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Chambres des représentants de Belgique
Séance du vendredi 13 mai 1853

(Annales parlementaires de Belgique, chambre des représentants, session 1852-1853)

(Présidence de M. Delfosse.)

Appel nominal et lecture du procès-verbal

M. Dumon (page 1381) procède à l'appel nominal à 2 heures et un quart.

La séance est ouverte.

M. Ansiau donne lecture du procès-verbal de la séance d'hier ; la rédaction en est approuvée.

Pièces adressées à la chambre

M. Dumon présente l'analyse des pièces adressées à la chambre.

« Le sieur Aerts, ancien militaire, prie la chambre de lui accorder une pension ou une gratification. »

- Renvoi à la commission des pétitions.


« Le sieur Bourgeois, ancien militaire, prie la chambre de lui faire obtenir un emploi ou une gratification. »

- Même renvoi.


« Plusieurs notaires de troisième classe résidant dans l'arrondissement de Gand, prient la chambre de réviser la loi sur le notariat et demandent que tous les notaires puissent instrumenter dans leur arrondissement judiciaire. »

M. Vander Donckt. - Messieurs, l'attention avec laquelle vous avez bien voulu accueillir la pétition des notaires de l'arrondissement d'Audenarde, que vous avez renvoyée à la commission avec demande d'un prompt rapport, m'engage à vous proposer de prendre la même décision pour la requête dont on vient de présenter l'analyse. Il est d'autant plus essentiel de statuer sur cette requête dans la session actuelle, que M. le ministre de la justice s'occupe de l'étude de la loi sur le notariat. : il importe que la pétition puisse lui être renvoyée le plus tôt possible.

- La proposition de M. Vander Donckt est adoptée.


« Un grand nombre d'habitants de Tongres demandent que le concessionnaire d'un chemin de fer de Maestricht à Hasselt soit obligé de construire un embranchement de Bilsen à Tongres et de cette ville à. Liège. »

M. Julliot. - Je proposerai le renvoi de cette pétition à la commission avec demande d'an prompt rapport.

- Adopté.


« Les bourgmestre, échevins et conseillers communaux de Louveigné et Gomzé-Andoumont prient la chambre de voter les fonds nécessaires pour le redressement de la rampe de Stinval sur la route de Luxembourg par la vallée de la Vesdre. »

M. Deliége. - Lors de la discussion du budget des travaux publics pour l'exercice 1853, M. le ministre, sur une interpellation que j'eus l'honneur de lui adresser, nous a dit qu'il considérait la rectification de la montagne de Stinval comme très utile, comme urgente ; qu'il espérait de pouvoir mettre les travaux de cette rectification en adjudication pendant le courant de cette année.

Je demande que l'honorable ministre veuille nous dire si les étudesqu'il a prescrites sont achevées.

Je ne demande pas une réponse immédiate si M. le ministre ne peut la donner maintenant.

- La chambre renvoie la pétition à la section centrale chargée de l'examen du budget des travaux publics.


« Des électeurs à Nederockerzeel demandent que les élections aux chambres se fassent au chef-lieu du canton. »

« Même demande d'électeurs à Anvaing et Arc-Ainières. »

- Renvoi à la commission des pétitions du mois de mars.


« Le sieur du Bois prie la chambre de considérer sa demande de naturalisation comme non avenue. »

- Pris pour information.


« Par dépêche en date du 11 mai, M. le ministre des finances adresse à la chambre les états sommaires des adjudications, contrats et marchés passés par les divers départements ministériels, pendant l'année 1851. »

- Dépôt au bureau des renseignements.


« M. Van Remoortere demande un congé de quatre jours. »

- Accordé.

Rapports sur des pétitions

M. de Liedekerke, rapporteur. - Messieurs, l'administration communale de Bruges adresse une nouvelle demande à la chambre au sujet de la direction à donner au canal de Schipdonck vers la mer du Nord.

Le conseil invoque un long mémoire des administrations de wateringues tendant à prouver par diverses raisons dignes d'ailleurs de considération que le tracé vers Blankenberghe est de beaucoup préférable à celui vers Heyst.

Il demande formellement qu'avant de décider cette question qui paraît avoir une haute importance pour la Flandre occidentale et pour la ville de Bruges en particulier il soit au préalable procédé à l'accomplissement des formalités prescrites par l'arrêté royal du 20 mars l837. Ces formalités sont : le dépôt des plans dans la province pendant un délai déterminé, la publication de ce dépôt, le registre ouvert aux observations des intéressés, et l'avis d'une commission d'enquête.

D'autre part l'article 8 n°4 de la loi du 20 décembre 1851 porte ce qui suit : « Continuation du canal de Deynze à la mer du Nord vers Heyst, 2,500,000 fr. »

La direction et le débouché du canal ont donc été fixés par la loi elle-même. C'est là un fait accompli, une décision prise par la législature. Sous ce rapport, à moins qu'il ne plût à tout le pouvoir législatif de se déjuger, il n'y a donc pas à revenir sur une décision passée à l'état de loi.

D'autre part, le gouvernement, dans la séance du 14 février 1853, est entré dans des détails précis par l'organe de M. le ministre des travaux publics.

Invoquant les avis du conseil des ponts et chaussées, et le rapport de l'ingénieur en chef de la Flandre orientale, ce haut fonctionnaire n'a rien négligé pour prouver que le véritable but de ce canal, c'est-à-dire la décharge des eaux dans la mer du Nord, serait pleinement atteint par la direction si vivement attaquée par le conseil communal de Bruges.

S'il a y au fond de ces pressantes réclamations une arrière-pensée, celle d'obtenir plus que la loi n'a voulu donner, et de satisfaire uu autre intérêt, c'est-à-dire l'intérêt maritime, il y aurait là une source nouvelle de dépenses et des exigences qui seraient tout à fait en dehors des prévisions et de la volonté du législateur.

Votre commission vous rappelle, messieurs, que cette question a soulevé dans cette enceinte de vifs et longs débats, elle ne croit pas que la pétition actuelle puisse verser de nouvelles lumières sur une question à l'égard de laquelle toutes les opinions paraissent fixées, et tout en demandant au gouvernement d'user des plus grands ménagements pmr les intérêts d'une ville aussi considérable que celle de Bruges, elle croit pouvoir, sans y manquer, vous proposer l'ordre du jour.

M. Devaux. - Messieurs, j'ai déjà suffisamment exprimé mon opinion au sujet des faits dont il s'agit dans cette pétition, mais je prends la parole pour combattre les conclusions de la commission qui propose d'éconduire la réclamation de la ville de Bruges par l'ordre du jour ; cet ordre du jour, je le repousse. Le rapport de la commission s'appuie sur plusieurs erreurs. La première, c'est qu'on aurait des arrière-pensées à Bruges et qu'on voudrait faire de ce canal un canal maritime ; or, messieurs, chacun sait que c'est précisément le contraire, et on se plaint à Bruges de ce qu'on donne au canal, dans l'exécution, plutôt un caractère de canal de navigation que de canal d'évacuation.

C'est ainsi qu'à l'endroit où le canal de Schipdonck rencontre d'autres canaux, le projet semble être de faire des écluses ; on s'en plaint à Bruges, on demande des siphons passant sous les canaux. Pense-t-on par hasard que des vaisseaux de mer passeraient par des siphons ? D'un autre côté, le rapport dit que la question a été décidée par la chambre. Or, messieurs, la chambre a adopté un libellé portant que le canal aboutirait à la mer « vers » Heyst ; cela veut-il dire : « à » Heyst ? Ne semble-t-il pas qu'on ait choisi l'expression vague « vers Heyst pour laisser de la latitude.

Par là, on n'a certainement pas voulu dire que le canal débouchera à Heyst même ; puisque en fait le projet du gouvernement lui-même ne le fait pas déboucher à Ileyst, mais à Lisseweghe, et la commune de Blankenberghe est contiguë à celle de Lisseweghe. Si donc le canal débouchait à Blankenberghe, il déboucherait encore vers Heyst.

Il y avait deux systèmes ; l'un empruntait le canal de Bruges pour déverser les eaux à Ostende ; l'autre système consistait à déverser les eaux plus au nord ; on s'est prononcé pour le second système, et on s'est servi de l'expression « vers Heyst » parce qu'elle exclut le débouché par Ostende et qu'en même temps elle laissait une certaine liberté pour choisir l'endroit de la côte où le canal aboutirait. Prenez la carte et vous verrez que Blankenberghe relativement à Ostende est situé vers Heyst. Aussi l'administration a-t-elle commencé par faire étudier les deux tracés par Lisseweghe et par Blankenberghe.

La ville de Bruges se plaint de ce qu'on n'a pas consulté la province de la Flandre occidentale dans une matière dans laquelle elle est essentiellement intéressée et je ne crois pas que cette réclamation mérite d'être repoussée par l'ordre du jour. Je me borne à demander qu'elle soit renvoyée à M. le ministre des travaux publics à titre de renseignement. La chambre, nous sommes parfaitement d'accord là-dessus, ns peut trancher ici une question de tracé.

J'ajouterai encore un mot.

L'intérêt de la Flandre occidentale dans cette affaire ne se borne pas à un port de refuge pour les pêcheurs de Blankenberghe et à (page 1382) l'asséchement de toute une région sur laquelle le projet du gouvernement n'aura aucune influence ; elle y a encore plusieurs autres intérêts. Le canal, ainsi que je l'ai dit, viendra longer le canal de Zelzaete, qui a été construit pour l'écoulement des eaux des propriétés voisines dans un certain rayon.

