Ronse Alfred, Pierre, Jean catholique
né en 1835 à Bruges décédé en 1914 à Bruges
Représentant entre 1884 et 1900, élu par l'arrondissement de Bruges(Extrait de La Patrie (de Bruges), du 23 janvier 1914)
Bruges vient de faire une perte des plus sensibles en la personne de M. Alfred Ronse, décédé ce matin, à 4 1/2 heures, à l'âge de 76 ans. Faire l’histoire de sa vie serait faire l'histoire du superbe mouvement de rénovation artistique de notre ville. Nous allons tenter de le faire en quelques lignes.
Alfred Ronse était fils de Pierre Ronse. avocat qui tint une place brillante au barreau de Bruges. Après de premières études au collège des Jésuites à Tournai. il se rendit à Louvain, où malheureusement sa santé ne lui permit pas de continuer ses travaux à l’Université.
Il faut ici mentionner la grande part qu'eut sur l'orientation de son esprit M. le chanoine Andries qui parvint à J'intéresser aux études de la société L'Emulation et particulièrement à la question des wateringues. C'est sous cette direction éclairée qu'Alfred Ronse acquit le remarquable bagage de connaissances dont, plus tard, alors qu'il était échevin, il devait faire un si brillant usage dans les questions d'hydraulique.
Sur ces entrefaites, la politique tenta Alfred Ronse. Au mois de juin 1863, la députation libérale brugeoise avait subi un grave échec en la personne de Paul Devaux ; les libéraux se crurent assez forts pour faire annuler l'élection et les électeurs furent appelés de nouveau aux urnes le 12 janvier 1864. Ce fut un triomphe pour nos amis dont les trois candidats passèrent.
Dans l'effervescence de la vie politique d'alors, Alfred Ronse prit sa large part au combat et exerça souvent, par la plume, sa verve contre les libéraux.
En 1872, avec dix autres catholiques, il entrait au conseil communal de Bruges, et ce fut surtout là qu'il pût appliquer ses connaissances et témoigner de toute son activité. Point de discussions auxquelles il ne prit part ; et maints vieux Brugeois se souviennent encore de la part brillante qu'il eut dans toutes les questions.
Mais ce fut à la rénovation artistique de notre ville qu’il consacra sa vie, avec une ardeur mise au service d'une rare compétence. Il avait déjà préludé à ce formidable travail par la longue et brillante collaboration qu'il avait apportée à La Plume, où il s'était spécialisé dans les questions intéressant les beaux-arts.
Devenu échevin en 1876, il put donner toute sa mesure. On peut certainement dire, du consentement unanime de tous les Brugeois, qu'Alfred Ronse fut le sauveur et le restaurateur du « Vieux Bruges ». Les anciens habitants de notre ville se souviennent de l'amas désolé de ruines qu'était alors le domaine communal, comme ils se souviennent de la rénovation esthétique qui suivit l'arrivée d'Alfred Ronse à l'échevinat. Celui-ci y avait été préparé par une étude approfondie de l'art flamand et des vieilles coutumes locales.
Faut-il citer, parmi les intéressantes restaurations qu’on lui doit : l'intérieur de l'hôtel de ville, l'ancien greffe, le Tonlieu, la Poorterslogie, Gruuthuuse C'est de cette époque que date le renouveau artistique de Bruges, que s'est étendue la renommée de notre ville et que la Venise du Nord est devenue le sanctuaire de tous ceux qui se réclament des arts et des belles lettres.
Conseiller communal en 1872, M. Ronse devint conseiller provincial en 1880 et représentant en 1884.
Sa santé ne lui permettant plus de garder la charge de ses nombreuses occupations, il prit sa retraite en 1903. Cette retraite fut l'occasion d'une brillante manifestation de sympathie qui eut lieu le 18 juin lorsque les délégués de l'Association catholique ayant à leur tête M. van Ockerhout, président de l'Association et de La Concorde, offrirent à Alfred Ronse un album en souvenir du dévouement inlassable qu'il avait témoigné pendant une carrière administrative de 30 ans aux intérêts de la ville de Bruges.
Déjà, eu 1900, M. Ronse avait abandonné ses fonctions de représentants.
Avant de terminer ce court aperçu, il faut signaler la part qu'Alfred Ronse prit, tant à la Chambre qu'au conseil communal, aux discussions auxquelles donna lieu le projet de Bruges-port-de-mer.
Notons que, sous l'inspiration du chanoine Andries, croyons-nous, il avait publié - bien avant qu'il ne fût question du projet De Maere - une brochure sur la Communication entre Bruges et la mer. On doit encore à M. Ronse quelques autres petites œuvres parmi lesquelles : Au pays basque, étude qu'Il avait faite quand, en voyage de noces, une maladie de Madame Ronse l'avait forcé à faire un assez long séjour en France.
Depuis le moment il avait abandonné les affaires publiques, M. Ronse vivait très retiré ; sa disparition n'en sera pas moins vivement ressentie par tous les Brugeois qui garderont un impérissable souvenir de celui qui avait voulu – et qui y avait réussi - laire leur ville tous les jours plus belle et, partant, plus prospère.
Disons pour finir que si, depuis longtemps, il ne recevait plus personne, il avait cependant fait exception pour le vénéré curé de sa paroisse avec qui il entretenait les meilleures relations et qui, de son côté, lui prodiguait, avec ses consolations, l'intérêt né de fréquentes conversations religieuses.