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Thiriar Jules (1846-1913)

Portrait de Thiriar Jules

Thiriar Jules, Adrien libéral

né en 1846 à Saint-Vaast décédé en 1913 à Uccle

Représentant entre 1886 et 1894, élu par l'arrondissement de Soignies

Biographie

(Extrait de L’Indépendance belge, du 26 juin 1913)

Une des personnalités les plus connues et les plus sympathiques du monde médical belge vient de disparaître : le docteur Jules-Adrien Thiriar est décédé mercredi matin à Uccle.

Le docteur Thiriar était né Saint-Vaast (Hainaut), le 24 mars 1846. Il conquit en 1871 son diplôme_de docteur en médecine à l'Université libre et commença sa carrière comme médecin du bureau de bienfaisance d'Ixelles, de 1873 à 1880. Chirurgien adjoint au service des autopsies des hôpitaux de Bruxelles en 1881, il devint par la suite un des principaux chefs des services de l'hôpital Saint-Jean, en même temps qu'il fournissait une admirable carrière professorale. Agrégé suppléant en 1883, il fut nommé, en 1891, professeur extraordinaire à l'Université libre et, en 1897, professeur ordinaire. Il avait pris sa retraite en 1911.

Le docteur Thiriar apparut pendant quelque temps sur le terrain politique. comme conseiller provincial du Brabant, d'abord, comme député de Soignies, ensuite comme sénateur du même arrondissement ; mais son œuvre fut essentiellement scientifique. Il donnait à l'Université les cours de pathologie chirurgicale et de clinique chirurgicale. Il était membre titulaire de l'Académie royale de Belgique et membre correspondant de la Société de chirurgie de Paris


(Extrait de La Meuse du 26 juin 1913

Le docteur Jules Thiriar, qui s'illustra dans le domaine de la chirurgie et fut pendant vingt ans le médecin de Léopold III, est mort mercredi, à 9 heures du matin.

Le célèbre praticien avait été successivement député et sénateur de Soignies. Il quitta le Parlement, qu'il considérait comme un milieu stérile, pour se consacrer à son art qu'il pratiqua avec ferveur.

Sa mort fut à la fois tragique et douce.

Mandé par M. le sénateur Hanrez en son château d' Uccle, le docteur Thiriar tomba comme foudroyé au moment même où il auscultait son malade ! Il souffrait depuis un certain temps d'une inflammation du muscle du cœur ; il y a quelques jours, il dut s'aliter ; mais sa forte nature l’avait emporté victorieusement. Il s'était levé pour reprendre immédiatement le chemin de ses malades qui avaient en inébranlable confiance.

Le docteur Thiriar est certainement l'un des grands chirurgiens du siècle. Son scalpel fit de véritables miracles. Il était adoré du peuple bruxellois pour les guérisons merveilleuses qu'il obtint à l'hôpital Saint-Pierre où il pratiqua pendant plus d'un quart de siècle.

Wallon de naissance et de tempérament, il trouvait, dans les circonstances les plus et les plus graves, le mot qui déride.

J'ai dit qu'il fut le médecin de Léopold Il ; il en fut aussi l'ami. Une réelle affection l’attachait à ce grand monarque ; elle était telle que le jour où il fallut opérer le Roi, le docteur Thiriar ne s'en sentit ni le courage ni la force.

Ceci est un détail inédit qu'il me raconta il n'y a pas bien longtemps.

- Majesté, dit le praticien en s'adressant à son royal malade, une « petite opération » vous soulagerait immédiatement.

Le Roi crut à une « petite opération. »

- Eh ! bien, docteur, faites-là !

- Seulement, Majesté (c'est donc ce langage qu'il parlait à Léopold), il me faudra le concours d'un confrère.

- Soit. Mais j'entends que l'opération soit faite par vous, mon cher docteur.

- Je vous le promets, Majesté.

Le Dr Thiriar s'adressa à son plus brillant élève, mais celui-ci n'entra en scène qu'au moment psychologique.

L'opération « réussit », suivant la formule classique, et si le Roi mourut, il mourut guéri, s'il est permis d'user de semblable paradoxe.

