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Chambres des représentants de Belgique
Séance du mercredi 30 novembre 1859

(Annales parlementaires de Belgique, chambre des représentants, session 1859-1860)

(page 99) (Présidence de M. Orts.)

Appel nominal et lecture du procès-verbal

M. de Moor, secrétaire, procède à l'appel nominal à 2 heures et un quart.

M. Vermeire, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la séance d'hier.

- La rédaction en est approuvée.

Pièces adressées à la chambre

M. de Itloor, secrétaire, présente l'analyse des pétitions suivantes :

« Le sieur Louis-Antoine Duhamel, cultivateur à Leers-Nord, né dans cette commune, demande la naturalisation ordinaire. »

- Renvoi à M. le ministre de la justice.


« Le sieur Laru, ancien gendarme, demande une pension. »

- Renvoi à la commission des pétitions.

Projet de loi autorisant la concession d’un chemin de fer de Braine-le-Comte à Gand

M. le président. - L'ordre du jour appelle en premier lieu la discussion du projet de loi relatif à la concession du chemin de fer de Braine-le-Comte à Gand.

Motion d’ajournement

M. H. Dumortier. - Il paraît que de nouvelles négociations ont été entamées entre M. le ministre des travaux publics et les demandeurs en concession et que les deux parties sont à peu près d'accord sur le système à adopter.

Je crois que, dans cette circonstance, il y aurait lieu de renvoyer cette affaire à un nouvel examen de la section centrale et de faire disparaître momentanément cet objet de l'ordre du jour.

M. le ministre des travaux publics (M. Vander Stichelen). - La Chambre se rappelle, en effet, que cette affaire a été remise la semaine dernière, pour permettre au demandeur en concession qui voudrait que l'exploitation de la ligne eût lieu par l'Etat, de soumettre au gouvernement des propositions nouvelles pour le cas où il aurait à en faire. Ces propositions nouvelles sont effectivement arrivées, mais seulement la semaine dernière. Elles sont datées du 26

La Chambre comprendra que le gouvernement a à délibérer sur ces propositions et que le moment d'une solution n'est pas encore arrivé.

J'appuie donc la proposition de l'honorable M. Dumortier, soit de prononcer un nouvel ajournement, soit même de retirer provisoirement cet objet de l'ordre du jour.

Je dois ajouter que jusqu'ici il n'y a accord ni désaccord entre le gouvernement et le demandeur en concession. Il y a examen approfondi de la part du gouvernement. Cet examen ne tardera pas à aboutir. Je crois que dans le courant de la semaine, on pourra arriver à une solution définitive.

Je tiens, du reste, à constater que, quel que soit le parti auquel la Chambre s'arrête, il ne s'agit pas d'une remise indéfinie. Il s'agit seulement de mettre le gouvernement en mesure de se prononcer sur les dernières propositions qui lui ont été soumises, ce qu'il fera endéans peu de jours.

- La Chambre décide que cet objet disparaîtra momentanément de l'ordre du jour.

Projet de loi portant le budget de la dette publique de l’exercice 1860

Discussion générale

La discussion générale est ouverte.

(page 118) M. H. Dumortier. - Messieurs, je désire présenter à la Chambre quelques courtes observations concernant les chemins de fer concédés avec garantie d'un minimum d’intérêt.

Pour que l'on ne se méprenne pas sur mes intentions et sur la portée de mes paroles, je déclare tout d'abord que je suis loin d'être hostile à l'industrie privée dans la construction et l'exploitation de chemins de fer.

Je crois, au contraire, que la Chambre et le gouvernement doivent traiter les sociétés particulières avec bienveillance. Il nous reste en cette matière bien des choses à faire ; plusieurs parties du pays ne jouissent pas encore des avantages des chemins de fer et il ne faut pas qu'il y ait sous ce rapport, dans la famille belge, des déshérités.

En présence de la situation qui a été faite au trésor par les grandes dépenses votées l'année dernière, il serait difficile pour le gouvernement de recourir actuellement lui-même à de nouveaux emprunts pour construire lui-même de nouvelles lignes.

Cependant cette bienveillance que je réclame pour l'industrie privée n'exclut pas les préoccupations que nous avons d'un autre côté pour le trésor public et pour la sécurité publique.

On entend beaucoup critiquer, parfois même avec une certaine exagération, j'aime à le croire, l'exploitation de certains chemins de fer concédés avec garantie d'un minimum d'intérêt.

On dit que ces administrations particulières manquent de stimulant pour améliorer leurs exploitations, puisque en définitive, en cas d'insuffisance de revenus, l'Etat doit y suppléer, et, en effet, le trésor public fournit le revenu le plus clair de ces compagnies.

Quoi qu'il en soit, je crois, messieurs, qu'en ces sortes de matières surtout, il n'y a rien de plus concluant que des chiffres. Des accusations générales d'une part et des justifications vagues de l'autre nous mèneraient fort loin et ne nous placeraient pas sur un terrain positif et pratique, où nous puissions juger impartialement la véritable situation des choses.

C'est pour ce motif que je me suis efforcé de réunir les données que je vais avoir l'honneur de présenter à la Chambre ; je regrette qu'elles ne soient pas plus complètes ; le gouvernement ne nous communique ni renseignements ni documents sur cette partie du service public.

Examinons quelle a été la progression ascendante ou descendante du montant des minimums d'intérêts payés depuis quelques années aux chemins de fer concédés.

En 1853, le chemin le fer de la Flandre occidentale a reçu la somme de soixante-dix-neuf mille francs. (Je négligerai tout ce qui est inférieur à mille francs, pour ne pas fatiguer l'attention de la Chambre.). En 1854 fr. 169,000, en 1855 fr. 251,000, en 1856 fr. 306,000, en 1857 fr. 264,000 et en 1858 fr. 233,000.

Entre Sambre-et-Meuse. En 1854 fr. 108,000, en 1855 fr. 167,000, en 1856 fr. 167,000, en 1857 fr. 164,000 et en 1858 fr. 157,000.

Manage à Wavre. En 1854 fr. 10,000, en 1855 fr. 54,000, en 1856 fr. 200,000, en 1857 fr. 200,000 et en 1858 fr. 168,000.

Lierre à Turnhout. En 1855 fr. 93,000, en 1856 fr. 147,000, en 1857 fr. 166,000 et en 1858 fr. 169,000.

Charleroi à Louvain. En 1855 fr. 86,000, en 1856 fr. 340,000, en 1857 fr. 0 et en 1858 fr. 0.

Vous voyez, messieurs, que pendant les premières années le montant du minimum d'intérêt a suivi une progression ascendante ; cela s'explique, au reste, jusqu'à un certain point, car pendant les premières années le produit d'un chemin de fer est presque toujours relativement peu élevé. Il y a cependant, dans les renseignements que nous venons de produire, des écarts de chiffres qui frapperont, je pense, l'attention de la Chambre.

Pendant les deux ou trois dernières années, le montant du minimum, d'intérêts a suivi une progression descendante, mais qui aurait probablement pu être d'une plus grande importance.

J'ai recherché d'un autre côté, quels sont les résultats obtenus depuis quelques années par l'exploitation des chemins de fer de l'Etat. Le produit du réseau de l'Etat a constamment augmenté dans une proportion assez notable ; ainsi, les bénéfices qui s'élevaient en 1853 à 3 1/10 p. c. ont été en 1854, de 4 3/10 p. c. et en 1855, de 6 1/4 p. c.

Depuis 1855, il y a encore eu une augmentation de produit.

Il résulte du rapprochement de ces chiffres qu’il n'y a évidemment pas eu dans l'exploitation des chemins de fer concédés une amélioration satisfaisante, sinon analogue à celle réalisée par tes lignes de l'Etat.

N’y aurait-il pas quelques mesures à prendre pour simuler ces administrations et pour augmenter le produit de ces lignes concédées ? Ce point me paraît être d'une incontestable importance.

Le crédit demandé pour payer des minimums d'intérêt ne s'élève pas à moins de 1,500,000 fr.

Je ne m'en plains pas, car à côté de cette dépense sans doute considérable, il faut placer les grands avantages réalisés par ces chemins de fer au point de vue de nos intérêts industriels, commerciaux et agricoles et au point de vue du progrès intellectuel des populations.

Il faut néanmoins ne négliger aucun moyen pour atténuer autant que possible cette charge élevée qui grève le trésor.

