. 7,000. »
- Adopté.
« Art. 72. Musée de l’industrie. Traitement du personnel : fr. 21,650. »
- Adopté.
« Art. 73. Musée de l’industrie. Matériel et frais divers : fr. 17,450. »
- Adopté.
« Art. 74. Traitement des vérificateurs : fr. 59,450. »
- Adopté.
« Art. 75. Frais de bureau et de tournées : fr. 18,000. »
- Adopté.
« Art. 76. Matériel : fr. 2,000. »
- Adopté.
« Art. 77. Dépenses du conseil de perfectionnement de l'enseignement supérieur : fr. 4,000. »
- Adopté.
« Art. 78. Traitement des fonctionnaires et employés des deux universités de l'Etat : fr. 736,790. »
- Adopté.
« Art. 79. Bourses. Matériel des universités : fr. 142,710.
« Charge extraordinaire : fr. 7,821 35. »
- Adopté.
« Art. 80. Frais de route et de séjour, indemnités de séance des membres des jurys d'examen pour les grades académiques, pour le titre de gradué en lettres et pour le grade de professeur agrégé de l'enseignement moyen de l'un et de l'autre degré, et pour le diplôme de capacité relatif à l'enseignement de la langue flamande, de la langue allemande et de la langue anglaise, et pour le diplôme de capacité à délivrer aux élèves de la première commerciale et industrielle des athénées ; salaire des huissiers, des jurys et matériel : fr. 175,225. »
- Adopté.
« Art. 81. Dépenses du concours universitaire. Frais de publication et d'impression des Annales des universités de Belgique : fr. 10,000. »
- Adopté.
« Art. 82. Subside pour encourager la publication des travaux des membres du corps professoral universitaire et pour subvenir aux frais des missions ayant principalement pour objet l'intérêt de cet enseignement : fr. 12,000. »
- Adopté.
« Art. 83. Dépensés du conseil de perfectionnement de l'enseignement moyen : fr. 5,000. »
- Adopté.
« Art. 84. Inspection des établissements d'instruction moyenne (personnel) : fr. 19,000. »
- Adopté.
« Art. 85. Frais de tournées et autres dépenses de l'inspection des établissements d'instruction moyenne : fr. 9,000. »
- Adopté.
« Art. 86. Frais et bourses de l'enseignement normal pédagogique, destiné à former des professeurs pour les établissements d'instruction moyenne du degré supérieur et du degré inférieur ; subsides pour aider les élèves les plus distingués de l'enseignement normal du degré supérieur qui ont terminé leurs études, à fréquenter des établissements pédagogiques étrangers ; acquisition en six annuités du local de l'école normale des humanités à Liège, première annuité : fr. 86,928.
« Charge extraordinaire: fr. 19,387 80. »
- Adopté.
« Art. 87. Crédits ordinaires et supplémentaires des athénées royaux ; augmentation de traitement aux professeurs de flamand, d'allemand et d'anglais, dans les athénées royaux, par application des arrêtés royaux du 27 et du 28 janvier 1863 : fr. 442,478. »
- Adopté.
« Art. 88. Part afférente au personnel des athénées royaux dans le crédit voté par la loi du 8 avril 1857, en faveur des employés de l'Etat dont le traitement est inférieur à 1,600 francs : fr. 2,000. »
- Adopté.
« Art. 89. Crédits ordinaires et supplémentaires des écoles moyennes : fr. 330,200. »
- Adopté.
« Art. 90. Part afférente au personnel des écoles moyennes dans le crédit voté par la loi du 8 avril 1857, en faveur des employés de l'Etat dont le traitement est inférieur à 1,600 francs : fr. 50,000. »
- Adopté.
« Art. 91. Bourses à des élèves des écoles moyennes : fr. 15,000. »
- Adopté.
« Art. 92. Subsides à des établissements communaux ou provinciaux d'instruction moyenne : fr. 156,500. »
- Adopté.
« Art. 93. Frais du concours général entre les établissements d'instruction moyenne : fr. 22,000. »
- Adopté.
« Art. 94. Indemnités aux professeurs de l'enseignement moyen du premier et du deuxième degré qui sont sans emploi ; charge extraordinaire : fr. 11,158. »
- Adopté.
« Art. 95. Traitements de disponibilité : fr. 10,000. »
- Adopté.
« Art. 96. Encouragements pour la publication d'ouvrages classiques ; subsides, souscriptions, achats, etc. : fr. 8,000. »
- Adopté.
« Art. 97. Frais de rédaction du quatrième rapport triennal sur l'état de l'enseignement moyen ; fourniture d'exemplaires de ce rapport pour le service de l'administration centrale. (Article 40 de la loi du 1er juin 1850 sur l'enseignement moyen) ; charge extraordinaire : fr. 10,000. »
- Adopté.
« Art. 98. Inspection civile de l'enseignement primaire et des établissements, qui s'y rattachent. Personnel : fr. 48,200. »
- Adopté.
« Art. 99. Écoles normales primaires de l'Etat, à Lierre et à Nivelles. Personnel : fr. 62,400.
« Charge extraordinaire : fr. 1,100. »
- Adopté.
« Art. 100. Traitements de disponibilité pour des professeurs des écoles normales de l'Etat ; charge extraordinaire : fr. 5,170. »
- Adopté.
« Art. 101. Dépenses variables de l’inspection, y compris une indemnité spéciale aux inspecteurs cantonaux civils du chef des conférences et des concours ainsi que des tournées extraordinaires et frais d'administration. Commission centrale. Enseignement normal des instituteurs et des institutrices ; dépenses diverses. Service annuel ordinaire de l'instruction primaire communale ; subsides aux communes ; constructions, réparations et ameublement de maisons d'école ; encouragements (subsides et achats de livres pour les bibliothèques des conférences d'instituteurs) ; récompenses en argent ou en livres aux instituteurs primaires qui font preuve d'un zèle extraordinaire et d'une grande aptitude dans l'exercice de leurs fonctions ; subsides aux caisses provinciales de prévoyance ; encouragements aux recueils périodiques concernant l'instruction primaire ; subsides pour la publication d'ouvrages destinés à. répandre l'instruction primaire ; secours à (page 638) d'ancien» instituteurs (article 54 du règlement du 10 décembre 1852) ; frais des conférences horticoles des instituteurs primaires ; subsides à des établissements spéciaux ; salles d'asile et écoles d'adultes, etc. ; subsides aux communes pour les aider à subvenir aux dépenses de l'enseignement primaire dans les ateliers d'apprentissage (arrêté royal du 10 février 1861) ; frais de rédaction du septième rapport triennal sur l'état de l'enseignement primaire, et fourniture d'exemplaires de ce même rapport pour le service de [l'administration centrale. Achat de livres d'images, etc., à distribuer par les inspecteurs aux élèves les plus méritants des écoles primaires : fr. 2,718,615 44.
