Francotte Gustave, Marie, Clément catholique
né en 1852 à Liège décédé en 1925 à Bruxelles
Ministre (industrie et travail) entre 1902 et 1907 Représentant entre 1900 et 1912, élu par l'arrondissement de Liège(Extrait de La Métropole, du 20 août 1902)
Un nouveau ministre
Le Petit Belge, (journal officieux) annonce que le baron Surmont de Volsverghe, ministre de l’industrie et du travail, se retire pour raisons de santé et qu’il est remplacé par M. Francotte, député de Liége.
Notre correspondant de Bruxelles nous confirme que la nomination de M. Gustave Francotte, représentant de Liége, en qualité de ministre de l’industrie et du travail en remplacement de M. Surmont de Volsberghe, démissionnaire, paraîtra aujourd’hui au Moniteur. L’estime de tous les catholiques est acquis à M. Surmont de Volsberghe. Dans la retraite volontaire qu’il prend, il emportera la reconnaissance que le pays professe pour tous ceux qui ont fait tout leur devoir.
L’entrée de M. Gustave Francotte dans le ministère sera bien accueillie. Elu représentant de Liége le 27 mai 1900, le nouveau ministre de l’industrie et du Travail fut nommé secrétaire de la Chambre le 8 juillet 1900 et maintenu en fonctions depuis lors. Il sut vite conquérir de nombreuses sympathies sur tous les bancs du Parlement. M. Gustave Francotte est né à Liége, le 23 novembre 1852. Il fit ses études au collège Saint-Servais et à l’Université de Liége, où il conquit le diplôme de docteur en droit le 25 août 1874, et celui de docteur en sciences politiques et administratives, le 23 juillet 1875. Inscrit au barreau de Liége, il entra au conseil de l’ordre en 1891 et venait d’être nommé bâtonnier de l’ordre. Il est juge suppléant au tribunal de première instance depuis 1885.
M. Gustave Francotte fut le fondateur de l’Union des sociétés des étudiants catholiques, président de la conférence de Saint-Vincent de Paul, conseiller communal de Liége depuis 1895. Il fait partie des commissions du bureau de bienfaisance, des prisons, du conservatoire, des monuments ; il préside le conseil civique de révision de la garde civique. Il fit partie du conseil provincial de Liége pour le canton de Louveigné, de 1898 à 1900.
Très lancé, comme on l’aperçoit par ces rapides notes dans la vie publique, il s’occupa de politique comme président de l’Union catholique de l’arrondissement de Liége et comme vice-président de la Fédération des cercles et des associations catholiques et ouvrières. Il fut à la tête de diverses œuvres sociales.
Rappelons qu’en 1899, il participa aux travaux du congrès international de la petite bourgeoisie, tenu à Anvers, en qualité de vice-président du bureau général.
Nous disions que l’entrée de M. G. Francotte dans le ministère serait bien accueillie : c’est en effet une bonne recrue que le gouvernement vient de faire. Nous souhaitons au nouveau ministre une longue et fructueuse carrière pour le plus grand bien du pays.
(Extrait de La Libre Belgique, du 24 avril 1904)
Mort de M. Gustave Francotte
M. Gustave Francotte, dont nous avons annoncé la mort dans une précédente édition, était âgé de 73 ans.
Avocat à Liége, il s'y mêla tôt à l'action du parti catholique. Sa parole facile, élégante et aimable plaisait fort aux Liégeois, peuple vif, verveux et courtois. On le nomma conseiller communal et conseiller provincial. En 1900, lors de la première application de la proportionnelle. il fut l'un des représentants que le nouveau mode de scrutin permit aux catholiques liégeois d'avoir à la Chambre.
En aout 1902, il remplaça le baron Surmont de Volsberghe comme ministre de l'industrie et du travail.
Pour le grand public, il aura été surtout le ministre des expositions. Il a notamment représenté la Belgique de façon brillante à l'exposition de Saint-Louis. Et c'est alors qu’il était ministre qu'a eu lieu à Liége, sous le patronage de son département, cette exposition internationale de 1905 qui fut un si grand succès.
Quand il quitta le ministère, il fut nommé à la présidence du comité des expositions belges à l'étranger.
Comme ministre et comme président du comité que nous venons de citer, il eut très souvent l'occasion de briller dans un genre oratoire où il est bien difficile de ne pas être banal ou « pompier » : le toast. Il le tournait à merveille, léger, spirituel, plein de tact et en une langue dont on admirait la correction et l'élégance.
Son passage au ministère cependant ne fut pas marqué seulement par le rôle qu’il joua dans les expositions. Notre législation sociale en garde la trace d'une façon marquante.
M. Gustave Francotte a fait voter la loi du 24 décembre 1903 portant réparation des accidents du travail, loi très importante en ce qu'elle dispense l'ouvrier de faire la preuve de sa non-responsabilité dans l'accident et qu'elle assure la réparation de celui-ci en toute hypothèse.
C'est sous son ministère également qu'a été votée la loi du 17 juillet 1905 qui instaure le repos dominical.
M. Gustave Francotte est également l'auteur d'un projet de loi organisant les conseils de l'industrie et du travail.
Son attention s'est portée aussi sur la situation des classes moyennes et on lui doit la création, en 1905, l'Office des classes moyennes. L'exposition du petit outillage qui eut, à Gand, en 1905, un si vif succès, fut organisée à son initiative.
Il quitta le ministère en 1907, entraîné dans la chute du cabinet de Smet de Naeyer. C’est un projet déposé par le ministre de l'industrie qui, rappelons-le, entraîna cette chute. Ce projet réglementait le travail dans les mines. Par voie d'amendement, les socialistes proposèrent d'y ajouter une disposition limitant à huit heures la durée du travail dans les nouvelles concessions du Limbourg. Le gouvernement s'opposa à son vote, mais l'amendement fut adopté par une coalition des socialistes avec des députés de la majorité et de la gauche libérale. Le gouvernement, devant cet échec, retira le projet, puis il démissionna. Et une commission d'enquête sur le travail dans les mines fut instituée. Cette commission ne donna guère de résultats immédiats. mais par étapes on s'acheminait vers le régime actuel des huit heures. Au cabinet de Smet de Naeyer succéda, on le sait, le cabinet de Trooz.
Peu de temps après son départ du ministère, M. Francotte quitta aussi la vie parlementaire, se contentant d'être bourgmestre du joli village de Remouchamps, où il se retira. Il n'était fait pour les âpres luttes de la politique. Il lui déplaisait, semblait-il, d'avoir des adversaires ; sa nature cordiale, affectueuse, aimable, en souffrait. Il avait des goûts d'artiste, fréquentait fort les magasins d'antiquaire et bouquinait. Bref, c'était un homme talentueux et charmant.
Tous ceux qui l'ont connu garderont de lui le plus sympathique souvenir.
Nous présentons à sa famille nos chrétiennes condoléances.