Outre l'élévation du chiffre de cette contribution, il existe un autre fait qui mérite de fixer un moment l'attention de la Chambre.

De graves contestations s'élèvent entre l'Etat et les compagnies relativement à la manière de calculer le minimum d'intérêt garanti. On est loin d'être d'accord sur ce point. Des contestations de cette nature où il s'agit d'hommes si élevés existent particulièrement entre l’Etat et les compagnies du Luxembourg et de la Flandre occidentale.

Il est évident que ces questions devront être tranchées au fond par l'autorité judiciaire ; je ne crois pas cependant que la Chambre sorte de ses attributions en demandant que le gouvernement veuille bien lui donner quelques éclaircissements à cet égard.

Le montant du minimum d'intérêt qui a été payé l'année dernière à la compagnie du Luxembourg s'élève à 216.000 fr. ; je crois que cette année cette subvention pourra s'élever de 300,000 à 400,000 francs.

Mais cette compagnie n'accepte pareilles sommes que sous toutes réserves ; elle prétend avoir droit au maximum de la garantie, soit 800,000 francs. De plus, on m'a assuré, et je pense que M. le ministre ne me contredira pas sur ce point, qu'une somme de 200,000 francs a été rejetée du compte de l'administration du chemin de fer du Luxembourg, comprenait un grand nombre d'articles qui y avaient été portés indûment.

Une contestation du même genre entre le gouvernement et la compagnie des chemins de fer de la Flandre occidentale vient d'être portée devant les tribunaux.

Tout cela me paraît très grave et exige quelques explications de la part du gouvernement.

Il nous est d'autant plus difficile d'apprécier ces choses, que le gouvernement ne nous communique aucun document. Mous n'avons ni budgets ni comptes des chemins de fer concédés avec garantie ni rapports des commissaires du gouvernement près des sociétés anonymes. Les moyens d'un contrôle complet et sérieux nous font entièrement défaut.

Je dirai aussi quelques mots à la Chambre concernant la police et les mesures de sécurité pour les voyageurs sur ces chemins de fer.

Si les renseignements qui nous parviennent sont exacts, certains chemins de fer et plus particulièrement celui du Luxembourg laissent beaucoup à désirer sous ce rapport. J'admets volontiers qu'il peut y avoir de l'exagération dans ces accusations, je ne voudrais me prononcer à cet égard qu'après avoir entendu le pour et le contre.

II est même de l'intérêt bien entendu de cette ligne que le gouvernement nous donne quelques éclaircissements et détruise ainsi les exagérations si elles existent.

Messieurs, tout ce qui concerne la police et la sécurité des voyageurs sur les chemins de fer concédés n'est que très partiellement et très imparfaitement réglé.

Certaines clauses relatives à cet objet ont été insérées dans les cahiers des charges ; ces clauses diffèrent d'une concession à une autre.

Tantôt c'est le gouvernement qui a le droit d'initiative pour prendre des mesures de police, moyennant d'entendre préalablement les concessionnaires ; tantôt cette initiative est laissée à la compagnie ; en outre, plusieurs de ces cahiers des charges n'ont pas même été sanctionnés par un vote des Chambres.

Vous voyez, messieurs, que la plus grande diversité et une certaine irrégularité existent sous ce rapport. Ce défaut de règles uniformes et clairement formulées a occasionné de nombreuses contestations entre le gouvernement et certaines administrations de compagnies ; c'est dans le but de remédier à un pareil état de choses que l’honorable M. Dumon, pendant la dernière année de son administration, a créé, au département (page 119) des travaux publics, une section spéciale chargée de la police et du contrôle de la comptabilité des chemins de fer concédés (Annales parlementaires de 1857, p. 1051).

Mais en l'absence de règles fixes et surtout en l'absence de sanctions pour les mesures utiles à mettre en pratique par ce service spécial, il arrive souvent que son action demeure impuissante ; toutefois, je ne sais pas ce qui peut arrêter cette action telle quelle, à l'égard du chemin de fer du Luxembourg, si les renseignements qui nous parviennent concernant cette administration sont exacts.

Il est donc devenu indispensable de faire un règlement sur cette matière, ou plutôt de faire une loi sur laquelle le gouvernement se basera pour prendre des dispositions réglementaires ; une pareille loi existe en France, et cet exemple donné par l'administration française peut être utilement imité en Belgique.

Nous avons à la vérité une loi du 15 avril 1843 sur 'a police des chemins de fer, mais il a été reconnu que cette loi ne suffit pas pour donner au gouvernement l'action nécessaire sur les lignes concédées. Le titre II de cette loi notamment ne parle que de la police des chemins de fer de l'Etat, et si les tribunaux étaient appelés à appliquer ces dispositions aux chemins de fer concédés, ii est permis de présumer qu'ils hériteraient à faire cette application.

Dans les études auxquelles je me suis livré sur cette matière, j'ai constaté que l'honorable M. Tesch a bien voulu se charger autrefois du soin d'élaborer un projet de règlement ; c'est ce qui résulte des procès-verbaux du comité consultatif des chemins de fer, page 102. J'appelle sur ces questions l'attention toute particulière de M. le ministre de la justice.

Je n'ai plus qu'un mot à ajouter, messieurs, il est relatif aux commissaires du gouvernement près les sociétés anonymes des chemins de fer.

Je ne crois pas que ce soit être trop exigeant que de demander que le gouvernement veuille bien nous dire si le mandat de ces agents est régulièrement et efficacement rempli ; le meilleur moyen de le prouver serait de nous communiquer leurs rapports. Ces commissaires sont des agents généralement rétribués et je ne vois pas pourquoi la Chambre ne serait pas en droit d'examiner le résultat de leur travail. Je demande donc que, pour le prochain exercice, ces documents nous soient aussi communiqués.

(page 99) M. le ministre des finances (M. Frère-Orban). - Le discours de l'honorable préopinant se divise en deux parties ; l'une est relative au budget de la dette publique, l'autre est relative au budget des travaux publics qui n'est pas en discussion.

Dans la première partie, l'honorable membre signale certains faits et demande quelques renseignements au sujet du minimum d'intérêt garanti à divers chemins de fer concédés, et, à cet égard, je suis prêt à donner les explications qu'il réclame. Mais quant à la police des chemins de fer concédés, quant aux reproches qu'il adresse à certaines compagnies de ne pas exploiter régulièrement, l'honorable membre reconnaîtra aisément que je ne suis pas en mesure de répondre à ses observations. Ce n'est pas le ministre des finances qui est chargé de la police des chemins de fer concédés. Je dirai seulement à l'honorable membre que pour que ses critiques aient quelque valeur et qu'on puisse les discuter ultérieurement, il conviendrait de les préciser. Il s'exprime d’une manière vague et générale. On dit qu'il y a des chemins de fer qui n'exploitent pas bien ; on dit qu'il y a des irrégularités ; on dit qu'il y a absence de sécurité. Voilà ce que rapporte l'honorable membre. Que répondre à cela, si les faits ne sont pas indiqués ? Mon collègue répondrait très vraisemblablement qu'il ne sait de quoi l'on veut parler.

Quant au minimum d'intérêt, l'honorable membre a signalé les difficultés qui se sont élevées avec certaines compagnies.

Il est vrai que la compagnie de la Flandre occidentale notamment a prétendu que le minimum d'intérêt, tel qu'il était calculé par le gouvernement, n'était pas établi suivant les conditions intervenues entre les parties. Le gouvernement (un mot illisible dans son opinion. Il s'est éclairé des avis de ses conseils ordinaires et il a été reconnu, je dois dire unanimement, que les prétentions de la compagnie n'étaient pas admissibles.

La compagnie, nonobstant un texte clair et précis, selon nous, veut donner au contrat une interprétation que le gouvernement repousse.

Le gouvernement donc résiste ; la compagnie n'a donné quittance que sous réserve de ses droits, et enfin, après plusieurs années, car depuis plusieurs années ces conflits existent, la compagnie s'est décidée à porter l'affaire devant les tribunaux.

Lorsqu'il s'agit de régler ces minimums d'intérêt avec les compagnies, il arrive fréquemment que des discussions s'élèvent entre elles et le gouvernement, et on le comprend parfaitement. Il faut rechercher, dans les comptes que produisent les sociétés, si toutes les dépenses qu'elles renseignent sont bien des dépenses de la catégorie prévue par la convention et qui doivent être admises comme dépenses d'exploitation. Sur tous ces points, des controverses peuvent s'élever et s'élèvent parfois.