C'est par milliers que l'on compte les guérisons du Dr Thiriar. Il fut un des premiers à pratiquer op ration de la hernie inguinale ; cette opération n'était pour lui qu'un jeu. Il existait, chez les gens du peuple, une légende en vertu de. laquelle « opéré par lui, ça ne reviendrait plus. »

Le célèbre chirurgien était né à Saint-Vaast ( Hainaut), le 24 mars 1846. Il se laissa tenter un brin par la politique et fût élu député libéral de Soignies en 1886, succédant à M. Wincqz. Il siégea jusqu'en 1894 à la Chambre ; après quoi il alla représenter le même arrondissement au Sénat. En 1900, lors de la dissolution provoquée par le vote introduisant la représentation proportionnelle dans notre législation, il ne demanda plus le renouvellement de son mandat. C'est un catholique, feu le docteur Vandevelde, de Lessines, qui avait été son camarde d'enfance, qui prit sa place au Parlement.

Le docteur Thiriair ne brilla pas autant dans la politique que dans la médecine ; mais ses interventions furent celles d'un médecin avant tout. II fit une spirituelle critique de la surcharge des devoirs scolaires et réclama - en vain hélas I - la création d'asiles spéciaux pour les aliénés et les délinquants criminels.

Ce fut un vaillant soldat de l'art de guérir et il n'eut vraiment qu'une passion, soulager ceux qui souffrent

Valentin de Marcy


(Extrait de La Dernière Heure , du 26 juin 1913)

Ce n'est pas sans une profonde surprise que l'on a appris, mercredi matin, la mort du docteur Jules Thiriar, ancien médecin de Léopold II, ancien député et sénateur.

Il avait été mandé par M. le sénateur Hanrez en son château de l'avenue de l’Observatoire, à Uccle.

La docteur Thiriar s’apprêtait à ausculter son malade ; il était gai et plein d'entrain lorsqu'il dit :

« Tiens j'ai un vertige ! »

Il chancela et s'abattit brusquement au pied du lit de Mme Hantez indisposée.

Des médecins furent appelés de toutes parts.

Ils n'accoururent que pour enregistrer la mort qui avait été foudroyante. Le docteur Thiriar fut transporté dans sa campagne d’Uccle.

C'était une belle figure médicale. Il s'illustra dans le domaine spécial de la chirurgie où il s'était fait une réputation universelle. Il enseigna à l'Université libre et prit sa retraite il y a deux ans. Il était très connu des quartiers populeux de la rue Haute, qui avait pour son art une véritable vénération. Ses opérations chirurgicales pratiquées à l'hôpital Saint-Pierre, surtout, furent sans nombre. Il avait le scalpel sûr et la poigne solide.

Ses élèves et anciens élèves n'ont pas oublié ce professeur à tête de philosophe antique dont les boutades wallonnes les désarmaient dans les circonstances les plus graves.

Après certaines de ses opérations. on l'entendait invariablement prononcer cette phrase sacramentelle : « ln v'là cor ien, wet’ ma sœur ! »

Cela signifiait que l'opération avait parfaitement réussi et qu'il considérait son patient comme sauvé.

Le docteur Thiriar est né à Saint-Vaast, le 24 mars 1846. Il fut élu député libéral de Soignies en 1886, en remplacement de M. Wincqz ; il siégea jusqu’en 1894, époque où il devint sénateur du même arrondissement.

En 1900 lors de la dissolution provoquée par le vote de la loi instaurant la représentation proportionnelle, il ne demanda pas le renouvellement de son mandat.

Il se fit remarquer au Parlement par son intervention dans la question des programmes scolaires, dont il critiqua différentes reprises les surcharges et dans les questions d'ordre médical. Il attira également l'attention du gouvernement, et à différentes reprises. sur la nécessité de la création d'un asile spécial pour les aliénés délinquants ou criminels.

Le docteur Thiriar souffrait depuis longtemps d'une affection cardiaque, d’une « myscordite » d'après la langue technique. c'est-à-dire une inflammation des muscles du cœur.

Quoiqu'il souffrit, le praticien ne put jamais se décider à abandonner ses malades

Jean Bar.


(Voir aussi : REMACLE P. – LEFEBVRE J.-H., Jules Thiriar, 1846-1913 dans Les Cahiers Louviérois, 1996, n°3, pp. 2-27)