« Charge extraordinaire : fr. 10,000. »
- Adopté.
« Art. 102. Subsides et encouragements ; souscriptions, voyages et missions littéraires, scientifiques ou archéologiques ; fouilles et travaux dans l'intérêt de l'archéologie nationale ; sociétés littéraires et scientifiques ; dépenses diverses ; secours à des littérateurs ou savants qui sont dans le besoin ou aux familles de littérateurs ou savants décédés ; subsides aux veuves et aux orphelins délaissés par les littérateurs Van Ryswyck, Vankerckhove, Gaucet, Denis Sotiau et H. Van Peene ; subsides à des élèves de l'enseignement supérieur libre ; prix quinquennaux fondés par les arrêtés royaux du 1er décembre 1845, du 6 juillet 1851 et du 25 novembre 1859 ; encouragements à la littérature et à l'art dramatique (littéraire et musical ) ; publication des Chroniques belges inédites ; table chronologique des chartes, diplômes, lettres patentes et autres actes imprimés, concernant l'histoire de la Belgique ; bureau de paléographie, publication de documents rapportés d'Espagne ; exécution d'une description géographique et historique du royaume de Belgique ; continuation de la publication des actes des états généraux de 1632 : fr. 105,600.
« Charge extraordinaire : fr. 17,900. »
- Adopté.
« Art. 105. Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique ; subsides extraordinaires à l'Académie royale de Belgique, afin de la mettre à même d'augmenter le chiffre des prix pour les principales questions portées aux programmes de ses concours ; publication des anciens monuments de la littérature flamande et d'une collection des grands écrivains du pays ; publication d'une biographie nationale ; publication d'un texte explicatif de la carte géologique de la Belgique : fr. 43,963.
« Charge extraordinaire : fr. 16,200. »
- Adopté.
« Art. 104. Observatoire royal ; personnel : fr. 18,540. »
- Adopté.
« Art. 105. Observatoire royal ; matériel et acquisitions : fr. 7,500. »
- Adopté.
« Art. 106. Bibliothèque royale ; personnel. Frais de la fusion des trois fonds et rédaction du catalogue général : fr. 41,450. »
- Adopté.
« Art. 107. Bibliothèque royale ; matériel et acquisitions : fr. 33,320. »
- Adopté.
« Art. 108. Musée royal d'histoire naturelle ; personnel : fr. 11,255. »
- Adopté.
« Art. 109. Musée royal d’histoire naturelle ; matériel et acquisitions : fr. 7,000. »
- Adopté.
« Art. 110. Subside à l'association des Bollandistes pour la publication des Acta Sanctorum ; charge extraordinaire : fr. 6,000. »
M. Hymans. - Messieurs, je n'ai pas l'intention de rouvrir, à propos de cet article, le débat que j'ai soulevé il y a quatre ans. Ce n'est pas que j'aie changé d'avis. Je ne suis pas plus pénétré qu'à cette époque de l'utilité de la publication des Acta Sanctorum. Je trouve même qu'il n'est pas logique, lorsqu'on dénonce chaque jour dans cette enceinte la corporation des jésuites comme une institution funeste et fatale au pays, de leur donner des subsides pour célébrer la gloire de leur ordre.
Je trouve en outre que les subsides littéraires sont créés exclusivement pour venir en aide aux littérateurs qui se trouvent dans le besoin et à qui les secours du budget sont nécessaires pour se livrer aux recherches qu'exigent de grands travaux.
Les bollandistes ne se trouvent pas dans ce cas. Les jésuites sont assez riches pour payer leur gloire, et la preuve, c'est que les révérends pères, depuis quatre ans, ont fait construire une magnifique église à Schaerbeek.
M. Tack. - Pas les bollandistes.
M. Hymans. - L'église est contiguë à la maison qu'ils habitent près du Jardin botanique. Je ne dis pas qu'elle est construite avec le subside que l'Etat donne pour les Acta Sanctorum : je me borne à constater que les jésuites sont assez riches pour payer leur gloire.
Quoi qu'il en soit, puisque nous donnons des subsides aux bollandistes, le moins que nous puissions exiger, c'est que l'Etat reçoive la publication qu'il paye de ses deniers.
Or, j'ai lu dans les journaux que l'imprimeur des Acta Sanctorum a fourni au gouvernement, qui les a déposés dans les bibliothèques publiques, plusieurs fois le même volume de la vie des saints avec un titre différent. Ce fait prouve que ni les jésuites, ni le gouvernement qui achète leurs livres, ni les savants nombreux qui les consultent ne s'étaient aperçus depuis plusieurs années qu'on fournissait au public sous une couverture différente des reproductions du même ouvrage.
Il me semble qu'il n'y a rien qui justifie mieux la proposition de suppression que j'ai faite il y a quatre ans.
Je ne la reproduirai pas aujourd'hui, il faudrait pour cela un très long débat et je sais qu'il y a, dans les rangs de la gauche, plusieurs honorables membres qui croient qu'il est indispensable de continuer à allouer ce subside à cause de l'importance de l'ouvrage. Il faudrait donc se livrer à des discussions qui sont plutôt du domaine d'une Académie que d'un parlement.
Nous réserverons cette question pour des temps meilleurs ; mais je me crois autorisé à demander au gouvernement s'il a fait faire une enquête sur le fait que je signale, s'il peut nous dire quel est le véritable auteur de la supercherie, et enfin s'il compte exiger la restitution de ce qu'il a payé pour les volumes qu'on ne lui a pas fournis ou bien la production de ces volumes.
J'espère que M. le ministre de l'intérieur voudra bien me donner quelques mots d'explications sur ce point.
M. le ministre de l'intérieur (M. A. Vandenpeereboom). - Messieurs, nous n'examinerons pas l'utilité, le mérite des Acta Sanctorum. Je crois que le moment, comme l'a très bien dit l'honorable M. Hymans, serait inopportun pour discuter ce point, mais je réponds à la question finale qu'il m'a posée.
On a trouvé, en effet, à la Bibliothèque royale à Bruxelles que plusieurs volumes des Acta Sanctorum étaient les mêmes, bien qu'ils portassent des titres différents.
Ce fait m'a été signalé et j'ai immédiatement ordonné une enquête.
Le même fait s'était reproduit dans d'autres bibliothèques publiques, dans deux ou trois bibliothèques d'universités.
M. Orts. - A Anvers aussi.
M. le ministre de l'intérieur (M. A. Vandenpeereboom). - Le fait étant constaté, j'ai nécessairement demandé des explications à l'éditeur qui avait fourni ces volumes.