Telle dépense est considérée par les uns comme dépense d'exploitation ; par les autres elle est considérée comme une dépense de renouvellement, comme une dépense qui incombe à la compagnie, et qui ne peut être portée en compte.

Les intérêts de l'Etat ont toujours été, je le crois, très énergiquement, très soigneusement défendus vis-à-vis de toutes les compagnies, sans exception, de la même manière, avec la même impartialité et la même bonne foi. Il y a, pour les personnes qui se croient lésées, un recours aux tribunaux.

L'honorable membre croit que le contrôle qu'exerce la Chambre sur ces dépenses n'est pas assez étendu. Si, dans l'examen du budget en sections, ou en section centrale, on avait témoigné le désir d'obtenir des renseignements plus complets que ceux qui ont été réclamés, le gouvernement se serait montré très disposé à les produire.

Le gouvernement a, d'ailleurs, pris les mesures nécessaires pour surveiller les opérations des compagnies. On a organisé au département des travaux publics une division qui s'occupe spécialement des chemins de fer concédés ; il y a d'autre part au département des finances des fonctionnaires chargés particulièrement de veiller aux intérêts de l'Etat en ce qui concerne le minimum d'intérêt garanti aux sociétés.

En l'absence de tout renseignement précis que pourrait réclamer l'honorable membre, je crois pouvoir me borner à ces observations. Je ferai seulement remarquer que ces dépenses, comme toutes les dépenses de l'Etat, sont soumises au contrôle très sévère de la cour des comptes, de telle sorte que s'il y avait quelque fait qui pût été critiqué, il serait signalé à l'attention de la Chambre dans les cahiers d’observations de la cour.

M. H. Dumortier. - Je n'ai que deux mots à répondre à l'honorable ministre.

A la rigueur j'aurais pu ajourner à la discussion du budget des travaux publics la seconde partie de mes courtes observations. Cependant, comme nous avons à voter des sommes considérables pour payement de minimum d'intérêts à certaines compagnies, nous avons le droit d'examiner, à cette occasion, si la police est assez bien faite sur ces chemins de fer. Il n'y avait donc aucune espèce d'inconvénient à présenter ces courtes observations.

L'honorable ministre a bien remarqué que je n'ai cherché à accuser personne, je veux seulement m'éclairer. J'ai même eu la précaution de dire qu'il était de l'intérêt, qu'il y allait du crédit de ces sociétés particulières, de détruire ces accusations que je croyais et que je crois souvent exagérées, parce que, dans ces sortes de questions, l'exagération est souvent à côté de la vérité.

Je n'ai donc demandé qu'une chose au gouvernement, c'est de nous mettre en état de pouvoir contrôler, et j'ai vu avec plaisir que M. le ministre, et je l'en remercie, était disposé à nous transmettre, à l'avenir, toutes les pièces qui pourront nous renseigner sur cet objet.

L'honorable ministre des travaux publics me disait tout à l'heure : Ces contestations qui se sont élevées entre les sociétés particulières et le gouvernement, c'est l'effet d'une convention et ces difficultés doivent se débattre devant les tribunaux.

Messieurs, c'est là l'alphabet de l'administration. Je sais parfaitement bien que ce n'est pas devant la Chambre que doivent être traitées (page 100) les contestations qui existent entre les compagnies et le gouvernement au sujet de ces contrats. Mais n'était-il pas convenable que l'on nous donnât sur ce point quelques éclaircissements désirés par un grand nombre de membres et demandés souvent en dehors de cette enceinte. Mais, je le répète, je sais très bien que nous ne pouvons nous constituer en tribunal, en cour de justice pour trancher les difficultés qui peuvent s'élever au sujet de ces contrats synallagmatiques passés entre le gouvernement et les sociétés particulières.

M. de Theux. - Une question importante a été soulevée par l'honorable préopinant : c'est de savoir comment s'exerce le contrôle sur l'exploitation des sociétés de chemins de fer auxquelles on a garanti un minimum d'intérêt. C'est une affaire d'une importance très grande pour le pays.

Le contrôle que le gouvernement est appelé à exercer est extrêmement difficile. Le gouvernement étant appelé à suppléer au défaut de revenus, il y a évidemment un intérêt très grand pour lui à s'assurer par le contrôle le plus exact des opérations réelles, et dans tous leurs détails, des sociétés auxquelles ce minimum d'intérêt est garanti.

M. le ministre des finances a répondu à l'honorable membre que ce contrôle était organisé dans son département.

Je ne me rappelle pas qu'aucun document ait été publié à cet égard. Mais je désire et je suis certain que ce sera aussi le désir unanime de la Chambre, de savoir comment ce contrôle est organisé.

J'admets volontiers que ce contrôle soit de la compétence plus spéciale du département des finances. Mais je crois cependant aussi que le département des travaux publics pourrait intervenir dans ce contrôle avec beaucoup d'utilité.

M. le ministre des travaux publics (M. Vander Stichelen). - Cela a lieu.

M. le ministre des finances (M. Frère-Orban). - Les deux départements interviennent.

M. de Theux. - Alors il est satisfait à mon désir ; seulement il reste la demande que je formule. Je prie instamment M. le ministre d'y faire droit : c'est de publier le plus tôt possible l'organisation de ce contrôle, pour que la Chambre puisse apprécier s'il est suffisant ou non. On publie à tous moments des arrêtés qui concernent l'administration directe du gouvernement, et qui sont d'une importance infiniment moindre que l'organisation du contrôle dont il s'agit. J'espère donc que MM. les ministres ne verront aucune difficulté à satisfaire à cette demande.

Nous pourrions, à l'occasion du budget des travaux publics, nous exprimer peut-être sur la manière dont ce contrôle est organisé.

Si l'on trouve quelque remarque utile à faire, on pourrait alors la produire dans cette enceinte.

M. le ministre des finances (M. Frère-Orban). - Le contrôle est organisé au département des finances, pour cet article comme pour les autres articles du budget. Des fonctionnaires du département des finances vérifient les comptes avant que les payements soient effectués. Voici le mode que l'on suit en cette matière : Il y a, auprès de chacune des compagnies, un fonctionnaire du département des travaux publics et un fonctionnaire du département des finances, qui sont spécialement chargés de se rendre sur les lieux, dans les bureaux des compagnies concessionnaires pour examiner et vérifier les comptes qui sont produits. Lorsque leurs opérations sont faites, ces commissions adressent un rapport au ministre, dans lequel ils constatent les difficultés qu'ils ont rencontrées, les articles des comptes qu'ils ont admis, les articles qu'ils ont rejetés et la somme à laquelle ils proposent de fixer le minimum qui est à payer. Ce rapport, soumis à l'examen ordinaire, est ensuite approuvé ou improuvé par le ministre et l'on agit en conséquence.

Telle est la marche qui est suivie et il me semble qu'elle est satisfaisante. Je ne saurais rien publier d'autre sur cette matière que ce que j'ai l'honneur de dire maintenant à la Chambre.

Ce n'est pas, en effet, une administration spéciale qu'on a organisée au département des finances ; on n'a pas créé une nouvelle branche de service qui aurait nécessité un arrêté organique ou une modification aux arrêtés organiques existants. On a désigné des délégués sous le titre de commissaires, pour se livrer aux investigations qu'exige l'intérêt du trésor.

Voilà, si j'ai bon souvenir, ce qui se passe en cette matière, et au premier abord, je ne vois pas trop ce qu'on pourrait faire d'autre.

On ne peut que charger des personnes spéciales et compétentes d'examiner et de discuter les comptes. C'est ce qui existe. D'une part, ce sont des fonctionnaires du département des travaux publics qui, à raison de la spécialité de leurs connaissances, peuvent mieux apprécier le caractère des dépenses qui sont renseignées par les compagnies ; d'autre part, ce sont les employés du département des finances, qui ont une connaissance plus particulière des matières de comptabilité. Il en résulte un contrôle efficace et sérieux.

Du reste, en ce qui concerne les compagnies les plus importantes, il est permis d'espérer que nous n'aurons pas trop longtemps de contrôle à exercer. Déjà la compagnie de Louvain à la Sambre ne reçoit plus de minimum d'intérêt.

