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« La Belgique morale et politique (1830-1900) », par Maurice
Wilmotte
Paris, Armand Colin, 1902
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(page
XIX) Ce livre est une étude d’histoire politique, écrite par un libéral,
qui parle des choses qu’il aime, puisqu’il s’agit de sa patrie et des plus
graves intérêts de celle-ci.
Une telle étude n’exclut pas la
discussion. Discuter est peut-être même la façon la moins déloyale de parler
des événements et des hommes d’hier et d’aujourd’hui. L’historien, qui promet
d’être totalement impartial à leur propos, promet plus qu’il ne peut tenir, et
j’avoue que mon ambition a été de tenir ce que je promets ici, c’est-à-dire de
donner une appréciation, libre et respectueuse à la fois, des doctrines et des
personnes.
On critiquera la division de mon
livre. Pourtant elle m’était imposée. Car elle ne repose (page XX) pas seulement sur une chronologie suffisamment rigoureuse
; elle correspond aussi à des tendances morales et politiques, qui ont été
successivement dominantes en Belgique.
On voudra bien observer, au surplus,
que les cent cinquante premières pages, intitulées Le passé libéral, ont une portée plus générale, les cent cinquante
suivantes, une portée plus restreinte. On peint, dans celles-là, des personnes
et on y analyse des opinions, dont on trouve, dans la France de 1815 à 1848,
l’équivalent à peu près complet. Au contraire, les faits et les idées étudiés
dans le Présent catholique sont plus
particulièrement belges. On ne les observe, vers la même date, ni à Paris, ni à
Berlin, ni à Londres, bien que l’échec du libéralisme, les conflits de races,
l’élan industriel et l’expansion coloniale ne soient pas des phénomènes
étrangers à la France, à l’Allemagne ou à l’Angleterre de ce temps.
Les principes généraux, qui ont guidé
les innovateurs belges, sont bien ceux qui ont guidé leurs voisins. Mais
l’application en a été essentiellement différente, parce qu’essentiellement différents
étaient les intérêts en cause ici et là.
(page
XXI) Dois-je me justifier d’avoir, à ces trois cents pages, ajouté un
dernier chapitre, dont l’intitulé a tout l’air d’annoncer autre chose que son
contenu ? Car c’est le passé et le présent du socialisme belge que je me suis
attaché à faire connaître, plutôt que je n’ai vaticiné sur son avenir.
Mais il m’a paru que cet avenir, dans
un parti d’a priori constant, de foi souvent aveugle et de discipline
militaire, était, sinon « dans la main de Dieu », du moins dans la
main de puissances, dont la puissance populaire n’est pas, malgré les
apparences, la plus fortement active. Ces puissances sont, en somme, celles que
j’ai étudiées dans les chapitres précédents, la race, la religion, les élites
individuelles, sans lesquelles il n’y a ni révolution possible, ni évolution
féconde. Le lecteur, aiguillé d’ailleurs par mon éminent préfacier, n’aura donc
pas trop de peine à dégager lui-même la redoutable inconnue qui trouble, en ce
moment, tant de consciences en Belgique.
M. W.