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Chambres des représentants de Belgique
Séance du vendredi 6 décembre 1850

(Annales parlementaires de Belgique, chambre des représentants, session 1850-1851)

(Présidence de M. Verhaegen.)

Appel nominal et lecture du procès-verbal

(page 236) M. Ansiau procède à l'appel nominal à 2 heures et un quart.

La séance est ouverte.

M. de Perceval donne lecture du procès-verbal delà dernière séance ; la rédaction en est approuvée.

Pièces adressées à la chambre

M. Ansiau fait connaître l'analyse des pièces suivantes adressées à la chambre.

« La société « Eikels worden boomen », à Eecloo, prie la chambre de voter au budget de l'intérieur un subside annuel en faveur de la veuve du poëte flamand Van Ryswyck. »

« Même demande de la société « Moed en Vlyt » à Eecloo. »

- Dépôt sur le bureau pendant la discussion du budget de l'intérieur.


« Plusieurs habitants de Lise, Chalqueux, Boverie, etc., demandent que ces hameaux soient séparés de la commune de Seraing et forment une commune distincte. »

- Renvoi à la commission des pétitions.


« La dame Van Reysschot, artiste peintre, réclame l'intervention de la chambre pour obtenir un secours. »

- Renvoi à la commission des pétitions.


« Le sieur Perlau, chef de la division de comptabilité générale et des pensions au ministère de l'intérieur, sollicite la place de conseiller vacante à la cour des comptes. »

« Même demande du sieur Flanneau, sous-chef de division au ministère de la guerre. »

« Même demande de M. Jacques, membre de la chambre des représentants. »

- Dépôt au bureau des renseignements.


MM. de Denterghem et Allard demandent un congé pour cause d'indisposition.

- Ces congés sont accordés.

Projet de loi portant le budget des voies et moyens pour l’exercice 1851

Rapport de la section centrale

M. Rousselle, au nom de la section centrale qui a examiné le budget des voies et moyens, dépose le rapport sur ce budget.

- La chambre ordonne l'impression et la distribution de ce rapport, et, sur la proposition de M. Osy, met la discussion de ce budget à l'ordre du jour de la séance de mardi prochain.

Sur la proposition de M. le ministre de la justice, la chambre met à la suite de l'ordre du jour la discussion sur le projet de loi du régime hypothécaire, avec cette réserve que la discussion des budgets sur lesquels les rapports seraient déposés aura la priorité sur la discussion de ce projet de loi.

Projet de loi portant le budget du ministère de l’intérieur de l’exercice 1851

Discussion du tableau des crédits

Chapitre XVII. Enseignement primaire

Articles 76 et 77

M. le président. - La chambre est parvenue au troisième article du chapitre XVII, ainsi conçu :

« Art. 76. Autres dépenses de l'inspection et frais d'administration. Matériel et dépenses des écoles normales de l'Etat. Ecoles normales adoptées. Ecoles primaires supérieures. Service annuel ordinaire de l'instruction primaire communale ; subsides aux communes ; matériel, construction, réparations et ameublement de maisons d'école ; encouragements (subsides pour les bibliothèques de conférences trimestrielles des instituteurs dans les neuf provinces) ; récompenses en argent ou en livres aux instituteurs primaires qui font preuve d'un zèle extraordinaire et d'une grande aptitude dans l'exercice de leurs fonctions ; caisses de prévoyance ; souscriptions à des livres classiques pour les bibliothèques des écoles primaires supérieures et d'autres institutions dépendant de l'Etat ; encouragements aux recueils périodiques concernant l'instruction primaire ; subsides pour la publication d'ouvrages élémentaires destinés à répandre l'enseignement professionnel et agricole ; subsides à des établissements spéciaux ; écoles d'adultes, etc. : fr. 1,103,731 33.

- Adopté.


« Art. 77. Subsides pour donner l'enseignement aux sourds-muets et aux aveugles : fr. 16,000. »

- Adopté.

Chapitre XVIII. Lettres et sciences

Article 78

« Art. 78. Encouragements, souscriptions, achats. Publication des Chroniques belges inédites. Publication des documents rapportés d'Espagne. Exécution et publication de la carte géologique : fr. 66,600. »

M. de T'Serclaes. - Dans le rapport de la section centrale, il est question d'une demande de plusieurs sociétés de littérature flamande qui sollicitent un secours en faveur de la veuve du poète Van Ryswyck. Je voudrais savoir si ce secours figure dans le chiffre que la chambre examine en ce moment.

M. Veydt, rapporteur. - Il y figure.

M. le président. - C'est pour ce motif que le chiffre a été majoré.

- L'article est adopté.

Articles 79 à 93

« Art. 79. Bureau de paléographie, annexé à la commission royale d'histoire. Personnel : fr. 3,000. »

- Adopté.


« Art. 80. Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique : fr. 40,000.

- Adopté.


« Art. 81. Observatoire royal. Personnel : fr. 14,840. »

- Adopté.


« Art. 82. Observatoire royal. Matériel et acquisitions : fr. 7,160. »

- Adopté.


« Art. 83. Bibliothèque royale. Personnel : fr. 26,680. »

- Adopté.


« Art. 84. Bibliothèque royale. Matériel et acquisition : fr. 33,320. »

- Adopté.


« Art. 85. Musée royal d'histoire naturelle. Personnel : fr. 8,600. »

- Adopté.


« Art. 86. Musée royal d'histoire naturelle. Matériel et acquisitions : fr. 7,000. »

- Adopté.


« Art. 87. Subside à l'association des Bollandistes pour la publication des Acta sanctorum, charge extraordinaire : fr. 4,000. »

- Adopté.


« Art. 88. Archives du royaume. Personnel : fr. 23,750. »

- Adopté.


« Art. 89. Archives du royaume. Matériel : fr. 2,600. »

- Adopté.


« Art. 90. Frais de publication des Inventaires des archives : fr. 4,000. »

- Adopté.


« Art. 91. Archives de l'Etat dans les provinces. Personnel : fr. 10,800. »

- Adopté.


« Art. 92. Archives de l'Etat dans les provinces ; frais de recouvrements de documents provenant des archives tombées dans des mains privées ; frais de copies de documents concernant l'histoire nationale : fr. 4,000. »

- Adopté.


