Pichuèque Jean-Baptiste, Emile libéral
né en 1849 à Mons décédé en 1887 à Mons
Représentant entre 1886 et 1887, élu par l'arrondissement de Mons(Extrait de La Gazette de Charleroi, du 13 août 1887)
On annonce la mort de M. J.-B. Pichuèque, avocat, ancien conseiller communal, représentant de Mons, décédé l’avant-dernière nuit à la suite d’une longue et douloureuse maladie.
J.-B. Pichuèque avait été nommé représentant de l’arrondissement de Mons en 1886. C'était avocat très distingué, dont ls succès à la Cour d'assises ne se comptaient plus. Sa parole était chaude, colorée, et il trouvait facilement dans son bon cœur, dans son âme généreuse, des accents émus. Pendant plusieurs années, il avait été conseiller communal à Mons, et il avait rendu de grands services à sa ville natale par son travail dévoué et incessant. La maladie ne lui a permis que de siéger quelques mois à la Chambre, mais il avait pu, cependant, prendre part à la discussion de quelques projets de loi importants. Il avait tenu à se faire traîner à Bruxelles, dernièrement, quoique à demi-mort déjà, pour voter le service personnel, la révision et contre la loi Dumont, voulant accomplir fidèlement, jusqu'au bout, le mandat que lui avaient confié ses électeurs.
Cet honnête homme, ce député fidèle, était un excellent citoyen dans la vie privée.
Il est mort âgé seulement de 38 ans, laissant d'unanimes et profonds regrets, car il n’avait que des amis.
(Extrait de La Gazette de Charleroi, du 15 août 1887)
Les funérailles de M. Pichuèque
Hier ont eu lieu à Mons, au milieu un grand de monde, les funérailles civiles de M. Pichuèque. A la maison mortuaire, M. Van Wambeke a parole au nom de la députation de la Chambre,, M. Pierman pour le barreau de Mons, et M. Masson pour la Loge.
Trois discours ont été prononcés au cimetière.
Sur le cercueil sont déposées la robe et la toque d'avocat du défunt ; des enfants suivent portant des couronnes, puis les sociétés de la ville avec leurs drapeaux voilés de crêpe.
La Loge a apporté un triangle fleuri que suit une députation nombreuse.
MM. Van Wambeke, Masson, vénérable de la Loge, Sainctelette, échevin et Pierman, avocat, tiennent les cordons du poêle.
Dans la députation de la Chambre, nous apercevons MM. Houzeau, Sainctelette, Lescarts, Carlier, Hardy, Scoumanne, Paternostre et Thiriar. Les trois sénateurs de Mons, MM. Hardenpont, Tercelin et de Thuin, assistent également aux funérailles.
(Extrait de La Gazette de Charleroi, du 17 août 1887)
Quelques jours avant son décès, M. Pichuèque apprenait qu’un prêtre catholique demandait à le voir. M. Pichèque donna l’ordre de l’éconduire immédiatement. Dans la soirée de jeudi, alors que l’agonie de son mari commençait, Mme Pichuèque recevait la lettre anonyme suivante :
« … Madame.
« Vous avez été élevée chrétiennement ; vous n’avez pu oublier les enseignements que vous avez reçus, ni les douces joies que la pratique des vertus chrétiennes vous a procurées pendant votre jeunesse. Votre pauvre mari est bien malade ; peut-être sa dernière heure va sonner bientôt ; et après, l'éternité ! c'est-à-dire ce qui ne finira jamais. Rappelez-vous qu'il y deux sortes d'éternités, l'une heureuse, de bonheur qans fin, l'autre malheureuse et de supplices épouvantables pour toujours.
« II dépend de voue de procurer le bonheur sans fin à votre mari, par une réconciliation avec son Dieu. Vous avez aimé et vous aimez encore votre mari., le père de vos enfants ; pensez à la joie que vous éprouverez de vous retrouver tous un jour dans le ciel, ou au malheur d'être séparés les uns des autres, de vous haïr et de souffrir éternellement dans l’enfer !
« Du courage donc, une femme a des droits et des devoirs à remplir, elle peut ce qu'elle veut. »
Cette lettre sort évidemment d'une officine cléricale quelconque, car elle est anonyme.
