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Roger Henri (1861-1917)

Portrait de Roger Henri

Roger Henri, Charles, Nicolas socialiste

né en 1861 à Bruxelles décédé en 1917 à Quaregnon

Représentant 1894-1900 , élu par l'arrondissement de Mons

Biographie

(Extrait de La Chambre des représentants en 1894-1895, Bruxelles, Société belge de Librairie, 1896, pp. 388-389)

ROGER, Henri-Char1es-Nicolas-Amédée,

Représentant socialiste pour l’arrondissement de Mons, né à Bruxelles, le 25 juillet 1861

Ancien instituteur communal à Bruxelles, M. Roger donna sa démission à la suite d'un conflit d'ordre privé. Il alla s'établir à Mons, où il devint le lieutenant de M. Alfred Defuisseaux.

Il prit une part très active à l'organisation du parti socialiste dans le Borinage et le Couchant de Mons.

Publiciste et organisateur de meetings, il acquit une grande influence sur les ouvriers mineurs ; il doit cette popularité d'avoir été élu membre de la Chambre des représentants.

L'arrondissement de Mons le choisit comme député le 14 octobre 1894 par 42,018 voix, contre 17,000 catholiques et 19,000 libérales.

Au Parlement, M. Roger participa notamment aux débats relatifs aux projets de loi concernant la formation des listes des électeurs communaux, portant exemption du droit de fanal, établissement d'un droit d'accise sur la margarine et modification du tarif des douanes, approuvant la convention conclue avec l'État indépendant du Congo et autorisant un prêt hypothécaire de 5 millions de francs en faveur du chemin de fer du Congo, modifiant la loi organique de l'instruction primaire et portant approbation de divers contrats relatifs à des biens domaniaux et autorisation d'aliéner des immeubles.


(Extrait du Télégraphe, du 23 décembre 1917)

M. Henri Rogier, ancien député et bourgmestre socialiste de Quaregnon-lez-Mons, vient de mourir. Il fut un des premiers chefs du Parti Ouvrier avec les Defuisseaux et Jean Volders. Royer était exclu du Parti depuis longtemps par suite d'un désaccord d'idées.


(Texte élaboré à partir des informations contenues dans la biographie rédigée par PUISSANT J., sur le site du Maîtron, consulté le 5 décembre 2025.

Instituteur de formation, Henri Roger, s’engage dans la lutte ouvrière en raison notamment des relations qu’il entretient avec la fille du député de gauche Léon Defuisseaux. Dès 1890, il milite à Quaregnon et prend la direction du journal La Bataille. Deux ans plus tard, il entre au comité de la Fédération boraine du POB puis fonde, l’année suivante, le Syndicat général des ouvriers mineurs borains, dont il rédige les statuts et devient secrétaire.

Le fait qu’il ne soit pas lui-même un mineur suscite des tensions internes, notamment avec Alfred Defuisseaux et Désiré Maroille.

En 1893, Roger mène une politique militante active : référendum sur la grève générale, pression sur les charbonnages, appel à un mouvement coordonné. Il dirige la grande grève d’avril, qui culmine dans la fusillade de l’avenue de Jemappes (sept morts). Arrêté en tant que membre de la direction de la Fédération, il est rapidement remis en liberté : la manifestation était censée être pacifique et la Garde civique ayant agi de manière non conforme au cadre légal.

Il est élu en 1894 député socialiste à la Chambre lors de la première application du vote plural, en même temps que les deux frères Defuisseaux. Son rôle à la Chambre est très limité, lui-même étant peu assidu aux séances de celle-ci.

Henri Roger est par contre une figure très populaire à Quaregnon. A la tête d’une majorité socialiste absolue, il devient la place de premier échevin faisant fonction de bourgmestre. Sa liste est principalement composée de représentants des classes moyennes.

Sa majorité communale se divise rapidement. En effet, la décision prise par la Fédération boraine de le reléguer à une place peu visible sur la liste socialiste aux élections de l’année 1900 suscite de sa part une opposition et des déclarations violentes qui conduisent à son exclusion de la Fédération boraine. Il devient dès lors un socialiste dissident.

En 1902, il fonde le Parti socialiste révolutionnaire de Quaregnon et participe activement aux mouvements sociaux, adoptant une attitude beaucoup plus radicale que la celle du POB.

Roger est également un polémique qui se distingue par un intense travail de presse : il fonde et dirige divers organes de presse : La Bataille, Le Suffrage universel, Le Clairon socialiste, Germinal, La Maison de verre. Son style vigoureux et souvent démagogique laisse des souvenirs mitigés chez ses contemporains. Lors de la grève générale d’avril 1902, il se met à la tête des manifestants de sa commune et critique violemment la direction du POB lorsqu’elle décide d’arrêter le mouvement.

Sa dissidence restera toutefois cantonnée au Borinage. Il obtiendra notamment des scores modestes aux élections législatives de 1902 et 1904, malgré l’appui de Léon Defuisseaux. Dans les années qui suit, les tensions avec le POB s’enveniment encore, et notamment lorsqu’il s’est agit d’ériger un monument à la mémoire d’Alfred Defuisseaux.

En 1908, Roger finit par perdre le maïorat de Quaregnon ; il restera néanmoins échevin au sein d’une coalition libérale-socialiste-« rogériste ». Des listes spécifiquement« rogéristes » perdureront jusqu’en 1926, malgré son décès en décembre 1917.