« Art. 93. Location de la maison servant de succursale au dépôt des archives de l'État : fr. 3,000. »

- Adopté.

Chapitre XIX. Beaux-arts

Discussion générale

La discussion est ouverte sur ce chapitre.

M. de Liedekerke. - Messieurs, à l'occasion du chapitre des beaux-arts, je demanderai la permission de détourner un instant la chambre de l'attention soutenue qu'elle apporte aux affaires, de lui présenter quelques considérations et de soumettre quelques observations à l'attention toute particulière de M. le ministre de l'intérieur.

(page 237) Il se passe chez nous un fait extrêmement regrettable. Une industrie, que j'oserai nommer déplorable, a pris depuis quelque temps un accroissement singulier ; c'est celle de la contrefaçon des tableaux. Cela cause un préjudice très considérable aux artistes ; cela nuit à notre école à l'étranger et discrédite, j'ose le dire, l'honneur de notre pays.

J'admets volontiers que des copies se fissent ; mais généralement on n'en fait que des tableaux anciens et mm pas des tableaux modernes.

Faire des copies de tableaux modernes en dehors de tout respect pour les originaux, équivaut à une véritable spoliation. Que se passe-t-il maintenant ? On achète des tableaux d'artistes éminents et on en fait des copies que l'on débite telles quelles et au hasard dans le pays, et à cela il n'y a rien à redire, légalement du moins ; mais on les expédie aussi à l'étranger, et lorsqu'elles ont franchi la frontière, on y attache la signature de l'artiste. Voilà qui est très grave. Dernièrement, un de mes amis visitait une collection de tableaux à Berlin, je crois ; on attira son attention sur un tableau de Verboeckhoven ; frappé des défauts qui s'y trouvaient, il examina de plus près cette soi-disant production de l'é-inent artiste, et acquit la conviction que c'était une très mauvaise copie.

J'ai entendu des étrangers, des Russes, des Allemands, même des Français, dire qu'ils n'osaient plus acheter des tableaux dans ce pays dans la crainte où ils étaient d'avoir des contrefaçons d'originaux. Je crois qu'il y aurait peut-être un moyen de garantir les artistes contre ce vol manifeste. Ce serait d'attacher un timbre, un cachet gouvernemental aux tableaux originaux et de les accompagner d'une attestation. J'ai vu en Italie des tableaux originaux qui portaient un cachet du gouvernement et qui étaient accompagnés d'une attestation d'académie de peinture.

J'appellerai maintenant l'attention de M. le ministre de l'intérieursur les concours, surtout sur ceux d'architecture. Les concours d'architecture se font maintenant sous le voile de l'anonyme : les architectes envoient leurs dessins sans aucune signature. On a cru trouver là une garantie d'impartialité, mais, en réalité, cela n'aboutit à rien, car lorsque l'architecte le désire, il peut toujours se faire connaître des membres du jury. Le grand tort de ce système, c'est d'éloigner du concours les architectes éminents qui n'aiment pas à se trouver confondus avec une foule de médiocrités.

Autrefois les architectes signaient leurs dessins, et les concours en prenaient un caractère beaucoup plus grandiose. Il en résultait un autre avantage ; c'est qu'on pouvait appeler les artistes devant le jury, leur demander des éclaircissements, des explications et souvent écarter les doutes, les incertitudes qui pouvaient s'attacher à leurs projets.

Il est certain, messieurs, que notre école de sculpture comme notre école de peinture ont pris depuis quelques années un développement extrêmement marquant. Elles occupent un rang très élevé en Europe. Sous le rapport de la sculpture, nos artistes se distinguent, les uns par un charme, une grâce et un fini extrêmes ; d'autres, par la force et l'énergie ; d'autres, par la merveilleuse exécution. Je citerai, à cet égard, par exemple, les stalles d'Anvers qui, à l'heure qu'il est, ont une célébrité européenne. Notre école de peinture brille par la magie des couleurs, et se rapproche beaucoup, sous ce rapport, de la célèbre et merveilleuse école vénitienne. Je crois qu'il faut que le gouvernement aide et pousse à cet élan artistique.

Je voudrais ici même ne pas me départir de la conviction où je suis, que les encouragements donnés par les particuliers sont cependant toujours préférables à ceux que leur donne le gouvernement ; ils présentent plus de variété, plus de diversité et se mettent mieux à la hauteur de tous les genres d'art ; mais il faut reconnaître que la médiocrité, l'infériorité de nos fortunes n'admettent plus aussi facilement ces grands encouragements qui développent le culte du beau et du grand.

C'est donc au gouvernement qu'est dévolue cette belle et noble tâche. Je voudrais que le gouvernement s'attachât principalement à ce que la peinture vienne orner les grands monuments ; cela donne plus d'éclat, plus de célébrité, plus de dignité aux monuments, et d'autre part, lui trace un but plus élevé et plus éminent.

Sous ce rapport, je crois que M. le ministre de l'intérieur devrait s'attacher à encourager un nouveau genre de peinture, ou plutôt un genre de peinture extrêmement ancien, qui a pris récemment un grand développement ; je veux parler des peintures à fresque.

Il se fait, à cet égard, un réveil admirable en Allemagne. A Munich, à Dresde, à Berlin, les grands monuments de l'Etat sont décorés par ce genre de peinture ; les plus célèbres peintres de l'Allemagne, Bendeman, Kaulbach, Cornélius, Snorr, ornent en ce moment-ci, les galeries, les monuments publics, les chambres législatives, les palais royaux, les églises.

C'est là aussi l'immortel titre de gloire des artistes les plus illustres du moyen âge ; les plus beaux ouvrages des Léonard de Vinci, des Raphaël, des Michel-Ange sont des peintures à fresque. Elles forment leur plus glorieuse auréole.

Il résulterait de cet encouragement un autre avantage : le peuple ne visite pas toujours les galeries, les musées, mais il visite les grands monuments, il s'agenouille dans les églises : il peut, là, en contemplant ces grandes et belles productions, goûter un noble et pur plaisir, orner son goût et élever sa pensée.

