Van der Bruggen Maurice, Louis, Marie catholique
né en 1852 à Gand décédé en 1919 à Gand
Ministre (agriculture) entre 1899 et 1907 Représentant entre 1888 et 1911, élu par les arrondissements de Thielt et Roulers-Thielt(Extrait de F. LIVRAUW, Le Parlement belge en 1900-1902, Bruxelles, Société belge de Librairie, 1901, p. 145)
Avocat à la Cour d'appel de Gand, ancien bourgmestre de Wyngene. Fit ses études moyennes au Collège Sainte-Barbe, à Gand, et au Collège Notre-Dame de la Paix, à Namur, et suivit les cours de l'Université catholique de Louvain : conquit en 1872 le diplôme de docteur en droit. Siégea au Conseil provincial de la Flandre occidentale pour le canton de Ruisselede de 1880 à 1888. Elu conseiller communal de Wyvngene en 1878, il fut appelé aux fonctions de bourgmestre par arrêté du 5 février 1885.
Aux élections du 12 juin 1888, l’arrondissement de Thielt le choisit comme mandataire et, depuis lors, lui renouvela régulièrement ses pouvoirs.
A l'avènement du second Cabinet de Smet de Naeyer (5 août 1899), le Roi confia à Van der Bruggen le portefeuille du Ministère de l'agriculture. Le 16 mai 1900, il avait été nommé sénateur suppléant pour l'arrondissement de Roulers-Thielt. Chevalier de l'Ordre de Léopold, grand-cordon de l'Ordre du Lion et du Soleil.
(Extrait de Annales parlementaires de Belgique. Sénat, session 1918-1919, séance du 7 octobre 1919, pp. 686-687)
NOTIFICATION DU DÉCÈS DE M. LE BARON VAN DER BRUGGEN.
M. le président se lève et prononce les paroles suivantes, que la Senat écoute debout :
Messieurs, un triste devoir m'incombe au début de cette session.
J'ai à vous faire part du décès d'un de nos collègues les plus distingués, d'un ami auquel m'unissaient les liens d'une solide et douce affection.
Le baron Maurice van der Bruggen a succombé subitement mardi dernier à un mal dont, il y a plusieurs mois déjà, il avait senti les premières atteintes.
Sa santé, qui nécessitait de grands ménagements, ne lui a pas permis de prendre une bien grande part à nos travaux depuis 1912, date de son entrée dans cette enceinte ; mais le Sénat avait eu l'occasion de l'apprécier pendant que, ministre de l'agriculture, il avait défendu devant lui les intérêts de la première de nos industries et ceux des beaux-arts et des artistes.
Elu membre de la Chambre en 1888, il y siégea sans interruption pendant vingt-trois années. Et, dès le début, il s'est assuré l'estime et l'affection de ses collègues.
Doué d'une belle intelligence, d'une grande facilité d'assimilation, il avait des connaissances étendues en toutes matières
Sa nature fine et délicate le porta vers les études artistiques.
Sa volonté de se rendre utile à ses concitoyens l'amena à s'occuper d'agriculture, à donner d'utiles conseils aux personnes au milieu desquelles il vivait, à les Instruire en mettant sous leurs yeux l'application des méthodes scientifiques et l'emploi de l'outillage le plus perfectionné.
La popularité dont il était l'objet éclata dans la première élection du suffrage universel. Il recueillit, en 1894, 15,000 voix sur 18,000.
Il ne s'est pas mêlé à un grand nombre de débats avant son entrée dans les Conseils de la couronne, mais chaque fois qu'il prit la parole il s'imposa à l'attention et remporta un succès par son éloquence facile, aimable, toujours correcte, animée de saillies fines et spirituelles.
Il fit des rapports remarques sur les questions rurales et notamment sur la location des biens appartenant à des établissements publics. Il est l'auteur de deux propositions de loi : l'une permettant d'éviter la vente forcée des petits héritages, et l'autre modifiant le régime successoral des mêmes héritages.
Le comte de Smet de Naeyer, à la recherche d'un titulaire pour le ministère de l'agriculture, s'adressa au baron van der Bruggen comme au parlementaire le mieux qualifié. Ses instances restèrent longtemps vaines sur cet homme insensible à toute idée d'ambition, qui vivait heureux dans l'accomplissement de son devoir social et dans le développement et prospérité des œuvres qu'il avait fondées. Il ne céda qu'après les démarches les plus vives et les plus pressantes et avec des regrets extrêmes.
Ses études, ses occupations, l'avaient admirablement préparé à la mission que le Roi lui confia.
Aussi a-t-il marque son passage de sept années au gouvernement par des mesures heureuses, tant dans l'administration de l'agriculture et des forêts que dans celle des beaux-arts.
