Accueil Séances Plénières Tables des matières Biographies Documentation Note d’intention

Dohet Jean (1815-1880)

Portrait de Dohet Jean

Dohet Jean, Martin catholique

né en 1815 à Warisoulx décédé en 1880 à Namur

Représentant entre 1874 et 1880, élu par l'arrondissement de Namur

Biographie

>

(Extrait du Journal de Bruxelles, du 13 mars 1880

M. le représentant Dohet, dont la mort a été annoncée jeudi à la Chambre, était un des mandataires les plus actifs, les plus dévoués et les plus populaires de la ville et de l'arrondissement de Namur. Par l'éminente supériorité du talent, dit L’Echo de Namur, par ses profondes connaissances juridiques, par son expérience, par ses longs et signalés services, le regretté défunt était sans contredit l'un des hommes qui ont le plus honoré la ville de Namur, où sa mémoire sera impérissable.

Membre da barreau de Namur depuis bientôt un demi-siècle, M. Dohet y brillait au premier rang par la connaissance approfondie des lois et non moins par l'éclat de son talent oratoire. Si multipliés que fussent les travaux de sa profession d'avocat, M. Dohet trouva encore assez de temps pour consacrer ses rares aptitudes au service de ses concitoyens. Pendant vingt-trois ans il ne cessa de faire partie de l’administration communal de Namur et de prendre une part active à tous les grands débats qui eurent lieu à l'Hôtel de Ville. Il y siégea en qualité d'échevin pendant la moitié de cette carrière administrative. Parmi les services qu’il rendit à ses concitoyens, il faut citer en première ligne la solution de la grande question du casernement des troupes. M. Dohet prépara le projet de loi aujourd’hui en exécution qui mettait à charge de l’Etat les travaux de casernement.

Un théâtre plus vaste et plus digne de son grand talent s'était d'ailleurs ouvert devant M. Dohet. Au mois de juin 1876, les électeurs de l'arrondissement de Namur l'avaient choisi pour leur mandataire à la Chambre. Pendant plus de trois années il a montré combien il prenait à cœur sa nouvelle mission. La Législature a débattu peu de questions d'intérêt général dans lesquelles le regretté défunt n’ait fait entendre sa voie autorisée. Et si son magnifique talent oratoire ne lui a pas valu de plus nombreux succès encore, il faut l’attribuer à ces déplorables tendances du Parlement à délaisser les intérêts du pays pour les discussions politiques oiseuses où seule la passion trouve profit. Ces tendances répugnaient au regretté défunt ; il réprouvait également les querelles de coterie et les débats aigres, stériles pour le bien-être moral et matériel du pays.

M. Dohet était bâtonnier de l’ordre des avocats. Il obtenait en décembre dernier l’unanimité des suffrages de ses collègues. Il était chevalier de l’ordre de Léopold. M. Dohet a conservé jusqu’ay dernier soupir le plein usage de toutes ses facultés. Il s’est endormi doucement dans les sentiments de foi et de résignation à la volonté de Dieu, entouré de sa famille éplorée, dont le deuil sera partagé par tous ceux qui ont connu ce grand citoyen.


(Extrait de La Meuse, du 12 mars 1880)

Les journaux de Namur nous apprennent la mort de l'honorable M. Dohet. On sait que M. Dohet, qui était depuis longtemps malade, avait été frappé, il y a quelques jours, d'une attaque d'apoplexie qui ne lui laissait plus d'espoir. Il était âgé de 66 ans.

M. Dohet était un des avocats les plus distingués du pays. Il joignait à une science profonde un jugement sûr et une grande expérience des affaires.

A la Chambre, M. Dohet siégeait sur les bancs de la droite ; mais il était - on peut le dire à sa louange - un des députés catholiques les plus modérés et les plus Indépendants du Parlement. Cette indépendance lui a même mérité dans ces derniers temps l'honneur d'être attaqué violemment par un journal ultramontain de Namur, L’Ami de l’Ordre, attaques que l'honorable M. Dohet avait relevées par une lettre extrêmement digne adressée à cet feuille.

M. Dohet s'était concilié, par la franchise et la loyauté de son caractère, les sympathies de ses adversaires politiques ; il comptait dans notre province beaucoup d'amis qui regretteront vivement la mort de cet homme de bien.