Messieurs, je crois que dans les encouragements qu'on donne à la peinture, il ne faut pas envisager uniquement les artistes naissants. Quand on se préoccupe de cette seule classe, on est exposé à faire fausse route et à n'avoir souvent qu'une collection de médiocrités : il n'y a pas là des éléments suffisanls pour faire une galerie qui honore la nation qui la possède, une galerie qui puisse servir de modèle et d'enseignement aux jeunes talents.

Messieurs, j'ai recueilli, dans une brochure qui a passé sous mes yeux, quelques observations que je trouve très justes que je me permettrai de lire à la chambre et qui me paraissent dignes de son attention :

« L'Elat possède le noyau de cette galerie, mais son système d'encouragement a introduit au musée actuel, à côté de quelques belles œuvres, des toiles qui ternissent l'éclat de la grande école flamande.

« On revêten quelque sorte d'une consécration officielle la médiocrité, tandis que des pages de Gallait et d'Edouard de Biefve se trouvent, faute d'emplacement, à la cour de cassation. Wappers, Keyser, de Caisne ont des tableaux au temple des Augustins. Cet éparpillement est contraire au but qu'il importait de poursuivre. La concentration, la réunion des tableaux les plus remarquables des peintres vivants deviendraient une source d'émulation pour les maîtres, un des plus beaux ornements de Bruxelles, une leçon saisissante pour les élèves. Dès qu'on saurait que rien de médiocre, de faible, de lâché ne franchit le seuil de cette galerie, les artistes redoubleraient d'ardeur, les uns pour y faire admettre leurs tableaux, les autres pour s'y surpasser eux-mêmes. »

Je suis convaincu que la chambre qui si souvent a donné des encouragements aux travaux industriels, qui a versé de grandes sommes dans les travaux matériels, ne sera pas ennemie des encouragements à donner à ces belles et nobles œuvres de l'intelligence. Il est impossible de ne pas se souvenir que les arts occupent dans notre histoire plus d'une page glorieuse ; certainement nous ne devons pas laisser périr ces souvenirs, loin de là, je suis convaincu qu'il est digne du développement de notre patriotisme national de les encourager toujours, de les accroître et de les fortifier.

Car il ne faut pas se le dissimuler, les conquêtes que l'on fait dans le domaine des lettres, des sciences et des arts, sont des conquêtes impérissables ; elles honorent et illustrent à jamais l'esprit humain.

Oui, messieurs, tous les voyageurs qui visitent maintenant les contrées lointaines de la Grèce, de l'Italie, de la Sicile, s'inclinent avec admiration devant les grands monuments que l'on rencontre dans ces pays, déchus de leur importance et de leur puissance politique , devant ces sublimes objets d'art qui sont encore aujourd'hui le témoignage vivant de la civilisation et de la grandeur de ces nations qui ne sont plus, et toute l'Italie voit, de nos jours encore, accourir chez elle, de tous les côtés du globe, ceux qui aiment à saluer les magnifiques monuments de la souveraineté intellectuelle.

C'est une question de patriotisme, et c'est une question de sentiment public qui doit faire que nous engagions le gouvernement à donner aux sommes qu'il consacre aux beaux-arts une direction juste, éclairée et sagement conçue.

M. le ministre de l'intérieur (M. Rogier). - Messieurs, la chambre aura sans doute entendu avec le même intérêt que moi, les observations présentées en si excellents termes par l'honorable préopinant. Je suis généralement d'accord avec lui sur tous les points. En ce qui concerne la contrefaçon des œuvres d'art, il y a aujourd'hui un abus contre lequel le sentiment public, à défaut de répression, ne saurait trop sévir. Il est honteux pour les arts qu'il se rencontre des hommes assez insoucieux de leur propre dignité pour imiter ce qui a été l'œuvre lente, laborieuse d'un homme de talent, de génie, et en tirer ensuite un profit personnel.

Déjà, messieurs, mon attention a été appelée sur cet abus, et j'avoue n'avoir pas trouvé jusqu'ici de moyen de répression suffisant. Je crois cependant que dans certains cas les tribunaux ne seraient point complètement désarmés contre de pareils plagiats, ou, pour mieux les qualifier, contre un pareil brigandage. Il faut cependant distinguer.

Tant que l'œuvre de l'artiste reste entre ses mains, il en a la complète propriété, et je pense que dans ce cas toute imitation, toute contrefaçon doit être punie ; si au contraire il s'est dessaisi de son œuvre et qu'il l’a placée entre les mains, soit d'un spéculateur, soit d'un amateur, alors commence la question de savoir si cet acquéreur ne peut pas faire de son œuvre ce qu'il lui plaît, s'il ne peut pas en faire des copies, les distribuer à ses amis ou même en faire l'objet de spéculations. Cela dépend en grande partie des conventions passées entre l'artiste et l'acheteur.

Quant aux contrefaçons, s'il s'en fait à l'étranger, l'action de nos tribunaux est impuissante pour les réprimer.

Pour ce qui est de l'acte qui consiste à mettre le nom sur un tableau qui n'est pas de lui, je ne sais comment le qualifier. A mes yeux, un pareil acte est ce qu'il y a de plus honteux. S'approprier le fruit du travail, même d'un artiste, au risque de porter atteinte à sa réputation en imitant mal son œuvre, c'est plus qu'un vol. S'il y avait moyen d'introduire une loi ayant pour but de réprimer de pareils abus, on ferait une chose aussi morale qu'utile. Déjà j'ai entretenu mon collègue de la justice des moyens qui pourraient être pris pour faire cesser cet abus.

Si nous arrivons à un projet de loi qui puisse réprimer ce qui a été signalé avec tant de justice comme un très grand mal pour les arts et pour les artistes, nous nous empiéterons de déposer un pareil projet j de loi.

En attendant nous ne pouvons que dénoncer à l'opinion publique, et le cas échéant, dénoncer ax tribunaux de pareils actes.

(page 238) L'honorable préopinant a parlé de l'usage introduit dans les concours, qui consiste à interdire aux concurrents d'inscrire leur nom sur leurs œuvres. Aujourd'hui on leur recommande d'ajouter un simple signe en tenant leur nom sous cachet. On veut par ce moyen arriver à plus d'impartialité dans les jugements. Je crois qu'en général on arrive à une plus grande impartialité dans les jugements, quand le nom de l'artiste n'est pas d'abord connu.