Le nouveau canal venant s'interposer entre le canal de Zelzaete et ces propriétés, les privera des belles voies d'écoulement qui ont été construites. Les eaux de ces terres ne pourront pas s'écouler dans le nouveau canal, on le reconnaît, il est trop peu profond ; elles devront donc aller trouver le canal de Zelzaete en passant par-dessous le canal de Schipdonck, c'est-à-dire que l'écoulement sera moins rapide et plus défectueux.

La ville de Bruges a une navigation vers l'Ecluse qui se fait par le canal de l'Ecluse, canal perpendiculaire à la direction que va prendre celui de Schipdonck et perpendiculaire aussi au canal de Zelzaete. Le canal de Zelzaete a été conçu de manière à ne pas gêner la navigation du canal de l'Ecluse et à passer par-dessous au moyen d'un siphon. Si ce qu'on dit à Bruges est vrai, le nouveau canal, au lieu de passer sous le canal de l'Ecluse, le traversera au moyen d'écluse et la navigation vers la Flandre zélandaise s'en arrangera comme elle pourra.

Ainsi, l'intérêt de la ville de Bruges et de la Flandre occiientale est à tous égards assez réel pour qu'on les écoute et qu'on ne leur oppose pas un ordre du jour.

M. le ministre des travaux publics (M. Van Hoorebeke). - Messieurs, je regrette réellement l'insistance que les honorables députés de Bruges apportent dans cette affaire qui est décidée en fait et en principe, puisque l'adjudication doit avoir lieu très prochainement.

A la date du 29 avril dernier, j'ai transmis au gouverneur de la Flandre occidentale un travail très complet, dont j'ai une copie sous les yeux, travail qui réfute de la manière la plus victorieuse toutes les objections présentées.

Quoi qu'en dise l'honorable M. Devaux, je dois attester la vérité de l'assertion émise par l'honorable rapporteur, à savoir que dans l'intention de ceux qui voulaient que le canal se dirigeât vers Blankenberghe, ce canal devait avoir une destination maritime.

Voici, en effet, ce que je lis dans la requête des délégués des wateringues du nord de Bruges :

« L'établissement du canal vers Blankenberghe ouvrait une communication navigable qui aurait une grande utilité. »

Maintenant je dois à la chambre quelques explications au sujet de l'incident qui s'est produit récemment dans le conseil communal de Bruges. Je ferai insérer au Moniteur la réponse que j'ai adressée au gouverneur de la Flandre occidentale, et à ceux qui l'auront lue je demanderai avec confiance si une seule des objections qui ont été produites reste debout à la suite de cette réfutation si décisive et si complète.

J'ai revu les notes que j'avais en 1851, lors de la discussion du projet de loi sur les travaux publics.

Il résulte des pièces que je vais avoir l'honneur de soumettre à la chambre, d'abord que, dans l'opinion des ingénieurs qui ont examiné les projets de MM. Wolters et de Sermoise, le premier de ces projets préjugeait en quelque sorte la direction de la section de Dam à Heyst, puisqu'on n'a cessé de raisonner et de discuter en prenant pour base l'avant-projet de M. Wolters qui aboutissait à Heyst, 2° que les intéressés eux-mêmes, le conseil communal de Bruges et le conseil provincial de la Flandre occidentale, quand ils sont venus protester contre le travail de M. Wolters, avaient, je le suppose au moins, une connaissance suffisante de la direction générale de ce tracé pour ne pas être autorisés à croire qu'en l'adoptant on pouvait encore faire aboutir le canal à Blankenberghe.

Quant au premier point, voici ce que je lis dans le rapport que le conseil des ponts et chaussées m'a adressé le 8 août 1831 un peu avant la discussion du projet de loi :

« Vous avez fait au conseil l'honneur de lui demander lequel des deux projets présentés, l'un par M. Wolters, l'autre par M. de Sermoise, en vue de compléter les moyens d'évacuation ouverts à la Lys, par la construction du canal de Deynze à Schipdonck, devait obtenir la préférence, en faisant abstraction de tout intérêt étranger à l'écoulement des eaux.

Le conseil s'est réuni à cet effet aujourd'hui, et à cette séance assistaient les deux ingénieurs en chef précités.

La question ayant été posée par M. le président dans les termes ci-dessus, l'assemblée à l'unanimité a reconnu que la préférence devait être donnée au canal direct de Schipdonck à la mer.

Or, messieurs, quel était ce canal de Schipdonck à la mer ? Nous le trouvons dans le rapport du même conseil du 11 août 1851, où je lis le passage suivant :

« Sous le rapport de l'écoulement des eaux, le conseil a été d'avis qu'il serait nécessaire d'apporter au projet de M. de Sermoise une modification consistant à supprimer la partie de ce projet comprise entre le canal de Zelzaete et le Zwyn et à la remplacer par la partie du projet du canal de Schipdomk à la mer, comprise entre Dam et Heyst. »

Voilà ce que l'on lit dans le rapport du conseil, rapport délibéré en présence des auteurs des deux projets qui faisaient à cette époque l'objet d'une aussi ardente controverse.

Ainsi, on se trouvait en présence de deux projets, celui de M. de Sermoise, et l'avant-projet de M. Wolters qui comprenait la section de Dam à Heyst ; les intéressés ne connaissaient-ils pas cet avant-projet qui devait aboutir à Heyst ? Puis-je le croire, en présence de toutes les démarches faites et tentées, en présence des requêtes imprimées du conseil communal, du conseil provincial, qui toutes protestaient contre le projet de M. Wolters, lequel projet comprenait la section de Dam à Heyst ?

Parmi les pièces envoyées à cette époque à mon département, j'ai retrouvé un plan figuratif des deux projets présentés au gouvernement, pour utiliser le canal de Schipdonck.

On lit sur ce plan en observation relative à la description du projet de M. Wolters, que la section de Dam doit se diriger vers Heyst.

Ainsi donc les intéressés eux-mêmes savaient, me semble-t-il, qu'en adoptant le projet de M. Wolters, il devait aboutir à Heyst. Maintenant on a indiqué une nouvelle direction vers Blankenberghe.

J'ai fait preuve d'une impartialité à laquelle je n'étais pas tenu, en soumettant les plans à un examen minutieux qui a exigé plusieurs mois de travaux et d'études. C'est à cette circonstance qu'on doit attribuer le retard, du reste très légitime, que M. Wolters a apporté à l'examen de ce projet.

Quand j'ai vu que ces retards plus considérables pourraient avoir pour résultat d'ajourner pour longtemps encore les travaux, j'ai dû me borner à donner connaissance aux intéressés de toutes les raisons présentées, raisons assez fortes pour maintenir la direction de Heyst.

Mais il y a une autre circonstance que je ne dois pas omettre, c'est que lorsque le projet de M. de Sermoise a fait en section centrale l'objet d'une controverse, la section centrale a reçu, je pense, de la part de M. Ch. Rousselle, député de Mons, communication d'un amendement aux termes duquel le gouvernement aurait été obligé de soumettre à la sanction des chambres l'approbation des plans. Cet amendement a été écarté ; il n'en a pas même été question dans la discussion.

Le gouvernement ayant par amendement proposé d'effectuer l'approfondissement du canal de Bruges à Gand pour satisfaire aux intérêts de la Flandre occidentale et d'autre part d'exécuter le canal d'évacuation vers Heyst, tout a été décidé.

Si j'avais pu croire que, malgré les engagements pris par le gouvernement et ratifiés par la chambre, la direction vers Heyst aurait pu nuire aux intéressés, compromettre l'écoulement des eaux des polders, je vous aurais proposé de redresser cette résolution. Mais je prierai l'honorable M. Devaux de prendre connaissance de la lettre que j'ai adressée le 19 avril à M. le gouverneur de la Flandre occidentale, dont j'ai autorisé la communication à l'administration communale de Bruges, et qui sera publiée dans le Moniteur. Je m'en rapporte à l'impartialité de l'honorable député de Bruges. Je suis convaincu que lorsqu'il aura vu la réfutation de toutes les objections, de toutes les craintes chimériques qui ont été élevées, il sera le premier à reconnaître qu'il n'y a eu aucune espèce d'injustice commise.

M. Manilius. - Je crois que la chambre doit être peu édifiée de voir éterniser le débat sur des travaux de cette importance, sur une question qui a été décidée deux et trois fois. Je ne reviendrai donc pas sur la décision prise par le gouvernement, décision à laquelle j'applaudis et qu'ont parfaitement justifiée les explications données par M. le ministre des travaux publics.

Mais j'ai pris la parole pour m'associer à l'honorable député de Bruges qui réclame contre les conclusions de la commission des pétitions. L'ordre du jour serait plus ou moins offensant pour une administration telle qu'un conseil communal.

Il n'est pas dans les usages de la chambre de prononcer l'ordre du jour sur la pétition d'un conseil communal.

D'un autre côté, je crois que nous ne devons pas, comme le demande l'honorable député de Bruges, renvoyer de nouveau la pétition au gouvernement ; car si l'administration communale de Bruges veut, par ses députés, s'adresser au gouvernement, elle peut le faire sans notre intervention.

Qu'a fait la chambre dans la dernière discussion ? Elle a critiqué amèrement les instances faites par la commune et par les honorables députés de Bruges auprès du ministre des travaux publics, qui a montré une complaisance portée au comble pour la révision d'un tracé qui n'avait été arrêté que conformément à la loi.

Je m'associe à l'honorable député de Bruges pour demander le dépôt de la pétition au bureau des renseignements et je crois que de cette manière nous faisons déjà beaucoup. Nous satisfaisons à la susceptibilité qu'a témoignée l'honorable M. Devaux au nom du conseil communal de Bruges, et nous coupons court à cette discussion qui n'est plus de saison, alors que l'adjudication est déjà annoncée. Nous avons vu dans le Moniteur que le cahier des charges est déposé chez M. le gouverneur de la Flandre orientale, et l'on voudrait remettre en question le tracé de ce canal.