L'éditeur m'a dit qu'il avait été fort étonné d'apprendre par les journaux que pareille chose s'était passée. Il m'a fait connaître qu'un de ses brocheurs ou relieurs ayant été malade, il avait confié certains travaux à un ouvrier qui n'est pas habitué à les faire et que c'était par erreur que de faux titres avaient été constamment appliqués sur le même volume.
II m'a dit aussi que c'était lui qui y perdrait le plus, parce qu'il aurait des collections dépareillées et qu'il s'empresserait de remettre les choses en bon état, c'est-à-dire de donner au gouvernement les ouvrages qui manquaient et de reprendre ceux que le gouvernement avait en double avec un faux titre.
J'avais fait examiner s'il y avait intention mauvaise. Je n'en ai pas trouvé. Je crois que c'est le résultat d'une erreur et, en tout cas, une (page 639) erreur qui ne peut avoir été commise que par le libraire qui a fourni les volumes.
M. Hymans. - Depuis combien de temps ce fait a-t-il eu lieu ?
M. le ministre de l'intérieur (M. A. Vandenpeereboom). - Depuis deux ou trois ans, je pense.
Il y a des bibliothèques qui ont ces collections en double, et il n'y a probablement qu'un des volumes qui soit mis en lecture. Je pense cependant que cet ouvrage n'est pas lu tous les jours.
Je crois donc qu'il n'y eu qu'erreur et que cette erreur sera complètement réparée.
M. Tack. - Puisque le mérite de la publication des Acta Sanctorum n'est pas mis en cause et que le subside n'est pas contesté, je n'ai pas à m'en occuper. Je parlerai seulement du fait spécial dont vient de vous entretenir l'honorable M. Hymans et sur lequel il a demandé des explications à M. le ministre de l'intérieur.
Je suis à même d'établir de la façon la plus péremptoire que ce fait est complètement étranger aux bollandistes et ne saurait leur être imputé à aucun égard.
M. le ministre de l'intérieur (M. A. Vandenpeereboom). - M. le ministre de l'intérieur vient de dire que c'était le fait de l'éditeur.
M. Tack. - Soit. Je veux établir qu'il est impossible que ce fait puisse concerner les bollandistes. Voici la chose toute simple :
Les quatre derniers volumes de la collection publiée par les anciens bollandistes avaient, à ce qu'il paraît, été en partie détruits et manquaient à plusieurs bibliothèques. Un éditeur de Bruxelles a eu l'idée de les rééditer à l'époque où les nouveaux bollandistes ont repris l'œuvre de leurs devanciers. Il s'en est chargé à ses risques et périls. Mais c'était là une spéculation particulière, et notez que le subside que le gouvernement accorde aux nouveaux bollandistes ne concerne en rien cette spéculation, laquelle n'a absolument rien de commun avec l'œuvre publiée par eux.
Maintenant y a-t-il eu méprise ou supercherie de la part de l'éditeur des quatre volumes ? Je suis disposé, comme l'honorable ministre, à croire que le fait dont on vous entretient est le résultat d'une erreur. Car la supercherie, s'il y en avait une, serait par trop grossière. Il fallait bien qu'on finît par découvrir la fraude. Elle ne pouvait pas rester longtemps inconnue.
Voici comment on a tardé toutefois deux ans à s'apercevoir de la chose.
La bibliothèque royale possède l'ancienne collection au complet. On a jugé bon d'y ajouter les quatre volumes dont il s'agit ici. On n’a pas eu besoin de consulter ces nouveaux volumes ; on a constamment eu recours à l'ancienne édition. Il est arrivé qu'on a eu besoin un jour, en même temps, des volumes de la nouvelle édition et de l'ancienne édition ; et l'erreur a été reconnue, on a vu alors que le texte des volumes était le même, mais que le titre en était différent.
Quelle que soit l'appréciation que l'on fasse de ce fait, encore une fois, sous aucun rapport, les bollandistes n'en sont point responsables ; ils n'ont, d'ailleurs, pas reçu un centime de subside pour cette nouvelle édition. Cela va de soi, puisqu'elle n'est pas leur œuvre et qu'elle n'a rien de commun avec leur publication. Il ne faut pas qu'il reste, à cet égard, la moindre équivoque, le moindre soupçon ; il ne faut pas qu'à cette occasion on puisse, en dehors de cette enceinte, les accuser d'indélicatesse ou de tromperie ; on ne répand que trop de faux bruits, que trop de calomnies contre les jésuites, pour qu'on y ajoute encore celle-ci qui n'a pas l'ombre de fondement.
L'éditeur qui est en cause n'est pas même l'éditeur de l'œuvre actuelle des bollandistes. Il publie, à ses risques et pour son compte, une édition complète de l'œuvre ancienne. C'est un autre éditeur qui publie l'ouvrage des nouveaux bollandistes. L'œuvre ancienne est dans le domaine public, le premier venu peut la réimprimer. Les bollandistes ne pourraient pas l'empêcher. C'est, du reste, une bonne spéculation pour celui qui en fait l'entreprise ; la preuve en est que l'ancienne édition se vendait, avant les travaux des nouveaux bollandistes, 1,200 fr. ; depuis qu'ils ont repris leur œuvre, cette ancienne édition se vend 3,000 fr. D'où je conclus que l'œuvre des nouveaux bollandistes a quelque valeur, malgré tout ce que l'on pourra en dire.
Il est donc constant et il doit resté démontré pour tous, que les bollandistes et les jésuites n'ont rien à voir dans l'affaire dont a parlé l'honorable M. Hymans, et c'est la seule chose que je tenais à faire constater pour le moment.
M. Kervyn de Lettenhove. - Je ne veux pas entrer dans le fond du débat. Mais je tiens à protester immédiatement et de toutes mes forces contre ces attaques dirigées contre une œuvre savante et considérable que la Belgique a le droit de revendiquer comme une œuvre nationale.
M. Hymans. - Je tiens à déclarer que je n'ai en aucune façon mis na suspicion la bonne foi des bollandistes. J'ai tenu à constater et je constate de nouveau que le subside qu'on leur alloue n'est pas indispensable, et que leur publication est fort peu lue, puisque la nouvelle édition que l'on a cru devoir publier, renferme quatre volumes qui sont tous les mêmes et que si un employé subalterne n'avait pas découvert la supercherie, ces volumes seraient restés dans les bibliothèques sans utilité pour personne.
Cette nouvelle édition, nous dit l'honorable M. Tack, se publie en dehors de l'intervention du gouvernement ; celui-ci ne lui accorde pas de subside ; mais elle se public, je suppose, sous le contrôle des jésuites.