Quant aux observations qui peuvent être soumises aux artistes alors que leur nom est connu, ce moyen n'est pas interdit ; quand le jury a décidé que le prix pouvait être attribué à 2 ou 3 concurrents, il arrive qu'il consulte les concurrents et qu'il leur fait même certaines observations. Dans le concours ouvert pour le monument du Congrès, le cas s’est présenté ; le jury a hésité entre deux concurrents ; on a ouvert les billets, on a trouvé les noms des artistes ; on a fait venir les deux concurrents ; on leur a adressé des observations et on a ouvert un nouveau concours entre eux.

Le concours a ses inconvénients ; mais dans notre pays de liberté où nous aimons qu'on cherche à récompenser tous les mérites, à donner l'essor à tous les talents, le concours est préférable à la désignation des artistes. Cela n'empêehe pas que, pour certaines grandes œuvres, on n'hésite pas à s'adresser à de grands artistes qui ont fait leurs preuves.

Relativement aux encouragements, l'honorable préopinant a présenté des observations que j'accepte complètement, à part quelques réserves ; les encouragements du gouvernement ne doivent certainement pas se perdre, s'éparpiller entre un très grand nombre d'artistes commençants : il faut que l'allocation portée au budget de l'État soit principalement réservée pour les œuvres dignes du pays, en rapport avec les sommes portées au budget.

Cela n'empêche pas que le gouvernement doit aussi ses encouragements aux artistes qui promettent de devenir des talents éminents. Je reconnais qu'il y a eu, à une certaine époque, une sorte d'abus dans la répartition des subsides ; on les a distribués à un trop grand nombre d'artistes, au lieu de les consacrer à un nombre plus restreint pour obtenir des œuvres plus considérables.

Les tableaux qui sont dans les musées ne sont pas tous le produit de commandes faites par le gouvernement ; ces tableaux, pour la plupart, sont devenus la propriété du gouvernement, à la suite des expositions. Vous savez comment les choses se passent. Dans les expositions, en choisit un certain nombre de tableaux destinés à être répartis par la voie du sort ; on va jusqu'à en prendre de médiocres afin d'augmenter les chances de gains de ceux qui prennent des billets. Le gouvernement souscrit pour un certain nombre de billets ; il lui échoit ainsi des tableaux médiocres qui sont placés dans le Musée.

Voici un correctif : les hôtels des ministères renferment un assez grand nombre de tableaux modernes qui sont au nombre des meilleurs que possède l'Etat. Le public, n'étant pas admis dans les hôtels des ministres, est privé de la vue de ces tableaux. Mes collègues et moi avons consenti à faire ce sacrifice : ces tableaux seront déposés au Musée qui rendra aux hôtels ministériels quelques-uns de ces tableaux que l'honorable M. de Liedekerke signalait tout à l'heure ; ils seront plus en harmonie avec le restant du mobilier. (On rit.)

Quant aux grands tableaux que l'honorable préopinant voudrait voir figurer aussi dans ce musée, il faut d'abord tenir compte de la place disponible. Or le musée de Bruxelles est tout à fait insuffisant pour recevoir de grands tableaux. On a attribué à l'académie de médecine une partie des locaux qui auraient pu servir au musée de peinture ; de manière que les grands tableaux ne pourraient trouver place dans nos salles actuelles.

En outre, je ne crois pas qu'il convienne de placer tous nos tableaux historiques dans les musées.

Quant aux tableaux religieux, leur véritable place c'est l'église. C'est là que, pour ma part, j'aime à contempler les tableaux religieux.

Quant aux tableaux historiques proprement dits, il faut encore distinguer ; je crois que certains tableaux historiques, retraçant les grands faits de la vie publique, de la vie parlementaire, seraient mieux placés dans le parlement que dans un musée.

Je ne pense donc pas qu'il conviendrait d'enfermer tous nos grands tableaux dans un musée. Certains tableaux gagnent beaucoup à être vus isolément et à leur place.

A cette occasion, on a parlé de l'utilité de propager dans le pays la peinture à fresque, la peinture monumentale. Ici encore, complet accord entre nous.

Il y a très longtemps que je pense que, sous ce rapport, le pays a des progrès à faire. Il m'est même arrivé, il y a une dizaine d'années, de signaler dans un écrit l'absence de ce genre de peinture, en Belgique, alors qu'il brillait d'un si vif éclat en Allemagne, en Bavière notamment.

Nous avons poussé dans cette direction plusieurs de nos artistes. L'honorable M. de Liedekerke n'ignore pas, sans doute, que plusieurs de nos artistes sont occupés à des peintures à fresque dans plusieurs édifices. Je cherche à propager la peinture à fresque non seulement dans l'intérieur de nos monuments, mais même à l'extérieur. Je suis entré en relations avec un artiste que j'ai chargé de peindre à fresque le fronton de l'une des principales églises de Bruxelles. Ainsi le goût de cette peinture se répandra plus rapidement en Belgique. J'y verrais un grand avantage pour l'art ; non seulement la peinture monumentale agrandit l'art, mais c'est comme une page vivante de l'bistoire aux yeux des populations.

A Munich, les principaux faits de l'histoire de la Bavière sont inscritss sur les murs des monuments.

Le peuple dans ses promenades est à chaque instant en communication avec les grands hommes, avec les grands faits qui ont signalé son histoire.

Sous ce rapport, il y a une haute utilité à laîpeinlure monumentale.

Je ferai tous mes efforts pour la propager, au point de vue de l'art et de la civilisation même du pays.

Elevés à cette hauteur, les achats, je dois le dire, ne sont plus tout à fait au niveau du chiffre du budget. Puiir faire de grandes choses en matière d'art comme en toute matière, mais principalement en fait d'art, pour faire de grandes choses, pour obtenir de beaux tableaux, de belles sculptures, de beaux monuments, il faudrait ce qu'il n'y a pas au budget, il faudrait plus de 67 mille francs.

