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Chambres des représentants de Belgique
Séance du mercredi 23 février 1853

(Annales parlementaires de Belgique, chambre des représentants, session 1852-1853)

(Présidence de M. Delfosse.)

Appel nominal et lecture du procès-verbal

(page 724) M. Maertens procède à l'appel nominal à 1 heure et un quart.

- La séance est ouverte.

M. Vermeire donne lecture du procès-verbal de la séance d'hier ; la rédaction en est adoptée.

Pièces adressées à la chambre

M. Maertens présente l'analyse des pièces qui ont été adressées à la chambre.

« Le consul communal de Leuze prie la chambre d'accorder la concession d'un chemin de fer de Thulin à Leuze, par Peruwelz, et présente des observations contre le chemin de fer projeté de Saint-Ghislain à Tournai. »

- Renvoi à la commission des pétitions.


« Le conseil communal de Haelen prie la chambre d'accorder la concession d'un chemin de fer de Wertrick sur Haelen, avec embranchements sur Hasselt et Diest vers la Campine. »

- Même renvoi.


« Des électeurs à Russeignies demandent que les élections aux chambres puissent se faire au chef-lieu de canton. »

- Renvoi à la commission des pétitions pour le mois de mars.


« Des électeurs de Hautem-Sainte-Marguerite demandent que les élections aux chambres puissent se faire au chef-lieu de canton, et que le cens électoral différentiel soit rétabli. »

« Même demande des électeurs de Dormael. »

- Même renvoi.


« Des électeurs à Tamise demandent que les élections aux chambres puissent se faire dans la commune ou bien au chef-lieu du canton et que les districts élecloraux soient composés de 40,000 âmes. »

- Même renvoi.


« Des distillateurs à Liège présentent des observations sur le projet de loi concernant les distilleries.

« Mêmes observations des distillateurs à Lessines et de la chambre de commerce et des fabriques d'Anvers. »

— Renvoi à la section centrale chargée d'examiner le projet de loi.


« Le sieur Pierman, cultivateur à Chièvres, demande que le projet de loi sur les distilleries accorde aux distillateurs une déduction de 10 ou 20 p. c, suivant qu'ils cultivent, dans un rayon de 5 kilomètres. »

- Même renvoi.


« Des distillateurs à Lessines présentent des observations contre la disposition du projet de loi sur les distilleries qui réduit à 25 fr. le taux de la décharge. »

- Même renvoi.


« Le sieur R. Rodenbach présente des observations contre les pétitions des distillateurs agricoles et prie la chambre de supprimer la déduction qui a été accordée aux petites distilleries. »

- Même renvoi.


« Des propriétaires à Wortel présentent des observations contre le chemin de fer projeté de Lierre à Turuhout, et prient la chambre de décréter la construction du canal de Turnhout à Anvers par St Job in 't Goor et l’établissement d'un chemin de fer d'Anvers à Turnbout à travers la Campine.

« Même demande des propriétaires à Loenhout et St-Léonard. »

- Renvoi à la section centrale chargée d'examiner le projet de loi relatif à la concession d'un chemin de fer de Lierre à Turnhout.


« Le conseil communal de Beersel demande que le chemin de fer projeté de Turnhout prenne son point de départ à la station de Malines et passe par Wavre-Notre-Dame, Putte, Deersel, Heyst-op-den-Berg, Herenthout et Herenthals. »

- Même renvoi.


« Le sieur d'Hooghe prie la chambre de préférer au chemin de fer de Lierre à Turnhout celui de Malines à Turnhout dont il a demandé la concession. »

- Même renvoi.


« Les sieurs Dequanter, Gravez et autres membres du comité des charbonnages du Centre prient la chambre de n’accorder la concession d’un chemin de fer des Acren vers Tubize et Braine-le-Comte qu’à la condition pour les concessionnaires de construire la partie de chemin comprise entre Enghien et Braine-le-Comte. »

- Renvoi à la section centrale qui sera chargée d'examiner le projet de loi relatif à la concession d'un chemin de fer de Tubize aux Acres par Enghien.


« Les membres de l'administration communale et les habitants de Seneffe déclarent adhérer à la pétition du conseil communal de Binche, relative à l'exécution du chemin de fer de Manage à Erquelinnes par Binche. »

- Renvoi à la section centrale qui a été chargée d'examiner le projet de loi relatif au chemin de fer d'Erquelinnes.


« Plusieurs habitants de Bruxelles demandent le maintien de la loi sur la garde civique. »

- Renvoi à la section centrale chargée d'examiner la proposition de loi qui modifie l'article 24 de la loi sur la garde civique.


« L'administration centrale de Bevel prie la chambre d'accorder la concession d'un chemin de fer de Lierre à Turnhout. »

« Même demande de l'administration communale de Nylen, des membres des conseils communaux de Poederlé, de Thielen, de Gierle, des propriétaires et industriels d'Herenthals, des fabricants et négociants de cette ville et des commerçants industriels et propriétaires de Turnhout. »

- Renvoi à la section centrale chargée d'examiner le projet de loi relatif à cette concession.

Projet de loi accordant un crédit extraordinaire au budget du ministère de l'intérieur

Rapport de la section centrale

M. Rousselle. - J'ai l'honneur de déposer le rapport de la section centrale qui a été chargée d'examiner le projet de loi portant demande d'un crédit extraordinaire de 75,000 francs pour le département de l'intérieur, pour délivrance de chaux dans les Ardentes.

- Ce rapport sera imprimé, distribué et mis à la suite de l'ordre du jour.

Proposition de loi relative à la mise à la pension des officiers d’origine étrangère

Lecture

M. le président. - Les première, deuxième, troisième, quatrième et sixième sections ont autorisé la lecture d'une proposition de loi déposée sur le bureau dans une précédente séance.

La cinquième section est la seule qui n'en ait pas autorisé la lecture.

M. de Perceval, auteur de la proposition, est invité à en donner lecture.

M. de Perceval monte à la tribune et donne lecture de sa proposition de loi ainsi conçue :

« Léopold, etc.

« Les chambres ont adopté et nous sanctionnons ce qui suit :

« Article unique. Les officiers d'origine étrangère seront admis à la pension de retraite.

« La pension sera fixée aux trois quarts du traitement d'activité dont ils jouissent.

« Toutefois, les pensions des capitaines et des lieutenants d'infanterie, établies d'après ces bases, seront augmentées chacune de quatre cents francs, et aucune pension ne sera inférieure à dix-huit cents francs.

« Le traitement d'activité de leur grade sera payé jusqu'au jour de la mise à la pension.

« Fait à Bruxelles, au Palais de la Nation, ce 21 février 1853. »

M. le président. - Quel jour M. de Perceval veut-il fixer pour développer sa proposition ?

M. de Perceval. - A lundi. (Appuyé.)

M. le ministre des affaires étrangères (M. H. de Brouckere). - Messieurs, je ne demande la parole que pour me féliciter de ce que M. de Perceval n'a pas réclamé un plus long délai pour présenter les développements de sa proposition. En effet, tout le monde comprendra qu'il est désirable qu'une prompte décision intervienne. Je n'ai pas besoin d'ajouter que le gouvernement se propose de combattre la proposition de M. de Perceval.

- La chambre fixe à lundi les développements de la proposition de M. de Perceval.

Projet de loi portant le budget du ministère des travaux publics de l’exercice 1853

Discussion du tableau des crédits

Chapitre IV. Service d'exécution. Chemin de fer. Postes. Télégraphes. Régie

Section II. Traction et arsenal
Article 63

La chambre en était restée à l'article 63.

« Art. 63. Combustibles et autres consommations pour la traction des convois : fr. 1,004,000. »

- Adopté.

Article 64

« Art. 64. Entretien, réparation et renouvellement du matériel : fr. 918,740 francs. »

M. Lelièvre. - Je prie M. le ministre des travaux publics de me dire si nous pouvons eipérer de voir bientôt établir, à la station de Namur, un entrepôt pour le commerce et une double voie ferrée de Namur à Charleroi. Je dois appeler aussi l'attention de M. le ministre sur l'observation émise par la section centrale et portant que le matériel actuel serait suffisant, si dans les stations il existait des hangars pour mettre les marchandises à couvert. Cette observation est surtout applicable à la station de Namur qui se trouve véritablement dans un état déplorable.

La chambre de commerce de Namur n'a cessé de faire des réclamations sur ce point ; et à diverses reprises, j'ai interpellé M. le ministre relativement au même objet. Je désire donc savoir si l'on fera enfin droit à des réclamations dont le fondement ne saurait être méconnu.

M. le ministre des travaux publics (M. Van Hoorebeke). - En réponse à (page 725) l’observation de l'honorable préopinant je dois faire remarquer à la chambre que la solution de cette question dépendra du vote du crédit de 4,800,000 fr. qui a été renvoyé à l'examen des sections. Je pense que le hangar dont il s'agit est compris dans cette demande de crédit.

M. Vermeire. - Je ne prends la parole que pour rappeler que dans la discussion générale j'avais fait allusion à la construction d'un hangar à Termonde pour abriter les marchandises. Je demamderai si les travaux à faire à la station de Termonde sont compris dans le crédit de 4,800,000 francs.

M. le ministre des travaux publics (M. Van Hoorebeke). - Il me serait difficile de répondre d'une manière formellement positive à ces questions ; car je n'ai pas sous les yeux le tableau des divers projets compris dans la demande de crédit. Mais je crois me rappeler que la construction du hangar de Termonde figure dans le projet.

Je profite de cette occasion pour déclarer à l'honorable membre que j'ai recueilli ses observations, en ce qui concerne le port de Termonde, et que j'en ferai l'objet d'un nouvel examen.

- L'article 64 est adopté.

Article 65

« Art. 65. Redevances aux compagnies : fr. 116,000. »

- Adopté.

Troisième section. Mouvement et trafic
Article 66

« Art. 66. Traitements et indemnités des fonctionnaires et employés : fr. 771,500. »

M. de Brouwer de Hogendorp, rapporteur. - Un point que l'administration ne doit pas perdre de vue, c'est la nécessité d'une grande bienveillance à l'égard des agents subalternes et de bons salaires combinés avec une grande sévérité dans la discipline. Il faut que l'administration soit toujours prête à récompenser les bons services comme à punir toute infraction aux devoirs.

Je crains fort que l'administration n'ait perdu de vue la vérité de cette règle, lorsqu'elle a pris, relativement aux traitements des gardes-convois, la mesure du 21 novembre 1851. Par un arrêté portant cette date le traitement fixe de ces agents a été réduit ; une partie notable de ce traitement a été remplacée par un traitement variable, c'est-à-dire qu'on a alloué aux gardes-convois une certaine prime dans la mesure du parcours des convois. Cette mesure a fait croire à ces employés que l'administration n'a pas pour eux la bienveillance dont elle doit être animée envers tous ses agents, et qu'on a commis à leur égard une injustice. Je dois le dire, cette opinion est erronée ; mais malheureusement elle existe.

Il faut rendre à cette catégorie d'agents la justice de dire qu'il n'est pas de classe d'employés qui soit chargée d'un devoir aussi important, et qui remplisse ce devoir aussi généralement avec autant de fidélité d'intelligence et de zèle.

La section centrale a supprimé dans le projet de budget toutes les primes, celles sur le coke, et pour la régularité des convois exceptées ; elle a augmenté le chiffre des traitements pour les services du trafic et du mouvement de 140,000 francs, qui dans les budgets précédents figuraient sous le libellé «primes.» J'espère que M. le ministre entrera dans les vues qui ont dicté cette modification à la section centrale.

J'engage beaucoup M. le ministre à revenir sur la mesure qu'il a prise. Je sais qu'elle a été prise parce que quelques gardes-convois, en nombre infime, se montraient moins actifs que d'autres, qu'ils prétextaient des maladies pour avoir plus de jours de repos. Qu'on sévisse contre ces agents, je le veux bien : j'y engage même le ministre ; j'ai dit, il y a un instant, qu'il faut tout à la fois une grande sévérité en même temps qu'une grande bienveillance, mais je crois que l'administration ferait bien de ne pas donner un sujet de plaintes à ceux de ces agents qui remplissent rigoureusement leurs devoirs parce que quelques individus isolés y mettent moins de zèle.