M. Tack. - C'est une erreur complète.
M. Hymans. - Les jésuites ont cédé à un éditeur le droit de publication d'une nouvelle édition, et de quelque façon que vous retourniez la chose, quelques explications que vous donniez, vous n'en êtes pas moins obligés d'avouer que les jésuites eux-mêmes ne se sont pas aperçus de la supercherie. D'où je conclus une fois de plus que cet ouvrage est très peu lu, qu'il n'a pas cette immense importance qu'on se croit obligé de lui attribuer, parce que d'anciens bollandistes, il y a trois ou quatre cents ans, ont été la gloire scientifique de l'ordre des jésuites.
La discussion porte sur le point de savoir si le subside est utile ; si l'on doit instituer plutôt une prime en faveur des jésuites qu'en faveur de la pêche nationale ; s'il faut instituer une prime pour la propagande d'une religion plutôt que pour la protection d'une industrie.
Quant à moi, je ne le crois pas.
D'ailleurs, comme je l'ai dit tantôt, les jésuites sont assez riches pour payer leur gloire. Ils ont pu avoir besoin d'un appui officiel à l'époque où il n'y avait pas de bibliothèques publiques.
Les gouvernements qui leur accordaient cet appui étaient intéressés, en outre, à défendre une religion qui était celle de l'Etat. Mais le gouvernement belge d'aujourd'hui n'a rien de commun avec aucune religion, il n'a besoin d'exalter aucune foi et il n'a pas de subsides à accorder à une publication religieuse, si importante qu'elle puisse être.
Du reste, messieurs, plus la publication est importante, plus elle doit se vendre, plus elle doit rapporter de bénéfices et par conséquent moins elle a besoin de subsides.
Les encouragements du budget ne sont faits que pour les littérateurs qui en ont besoin, il ne sont faits que pour faciliter l'accès de la carrière des lettres, il ne sont pas faits pour un ordre puissant qui possède assez de ressources pour construire des temples dans toutes les villes du pays, et ce n'est certes pas le retrait d'un subside annuel de 6,000 francs, en échange duquel on nous donne un volume tous les dix ans, qui empêchera la publication de l'œuvre des bollandistes.
Je ne propose pas, du reste, la suppression du crédit, mais j'insiste sur le fait que j'ai signalé à la Chambre, parce qu'il est la meilleure preuve que j'étais dans le vrai lorsque j'ai soutenu, il y a quatre ans, que les Acta Sanctorum pouvaient se passer des encouragements de l'Etat.
M. Tack. - L'honorable M. Hymans est dans l'erreur s'il pense que l'éditeur qui a fourni les volumes de la bibliothèque royale n'a publié qu'un volume de l'ancienne édition ; il a publié les 4 volumes qui manquaient aux anciennes collections ou, pour mieux dire, à beaucoup de collections qui se trouvaient dans les bibliothèques publiques.
Maintenant il est possible, selon moi, que l'éditeur se soit trompé, j'aime à croire à sa bonne foi, je n'ai pas du reste à prendre sa défense.
L'honorable M. Hymans lui, a pris autrefois sa défense contre les bollandistes, au sujet d'une autre affaire ; à cette époque, j'avais combattu la pétition qu'il avait adressée à la Chambre ; mais peu m'importe, je tiens à dire que je ne comprends pas trop quel motif il aurait eu pour dépareiller volontairement une ou plusieurs collections, il me semble qu'il devait ainsi se faire tort à lui-même.
Le subside accordé aux bollandistes est-il utile ? La Chambre a décide déjà plusieurs fois cette question. D'ailleurs, on donne des subsides analogues à d'autres publications, et ce qui est incontestable, c'est que l'œuvre des bollandistes est une de nos gloires nationales. Libre à M. Hymans d'avoir, là-dessus, une opinion différente.
Quant au point de savoir si les jésuites sont assez riches pour n'avoir pas besoin de subside ou pour payer leur gloire, comme dit M. Hymans, je ne suis pas à même de scruter le fond de leur caisse. Cependant, je ferai observer que les bollandistes forment, en quelque sorte, dars l'ordre des jésuites, une corporation à part, qui vit de ses propres ressources, et qui n'a rien de commun avec l'église de Schaerbeek, à laquelle (page 640) l'honorable M. Hymans a fait allusion. L'église de Schaerbeek n'appartient pas aux bollandistes.
On est étonné que la publication des bollandistes ne se vende pas à un plus grand nombre d'exemplaires, mais chacun sait que cette œuvre n’est pas à la portée des particuliers ; elle ne trouve sa place que dans les bibliothèques publiques et tout exceptionnellement dans les bibliothèques de quelques rares savants. Il n'est donc pas surprenant qu'elle n'ait pas un grand débit.
Il est à remarquer aussi que si autrefois les bollandistes ne recevaient pas de subsides du gouvernement, ils avaient par contre des ressources personnelles qu'on leur a enlevées : ils possédaient une magnifique bibliothèque et un revenu de 9,000 florins. Tout cela a été confisqué sous Joseph II, à la suite de la suppression des jésuites. Si on ne les avait point spoliés jadis, ils n'auraient pas besoin à présent de l'intervention du gouvernement et depuis longtemps leur œuvre si savante, si colossale, si précieuse serait achevée.
- L'article est mis aux voix et adopté.
« Art. 111. Archives du royaume. Personnel : fr. 44,225.
« Charge extraordinaire : fr. 1,800. »
- Adopté.
« Art. 112. Archives du royaume. Matériel ; atelier de reliure pour la restauration des documents : fr. 4,700.
« Charge extraordinaire : fr. 3,000. »
- Adopté.
« Art. 113. Archives de l'Etat dans les provinces ; personnel : fr. 28,400. »
- Adopté.
« Art. 114. Frais de publication des inventaires des archives ; frais de recouvrement de documents provenant des archives tombées dans des mains privées ; frais d'acquisition ou de copie de documents concernant l'histoire nationale ; dépenses de matériel des dépôts d'archives dans les provinces ; subsides pour le classement et pour la publication des inventaires des archives appartenant aux provinces, aux communes, aux établissements publics ; dépenses diverses relatives aux archives ; recouvrement d'archives restées au pouvoir du gouvernement autrichien ; frais de classement, de copie et de transport, etc. : fr. 6,800.
« Charge extraordinaire : fr. 10,000. »
- Adopté.
« Art. 115. Location de la maison servant de succursale au dépôt des archives de l'Etat ; charge extraordinaire : fr. 3,000. »
- Adopté.