On a parlé d'enquêtes préalables. Mais y a-t-il jamais eu une enquête plus approfondie que celle qui a été faite sur ce travail et qui date d'un demi-siècle ? Car plusieurs des pouvoirs qui se sont succédé en Belgique ont fait de cette questio l'objet de leur examen. Il est impossible que lorsque l'adjudication va avoir lieu, on veuille encore renverser le projet qui a été arrêté.

Je demande le dépôt de la pétition au bureau des renseignements.

(page 1382) M. Rodenbach. - J'ai demandé la parole pour témoigner mon étonnement de ce que la commission des pétitions vient proposer sur la pétition du conseil communal de Bruges un dédaigneux ordre du jour.

Ces conclusions ne me paraissent pas rationnelles, pour ne pas les qualifier autrement.

Lorsque des administrations respectables, lorsque les wateringues de toute une province, lorsque des conseils provinciaux ou des conseils communaux, se croyant lésés dans leurs intérêts, s'adressent à la chambre, fussent-ils même dans l'erreur, encore ne faudrait-il pas repousser leurs observations par l'ordre du jour.

Si donc la chambre n'adopte pas la proposition de l'honorable M. Devaux et ne renvoie pas la pétition à M. le ministre des travaux publics, je demande qu'elle adopte au moins la proposition de l'honorable député de Gand, d'autant plus que M. le ministre lui-même nous a dit qu'il allait donner par le Moniteur des explications aux autorités de la Flandre occidentale ; déjà même M. le ministre vient de nous donner quelques explications.

Mais je le repète, je m'oppose de toutes mes forces au dédaigneux ordre du jour qu'on propose, et je pense que la chambre ne voudra pas s'associer à une semblable proposition.

M. de Muelenaere. - Je pense que la chambre tout entière sera d'avis d'ordonner le dépôt de cette pétition au bureau des renseignements. Dès lors je pense que la discussion devient sans objet, d'autant plus que les conclusions, quelles qu'elles fussent, que pourrait prendre la chambre sur cette pétition, ne pourraient rien changer à l'état de choses actuel. L'adjudication est annoncée, elle doit avoir lieu prochainement. Je crois même que des terrains sont déjà acquis, ou qu'on est sur le point de faire des expropriations et que les travaux commenceront dans quelques jours.

Si cependant la chambre voulait adopter l'ordre du jour, implicitement par là même elle adopterait les motifs allégués par la commission des pétitions et alors nécessairement nous serions entraînés dans une discussion assez longue. Quant à moi, je me charge de prouver au besoin qu'il y a, dans le rapport de la commission dont vous venez d'entendre la lecture, tout à la.fois des erreurs de fait et des erreurs de droit. Il faudrait nécessairement que nous fussions entendus sur ce point, si l'on s'obstinait à vouloir prononcer l'ordre du jour.

M. de Liedekerke, rapporteur. - Messieurs, les conclusions de la commission sont attaquées avec une vivacité à laquelle je ne pouvais guère m'attendre.

Je crois que jamais aucun intérêt local n'a été plus souvent, plus longuement et plus constamment débattu que celui dont traite la pétition.

En 1851, nous avons vu éclater une espèce de guerre civile entre les députés de la Flandre occidentale et les députés de la Flandre orientale.

En 1853, an mois de février, lors de la discussion du budget des travaux publies, la question du canal de Schipdonck a occupé un grand nombre de séances. La chambre se souviendra de la longueur du discours de l'honorable M. Sinave, qui a occupé une séance et demie.

Les honorables MM. Delehaye, Manilius. Vander Donckt ont pris successivement la parole. M. Manilius vient de reconnaître que la question était tranchee et qu'elle ne pouvait plus revenir. Dès lors la commission a dû croire que la pétition n'avait plus aucun objet. Or, une pétition qui n'a aucun objet ne peut donner lieu à d'autres conclusions qu'à l'ordre du jour.

Ce n'est donc ni par dédain ni par manque d'égard pour l'intérêt de Bruges qui est très respectable, que nous avons proposé l'ordre du jour, c'est uniquement parce que nous avons cru que la pétition n'avait aucun objet.

Maintenant la chambre désire-t-elle faire des funérailles plus honorables à la pétition et ordonner le dépôt au bureau des renseignements, je crois que la commission s'y ralliera.

- La clôture est demandée.

M. Devaux (sur la clôture). - Messieurs, j'ai surtout voulu repousser l'ordre du jour. D'après le degré d'avancement où est arrivée cette affaire, je ne m'oppose pas au dépôt au bureau des renseignements.

Ce dépôt peut être utile, car la chambre aura encore à s'occuper du canal de Schipdonck. Il faut encore des fonds ; il y a plusieurs questions qui se rattachent à ce canal et sur lesquelles ou pourra revenir.

- La discussion est close.

Le dépôt au bureau des renseignements est mis aux voix et adopté.


(page 1389) M. Vander Donckt, rapporteur. - « Par pétition datée de Boesinghe, le 15 avril 1853, le bureau des marguilliers de cette commune s'adresse à la chambre, afin d'obtenir la paisible possession d'un legs qui lui a été fait. »

Un prompt rapport a été demandé sur cette pétition.

Les questions qu'elle soulève se rattachent au système nouveau introduit depuis quelques années en matière de bienfaisance.

Dans le cas actuel, le testateur a légué un immeuble à la fabrique de l'église, à charge de services religeux et d'une distribution annuelle de pains. Le gouvernement, au lieu d'autoriser on de refuser l'acceptation du legs, change, de son autorité, les clauses du testament, et veut que la fabrique remette, chaque année, au bureau de bienfaisance, la somme jugée nécessaire pour la distribution de pains aux pauvres.

Lorsque l’établissement institué demande qu’au moins, en ce cas, le bureau de burtfcisance supporte une part proportionnelle des droits de succession, M. le ministre de la justice renvoie à son collègue des finances, lequel éconduil ia fabrique de l'église, en lui disant de s'adresser au bureau de bienfaisance, et celui-ci, qui accepte la libéralité que le gouvernement veut lui faire, refuse de supporter sa part des droits dus au trésor.

Votre commission regrette que le projet de loi, destiné à régler ces questions, projet tant de fois promis, n'ait pas été présenté aux chambres. Les interprétations, parfois peu équitables, les doutes, les contestations paralysent la bienfaisance privée, nuisent aux intérêts des classes pauvres et constituent un grief sérieux, dont la réparation ne peut plus se faite attendre.

La commission vous propose de renvoyer la requête du conseil de fabrique de Boesinghe à M. le ministre de la justice, avec demande d'explications.

(page 1383) M. Malou. - Messieurs, je ne soulèverai pas en ce moment une discussion sur l'objet de la pétition sur laquelle on vient de faire rapport. Je m'en abstiens parce que M. le ministre de la justice a promis de soumettre à la chambre, au commencement de la session prochaine, un projet de loi qui mettra fin à toutes ces contestations entre les bienfaiteurs des pauvres et le gouvernement, car c'est là réellement qu est le nul : depuis 5 ou 6 années, en Belgique on éprouve souvent plus de mal pour se dessaisir de son bien au profit des pauvres qu'on n'en a éprouvé ailleurs pour le défendre contre les socialistes. (Interruption.)

M. Verhaegen. - Messieurs, nous aurions laissé passer sans observations les conclusions proposées si on ne les avait pas accompagnées de commentaires ; mais comme le rapport renferme des considérations qu'il est impossible d'apprécier à une simple lecture, je demande qu'il soit imprimé et qu'on fixe un jour pour la discussion.

- La proposition de M. Verhaegen est adoptée.

(page 1389) M. de Steenhault, rapporteur. - Le sieur Outshoorn prie la chambre de le faire indemniser, ainsi que les sieurs Copens et Telghuys des pertes essuyées par suite de la guerre de la révolution. »

Une semblable demande vous avait été adressée en 1848. A celle époque, en présence de la loi sur les indemnités, la commission des pétitions n'avait pu que proposer l'ordre du jour.

Une discussion s'était élevée, elle eut pour le résultat le dépôt au bureau des renseignements, et, comme conséquence, la nouvelle réclamation du pétitionnaire qui se plaint de ce qu'on n'ait pas fait droit à une réclamation dont le principe de justice n'avait pas été contesté.

Cette dernière considération jointe aux regrets exprimés par la commission de liquidation de s'être trouvée dans l'obligation d'exclure le pétitionnaire du partage, et qui par là reconnaissait aussi qu il y avait là une question d'équité, a fait penser à votre commission des pétitions qu'il y avait lieu de renvoyer la pétition à M. le ministre des finances.

(page 1383) M. Vermeire. - Quand j'ai demandé un prompt rapport sur la pétition dont M. le rapporteur vient de proposer les conclusions, j'ai dit, messieurs, que les pétitionnaires semblaient être victimes d'une interprétation trop rigoureuse de la loi sur les indemnités à payer du chef des pertes essuyées par l'incendie de l'entrepôt d'Anvers. En effet, la loi porte que ce sont les individus belges et étrangers qui recevront ces indemnités, à l'exclusion cependant de ceux qui appartiennent aux pays avec lesquels la Belgique était en hostilités.

Il semble résulter de cette interprétation rigoureuse que des Hollandais habitant la Belgique bien avant les événements de 1830, et qui, comme gardes bourgeois, ainsi que c'est ici le cas, veillaient à la sécuriié et à la conservation des propriétés dans notre pays, sont exclus du bénéfice de la loi, tandis que des Haïtiens et des Péruviens en jouissent.

