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D'Arschot Schoonhoven Philippe (1771-1846)

Portrait de D'Arschot Schoonhoven Philippe

D'Arschot Schoonhoven Philippe, Jean, Michel

né en 1771 à Voordt décédé en 1846 à Bruxelles

Congressiste élu par l'arrondissement de Bruxelles

Biographie

(Extrait de : J. BOISEE,Biographie nationale de Belgique, t. XXIX, 1956-1957, col. 156-160)

D’ARSCHOT SCHOONHOVEN (Philippe-Jean-Michel, comte), homme politique, diplomate, premier grand maréchal de la Cour de Belgique. Né a Voordt le 24 décembre 1771 de Philippe-Robert et d'Isabelle de Thiribu ; il épousa à Nivelles, le 27 juin 1796, Marie-Constance Ghislaine van der Noot et, en secondes noces, à Berloz, le 15 octobre 1810 ; Marie-Ursule de Berio Suys d'Assenois. Il mourut au Palais de Bruxelles le 14 juin 1846.

En 1782, à peine âgé de dix ans, il entra comme page au service du prince-évêque de Velbrück. qui, la même année, lui confia le baillage de Hesbaye devenu vacant par la mort de son père. En 1789, lors de la fuite de l'évêque Hoensbroeck, après avoir servi avec le grade de capitaine dans le corps de la garde patricienne formée à Liège pour le maintien de l'ordre, il se rendit à Cologne pour y faire son droit. En 1794, à l'arrivée des troupes françaises, il émigra avec les siens pour rentrer quelques mois après la mort de Robespierre. Il vécut retiré à la campagne jusqu'au 18 brumaire. Il se rallia dès lors ouvertement au nouveau régime : le 29 mai 1800, il accepta la charge de maire de Voordt et, le 31 mai, celle de membre du conseil général de la Meuse-Inférieure. Nommé le 10 septembre délégué du sous-préfet pour le canton de Looz, il en devint plus tard président. Il conserva ces charges jusqu'en 1814. Par quatre fois il fit partie de délégations envoyées à Paris par le départe-ment.

Esprit ouvert aux idées modernes, aussi bien scientifiques que politiques, il profita notamment de sa charge de président du bureau de bienfaisance du canton de Looz pour combattre habilement les préjugés populaires contre la vaccination.

En 1814, lorsque les armées alliées eurent occupé la Belgique, le comte d'Arschot se retira de nouveau dans ses terres. Au mois de mai, appelé par le gouverneur général du Bas-Rhin, de Zack, à faire partie d'une commission chargée d'établir les moyens de lever dix millions pour parer à l’insuffisance des impôts, il démontra à ses collègues que les taxes existantes pouvaient suffire, à la condition de mieux en assurer la répartition et la levée. Contre l'attente du gouverneur général, le plan s'avéra excellent.

A la fin d'octobre le prince d'Orange, désigné par la Conférence de Londres comme gouverneur général de la Belgique, l'appela au Conseil privé où, avec Holvoet, il combattit les idées réactionnaires de la plupart de ses collègues. En 1815, le Prince nomma des commissaires chargés de lui rendre compte de l'état des provinces et d'y activer l'organisation de l'administration. Le comte d'Arschot fut délégué pour les départements de l'Ourthe et de la Meuse-Inférieure, rive gauche. Pendant qu'il parcourait son district, il, fut désigné, le 22 avril, pour faire partie de la commission de révision de la Loi Fondamentale. Comme il l'avait fait précédemment, il combattit au sein de cette commission pour la conservation de ce qu'il y avait de bon dans les institutions françaises.

Il fut ensuite nommé conseiller d'Etat, puis membre de l'ordre équestre de la province de Limbourg et des Etats de la même province. Le 18 mars 1818, il se vit conférer la charge de gouverneur du Brabant méridional. En peu de temps il parvint à y ramener l'ordre dans l'administration désorganisée par l'invasion. Brusquement, cependant, le 1er février 1823, le Roi le fit permuter avec le gouverneur de la province d'Anvers. Considérant cette mesure comme une disgrâce, il refusa, comme il refusa sa rentrée au Conseil d'Etat ou une pension qu'on lui offrait. Sans doute la mise en pratique, dans son gouvernement, d'idées trop libérales avait-elle déplu au souverain ?