Mais, comme le disait l'honorable préopinant, les particuliers, ici encore, ont un rôle à jouer, et c'est en effet ce qui se réalise. Deux grands monuments viennent d'être décrétés depuis un an : l'un plus particulièrement architectural, l'autre qui ouvrira une vaste carrière, je l'espère, à tous nos artistes. La colonne du Congrès et l'église décrétée à Laeken offrent aux particuliers l'occasion de faire un acte de patriotisme et en même temps d'apporter de grands encouragements à tous nos artistes. Ici donc, l'action du gouvernement, aidée par le concours des particuliers, pourra produire pour les artistes ces grands résultats que nous demande l'honorable M. de Liedekerke.

La forme de la société actuelle, cet éparpillement de toutes les forces, de toutes les fortunes, n'est plus, il faut le dire, aussi favorable au développement des grands travaux artistiques qu'une autre époque, qui avait ses abus à côté de certains avantages. Il faut tâcher de remplacer ces anciennes forces collectives par la force collective du gouvernement et des individus qui s'associent en vue d'une grande œuvre.

Sous ce rapport les associations religieuses et laïques peuvent beaucoup ; elles peuvent jusqu'à certain point remplacer les anciennes corporations.

Messieurs, le chiffre porté au budget n'est pas contesté, ta chambre n'annonce pas l'intention de le débattre. Dès lors je bornerai là mes observations.

M. Prévinaire. - Messieurs, j'avais demandé la parole avant le discours que vient de prononcer l'honorable ministre de l'intérieur, afin de lui soumettre quelques observations très sommaires sur l'état de nos musées.

Je suis très soucieux de ce qui peut flatter notre amour-propre national, et, sous ce rapport, je dois dire que l'état de nos musées laisse beaucoup à désirer.

Je dois dire aussi qu'en visitant nos galeries de tableaux, j'ai été péniblement impressionné.

Je prierai donc M. le ministre de l'intérieur de vouloir s'occuper un peu de cet objet, de vouloir, autant que possible, sans aggravation de dépenses, remédier à cet état de choses. (Interruption.)

Je pourrais indiquer à M. le ministre de l'intérieur, s'il entrait dans les convenances de la chambre d'examiner les faits, qu'il est possible, avec des dépenses très exiguës, de se mettre au niveau de ce qui existe ailleurs.

Je ne demande pas de fortes aggravations de dépenses, je ne suis pas plus prodigue que qui que ce soit dans cette enceinte.

M. le ministre de l'intérieur a déjà reconnu qu'on s'était emparé d'une partie des locaux primitivement affectés à la galerie de tableaux ; c'est un des motifs qui s'opposent à ce qu'on réunisse dans un même lieu les œuvres méritoires d'un grand nombre de nos artistes qui se trouvent aujourd'hui disséminées et remisées même dans des locaux où le public n'a aucun accès.

M. le ministre de l'intérieur (M. Rogier). - Où donc ?

M. Prévinaire. - Il y a tels tableaux qui se trouvent parfaitement roulés et qui sont déposés dans des greniers. Eh bien, s'il y a des œuvres méritoires parmi celles qui ont reçu cette destination, je demande que, dans l'intérêt de l'art et de nos artistes, une place puisse leur être attribuée dans nos musées.

Je reconnais avec M. le ministre de l'intérieur que la place des tableaux religieux est dans les églises, que certains tableaux, dont le sujet est politique, peuvent être convenablement placés ailleurs que dans les musées. Mais je crois qu'en général les œuvres d'une certaine valeur doivent trouver place dans les musées, où le public, où les étrangers ont accès et où ils sont ainsi à même d'apprécier le mérite de nos artistes.

Aujourd'hui le musée de Bruxelles, par exemple, renferme un très petit nombre d'œuvres de nos artistes vivants. J'ai une autre observation à faire, je vous la présenterai avec toute la circonspection possible.

Dans un grand nombre de localités du pays, existent des tableaux d'un mérite éminent qui se rattachent à l'histoire de notre peinture.

Je suis loin de vouloir demander que l'on use de moyens de contrainte même morale, pour priver ces localités d'une propriété qui est la leur. Mais je demanderai si le gouvernement ne jugerait pas utile que ces tableaux pussent être réunis dans une galerie nationale, du consentemert du propriétaire. (Interruption.)

(page 239) Messieurs, il y a telles communes (je parle de communes et non de villes) qui sont en possession de tableaux d'un grand mérite et qui les céderaient peut-être à l'Etat à certaines conditions. S'il fallait un exemple, je citerais un tableau extrêmement remarquable qui se trouve dans une commune voisine de Bruxelles, où personne ne va le voir ; c'est un tableau de Van Dyck.

La commune consentirait peutètre à céder ce tableau au gouvernement à la condition qu'il en fît faire, par un de nos premiers artistes, une copie qui resterait sa propriété et moyennant un dédommagement pécuniaire convenable. Ce serait un moyen de sauvegarder toutes les susceptibilités de la commune.

C'est une question que je prie M. le ministre de vouloir bien examiner. Je désire aussi présenter une observation sur notre Musée de l'industrie.

Ce Musée contient un grand nombre d'objets, mais d'objets peu utiles à ceux qui veulent le consulter. Il est encombré de modèles sans aucune valeur, notamment en ce qui concerne l'agriculture. On y a introduit, avec les meilleures intentions, je le reconnais, une foule de modèles qui aujourd'hui sont considérés, par les hommes du métier, comme parfaitement impropres. Je ne dis pas que le gouvernement a eu tort de les acheter ; je n'en fais surtout pas un grief au ministre actuel ; mais je dis qu'il vaudrait mieux débarrasser le Musée et y faire place à des modèles beaucoup plus utiles.

Notre Musée de l'industrie contient aussi une foule d'instruments de précision dont on ne tire absolument aucun fruit, et qui rempliraient exactement le même but s'ils y figuraient en dessins, ce qui coûterait beaucoup moins. Je demanderai à M. le ministre de l'intérieur s'il ne trouverait pas à propos d'utiliser les instruments de physique et de chimie, en affectant une somme très minime à faire donner des cours publics une ou deux fois la semaine. Je sais que des hommes très capables sont disposés à donner ces cours presque gratuitement. Il n'y aurait donc de ce chef presque aucune aggravation pour le budget, et il en résulterait un grand avantage pour les artisans qui auraient le temps de suivre ces cours.