En effet, messieurs, les pétitionnaires habitent la Belgique, l'un depuis 1819, l'autre est établi à Anvers depuis 1811, a épousé une femme belge, et tous ses enfants sont nés en Belgique.

Le troisième est établi ici depuis 1810, et a aussi épousé une Belge.

Cette pétition, messieurs, est pour ainsi dire une deuxième édition d'une autre requête sur laquelle l'ordre du jour a été prononcé en 1848.

Cependant comme la loi des indemnités est, d'après l'opinion émise en par M. le ministre actuel des affaires étrangères, une loi d'équité et de bonne politique, j'appuie avec d'autant plus de confiance le renvoi de cette nouvelle requête à M. le ministre des finances, et l'invite instamment à vouloir bien en faire l'objet d'un nouvel et bienveillant examen.

M. Osy. - Messieurs, comme vient de le dire l'honorable M. Vermeire. la chambre s'est déjà occupée de cet objet, il y a quatre ans, et il est temps, véritablement, que nous rendions justice dans une affaire où il y a eu excès de prudence da la part de la commission de liquidation. On avait inséré, en effet, dans la loi des indemnités qu'il ne serait pas accordé d'indemnités du chef des marchandises appartenant à des Hollandais et il en est résulté que la commission a cru devoir refuser à des négociants d'origine hollandaise, établis depuis quarante ans en Belgique, la liquidation de leurs indemnités.

Certainement ce n'est point là la but de la loi ; le but de la loi était de ne pas accorder d'indemnités aux maisons hollandaises, aux maisons établies en Hollande, qui avaient des marchandises à l'entrepôt d'Anvers. Evidemment cela ne s'appliquait pas à des habitants de la Belgique qui, en 1830, n'avaient pas obtenu la naturalisation, mais qui s'étaient établis dans le pays sous le royaume des Pays-Bas, lorsque nous formions une seule nation avec la Hollande, et qui, par conséquent, ne pouvaient pas être considères comme Hollandais.

J'appuie le renvoi à M. le ministre des finances, en le priant d’examiner la réclamation et, s'il le croit convenante, de présenter un projet de loi pour cette affaire, qui n'est qu'une bagatelle ; je crois qu'effectivement cette somme est due.

M. Anspach. - Messieurs, je viens soutenir les mêmes conclusions.

Je ferai remarquer que la loi de 1842 avait exclu des indemnités pour dommages de guerre les personnes qui faisaient partie des nations avec lesquelles nous étions en hostilité. Cela était tout naturel. Mais la loi a été appliqués avec une sévérité extrême ; elle a été appliquée en droit strict ; or, d'après la maxime romaine, l'application stricte d'une loi est une souveraine injustice.

On a compris dans cette catégorie deî personnes qui sont depuis 50 ans en Belgique, qui ont épousé des femmes belges et qui eu ont des enfants, qui ont des propriétés en Belgique ; elles ont, en outre, contribué dans les charges extraordinaires qui ont eu pour but de soutenir la guerre contre leur soi-disants compatriotes. C'est là une position exceptionnelle.

Toutes les personnes qui se sont occupé de cette affaire déplorent et regrettent ma sévérité avec laquelle on a appliqué la loi ; mais si le regret est fondé, il faut faire disparaître la cause qui y a donné lieu.

C'est une question de loyauté et d'équité ; je ne voudrais pas qu'on pût accuser la législature belge qui s'est toujours conformée à ces nobles principes, pour un acte qui y fut contraire.

Dans la discussion de la loi, on a dit qu'accueillir les réclamations des pétitionnaires, ce serait ouvrir la porte à des réclamations qui pourraient se monter à 150,000 fr. C'est une erreur convlèle. Il n'y a que trois personnes qui puissent avoir des droits à une exception ; les autres personnes qui ont réclamé ne sont pas dans ce cas ; il ne s'agirait que d'une somme de 11,000 fr.

(page 1384) M. H. de Baillet. - Messieurs, je viens, à mon tour, appuyer la réclamation des pétitionnaires. Je ferai observer que non seulement ces personnes ont payé leur part des charges extraordinaires qui ont été imposées à la nation dans les premières années de la révolution ; mais qu'elles ont même contribué à fournir l'argent nécessaire pour indemniser les Belges qui avaient, comme elles, essuyé des pertes. Dans cette position, il ne me paraît pas équitable de laisser ces personnes isolées, et de leur refuser une indemnité.

Quant à la commission de liquidation, elle a cru suivre l'esprit en même temps que la lettre de la loi sur les indemnités, loi qui a exclu toutes les personnes appartenant à des nations avec lesquelles la Belgique était en hostilité. Il est constant que ces personnes étaient hollandaises ; la commission ne pouvait donc pas les admettre ; leur allouer une indemnité, eût été diminuer la part des autres qui se trouvaient dans les conditions requises.

- Le renvoi de la pétition à M. le ministre des finances est ordonné.

Pièces adressées à la chambre

M. le ministre de l'intérieur (M. Piercot). - J'ai l'honneur de déposer le deuxième compte rendu des mesures prises en exécution de la loi sur le défrichement.

- Cette pièce sera imprimée et distribuée.

Projet de loi portant le budget du ministère de la justice de l’exercice 1854

Discussion du tableau des crédits

Chapitre XI. Frais de police

Article 53

La discussion continue sur l'article 53.

M. Orts. - Messieurs, hier, à la fin de la séance, j'ai attiré l'attention de M. le ministre de la justice et de la chambre sur un fait que je considère comme grave, mais qui, à mes yeux, a acquis aujourd'hui beaucoup plus de gravité en présence de la réponse donnée par l'honorable ministre à mes observations. C'est pour cela que je me permets de revenir sur ce sujet et de prier la chambre de me prêter encore quelques minutes de bienveillante attention.

Voici la circonstance qui a donné lieu à mon observation :

Un réfugié politique, ayant trouvé un asile à Bruxelles, et obligé de pourvoir aux besoins de son existence par le travail, avait annoncé, imitant en cela l'exemple d'un grand nombre de ses compagnons d'infortune, qu'il ouvrirait un cours purement scientifique qui ne devait toucher à la politique par aucun côté : il s'agissait, en effet, de l'histoire du droit considérée au point de vue purement doctrinal.

Ce réfugié fut averti que le gouvernement ne lui accorderait pas l'autorisation de continuer le cours annoncé ; que, par tolérance, il lui serait permis de donner la leçon d'ouverture dont le jour était déjà fixé et pour laquelle les souscriptions étaient payées.

Il est heureux que le gouvernement, tout en faisant une chose que je ne crois ni bonne, ni juste, ait tout au moins permis au réfugié, dont je m'occupe, de démontrer, par sa leçon d'ouverture, que les craintes qu'avait conçues le gouvernement et qui seules pouvaient légitimer sa mesure, étaient complètement dénuées de fondement. Je m'étonne seulement que le gouvernement n'ait pas, après la première leçon, eu égard au succès scientifique de l'homme dont il s'agit, à la modération de ses paroles, à la modération de son auditoire ; qu'il n'ait pas donné immédiatement l'autorisation d'abord refusée.

Cette leçon, je l'ai lue, deux cents personnes honorables l'ont entendue, et je le déclare hautement sans crainte de démenti, qu'il ne s'y trouve pas un mot qui puisse effaroucher la susceptibilité la plus délicate en matière politique ; la politique n'y est pour rien.

M. le ministre la justice a répondu à mes observations par les observations que voici et que j'emprunte aux Annales parlementaires, pour ne pas me tromper :

« Messieurs, le gouvernement a usé de tolérance à l'égard de quelques étrangers qui avaient ouvert, dans divers élablissements, des cours soit gratuits, soit rétribués, sur certaines branches des connaissances humaines : il a vu que l'ouverture successive de nouveaux cours marquait une tendance à constituer un enseignement en dehors de celui qui se donne par l'Etat ou par des personnes appartenant à la Belgique ou établies en Belgique. Il a pensé qu'il convenait d'arrêter cette tendance, et tout en respectant l'espèce de droit acquis par ceux qui donnaient des leçons régulières, il a cru devoir s'opposer à l'ouverture d'autres cours, une extension trop grande de ces cours pouvant donner lieu à des abus. »

Ainsi, il est acquis par l'aveu du gouvernement que dans l'interdiction du cours dont il s'agit il n'y a pas la moindre idée politique ; il n'y a pas là un mobile du genre de ceux qui commandent les mesures de surveillance ou les mesures plus acerbes que le gouvernement se croit parfois obligé de prendre à l'égard des étrangers que les événements politiques amènent sur notre sol. Il a voulu s'opposer à une tendance, non pas de nature à compromettre la tranquillité publique ou bien à compromettre notre gouvernement vis-à-vis d'autres gouvernements, mais de nature à constituer un enseignement en dehors de l'enseignement donné dans le pays soit aux frais de l'Etat, soit par des particuliers.

Eh bien, je dis que dans ces limites la théorie du gouvernement est non seulement contraire à toutes les traditions hospitalières de la Belgique, à notre passé le plus honorable vis-à-vis des étrangers malheureux, mais encore contraire aux intérêts de la science, à la Constitution, aux lois spéciales sur la police des étrangers.

Déjà un honorable membre de cette chambre qui appartient comme moi à l'enseignement a répudié cette mesure de protection qu'on voudrait donner à l'enseignement national ; je m'associe aux paroles qu'il a prononcées, et je suis convaincu qu'il n'est pas de professeur dans le pays, de quelque rang qu'il sorte, à quelque corps qu'il appartienne, qui ne répudie comme une offense la protection qu'on veut lui accorder comme à un manufacturier dont on prétendrait protéger la boutique.