« Art. 116. Subsides à de jeunes artistes pour les aider dans leurs éludes ; encouragements à de jeunes artistes qui ont déjà donné des preuves de mérite ; voyages dans le pays et à l'étranger pour les aider à développer leurs talents ; missions dans l'intérêt des arts ; secours à des artistes qui se trouvent dans le besoin ou aux familles d'artistes décédés ; encouragements à la gravure en taille-douce, à la gravure en médailles, aux publications relatives aux beaux-arts ; subsides ; souscriptions ; acquisitions d'œuvres d'un intérêt artistique ou archéologique ; subsides aux sociétés musicales, aux sociétés instituées pour l'encouragement des beaux-arts, aux expositions locales, etc. ; commandes et acquisitions d'œuvres d'artistes vivants ou dont le décès ne remonte pas à plus de dix ans ; subsides aux établissements publics pour aider à la commande ou à l'acquisition d'œuvres d'art ; encouragements à la peinture murale, avec le concours des communes et des établissements intéressés ; académies, écoles des beaux-arts et écoles de dessin, autres que l'Académie d'Anvers ; conseil de perfectionnement de l'enseignement des arts du dessin ; encouragements pour la composition musicale, la peinture, la sculpture, l'architecture et la gravure ; pensions des lauréats ; frais relatifs aux grands concours ; dépenses diverses : fr. 294,000.
« Charge extraordinaire : fr. 25,000. »
M. Jacobsµ. - Messieurs, le littera D de l'article 116 porte :
« Subsides aux sociétés musicales, aux sociétés instituées pour l'encouragement des beaux-arts, aux expositions locales, etc., 15,000 fr. »
Une partie de ce subside est destinée à l'exposition triennale d'Anvers.
La Chambre sait qu'une exposition nationale annuelle a été décrétée car les arrêtés royaux des 15 avril 1817, 25 mars et 29 juin 1827.
Elle devait se tenir alternativement dans les principales villes du royaume des Pays-Bas, à Amsterdam, à La Haye, à. Bruxelles, à Anvers et à Gand.
Depuis la révolution de 1830, l'exposition générale des beaux-arts a lieu, tous les trois ans, à Bruxelles, à Anvers et à Gand. Dans chacune de ces villes des amateurs se sont constitués en société et se sont chargés de l'organisation des expositions. Ces associations pour l'encouragement des beaux-arts existent encore dans les villes de Hollande, ainsi qu'à Anvers et à Gand ; celle de Bruxelles n'est plus, le gouvernement a recueilli sa lourde succession et il sait ce qu'il en coûte.
Les sociétés d'Anvers et de Gand reçoivent un subside l'année où l'exposition se tient dans leur ville ; le subside d'Anvers s'est élevé jusqu'à 10,000 fr., il est descendu à 6,000 fr., la moyenne est de 8,000 fr. Ce subside n'a jamais été pour le gouvernement une occasion d'intervenir dans l'administration de la société ; toujours c'est la direction de l'association, composée de quelques artistes, mais en grande majorité d'amateurs, qui s'est chargée de l'organisation de l'exposition.
Cette année, comme de coutume, la société pour l'encouragement des beaux-arts d'Anvers a demandé un subside à M. le ministre de l'intérieur. M. le ministre lui a répondu en lui manifestant le désir de voir quelques délégués des artistes de Bruxelles adjoints à la commission de placement.
J'espère que M. le ministre de l'intérieur renoncera à cette condition ; la société n'admet pas même l'intervention des artistes d'Anvers étrangers à sa direction ; à plus forte raison ne peut-elle admettre celle des artistes de Bruxelles. Jusqu'aujourd'hui l'on s'est bien trouvé de ce mode de procéder, jusqu'à présent aussi le gouvernement a toujours accordé le subside sans condition ; la société pour l'encouragement des beaux-arts est réellement un des produits les plus remarquables de l'initiative individuelle. J'espère que le gouvernement ne persistera pas à intervenir dans son action en lui imposant une condition contraire à ses statuts.
M. le ministre de l'intérieur (M. A. Vandenpeereboom). - La commission directrice de la société des beaux-arts d'Anvers s'est adressée cette année, comme elle le fait tous les trois ans, au gouvernement, pour réclamer un subside en faveur de l'exposition.
Un nombre considérable d'artistes, et d'artistes de premier mérite' m'ont fait connaître que le mode de placement des tableaux à l'exposition d'Anvers avait donné lieu à des réclamations très vives. Je n'examine pas si ces réclamations sont fondées ou non ; je me borne à constater un fait.
Comme le gouvernement intervient par un subside, j'ai écrit à la commission directrice des beaux-arts d'Anvers pour la prier de vouloir bien admettre deux ou trois artistes étrangers à la société à faire partie de la commission de placement, pour garantir, si je puis parler ainsi, les intérêts des artistes en général à l'exposition d'Anvers qui, vu son importance, ne peut être confondue avec d'autres expositions locales.
J'avais le droit de poser cette condition ; la commission administrative ne l'a pas admise ; elle a fait des objections que l'honorable M. Jacobs vient de reproduire en grande partie. A mon avis, la commission directrice a parfaitement raison : l'Association anversoise est une société riche et puissante, qui est en position de recevoir des sommes considérables à l'occasion de chaque exposition ; elle fait fort bien de repousser les conditions que veut lui imposer le gouvernement et de ne pas vendre son indépendance pour un mesquin subside.
Si j'étais membre de cette commission directrice, je dirais au gouvernement : « Merci de votre subside ; je ne veux pas aliéner ma liberté et mon indépendance pour quelques milliers de francs. »
J'approuve donc la conduite de la commission directrice. Mais, d'un autre côté, le gouvernement, quand il accorde un subside, doit pouvoir stipuler certaines garanties dans l'intérêt des artistes en général.
Qui dit subsidier, dit venir en aide à quelqu'un qui est dans le besoin ; or, la commission directrice d'Anvers est, ainsi que je l'ai dit, riche et puissante ; je crois qu'à la rigueur le gouvernement pourrait plus utilement employer les crédits que la Chambre met à sa disposition.
Du reste, j'ai posé une condition à la société d'Anvers ; la société ne l'a pas acceptée jusqu'ici ; l'affaire en est là !
M. Jacobsµ. - Le gouvernement, en accordant un subside, peut certes en strict droit poser une condition. Cependant il me semble qu'un ministre, qui se proclamait tantôt partisan de la décentralisation et de (page 641 la non intervention de l’Etat ne devrait passe faire de l'allocation d'un subside un prétexte pour s'ingérer dans l'administration d'une société particulière.
Comme M. le mnistre de l'intérieur, j'approuve la conduite de la direction de l'association des beaux-arts d'Anvers.