Je disais tout à l'heure qu'il y a une certaine exagération dans les plaintes des gardes-convois. Il est impossible cependant de dire, comme le dit l'administration, que rien n'est fondé dans ces doléances.

Ainsi M. le ministre, dans une autre occasion, nous disait que leurs émoluments antérieurs leur sont garantis. Cela est vrai, les gardes reçoivent encore aujourd'hui ce qu'ils recevaient antérieurement ; mais ils le reçoivent irrégulièrement ; ils ne le reçoivent pas en temps utile.

Lorsqu'ils avaient un traitement fixe, ce traitement leur était payé à la fin du mois. La prime de parcours ne leur est pas payée à la fin du mois ; la prime ne se liquide que plus tard ; et c'est là une chose extrêmement onéreuse pour les gardes. Les faire attendre, c'est les mettre dans la gêne.

J'ai encore un mot à dire, messieurs, sur la réduction du personnel des convois.

Il y a peu de temps encore, le nombre des gardes accompagnant les convois de voyageurs était de cinq ; il y avait un chef-garde, trois gardes et un garde frein. C'était le nombre fixé par l'ordre de service du 4 mars 1849. Par une mesure récente, mesure que je considère comme très fâcheuse, le nombre des gardes a été réduit à trois ,et pour certains convois de vitesse il n'est sur une partie de la ligne du Nord que de deux. Ce personnel est insuffisant. Je n'en parle plus qu'à un seul point de vue, le danger que courent les voyageuis, et c'est parce que je redoute, sinon une catastrophe, au moins des accidents sérieux, que je reviens scr ce point.

Il faut, pour la sûreté du convoi, la vigilance incessante d'au moins deux gardes. Or, sur nos lignes nous n'avons plus cette surveillance complète, même de la part d'un seul. Les occupations du chef-garde sont telles qu'il n'a pas le temps de se placer dans la lanterneau. Le frein d'avant est abandonné, et celui qui est placé à la queue du convoi est surveillé très incomplètement par le garde-marchandises. Il n'y a pas de chemin de fer où la surveillance soit plus mal exercée et il n'y eu a pas où le système de signaux soit plus incomplet.

On a parlé de certaines lignes où il n'y a que deux gardes ; oui, ces lignes existent, mais tantôt les convois ne peuvent pas être comparés aux nôtres (il en est ainsi sur la ligne de Liège à Namur où les convois sont composés de trois voitures), tantôt les gardes n'ont pas ces attributions nombreuses qui occupent les nôtres pendant une grande partie du parcours (il en est ainsi sur les lignes anglaises).

J'adjure, M. le ministre, dans l'intérêt de la sûreté des voyageurs, a mettre fin à ces prétendus essais d'économies ; qu'il veuille bien se persuader que des économies de cette nature finiraient par coûter extrêmement cher au pays.

- L'article 66 est adopté.

Articles 67 à 70

« Art. 67. Salaires des agents payés à la journée et manœuvres : fr. 693,500. »

- Adopté.


« Art. 68. Frais d'exploitation : fr. 181,790. »

- Adopté.


« Art. 69. Camionnage : fr. 180,000. »

- Adopté.


« Art. 70 Pertes et avaries : fr. 20,000. »

- Adopté.

Section IV. Télégraphes
Articles 71 à 73

« Art. 71. Traitements et indemnités des fonctionnaires et employés : fr. 40,000. »

- Adopté.


« Art. 72. Salaire des agents payés à la journée : fr. 4,000. »

- Adopté.


« Art. 73. Entretien : fr. 9,000. »

- Adopté.

Section V. Service en général (chemins de fer et télégraphes)
Articles 74 à 77

« Art. 74. Traitements et indemnités des fonctionnaires et employés : fr. 28,550. »

- Adopté.


« Art. 75. Salaire des agents payés à la journée : fr. 30,000. »

- Adopté.


« Art. 76. Matériel et fournitures de bureau : fr. 118,744. »

- Adopté.


« Art. 77. Subside à la caisse de retraite et de secours des ouvriers de l'administration : fr. 10,000. »

- Adopté.

Section VI. Régie
Articles 78 et 79

« Art. 78. Traitements et indemnités des fonctionnaires et employés : fr. 36,500. »

- Adopté.


« Art. 79. Frais de bureau et de loyer : fr. 3,500. »

- Adopté.

Section VII. Postes
Discussion générale

M. Van Grootven. - Lors de la discussion du budget des travaux publics de cet exercice, plusieurs observations ont été soumises à M. le ministre en faveur des facteurs de la poste rurale et urbaine. De tous les bancs de la chambre, on a réclamé des améliorations pour cette catégorie nombreuse et si méritante de nos employés.

Les réformes que l'on a introduites ne sont pas suffisantes, tant s'en faut ; je me vois donc forcé d'appeler de nouveau l'attention du chef du départemenl des travaux publics sur cette branche importante de son administration.

Le traitement des facteurs des villes et des campagnes n'est pas en rapport avec les besoins du plus grand nombre d'entre eux. Il ne rémunère pas suffisamment les services qu'ils rendent au pays, avec un zèle et un dévouement dont il serait superflu de faire ici l'éloge.

J'irai plus loin ,messieurs, et je dirai que, dans mon opinion, leur salaire est insuffisant pour leur entretien et leur alimentation, qui par suite des fatigues auxquelles les assujettissent leurs fonctions, doit être plus coûteuse que celle de tout autre employé.

L'administration des postes exige, pour remplir les places de facteurs, et elle a raison, des hommes d'une conduite irréprochable, d'une santé robuste et n'ayant pas atteint l'âge de 50 ans. Toutes ces conditions sont indispensables pour ceux qui veulent remplir l'emploi qu'ils sollicitent. Les plus forts même n'y résistent pas toujours. Je suis à même de vous donner, à l'appui de ce que j'avance, une preuve que personne ne contestera.

Dans les Flandres, on dépense en moyenne et par an 3,000 à 4,000 fr. (page 725) pour frais de remplacement de facteurs malades ou incapables de remplir momentanément leur service. Ce chiffre en dit assez, me semble-t-il, pour que je n'insiste pas davantage. Il prouve l'existence d'une lacune, d'un grief qu'on peut redresser avec un peu de bonne volonté.

Eh bien, si M. le ministre veut améliorer la position de ces malheureux, qu'il commence par augmenter le salaire des moins rétribués. Qu'il diminue la retenue pour leur masse d'habillement. Car 60 fr. de retenue par an est évidemment trop pour les facteurs, dont le traitement est déjà si modique.

En adoptant ma proposition, le crédit de 3,000 à 4,000 francs, s'il ne disparaît entièrement, sera considérablement réduit.

Il est d'une bonne administration d'avoir le moins d'employés possible, mais de les bien payer. Je sais que, dans l'espèce, il n'y a pas moyen de réduire le personnel des facteurs des villes et des campagnes, les uns comme les autres ayant déjà suffisamment de besogne. Il ne reste au gouvernement qu'à augmenter leur salaire. Il le peut, il le doit, c'est le vœu de nous tous.

Voici une note indiquant le nombre des facteurs dans les deux Flandres et le salaire de chaque catégorie. Cette moyenne peut être appliquée aux autres provinces et vous jugerez si leur position est à envier.

Le nombre des facteurs ruraux dans les deux Flandres est de 223.

Ces agents sont rétribués comme suit, savoir :

56 jouissent d'un traitement de 600 fr., 9 de 575 fr., 32 de 550 fr., 64 de 500 fr., 11 de 450 fr., 41 de 400 fr., 4 de 350 fr. et 6 de 300 fr.

Je vous le demande, messieurs, est-ce avec un traitement pareil que ces employés peuvent pourvoir à leur entretien et à l'existence de leur familles ? Evidemment non. Il y a donc lieu de les traiter avec plus de justice et plus d'humanité.

Il faut, croyez-moi, réviser le traitement de tous et le mettre en rapport avec les services qu'ils rendent à l'Etat. Je ne demande pas de faveur, mais la réparation d'une injustice.

Dans les deux Flandres, il y a encore 62 agents dont le traitement est au-dessous de 500 fr. Qu'on élève au moins à cette somme le traitement de ces malheureux. Il n'en résultera, en définitive, qu'une augmentation de 6,450 fr. par an pour le trésor public.

Agissez aiusi pour les autres provinces où les mêmes griefs existent, et tout en posant enfin un acte réparateur pour les agents subalternes, vous ferez un acte de bonne administration. Personne ne s'élèvera contre ces dépenses ; au contraire, on y applaudira. Car tous, nous sommes d'avis qu'on n'a pas fait pour ces zélés et honnêtes employés ce qu'ils sont en droit de réclamer du gouvernement.

On cite si souvent dans cette enceinte l'exemple de l'Angleterre. Permettez-moi à mon tour de vous citer la France. Là, messieurs, l'administration des postes jouit de la considération qu'elle mérite, là elle est appréciée comme elle doit l'être. Et pourquoi ne traiterions-nous pas nos employés comme sont traités ceux des autres pays ? Ont-ils moins de mérite, mettent-ils moins de zèle, de dévouement et de probité dans l’accomplitssement de leurs pénibles fonctions ? Non sans doute.

En France tous ces agents sont mieux payés que chez nous ; leur besogne et leur responsabilité sont cependant bien inférieures même à ce qu'elles sont en Belgique.

Chez nos voisins, les employés restent plus longtemps en activité ; leur pension de retraite est plus forte parce que leur traitement est plus élevé. Et vous savez, messieurs, combien cette perspective est encourageante, combien elle stimule le fonctionnaire qui remplit bien ses devoirs.

J'engage donc vivement M. le ministre des travaux publics à prendre mes observations en considération. Qu'il réclame une majoration de crédit, la législature l'accueillera favorablement, il n'est pas permis d'en douter. J'appellerai aussi la bienveillante attention du gouvernement sur une catégorie d’employés tout aussi recommandables de cette administration : je veux parler des commis et commis-adjoints des postes. Ces fonctionnaires sont également trop faiblement rétibués, leurs services aussi sont méconnus. Il faut modifier l'état de choses actuel ; si le gouvernement veut attirer à lui et garder à son service des jeunes gens intelligents et d'une probité à toute épreuve, comme il en faut, il doit mieux payer ses employés subalternes du service sédentaire, car les plus méritants quitteront une administration où il y a trop peu d'avenir pour eux. Ce n'est pas avec 600 et 750 francs qu'ils peuvent vivre dans un chef-lieu de province, et moins encore dans la capitale.

Les commis des postes ne se plaignent pas de leur besogne, quoiqu'ils en aient considérablement, comme vous savez : mais ce qu'ils réclament et ce qu'ils sont en droit d'obtenir en toute justice, c'est une majoration de traitement.

Dans une administration honorable et toute de confiance comme celle des postes, où les employés ont constamment entre les mains des valeurs considérables et souvent même la fortune des particuliers, il faut un personnel capable et intègre, comme j'ai déjà eu l'honneur de vous le dire. Eh bien, vous ne pouvez espérer conserver ce personnel qu'en le rétribuant mieux. En effet, tous vos employés inférieurs, outre qu'il y a peu d'avancement pour eux, sont très mal payés.

D'un autre côté ne perdez pas de vue que la besogne a triplé et quadruplé depuis quelques années et même que plusieurs membres de cette assemblée ont déjà cru pouvoir réclamer le timbre uniforme de 10 centimes, ce qui augmenterait encore cette besogne.

S'il est vrai que le travail et la responsabilité augmentent constamment, et qui pourrait le nier ? vous ne vous refuserez pas de vous joindre à moi, messieurs, pour réclamer de M. le ministre des travaux publics une amélioration de position pour les deux catégories de fonctionnaires en faveur desquels un sentiment de justice et d'humanité m'a fait prendre la parole.

M. Rodenbach. - Messieurs, l'an passé, l'honorable député de Gand a déjà élevé la voix en faveur des facteurs ruraux, je crois l'avoir soutenu. On a augmenté le traitement des facteurs dans les villes, mais on n'a pas augmenté ceux des facteurs des campagnes dans la même proportion ; ils n'ont reçu que de très légères gratifications.