L'enseignement est libre en Belgique.

M. Dumortier. - Pour les Belges.

M. Orts. - Pour tout le monde, M. Dumortier. Vous seriez le premier à protester si les hommes qui sont au pouvoir vous prenaient au mot ; l'enseignement est donné en Belgique par une foule de corporations religieuses, qui ne comptent pas moins de 300 personnes étrangères au pays. Entendez-vous qu'on les expulse ou qu'on les condamne au silence ?

Je ne me plains pas de leur existence.

Je veux, avec la Constitution et la liberté, je veux à côté de l'enseignement laïque ou religieux donné par les Belges, soit dans les établissements de l'Etat, soit dans les établissements libres, je veux l'enseignement par les corporations religieuses comptant dans leur sein des étrangers.

Le principe que vous professez est le plus dangereux pour nos institutions qu'on puisse émettre. La liberté d'association, la liberté d'enseignement et d'opinion, la liberté de conscience, tout cela appartient à l'humanité entière et n'est pas le domaine de la Belgique seule.

Je dis, messieurs, que la théorie du gouvernement est contraire à l'esprit de notre Constitution. Il y a mieux ; elle est contraire aux actes de ceux qui l'ont faite.

Rappelez-vous ce qui s'est passé peu de jours après le vote du Congrès consacrant les grands principes que je défends.

A ce moment, les périls extérieurs étaient grands, les dangers du dehors ne l'étaient pas moins, et l'occasion surgit, à cet instant difficile, d'une solennelle application de ces principes.

C'était en février 1831. Des étrangers qui n'étaient pas proscrits vinrent prêcher une doctrine ayant une toute autre portée qu'un enseignement scientifique, une doctrine sociale dont l'exposé ne pouvait manquer d'amener des controverses politiques et religieuses, dont l'instinct, dont l'émotion populaire révélait le danger.

Qu'ont fait ces membres du Congrès ? Qu'ont fait ceux-là mêmes dont les opinions, dont la conscience se trouvaient plus directement blessées par de semblables prédications ? Ils se sont levés pour réclamer le respect absolu des principes inscrits la veille à peine dans la Constitution.

Et c'est un éternel honneur pour l'opinion catholique à laquelle l'honorable M. Dumortier appartient, que cette initiative soit partie de ses bancs. Deux membres de la représentation nationale exigèrent l'appel au sein du Congrès du chef de la police. Le Congrès l'ordonna et ne se crut satisfait qu'alors qu'interpellé, le gouvernement eut déclaré et prouvé être resté étranger aux obstacles apportés aux prédications des saint-simoniens dans Bruxelles.

J'ai dit que la théorie de M. le ministre était contraire au texte de nos lois spéciales sur la police des étrangers. En effet que constitue la théorie qu'a défendue M. le ministre ? La mesure préalable, une mesure préventive en matière d'enseignement donné par des étrangers, et cela en dehors de tous dangers politiques.

Cette censure n'est pas dans l'esprit de la Constitution. Je l'ai prouvé par des faits, et le texte de l'article 17 le proclame.

La mesure préventive n'est pas davantage autorisée par la loi sur les étrangers. La loi du 22 septembre 1835 permet de prendre des mesures contre les étrangers, non préventivement.

Elle le permet quand la conduite de l'étranger compromet la tranquillité publique, donc quand il a posé un acte, non quand il manifeste l'intention d'user d'un droit.

N'oublions pas, messieurs, que toutes nos libertés sont solidaires et qu'une atteinte portée à la liberté d'enseignement, à la liberté de discussion peut aller extrêmement loin. Il arrive à chaque instant que des étrangers viennent nous faire profiter du contact de leurs lumières en d'autres matières que l'enseignement ordinaire et l'enseignement du droit.

Que de fois dans un intérêt religieux, par exemple, n'appelle-t-on pas, pour développer les doctrines du catholicisme, des prédicateurs étrangers dont le talent de parole est déjà un gage de succès ?

Ne considérerait-on pas comme une atteinte à la Constitution, comme un grave dommage pour l'intérêt religieux, l'acte d'un gouvernement qui, pour éviter la tendance à l'établissement d'une prédication religieuse en dehors de celle qui se fait par les ministres du culte rétribués par l'Etat, ou par les prêtres belges non rétribués, s'opposerait aux prédications du premier maître de l'éloquence chrétienne contemporaine ? Approuveriez-vous qu'on eût chassé de la chaire, qu'on eût exclu de nos églises comme étranger le père Lacordaire, pour le citer, ce grand orateur que tous nous avous entendu avec admiration dans Bruxelles ? Voilà pourtant où conduit votre doctrine

(page 1385) J'aurais compris M. le ministre s'il s'était excusé en invoquant les expressions coupables, dangereuses, compromettantes, imprudentes même, échappées au professeur. Mais il n'est rien de semblable au débat.

Une mesure préventive, uniquement préventive, a été prise, ne l'oubliez pas, messieurs. Je défie qu'on cite une seule parole de l'honorable professeur, arrêté au début de la carrière, qui puisse être l'objet d'une critique.

L'intérêt de la science condamne non moins énergiquement l'acte que je blâme et je termine en le prouvant.

Si, en d'autres temps, ce qu'a fait aujourd'hui M. le ministre de la justice s'était fait, il l'avouera, j'en suis convaincu, un grave dommage pour notre honneur national, pour notre noble et antique réputation d'hospitalité et de plus un grave dommage pour la science et notamment pour la science du droit, en serait résulté.

Je ne dirai pas à la chambre le nombre considérable de proscrits qui, à toutes les époques, par le développement que leurs écrits et leur parole ont imprimé au progrès des idées dans notre patrie, ont largement payé l'hospitalité que la Belgique leur donnait ; cela m'obligerait à refaire l'histoire des lettres, des sciences et des arts sur notre terre natale. Je rappellerai un fait et une époque presque contemporains. Que M. le ministre de la justice me réponde.

Lorsque le roi Guillaume, après 1815, protégeait avec une louable énergie, contre les exigences de la France, les émigrés que la restauration chassait sur le sol belge, qu'eussent gagné le pays et la science à voir briser, par une censure préventive, la plume de Merlin ?

Le séjour en Belgique de cet illustre jurisconsulte, le séjour de Berlier, l'un des auteurs du Code civil, l'asile libéralement ouvert à tant de membres éminents de la magistrature ou du barreau français exilés, a-t-il été sans influence sur le développement de la science et de la pratique du droit en Belgique ?

Je l'ai dit, la liberté, la Constitution et la science sont engagées dans ce débat. Mes collègues dans l'enseignement s'associent, j'en suis convaincu, à mon langage, et les paroles que j'ai prononcées en invoquant la liberté et la Constitution trouveront, je l'espère, aussi quelque sympathie parmi les collègues de cette chambre qui ont bien voulu m'écouter.

M. le ministre de la justice (M. Faider). - Messieurs, l'honorable M. Orts vient d'interpréter les paroles que j'ai prononcées hier, dans un sens qui, selon moi, ne pouvait pas leur être donné et qui, dans tous les cas, n'a pas été dans ma pensée. Lorsque j'ai dit hier que « l'ouverture successive de nouveaux cours marquait une tendance à constituer un enseignement en dehors de celui qui se donne par l'Etat ou par des personnes appartenant à la Belgique ou établies en Belgique, » j'ai fait allusion à l'usage de la liberté d'enseignement qui peut être fait soit par les Belges, soit par les étrangers occupant en Belgique une position normale et régulière, résidant en Belgique où ils sont établis d'une manière permanente, et non par des personnes d'une catégorie spéciale occupant en Belgique une position temporaire et précaire, et par conséquent se trouvant dans une position différente de ceux qui sont arrivés en Belgique, si je puis dire, ainsi, avec esprit de demeure et dans des conditions normales. Voilà ce que j'ai voulu dire.

J'ajouterai que les personnes de la catégorie de celle à laquelle appartient l'honorable professeur dont M. Orts a parlé, se trouvent dans une position toute particulière et ne peuvent être considérées comme des étrangers résidant en Belgique, parce qu'elles sont sous le régime d'une surveillance particulière de l'administration et de l'autorité.

Ainsi je ne crois pas avoir, par la mesure à laquelle on a fait allusion, porté atteinte à la liberté d'enseignement proprement dite, dans le sens raisonnable dans lequel je viens de l'expliquer, et qui me paraît être le seul sens pratique qu'il soit possible d'y donner.

Certaines personnes, arrivées sur notre territoire à la suite d'événements politiques, ont ouvert des cours. Ces cours ont été tolérés, ils ont eu un certain succès ; ils se sont renouvelés au profit d'un ou deux professeurs qu'il est inutile de nommer ici, la question de personnes devenant indifférente.

Dans les derniers temps, plusieurs nouveaux cours ont été annoncés non seulement sur l'histoire du droit, mais sur d'autres matières dont les limites sont assez peu déterminées, et peuvent s'étendre au-delà de ce que la prudence permet de tolérer. C'est là que j'ai vu ce que j'appelle une tendance ; c'est-à-dire qu'il paraît qu'on voulait arrivera un enseignement encyclopédique qui aurait embrassé un nombre plus ou moins considérable des branches des connaissances humaines, et qui aurait été confié aux personnes de la catégorie dont j'ai parlé tout à l'heure, et à l'égard desquelles une tolérance trop grande aurait pu être dangereuse.