M. H. Dumortier. - C'est la seule.

M. le ministre des finances (M. Frère-Orban). - Oui, mais c'est un commencement. L'honorable membre en doute ; eh bien, je suis très heureux de l'informer, par exemple, que pour cette année, la première de l'exploitation, qui n'a été que partielle, il est vrai, du chemin de fer du Luxembourg, le minimum d'intérêt à payer sera notablement inférieur à la somme garantie, qui s'élève à 800,000 francs, et que, selon des probabilités, que confirment des personnes à même de juger cette entreprise, dans deux ans, peut-être, l'Etat sera exonéré de l'obligation qu'il a contractée.

Je vois que cela fait rire l'honorable M. Dumortier ; cependant les faits, tels qu'ils se présentent, permettent de l'espérer ainsi, si l'on tient compte de l’influence que doit exercer sur cette grande ligne sa jonction avec les chemins du Grand-Duché et les chemins de l'est de la France.

Et cela est naturel : on nous avait demandé une garantie de minimum d'intérêt ; pour les grandes lignes, pour les grandes affaires, pour les grandes exploitations, les chances sont toutes en faveur de l'exonération de l'Etat, tandis que pour les petites lignes, fussent-elles même dans une bonne situation relativement, le minimum d'intérêt paraît devoir être payé pendant toute la durée de la concession.

Lorsqu'une ligne est trop petite pour pouvoir être exploitée dans de bonnes conditions économiques, il est évident que toujours le minimum d'intérêt devra être payé.

Ainsi à la ligne de Furnes à Lichtervelde on paye 200,000 francs et à moins que cette ligne n'aille ultérieurement se raccorder au chemin de fer français de Dunkerque à Calais, le minimum d'intérêt devra toujours être payé par l'Etat ; c'est une petite ligne qui ne peut pas couvrir l'intérêt des capitaux qui y sont engagés, et ses frais d'exploitation.

M. le ministre des travaux publics (M. Vander Stichelen). - Je n'avais demandé la parole que pour fournir les explications données par mon honorable collègue des finances, sur la manière dont le contrôle s'exerce. Il n'y a pas d'organisation proprement dite ; les vérifications sont faites conjointement par un agent du département des travaux publics et un agent du département des finances.

M. H. Dumortier. - C'est une erreur complète.

M. le ministre des travaux publics (M. Vander Stichelen). - Il m'est impossible d'admettre que je sois dans l'erreur. Déjà, très souvent depuis mon entrée au département, j'ai été à même de constater comment les choses se passent. Je puis ajouter que les vérifications des comptes se font avec une sévérité extrême.

M. H. Dumortier. - Je demande pardon à la Chambre de prendre une troisième fois la parole, mais je crois réellement que l'honorable ministre des finances et l’honorable ministre des travaux publics sont dans l'erreur. Ce n'est pas du tout un fonctionnaire du département des finances qui fait ce contrôle. Ce n'est pas non plus, comme le dit l'honorable ministre des travaux publics, à la suite d'un accord entre un employé du département des finances et un employé des travaux publics que le contrôle est exercé. Ce contrôle a été institué il y a deux ans, comme je l'ai dit tout à l'heure, par l'honorable M. Dumon, ministre des travaux publics, et il se fait par une section spéciale qui existé au département des travaux publics, qui est, elle, chargée de faire un contrôle au grand complet et qui transmet le résultat de ses opérations à la cour des comptes.

M. le ministre des finances (M. Frère-Orban). - Vous avez été mal renseigné.

M. H. Dumortier. - Je maintiens que MM. les ministres sont eux-mêmes dans l'erreur.

Peu importe, du reste, messieurs ; du moment que le gouvernement veut bien nous donner tous les documents nécessaires pour examiner cette affaire, nous pouvons mettre fin au débat.

M. le ministre des travaux publics (M. Vander Stichelen). - Nous mettrons fin au débat tout de suite. La section qui a été organisée il y a deux ans s'occupe spécialement des chemins de fer concédés, mais c'est en ce qui concerne la police de ces chemins de fer.

Quant au contrôle des opérations financières, c'est un agent des travaux publics et un agent des finances qui en sont chargés au département des travaux publics, je puis bien le dire, c'est le chef de la direction de la police, M. Eyckholt ; au département des finances, c'est M. Mercier.

M. de Theux. - M. le ministre des finances dit que les opérations des sociétés de chemins de fer concédés avec garantie d'intérêt sont vérifiées par des commissaires du gouvernement, l'un du département des finances, l'autre du département des travaux publics. C'est assurément là une bonne mesure, mais cette mesure est insuffisante, il doit y avoir un contrôle plus complet.

Ainsi en matière de finances les opérations des receveurs sont contrôlées par des vérificateurs, des contrôleurs, des inspecteurs ; il y a toute une hiérarchie, pour que rien n'échappe à la haute surveillance de l'administration.

Eh bien, messieurs, je crois que dans une matière aussi compliquée que l'exploitation de chemins de fer, où il y a des intérêts si directement opposés à ceux de l'Etat, le contrôle de deux commissaires chargés de vérifier les livres de la société n'est pas suffisant ; il devrait y avoir, là aussi, une hiérarchie.

(page 101) J'appelle l'attention du gouvernement sur ce point. Le gouvernement pourrait prescrire des époques qu'il jugerait convenables, pour la vérification, le contrôle et l'inspection.

Du reste, je suis complètement de l'avis de l'honorable ministre des finances, que le meilleur moyen de faire tomber la garantie d'intérêt, c'est d'agrandir les concessions, soit par des extensions de lignes, soit en reliant plusieurs concessions entre elles. Le gouvernement doit faire tous ses efforts pour arriver à ce résultat.

Il est évident que les petites lignes, dont l'exploitation est très onéreuse, présentent un autre inconvénient grave : c'est le fractionnement de l'exploitation qui entraîne de grands embarras et pour les voyageurs et pour les expéditeurs de marchandises.

Mais je persiste à demander à M. le ministre d'examiner s'il ne serait pas possible d'organiser un contrôle plus complet et ne laissant rien à désirer, quant à l'exploitation des compagnies subsidiées ou auxquelles on a garanti un minimum d'intérêt.

M. le ministre des finances (M. Frère-Orban). - J'en demande bien pardon à l'honorable M. de Theux, mais je ne comprends pas trop ce qu'il voudrait que l'on organisât. Au département des finances, dit-il, pour les recettes ordinaires de l'Etat, on a des receveurs, des contrôleurs, des inspecteurs, des inspecteurs en chef, des directeurs ; eh bien, pour les chemins de fer avec garantie d'intérêt, ayez aussi un contrôle organisé comme celui-là, hiérarchiquement ; ayez aussi une succession de fonctionnaires. Je ne m'occupe pas de la dépense, mais je demande où est l’analogie ? Un receveur des deniers de l’Etat, un receveur des douanes par exemple, est chargé de percevoir, sur des objets présentés à l’entrée en Belgique, des droits déterminés par le tarif. Voilà, pour certains bureaux surtout, une affaire très considérable et très compliquée.

Il y a un contrôleur qui, de temps à autre, vient vérifier les opérations du receveur. Au-dessus de lui se trouve un inspecteur qui, indépendamment de la question de comptabilité, inspecte d'une manière gener.de le service de la douane.

Ultérieurement, les livres des receveurs sont envoyés à l'administration centrale où existe un bureau de vérification de la comptabilité, qui passe en revue toutes les applications qui ont été faites de la loi, et redresse les erreurs qui ont pu être commises ; puis enfin les receveurs ne sont libérés de leur gestion, que lorsque leurs comptes ont été apurés par la cour des comptes.

Peut-on faire quelque chose de semblable pour les compagnies ?

Entre les compagnies et l'Etat la question est uniquement celle-ci : l'Etat doit payer à la compagnie un minimum d'intérêt déterminé, pour autant que le produit de la ligne n'atteigne pas le taux de ce minimum. L'on ne peut admettre dans le compte que les frais spécifiés dans les conventions. C’est le seul fait à vérifier. La compagnie ayant produit son compte, on examine si elle n'y a renseigné que des dépenses autorisées par les contrats, que les frais d'exploitation proprement dits.