D'un caractère doux et affable, qualités qui n'excluaient pas chez lui la fermeté, son commerce avait un charme particulier que n'ont pu apprécier complètement que ceux qui ont eu le bonheur de l'approcher dans l'intimité.
Je garde comme un des meilleurs souvenirs de mon passage au pouvoir les relations cordiales qu'il me fut donne d'entretenir avec cet excellent ami.
Nous perdons en lui un parlementaire de grand mérite, un collègue entouré de l'estime et de l'affection de tous. Nous conserverons précieusement sa mémoire.
Je suis convaincu, messieurs, d'être l'interprète des sentiments unanimes de l'assemblée en vous proposant de confier au bureau le soin d'adresser à Mme la baronne van der Bruggen, pour laquelle cette séparation est si cruelle, l'assurance émue des sentiments de condoléances du Sénat. (Marques unanimes d'assentiment.)
M. Delacroix, premier ministre. - Messieurs, le baron van der Bruggen, à la mémoire de qui nous rendons ici un public hommage, laisse derrière lui un grand passé parlementaire et un passé gouvernemental qui l'auréole.
Il a ouvert la lignée de ces hommes qui, comprenant la grande importance de l'agriculture pour l'avenir et la prospérité de notre pays, s'en sont faits les défenseurs passionnés. C'est par milliards que se chiffrent les produits de notre agriculture depuis qu'une impulsion nouvelle et scientifique lui a été donnée et ces produits d'importation contribuent beaucoup à faciliter nos échanges.
Le baron van der Bruggen a été dans ce domaine un des ouvriers de la première heure, il a été un initiateur. Je prie M. le président de bien vouloir associer le gouvernement au Sénat dans l'expression des condoléances qu'il adressera à la famille du regretté défunt. (Très bien ! de toutes parts.)
M. le vicomte de Jonghe d'Ardoye. - Messieurs, au nom de l'arrondissement de Roulers, je me joins de bien grand cœur aux paroles ,qui ont été prononcées par M. le président à la mémoire de notre regretté collègue M. le baron van der Bruggen.
Au cours d'une longue carrière, le regrette défunt a rendu à notre arrondissement les services les plus dévoués. Son action a été le plus grande lorsqu'il dirigeait le ministère de l'agriculture. Aussi, nos populations agricoles garderont-elles à sa mémoire le plus reconnaissant souvenir.
Comme ministre, comme sénateur, comme député, comme conseiller provincial, comme bourgmestre de la commune de Wyngene, le baron van der Bruggen était bienveillant, bon et accueillant pour tous; il s'intéressait tout particulièrement aux déshérités de la fortune. Aussi. son nom restera en vénération dans tous les cœurs.
M. Coppieters. - Messieurs, au nom de la gauche socialiste. m'associe aux paroles élogieuses qui viennent d'être prononcées à la mémoire de notre collègue défunt.
M. le baron van der Bruggen avait une âme d'élite, un cœur d'or. Tous ceux qui l'ont approché ont été sous l'impression de son caractère affectueux et courtois. Nombreux sont les humbles et les petits que sa bonté généreuse a réconfortés. Il a consacré une grande partie de sa vie à la chose publique, et dans les postes élevés qu'il a occupés, il a mis un dévouement et une activité dont le pays gardera le souvenir.
M. le comte Goblet d'Alviella. - Messieurs, je m'associe pleinement, au nom de la gauche libérale, aux paroles que vous venez d'entendre par l'organe de divers orateurs qualifiés.
Nous avons connu M. le baron van der Bruggen au ministère ; nous l'avons connu sur les bancs du Senat ; toujours nous l'avons apprécié comme un collègue consciencieux, courtois, comme un parfait gentleman et un critique bienveillant. Sa disparition est une perte pour le Sénat.
M. Braun. - Messieurs, ce n'est pas seulement au nom de l'arrondissement de Thielt-Roulers, c'est au nom de la droite tout entière qu'il convient de déplorer cette mort imprévue. Des hommes tels que le baron van der Bruggen, qui disparaissent de la scène parlementaire, ne sont pas remplacés.
Je me rappelle le jour où il fut appelé au ministère de l'agriculture. Ce choix, qui honora la droite, répondit à notre sentiment unanime. C'est que notre regretté collègue alliait aux qualités qui le distinguèrent à la tête du département de l'agriculture, celles, non moins rares, qui lui permirent de cumuler le portefeuille des beaux-arts.
Il était la courtoisie et la délicatesse mêmes, et ces qualités étaient encore rehaussées par sa modestie et le charme de sa parole, qui était séduisante.
Je ne saurais assez dire combien sa perte nous afflige, en pensant aux services qu'il a rendus et que nous étions en droit d'attendre encore de lui, s'il était resté associé à nos travaux.