De Lalieux de La Rocq Emile, Marie, René catholique
né en 1862 à Gand décédé en 1918 à Lemberge
Représentant 1896-1900 et 1908-1910 et 1911-1918 , élu par l'arrondissement de Nivelles(Extrait de DELFORGE, dans Connaître la Wallonie (en ligne), (consulté le 22 décembre 2025)
Docteur en Droit de l’Université catholique de Louvain, fils d’une famille de la noblesse terrienne, Émile Lalieux de la Rocq est actif dans les milieux catholiques où il entend contribuer à l’amélioration de la condition ouvrière tant par sur le plan politique que sur le plan social. Président de la Ligue des Capacitaires de Nivelles, créée dès 1889, Émile de Lalieux plaide en faveur d’un suffrage universel tempéré par le vote plural. Président de la Jeune Garde Catholique, il peut être considéré comme un des pionniers de la démocratie chrétienne dans le Brabant wallon, tâche difficile que la bulle Rerum novarum de Léon XIII vient renforcer (1891) : il crée dès lors une Ligue démocratique.
À la même époque, il épouse Marie Simonis, une arrière-petite-fille de l’industriel verviétois Ywan Simonis.
Elu au conseil communal de Nivelles en octobre 1890, il devient d’emblée échevin (avril 1891). Quelques mois après l’entrée en vigueur du suffrage universel plural, de Lalieux entre à la Chambre des représentants, en tant que député de Nivelles (1896). Il siège à Bruxelles jusqu’en 1900, avant de retrouver un siège en avril 1908 quand il remplace J. Brabant décédé. Il ne renouvelle pas son mandat en 1910, mais retrouve place à la Chambre l’année suivante quand il remplace G. Snoy démissionnaire. Son mandat s’achève pendant la Grande Guerre à laquelle il ne survit pas.
En effet, désigné par le roi en 1905 comme bourgmestre de Nivelles, c’est lui qui se retrouve à la tête de la cité des Aclots quand éclate la Première Guerre mondiale. Nivelles échappe aux massacres de l’invasion allemande des mois d’août et septembre, mais n’évite pas les conditions d’occupation imposées par le Generalfeldmarschall Colmar von der Goltz, puis par son successeur, le Generalgouverneur von Belgien Moritz von Bissing à partir de décembre 1914. Poursuivant son mandat maïoral afin de venir en aide à ses administrés, Émile de Lalieux s’investit dans sa mission ; il en vient même à distribuer des secours à des ouvriers du chemin de fer qui refusent de travailler pour l’occupant et refuse de livrer la liste des « chômeurs » de sa ville. Cette résistance n’est pas tolérée par l’occupant qui met en prison le bourgmestre « rebelle ». L’enfermement dure quatre mois à Nivelles et est suivi d’une déportation en Allemagne. Gravement malade, « l’indésirable » – selon la terminologie allemande – est transféré en Suisse ; ayant perdu un fils qui s’était porté volontaire de guerre, Émile de Lalieux ne reviendra pas d’Ouchy-Lausanne.
(Extrait du Vingtième Siècle, du 22 avril 1915)
Le sympathique bourgmestre et député de Nivelles, M. de Lalieux, qui n’avait pas quitté son poste depuis le mois d’août, vient, à son tour, d’être arrêté par ls Allemands. L’honorable bourgmestre n’avait pas voulu exécuter certaines mesures administratives imposées par les Allemands et qu’il considérait comme illégales.
(Extrait du Vingtième Siècle, du 10 novembre 1916)
MM. de Lalieux, député et bourgmestre de Nivelles, et Verhaegen, député de Gand, que les Allemands ont déportés depuis environ vingt mois, viennent d’être soumis à un examen médical de la part de la Commission internationale de la Croix-Rouge. Celle-ci a décidé, vu l’état de santé précaire de nos compatriotes, qu’ils seront internés en Suisse. Ils y arriveront le 25 ou le 25 novembre prochain.
C’est donc à tort qu’on avait annoncé la mise en liberté de M. le député Verhaegen ; cette mise en liberté consiste en un internement en pays neutre.
(Extrait de L’Indépendance belge, du 3 octobre 1918)
Lausanne, 11 septembre 1918.
Hier ont eu lieu à Ouchy, en présence d’une nombreuse affluence, les funérailles d'un des membres les plus distingués de la colonie belge en Suisse, M. Emile de Lalieux, bourgmestre de Nivelles, et membre de la Chambre des représentants. Déporté en Allemagne pour avoir énergiquement défendu contre l'occupant les intérêts de ses administrés, le défunt est une nouvelle victime du régime auquel l'empire germanique a soumis la Belgique. Les privations q 'il subit en captivité avaient compromis sa santé au point qu'il obtint, après une longue détention, l'autorisation d'être interné en Suisse, où il arriva il y a un an t où il eut la joie de revoir son fils, accouru du front belge à la nouvelle de sa libération. Hélas ! ce fils tombait, quelques semaines après, un héros sur le champ de bataille. Les soins affectueux de Mme de Lalieux et de sa fille, qui réussirent à le rejoindre, donnèrent, à ses amis l'espoir d'une guérison malheureusement illusoire. Le député de Nivelles semblait, renaître peu à peu. Son activité s'employait à diverses œuvres destinées à la restauration du pays. Le 27 juin dernier, à un déjeuner qu'il offrit au ministre de la justice, il prononça une allocution pénétrée de cette éloquence aimable et souriante, pleine de tact, et de sensibilité, dont le parlement fut maintes fois l'écho, et qui trahissait un patriotisme ardent. Nul, parmi nous, ne se fût douté que la mort le guettait, et qu'une si courte période le séparait du terme fatal.
Par la droiture de son caractère et l'élévation de son esprit, M. de Lalieux commandait la sympathie. II emporte, avec l'unanime estime de ses adversaires politiques, les regrets de tous ceux qui prirent contact avec sa personnalité accueillante et fine, sa claire intelligence et la variété de sa culture.
(Extrait du Soir, du 16 mars 1930)
Un comité s'est constitué le but de perpétue, par un monument, la mémoire de M. Emile de Laliux de la Rocq, ancien bourgmestre de Nivelles et ancien membre de Chambre des représentants, décédé en déportation, sous l'occupation allemande.
Un concours est ouvert pour l'exécution du monument entre les artistes, architectes et sculpteurs nés dans la province de Brabant ou y domiciliés.
Des primes importantes seront allouées aux meilleurs projets classés par le Jury.
S'adreser au secrétaire du Comité : M. l'avocat Edm. Gougnard, boulevard Fleur de Lys, 11. Nivelles.
(Extrait de La Nation Belge, du 19 mai 1931)
L'inauguration du monument de Lalieux à Nivelles
(De notre correspondant particulier)
Nivelles a inauguré dimanche, le monument élevé par souscription publique à son ancien bourgmestre, déporté et mort en exil. Emile de Laliux de la Rocq, députés, et aux mort de la guerre. (…)