Dans ces termes, j'ai pensé que tout en autorisant la continuation des cours commencés, il était prudent de ne pas permettre que d'autres cours, sans limites et sans contrôle, pussent s'ouvrir et donner lieu à des abus, qu'il était plus prudent de prévenir que de réprimer.

Je dois dire qu'il s'agit plutôt, en définitive, d'une question d'administration que d'une question de constitutionnalité. J'ai la conscience de ne pas avoir commis une inconstitutionnalité en prenant la mesure administrative dont il est question.

Je n'ai pas porté atteinte à la liberté d'enseignement, comme il convient de la pratiqner avec les garanties dont elle est entourée dans l'intérêt de toutes les classes de la société.

Il s'agit en définitive d'une question d'administration, d'une certaine série d'actes administratifs, dont le gouvernement est appréciateur, dont il est responsable, et à l'égard desquels il doit conserver une certaine liberté d'action.

Vous comprenez tout ce qu'il y a de pénible dans cette branche de l'administration publique. Le rôle de ceux qui protègent est extrêmement facile et doux ; le rôle de ceux qui contrôlent et appliquent les résolutions que prend l'administration est extrêmement pénible. C'est ce dernier rôle qui revient à l'administration. Mais ce que je puis certifier à la chambre, c'est que je n'ai jamais apporté dans ces actes la moindre passion, c'est qu'il n'est pas une mesure qui n'ait été méditée et qui ne puisse être justifiée de la manière la plus complète.

Je crois que la Belgique s'est montrée dans ces derniers temps hospitalière et tolérante. Je crois qu'on ne peut lui reprocher d'avoir violé les lois, d'avoir porté atteinte à la liberté d'enseignement.

Je crois que la liste des personnes qui jouissent tranquillement de l'hospitalité belge est assez longue pour qu'on ne prétende pas que le gouvernement a menti aux traditions de la Belgique en cette matière, et que les mesures qui ont été prises et qui devront infailliblement être prises dans l'avenir à l'égard de certaines personnes sont justifiées par des raisons de sûreté publique, de convenances internationales, de moralité que le gouvernement doit pouvoir apprécier au moyen des éléments qui sont en sa possession.

Je crois que les explications et les considérations que jé viens de soumettre à la chambre suffiront pour apaiser les scrupules que la réclamation de l'honorable M. Orts a pu faire naître dans certains esprits et pour expliquer d'une manière satisfaisante la mesure que le gouvernement a prise.

M. Lebeau. - Il reste fort peu de choses à dire après les observations qui ont été présentées hier et aujourd'hui par les deux députés qui occupent une position honorable dans l'enseignement public ; ce qui donne à leur initiative dans cette discussion un caractère de délicatesse et de bon goût que la chambre aura certainement apprécié.

Je crois cependant qu'on s'est plutôt ému des théories un peu trop absolues mises en avant par M. le ministre de la justice que d'un fait isolé, et qui, par cela seul qu'il est isolé, prouve la modération du gouvernement et son respect pour les devoirs de l'hospitalité.

En présence d'un ensemble de procédés auxquels je me plais à rendre hommage, je ne crois pas devoir risquer de décourager le gouvernement par une critique trop vive de la surveillance active par laquelle il rend chaque jour, j'en suis convaincu, des services inaperçus, comme il est, de la nature de l'administration de la police d'en rendre.

Mais si l'on érigeait en doctrine les paroles que M. le ministre de la justice a laissé insérer dans les Annales parlementaires et qui dès lors sont textuellement pour nous celles qu'il a prononcées, je croirais devoir m'associer en grande partie aux observations qu'a présentées l'honorable M. Orts.

C ertainement, messieurs, il faut faire la part des circonstances exceptionnelles ; mais il est impossible, ce me semble, d'ériger en principe absolu, en présence du texte et de l'esprit de nos institutions, que le gouvernement puisse intervenir dans les questions d'enseignement public à l'égard d'étrangers dont il tolère le séjour en Belgique, dans le but d'écarter la concurrence et de manière à se constituer en quelque sorte censeur préalable de l'enseignement que ces étrangers pourraient donner chez nous.

L'honorable M. Orts vous a fait voir, si cette théorie pouvait passer ici sans contradiction, jusqu'où les conséquences pourraient en être portées. Je crois que toutes les opinions ont intérêt à ce que ces conséquences soient repoussées par la chambre.

Je dis, messieurs, de plus, qu'indépendamment de considérations d'ordre constitutionnel en quelque sorte, eu égard à l'état actuel de notre législation, il y a des considérations d'humanité et de prudence qui doivent porter le gouvernement à encourager des hommes, dont la plupart sont arrivés dans ce pays dénués de toutes ressources, et qui sont en général des notabilités scientifiques, à chercher des moyens honorables d'existence dans le travail, dans un travail légitime et honorable, plutôt que de leur susciter des entraves, sous ce rapport.

Aussi, en réalité, je trouve que le gouvernement n'a, jusqu'à présent, rien fait qui ressemble à l'acte qui a ému et a dû émouvoir la chambre. Sans donc poser ici des principes inflexibles en aucun sens, je crois pouvoir dire que la théorie de M. le ministre de la justice ne peut pas être soutenue d'une manière absolue.

M. le ministre n'est pas désarmé envers les étrangers qui abuseraient du droit de l'hospitalité, en faisant intervenir dans la science autre chose que la science pure, en y faisant intervenir la politique à l'égard des gouvernements étrangers avec lesquels nous devons conserver de bonnes relations, soit en faisant de la propagande contre l'esprit national de nos populations, contre les institutions de notre pays.

Il est évident que celui qui, sous le masque d'un enseignement purement scientifique, ferait ouvertement la guerre aux gouvernements avec lesquels nous entretenons des relations amicales ou feraient de la propagande républicaine dans notre Belgique monarchique, se mettrait immédiatement sous le coup de la loi d'expulsion.

(page 1386) Je crois qu'armé de la loi d'expulsion, M. le ministre pourra toujours, sans avoir à soulever cette grande question, cette question délicate de la liberté d'enseignement dans ses rapports avec l'étranger, avoir raison des écarts auxquels se livreraient les étrangers accueillis chez nous.

Je dis donc que l'acte en lui-même, lorsqu'il est rapproché de la conduite habituelle du gouvernement, ne doit pas nous armer d'une grande sévérité envers le cabinet, mais que la théorie qu'a défendue M. le ministre ne peut être admise par la chambre sans restriction.

M. Rodenbach. - Je dois à la vérité de déclarer que j'ai assisté à plusieurs conférences données par des réfugiés français.

J'ai été ainsi à même de juger que la politique n'intervient point dans ces cours. L'un de ces professeurs au Cercle de Thalie apprécie avec un rare talent l'éloquence des orateurs grecs et romains. Au Cercle Artistique, un autre professeur n'entretient son auditoire que de poésie et de littérature.

Dans toutes ces conférences, je le répète, je n'ai pas entendu qu'on s'occupait de politique. L'enseignement était entièrement scientifique ; non seulement ces honorables professeurs n'ont pas attaqué nos institutions, ils sont en général, au contraire, admirateurs de notre Constitution et de nos lois.

Je ne crois donc pas que le gouvernement veuille mettre obstacle à cet enseignement.

Je suis toutefois de l'avis de M. le ministre, qu'il importe de prévenir la propagande de doctrines dangereuses ; mais ce n'est point le cas ici.

Les conférences purement scientifiques sont données par des hommes érudits et d'une conduite honorable qui respectent nos institutions. Vous n'ignorez pas, messieurs, que parmi ces étrangers, il en est plusieurs qui, par leur savoir doivent pourvoir à leur existence et à celle de leur famille. Je les en estime d'autant plus. Louis Philippe, en exil, en a fait autant ; il donnait des leçons de mathématiques en Suisse. Cette conduite a été généralement admirée.

Je crois qu'aussi longtemps que les professeurs dont il s'agit n'attaqueront pas nos institutions et respecteront nos lois et la morale, leur enseignement doit être toléré.

M. le président. - La parole est à M. de Muelenaere.

M. de Muelenaere. - Après les explications qui ont été données par M. le ministre de la justice, je renonce à la parole.

M. Dumortier. - Messieurs, dans la question qui est soulevée en ce moment, deux points de vue se présentent, suivant qu'on examine le fait ou le droit.

Pour ce qui concerne la question de fait, certes je serais le premier à former des vœux pour tout ce qui peut contribuer à la prospérité et au bonheur des réfugiés qui sont venus en Belgique se reposer à l'ombre de nos institutions. Plusieurs d'entre eux savent que mes efforts ne leur ont pas manqué lorsqu'ils en ont eu besoin.

Mais autre chose est le fait, autre chose est le droit, et lorsque j'entends l'honorable M. Oris venir proclamer d'une manière absolue que les étrangers qui mettent le pied sur notre territoire ont tous les droits que la Constitution accorde aux Belges, je ne puis m'empêcher de dire qu'il commet une grave erreur.

M. Orts. - Voyez l'article 128 de la Constitution.

M. Dumortier. - L'honorable M. Orts perd de vue qu'il existe un article 128 de la Constitution et cet article porte : « Tout étranger qui se trouve sur le territoire de la Belgique jouit de la protection accordée aux personnes et aux biens, sauf les exceptions établies par la loi. »

Vous le voyez donc, la Constitution n'assimile nullement aux Belges, quant aux droits, l'étranger qui se trouve sur notre territoire, et c'est une erreur de le prétendre.

Il y a plus, messieurs, une loi a été portée en exécution de l'article 128 de la Coostitulioo, et que porte cette loi ? Elle donne au gouvernement le droit, sous sa responsabilité, d'expulser l'étranger qui, par sa conduite, compromet la tranquilité publique. Voilà donc le droit qui est donné au gouvernement vis-à-vis des étrangers. Je crois que cela est incontestable.