J'ajoute que je ne suis pas grand partisan des subsides appliqués aux expositions et aux sociétés artistiques. Mais il me paraît que, du moment que le gouvernement demande, par un article du budget, des fonds pour cet objet, il devait les employer à encourager l'action des individus et non à s'y immiscer ; M. le ministre de l'intérieur n'a pas posé la question comme elle l'a été dans les pourparlers qui ont eu lieu entre lui et la commission directrice de la Société d'Anvers.
Je conçois deux modes de placement des objets d'art, ou bien la direction de la société qui organise l'exposition place aussi les tableaux eu tenant compte bien entendu des justes exigences des artistes exposants ; ou bien l'universalité des exposants élit des délégués à cet effet. Je conçois qu'on hésite entre ces deux modes ; mais ce que je ne conçois pas, c'est que les artistes de Bruxelles, quels que soient les égards qu'ils méritent, doivent seuls avoir le privilège d'adjoindre quelques-uns des leurs à la commission de placement.
M. le ministre de l'intérieur assure que des plaintes très nombreuses se sont élevées à l'occasion des précédentes expositions d'Anvers.
Mais, messieurs, qui ne sait que la plupart des artistes ne sont jamais satisfaits de la place qu'on assigne à leurs œuvres dans les salons de l'exposition ?
Cela a toujours lieu, et on le comprend. Dans un atelier, la toile est exposée à un jour favorable ; elle est isolée ; elle n'a pas à craindre de comparaison avec des voisins.
Mais la meilleure preuve du peu de fondement des plaintes qu'on a élevées, et en même temps l'indice de l'approbation générale que rencontre la société pour l'encouragement des beaux-arts d'Anvers, c'est, d'une part, le nombre des souscripteurs, et d'autre part, le nombre des objets exposés.
Les souscripteurs étaient 311 en 1834, ils étaient 2,142 en 1861, lors de la dernière exposition.
M. le ministre de l'intérieur (M. A. Vandenpeereboom). - Cela prouve que la société est dans une voie de prospérité croissante.
M. Coomans. - Ne faut-il accorder de subsides qu'aux sociétés qui font de mauvaises affaires ?
M. Jacobsµ. - Quant aux objets exposés, le nombre en était de 505 en 1856, en 1865, il était de 1,331, et je suis fondé à dire, sans offenser personne, que la dernière exposition d'Anvers a été, quant au nombre et au mérite des œuvres d'art, bien supérieure à la dernière exposition faite par le gouvernement dans la capitale.
Si l'on admet, messieurs, que des subsides peuvent être accordés à des sociétés pour l'encouragement des beaux-arts, en faveur d'expositions locales, il est incontestable que l'association d'Anvers a autant et peut-être plus de droit qu'aucune autre à obtenir un semblable encouragement. Que M. le ministre de l'intérieur propose la suppression de tous ces subsides, je serai le premier à applaudir à cette résolution ; mais aussi je pense que l'association d'Anvers a droit à un subside sans condition, aussi longtemps que l'on maintient au budget une allocation spéciale destinée aux expositions.
M. Hymans. - Messieurs, je n'approuve pas d'une manière absolue la décision prise par M. le ministre de l'intérieur. Les subsides ne sont pas des encouragements qu'on donne à certaines personnes, à certaines sociétés ; ce sont des encouragements qu'on accorde à l'art en général. Quoique la société pour l'encouragement de beaux-arts d'Anvers soit riche et prospère, il me semble que le gouvernement aurait pu lui continuer le subside, à la condition qu'elle achetât des œuvres....
M. Jacobsµ. – Elle en a acheté, en 1861, pour plus de 62,000 francs.
M. Hymans. - A la condition qu'elle en achetât un plus grand nombre.
Mais ce fait étant posé, je tiens à constater que la décision prise par le gouvernement, à la suite des réclamations d'un grand nombre d'artistes distingués, n'a rien d'hostile ni à la ville d'Anvers, ni à l'école anversoise.
La preuve, c'est que les artistes d'Anvers réclament exactement la même chose de la société pour l'encouragement des beaux-arts que les artistes de Bruxelles et des autres villes du pays.
J'en ai ici, sous les yeux, la preuve officielle.
D'après le règlement de la société d'encouragement d'Anvers, qui intitule son exposition nationale, aucun artiste étranger à la commission administrative n'a un mot à dire au sujet du placement de ses tableaux ou de ceux de ses confrères. Je crois même qu'il y a quatre ans la commission a eu une discussion très vive avec un peintre illustre, une des plus grandes gloires artistiques du pays, sinon la plus grande, à qui l'on contestait toute intervention dans le placement de ses œuvres. Les artistes se sont réunis au Cercle artistique de Bruxelles, après avoir fait appel à tous leurs confrères du pays. Ils se sont adressés aux artistes d'Anvers pour leur demander leur appui ; et ceux-ci leur ont répondu qu'ils étaient d'autant plus disposés à appuyer les vœux des artistes de Bruxelles que depuis longtemps ils réclamaient une garantie pour eux-mêmes de la part de la société des beaux-arts d'Anvers. Vous le voyez donc, messieurs, cette intolérance ne s'exerce pas seulement à l'égard des artistes étrangers à Anvers ; elle s'étend à ceux de la ville d'Anvers elle-même.
Voici la lettre que le Cercle artistique d'Anvers a écrite au Cercle artistique de Bruxelles.
« Anvers, le 14 février 1864.
« A MM. les président et membres de la réunion des artistes au Cercle artistique et littéraire de Bruxelles.
« Nous sommes heureux de pouvoir porter à votre connaissance que notre association, en assemblée d'hier, a acquiescé aux vœux exprimés dans votre honorée du 9 courant.
« Considérant ses bons rapports avec les artistes de Bruxelles, ainsi que les procédés bienveillants dont ceux-ci ont toujours usé à son égard, reconnaissant enfin l'équité et la légitimité de vos réclamations, elle a décidé d'appuyer votre démarche auprès de la société des beaux-arts, par l'envoi d'une lettre dont la copie se trouve ci-jointe.
« C'est au nom de la bonne confraternité, invoquée par vous, que cette décision a été prise, car il n'est pas inutile de vous faire remarquer que cette réforme, si elle s'accomplit, serait toute à votre avantage, puisque les artistes de notre ville ne possèdent actuellement pas plus de privilèges, sous ce rapport, que ceux de la vôtre.
« Nous espérons vivement que ce commun effort portera des fruits et qu'il constituera un heureux précédent qui, pour d'autres cas, se renouvellera de part et d'autre, aussi souvent que les circonstances le rendront nécessaire.
« Veuillez, monsieur, agréer, etc.
« Le secrétaire, Edouard Van Reuth.