La personne qui avait écrit l'épitre voulait bien donner à Mme Pichuèque le honteux conseil de violenter la volonté du mourant, mais elle a eu soin de ne pas la signer.
(Extrait de La Nation, du 13 août 1887)
M. J.-B. Pichuèque, avocat et membre de la Chambre des représentants, est décédé à Mons, vendredi matin, à la suite d'une longue et douloureuse maladie.
La gauche parlementaire perd en lui un de ses membres les plus distingués, et le parti progressiste, en particulier, voit disparaître un de ses plus vaillants champions.
On peut dire que la mort de M. perte pour le parti libéral tout entier.
M. Pichuèque était fils du docteur de ce nom, le praticien populaire que plusieurs générations ont connu et vénéré à Mons.
Il avait l’élocution facile, élégante, chaleureuse. C’était un brillant avocat de cour d’assises.
Comme conseiller communal, M. J.-B. Pichuèque a mis au service de ses concitoyens une rare activité et un dévouement absolu.
Il fut élu représentant en juin 1886.
A la Chambre, il ne tarda pas à se faire remarquer par son assiduité et par son affabilité, autant que par son talent. Il promettait de devenir un des membres les plus écoutés du Parlement, lorsqu’une maladie cruelle, impitoyable vint abattre en pleine maturité cet homme si robuste et si vaillant.
La mort de M. Jean-Baptiste pichuèque, dont nous nous rappelons avec émotion l’empoignante cordialité, est un coup terrible, non seulement pour les siens, mais pour la population montois entière, où le regretté défunt ne comptait que des amis.
M. Pichuèque n’avait que trente-huit ans. Ses travaux excessifs, son dévouement à remplir le mandat que les électeurs lui avaient confié ont contribué à abréger une existence déjà si bien remplie. On peut dire de l’ancien député montois qu’il est mort à la tâche.
(Extrait du Courrier de l’Escaut), du 14 août 1887)
Lettre montois
(Correspond. particul. du Courrier de l’Escaut)
Mons, le 22 août 1887
Ce matin, à 3 heures et demie, est décédé en notre ville, M. Jean-Baptiste Pichuèque, avocat et membre de la Chambre des représentants.
La mort de M. Pichuèque ne sera pas une grande perte pour le parti libéral.
Il y a dans le mon des gens qui, en politique, sont heureux : M. Pichuèque est de ceux-là/
Avocat sans talent, dès son arrivée au barreau, il se fit, pour parvenir, u n tremplin de la politique. Grâce à sa haine contre tout ce qui touchait à la religion, il fut remarqué des F. et amis, et bientôt, la loge l’appuyant, il obtint un mandat de conseiller communal. Son passage au Conseil fut marqué par quelques discours plus ou moins grotesques. Un jour, il s’oublia jusqu’’à insulter en séance publique notre confrère du Hainaut qui, en ce temps-là, faisait campagne contre la laïcisation de l’Orphelinat de Mons. La riposte du Hainaut fut des plus vives : M. Pichuèque était complètement aplati. Depuis ce moment, il n’osa plus se permettre la moindre attaque contre l’organe des catholiques montois.
Pendant un certain temps, M. Picuèque fit mine de rentrer dans la vie privée ; il donna même sa démission de conseiller communale. Mais quelques années plus tard, il se porta candidat aux élections législatives et fut élu député, on ne sait trop comment. A la Chambre, pas plus qu’au Conseil communal, il ne sut intervenir sérieusement dans une discussion. Vous avez encore présent à la mémoire ce fameux discours qu’il prononça en faveur des condamnés des grèves de Charleroi.
Le Peuple, La Réforme et plusieurs journaux radicaux tombèrent alors à bras raccourcis sur le dos du malheureux député, le traitant de doctrinaire, car M. Pichuèque voulait bien la grâce, mais non l’amnistie, et l’un de nos confrères de la presse catholique, Le Courrier de Bruxelles, fut, lui, obligé de demander l’amnistie pour le représentant de Mons.
Rendons cependant à César ce qui appartient à César : M. Pichuèque fut l’un des membres les plus assidus à la Chambre. Tous les députés, tant de droite que de gauche, feraient bien, sur ce point, d’imiter son exemple.
M. Pichuèque meurt, à la fleur de l’âge, emporté par une maladie qui l’a fait horriblement souffrir.