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De Sadeleer Louis (1852-1924)

Portrait de De Sadeleer Louis

De Sadeleer Louis, Marie, Joseph catholique

né en 1852 à Haaltert décédé en 1924 à Bruxelles

Représentant entre 1882 et 1912, élu par l'arrondissement de Alost

Biographie

(Extrait de La Libre Belgique, du 7 mai 1924)

Le Parlement vient de perdre le plus ancien de ses membres : M. le baron de Sadeleer, qui était malade depuis quelque temps, a succombé mardi. Il avait près de 72 ans, et toute sa vie, à partir de sa sortie de l'université de Louvain, où il fit de brillantes études de droit, avait été consacrée à la défense de la cause catholique et à l'intérêt public.

Il avait à peine vingt-cinq ans qu'il siégeait déjà au conseil communal de son village natal, Haeltert, dans l'arrondissement d'Alost, et au conseil provincial de la Flandre orientale, où il représentait le canton d’Herzele.

En 1882, à 30 ans, il entrait à la Chambre des représentants et il ne cessa pas depuis de siéger au Parlement. Depuis que le comte de Visart de Bocarmé avait donné, il y a quelques semaines, sa démission de représentant, le baron de Sadeleer était le plus ancien membre du Parlement : il y siégeait sans interruption depuis quarante-deux ans, dont trente ans passés à la Chambre et douze au Sénat.

A peine arrivé à la Chambre, il s'était fait remarquer par une participation importante à la discussion sur l'emploi du flamand dans l’enseignement moyen.

Dans la suite, il fut rapporteur du budget de la justice, du budget de dépenses et de divers projets d'ordre fiscal. Il y avait peu de grandes discussions où il ne prit la parole. C’était un des orateurs qui, s'ils n'ont pas le verbe éclatant, l'ont toujours utile. ce qui vaut peut-être mieux : il ne parlait qu'à bon escient, avec beaucoup de jugement, de modération et de courtoisie ; il manifestait, notamment. beaucoup de sens juridique (il avait été inscrit d’abord au barreau de Gand, puis à celui de Bruxelles.)

L'année même qui suivit son rentrée à la Chambre, celle-ci en avait fait un de ses secrétaires. En 1897 elle l'élevait à une de ses vice-présidences, et, en 1900, à la présidence, où il fut élu à l'unanimité des présents, moins deux : ce détail marqua à quel point il avait, avec l'estime, les sympathies de tous les membres de l'assemblée, sans distinction de parti.

Il ne resta pas longtemps à la présidence. Il l'abandonna après une année et sa participation aux débats devint dès lors plus active encore' Il joua notamment un grand rôle dans la discussion d'un traité de commerce avec l'Allemagne et dans celle de diverses autres conventions internationales, matière où il se montrait particulièrement compétent.

Il abandonna la Chambre en 1912 pour passer au Sénat comme mandataire de la circonscription Alost-Audenarde.

La même année, le Roi le nommait ministre d'Etat.

La guerre et l'invasion lui apportèrent de cruelles douleurs. Il était profondément patriote, et il eût suffi des souffrances qu'il voyait infliger à son pays pour qu'il souffrît lui-même, très vivement. Mais il perdit de plus, à la guerre, un de ses fils, jeune homme de grand avenir, qui était président de la Société générale des étudiants catholiques : sergent au corps des interprètes, il tomba au champ d'honneur le 26 mars 1918.

M. le ministre d'Etat de Sadeleer tint, lui-même, pendant la guerre, à servir son pays de la façon la plus efficace qu'il le pouvait. Il connaissait fort bien l'anglais ; il avait des relations aux Etats-Unis, où il avait fait un voyage, notamment quand y siégea à la conférence interparlementaire : il fut désigné pour faire partie de la mission spéciale envoyée en août-septembre 1914 par S. M. le Roi des Belges auprès du président des Etats-Unis et il y resta ensuite, jusqu'à la fin de la guerre, comme délégué du gouvernement belge. Il y fit, ainsi qu'au Canada, une campagne de propagande en faveur de la Belgique et des Alliés qui suffirait à lui valoir la longue reconnaissance des Belges.

Après l'armistice. il reprit sa place au Sénat. Mais il n'avait pas subi la guerre et les tristesses dont elle l'avait accablé sans en être fort ébranlé dans sa santé. Il apparaissait fatigué et mélancolique. Il participa cependant encore, brièvement, mais toujours avec utilité, à de nombreuses discussions, notamment les discussions concernant les projets d'emprunts, les lois sur les loyers, les projets d'impôts nouveaux. etc. Il fit aussi partie de la commission composée de membres du Sénat et de « compétences » non-parlementaires qui étudia, en vue de la révision de la Constitution, la réorganisation du Sénat.

Il mettait beaucoup de conscience dans l'accomplissement de, ses devoirs de mandataire public. Il avait toujours été, au Sénat comme à la Chambre, un des membres les plus assidus, dans les assemblées plénières comme dans les commissions, dont il était souvent élu président. Mais depuis deux ans, l'état toujours plus chancelant de sa santé l’obligeait à de fréquents congés.

Avec lui disparaît un parlementaire qui avait de l’expérience et de la tradition, et, hélas ! c'est une espèce qui se fait rare en Belgique.