« Le président, Louis de Taeye. »
Les artistes d'Anvers n'ont donc aucune influence sur la société d'encouragement des beaux-arts, pas plus que les artistes de Bruxelles.
Maintenant, qu'est-il résulté de l'attitude de la commission de la société d'Anvers, qui s'est bornée à répondre par une fin de non recevoir très sèche à la réclamation des artistes du pays entier ? Il en est résulté que ces artistes ont signé une pièce par laquelle ils se déclarent décidés à s'abstenir d'exposer désormais leurs œuvres au salon d'Anvers.
Cette déclaration, messieurs, porte les noms, entre autres, de MM. Bossuet, Robie, Jacquet, Slingeneyer, Gérard, Clays, Senezcourt, Eug. Verboeckhoven, De Groux, en un mot de nos artistes les plus distingués.
Vous voyez donc que ce n'est pas le gouvernement qui a voulu punir l'intolérance de la société des beaux-arts d'Anvers ; ce sont les artistes eux-mêmes, qui ont déclaré ne plus vouloir subir le règlement d'Anvers, et en cela ils étaient dans leur droit.
Maintenant, le gouvernement s'est peut-être montré un peu sévère à l'égard de la société anversoise. Mais M. le ministre de l'intérieur vient de donner de si bonnes raisons à l'appui de l'acte qu'il a posé, il a si bien démontré que la société d'Anvers avait fait preuve d'indépendance en refusant au gouvernement toute immixtion dans cette affaire, que je serais presque tenté de me ranger à son opinion.
- Plusieurs membres. - Aux voix !
M. Coppens-Bove. - Je demanderai à M. le ministre de l’intérieur si sa décision à l'égard de la prochaine exposition de tableaux à Gand sera la même que celle qu'il a prise au sujet de l'exposition d'Anvers. (Interruption.)
- Plusieurs membres. - Aux voix ! aux voix !
MpVµ. - La parole est à M. Coomans.
- Plusieurs voix. - Oh ! oh ! (Interruption.)
M. Coomans. - C'est bien plutôt moi qui aurais le droit de crier : Oh ! oh ! car il est au moins étrange que vous vouliez empêcher de parler au moment, précisément, où l'honorable M. Coppens-Bove soulève une question de principe, c'est-à-dire de justice, très importante.
Il demande au gouvernement s'il traitera la société des beaux-arts de Gand sur le même pied que celle d'Anvers. Cela est très important, messieurs, et cela mérite une réponse, à moins que l'on ne veuille faire de l'arbitraire.
(page 642) Du reste, j'ai une proposition formelle à présenter à la Chambre ; je dois donc être, au moins, admis à la développer.
Je propose de diminuer de 8,000 fr. l'allocation demandée au budget, si le gouvernement continue à refuser cette somme à la société d'Anvers.
- Plusieurs voix. - A mardi !
M. Coomans. - Permettez-moi d'achever ; je n'ai que deux mots k dire pour justifier ma proposition.
Je regrette que le gouvernement, qui est déjà chargé de besogne, qui a pu s'assurer, par plusieurs expériences désagréables, que le mode de formation des jurys de placement n'est pas heureux et donne lieu à d'inévitables réclamations, à chaque exposition, qu'il est impossible de contenter tous les artistes, surtout ceux qui ont le moins de succès ; je regrette, dis-je, que le gouvernement, après toutes ces expériences veuille accepter encore une responsabilité aussi sérieuse que celle du placement des tableaux. (Interruption.)
Mais le gouvernement devrait être enchanté que la société d'Anvers se charge seule d'une telle responsabilité et soit disposée à supporter seule le poids de toutes les réclamations qui peuvent se produire.
Les sociétés d'Anvers et de Gand ont le même règlement : elles n'admettent pas le suffrage universel pour le placement des œuvres d'art. Et que fait le gouvernement ? Il vient leur dire : Vous avez tort ; j'exige que vous pratiquiez ce suffrage universel.
Mais, messieurs, à quoi bon cette responsabilité nouvelle assumée par le gouvernement ? Ah ! si les artistes bruxellois seuls avaient été exclus du jury de placement, leurs plaintes seraient fondées et je m'y associerais ; mais c'est un système que la société d'Anvers a adopté ; elle n'admet pas la coopération des artistes étrangers. Eh bien, respectez ce système-là ; c'est une manifestation de la liberté.
Maintenant, il m'est impossible de prendre au sérieux les raisons spirituelles mais très habiles de son refus : la société d'Anvers est riche a-t-il dit. Eh ! oui, messieurs, elle est riche parce qu'elle est bonne, parce qu'elle a atteint son but. Mais est-ce une raison pour lui refuser un subside ? Comme l'a fait remarquer l'honorable M. Hymans, c'est l'art, c'est l'exposition qu'il faut encourager, et le gouvernement n'a pas à intervenir dans les petits détails qui nous occupent aujourd'hui.
La décision que semble avoir prise le gouvernement sera regrettable, n'eût-elle d'autre résultat que d'avoir occupé la Chambre si longtemps.
J'ai une dernière observation à présenter.
Le gouvernement a déjà alloué des subsides aux sociétés de Gand et d'Anvers sans y mettre la condition qu'il y met aujourd'hui. Pourquoi donc cette innovation ?
M. Allard. - Parce que c'est maintenant seulement que les artistes réclament.
M. Coomans. - Le gouvernement a reçu bien des réclamations d'artistes, et le dernier succès de l'exposition bruxelloise, quant au mode de placement surtout, n'a pas été tel, qu'il doive encourager beaucoup le gouvernement à persister. Les réclamations ont été presque unanimes de la part des artistes exposants.
Quoi qu'il en soit, il n'est pas bon, je crois, que le gouvernement impose à des sociétés particulières des conditions inutiles, et subordonne à ces conditions l'allocation d'un subside.
M. le ministre de l'intérieur (M. A. Vandenpeereboom). – Il ne s'agit pas pour le gouvernement d'intervenir directement ou indirectement dans le placement des tableaux ; il s'agit de donner certaines garanties aux artistes qui avaient à se plaindre ; j'ai été si loin dans mon désir de conciliation que si la commission avait consenti à ce que deux ou trois artistes lui fussent adjoints pour le placement, j'aurais trouvé là une garantie suffisante.
Maintenant si des réclamations me viennent de Gand, je les examinerai, et je suis disposé à appuyer pour Gand la réclamation si elle est faite de la même manière que pour Anvers.
M. Coomans. - Je propose une réduction de 8,000 fr.
- Les chiffres proposés par le gouvernement sont mis aux voix et adoptés.
« Art. 117. Académie royale d'Anvers : fr. 33,250.
« Charge extraordinaire : fr. 25,000. »
- Adopté.