Journellement pour un salaire qui, pour un très grand nombre est inférieur à 500 fr., ces facteurs doivent faire de 5 à 6 lieues et cela dans toutes les saisons, par des chemins boueux et impraticables, par la pluie et la neige.

Convenons-en, messieurs, pour un labeur aussi pénible, ils ne sont pas suffisamment rétribués. Je dis que la moyenne du salaire est inférieure à 500 fr. ; en effet, dans nos deux Flandres il y a 223 facteurs et ils ne reçoivent tous ensemble que 100,000 fr. environ ; la moyenne de leur traitement est donc au-dessous de 500 fr.

Eh bien, messieurs, le service est tellement pénible qu'il y a souvent des malades parmi les facteurs. Je crois que dans les Flandres le gouvernement doit payer au-delà de trois mille francs de supplément de traitements aux personnes qui remplacent les facteurs ruraux malades.

C'est ce qui prouve d'une manière irrécusable combien le service est fatigant.

Messieurs, j'aurais pu présenter quelques observations, comme les années précédentes, sur la taxe uniforme ; mais puisque les recettes n'ont pas encore atteint le chiffre fixé par la loi, j'attendrai un moment plus heureux.

Je pense que plus tard nous pourrons introduire la taxe uniforme de 10 centimes, sans nuire au trésor.

Je dois encore dire que depuis quelque temps la presse a signalé de graves abus dans l'administration des postes. On a soutenu que les traitements de commis de plusieurs classes et d'employés subalternes ont été diminué ; d'une manière indirecte, dans une proportion assez forte, tandis que les fonctionnaires supérieurs ont été dotés largement. On ajoutait que c'était encore une fois le faible qui avait tort et le puissant qui avait raison. Le Moniteur a gardé le silence.

Je crois cependant que, si M. le ministre n'a pas le tort qu'on lui impute, il devrait s'expliquer dans cette enceinte pour faire disparaître cette mauvaise impression dans le public ; il est certain que ce sont les fonctionnaires de grades peu élevés qui rendent le plus de services dans l'administration des postes ; leur travail est très pénible, ils sont occupés depuis le matin jusqu'au soir, on pourrait presque dire qu'ils sont à l'attache ; le service de ceux surtout qui font partie de la poste ambulante est excessivement dur. Cependant, comme je viens de le dire, ils sont au nombre des employés qui procurent le plus de produits au trésor, c'est ici le cas d'appliquer l'adage que c'est la roue de cuivre qui fait marcher l'aiguille d'or.

Je me bornerai à ce peu de mots. J'engage fortement M. le ministre à bien vouloir répondre à mes diverses observations.

M. Vander Donckt. - Messieurs, je crois avec mes honorables collègues que le salaire des facteurs ruraux est trop minime.

Peur remédier à cet état de choses, il y a deux moyens : l'un est de salarier les facteurs plus convenablement ; l'autre, d'alléger leur besogne.

Je demande à M. le ministre des travaux publics s'il ne serait pas possible de faire quelque chose sous ce dernier rapport ; en employant les gendarmes en station dans les chefs-lieux de canton, ainsi que les gardes champêtres dans les communes.

Avant l'organisation de la poste aux lettres dans les campagnes, les gardes champêtres étaient obligés d'aller tous les jours,ou tout au moins deux fois par semaine, au chef-lieu de l'arrondissemcnt pour y prendre la correspondance de l'administration communale.

A cette époque, les bureaux des commissaires d'arrondissement étaient de véritables bureaux de poste. Là où le commissaire d'arrondissement était tant soit peu complaisant, en remettait à son bureau des lettres destinées à des personnes domiciliées dans les communes de l'arrondissement, et les lettres étaient remises aux destinataires par les gardes champêtres.

D'un autre côté, les gendarmes en station dans les chefs-lieux de canton sont employés par l'autorité judiciaire à assigner les témoins, les prévenus, etc., devant le juge d'instruction ; voilà donc des hommes qui, étant fonctionnaires publics, sont responsables de leurs actes, et je ne vois pas quelle qualité devraient avoir les facteurs ruraux, autre que celle qu'ont les gardes-champêtres et les gendarmes.

Les gardes champètres n'ont plus à se rendre au chef-lieu de l'arrondissement. On dira peut-être qu'ils sont absorbés par leurs occupations administratives. Les gardes champêtres, alors qu'ils devraient se rendre dans la localité où se distribuent les lettres, ne feraient que surveiller avec plus de soin les champs qu'ils ont à traverser.

M. Lelièvre. - J'ose recommander à l'attention de M. le ministre les observations qui viennent d'être faites par l'honorable M. Van Grootven, et je me joins à lui pour réclamer une amélioration de la position des facteurs de poste et des autres employés dont il a parlé ; évidemment ces facteurs et employés ne reçoivent pas un traitement proportionné à leurs services. Je ne puis également qu'adhérer aux réflexions si raisonnables de l'honorable M. Rodenbach. Je rappelle à M. le ministre les paroles suivantes de la section centrale énoncées au rapport que nous discutons :« La section centrale répète avec M. le ministre qu'il y a beaucoup à faire dans l'intérêt des facteurs de ville et de campagne, et elle ajoute qu'il est temps que l'on fasse quelque chose. »

Je recommande ces paroles aux méditations de M. le ministre, et j'espère qu'il accueillera des réclamations parfaitement fondées.

M. le ministre des travaux publics (M. Van Hoorebeke). - Messieurs, je conviens que l'amélioration du sort des facteurs ruraux est assez lente. Je dois cependant faire remarquer que si cette amélioration est lente, elle est pourtant continue et successive.

Ainsi, avant l'organisation du service rural, avant le 1er avril 1850, le nombre des facteurs ruraux était de 647 ; 26 seulement avaient un traitement de 700 francs ; il y en a aujourd'hui 30 ; au 1er avril 1850, 386 avaient un traitement de 600 francs, et en 1851 (ce nombre a été augmenté depuis), il y en avait 423 qui jouissaient d'un traitement de 600 francs.

De plus, quand il existe des excédants de crédit, le département les distribue, en grande partie, entre les facteurs ruraux qui n'ont pas pu profiter de la nouvelle organisation ; on a distribué à la fin de l'exercice une somme de près de 10,000 fr. qui a été répartie entre 261 facteurs et facteurs ruraux.

D'autre part une mesure qui a contribué également à soulager les facteurs ruraux dans l'exercice dî leurs fonctions, c'est l'organisation définitive du service rural. Avant cette organisation, les communes n'étaient divisées qu'en 657 tournées, ce qui faisait, en moyenne, 5 1/2 localités par tournée. Aujourd'hui le nombre des tournées s'élève à 871, ce qui ne présente que 2 1/2 localités en moyenne.

Je reconnais qu'il y a encore beaucoup à faire, le département ne perdra pas de vue les observations présentées par les honorables préopinants.

Eu ce qui concerne le personnel inférieur, j'ai déjà eu l'occasion de faire connaître à la chambre ce qui avait été fait pour améliorer leur position. Il y avait, en 1844, 35 surnuméraires ; en 1847, 53. En 1850, le nombre des surnuméraires était de 68. Aujourd'hui il n'est plus que de 15.

En 1850, il y avait 27 commis à 1,200 fr. Au 1er janvier 1853, il y en avait 32.

Au ler janvier 1850, 68 surnuméraires ; traitement : 0. Au 1er janvier 1853, 15 surnuméraires qui ne jouissaient d'aucun traitement.

Pour le petit personnel, les sommes affectées, en 1850, en traitements ne s'élevaient qu'à 68,400 fr., soit, en moyenne 507 fr. par employé ; aujourd'hui ce personnel ne compte plus que 132 individus, la somme est de 109,700 fr., de sorte que le traitement moyen s'est élevé de 507 à 831 fr.

On peut donc dire que le personnel subalterne et les facteurs ruraux ont vu leur position améliorée.

M. de Haerne. - Les explications que vient de donner M. le ministre des travaux publics me feront restreindre considérablement les observations que je me proposais de présenter. Je remercie M. le ministre des améliorations qu'il a introduites dans le service dont il s'agit, quant à la position des facteurs ruraux et de quelques employés inférieurs.

Je voudrais qu'il étendît aussi sa sollicitude aux percepteurs de poste de quatrième ordre, qui surtout par suite de l'accroissement de leur besogne ne se trouvent pas assez rétribués. Ils sont occupés du matin au soir les dimanches comme les autres jours. Ils ne touchent que 900 fr., tandis que les moindres recettes du département des finances donnent lieu à un traitement de 1,200 fr., et à un jour de travail par semaine tout au plus.

M. le ministre nous a présenté une moyenne de laquelle il résulte qu'il y a amélioration dans la position des employés subalternes de la poste en général.

Je ne conteste pas, je le répète, l'amélioration ; mais il est à remarquer que cette moyenne n'améliore pas la position de quelques facteurs particuliers, qui est très mauvaise et qu'il est urgent de changer ; c'est une question d'humanité. Avant tout, on doit se préoccuper des employés qui se trouvent dans la plus mauvaise situation.

Ainsi, parmi les facteurs, quelques-uns ne touchent que 400 fr. ; j'ajouterai que sur ces 400 fr., on fait une retenue pour la masse de 5 fr. par mois, ce qui réduit leur traitement à 340 fr. par an, soit 94 c. par jour. Il faut voir la besogne qu'on exige d'eux pour cette modique somme ; c'est une corvée telle, qu'il leur est impossible de faire quelque autre chose ; tout leur temps est absorbé ; ils sont soumis aux plus grandes fatigues, qui usent la constitution des plus robustes ; ils ont à faire trois tournées par jour, de 9 heures du matin jusqu'à une heure, de 3 1/2 heures à 5 heures et de 6 heures à 9 heures du soir, et cela en toute saison, par les plus mauvais temps, par la pluie, par la neige. Je trouve que l'humanité réclame une amélioration au sort des facteurs ruraux et de certains facteurs de ville. Je prie M. la miuistrc de vouloir bien porter tout son attention sur les cas spéciaux que j'ai eu l'honneur de lui signaler et d'améliorer le sort de ces individus. Si la moyenne du traitement a été majorée, cela ne suffît pas, car ceux qui se trouvent au bas de l'échelle n'en éprouvent aucun soulagement. Il faut avoir égard à ceux qui souffrent le plus. Il faut être juste avant tout, et ne pas faire de l'économie aux dépens de l'humanité.

M. Magherman. - Il y a réellement quelque chose à faire pour les facteurs ruraux. Ces modestes fonctionnaires se plaignent moins de la modicité de leur traitement, que de la fatigue résultant de la nature de leurs fonctions. Majorer leur traitement, ne serait pas faire entièrement droit à leurs plaintes ; cela ne diminuerait pas leurs fatigues. Et elles doivent être bien grandes, puisque nous venons d'entendre qu'un grand nombre de ces fonctionnaires, au bout d'un petit nombre d'années de service, sont hors d'état de continuer leur service, qui est une véritable corvée.

L'honorable M. Vander Donckt a indiqué un moyen qu'il croit propre à soulager ce que ces fonctions présentent de pénible.

Toutefois j'abandonne à M. le ministre d'apprécier si la combinaison présentée n'amènerait pas la confusion et la désorganisation dans deux services essentiellement distincts.

J'indiquerai un autre moyen : La circonscription des bureaux de distribution ne me paraît pas bien établie. Il est tel bureau d'où parlent de 10 à 15 facteurs qui ont 3 et 4 lieues de chemin à faire pour arriver aux communes dans lesquelles ils doivent distribuer les lettres, tandis que d'autres bureaux n'ont qu'un nombre très restreint de distributeurs, et ne desservent pas même toutes les communes limitrophes à celle où le bureau se trouve établi.

Il y aurait à faire une meilleure répartition entre les bureaux de distribution, et à faire desservir chaque commune par le bureau le plus rapproché. De cette manière on améliorerait et le service de la poste et la position des facteurs.

Il arrive maintenant qu'une lettre adressée à un habitant d'une commune limitrophe ne peut obtenir de réponse qu'au bout de trois jours. Il y a là des modifications à introduire, qui, tout en améliorant le service, soulageraient en même temps la position des facteurs ruraux.

Je prie M. le ministre de prendre mes observations en considération, et en même temps d'examiner jusqu'à quel point la proposition de l'honorable M. Vander Donckt pourrait être praticable.