Quant à la droite, elle perd en lui un de ses vieux militants, dressé à la lutte dans la modération et la sagesse par l'exemple de Charles Woeste, au côté duquel le défunt combattit longtemps pour le maintien des positions catholiques à Alost.

Nous saluons avec respect la mémoire de Louis de Sadeleer, en présentant nos chrétiennes condoléances à sa famille.

* * *

Le Roi avait fait M. de Sadeleer baron en 1920. Le défunt était membre du conseil général et membre du conseil d'administration de Caisse, générale d'épargne et de retraite, sous la garantie de l'Etat.

Il avait été président du groupe de l'Economie Sociale aux expositions internationales de Bruxelles (1897), de Paris (1900), de Liége (1905) et de Bruxelles (1910) ; membre du jury international des expositions de Saint-Louis (1904) et de Liége (1905).

M. de Sadeleer avait présidé, avant la guerre, la commission militaire dont les travaux eurent tant de retentissement et donnèrent lieu à de si vives discussions.

Nommé plusieurs années avant la guerre délégué du groupe belge à l'Union interparlementaire pour l’arbitrage et la paix, il lutta vigoureusement après la guerre contre les pacifistes socialistes pour l'exclusion des Allemands de cet organisme international.

En 1910, le défunt avait été chargé comme envoyé. extraordinaire d'une mission spéciale de S. M. le Roi des Belges auprès de S. M. le. roi de Portugal.

En 1913, il avait présidé à la cour d’arbitrage réunie à Port-au-Prince (Haïti) pour juger les litiges entre l'empire allemand et la république d'Haïti ; il avait été désigné à cet effet par la Roi en exécution d’une convention diplomatique advenue entre les deux pays intéressés.


(Extrait de La Chambre des représentants en 1895-1896, Bruxelles, Société belge de Librairie, 1897, pp. 308-310)

DE SADELEER, Louis-Marie-Joseph

Représentant catholique pour l’arrondissement d’Alost. Secrétaire de la Chambre. Né à Haeltert, le 6 octobre 1852

M. De Sadeleer fit de brillantes humanités au collège des pères jésuites d'Alost et sortit premier de rhétorique en 1872 ; il fit ses études supérieures à l'Université catholique de Louvain, où il conquit, en 1876, avec la plus grande distinction, le diplôme de docteur en droit, après avoir obtenu le même grade dans tous ses examens. Il prêta serment devant la cour d'appel de Gand et se fit inscrire au tableau de l'ordre des avocats de Bruxelles.

M. De Sadeleer avait 25 ans lorsque les électeurs du canton d’Herzele le déléguèrent au sein du Conseil provincial de la Flandre orientale ; il fut réélu en mai 1882, mais n'exerça plus son mandat, l'arrondissement d'Alost venant de l'élire député. Depuis cette époque, il conserva toujours la confiance de ses électeurs.

Le 14 novembre 1883, ses collègues le nommèrent secrétaire de la Chambre.

Un des premiers discours du nouveau député - il était alors le plus jeune membre du Parlement - fut une défense éloquente des droits du peuple flamand ; ses partisans ne lui ménagèrent pas leurs applaudissements, et ce succès encouragea M. De Sadeleer à entrer plus avant dans une voie où il se distingua par la suite de fort brillante façon.

M. De Sadeleer apporte une grande activité dans ses travaux parlementaires. Il n'est pas une loi d'intérêt social à la discussion de laquelle il n'ait pris une part importante : telles sont les lois sur le concordat préventif, sur l'incessibilité et l'insaisissabilité des salaires, la réglementation du payement des salaires, la loi sur la libération et les condamnations conditionnelles, la loi sur l'assistance judiciaire, sur l'assistance publique, sur l'organisation du service hospitalier, sur la suppression du timbre des polices d'assurance, etc., sans oublier la part considérable qu'il prit à l'élaboration du Code rural et du Code de procédure pénale, ainsi qu'aux divers débats que souleva sa proposition de loi relative à l'abolition du droit d'accise sur les tabacs indigènes.

II fut maintes fois désigné comme rapporteur de la section centrale ; outre les rapports de plusieurs des projets de loi ci-dessus désignés, il déposa les rapports sur divers budgets, sur la convention conclue le 12 février 1885 avec la Banque de Belgique pour l'indemniser conformément à la loi du 28 juillet 1884, sur la proposition de loi due à l'initiative de MM. Tack et consorts relative à la modification de la loi d'accise sur les bières du 2 août 1822, sur le projet de loi concernant la réorganisation des traitements des juges de paix et des greffiers, etc.

Lors de la discussion de la révision de l'article 48, M. De Sadeleer s'est déclaré adversaire de la représentation proportionnelle, en tant qu'elle devait amener le bouleversement et l'extension des circonscriptions électorales.

Pendant ces neuf dernières années, il fut chargé du rapport sur le budget des voies et moyens.

Les élections du 14 octobre 1894 donnèrent 27,067 suffrages à M De Sadeleer, qui passa au premier tour avec M. Diericx, celui-ci ayant recueilli 26,584 votes, tandis que MM. Woeste, Van Wambeke, Daens et De Backer étaient soumis au ballottage. On connaît le résultat final : MM. Woeste et Daens furent élus le 9 décembre avec 27,524 et 26,853 voix.

M. De Sadeleer est officier de l'Ordre de Léopold et commandeur de l'Ordre de François-Joseph.