Schinler Jean-Baptiste (1863-1932)

(Extrait de La Chambre des représentants en 1894-1895, Bruxelles, Société belge de Librairie, 1896, pp. 392-393)

SCHINLER, Jean-Baptiste,

Représentant socialiste pour l’arrondissement de Liége, né à Aywaille le 14 octobre 1863

Depuis l'âge de 18 ans, M. Schinler est ouvrier tailleur de pierres. Maintes sculptures du Théâtre de Verviers ont été exécutées par lui.

II a fondé plusieurs sociétés coopératives, ainsi que divers syndicats dans le Condroz, notamment le Syndicat professionnel du canton de Louveignée.

Différentes grèves furent organisées et dirigées par lui parmi les ouvriers carriers du pays de Liége. II eut même à ce propos plus d'un démêlé avec la justice ; mais les poursuites dont il fut l'objet se terminèrent par un acquittement.

M. Schinler a été nommé membre du Parlement au ballottage du 21 octobre 1894.

---

(Extrait du Peuple, du 22 août 1937)

La mort fauche parmi les aînés. A peine nous a-t-elle enlevé notre cher Guillaume Solau qu'elle frappe Jean Schinler, un des pionniers du mouvement syndical des carriers dans le bassin de Liége.

Jean Schinler est mort, en effet. samedi à Sprimont.

Né à Aywaille le 14 octobre 1873. il devint tailleur et sculpteur de pierres et fonda le syndicat des carriers de Sorimont en août 1890.

Aucune des formes de l'organisation ouvrière ne le laissa indifférent. II fonda aussi, en 1892. la Coopérative « Les Ouvriers Carriers Sprimontois » qui fusionna dans la suite avec I'Union Coopération de Liége. Un an après, il créait aussi une société de libre pensée.

En 1894, le Parti Ouvrier Liégeois l'envoya siéger à la Chambre. II fut donc du groupe des vingt-huit premiers députés socialistes que compta le Parlement belge.

En 1919. il ne fut pas réélu la Chambre. mais il entra au Sénat en 1920, élu par le Conseil provincial de Liége.

II rentra à la Chambre en 1921.

Dans sa commune, à Sprimont, il avait été nommé conseiller communal, puis échevin des Travaux, échevin de l'Instruction publique et, enfin, en 1921, bourgmestre.

Secrétaire du Syndicat des Carriers de Sprimont, il créa les sections de Aywaille, CombIain-au-Pont, Anthisnes, Ouffet, Vierset, Marchin, Les Awirs, Sougné, Poulseur, qui formèrent les bases de la Fédération du pays de Liége, aujourd'hui la Centrale provinciale.

En 1912, son initiative fit créer un secrétariat permanent qui fut confié à notre camarade Lapaille.

Schinler entreprit aussi, en 1898, une coopérative de production pour exploiter les carrières de grès, mais en 1911, le fruit d'un travail opiniâtre de treize années fut par la décision d'une majorité de liquider et de partager l’encaisse.

En 1912 encore, Schinler installa une pharmacie coopérative.

A la Chambre. il prit souvent la parole dans la discussion des travaux publics, pour la défense de l'industrie des carrières et des intérêts ouvriers.

Dans sa commune, il apporta d'importantes améliorations et s'attacha à développer l'enseignement.

II aimait le Parti Ouvrier et en comprenait la nécessité et la grandeur. Il fit, dès 1890. affilier son syndicat au Parti Ouvrier et dirigea plusieurs grèves importantes. notamment la grève générale de 1886. la grève pour le Suffrage universel en 1890. la grève des carriers de 1890 encore, ce qui lui valut deux condamnations à 5 et à 15 jours de prison pour atteinte à la liberté du travail.

Toute sa vie fut consacrée au socialisme et à la défense de la clase ouvrière.

Malgré son caractère fruste. il était aimé de ses camarades et, dans le Parti Ouvrier, on vouait à cet ancien une affection respectueuse.

Le Peuple, se souvenant des services rendus par cet ouvrier à notre Parti s’incline avec émotion devant son cercueil et voue à la mémoire de ce pionnier valeureux une reconnaissance sincère.

Il adresse à la famille, aux travailleurs de Sprimont, à nos amis liégeois, ses condoléances fraternelles.

L'enterrement civil aura lieu mardi après-midi.