- La discussion est close.

Articles 80 à 84

« Art. 80. Traitements et indemnités des fonctionnaires et employés : fr. 499,990. »

- Adopté.


« Art. 81. Traitements'et indemnités des facteurs et autres agents subalternes : fr. 643,960. »

- Adopté.


« Art. 82. Transport des dépêches : fr. 289,000. »

- Adopté.


« Art. 83. Construction et appropriation de locaux à Beverloo et à la Louvière : fr. 10,000. »

- Adopté.


« Art. 84. Matériel, fournitures de Lurean, frais de loyer et de régie : fr. 155,000. »

- Adopté.

Chapitre V. Pensions

Article 85

« Art. 85. Pensions : fr. 7,000. »

- Adopté.

Chapitre VI. Secours

Article 86

« Art. 86. Secours à des employés, veuves ou familles d'employés, qui n'ont pas de droits à la pension : fr. 5,000. »

- Adopté.

Chapitre VII. Dépenses imprévues

Article 87

« Art. 87. Dépenses imprévues non libellées au budget : fr. 18,000. »

- Adopté.

Vote de l'article unique

La chambre passe à la discussion sur le texte du budget ainsi conçu :

« Article unique. Le budget du ministère des travaux publics est fixé, pour l'exercice 1853, à la somme de (erratum, page 745) 16,470,903 francs 87 centimes, conformément au tableau ci-annexé. »

M. de Man d'Attenrode. - Lors de la discussion du budget des travaux publics de 1848, je fis à la chambre une proposition à laquelle le gouvernement s'est rallié sans difficulté, et qui tendait à interdire le prélèvement des sommes nécessaires pour créer de nouveaux traitements sur les allocations destinées aux services spéciaux de la construction. Je me fondais à cette époque, pour faire cette proposition, sur une demande que le gouvernement avait formulée au milieu de la discussion. Le gouvernement avait proposé inopinément d'augmenter le chiffre du personnel et d'augmenter le crédit qui lui était destiné d'une somme de 246,368 fr. 50 c. C'était considérable ! Cette augmentation était destinée à solder les traitements des ingénieurs, qui jusque-mà avaient été payés (page 728) sur des fonds spéciaux, et entre autres sur les emprunts destinés à la construction des chemins de fer.

Comme la construction était terminée et que le fonds spécial était épuisé, le gouvernement demandait à porter cette allocation au budget. Cette somme était considérable. Je me plaignis avec vivacité ; j'étais en droit de le faire ; dans plusieurs circonstances on avait pris l'engagement de ne pas accorder de commissions définitives au personnel chargé de la construction, et l'on venait nous proposer inopinément, et en usant en quelque sorte de surprise, de donner des commissions définitives à ce personnel et de porter au budget l'allocation nécessaire pour le rétribuer.

La chambre se résigna, et vota cette augmentation de crédit. Mais elle se rallia en même temps à une proposition que je fis ; elle était conçue en ces termes :

« Des traitements ou indemnités pour le personnel de l'administration du chemin de fer ne peuvent être prélevés sur les allocations destinées à des travaux extraordinaires ou spéciaux. »

Cete proposition devient le deuxième paragraphe de l'article unique de la loi du budget des travaux publics de 1848 ; le ministre des travaux publics de cette époque, M. Frère-Orban ne fit pas difficulté de s'y rallier. Ce paragraphe a été reproduit et adopté l'année suivante ; mais depuis, les sections centrales ont négligé de le maintenir à la loi annuelle du budget et le gouvernement s'est bien gardé de leur rappeler cet oubli.

Pendant l'examen en section centrale du budget que nous discutons, nous fûmes frappés d'un acte de l'administration. Nous apprîmes que le gouvernement avait fait usage du fonds destiné aux salaires pour multiplier le nombre des fonctionnaires et payer leurs traitements.

M. le ministre des travaux publics s'était adressé à nous, afin de faire régulariser cette situation anormale, et décharger la caisse de la régie du payement de ces traitements. Il nous a proposé, et la section a consenti à vous proposer d'augmenter le chapitre des traitements du montant de cette somme, qui s'élève à 45,900 francs.

Cependant la section centrale, en passant l'éponge sur cet acte fort irrégulier, a désiré en prévenir le retour, et pour y parvenir elle a adopté la proposition suivante. J'espère, messieurs, que vous voudrez bien l'adopter : c'est la reproduction du paragraphe adopté en 1847. Seulement j'y ai fait un léger chargement, afin d'empêcher que la caisse des salaires ne continue à créer, à notre insu, de nouveaux traitements. Voici ma proposition.

« Des traitements ou indemnités pour le personnel de l'administration des chemins de fer ne peuvent être prélevés sur les allocations destinées aux salaires, et à des travaux extraordinaires et spéciaux. »

M. le ministre des travaux publics (M. Van Hoorebeke). - Je n'ai pas de motifs pour m'opposer à l'adoption de ce paragraphe additionnel. Je dois cependant déclarer à la chambre et à l'honorable préopinant qu'il est réellement sans objet. J'ai donné lecture, dans la discussion, d'un arrêté organique du 1er mars 1852, qui prévoit formellement le cas que cette disposition est destinée à prévoir. En effet, l'article 31 de l'arrêté organique dont j'ai eu l'honneur de donner lecture à la chambre est ainsi conçu :

« Art. 51. Lorsqu'un agent est désigné pour remplir les fonctions d'un grade supérieur, il lui est alloué, en sus de son traitement propre, la moitié de la différence entre ce traitement et celui affecté au grade dont il remplit l'intérim, si les émoluments attachés à l'emploi vacant sont restés disponibles.

« Le surnuméraire chargé d'un intérim, jouit de l'intégralité du traitement, lorsqu'il est disponible. »

Ainsi j'ai formellement voulu prévoir par cet article les abus qui s'étaient introduits dans l'administration, et qui remontent à 1834, c'est-à-dire à la première année de l'exploitation.

M. de Man d'Attenrode. - Messieurs, ma proposition n'a d'autre objet que de reproduire, avec un léger changement, au budget de l'exercice 1854, un paragraphe qui a été inséré dans la loi du budget de l'exercice 1848 et 1849.

Je viens de vous en dire les motifs. Ils sont très sérieux, l'expérience doit nous rendre circonspects.

M. le ministre des travaux publics vient d'opposer une fin de non-recevoir en faisant mention d'un article ; c'est, je crois, l'article 31 du règlement de service qui, d'après lui, suffit à mettre obstacle à tous les abus. Je crois cette disposition inapplicable dans l'espèce, elle n'atteint pas le but que s'est proposé la section centrale.

D'ailleurs les arrêtés royaux ne sont pas des barrières suffisantes, l'administration les viole souvent sans difficulté ; ils sont sans efficacité pour prévenir le grave abus que je viens de vous signaler.

M. le ministre des travaux publics (M. Van Hoorebeke). - Il n'y a pas d'abus.

M. de Man d'Attenrode. - Comment ! il n'y a pas d'abus. Est-il vrai, oui ou non, que vous avez imputé sur l'article « salaires » les traitements nouveaux des fonctionnaires, et que vous augmentez ainsi à votre insu le nombre des fonctionnaires ?

D'ailleurs M. le ministre n'a pas combattu sérieusement ma proposition, je veux dire la proposition de la section centrale. J'espère que la chambre la sanctionnera.

- Le paragraphe additionnel proposé par M. de Man d'Attenrode est mis aux voix et adopté.

L'article unique du budget est adopté avec cette disposition additionnelle.

Vote sur l’ensemble du projet

Il est procédé au vote par appel nominal sur l'ensemble du budget, qui est adopté à l'unanimité des 76 membres présents.

Ce sont : MM. Roussel (A.), Rousselle (C), Thiéfry, Thienpont, T'Kint de Naeyer, Tremouroux. Vandenpeereboom (A.), Vandenpeereboom (E.), Vander Donckt, Van Grootven, Van Hoorebeke, Van Iseghem, Van Overloop, Van Remoortere, Vermeire, Veydt, Vilain XIIII, Visart, Ansiau, Boulez, Brixhe, Clep, Closset, Coomans, Dautrebande, David, de Baillet (Hyacinthe), de Brouwer de Hogendorp, de Decker, de Haerne, de La Coste, Delehaye, de Liedekerke, Deliége, de Man d'Attenrode, de Mérode (F.), de Mérode-Westerloo, de Muelenaere, de Naeyer, de Perceval, de Portemont, Dequesne, de Renesse, de Ruddere, Desmaisières, de Steenhault, de Theux, de T'Serclaes, d'Hoffschmidt, Dumon, Faignart, Jacques, Jouret, Landeloos, Lange, Lebeau, Lejeune, Lelièvre, Lesoinne, Loos, Maertens, Magherman, Malou, Manilius, Mascart, Matthieu, Mercier, Moreau, Moxhon, Orban, Osy, Pierre, Pirmez, Prévinaire, Rodenbach, Rogier et Delfosse.

Ordre des travaux de la chambre

M. Dumon (pour une motion d’ordre). - Messieurs, l'examen de notre ordre du jour prouve qu'en quelques heures la chambre pourrait épuiser complètement les travaux qui sont prêts pour la discussion en séance publique. Il n'en est pas de même pour les travaux dont nous avons à nous occuper en sections et en section centrale. L'énumération des projets qui nous ont été distribués et sur lesquels les rapports n'ont pas encore été faits,vous démontrerait que les sections ont encore beaucoup de séances à consacrer pour terminer l'examen des lois soumises à leurs délibérations.

Pour ces motifs, et jusqu'à décision contraire, j'ai l'honneur de proposer à la chambre de fixer à 2 heures l'ouverture des séances publiques.

M. Veydt. - J'appuie, messieurs, la proposition de l'honorable M. Dumon.

Si elle était adoptée, ne fût-ce que pour quelques jours, les travaux des sections pourraient être terminés plus promptement.

L'ouverture de la séance publique à 2 heures serait surtout utile à l'accélération de l'examen des projets soumis en ce moment à la deuxième vice-présidence comme section centrale.

M. de Renesse. - Messieurs, autrefois, l'on se réunissait à 10 heures du matin, pour examiner les projets en sections ; depuis quelque temps, l'on ne s'y réunit plus qu'à 11 heures ou à midi, et en séance publique à 2 heures ; je demanderai, que, dorénavant, l'on se réunisse en sections, comme auparavant, à 10 heures, et que la séance publique soit fixée à 1 heure, afin que l'on puisse abréger la longueur des sessions qui sont fort désagréables pour les membres des chambres non domiciliés à Bruxelles.

M. le président. - On peut prendre aujourd'hui une décision pour la séance de demain, et fixer ultérieurement l'heure des autres séances.

Je mets aux voix la proposition de n'ouvrir demain la séance qu'à 2 heures.

- Cette proposition est adoptée.

M. le président. - La section centrale chargée de l'examen du. budget des travaux publics a fait rapport sur un grand nombre de pétitions relativis à ce budget. La section centrale a proposé d'abord le dépôt de toutes ces pétitions sur le bureau pendant la discussion du budget, ce qui a eu lieu, et ensuite le renvoi à M. le ministre des travaux publics.

La chambre a déjà pris une résolution sur la pétition qui se trouve indiquée à la fin du rapport présenté par M. de Brouwer de Hogendorp. Sur la proposition de M. de Naeyer, elle en a décidé le renvoi à MM. les ministres des travaux publics et de l'intérieur.

Vous avez à vous prononcer aujourd'hui sur les autres pétitions. La section centrale vous en propose le renvoi à M. le ministre des travaux publics.

- Cette proposition est adoptée.

Projet de loi accordant un crédit supplémentaire au budget du ministère des affaires étrangères

Discussion générale

La discussion générale est ouverte.

M. le ministre des affaires étrangères (M. H. de Brouckere). - Messieurs, l'envoi annoncé d'un ministre de Russie à Bruxelles a eu un certain retentissement. Le fait, cependant, n'avait rien d'imprévu. Les journaux étrangers s'en sont occupés ; les uns y ont applaudi, d'autres en ont témoigné quelque surprise. Si je le rappelle, c'est que je ne suis pas fâché de trouver une occasion de couper court aux suppositions erronées, en même temps qu'aux commentaires de la malveillance.