Messieurs, suit-il de tout ceci que l'étranger ait le droit de venir dans ce pays professer des doctrines qui sont contraires ou qni peuvent être contraires à nos institutions ou à nos mœurs ? S'ensuit-il qu'il puisse venir faire en Belgique une propagande dangereuse pour la tranquillité publique ? Evidemment non, il ne le peut pas.

Le principe absolu, posé par M. Orts, pèche donc contre l'exactitude.

Les Belges ont ce droit, mais l'étranger ne l'a point. Un Belge a le droit de faire une propagande hostile au gouvernement, un Belge a le droit de prêcher les doctrines les plus détestables, sauf toujours la répression en cas de délits. Mais il n'en est pas de même de l'étranger, et c'est en cela que je ne partage pas l'opinion de l'honorable M. Orts. Je dis qu'en pareille matière, comme l'a fait observer l'honorable ministre et comme l'a fait remarquer aussi l'honorable M. Lebeau, il y a ici une question administrative et non pas une question de constitutionnalité. Certainement nul ne confondra, ainsi que l'a fait I'honorable M. Orts, un prédicateur qui viendra d'un autre pays, avec un étranger qui viendra prêcher des doctrines subversives, des doctrines opposées à ans institutions : quand un prédicateur vient de l'étranger, mon Dieu, la doctrine qu'il prêche est celle qu'on prêche dans tous les pays, puisque la foi est la même partout ; il n'en est pas ainsi en matière civile, là il n'existe pas de symbole et il peut très bien se faire qu'une personne vienne ouvrir une chaire en Belgique et y prêcher des doctrines mauvaises.

Cela doit-il être toléré ? Evidemment non. Moi je respecte infiniment le droit d'asile des étrangers, et je désire qu'il puisse leur être conservé en toute circonstance, mais je ne crois pas qu'il soit prudent d'engager le gouvernement dans la voie absolue où quelques personnes semblent vouloir l'entraîner ; cela pourrait être dangereux. Si le gouvernement, en vertu de la loi, a le droit d'expulser l'étranger, il a certainement le droit de lui donner auparavant certains conseils pour éviter précisément l'expulsion, il est évident que le gouvernement a ce droit ; nul ne peut le lui contester.

Je crois donc, messieurs, qu'en pareille matière la question est tout entière une question d'appréciation, qu'il faut s'en rapporter à la sagesse de M. le ministre de la justice, et que nous ne devons intervenir que dans le cas où le gouvernement abuserait de son droit. Quant à proclamer ici le droit absolu pour les étrangers de venir ouvrir toute espèce de cours, de venir prêcher toutes les doctrines quelque subversives qu'elles soient, jamais je n'admettrai un semblable système.

La preuve, messieurs, que l'article 128 de la Constitution ne donne pas à l'étranger les mêmes droits qu'aux Belges, c'est que l'étranger peut être expulsé par le gouvernement, lorsque le gouvernement le croit utile à la tranquillité publique. Je pense donc que c'est ici une question d'appréciation au point de vue du maintien de l'ordre.

Je rends hommage, messieurs, à ceux qui ont donné de ces cours, et quoique je n'en aie suivi aucun, je sais, par ce qui m'a été dit, qu'ils étaient inspirés par la plus extrême prudence ; mais ce n'est pas une raison pour proclamer à cet égard un droit absolu : il pourrait s'en trouver qui fussent très dangereux, et je crois qu'il faut laisser le gouvernement juge en pareille matière.

M. Verhaegen. - Messieurs, je m'associe sans réserve aux observations qui vous ont été présentées par mon honorable ami M. Orts. Je dois le dire, à l'honneur de la Belgique, la concurrence ne nous a jamais effrayés ; en matière d'enseignement surtout, je pense que la concurrence, loin d'être redoutable, ne peut qu'être utile à tous.

Ainsi les universités libres, pour ne parler que de l'enseignement supérieur, ont toujours été un grand stimulant pour les universités de l'Etat, au point que les universités de l'Etat n'existeraient probablement plus aujourd'hui, si elles n'avaient eu à côté d'elles des universités libres. Il en est de même de l'enseignement privé, et même de l'enseignement donné par des étrangers. Nous admettons volontiers la concurrence, dût-elle même nous venir du dehors, la science ne peut qu'y gagner, car elle n'admet pas de limites.

Maintenant, messieurs, le gouvernement a-t-il excédé ses pouvoirs ? Je réponds affirmativement, et je dis que les explications qui ont été données par l'honorable ministre de la justice, dans la séance de ce jour, loin d'atténuer les observations qu'il a faites hier et qui se trouvent consignées au Moniteur, n'ont fait que les renforcer.

Il y a eu évidemment atteinte à la liberté d'enseignement et, en outre, on a méconnu la protection qu'accorde l'article 128 de la Constitution à tout étranger qui se trouve sur le territoire de la Belgique.

On objecte que puisque le gouvernement a le droit d'expulser les étranges, il a aussi le droit de leur imposer des conditions lorsqu'il veut bien leur accorder l'hospitalité, ce qui veut dire que celui qui peut le plus peut le moins.

Eh bien, je n'admets pas un pareil système, car la logique comme le bon sens le repoussent. Celui qui s'abstient de faire usage de ce qu'on appelle le plus lorsque cette abstention est de nature à engendrer un droit au profit de celui qui en est l'objet ne peut plus faire emploi de ce qu'on est convenu d'appeler le moins, puisque ce moins enlèverait le droit acquis.

Je m'explique : le gouvernement avait le droit, sous sa responsabilité, d’expulser le professeur auquel nous faisons allusion ; mais n'ayant pas usé de ce droit, ce professeur n'est plus pour lui qu'un étranger qui se trouve sur le territoire de la Belgique, qu’il doit tolérer et auquel il ne peut pas enlever la protection que lui assure l’article 128 de la Constitution.

Messieurs, je suppose que M. le ministre de la justice ne trouve pas d'objection à la présence d'un étranger en Belgique et le tolère sur notre sol. C'est un savant ; on peut profiter de son instruction et de ses lumières ; une des deux universités libres se l'associe, et un beau jour M. le ministre de la justice pourrait venir dire, soit à l'université de Bruxelles, soit à celle de Louvain : « Vous vous êtes associé un homme que j'ai toléré en Begique, il est vrai, mais je vous défends de le laisser monter en chaire. » Un pareil système serait-il admissible ?

Cet homme que certes vous ne pourrez pas e pêcher de monter en chaire dans une de nos universités, pouvez-vous l'empêcher de donner un cours particulier, un cours qui n'a rien de contraire aux lois ni à la morale ?

J'ai ici la première leçon du professeur auquel on fait allusion, et je n'y trouve rien qui soit de nature à émouvoir l'homme le plus méticuleux.

Maintenant qu'esl-iî arrivé depuis le 2 décembre, car M. Versigny se trouve en Belgique depuis le 2 décembre ; a-t-il donné lieu à la moindre plainte ? Le gouvernement a-t-il dû prendre des mesures de précaution à son égard ? Nullement.

(page 1387) C'est un jurisconsulte qui vient nous communiquer ses observations, toutes de droit, de théorie pure ; un grand nombre de personnes qui s'occupent de ces questions se sont empressées de souscrire à son cours ; je suis un des souscripteurs, et je m'en félicite. Et alors qu'il n'y a aucune observation critique à faire, on vient inopinément lui dire : « J'aurais pu vous expulser de la Belgique ; je ne l'ai pas fait, parce que je n'avais pas de motif, mais vous ne jouirez d'aucune des protections que la Constitution accorde aux étrangers ! » Ce serait là une dérision indigne d'un pays qui a toujours passé pour le plus hospitalier du monde.

M. de Mérode. - Messieurs, je suis aussi grand partisan que possible de la liberté de l'enseignement, pour les Belges d'abord, puis encore pour les personnes qui n'appartiennent pas au pays. Cependant, il serait malentendu de repousser de bons professeurs parce qu'ils ne seraient pas nés entre Arlon et Ostende ; ce serait nuire à l'instruction et à la science en Belgique.

Mais la liberté absolue de donner toute espèce de cours, attribuée à tous les étrangers, ne serait pas conforme à la sécurité de l'Etat.

En 1830, dans l'enthousiasme d'une théorie de laisser-passer complet, on réclama la liberté pour des étrangers saint-simoniens de prêcher leur doctrine, qui fut plus tard interdite dans leur pays même, sous le régime constitutionnel, par des condamnations que prononcèrent les tribunaux.

Mais ce qui s'est passe depuis dans le monde a prouvé que l'on ne devait pas être trop confiant et que les gouvernements libres pouvaient périr faute de précautions contre les exagérations de liberté.

Je suis même persuadé que l'expérience acquise est telle, que maintenant les prédications analogues à celles des ex-saint-simoniens ne seraient pas tolérées de la part d'étrangers venant se réfugier en Belgique,

J'ajoute que parmi ceux qui viennent ici chercher un asile, il en est dont les précédents sont de nature à exiger la surveillance du gouvernement et surtout à ne pas permettre qu'ils enseignent, car autre chose est de résider temporairement dans un pays, autre chose d'y donner des leçons publiques. Si le gouvernement a pu interner plusieurs réfugiés, leur aligner une résidence, il est également dans son droit quand il ne leur permet pas d'enseigner.

Ce pouvoir doit être renfermé dans les limites d'une application raisonnable comme tous ceux qui appartiennent à l'autorité ; c'est ce qu'a reconnu M. le ministre de la justice, c'est pourquoi je suis d'accord avec lui sur les principes qu'il a soutenus.