Lorsque ces faits ont été constatés sur les lieux par des agents spéciaux et compétents, pris dans les deux départements, lorsque ces fonctionnaires ont fait du tout un rapport, que ce rapport a été l'objet d'un examen particulier dans l'administration, qu'il est soumis au ministre et que le ministre en prend la responsabilité, si e la n'est pas suffisant, je ne vois plus qu'une chose à faire dans le système de l'honorable M. de Theux ; c'est de nommer d'autres commissaires chargés de contrôler les premiers.

Du reste, nous n'avons absolument aucun motif pour ne pas rechercher les moyens d'assurer un contrôle encore plus efficace que celui qui existe aujourd'hui.

Mais je dois dire que jusqu'à présent aucun inconvénient ne s'est révélé. L'administration s'est toujours montrée à la fois impartiale et ferme envers les compagnies : tous les rapports le constatent. Je viens de faire demander à mon département quelques-uns de ces rapports, afin de les mettre sous les yeux des membres de la Chambre qui verront comment on procède et afin de convaincre l’honorable M. H. Dumortier que les choses se passent, en effet, ainsi que nous venons de le faire connaître, c'est-à-dire que les vérifications et les rapports sont faits par deux délégués, l’un du département des travaux publics, l'autre du département des finances.

M. d’Hoffschmidt. - Messieurs, j'ai entendu avec plaisir l'honorable ministre des finances nous dire que dans deux ans, d'après toutes les prévisions, le gouvernement sera tout à fait exonéré de la garantie d'un minimum d'intérêt accordée au chemin de fer du Luxembourg.

L'honorable M. H. Dumortier a accueilli cette assertion avec une certaine incrédulité. Je puis dire que tous mes renseignements concordent avec les prévisions de M. le ministre des finances. Les hommes les plus à même d'apprécier la question, et appartenant, soit à la compagnie, soit à l'administration supérieure de la province de Luxembourg, m'ont aussi donné l'assurance que dans un délai qui n'est pas éloigné, il ne s'agirait plus de payer de minimum d'intérêt à la compagnie du Luxembourg.

Eh bien, cette assurance doit être accueillie avec satisfaction par les Chambres et par le pays ; car je me rappelle que quand le projet de loi a été présenté dans cette enceinte, on nous disait que ce chemin de fer ne couvrirait pas ses frais, que c'était une somme de 800,000 francs à payer par l’Etat pendant 50 ans ; nous soutenions le contraire ; nous affirmions que cette ligne serait des plus productives et qu’elle serait éminemment utile aux intérêts commerciaux et aux intérêts industriels du pays.

Eh bien, toutes ces prévisions se réalisent ; le pays, je le répète, accueillera avec plaisir cette affirmation, que bientôt le chemin de fer du Luxembourg ne coûtera plus rien à l'Etat.

Maintenant je crois aussi que les bruits auxquels l'honorable M. Dumortier a fait allusion sont, comme il le disait, exagérés, en ce qui concerne l'exploitation du chemin de fer du Luxembourg. On conçoit que cette ligne, ouverte sur tout son parcours seulement depuis un an, laisse encore à désirer pour l'exploitation ; en effet, la ligne est d'une grande étendue : elle traverse un parcours fort accidenté ; il n'est pas dès lors étonnant que la compagnie ne puisse pas y établir immédiatement ne exploitation aussi régulière que sur le chemin de fer de l'Etat par exemple. J'ai circulé plusieurs fois sur ce chemin de fer, et j'ai toujours remarqué que le service marchait avec régularité.

Cependant, je conviens que le gouvernement doit avoir l'œil ouvert sur cette grande ligne de chemin de fer qui part de la capitale pour aboutir à l'extrémité du Luxembourg, qui présente un grand intérêt international, et qui, dès lors, exige une surveillance sévère de la part de l'administration supérieure. Nous ne doutons pas, non plus, que la compagnie elle-même ne fasse tous ses efforts pour faire cesser, dans un délai rapproché, ce que le service de l'exploitation peut encore offrir de défectueux.

Messieurs, je tenais à constater et à confirmer ce qu'a dit l'honorable ministre des finances. On avait exprimé, dans le temps, la crainte que le pays n'eût à supporter, pendant de longues années, la charge d'un minimum d'intérêt au profit du chemin de fer du Luxembourg ; la Chambre et le pays savent maintenant, par la déclaration de M. le ministre des finances, que le trésor public sera bientôt exonéré de cette charge, et que ces craintes n'étaient pas fondées.

- La discussion générale est close.

On passe aux articles.

Discussion du tableau des crédits

Chapitre premier. Service de la dette

Articles 1 à 16

« Art. 1er. Arrérages de l'inscription portée au grand-livre des rentes créées sans expression de capital, au nom de la ville de Bruxelles, en vertu de la loi du 4 décembre 1842 : fr. 300,000. »

- Adopté.


« Art. 2. Arrérages de l'inscription portée au même grand-livre, au profit du gouvernement des Pays-Bas, en exécution du paragraphe premier de l'article 63 du traité du 5 novembre 1842 : fr. 846,560. »

- Adopté.


« Art. 3. Intérêts des capitaux inscrits au grand-livre de la dette publique, à 2 1/2 p. c, en exécution des paragraphes 2 à 6 inclus de l'article 63 du même traité : fr. 5,502,640 78. »

- Adopté.


« Art. 4. Frais relatifs à cette dette : fr. fr. 1,200. »

(page 102) « Art. 5. Intérêts de l'emprunt de 50,850,800 francs, à 3 p. c, autorisé par la loi du 28 mai 1838, et du capital de 7,624,000 francs, à 3 p. c, émis en vertu des lois du 1er mai 1842 et du 24 décembre 1846 (semestres au 1er février et au 1er août 1860) : fr. 1,754,244.

« Dotation de l'amortissement de ces deux dettes (mêmes semestres) : fr. 584,748.

« Ensemble : fr. 2,338,992. »

- Adopté.


« Art. 6. Frais relatifs aux mêmes dettes : fr. 30,000. »

- Adopté.


« Art. 7. Intérêts de l'emprunt de 30,000,000 de fr., à 4 p. c. autorisé par la loi du 18 juin 1836 : fr. 1,200,000.

« Dotation de l'amortissement de cet emprunt : fr. 300,000. »

- Adopté.


« Art. 8. Frais relatifs au même emprunt. : fr. 1,500. »

- Adopté.


« Art. 9. Intérêts, à 4 1/2 p. c, sur un capital de 95,442,832 fr., montant des obligations dont l'émission a été autorisée par la loi du 21 mars 1844 (semestres au 1er mai et au 1er novembre 1860) : fr. 4,294,927 44.

« Dotation de l'amortissement de cette dette (mêmes semestres) : fr. 954,428 32.

« Ensemble : fr. 5,249,355 76. »

- Adopté.


« Art. 10. Frais relatifs à la même dette : fr. 13,000. »

- Adopté.


« Art. 11. Intérêts de l'emprunt de 84,686,000 fr., à 4 1/2 p. c., autorisé par la loi du 22 mars 1844 (semestres au 1er mai et au 1er novembre 1860) : fr. 3,809,520.

« Dotation de l'amortissement de cet emprunt, à 1/2 p. c. du capital (mêmes semestres) : fr. 423,280

« Ensemble : fr. 4,232,800. »


« Art. 12. Frais relatifs au même emprunt : fr. 10,000. »

- Adopté.


« Art. 13. Intérêts, à 4 1/2 p.c, sur un capital de 157,615,300 fr., montant des obligations émises en vertu des lois du 1er décembre 1852 et du 14 juin 1853 (semestres au 1er mai et au 1er novembre I860) : fr. 7,092,688 50.

« Dotation de l'amortissement de cette dette, à 1/2 p. c. du capital (mêmes semestres) : fr. 788,076 50.

« Ensemble : fr. 7,880,765. »

- Adopté.


« Art. 14. Frais relatifs à la même dette : fr. 20,000. »

- Adopté.


« Art. 15. Intérêts à 4 1/2 p. c, sur un capital de 24,382,000 fr., montant des obligations dont l'émission a été autorisée par la loi du 28 mai 1856 et les arrêtés royaux du 21 mars et du 25 avril 1857 (semestres au 1er mai et au 1er novembre 1860) : fr. 1,097,190.

« Dotation de l'amortissement de cette dette, à 1/2 p. c. du capital (mêmes semestres : fr. 121,910.

« Ensemble : fr. 1,219,100. »

- Adopté.