A entendre certaines personnes, il semblerait que jusqu'à présent le royaume de Belgique n'était pas reconnu par l'empereur de Russie, et qu'un changement radical s'est opéré dans la position des deux Etats.

C'est là une erreur, vous le savez comme moi, messieurs. La Russie a reconnu l'indépendance de la Belgique et sa neutralité, elle les a reconnues et garanties, le jour où elle a ratifié les traites rédigés par la conférence de Londres. Aussi, à partir de 1841, des consuls belges ont-ils été établis dans plusieurs villes de l'empire russe et dans la capitale même. Nous avions des consuls à Narva, à Riga, à Odessa, à Moscou, à Saint-Pétersbourg.

Dans ces derniers temps, un pas de plus avait été fait. Un consul général russe avait été institué à Bruxelles et un consul général belge à Saint-Pétersbourg. D'autre part, nos diplomates, dans les résidences où ils sont accrédités, avaient avec leurs collègues de Russie les meilleures (page 729) relations. Seulement des légations n'avaient été créées, ni d'un côté, ni de l'autre.

Cette lacune, cette imperfection dans nos rapports diplomatiques va cesser. Pourquoi ? Eh ! mon Dieu ! pour des raisons bien simples, bien faciles à saisir.

Il y a cinq ans, presque à pareil jour, une révolution éclata très près de nous, et devint le signal d'une série d'autres bouleversements.

Au milieu de cette tourmente, qui agita, qui entraîna presque toute l'Europe continentale, quelle fut l'attitude de la Belgique, qui semblait devoir la première céder à cette agitation, à cet entraînement, qui, la plus rapprochée du foyer de l'incendie, était la plus exposée à ses atteintes ? Cette attitude, je n'ai pas besoin de la caractériser devant vous, messieurs ; je rappelerai seulement qu'elle fût telle, qu'elle éveilla partout les plus vives sympathies.

J'ai relu toute la correspondance politique de nos envoyés, durant cette époque si agitée ; j'y ai trouvé, à chaque page, des témoignages de ces sympathies. Une lettre de Berlin porte : « A l'égard de la Belgique, toutes les formules d'admiration sont épuisées. » Vers le même temps, le gouvernement prussien chargeait son représentant à Bruxelles « d'exprimer la vive satisfaction (je transcris textuellement), la vive satisfaction que lui faisait éprouver l'attitude noble, ferme et vraiment nationale de la Belgique. » « Nous n'attendions pas moins, disaient les ministres du roi Frédéric-Guillaume IV, d'un peuple et d'un gouvernement auxquels les traités ont garanti une nationalité, dont, à l'heure du danger, ils se montrent si dignes. »

Dans une autre grande cour de l'Allemagne, un ministre qui a joué un rôle important, écrivait à notre agent diplomatique : « Vous savez naviguer avec calme au milieu des orages, je vous en félicite ; la chose n'est pas facile. L'éducation politique de votre peuple est bien faite. »

Ailleurs, et plus près de nous, un homme d'Etat illustre, à propos de la défaite des bandes révolutionnaires qui avaient envahi notre territoire, s'écriait : « Que le succès de Mouscron était d'une immense importance, non seulement pour la Belgique, mais pour toute l'Europe. »

En rapportant ces paroles, notre envoyé ajoutait : « Tout le monde, depuis les princes jusqu'aux simples citoyens, félicite la Belgique sur l'attitude pleine de calme, de dignité et de courage qu'elle a su prendre dans ces moments difficiles, sur la sagesse de son Roi, sur la fidélité des populations et la valeur des troupes belges. »

Cette conduite de la Belgique fit aussi une profonde impression à St-Pétersbourg, et c'est là surtout ce que je tiens à constater aujourd'hui. Des sentiments de bienveillance pour notre pays s'y produisirent d'une façon qui fut remarquée. J'ai sous les jeux une dépêche où se trouve le passage suivant : « Des lettres officielles arrivées de Saint-Pétersbourg affirment positivement que les dispositions de l'empereur Nicolas sont devenues excellentes, et l'on ajoute que S. M. serait disposée à établir des relations diplomatiques régulières entre les deux pays. » La dépêche dont ceci est extrait porte la date du 11 mai 1848.

Depuis lors, on revint, à diverses reprises, sur cette régularisation de nos rapports avec la Russie, sans qu'on puisse dire, toutefois, qu'il y eût une négociation ouverte. Seulement, cette question fit l'objet de pourparlers, sous l'administration de nos honorables prédécesseurs, et c'est ainsi que fut amené tout naturellement, par la simple action du temps et l'influence d'une conduite honorable et justement appréciée, un résultat dont tout le monde doit se féliciter.

Ce résultat, messieurs, est un nouveau, un irrécusable témoignage de l’estime de l’Europe pour la Belgique et pour son Roi. Notre pays est aujourd’hui, quant à ses rapports extérieurs, dans la même posiiton que les plus vieilles monarchies. J’ajouterai qu’il est dans des relations de confiance et d’amitié avec tous les Etats.

Ce qu'il veut, ce qu'il doit vouloir, ce qui est dans la mission de son gouvernement, c'est que cette heureuse situation se maimienne. Pour cela, la Belgique n'a qu'une chose à faire, bien facile assurément : c'est de rester fidèle à ses antécédents, fidèle à elle-même ; c'est de persévérer dans la ligne de conduite qu'elle a si admirablement suivie, c'est de faire ce que j'appellerai la propagande du bon exemple. C'est là le conseil que lui donnent ses amis.

Je me permettrai, toutefois, d'y ajouter un vœu que ceux de ses amis les plus dignes de ce nom, partagent avec moi ; c'est par là que je terminerai.

Dans un pays de libre discussion comme le nôtre, la presse quotidienne a un grand et noble rôle à remplir, rôle utile autant qu'il est honorable. Les organes importants de cette presse, ses organes les plus accrédités, l'ont compris. Ils usent, en général, de leurs droits, avec une modération louable. Malheureusement, à côté des journaux dont je parle, il en est d'autres, en petit nombre il est vrai, qui n'ont pas la même intelligence de leurs devoirs. Ceux-ci se laissent parfois entraîner dans les voies d'une polémique passionnée et outrageante qu'on ne peut assez déplorer.

Ces journaux, sans influence chez nous, vont chercher des lecteurs à l'étranger, et y suscitent contre nous, par leur langage provoquant, par les personnalités odieuses auxquelles ils se livrent, des préventions, peut-être des ressentiments. Je désire vivement, messieurs, que ces abus, qui sont déjà moins fréquents, je le reconnais, disparaissent enfin. Je le désire, non dans des vues personnelles, vous le comprendrez, mais dans l'intérêt de ces bonnes relations internationales, dont je viens de constater l'existence, et aussi, permettez-moi de le dire, pour l'honneur de la Belgique elle même.

La Belgique, messieurs, ne saurait assez réprouver des excès qui finiront par la compromettre, ni repousser trop énergiquemeut toute solidarité dans une guerre d'injures, si contraire à ses habitudes, à sa modération naturelle ; guerre que, pour ma part, je n'hésite pas à condamner hautement, parce qu'elle est sans dignité, comme sans courage, et qu'elle n'est qu'une sorte d'intervention inopportune et brutale dans les affaires d'autrui.

- La discussion générale est close.

Vote des articles et sur l'ensemble du projet

« Art. 1er. Le budget du ministère des affaires étrangères pour l'exercice 1853, fixé par la loi du 31 décembre 1852, est augmenté d'une somme de soixante et un mille six cent soixante-six francs soixante-sept centimes (61,666 fr. 67 c), destinée à couvrir les frais d'établissement d'une légation belge en Russie.

« De cette allocation, cinquante et un mille six cent soixante-six francs soixante-sept centimes (fr. 51,666-67 c.) formeront l'article 11bis, chapitre II, du budget susmentionné, et dix mille francs (10,000 francs) accroîtront le chiffre du chapitre IV, article 19. »

- Adopté.


« Art. 2. Ce crédit sera couvert au moyen des ressources de l'exercice 1853. »

- Adopté.


Il est procédé au vote par appel nominal sur l'ensemble du projet, qui est adopté par 75 voix contre 2.

Ont voté l'adoption : MM. Roussel (Ad), Rousselle (Ch.), Thiéfry, Thienpont, T'Kint de Naeyer, Tremouroux, Vandenpeereboom (A.), Vandenpeereboom (E.), Van Grootven, Van Hoorebeke, Van Iseghem, Van Overloop, Van Remoortere, Vermeire, Veydt, Vilain XIIII, Visart, Ansiau, Brixhe, Clep, Closset, Coomans, Dautrebandc, David, de Baillet (H.), de Brouwer de Hogendorp, de Decker, de Haerne, de La Coste, Delehaye, de Liedekerke, Deliége, de Man d'Attenrode, de Mérode-Westerloo, de Muelenaere, de Perceval, de Portemont, Dequesne, de Renesse, de Ruddere, Desmaisières, de Steenhault, de Theux, de T'Serclaes, d'Hoffschmidt, Dumon, Dumortier, Faignart, Jacques, Jouret, Landeloos, Lange, Laubry, Lebeau, Lejeune, Lelièvre, Lesoinne, Loos, Maertens, Magherman, Malou, Manilius, Mascart, Matthieu, Mercier, Moreau, Moxhon, Orban, Osy, Pierre, Pirmez, Prévinaire, Rodenbach, Rogier et Delfosse.

Ont voté le rejet : MM. Vander Donckt et de Naeyer.

Projet de loi accordant un crédit supplémentaire au budget du ministère des affaires étrangères

Discussion générale

M. Osy. - Messieurs, je partage entièrement l'opinion qui a été exprimée dans le cours de la session par l'honorable ministre des finances et que l'honorable M. Veydt a également exposée dans la séance de samedi. Je crois que, dans la situation actuelle, nous devons mettre la plus grande économie dans nos dépenses, et nous aurons à en parler lors de la discussion du budget de la guerre.

Le gouvernement nous demande un crédit pour réarmer le brick Duc de Brabant qui se trouve à Bruges depuis cinq ans et que nous avons désarmé en 1848 par mesure d'économie. Aujourd'hui le gouvernement veut réarmer ce brick pour faire quelques excursions en Amérique et montrer notre pavillon daas les différentes localités de cet hémisphère.

Pour ma part, j'aime beaucoup mieux voir les navires marchands parcourir les mers et se montrer le plus possible, que d'envoyer dans les parages lointains un seul navire de guerre, qui ne s'y montrera que de loin en loin.

On nous demande 50,000 fr. rien que pour réarmer le brick dont il s'agit et on demande en même temps 45,000 fr. pour le faire naviguer pendant six mois.

Vous comprenez bien, messieurs, que, puisqu'il s'agit d'un voyage en Amérique, six mois ne suffisent pas, et que, sous peu, on vous demandera un nouveau crédit pour six autres mois, de manière que ce ne sont pas 95,000 fr., mais que ce sont 150,000 fr. que vous aurez à voter. Après cela, vous devrez voter tous les ans 100,000 fr., si vous voulez continuer à faire naviguer ce brick.

Quant à moi. j'ai fortement appuyé le système d'économies présenté par l'ancien ministère, et, quant à la question spéciale qui nous occupe en ce moment, je trouve qu'il est parfaitement inutile que la Belgique ait une marine militaire, alors surtout que cette marine doit se réduire à deux navires. Si vous voulez conserver quelques marins, conservez-les pour les paquebots qui vont en Angleterre, et pour les deux bateaux à vapeur qui font le service du passage de l'Escaut ; ou bien, si vous voulez une marine sérieuse, nous examinerons la question ; mais, quant à faire des dépenses considérables pour deux navires qui se montreront, à de rares intervalles, dans les mers lointaines, il m'est impossible d'y consentir.