L'année suivante, peut-être avec l'espoir de rallier d'Arschot à sa politique, le Roi le nomma membre de la première chambre. Dans cette assemblée, composée en grande partie de personnes attachées à la cour ou au gouvernement, il fut bientôt à peu près seul à marquer de l'opposition : son discours du 16 mai 1829 sur la nécessité de l'usage de la langue fran-çaise eut un grand retentissement et, dans un autre du 29 mai 1830 sur la liberté de la presse, il insista sur les dangers qu'une politique de violence faisait courir au trône lui-même.

Le 7 septembre 1830, il fut au nombre des sept notables qui allèrent à Vilvorde parlementer avec le prince Frédéric. Il assista ensuite à La Haye à la courte session extraordinaire des Etats Généraux qui décida la séparation administrative des deux parties du royaume. Le 28 septembre, une trentaine de membres des deux Chambres se donnèrent rendez-vous chez lui et proposèrent une adresse au Roi pour lui demander d'envoyer à Anvers le prince d'Orange avec les pouvoirs nécessaires pour régler la séparation et opérer la pacification des esprits. Ce ne fut que le 5 octobre que le Roi se décida à envoyer son fils à Anvers ; il était trop tard. Le 6, le prince nomma d'Arschot et dix autres personnes membres d'une commission consultative : tous déclinèrent leur mission.

Les arrondissements de Bruxelles et de Hasselt envoyèrent le comte d'Arschot au Congrès national ; il opta pour la première de ces circonscriptions. Au congrès son rôle fut assez marquant : il fut d'abord membre puis vice-président du Comité diplomatique qui devait tenir lieu de Ministère des Affaires étrangères et, qui fut chargé de négocier avec les Puissances. Il fit partie de la délégation envoyée à la Cour de France pour offrir la couronne au duc de Nemours et, le 10 mars, le Régent le nomma son envoyé extraordinaire à Londres. Sa mission se heurta à l'intransigeance de Palmerston et n'eut aucun succès. En juin 1831, il retourna à Londres avec la délégation du Congrès chargée de présenter la couronne au prince de Saxe-Cobourg. Il fit de même partie de la commission désignée pour organiser la réception du nouveau roi. Celui-ci, à peine inauguré, le nomma grand maréchal du Palais. En vertu de ses fonctions, d'Arschot fut mêlé à tous les événements marquants de la vie de la famille royale. C'est ainsi qu'il fut le témoin du Roi lors de son mariage à Compiègne le 9 août 1832. Ce fut lui qui, aidé des conseils du baron Stockmar, fixa le protocole à suivre dans les différentes circonstances, tâche délicate et difficile dans une jeune royauté issue de la révolution. .

Quoique âgé déjà de soixante ans, le comte d'Arschot ne se contenta pas de sa charge à la Cour ; aux premières élections de 1831 il se fit envoyer au Sénat par l'arrondissement de Bruxelles ; de 1836 à 1839, il se vit conférer la dignité de vice-président de la Haute assemblée. Le 3 novembre 1831 il vota le Traité des 24 articles.

Peut-être à cause de son attachement à l'unionisme ou aussi parce que certains, trop férus de la séparation des pouvoirs, lui reprochaient d'être au Sénat le porte-parole du Roi, son maître, le comte d'Arschot échoua aux élections de 1839.

Il fut un des vingt-trois actionnaires fondateurs de la Société Générale.

Il mourut au Palais de Bruxelles en 1846, sans avoir quitté ses fonctions de grand maréchal.

Il existe de lui plusieurs portraits : un buste en marbre attribué à Fraikin, une lithographie de Schubert, une de L. Severeyns, une,miniature de Johns et un grand portrait de Delanghe.

BIBLIOGRAPHIE

Comte d'Arschot Schoonhoven, Histoire d'une famille. Les d'Arschot de Schoon-hoven, 1600-1926, Bruxelles, 1927, p., 139.