« Art. 16. Frais relatifs à la même dette : fr. 2,500. »

Article 17

« Art. 17. Intérêts et frais présumés de la dette flottante : fr. 500,000. »

M. le président. - Par suite d'un amendement déposé par M. le ministre des finances après le dépôt du rapport, ce chiffre peut disparaître du budget.

- En conséquence, l'article 17 est supprimé.

Article 18

« Art. 18. Rentes viagères, charges extraordinaires et temporaires : fr. 2,404 55. »

M. le président. - Par suite d'un amendement présenté par M. le ministre des finances comme pour l'article précédent, le chiffre de cet article doit être réduit à 1,388 68 fr.

- L'article 18 ainsi modifié est adopté.

Articles 19 à 24

« Aer. 19. Minimum d’intérêt garanti par l’Etat, en vertu de la loi du 20 décembre 1851 et de lois subséquentes (Ce crédit n’est point limitatif ; les intérêts qu’il est destiné à servir pourront s’élever, s’il y a lieu, jusqu’à concurrence des engagements résultant de ces lois : fr. 1,500,000. »

- Adopté.


« Art. 20. Frais de surveillance à exercer sur les compagnies au point de vue de cette garantie, en exécution des conventions : fr. 4,500. »

- Adopté.


« Art. 21. Rente annuelle constituant le prix de cession du chemin de fer de Mons à Manage (loi du 8 juillet 1858) : fr. 672,330. »

- Adopté.


« Art. 22. Intérêts à payer aux anciens concessionnaires de la Sambre canalisée, sur une somme de 10,317 fr. 34 c. Charges extraordinaires : fr. 515 87. »

- Adopté.


« Art. 23. Redevance annuelle à payer au gouvernement des Pays-Bas, en vertu des articles 20 et 23 du traité du 5 novembre 1842, pour l'entretien du canal de Terneuzen et de ses dépendances : fr. 105,820 10. »

- Adopté.


« Art. 24. Rachat des droits de fanal mentionnés au paragraphe 2 de l'article 18 du traité du 5 novembre 1842 : fr. 21,164 02. »

Chapitre II. Rémunérations

Article 25

(page 103) « Art. 25. Pensions ecclésiastiques ci-devant tiercées. Charges extraordinaires : fr. 20,000.

« Pensions civiles et autres accordées avant 1830. Charges extraordinaires : fr. 48,000. »

« Pensions civiques. Charges extraordinaires : fr. 90,000.

« Pensions des veuves et orphelins de l'ancienne caisse de retraite. Charges extraordinaires. Charges extraordinaires : fr. 433,000. »

« Pensions militaires : fr. 3,257,000. »

« Pensions de l'Ordre de Léopold : fr. 29,000. »

« Marine.

« Pensions militaires : fr. 9,000.

« Pensions civiles

« Affaires étrangères. Marine : fr. 17 ;000.

« Affaires étrangères. Affaires étrangères : fr. 55,000.

« Justice. Ecclésiastiques : fr. 140,000.

« Justice. Civiles : fr. 140,000.

« Intérieur : fr. 200,000.

« Travaux publics : fr. 226,000.

« Guerre : fr. 34,000.

« Finances : fr. 1,510,000.

« Cour des comptes : fr. 13,000.

« Pensions de militaires décorés sous le gouvernement des Pays-Bas. Charges extraordinaires : fr. 7,000.

« Secours sur le fond dit de Waterloo. Charges extraordinaires : fr. 8,000.

« Arriérés de pensions de toute nature : fr. 5,000.

« Total : fr. 5,635,000 dont fr. 5,635,000 en charges ordinaires et fr. 606,000 en charges extraordinaires. »

M. Rodenbach. - A propos des pensions militaires, je demande la permission d'appeler l'attention bienveillante de la Chambre et du gouvernement sur un fait qui m'a été signalé. Si je suis bien informé, il y aurait encore 200 soldats, deux sous-officiers et 8 caporaux réformés avant 1830 pour cécité complète et ces malheureux n’auraient que 288 francs de pension, tandis que tous les militaires réformés depuis 1860 pour la même cause jouissent d’une pension de 375 francs. Je ne vois pas pourquoi ces 200 infortunés qui ont contracté cette affreuse infirmité au service de leur pays avant 1830 ne seraient pas traités de la même manière que ceux qui ont reçu leur pension depuis cette époque. Il ne s’agit pas, après tout, d’une somme considérable ; 17 ou 18 mille francs suffiraient pour faire droit à ma demande, pour réparer ce que j’appellerai une quasi-injustice, que j’ai même été étonné d’apprendre.

Je la signale à M. le ministre de la guerre, persuadé qu'il accueillera avec bienveillance la réclamation que je lui adresse. C'est une question d'équité et d'humanité en même temps ; les infortunés sur lesquels j'appelle sa sollicitude sont plus vieux que ceux qui ont été pensionnés plus tard ; tous les ans leur nombre diminuera, la charge ne sera pas de longue durée et pour le moment c'est une chose de peu d'importance, puisqu'il ne s'agit que d'une somme de 17 à 18 mille francs.

Je suis convaincu qu'il n'est pas un seul membre de cette Chambre qui soit disposé à contester le droit que je fais valoir en faveur de ces malheureux auprès de M. le ministre de la guerre.

M. le ministre de la guerre (M. Chazal). - Je n'ai reçu aucune espèce de réclamation à raison de la différence qui existe entre la pension des sous-officiers et soldats de l'ancienne armée des Pays-Bas et réformés pour ophtalmie, et celle des sous-officiers et soldats réformés pour la même cause depuis 1830. C’est la première fois que j’entends parler de cette différence. J’examinerai la question, et si les renseignements de l’honorable M. Rodenbach sont exacts, je verrai ce qu'il peut y avoir à faire. C'est la première fois, je le répète, que j'entends parler du fait qu'il vient de signaler.

M. le président. - Je dois faire remarquer à la Chambre qu'il y a un amendement à l'article 25 qui augmente de 175 mille francs le chiffre des pensions militaires, et qui porte le chiffre total de l'article à 6,416,000.

M. B. Dumortier. - Messieurs, il est regrettable de voir le chiffre des pensions militaires s'augmenter dans de pareilles proportions. Lors de la révolution, il était de 3 à 4 millions, et le voici à 10 millions.

M. le ministre de la guerre (M. Chazal). - Il n'est que de 3,400,000 francs.

M. B. Dumortier. - Je me trompais, le chiffre des pensions militaires, lors de la révolution, s'élevait à 1,800 mille francs, et le voilà aujourd'hui porté à 3 millions 400 mille francs. C'est un chiffre considérable ; et on s'en plaint, parce qu'on a souvent mis à la retraite des hommes en état de rendre de grands services. J'engage M. le ministre à user avec réserve du droit de mettre des officiers à la pension, j'insiste d'autant plus, que quand on discute le budget de la guerre, pour apprécier les dépenses de notre armée dont on critique l'augmentation, On ajoute au chiffre du budget celui des pensions militaires.

M. le ministre de la guerre (M. Chazal). - Messieurs, en entrant au ministère de la guerre, mes collègues ont appelé mon attention sur le chiffre des pensions militaires ; ils m'ont fait savoir que souvent des réclamations se sont élevées à ce sujet dans cette enceinte. J'ai examiné la question avec l'intention sérieuse de concilier et les intérêts du trésor et les intérêts de l'armée ; je l'ai fait examiner également par les hommes les plus compétents de mon département.

Un travail très remarquable, très complet, dont personne ne pourra contester la scrupuleuse exactitude, a été fait sur ce sujet par un de nos savants les plus distingués, M. le major du génie Liagre, membre de l'Académie des sciences.

Voici, en peu de mots, les conclusions générales de ce travail, qui a été mis par mon collègue le ministre des finances à la disposition des membres de cette assemblée.

Quel que soit le mode adopté pour l'admission des officiers à la retraite, le budget des pensions est fatalement destiné à progresser pendant quelques années encore, pour entrer ensuite dans une phase de décroissance prononcée, certaine, qui la ramènera bientôt à un chiffre moindre que celui d'aujourd'hui.

Cet état de choses doit être principalement attribué aux circonstances exceptionnelles dans lesquelles s'est formé notre cadre d'officiers en 1830.