J'ai dit, messieurs, que vous aurez à voter au moins 100,000 fr. par an. L'exposé des motifs dit, en effet :

« L'équipage du brick, calculé au grand complet sur le pied de guerre et dans l'éventualité d'une très longue campagne, doit s'élever à 130 hommes, officiers compris. Pour effectuer les voyages indiqués plus haut, on a pu, en diminuant le nombre des bouches à feu, réduire le cadre de l'équipage qui dans le projet d'armement se trouve porté à 84 hommes ; ce qui amènera une différence de 46 marins et mousses. »

« Ce nombre restreint suffira pour 1853, mais il ne faut pas perdre (page 730) de vue que, pour être en état de faire face à toutes les éventualités, il conviendra, au budget de 1854, de calculer l'armement sur un effectif de 100 hommes. »

Ainsi, messieurs, la dépense de 1854 dépassera bien certainement 100,000 fr., plus les avaries qui pourront arriver après un an ou 2 ans de voyage ; il faudra faire de nouvelles dépenses ; de manière que si le gouvernement ne peut pas donner d'autres raisons que celles qui se trouvent dans l'exposé des motifs, je ne pourrai accorder mon vote à la nouvelle dépense qu'on vous propose.

On pourrait consacrer plus utilement cet argent à avoir de meilleurs bateaux à vapeur que ceux que nous avons aujourd'hui pour le service de l'intérieur.

M. le ministre des affaires étrangères (M. H. de Brouckere). - Messieurs, je commence par déclarer que c'est d'accord avec M. le ministre des finances que j'ai présenté à la chambre le projet dont elle s'occupe en ce moment, et que ce projet a été approuvé à l'unanimité par le conseil des ministres, après que je lui eusse développé les raisons très graves et très sérieuses qui réclamaient la remise en mer du bâtiment le Duc de Brabant.

Je déclare, en second lieu, à l'honorable M. Osy que la somme que j'ai demandée suffira pour tous les besoins de l'année 1853, et que je ne solliciterai aucun crédit supplémentaire pour le Duc de Brabanl.

Maintenant à ces deux déclarations permettez-moi d'ajouter quelques observations dont j'aurais cependant pu me dispenser peut-être, car tous les arguments mis en avant par l'honorable M. Osy ont déjà été réfutés, mieux que je ne pourrais le faire, par l'honorable rapporteur de la section centrale.

D'abord, le bâtiment le Duc de Brabant a été désarmé en 1848, cela est vrai ; après avoir fait un voyage éminemment utile au commerce, le Duc de Brabant a été désarmé en 1848, pourquoi ? Parce que mon honorable prédécesseur (il l'a formellement déclaré) n'avait, à cette époque, aucun emploi utile à donner au brick ; mais il s'est empressé d'ajouter que, quand le moment en serait venu, il réclamerait lui-même le réarmement du Duc de Brabant. Eh bien, messieurs, selon moi, ce moment est venu, ou bien ce moment ne viendra jamais.

Le bâtiment le Duc de Brabant est destiné à faire des excursions qui ne sauraient manquer d'être très utiles. Il ira d'abord visiter, comme je l'ai dit dans l'exposé des motifs, les Etats de la Plata, où toutes les nations commerçantes cherchent en ce moment à nouer des relations, par suite du nouveau système de liberté commerciale qui s'y est établi.

Notre ministre au Brésil est parti avec des pleins pouvoirs pour nouer un traité de commerce avec la république de l'Uruguay, avec la république Argentine et avec le Paraguay. L'apparition du pavillon national dans les mers de la Plata, je n'hésite pas à le déclarer, sera d'une très grande utilité pour la Belgique.

Le bâtiment visitera ensuite Guatemala ; eh bien, messieurs, là, sa présence sera d'une plus grande utilité encore que dans les mers que je viens d'indiquer.

Non seulement, il est bon que le pavillon belge se montre à Guatemala, afin de rappeler au gouvernement de ce pays qu'il existe un gouvernement belge, mais cela est indispensable pour la protection de nos nationaux, et pour mettre un terme à certaines difficultés qui peut-être nous entraîneraient plus tard à des désagréments que je voudrais pouvoir prévenir à l'aide de la somme dont je réclame aujourd'hui l'allocation.

L'honorable M. Osy dit qu'il aime mieux voir sillonner les mers par des bâtiments marchands que par des bâtiments de guerre. L'honorable membre a parfaitement raison ; mais c'est précisément dans le but de lui donner, le spectacle de bâtiments marchands belges, sillonnant les mers, qu'on y envoie de temps à autre un bâtiment de guerre.

Lisez le rapport de l'honorable M. Van Isrghem, juge compétent en Cette matière, et vous reconni'ilrez l'effet que produit d'ordinaire dans les contrées lointaines l'apparition du pavillon militaire.

Je prie la chambre de remarquer qu'à l'exception de la goélette, appelée la Louise-Marie, ancien bâtiment marchand d'un très petit tonnage, nous n'avons qu'un seul bâtiment militaire, c'est le Duc de Brabant.

Depuis cinq ans, il est dans les bassins d'Ostende et de Bruges où il a subi de tres grandes détérioralions ; et véritablement, messieurs, si aujourd'hui la chambre faisait difficulté d'allouer la somme que j'ai réclamée, je ne verrais qu'une chose à faire ; mettre en vente le bâtiment le Duc de Brabant et prononcer la dissolution de nos cadres de marine militaire ; les cadres sont parfaitement suffisants ; aucune nomination n'est à faire ; les officiers les plus distingués sont appelés à faire le service sur le bâtiment.

Je dois ajouter que j'ai fait un appel à nos centres commerciaux les plus importants pour savoir s'ils partageaient l'avis de l'honorable M. Osy sur l'inutilité d'un voyage qu'on ferait faire pendant l'année 1853 au bâtiment le Duc de Brabant. De toutes parts, j'ai reçu l'approbation la moins équivoque sur le projet du gouvernement. Je tiens en mains une lettre qui, j'en suis persuadé, n'est pas inconnue à l'honorable M. Osy, une lettre de la chambre de commerce d'Anvers, datée du 11 février, lettre fort longue, dans laquelle la chambre de commerce entre dans de très grands développements et dont la conclusion est, qu'elle ne saurait assez approuver le projet sur lequel je la consultais.

M. Loos. - Messieurs, il est très vrai qu'en 1848, ou a décidé de désarmer le bâtiment le Duc de Brabant. Mais la chambre se rappellera qu'à cette époque, eu égard aux circonstances, on a réalisé des économies sur d’autres services, économies sur lesquelles on est revenu plus tard. C'est’ainsi que nous avions renoncé, à cette époque, à toute espèce de dépenses pour le chemin de fer ; quelques années plus tard, on est venu proposer des crédits très considérables pour cet objet. Nous avions renoncé aux travaux publics ; vous savez ce que nous avons fait en 1851. La marine avait donc subi à cette époque les mêmes influences que tous les autres services publics ; mais évidemment personne n'a entendu supprimer la marine, on a entendu seulement suspendre provisoirement les dépenses auxquelles la marine devait donner lieu.

En effet, si telle avait été l'intention de la chambre de supprimer la marine belge, au lieu d'envoyer le brick le Duc de Brabant dans le bassin de Bruges, elle eût fait une chose plus économique en ordonnant la vente du bâtiment. Mais on a voulu se réserver d'en faire usage plus tard ; ce moment est venu pour les intérêts du commerce aussi bien que pour les intérêts politiques du gouvernement. Dans les intérêts du commerce, il importe que le pavillon belge puisse se montrer dans les parages fréquentés par notre marine marchande. Si j'ai un regret, c'est que notre brick ne puisse pas dépasser l'itinéraire que M. le ministre a indiqué. L'absence de forces militaires dans certains parages que fréquente maintenant notre marine marchande la place dans une position très désavantageuse ; je veux parler de l’Australie où depuis la découverte de gisements aurifères, il n’est presque plus possible de conserver le personnel des équipages des navires.

Plusieurs navires étrangers ont été abandonnés faute de personnel nécessaire. Ce n'est qu'au moyen de la police exercée par quelques bâtiments anglais et américains que la navigation est encore possible dsns ces parages. Là notre marine a besoin de protection aussi bien que la marine américaine et la marine anglaise.

Il serait regrettable que le crédit demandé ne permît pas de faire faire au brick un voyage dans ces contrées.

Je prierai, dans ce cas, M. le ministre de demander une somme plus forte, afin de pouvoir compléter le voyage et rendre au commerce tous les services qu'il peut réclamer.

M. Osy. - Je connais l'opinion de la chambre de commerce d'Anvers sur la demande de crédit de M. le ministre des affaires étrangères pour le réarmement du brick le Duc de Brabant. Sans doute comme négociant je désirerais que la Belgique pût disposer, non d'un seul brick, mais d'une flotte respectable ; tous les négociants applaudiraient, si l'on pouvait envoyer plusieurs bâtiments dans les parages lointains ; ce serait une utile protection pour notre marine marchande. Mais la chambre n'a pas seulement à considérer les intérêts du commerce, elle doit se préoccuper surtout des nécessités du trésor. C'est cette considération qui dictera mon vote. Comme négociant, je ne me bornerai pas à voter l'armement d'un brick ; si le gouvernement nous proposait d'armer plusieurs navires, j'applaudirais ; mais, comme j'ai eu l'honneur de le dire, nous avons ici à remplir un autre rôle que celui de négociant.

M. le ministre nous annonce qu'il ne demande pas un crédit suffisant pour envoyer le Duc de Brabant en Amérique.

En effet, comme il faudra quatre mois pour réarmer le brick, il ne pourra naviguer que six mois, et ce temps est insuffisant pour se présenter utilement sur les côtes d'Amérique. Si on voulait l'y envoyer, la somme demandée serait insuffisante : il faudrait porter le crédit à plus de 100 mille francs pour l'armement et l'entretien. Ainsi, c'est une dépense de 100 mille francs que vous votez pour l'année prochaine en accordant le crédit qui vous est demandé aujourd'hui. Cette année on ne vous demande que 45 mille francs, vous serez obligés d'en voter au-delà de 100 mille l'année prochaine.

Est-il convenable d'avoir une marine militaire quand on ne peut armer qn'un seul bâtiment ? Ne vaut-il pas mieux de n'avoir rien dut tout ?

M. le ministre des affaires étrangères vous a entretenus du but de l'armement du brick ; il compte l'envoyer plus tard dans la Plata et obtenir par ce moyen un traité de commerce ; il dit que toutes les puissances maritimes ont des bâtiments dans la Plata pour leurs affaires commerciales.

Ce n'est pas pour des intérêts commerciaux que la France et l'Angleterre entretiennent des forces maritimes dans la Plata, c'est parce qu'il y a constamment des troubles dans ces parages et que ces deux puissances s'y disputent la prépondérance ; voilà pourquoi elles entretiennent là des flottes considérables. Vous savez les querelles qui se sont élevées entre Buenos-Ayres et Montevideo ; à Montevideo, il y a toujours une armée française ; plus de 10 mille Français ont pris les armes contre Buenos-Ayres. La France ayant beaucoup de sujets dans ces contrées doit avoir une flotte pour les protéger.

Mais nous, avec un petit brick, que pouvons-nous faire ? Pouvons-nous espérer de forcer le président de Buenos-Ayres, qui change souvent, à faire un traité de commerce avec nous ?

Il n'y a pas de pays qui fasse plus d'affaires avec la Plata qu'Anvers. C'est le premier marché pour les cuirs. Soyez persuadés que vous n'avez pas besoin là de faire appuyer notre marine.

On veut aussi envoyer le brick à Guatemala. Cette malheureuse colonie, qu'on a voulu faire, a déjà coûté beaucoup d'argent ; je ne comprends pas le courage que la présence de ce bâtiment pourra donner à nos malheureux colons ; maintenant il y a des difficultés avec le gouvernement de Guatemala, je ne vois pas ce que l'arrivée du brick pourra faire pour les résoudre. Je sais qu'il s'agit de retirer la concession du port de (page 731) Santo-Tomas ; je ne pense pas que la présence du brick soit de nature à mettre obstacle à cette mesure.

Le gouvernement n'ayant pas donné à sa proposition d'autres raisons que celles que je viens de passer en revue, je ne puis lui donner mon assentiment.

J'ai parlé, à cette occasion, à plusieurs membres de la chambre de commerce d'Anvers qui ont assisté à la réunion où l'on a discuté la demande du ministre. A cette occasion le plus grand désaccord s'est manifesté sur ce qu'on ferait du bâtiment : l'un voulait l'envoyer dans telles régions, d'autres voulaient l'envoyer au Japon pour soutenir les Américains. Vous savez que les Américains ont envoyé une expédition au Japon.

