Van der Linden d'Hooghsvorst Edmont, Emile, Charles catholique
né en 1840 à Saint-Georges-sur-Meuse décédé en 1890 à Bruxelles
Représentant entre 1884 et 1890, élu par l'arrondissement de Neufchâteau(Extrait de L’Indépendance belge, du 7 mai 1890)
M. le baron d’Hooghsvorst, représentant clérical de Neufchâteau, vient de mourir.
L'honorable représentant souffrait depuis deux ans. Cependant il assistait aux séances de la Chambre avec assiduité, il y siégeait encore, il y a quinze jours à peine. Le baron d’Hoohhvorst a succombé à une atteinte de paralysie du cœur.
Le baron d’Hooghvorst, qui meurt à l'âge de quarante-neuf ans, était le petit-fils du général baron Vander Linden-d’Hooghvorst, commandant des milices citoyennes à Bruxelles en septembre 1830.
La baronne d’Hooghvorst, dame d’honneur de la Reine, était au chevet de son mari lorsqu'il a rendu le dernier soupir.
Lundi dans la soirée, Sa Majesté la Reine est venue elle-même présenter ses compliments de condoléance à la baronne d'Hooghvorst. Tous les ministres à portefeuille et de nombreux membres du Sénat et de la Chambre des représentants sont allés déposer leur carte de visite à la maison mortuaire.
Le service funèbre à la mémoire du baron van der Linden d’Hooghvorst sera célébré jeudi prochain, à onze heures, en l'église de Saint-Josse-ten-Noode. L'inhumation aura lieu au cimetière de Meysse.
(Extrait du Journal de Bruxelles, du 8 mai 1890)
M. E. van der Linden, baron d'Hooghvorst, représentant pour Neufchâteau, s’est éteint à l’âge de 49 ans, terrassé par plusieurs maladies impitoyables. Un modèle sympathique aussi de gentilhomme flamand. Sa race n'est pas aussi antique que celle du vicomte d'Elzée ; les van der Linden sont de robe, mais leur histoire se confond depuis plusieurs siècles avec celle du Brabant. Ils ont toujours servi l'Eglise, l'Etat et le peuple avec noblesse.
Le grand-père du défunt était le vaillant baron Emmanuel d’Hooghvorst, un des héros de la révolution de 1830 et le premier généralissime des gardes civiques du royaume. Son père, mort jeune, lui aussi, était entré dans la diplomatie et avait épousé la fille de son ancien chef à Rome, le comte d'Oultremont de Wégimont et Warfusée, ministre du Roi à la cour de Grégoire XVI de sainte mémoire.
Le baron E. d'Hooghvorst, qui vient de mourir, avait épousé la fille du duc de Bassano, grand chambellan de la cour de Napoléon III, et de Mme de Bassano, sœur de feu le comte de Baillet-Latour.
Il habitait, l'été, près de Grupont, un superbe domaine, le Bestin, dans l'arrondissement de Neufchâteau. C'est là que le comité de l'Association conservatrice de ce district vint lui proposer de l'envoyer à la Chambre des représentants. Il accepta simplement, parce qu'il croyait rendre un service à ses concitoyens. Les rivalités de partis sont ardentes dans le pays ardennais. E. d’Hooghvorst en amortit les coups. Pa r sa franchise, sa rondeur d'allures et de caractère, sa virile courtoisie, il conquit les suffrages de tous.
Ce n'était pas une sinécure que la fonction de représentant de Neufchâteau. Pendant toute l'année il était la providence de ses électeurs et de leurs familles, se dévouant à leurs intérêts avec une activité et une patience vraiment admirables. Chaque jour, pour ainsi dire, on le rencontrait, rue de la Loi, avec une chemise d'avocat sous le bras, faisant ses courses « électorales », courant les bureaux ministériels, s'occupant des moindres intérêts de ses commettants et comblant son arrondissement de bienfaits.
On ne remplacera pas facilement un pareil homme. Accessible à tous, la bourse toujours ouverte pour toutes les œuvres de patriotisme ou de religion, intelligent, il accomplissait son mandat de député avec une sorte de bravoure. Sa personnalité était éminemment sympathique.
Nous l'avons enterré mercredi matin. Une députation de la Chambre, présidée par M. de Lantsheere, et entourée des solennités habituelles, est venue saluer la dépouille mortelle de l'aimable collègue. Après le discours funèbre, prononcé par M. le président de la Chambre, le cortège s'est mis en marche pour Meysse, le lieu de sépulture de la maison van der Linden. Le deuil était conduit par le baron de Loë, gendre du défunt, le baron d'Hooghvorst son oncle, et le général de division (francais) marquis d'Epeuilles, son beau-frère. Le cortège s'est disloqué à la porte de Schaerbeek, d'où les voitures ont accompagné le char funèbre jusqu'au lieu de sépulture. Là devaient être dites les absoutes. Un service funèbre solennel sera dit ultérieurement à Bruxelles.
Le correspondant bruxellois du Bien public, après avoir rendu un hommage ému à la mémoire du noble défunt, termine ainsi :
« La dernière phase de la maladie qui devait emporter M. le baron d’Hooghvorst a été courte. Une crise survenue, dans l’avant-dernière nuit avait rendu son état désespéré, et le bulletin médical d'hier faisait pressentir une issue fatale. Elle s'est produite, lundi matin, à neuf heures, presque sans agonie, et c'est entouré de sa noble et bien-aimée famille qu'il s'est endormi dans le Seigneur, fortifié par les secours de la religion et les derniers sacrements, qu'il avait reçus, depuis plusieurs jours, avec une foi profonde et une édifiante piété.
Le Roi et la Reine ont envoyé leurs affectueuses condoléances à Mme la baronne d'Hooghvorst, dame d'honneur de S. M. la reine Marie-Henriette. Tout récemment l'impératrice Eugénie, de passage à Bruxelles, faisait prendre de ses nouvelles.
La mère de M. le baron E. d’Hooghvorst, à l'exemple de Jeanne de Chantal, a terminé sa vie en religion et a fondé une communauté qui possède de nombreuses maisons en Belgique, notamment à Bruxelles, à Liége et à Tournai, en France, en Angleterre, en Italie et dans les Indes : les religieuses de Marie-Réparatrice. Elle est morte il y a peu d'années en Italie, au cours d'un voyage consacré à la visite de ses couvents dans la Péninsule. Les papes Pie IX et Léon XIII honoraient cette grande chrétienne d'une estime particulière. Il y a peu de semaines le regretté baron assistait à la première communion de son jeune fils, un enfant de la plus belle espérance, dans le couvent fondé par sa sainte mère rue de la Poste, à Bruxelles, et il nous disait l'âme débordante de bonheur, sa joie paternelle et pieuse. Hélas ! il est aujourd’hui couché dans la tombe, à la fleur de l'âge et alors qu'il pouvait espérer de longs jours... Mais il y est descendu précédé par un cortège de généreuses actions et ce n'est pas les mains vides qu'il est entré dans l'éternité... Que ce soit la suprême consolation et le viril réconfort de ceux qui le pleurent et qui, à Bruxelles, dans le pays et au Bestin, en ce site solitaire perdu dans les forêts de l'Ardenne, conserveront son souvenir comme un symbole patriotisme, de bonté et d'honneur !