La mise en vigueur de l'arrêté royal du 18 avril 1855, fixant les limites d'âge pour l'admission à la retraite, est tombé en coïncidence avec une époque où se serait forcément produite une période caractérisée par un maximum de mises à la retraite, même en dehors de toute nouvelle prescription réglementaire.

La marche ascendante du budget des pensions n'est pas le résultat de l'application de telle ou telle règle de mise à la retraite, c'est une nécessité inhérente à la manière dont l'armée a été organisée en 1830, et qui ne cessera que lorsque nous serons rentrés dans une situation régulière.

Enfin, ce travail prouve encore que, quel que soit la marche ascendante du budget des pensions, il ne pourra jamais s'élever, comme on l'a prétendu, au chiffre de cinq millions. Il ne dépassera, jamais la somme de 3,600,000 fr., et ce chiffre maximum sera immédiatement suivi d'une décroissance prononcée, continue.

Je viens de vous dire, messieurs, que l'accroissement du chiffre des pensions provenait surtout de la manière dont l'armée avait été organisée en 1830. Permettez-moi de vous donner, à ce sujet, quelques explications qui feront comprendre la situation.

Tout le monde sait que l'armée a été formée en 1830 d'une manière qu'on peut appeler irrégulière. Tout était à créer, à improviser, et les cadres particulièrement.

Trois catégories, trois groupes distincts d'individus ont concouru à la formation des cadres de l'armée ;

1° Les anciens officiers rentrés du service des Pays-Bas et quelques anciens militaires retraités à l'expérience desquels on fit appel.

2° Les sous-officiers de l'armée des Pays-Bas élevés au grade d'officier et âgés généralement de 25 à 30 ans.

(page 104) 3° Les jeunes gens qui n'avaient pas servi précédemment et qui avaient, en général de 18 à 25 ans.

Or, comme il est démontré par le fait d'une longue expérience, que la plupart des officiers sont obligés de renoncer à l'activité entre l'âge de 55 et 60 ans, il en résulte que, entre 1855 et 1860 pour les individus de la deuxième catégorie, de même que, entre 1860 et 1870 pour le troisième groupe il doit fatalement se produire une recrudescence dans le nombre des pensionnés.

On comprend par ces données, d'où vient que pendant les premières années qui ont suivi la révolution, nous avons eu un budget des pensions peu élevé, et d'où vient que ce budget se soit accru progressivement et soit destiné, quoi qu'on fasse, à s'accroître encore pendant quelques années.

Cependant, je le répète, cet accroissement sera peu considérable et la période décroissante arrivera peut-être plus tôt qu'on ne le pense, car les extinctions dépassent depuis quelque temps les prévisions du gouvernement. Je puis donnera ce sujet un renseignement qui, s'il est favorable au budget, est douloureux à annoncer pour le ministre de la guerre.

En 1857, les extinctions au budget des pensions ont été de 103,970 fr.. En 1858, elles ont été de 171,532 fr. et nous savons que pour les trois premiers trimestres de 1859, elles dépassent déjà 140,000 fr.

On voit donc, je le répète, par ce qui précède, que cette situation n'est pas aussi alarmante qu'on le dit, et qu'il ne dépend pas du gouvernement, quelque mesure qu'il prenne, de la modifier.

M. Coppieters ’t Wallant. - Messieurs, j'ai lu avec grande attention le travail du major Liagre dont vient de parler M. le ministre de la guerre. Ce travail est en effet remarquable, mais il est décourageant. Il établit d'une manière très concluante que les pensions militaires dont la Chambre dont le pays déplorent depuis longtemps l'aggravation, doivent aller en augmentant pendant douze années encore et que ce sera douze années après, c'est-à-dire dans vingt-quatre ans, que les pensions descendront au taux déjà trop élevé qu'elles atteignent aujourd'hui.

Il me semble, messieurs qu'en présence des engagements pris par le cabinet actuel, nous avions à attendre que cette question soit examinée sous un tout autre point de vue.

Il ne s'agit pas de savoir si l'application de l'arrêté de 1855, ou la loi elle-même de 1838, est la cause réelle des augmentations successives des pensions militaires. Mais il s'agit de savoir comme, on l'a toujours demandé, s'il n'est pas possible de changer l'état actuel des choses, en veillant à ce qu'exige l'intérêt du service et en ménageant en même temps les intérêts des contribuables.

C'est à ce point de vue qu'à son entrée au pouvoir, le cabinet actuel s'est engagé à examiner la question. Je désirerais connaître notamment de M. le ministre des finances, qui s'est particulièrement engagé à faire cet examen, quel en a été le résultat et si nous pouvons espérer qu'une modification quelconque sera apportée à un état de choses qui semble devoir nous imposer encore pendant douze années, une aggravation successive de charges.

Messieurs, je soutiendrai toujours l'armée, et jusqu'ici j'ai voté presque toutes les dépenses qui nous étaient demandées dans son intérêt. Mais il est désirable pour les partisans de l'armée que cette dépense, qui alarme le pays, décroisse autant que possible. Car l'armée a besoin de la sympathie générale, et elle la perdrait, si l'on reconnaissait qu'elle est une source de dépenses inutiles.

M. le ministre des finances nous a donné trop de preuves de sa sollicitude pour l'intérêt des contribuables, il a introduit des économies trop notables dans le département dont il est chargé, pour qu'il n'y ait pas lieu d'espérer que lorsqu'il s'occupera sérieusement de cette question, il obtiendra un résultat favorable. Je prie M. le ministre de nous dire ce que nous pouvons espérer à cet égard.

M. le ministre des finances (M. Frère-Orban). - Messieurs, je crois que le cabinet a tenu très complètement l'engagement qu'il avait pris.

Lorsqu'il est arrivé au pouvoir, la question des pensions militaires était de nouveau agitée dans cette Chambre. Un arrêté pris en 1855 avait surtout été l'objet des plus vives critiques. On se plaignait que le chiffre des pensions augmentât chaque année et l'on prétendait que des pensions données hâtivement et particulièrement par application de l'arrêté de 1855, étaient la cause de ce fait que l'on déplorait.

Nous avons promis d'examiner de la manière la plus complète et la plus approfondie d'où provenait cette situation. Des travaux assez considérables ont été faits au département des finances. Ils ont été communiqués au département de la guerre. Le département de la guerre a chargé un homme d'une haute science, M. le major du génie Liagre, de se livrer à l'étude de cette question. M. le major Liagre a fait un travail qui, de l'aveu de l'honorable préopinant, est extrêmement remarquable, qu'il trouve désolant, mais qui n’est désolant qu'en ce qu'il constate des faits contre lesquels le gouvernement ne peut absolument rien. On supprimerait aujourd'hui l'armée, qu'on ne pourrait pas supprimer le droit à la pension résultant de la loi, et la situation serait encore également la même. Nous n'y pouvons rien.

L'arrêté de 1855 a pu et pouvait exercer une certaine influence. Mais, d'après les calculs de M, le major du génie Liagre, c'était une influence tellement minime qu'on peut la considérer comme à peu près nulle.

Il résulte des calculs de M. le major Liagre, dont l'honorable rapporteur vous a donné un résume très clair, qu'en admettant, par exemple, l'hypothèse de la mise à la retraite suivant les prescriptions de l'arrêté royal du 18 avril 1855, la mise à la retraite obligée à un âge déterminé, le chiffre des pensions, en prenant l'époque la plus reculée pour toutes les comparaisons qui vont suivre, atteindrait en 1872, selon toutes les probabilités, le chiffre de 2,253,000 fr. Ainsi remarquez-le bien, c'est là le point extrême : On ne fait aucune espèce d'exception dans l'admission à la pension. Tous les officiers, qu'il s'agisse soit des officiers de l'armée active, soit des officiers de l'intendance, soit des officiers du corps de santé, sont mis à la retraite à l'âge déterminé, par l'arrêté de 1855. Le chiffre des pensions arriverait alors à 2,253,000 fr.

M. Coppieters ’t Wallant. - Pour les officiers seuls.

M. le ministre des finances (M. Frère-Orban). - C'est de ceux-là que nous parlons. Si l'on raisonne maintenant dans l'hypothèse où l'on reculerait d'un an l'âge d'admission à la retraite fixé par l'arrêté de 1855, on croira tout d'abord que le résultat sera bien satisfaisant.