En ce qui concerne notre bibliothèque, je dirai que les locaux sont très mal disposés, et que les lecteurs y trouvent très peu de facilités. Dans un grand centre de population comme Bruxelles, où les hommes de science affluent, il serait à désirer que cette bibliothèque fût mieux appropriée.

M. de Liedekerke. - Messieurs, je crains que M. le ministre n'ait pas saisi ma pensée à l'égard des concours. Voici ce que j'ai voulu dire : Je crois que les concours auront un caractère plus élevé, auront plus de grandeur, plus d'importance, lorsque les artistes y enverront des plans ou des projets signés de leur main.

Quand un concours est anonyme, chacun se croit en droit d'y envoyer une œuvre plus ou moins parfaite, plus ou moins mûrie, plus ou moins méditée. Il en résulte souvent un grand encombrement, et les artistes supérieurs éprouvent un éloignement très marqué d'y envoyer le fruit de leurs veilles. C'est ce dont nous avons eu plusieurs exemples.

Nous avons vu, dans des concours très importants, les artistes éminents y rester étrangers ; je crois qu'à d'autres époques, où l'on a construit de grands monuments, tant en Italie qu'en Allemagne, les concours étaient publics. Les artistes qui y prenaient part signaient leurs œuvres, et il en résultait pour ces concours beaucoup plus d'importance et d'élévation.

Je bornerai là mes observations. Je ne veux pas fatiguer plus longtemps l'attention de la chambre. Mais je crois que M. le ministre ferait bien de réfléchir sur l'utilité, sur l'avantage qu'il pourrait y avoir à donner une publicité complète et entière aux concours. Je crois que les monuments d'art du pays y gagneraient infiniment.

Quant aux jeunes artistes, aux talents naissants dont on a parlé tout à l'heure, je suis loin de vouloir qu'on supprime les encouragements qu'on leur donne. Mais je crois qu'il ne faudrait pas exiger de ces artistes des tableaux qui sont souvent au-delà de leurs forces. Ainsi on demande presque toujours à un artiste, auquel on accorde un encouragement, un tableau historique. Eh bien, beaucoup d'artistes d'un talent réel, d'un talent distingué, sont hors d'état de produire un bon tableau historique, parce que cela n'est pas dans la nature de leur génie, ni dans la nature de leur talent. Bon gré, mal gré on leur demande de grandes pages, et ces grandes pages sont souvent un véritable naufrage pour leur talent. Je voudrais qu'on leur demandât des œuvres en rapport avec leur talent, œuvres moins importantes comme dimension, mais qui auraient plus de valeur et qui seraient un témoignage plus distingué du talent de l'artiste.

M. A. Vandenpeereboom. - L'honorable M. Prévinaire vient d'engager le gouvernement à faire des démarches auprès des communes, pour qu'elles envoient les œuvres d'art qu'elles possèdent, à Bruxelles, afin d'en former un musée central ; je pense que les communes auxquelles on ferait une pareille demande seraient assez peu disposées à l'accueillir.

Mais, d'un autre côté, l'honorable membre vient nous apprendre qu'il existe dans certaines remises, dans certains greniers, des toiles assez remarquables, des toiles dignes de considération ; j'engagerai le gouvernement, au lieu de réclamer aux communes les chefs-d'œuvre qu'elles possèdent, à vouloir bien faire don aux musées des provinces, des toiles qui sont ici dans des greniers.

Je crois que les provinces accepteraient avec la plus grande reconnaissance les objets d'art qui pourraient leur donner une certaine vie. Les provinces font de grands efforts pour former des espèces de musées ; si le gouvernement voulait consentir à nous donner les miettes qui tombent, si je puis m'exprimer ainsi, de la table du musée de Bruxelles, nous serions très heureux de les recueillir.

- M. de Mérode, dont l'éleclion a été validée dans une séance précédente, prête serment.

M. Prévinaire. - Si la chambre a bien voulu prêter attention aux paroles que j'ai prononcées tout à l'heure, elle se sera aperçue que j'ai présenté mes observations avec une excessive circonspection. L'honorable M. Vandenpeereboom les a mal saisies, car jamais il n'est entré dans ma pensée, je l'ai répété plusieurs fois, de demander qu'on employât le moindre moyen de contrainte ou d'influence gouvernementale. J'ai déclaré qu'il pouvait convenir à certaines localités de se défaire de telle ou telle œuvre d'art qu'elles possédaient, et j'ai engagé le gouvernement, lorsque le cas se présente, à profiter des dispositions favorables des communes pour réunir dans un musée central des toiles d'une grande valeur qui se trouvent éparpillées dans le pays.

Au point de vue de l'art, cette réunion présenterait de grands avantages. Je sais du reste quelles sont les susceptibilités locales, et je me suis bien gardé de présenter la chose autrement que sous le point de vue de la convenance parfaitement réciproque.

M. le ministre de l'intérieur (M. Rogier). - On vient de parler, messieurs, de tableaux de mérite qui se trouveraient dans les greniers du Musée ; j'engage l'honorable membre qui a fait cette observation à bien vouloir me signaler ces tableaux. A ma connaissance, aucun tableau de mérite ne se trouve dans les greniers du Musée.

M. Prévinaire. - Je n'ai pas parlé d'œuvres de mérite.

M. Bruneau. - Si ce sont des croûtes...

M. le ministre de l'intérieur (M. Rogier). - On me rendra un grand service en me signalant de bons tableaux qui se trouveraient dans des greniers ; ils n'y resteraient pas longtems.