« Art. 118. Conservatoire royal de musique de Bruxelles. Dotation de l'Etat destinée, avec les subsides de la province de Brabant et de la ville de Bruxelles, à couvrir les dépenses tant du personnel que du matériel : fr. 63,540. »
- Adopté.
« Premier tiers dans les frais d'achèvement de l’orgue du conservatoire ; charge extraordinaire : fr. 16,333. »
- Adopté.
« Art. 119. Conservatoire royal de musique de Liège. Dotation de l'Etat, destinée, avec les subsides de la province et de la ville de Liège, à couvrir les dépenses tant du personnel que du matériel : fr. 30,240. »
- Adopté.
« Art. 120. Musée royal de peinture et de sculpture. Personnel : fr. 9,275. »
- Adopté.
« Art. 121. Musée royal de peinture et de sculpture. Matériel et acquisitions ; frais d'impression et de vente du catalogue : fr. 23,400. »
- Adopté.
« Art. 122. Musée royal d'armures et d'antiquités. Personnel : fr. 8,700. »
- Adopté.
« Art. 123. Musée royal d'armures et d'antiquités. Matériel et acquisitions ; frais d'impression et de vente du catalogue ; création d'une section sigillographique et acquisition d'un dytique ayant appartenu au trésor des évêchés de Tongres et de Liège : fr. 12,000.
« Charge extraordinaire : fr. 23,000. »
- Adopté.
« Art. 124. Monument de la place des Martyrs ; salaire des gardiens. Frais de surveillance de la colonne du Congrès. Traitement du personnel préposé à la surveillance et à l'entretien du palais de la rue Ducale. Frais d'entretien des locaux du palais de la rue Ducale ; frais de surveillance du musée moderne à établir audit palais ; chauffage des locaux habités par les concierges : fr. 6,430. »
- Adopté.
« Art. 125. Monuments à élever aux hommes illustres de la Belgique, avec le concours des villes et des provinces ; médailles à consacrer aux événements mémorables : fr. 10,000.
« Charge extraordinaire : fr. 80,000. »
- Adopté.
« Art. 126. Subsides aux provinces, aux villes et aux communes dont les ressources sont insuffisantes pour la restauration des monuments ; subsides pour la restauration et la conservation d'objets d'art et d'archéologie appartenant aux administrations publiques, aux églises, etc. ; travaux d'entretien aux propriétés de l'Etat qui ont un intérêt exclusivement historique : fr. 56,000. »
- Adopté.
« Art. 127. Commission royale des arts et monuments. Personnel. Jetons de présence, frais de voyage des membres de la commission, du secrétaire et des dessinateurs ; bibliothèque, mobilier, chauffage, impressions, frais de bureau, achat d'instruments, compte rendu des séances générales, indemnités des sténographes et frais de[publication ; frais de route des trois commissaires de l'Académie et des membres correspondants : fr. 24,500. »
- Adopté.
« Art. 128. Rédaction et publication du bulletin de la commission d'art et d'archéologie : fr . 6,000. »
- Adopté.
« Art. 129. Inspection des établissements dangereux, insalubres ou incommodes projetés ou en exploitation ; personnel ; frais de route et de séjour, dépenses diverses et travaux relatifs à cette inspection ; charge extraordinaire : fr. 12,000. »
- Adopté.
« Art. 130. Frais des commissions médicales provinciales ; police sanitaire et service des épidémies : fr. 45,000. »
- Adopté.
« Art. 131. Encouragements à la vaccine ; service (page 643) sanitaire des ports de mer et des côtes ; subsides aux sage-femmes pendant et après leurs études 1° pour les aider à s'établir ; 2° pour les indemniser des soins de leur art qu'elles donnent aux femmes indigentes ; subsides en cas d'épidémies ; récompenses pour services rendus pendant les épidémies ; impressions et dépenses diverses : fr. 30,000. »
- Adopté.
« Art. 132. Académie royale de médecine : fr. 20,140. »
- Adopté.
« Art. 133. Conseil supérieur d'hygiène publique ; jetons de présence et frais de bureau : fr. 4,200. »
- Adopté.
« Art. 134. Traitement du commissaire du gouvernement près la société concessionnaire des jeux de Spa : fr. 7,000. »
- Adopté.
« Art. 135. Traitements temporaires de disponibilité ; charge extraordinaire : fr. 32,600. »
- Adopté.
« Art. 136. Dépenses imprévues non libellées au budget : fr. 5,900.
« Charge extraordinaire : fr. 7,400. »
- Adopté.
On passe au second vote.
Les amendements introduits au premier vote sont confirmés sans discussion.
« Article unique. Le budget du ministère de l'intérieur est fixé, pour l'exercice 1864, à la somme de onze millions trois cent quarante-sept mille neuf cent quatre-vingt-quatorze francs vingt-six centimes (11,347,994 fr. 26 c.), conformément au tableau ci-annexé. »
- Adopté.
Il est procédé au vole par appel nominal.
63 membres prennent part au vote.
57 répondent oui.
4 répondent non.
2 s'abstiennent.
Ont répondu oui :
MM. de Macar, de Moor, de Rongé, de Smedt, de Terbecq, Dolez, Faignart, Frère-Orban, Frison, Grandgagnage, Grosfils, Guillery, Hymans, Jacquemyns, Jamar, M. Jouret, Lange, Laubry, Ch. Lebeau, J. Lebeau, le Hardy de Beaulieu, Lesoinne, Mascart, Moreau, Mouton, Muller, Nélis, Orban, Orts, Pirmez, Pirson, Prévinaire, Rogier, Sabatier, Snoy, Tack, Alp. Vandenpeereboom, Vander Donckt, Vanderstichelen, Van Humbeeck, Van Iseghem, Van Overloop, Van Renynghe, Van Volxem, Allard, Bara, Bouvier, Braconier, Coppens, Crombez, David, de Bronckart, de Florisone, De Fré, de Kerchove, De Lexhy et Ern. Vandenpeereboom.
Ont répondu non :
MM. Jacobs, Janssens, Thibaut et Wasseige.
Se sont abstenus : MM. Tack et de Naeyer.
MpVµ. - Les membres qui se sont abstenus sont priés de faire connaître les motifs de leur abstention.
M. de Naeyer. — Je me suis abstenu pour les motifs qui ont déterminé depuis plusieurs années mon abstention sur le budget de l'intérieur.
Je trouve que ce budget contient beaucoup trop de dépenses qui s'écartent des véritables attributions du gouvernement.
M. Tack. - Je me suis abstenu pour les mêmes motifs que j'ai fait valoir dans le vote du budget de la justice.
- La séance est levée à 5 heures un quart.