Eh bien, on a proposé d'envoyer notre bâtiment pour appuyer les forces américaines.

Veut-on affréter une flotte considérable ? Si elle peut être utile au commerce, comme négociant, j'y applaudis ; comme représentant, je suis prêt à la voter si M. le ministre des finances déclare qu'il est en mesure de pourvoir à la dépense.

Mais je ne puis donner mon consentement à une dépense annuelle de 100,000 fr., indépendamment de la dépense primitive de 150,000 francs pour avoir de temps en temps, et très rarement vous le comprenez, un navire dans tous les parages du monde.

Sous ce rapport je ne pourrai donner mon assentiment au projet de loi.

M. Orban. - Je ne m'attendais pas à voir entamer cette discussion aujourd'hui, et je ne suis pas préparé à y prendre part ; je ne puis cependant me dispenser d'exprimer en quelques mots les motifs pour lesquels je ne voterai pas ce crédit.

Si en 1848 on a trouvé des motifs suffisants pour décréter le désarmement du brick le Duc de Brabanl, ces motifs existent à bien plus forte raison aujourd'hui pour maintenir cette mesure. Je ne puis en aucune manière partager la manière de voir exprimée par M. Loos, que les raisons d'économie qui ont fait prendre cette mesure ont cessé d'exister. Je crois tout au contraire que jamais notre situation financière n'a eu des exigences plus impérieuses.

Je ne parle pas des dépenses de toute nature, des dépenses de travaux publics surtout qui depuis 1848 ont pris un accroissement nouveau ; mais je dis qu'à la veille d'avoir à nous prononcer sur l’augmentation de plusieurs millions demandés pour l'armée et que le patriotisme ne nous permettra probablement pas de refuser, c'est pour nous un devoir de nous refuser à l'admission de toute dépense qui n'est pas rigoureusement justifiée.

Or, messieurs, je dois le dire, malgré les raisons alléguées pour l'armement du brick le Duc de Brabant et peut-être à cause de ces raisons, je dois déclarer que je ne vois de sérieux dans cette proposition que les nouvelles charges dont elle doit grever le trésor public.

On a parlé de la nécessité de montrer le pavillon belge dans les pays lointains et de l'y faire respecter.

Messieurs, la vue d'un pavillon étrager peut sans doute exercer une heureuse influence, quand il appartient à une nation qui possède des forces maritimes respectables ; mais lorsque ce pavillon et le brick qui le porte constituent toute notre puissance maritime, quelle impression voulez-vous qu'il produise, si ce n'est celle de notre faiblesse et de l'impuissance où nous sommes de nous faire respecter par nous-mêmes ?

Mieux vaut cent fois, messieurs, faire connaître la nation belge dans les parages lointains, par la présence de nos navires de commerce, qui sauront mieux nous attirer l'estime et les égards qui nous sont dus, qu'un vain simulacre de force maritime.

Messieurs, il existe un charmant tableau représentant un vieux amiral invalide, qui se console de l'inaction à laquelle la goutte le condamne, en faisant naviguer dans une cuve d'eau un joli vaisseau de guerre en miniature. Ce rôle est celui que vous voulez faire jouer à la Belgique comme puissance maritime.

M. Vander Donckt. - En 1848, on a franchement abordé le système des économies, et l'on en a introduit non seulement dans le budget des affaires étrangères, mais en général dans tous les budgets. Alors, à l'avènement du parti libéral aux affaires, on a voulu prouver que le ministère libéral avait su faire plus d'économies que les ministères qui l'avaient précédé. Aujourd'hui, l'on vient détruire, une à une, toutes les économies qu'on avait faites. A l'occasion du budget des affaires étrangères, j'en ai fait la remarque, alors qu'on proposait d'augmenter les traitements de la plupart des membres du corps diplomatique.

Aujourd'hui c'est la même chose. On demande un crédit pour armer le brick le Duc de Brabanl, que l'on a désarmé en 1848.

Dans une précédente séance, M. le ministre des finances nous a fait de la situation du trésor un tableau très précaire, pour ne pas dire pis. Ce qu'il a dit à cette époque doit encore être vrai aujourd'hui.

Je le déclare, je voterai contre toutes les dépenses dont non seulement l'utilité, mais même l'urgence, ne sera pas démontrée.

Dans ce cas-ci, je ne conteste pas l'utilité de la dépense, quoique je sois d'accord sur plusieurs points avec l'honorable M. Osy, qui conteste cette utilité. Mais ce que je conteste, c'est l'urgence.

Dans l'état de nos finances, nous ne pouvons admettre de nouvelles dépenses ; nous devons nous borner à celles qui existent aujourd'hui, heureux si nous pouvons nous maintenir sans créer de nouvelles dettes au trésor public !

Voilà pourquoi je voterai contre le projet de loi.

M. Veydt. - J'ai demandé la parole, lorsque j'ai entendu l'honorable M. Orban déclarer qu'en 1848, le désarmement du brick le Duc de Brabant n'avait rencontré aucune opposition dans cette enceinte. Je me suis opposé, et même avec quelque insistance, à cette mesure. J'avais alors, comme aujourd'hui, la conviction intime qu'un pays comme la Belgique ne peut se dispenser d'avoir un ou deux navires armés. Il est indispensable que de temps à autre, le pavillon belge se fasse voir dans les pays lointains et montre que nous avons des bâtiments prêts à défendre les intérêts belges mêmes dans les ports étrangers.

Je ne conçois pas qu'un pays comme le nôtre, qui a une marine marchande, si modeste qu'elle soit, puisse se dispenser d'avoir quelques bâtiments de marine militaire pour soutenir les intérêts du commerce à l'étranger.

La civilisation, la sécurité des hommes et des choses ne sont pas arrivées partout au même degré. Les points les plus importants d'exportation et d'échange sont tellement fréquentés par le commerce de toutes les nations qu'il faut bien chercher des débouchés ailleurs ; souvent des difficultés s'élèvent pour les créer d'abord et ensuite pour les protéger, et c'est une erreur de croira que l'on n'a nul besoin de l'appui ostensible du gouvernement.

Tout à l'heure, l'honorable M. Osy rappelait les paroles que j'ai prononcées dans une précédente séance et qui m'ont valu l'approbation de la plupart d'entre vous. S'il était nécessaire de créer des ressources extraordinaires pour faire face à cette dépense d'armement, je vous avoue, messieurs, que j'hésiterais.

Mais outre les ressources que nous avions en 1848 et qui étaient alors momentanément paralysées nous devons à des années de calme le maintien de ces ressources et leur accroissement assez notable, qui permet aujourd'hui d'appliquer 100,000 fr. à une dépense éminemment utile au point de vue commercial ; personne en effet n'a jusqu'ici contesté cette utilité.

Mon honorable collègue de la députation d'Anvers, qui fait partie de la chambre de commerce, vous disait qu'on ne savait que faire du brick le Duc de Brabant ; les uns voulaient l'envoyer au Japon, les autres sur les côtes d'Afrique, les autres dans la Barbarie. Mais cela ne prouve-t-il pas à l'évidence qu'il y avait plusieurs destinations utiles à lui donner, qu'on ne savait à quel choix s'arrêter, parce qu'on était gêné, faute d'avoir une marine militaire suffisante pour protéger le commerce dans différents parages où il a besoin de l'être ? Nous n'avons, en effet, qu'un seul navire armé, la Louise-Marie. Comment ce seul navire pourrait-il, avec les progrès que nous faisons heureusement, continuer à suffire à la protection de notre marine marchande, de notre pêche, de nos relations de toute nature ?

On parle d'une dépense qui doit se maintenir indéfiniment. Oui, si, comme je l'espère, elle est reconnue constamment utile ; mais je ne pense pas qu'elle figurerait en permanence au budget, si le contraire était démontré. La chambre aura de fréquentes occasions de s'en enquérir.

J'ai la conviction intime, et je ne pense pas que mon opinion puisse être victorieusement combattue, que la Belgique constituée, placée comme elle l'est, ne peut manquer de tirer bon parti, pour sa marine marchande, de ses deux navires armés. Cela n'est pas non plus indifférent à l'industrie. Ses intérêts, ici encore, sont liés à ceux du commerce, et les honorables membres qui ont plus particulièrement à cœur les intérêts industriels du pays, ne peuvent hésiter à appuyer de leur parole ou de leur vote la cause que nous défendons.

Il y a une considération toute spéciale, dont je crois pouvoir dire aussi quelques mots en terminant. Une difficulté s'est élevée ; elle remonte à une date déjà ancienne. Elle est née des efforts tentés, il y a dix ans, pour la création d'une colonie belge dans l'Amérique centrale, à Santo-Tomas de Guatemala. Cette difficulté a été jugée assez sérieuse, pour que le ministère précédent crût convenable de prêter l'oreille à des propositions qui lui furent communiquées dans le but d'aplanir cette ancienne difficulté, et de couper court à des prétentions plus ou moins fondées. J'ai tâché, en une autre qualité que celle de membre du parlement, de seconder ces vues. Cela n'a pas réussi.

Aujourd'hui M. le ministre des affaires étrangères vient nous dire qu'il y a peut-être un moyen de mettre un terme aux réclamations. Eh bien ! si la mise ea mer du brick le Duc de Biabant, après la dépense qu'on nous propose de faire pour lui, peut contribuer efficacement à atteindre ce but, n'hésitez pas, messieurs, à prendre l'honorable ministre au mot ; car je crois que dans l'intérêt du maintien d'une parfaite harmonie et de ces sentiments d'une loyauté à l'abri de l'ombre d'un reproche, ou d'un grief, avec un grand Etat voisin, il est bien désirable que tout dissentiment disparaisse. Le cabinet précédent en jugeait ainsi, si je ne me trompe, et il n'aurait probablement pas reculé devant une mesure d'arrangement amiable, si on lui en eût fourni l'occasion.

Il y a donc des motifs de divers genres, des motifs décisifs, suivant moi, pour accorder le crédit demandé par le projet de loi que nous examinons.

M. Loos. - Messieurs, je suis étonné d'entendre un honorable collègue de la députation d'Anvers nous dire qu'il consentirait à voter des sommes plus considérables pour avoir une marine militaire de quelque importance, mais qu'il ne voterait pas pour la marine que nous avons, parce qu'elle est insignifiante.

(page 732) D'un autre côté, j'entends l'honorable M. Orban chercher à jeter en quelque sorte le ridicule sur le peu d'importance de la flotte que nous possédons.

Messieurs, ce que je trouverais souverainement ridicule, c'est que la Belgique voulût posséder une marine militaire importante ; cela ne serait justifié par aucune considération. Je crois que la Belgique, avec sa constitution politique comme Etat neutre, n'a pas besoin d'aller porter la guerre dans les pays lointains ; mais je crois aussi qu'elle peut avoir besoin de quelques navires pour protéger sa marine marchande.

J'entends souvent des accusations contre Anvers et contre le commerce belge en général, parce qu'il n'est pas assez entreprenant, parce qu'il n'exporte pas assez de produits du pays. Mais chaque fois qu'on vous propose un moyen de favoriser l'exportation des produits de notre industrie, j'entends des objections dans cette chambre.

Il s'agit aujourd'hui d'une faible somme de 50,000 à 60,000 fr. pour protéger le commerce maritime, et il y a hésitation sur ces bancs.

On veut jeter du ridicule sur le peu d'importance de la marine belge. Mais a-t-on oublié les services qu'elle a rendus ? A qui doit-on le maintien des relations que nous possédons aujourd'hui sur la cote d'Afrique, si ce n'est à la marine belge ?

Nous serions expulsés depuis longtemps de ces parages, de l'espèce de comptoir que nous y avons formé, si la Louise-Marie n'était pas venue porter protection à cet établissement et lui assurer le respect des populations dont il est entouré.

Eh bien ! il s'agit aujourd'hui d'autres intérêts que je vous ai signalés. Il s'agit de maintenir la police parmi les équipages des navires qui se rendent dans l'Australie. Si vous n'avez pas un navire de guerre pour rendre ce service au commerce, il faudra renoncer complètement à montrer le pavillon belge dans l'Australie.