Messieurs, le gouvernement fait tous ses efforts pour enrichir successivement les musées de l'Etat de toutes les œuvres de mérite qui se présentent. J'ai déjà parlé de l'obstacle financier que rencontre, sous ce rapport, la libéralité de vues du gouvernement ; cependant je saisis cette occasion pour informer la chambre que, dans une circonstance récente, le cas se présentant pour le gouvernement de faire des acquisitions importantes, je n'ai pas hésité à engager ma responsabilité. Une collection connue par les richesses qu'elle renfermait et qui avait été vue autrefois à Bruxelles, cette collection a été mise en vente, et j'ai cru devoir y faire faire quelques acquisitions en dehors du budget ; j'aurai de ce chef une demande de crédit à faire à la chambre. Du reste, dans le cas où la chambre refuserait le crédit ces tableaux offriraient pour les acheteurs une excellente spéculation. Seulement le gouvernement a regretté de ne pas pouvoir joindre aux trois tableaux qu'il a acquis deux tableaux appartenant à l'école belge, deux Van Dyck ; mais la valeur de ces tableaux était telle que je n'ai pas voulu engager jusque-là les finances de l'Etat.

Par compensation, nous avons obtenu, dans le pays, et la chambre l'apprendra avec plaisir, la résurrection en quelque sorte, d'un ancien tableau de Rubens, qui n'a coûté que quelques mille francs de restauration, mais qui, aujourd'hui, a une valeur que nous ne pouvons pas apprécier tellement elle est considérable. Je suis heureux d'informer la chambre que, par suite de travaux de restauration conduits avec beaucoup de prudence et d'habileté, et au moyen de quelques milliers de francs, on a rendu la vie à une des plus belles pages de Rubens qui se trouvait complètement effacée. D'ici à peu de temps tout le public sera admis à voir cette belle œuvre.

Je ne proposerai certainement pas à la ville d'Anvers de transporter ce tableau à Bruxelles. (Interruption.) Comme on me le fait observer, il est probable qu'il y aurait quelque objection contre un pareil déplacement.

On a fait allusion à un tableau très précieux qui se trouve dans une commune rurale à une lieue et demie de Bruxelles ; je pense qu'on a voulu parler du tableau de Saventhem.

Ce ne sont pas seulement les grandes villes qui tiennent obstinément à leurs tableaux ; les plus petites localités sont dans le même cas. Aussi, non seulement la commune de Saventhem n'aurait pas consenti à se des saisir du tableau dont il s'agit, mais elle a même porté obstacle à ce qu'on en prît copie.

L'artiste que j'avais autorisé à prendre copie de ce beau tableau, s'est plaint des difficultés qu'il rencontrait, et il a fini par renoncer à son entreprise, tellement il a été peu encouragé par l'administration locale.

Ce qui serait encore très utile, ce serait de faire faire des copies de nos meilleurs tableaux et de répartir ces copies entre les différentes localités, entre les églises du pays. Ce serait une excellente occupation pour nos jeunes artistes et beaucoup de localités trouveraient une grande satisfaction à posséder de bonnes copies des chefs-d'œuvre de nos grands maîtres.

- La discussion est close.

Article 94

« Art. 94. Encouragements, souscriptions, achats. Publication du « Musée populaire de Belgique ». Concours de composition musicale. Pensions des lauréats. (page 240) Académies et écoles des beaux-arts, autres que l'Académie d'Anvers. Concours de peinture, de sculpture, d'architecture et de gravure, Pensions des lauréats.

« Charges ordinaires : fr. 113,000.

« Charges extraordinaires : fr. 12,000. »

La section centrale, d'accord avec M. le ministre de l'intérieur, propose de porter 110,000 fr. à la colonne des charges ordinaires, et 15,000 fr. à la colonne des charges extraordinaires.

- Les deux chiffres, ainsi répartis, sont adoptés.

Articles 95 à 103

« Art. 95. Académie royale d'Anvers : fr. 27,500. »

- Adopté.


« Art. 96. Conservatoire royal de musique de Bruxelles : fr. 45,000. »

- Adopté.


« Art. 97. Conservatoire royal de musique de Liège : fr. 20,000. »

- Adopté.


« Art. 98. Musée royal de peinture et de sculpture. Personnel : fr. 5,100. »

- Adopté.


« Art. 99. Musée royal de peinture et de sculpture. Matériel et acquisitions : fr. 13,900. »

- Adopté,


« Art. 100. Musée royal d'armures et d'antiquités. Personnel : fr. 3,800. »

- Adopté.


« Art. 101. Musée royal d'armures et d'antiquités, Matériel et acquisitions : fr. 7,200. »

- Adopté.


« Art. 102. Entretien du monument de la place des Martyrs, des jardins et des arbustes. Salaire des gardiens : fr. 2,000. »

- Adopté.


« Art. 103. Monuments à élever aux hommes illustres de la Belgique, avec le concours des villes et des provinces. Médailles à consacrer aux événements mémorables : fr. 10,000. »

- Adopté.

Article 104

« Art. 104. Subsides aux provinces, aux villes et aux communes dont les ressources sont insuffisantes pour la restauration des monuments : fr. 30,000. »

M. le ministre de l'intérieur a proposé, et la section centrale est d'avis d'augmenter ce chiffre d'une somme de 3,200 fr., destinée à être allouée comme subside pour les travaux de restauration et de conservation des tableaux de Rubens, à l'église de Notre-Dame, à Anvers. La somme de 3,200 fr. sera placée à la colonne des charges extraordinaires.

- L'article 104 avec les sommes de 30,000 fr., comme charge ordinaire, et de 3,200 fr., comme charge extraordinaire, est mis aux voix et adopté.

Articles 105 à 108

« Art. 105. Commission royale des monuments. Personnel : fr. 1,400. »

- Adopté.


« Art. 106. Commission royale des monuments. Matériel. Frais de déplacement : fr. 4,600. »

- Adopté.


« Art. 107. Monument à ériger en commémoration du Congrès national, charges extraordinaires : fr. 5,000. »

- Adopté.


« Art. 108. Exposition nationale des beaux-arts, charges extraordinaires : fr. 20,000. »

- Adopté.

Chapitre XX. Service de santé

Articles 109 à 112

« Art. 109. Frais des commissions médicales provinciales ; police sanitaire et service des épidémies : fr. 39,500. »

- Adopté.


« Art. 110. Encouragement à la vaccine. Service sanitaire des ports de mer et des côtes. Subsides aux élèves sages-femmes. Subsides aux communes en cas d'épidémie ; impressions et dépenses imprévues : fr. 26,300. »

- Adopté.