M. le ministre de la justice (M. Faider). - Messieurs, ce n'est pas moi qui porterai jamais atteinte à la liberté de l'enseignement ; je sais apprécier parfaitement tout ce que cette liberté a d'imposant, et les excellents résultats qu'elle a produits : je n'oublie pas non plus qu'elle est écrite dans la Constitution et qu'elle forme une de nos principales garanties.

Je n'admets pas que la mesure à laquelle on a fait allusion soit une violation d'une loi quelconque, porte atteinte nullement à la Constitution. Par conséquent, messieurs, je ne crois pas avoir posé un acte contraire à mes sentiments d'abord et à l'appréciation que je fais de la liberté constitutionnelle d'enseignement.

Il s'agit ici d'une question de pratique, d'opportunité, d'utilité, et je la fonde, non pas précisément sur le texte, mais sur l'esprit de la loi qui régit la position des étrangers en Belgique.

Cette loi, messieurs, confie au gouvernement le pouvoir de renvoyer du pays les étrangers qui compromettent l'ordre public, dont la conduite n'offre pas les garanties convenables à la sûreté publique et à la conservation de l'Etat. Mais, dans la pratique, cette loi ne pose pas la seule et unique alternative à laquelle l'honorable M. Verhaegen a fait allusion, celle d'une liberté absolue ou de l'expulsion ; elle donne évidemment à l'administration le droit d'apprécier, suivant certaines circonstances, l'opportunité de telles ou telles mesures de précaution qui rentrent dans ce qu'on appelle la police des étrangers. Entre le droit d'expulsion et la tolérance sans contrôle, il y a quelque chose ; il y a, dans les limites qui doivent toujours être censées raisonnables de la part d'administrateurs raisonnables, il y a à côté du plus le moins auquel l'honorable M. Verhaegen a fait allusion, c'esl-à dire que le gouvernement, qui a le droit de renvoyer les étrangers du pays, a aussi le droit de régler leurs démarches et leur conduite, et de leur imposer certaines conditions de séjour.

C'est ainsi que les traditions administratives que j'ai trouvées établies au département de la justice, on a reconnu que l'étranger pouvait être soumis à l'internement, à une résidence fixe ; qu'il pouvait lui être interdit de changer arbitrairement de résidence ou de domicile ; que la concentration d'un certain nombre d'étrangers dans la même localité pouvant offrir des dangers, le gouvernement pouvait s'y opposer ; qu'il pouvait s'opposer à ce que les étrangers réfugiés ou exilés fissent des voyages à l'intérieur du pays sans en prévenir l'administration, sans s'être munis d'une autorisation préalable ; que l'administration pouvait interdire aux exilés politiques de se rendre dans les pays voisins et de revenir à volonté en Belgique, parce que tous ces faits, pratiqués sans contrôle et dans une liberté complète, offrent des inconvénients immenses, devant lesquels aucun administrateur n'assumerait la responsabilité qu'il doit accepter au point de vue de la sûreté publique, de l'ordre intérieur, en un mot d'une bonne police des étrangers.

Eh bieu, ce qui, par une extension nécessaire, est ici déduit, dans la pratique, de la loi sur les étrangers, j'ai cru devoir l'appliquer, dans les circonstances que j'ai indiquées, à la mesure que lés honorables orateurs ont si injustement critiqués.

Un étranger viendra s'établir dans le pays, offrant des garanties de stabilité, des antécédents dignes de confiance ; il voudra ériger un établissement d'enseignement public, ou prendre part à l’enseignement que donne un établissement existant ; un ministre sensé n'ira pas expulser cet individu pour l'empêcher de se livrer à l'enseignement et n'ira pas lui interdire de donner cet enseignement régulier. Mais dans des circonstances comme celles où nous nous trouvons, dans la spécilalité qui nous occupe, c'est tout autre chose.

Il y a telle circonstance où un étranger viendra occuper une chaire momentanément : c'est lorsque passant dans une ville, il voudra donner des leçons sur un sujet déterminé, donner seul, de sa personne, quelques leçons publiques ; cela a toujours été toléré.

Mais autre chose est de tolérer un pareil enseignement et d'autoriser l'érection d'une sorte d'enseignement libre en dehors des établissements stables qui présentent toutes les garanties extérieures : un tel enseignement pourrait offrir des dangers et dégénérer en abus qu'il serait difficile de réprimer et peut-être impossible de réparer.

Messieurs, l'honorable M. Verhaegen a posé une hypothèse. Je suppose, a-t-il dit, qu'une université libre s'associe un étranger pour lui confier une branche de renseignement.

L'université libre a une organisalion fixe, un programme, quelque chose de stable, de perpétuel, et les professeurs admis dans son sein participent du caractère de l'institution et des garanties qu'elle offre au public, au gouvernement.

Dans cette hypothèse, le gouvernement n'aurait pas à intervenir ; seulement si un tel étranger se livrait à des actes dangereux, fût-il affilié à université, le gouvernement conserverait le droit de lui appliquer la loi. Mais on ne peut pas supposer que l'administration voudrait intervenir, contrôler son cours, pas plus qu'à l'égard des professeurs belges.

La pratique, du reste, le prouve ; dans les établissements libres, il y a des étrangers résidant depuis longtemps dans le pays qui ont une position de professeurs et qui communiquent à notre jeunesse la science, les lumières qu'ils ont acquises. Personne n'élève à cet égard la moindre contestation.

Mais il s'agit ici, non d'une question de principe, mais d'une question d'appréciation spéciale laissée au gouvernement, qui use, suivant les circonstances et sous sa responsabilité, de la loi qui lui donne la surveillance des étrangers et lui permet d'exercer sur la conduite de ces étrangers, sur les actes qu'ils posent ou entendent poser un contrôle raisonnable et pratique sans lequel l'administration deviendrait impossible. Je pense que ces explications seront de nature à calmer les susceptibilités qu'on a soulevées.

- Un grand nombre de voix. - La clôture ! la clôture !

M. de Perceval. - Je demande la parole contre la clôture.

Messieurs, la question est assez grave pour qu'on permette aux orateurs qui se sont fait inscrire de parler. Je demande à pouvoir présenter quelques observations.

-La clôture est prononcée.

M. le président. - Je mets l'article aux voix.

M. de Perceval. - Je demande la parole.

M. le président. - La discussion a été close sur l'article 55, il ne reste qu'à le mettre aux voix.

- L'article 53 est mis aux voix et adopté.

Chapitre XII. Dépenses imprévues

Article 54

« Art. 54. Dépenses imprévues non libellées au budget : fr. 5,000. »

M. de Perceval. - Je tiens à placer ici une réflexion que m'a suggérée, il y a déjà longtemps, l'action de l'administration de la sûreté publique ; je comptais l'émettre à l'occasion du chiffre alloué au budget de la justice pour les mesures de sûreté publique. Elle trouve du reste ici sa place, puisque nous sommes appelés à voter les dépenses imprévues.

Je suis d'avis que l'action de la police est nécessaire et j'admets dans certains cas les rigueurs du gouvernement contre ceux qui compromettraient l'ordre ou qui attaqueraient les institutions qui nous régissent. Mais je n'admets pas qu'on cherche ses inspirations hors du pays pour poursuivre ici...

M. le président. - Je ne puis pas vous permettre de rouvrir une discussion qui vient d'être close.

M. de Perceval. - Mes observations s'appliquent aux dépenses imprévues.

M. le président. - Elles s'appliquent à l'article qui vient d'être voté.

- L'article 54 est mis aux voix et adopté.

Vote de l'article unique et sur l’ensemble du projet

« Article unique. Le budget du ministère de la justice est fixé pour l'année 1854 à la somme de 11,796,544 fr. 55 c. conformément au tableau ci-annexè. »


Personne ne demandant la parole, il est procédé au vote par appel nominal.

(page 1388) En voici le résultat :

71 membres prennent part au vote et votent pour l'adoption.

La chambre adopte.

Ont voté pour l'adoption : MM. Mercier, Moreau, Moxbon, Orts, Osy, Pierre, Pirmez, Previnaire, Rodenbach, Rogier, Roussel {A.), Rousselle (Ch.), Tesch, Thiéfry, Thienpont, Tremouroux, Vandenpeereboom (A.), Vandenpeereboom (E.), Vander Donckt, Van Hoorebeke, Van Iseghem, Van Overloop, Vermeire, Veydt, Vilain XIIII, Visart, Ansiau, Anspacb, Clep, Closset, Coomans, Dautrebande, David, de Breyne, de Bronckaert, de Brouwer de Hogendorp, de Chimay, de Decker, de Haerne, de La Coste, de Liedekerke, Deliége, de Man d'Attenrode, de Mérode-Westerloo, de Muelenaere, de Pitteurs, de Portemont, de Royer, de Ruddere, Desmaisières, de Steenhault, de Theux, Devaux, Dumon, Dumortier, Jacques, Jouret, Julliot, Landeloos, Lange, Laubry, le Bailly de Tilleghem,. Lebeau, Lesoinne, Magherman, Malou, Mascart et Delfosse.

Projet de loi portant le budget du ministère des affaires étrangères de l’exercice 1854

Rapport de la section centrale

M. Van Iseghem, au nom de la section centrale qui a examiné le budget des affaires étrangères pour l'exercice 1854, dépose le rapport sur ce budget.

- La chambre ordonne l'impression et la distribution de ce rapport, et met la discussion de ce budget à la suite de l'ordre du jour.

La séance est levée à 4 heures et demie.