Or quelle serait la différence en 1872 ? C'est que le chiffre des pensions s'élèverait à cette époque à 2,193,000 fr. au lieu de 2,255,000 fr. Voilà toute l'influence de la mise à la retraite un an plus tard. C'est donc presque insignifiant.

On examine une troisième hypothèse. On recule de deux ans l'admission à la retraite de tous les officiers indistinctement. Dans cette hypothèse, on trouve en 1872, le chiffre de 2,136,000 fr.

Voilà la différence. Il n'y a, pour ainsi dire, pas à s'en occuper.

Or, le seul fait qu'on pût reprocher au département du la guerre, celui dont on lui faisait un grief, c'est qu'en mettant hâtivement à la pension, il accroissait, par des actes qu'il pouvait retarder, les charges du trésor public.

On était convaincu que cette admission hâtive à la pension donnait lieu à une augmentation rapide du chiffre des pensions. L'examen approfondi auquel on s'est livré, démontre d'une manière péremptoire que la cause réelle, déterminante de cet accroissement, résulte de la constitution même de l'armée ; elle est fatale, inévitable.

Nous ne pouvons donc rien ou à peu près rien pour modifier cette situation. Il nous faut enregistrer le chiffre des pensions. Mais si faible que puisse être sous ce rapport l'action du ministre, vous n'oublierez pas la déclaration qu'a faite M. le ministre de la guerre que vous savez tous très soucieux des intérêts du trésor. Il a dit qu'il ne considérait pas l'arrêté de 1855 comme constituant un ensemble de dispositions qu'il serait tenu d'appliquer toujours et d'une manière absolue et qu'il s'en tiendra au texte et à l'esprit de la loi sur les pensions. Voilà la déclaration que M. le ministre de la guerre a faite à la section centrale et qui a été jugée satisfaisante par elle. Je pense qu'elle sera également considérée comme telle par la Chambre,

M. Muller. - Je sais gré à M. le ministre des finances de nous avoir fait connaître, en la confirmant, la déclaration que son honorable collègue, M. le ministre de la guerre, a faite au sein de la section centrale.

L'application rigoureuse de la règle de la mise à la pension des officiers à un âge déterminé, a blessé à un double point de vue ; non seulement ou l'a regrettée dans l'intérêt du trésor public, mais aussi parce qu'on a vu pensionner, malgré eux, des officiers que l'on considérait, même dans l'armée, comme pouvant encore servir l'Etat d'une manière digne et convenable, et qu'on les plaçait ainsi dans une situation pénible, en réduisant les ressources qui leur permettaient de subvenir aux besoins de leurs familles.

Je constate donc avec satisfaction que l'arrêté de 1855 ne sera plus une règle rigoureuse, et que c'est en interprétant sainement et avec modération la loi de 1838, que le département de la guerre entend agir désormais.

En résumé, il y avait dans les plaintes qui se sont élevées, un sentiment de sollicitude légitime pour de dignes officiers qu'on condamnait à la retraite à un âge où leurs forces physiques suffisaient encore à l'accomplissement du service militaire, à la défense du pays. Il y avait ensuite l'intérêt du trésor, et malgré tous les calculs que l'honorable major Liagre a pu faire dans son travail consciencieux, je crois que dans une certaine mesure, en n'appliquant pas la règle trop rigoureuse de l'âge, nous obtiendrons des économies compatibles avec les exigences du service.

Car il n'entre pas dans l'esprit de la Chambre et il ne serait pas de l'intérêt du pays, de vouloir une chose injuste, de poursuivre un résultat qui pourrait compromettre ou désorganiser l'armée.

Je tenais à présenter ces considérations à la Chambre,

- L'article est mis aux voix et adopté.

Article 26

(page 105) « Art. 26. Traitements d'attente (wachtgelden). Charges extraordinaires : fr. 14,928 24.

« Traitements ou pensions supplémentaires (toelagen). Charges extraordinaires : fr. 4,338 62.

« Secours annuels (jaarlyktche onderstanden). Charges extraordinaires : fr. 825 40.

« Ensemble : fr. 20,092 26. »

- Adopté.

Chapitre III. Fonds de dépôt

Articles 27 et 28

« Art. 27. Intérêts, à 4 p. c., des cautionnements versés en numéraire dans les caisses du trésor, par les comptables de l'Etat, les receveurs communaux et les receveurs de bureaux de bienfaisance, pour sûreté de leur gestion, et par des contribuables, négociants ou commissionnaires, en garantie du payement de droits de douanes, d'accises, etc. ; fr. 470,000.

« Intérêts arriérés du même chef, se rapportant à des exercices clos : fr. 3,000.

« Ensemble : fr. 473,000. »

- Adopté.


« Art. 28. Intérêts des consignations (loi du 26 nivôse an XIII), ainsi que des cautionnements assimilés aux consignations par l'article 7 de la loi du 15 novembre 1847 : fr. 120,000.

« (Les crédits portés au présent chapitre ne sont point limitatifs.) »

- Adopté.

Vote de l’article unique et vote sur l’ensemble

L'article unique du projet est ainsi conçu :

« Article unique. Le budget de la dette publique est fixé, pour l'exercice 1860, à la somme de trente-huit millions quatre cent quatre-vingt-trois mille deux cent vingt-quatre fr. quarante-sept cent. (fr. 38,483,224 47 c.), conformément au tableau ci-annexé. »

- Cet article est adopté.


Il est procédé au vot par appel nominal sur l'ensemble du budget, qui est adopté à l'unanimité des 87 membres présents.

Ces membres sont : MM. Dolez, B. Dumortier, H. Dumortier, d'Ursel, Faignart, Frère-Orban, Frison, Goblet, Grandgagnage, Grosfils, Guillery, Hymans, Jacquemyns, Jamar, J. Jouret, M. Jouret, Julliot, Lange, Laubry, le Bailly de Tilleghem, J. Lebeau, Lesoinne, Loos, Magherman, Manilius, Moncheur, Moreau, Muller, Nélis, Neyt, Nothomb, Orban, Orts, Pirmez, Rodenbach, Rogier, Royer de Behr, Sabatier, Saeyman, Snoy, Tack, Tesch, Thienpont, E. Vandenpeereboom, Vanderstichelen, Van Volxem, Vermeire, Verwilghen, Vilain XIIII, Wasseige, Allard, Ansiau, Carlier, Coppieters 't Wallant, Dautrebande, David, de Baillet-Latour, de Bast, de Boe, de Breyne, Ch. de Brouckere, H. de Brouckere, Dechentinnes, de Florisone, De Fré, de Gottal, de Haerne, de Lexhy, de Liedekerke, Deliége, de Montpellier, de Moor, de Muelenaere, de Naeyer, de Pauli de Pitteurs-Hiegaerts, de Portemont, de Renesse, de Rongé, de Ruddere de Te Lokeren, Desmaisières, de Smedt, de Terbecq, de Theux, Devaux, de Vrière, d'Hoffschmidt et Orts.

Projet de loi fixant le contingent de l’armée de l’année 1860

M. le ministre de la guerre (M. Chazal). - J'ai l'honneur de déposer le projet de loi qui fixe le contingent général de l'année et le contingent de la milice pour 1860. Comme ce projet de loi doit être voté avant le 1er janvier, je prie la Chambre d'en faire l'objet d'une de ses plus prochaines délibérations.

M. Allard. - Je proposerai à la Chambre de renvoyer le projet à la section centrale qui a examiné le budget de la guerre.

- Cette proposition est adoptée.

M. Dolez. - La section centrale qui a examiné le budget de la guerre est incomplète ; je demanderai à la Chambre d'autoriser le bureau à remplacer MM. de Luesemans et Lelièvre, qui en faisaient partie, afin qu'elle puisse s'occuper immédiatement du projet.

- Cette proposition est adoptée.

Pièces adressées à la chambre

« M le ministre des finances dépose l'exposé de la situation du trésor au 1er septembre 1859. »

- Impression et distribution.


M. le président. - Le bureau avait été chargé de compléter les diverses commissions ; il a fait connaître à la Chambre le résultat de ce travail, mais il a oublié d'annoncer que, dans la commission du projet de loi sur la propriété littéraire, M. de Luesemans a été remplacé par M. Hymans.

Rapports de pétitions

M. de Paul dépose divers rapports sur des demandes en naturalisation.

- Ces rapports seront imprimés et distribués. Ils figureront à la suite de l'ordre du jour.

La séance est levée à 4 heures 1/4.