« Art. 111. Académie royale de médecine : fr. 20,000. »

- Adopté.


« Art. 112. Conseil supérieur d'hygiène publique. Jetons de présence et frais de bureau : fr. 4,200. »

- Adopté.

Chapitre XXI. Eaux de Spa

Article 113

« Art. 113. Subsides pour les établissements publics de la commune de Spa : fr. 20,000. »

- Adopté.

Chapitre XXII. Traitement de disponibilité

Article 114

« Art. 114. Traitements temporaires de disponibilité : fr. 10,000. »

La section centrale, d'accord avec M. le ministre de l'intérieur, propose de porter le crédit à 10,859 fr. 16 c.

- Le chiffre de 10,859 fr. 16 c. est mis aux voix et adopté.

Chapitre XXIII. Dépenses imprévues

Articles 115 et 116

« Art.115. Dépenses imprévues non libellées au budget : fr. 9,900. »

- Adopté.


« Art. 116 (nouveau). Dépenses de location et autres frais, relatifs au terrain des courses : fr. 4,650.

« (La somme serait placée à la colonne des charges temporaires.) »

- Adopté.

Vote sur l’ensemble du projet

La chambre passe au vote du texte du budget :

« Article unique. Le budget du ministère de l'intérieur est fixé, pour l'exercice 1851, à la somme de six millions cent cinquante-neuf mille quatre cent soixante-trois francs trente-trois centimes (fr. 6,159,463-33), conformément au tableau ci-annexé. »

- Adopté.


On passe à l'appel nominal pour le vote sur l'ensemble du budget de l'intérieur.

Le budget est adoplé à l'unanimité des 77 membres qui ont pris part au vote et qui sont :

MM. Coomans, Cumont, Dautrcbande, David, de Baillet (H.), de Baillet-Latour, de Brouwer de Hogendorp, Dechamps, de Chimay, Dedecker, de Haerne, de La Coste, Delehaye, Delfosse, de Liedekerke, Deliége, de Mérode-Westerloo, de Perceval, De Pouhon, Dequesne, de Renesse, de Royer, de Steenhault, Destriveaux, de Theux, de T'Serclaes, Devaux, de Wouters, Dumon (A.), Dumont (G.), Frère-Orban, Jacques, Jouret, Jullien, Landeloos, Lange, le Bailly de Tilleghem, Lebeau, Lesoinne, Liefmans, Malou, Mascart, Mercier, Moncheur, Morcau, Moxhon, Orts, Osy, Peers, Pirmez, Prévinairc, Reyntjens, Rodenbach, Rogier, Roussel (A.), Rousselle (C), Tesch, Thiéfry, T'Kint de Naeyer, Van Cleemputte, Vanden Branden de Reeth, Vandenpeereboom (A.), Vandenpeereboom (E.|, Van Grootven, Van Hoorebeke, Van Iseghem, Van Renynghe, Vermeire, Veydt, Ansiau, Anspach, Boulez, Bruneau, Cans, Clep, Cools et Verhaegen.

Projet de loi modifiant la loi du 6 août 1849 sur le transit

Dépôt

Projet de loi autorisant la restitution d'une somme payée en exécution de la loi

Dépôt

M. le ministre des finances (M. Frère-Orban) présente à la chambre deux projets de loi, l'un ayant pour objet de rectifier une erreur matérielle qui s'est glissée dans l'article 34 de la loi du 6 août 1849, et l'autre dont le but est d'autoriser la restitution au notaire Fortamps d'une somme de 15,060 fr. payés en exécution de la loi, mais dans des circonstances tout à fait spéciales et qui autorisent la restitution demandée.

- La chambre donne acte à M. le ministre des finances de la présentation de ces projets de loi qui seront imprimés, distribués et renvoyés à l'examen des sections.

Rapports sur des pétitions

M. Clep fait rapport sur les pétitions suivantes. - « Par pétition dalée de Chimay, le 4 novembre 1850, le sieur Decot demande une loi qui modifie les dispositions relatives à l'exercice de la médecine vétérinaire dans les campagnes. »

Renvoi à M. le ministre de l'intérieur.

- Adopté.


M. Clep, rapporteur. - « Par pétition datée de Saint-Josse-ten-Noode, le 24 mai 1850, le sieur Verstappen, ancien commis des accises, réclame l'iutervention de la chambre pour obtenir une augmentation de pension. »

Renvoi à M. le ministre des finances.

- Adopté.


M. Clep, rapporteur. - « Par pétition datée d'Isque, le 5 mai 1850, plusieurs habitants d'Isque réclament l'intervention de la chambre pour que le gouvernement se fasse donner un rapport détaillé sur la nomination du secrétaire communal. »

Ordre du jour.

- Adopté.


M. Clep, rapporteur. - « Par pétition datée de Mons, le 27 avril 1850, la députation permanente du conseil provincial de Hainaut demande une loi qui restitue à la province les intérêts de l'encaisse provincial de 1830. »

Renvoi à M. le ministre des finances et demande d'explications.

- Adopté.


M. Clep, rapporteur. - « Par pétition sans date, les époux Vraux, à Tournay, prient la chamrbre d'accorder un emploi ou une pension à leur fils Isidore, milicien congédié pour infirmités contractées au service. »

Renvoi à M. le ministre de la guerre.

- Adopté.


M. Clep, rapporteur. - « Par pétition dalée de Mons, le 28 avril 1850, quelques habitants de la commune de Mons, province de Liège, prient la chambre de ne pas accorder la concession d'un accotement de la route de Jemeppe à Hollogne-aux-Pierres. »

Renvoi à M. le minisire des travaux publics.

- Adopté.


M. Clep, rapporteur. - « Par pétition datée d'Hollogne-aux-Pierres, le 31 mai 1850, quelques habitants et membres du conseil communal d'Hollogne-aux-Pierres déclarent protester contre la concession qui serait faite à une société industrielle, d'un accotement de la route de Jemeppe à Hollogne-aux-Pierres, et demandent que cette concession soit annulée.

Renvoi à M. le ministre des travaux publics.

- Adopté.


La séance est levée à 4 heures.