M. de Man d'Attenrode. - Messieurs, rien n'est plus facile que de ridiculiser la proposition que le gouvernement vous a faite. Quant à moi, je la crois sérieuse et je compte voter ce crédit, bien que je tienne, autant que personne, à ménager les deniers des contribuables.

Vous savez, messieurs, quelles difficultés nous éprouvons à établir des relations commerciales avec les Etats de l'Europe ; notre intérêt est donc de chercher à en établir avec les pays lointains.

Or, le meilleur moyen d'obtenir ces relations, c'est l’établissement de comptoirs que l'on réclame depuis un grand nombre d'années ; et la conséquence de l'établissement solide et utile des comptoirs, c'est la disponibilité de quelques navires de guerre, capables de faire respecter les intérêts nationaux que les chefs de ces comptoirs sont chargés de patroner dans des contrées souvent peu civilisées.

Si dans les contrées lointaines on suppose que la Belgique, à laquelle ces établissements appartiennent, n'est pas en mesure de faire respecter son pavillon, leur sécurité sera compromise, et le commerce hésitera à expédier ses marchandises.

Car après tout, messieurs, qu'est-ce qu'un navire ? C'est un bastion flottant, dont vous pouvez disposer, soit au profit de la défense du pays, soit au profil des intérêts du travail national. C'est une batterie dont vous pouvez disposer dans les quatre parties du monde.

L'honorable M. Loos vous a fait connaître de plus la nécessité de la présence d'un navire pour maintenir la police parmi les équipages de notre marine marchande.

Ensuite, n'est-il pas humiliant pour le pays de devoir constamment mendier les secours de la marine militaire étrangère pour la protection de notre pavillon ?

Un de mes amis, se trouvant il a quelques années à Madère, m'a raconté que la population de cette île vit entrer un jour en rade un navire dont le pavillon était inconnu.

Chacun se demandait : Quel est donc ce pavillon ? Ce pavillon était celui de Belgique. Eh bien, cette apparition fit connaître notre pays ; on en connaissait à peine l'existence. Cette apparition fit connaître qu'il existait une Belgique, capable d'armer des navires, et de faire respecter ses enfants dans les contrées les plus lointaines. Ce navire c'était la Louise-Marie, et on ne pouvait cesser d'admirer l'excellente tenune de son équipage.

Je volerai le crédit demandé.

M. Van Iseghem, rapporteur. - Messieurs, pour défendre le projet du gouvernement, je ne pourrais que répéter ce que j'ai dit dans le rapport de la section centrale et dont les arguments n'ont pas été contestes. Aussi, l'armement du Duc de Brabant a déjà été défendu par plusieurs orateurs, et je n'aime pas beaucoup à répéter ce qui a été dit.

Cependant, je demanderai si la Belgique est devenue si pauvre qu'elle ne puisse plus dépenser 100,000 fr. par an pour faire la police de ses navires et de sa pêche, et aider à la sécurité de ses relations commerciales ? J'ai une meilleure idée de mon pays.

Les honorables MM. Osy et Orban ont voulu établir une comparaison entre les navires marchands et les navires de guerre. Je dis qu'il n'y a ici aucune comparaison possible. Un navire de guerre exerce une certaine influence dans les pays où il se présente, principalement dans les contrées lointaines. Un navire marchand n'a d'autre but que de faire prospérer ses affaires et n'a aucun caractère officiel.

Je demande si on n'a pas vu souvent, dans les pays qui n'ont pas des institutions régulières, que la présence d'un seul navire de guerre sur une rade avait exercé une grande influence et avait procuré de grands avantages au pays dont il portait le pavillon.

J'opposerai à l'honorable M. Osy la dépêche de la chambre de commerce d'Anvers que l'honorable ministre des affaires étrangères vient de lire ; ce document est très sérieux pour moi.

Nous avons deux navires de guerre, la Louise-Marie et le Duc de Brabant. La Louise-Marie a été constamment employée d'une manière très utile pour le commerce. C'est le capitaine de la Louise-Marie qui a signé la conven'ion avec Rio-Nunès, et nous exportons annuellement vers cette contrée pour 500,000 fr. C’est une preuve que la marine est utile.

Je crois donc, messieurs, que le projet qui nous est soumis mérite un accueil favorable, et qu'il est utile, qu'il est nécessaire même pour le pays d'avoir deux ou trois bâtiments légers au moins, qui puissent défendre nos intérêts à l'étranger.

En terminant, je remercie M. le ministre des affaires étrangères de l'opinion favorable qu'il a bien voulu exprimer sur mon rapport et j'appelle sur les détails de ce rapport toute son attention.

M. de Haerne. - Messieurs, si l'on contestait l'utilité de l'armement du brick dont il s'agit, je pourrais me rallier à l'opinion de l'honorable M. Osy. Mais si j'ai bien compris l'honorable membre, ce n'est pas l'utilité de notre marine que l'on conteste : mais on se plaint de son insuffisance. Or, je me dis que si l'utililé n'est pas mise en question, il vaut mieux avoir une marine insuffisante que de ne pas en avoir du tout.

L'honorable M. Loos nous disait tout à l'heure : « On nous reproche quelquefois, à nous, Anversois, de ne pas favoriser assez les exportations du port d'Anvers.» Cela est vrai, messieurs , et je me suis trouvé parfois au nombre de ceux qui, à cet égard, ont adressé certains reproches à Anvers. Mais je crois que la cause de l'état de choses dont on se plaint n'est pas due à l'absence de quelques bâtimonts de guerre ; cette cause tient surtout à ce que le commerce de commssion domine à Anvers. Toutefois, je reconnais que le meilleur moyen de favoriser ce que j'appelle le commerce national, le commerce d'armateur, en opposition avec la consignation, c'est de soutenir ce commerce dans les parages où il a besoin des secours du gouvernement. C'est pourquoi je crois devoir donner la main à la proposition qui vous est faite. Une marine militaire, même insuffisante, peut, dans certains cas, rendre des services à cet égard.

Je me rappelle avoir lu, il y a quelques semaines, une brochure très intéressante sur les relations des pays d'Europe avec l'Afrique septentrionale. C'est une brochure qui nous a été distribuée par M. Houry. J'y ai trouvé des détails fort curieux sur les relations de l'Europe avec la côte d'Afrique, et j'y ai vu entre autres cette remarque que ces relations peuvent être développées sur une grande échelle, et que la Belgique pourrait y prendre une assez large part.

Il y est dit aussi que l'Angleterre fait des efforts inouïs pour étendre son commerce dans ces parages et y rivaliser avec la France. Elle va jusqu'à s'imposer des sacrifices dont on ne se fait pas l’idée, car on croit toujours que les négociants anglais se bornent à présenter leurs marchandises et ne font que vendre et acheter. Cet auteur démontre que els Anglais ont non seulement des stations sur la côte d'Afrique, mais même dans l'intérieur de cette contrée ; que là ils ont des agents qui se trouvent au passage des caravanes et qui présentent non seulement leurs marchandises, mais jusqu'à des cadeaux, aux personnes dont se composent ces caravanes. Ces agents sont soutenus par le gouvernement anglais.

Je dis, messieurs, que nos relations commerciales dans les pays lointains ont besoin d'être protégées comme le sont celles de l'Angleterre. C'est le but du projet. Si nous ne pouvons les protéger d'une manière assez efficace, nous devons le déplorer, mais ce n'est pas une raison pour ne rien faire du tout.

J'accepte donc ce qui nous est proposé. Cette mesure rentre dans le système protectionniste que j'ai toujours soutenu, et qui, dans mon opinion, pour produire de bons résultais, doit être sage et modéré.

M. d'Hoffschmidt. - Messieurs, je demande à dire quelques mots pour démontrer à la chambre que la proposition faite aujourd'hui par M. le ministre des affaires étrangères n'est point en contradiction avec ce que la chambre a décidé en 1848.

En 1848, messieurs, le besoin d'économies était, quoi qu'on en dise,, autrement impérieux encore qu'aujourd'hui. En 1848 toutes les ressources de l'Etat étaient atteints ; il y avait une réduction énorme sur tous les revenus du trésor ; on avait donc parfaitement raison d'exiger toutes les économies possibles, et le gouvernement s'empressa, à juste titre, d'entrer dans cette voie.

Ce ne fut pas cependant le seul motif de la mesure que nous eûmes l'honneur de présenter à la chambre, en ce qui concerne le brick le Duc de Brabant. Ce brick n'avait alors aucune destination utile à recevoir s’il revenait d'un voyage lointain, et il n'y avait pas de motifs pour l'envoyer faire une nouvelle excursion. Nous avions, du reste, encore un navire, la Louise-Marie, qui pouvait être utilisé et il l'a été, en effet, car depuis lors il a été constamment en mer.

Le motif, messieurs, qui exige aujourd'hui le réarmement du brick le Duc de Brabant, c'est que la Louise-Marie ne pourrait pas tenir la mer constamment sans recevoir des réparations considérables, et que des excursions très utiles qui peuvent être faites dans les pays lointains, comme l'a dit M. le ministre des affaires étrangères, deviendraient impossibles.

Voila donc une raison, messieurs, qui me fait croire que la proposition de M. le ministre des affaires étrangères, dont la nécessité ne s'était (page 733) pas manifestée les années précédentes, peut être aujourd'hui fort opportune.

J'eusse désiré, je l'avoue, messieurs, une résolution plus complète en ce qui concerne ce navire ; nous restons dans l'incertitude sur la question de savoir ce qu'il deviendra dans l'avenir.

Un crédit de 45,000 francs est peut-être insuffisant. Du reste, M. le ministre des affaires étrangères peut mieux le savoir que qui que ce soit ; mais je pense que s'il avait demandé un crédit plus étendu, en manifestant l'intention de conserver définitivement le navire dont il s'agit, la chambre aurait pu délibérer plus en connaissance de cause, aurait pu prendre une décision plus formelle. Quoi qu'il en soit, il me suffit que M. le ministre des affaires étrangères ait signalé plusieurs voyages très utiles aux intérêts commerciaux de la Belgique, à faire faire au navire le Duc de Brabant ; cela me suffit, dis-je, pour que je me rallie à sa proposition.

- La discussion est close.

Vote des articles et sur l'ensemble

« Article premier. Il est accordé au département des affaires étrangères un crédit de quatre-vingt-quinze mille francs pour les réparations et l'armement, pendant six mois, du brick Duc de Brabant. »

- Adopté.


« Art. 2. Ce crédit sera réparti comme suit sur le chapitre VIII du budget de ce département, exercice 1853.

« 18,000 fr. sur l'article 41, personnel.

« 14,000 fr. sur l'article 42, vivres.

« 63,000 fr. sur l'article 47, matériel. »

- Adopté.


« Art. 3. Ce crédit sera couvert au moyen des ressources ordinaires de l'exercice 1853. »

- Adopté.


« Art. 4. La présente loi sera obligatoire le lendemain de sa publication. »

- Adopté.


Il est procédé au vote par appel nominal sur l'ensemble du projet, qui est adopté par 53 voix contre 20.

Ont voté l'adoption : MM. Roussel (A.), Rousselle (Ch.), T'Kint de Naeyer, Vanden Branden de Reeth, Vandenpeereboom (E.), Van Grootven, Van Hoorebeke, Van Iseghem, Van Overloop, Van Remoortere, Verhaegen, Vermeire, Veydt, Visart, Boulez, Brixhe, Closset, Coomans, David, de Baillet (H.), de Brouwer de Hogendorp, de Decker, de Haerne, de La Coste, Delehaye, Deliége, de Man d'Attenrode, de Mérode-Westerloo, de Muelenaere, Desmaisières, de Steenhault, de Theux, de T'Serclaes, d'Hoffschmidt, Dumon, Dumortier, Faignart, Jacques, Landeloos, Lange, Lelièvre, Lesoinne, Loos, Maertens, Malou, Manilius, Matthieu, Mercier, Moreau, Pirmez, Prévinaire, Rodenbach et Rogier.

Ont voté le rejet : MM. Thienpont, Vandenpeereboom (A.), Vander Donckt, Vilain XIIII, Ansiau, Clep, de Naeyer, de Perceval, de Portemont, de Renesse, de Ruddere, Jouret, Laubry, Lejeune, Magherman, Mascart, Moxhon, Orban, Osy et Delfosse.