Pecsteen Arthur, Gustave, Adolphe liberal
né en 1834 à Bruges décédé en 1895 à Oostkamp
Représentant entre 1880 et 1884, élu par l'arrondissement de Bruges(Extrait de L’Indépendance belge, du 31 août 1895)
Mort de M. Arthur Pecsteen
Un télégramme de notre correspondant de Bruges nous annonce la mort de M. le baron Arthur Pecsteen, lieutenant-colonel commandant la garde civique de Bruges, ancien échevin de cette ville sous l'administration libérale, ancien membre de la Chambre des représentants.
M. Pecsteen est mort la nuit dernière dans son château d’Oostcamp. En lui disparaît une des figures les plus sympathiques du monde brugeois.
La courtoisie, le tact et la fermeté avec lesquels il exerça le commandement de la garde civique lui avaient acquis autant d'autorité que de popularité à la ville de Bruges. C’était un des derniers membres de la noblesse brugeoise restés fidèles au parti libéral. Sa mort cause d’immenses regrets.
(Extrait du Journal de Bruxelles, du 31 août 1895)
M. le baron Arthur Pecsteeen, lieutenant-colonel, commandant de la garde civique de Bruges, nous télégraphie notre correspondant de Bruges, est mort vendredi matin en son château d'Oostcamp.
Le défunt se trouvait depuis environ 29 ans à la tête de la garde civique, qui compte parmi ses premiers chefs le défunt père M. le baron Peesteen de Vrière et dont l'amélioration fut l'objet des préoccupations constantes du fils. C'est à celui-ci notamment que Bruges doit d'être la première ville où fût instituée une compagnie de chasseurs éclaireurs volontaires.
M. Arthur Pecsteen a joué également un rôle politique. il a rempli successivement les fonctions de conseiller communal, d'échevin de la ville et de représentant de l'arrondissement de Bruges, mandats qu'il a remplis avec un zèle et un désintéressement auxquels tout le monde rend hommage.
En 1884, après avoir siégé quatre ans à la Chambre, il déclina le renouvellement de son mandat, et depuis lors M. Pecstceen s'est retiré complètement de la vie politique.
Il appartenait à l'opinion libérale modérée, mais les derniers revirements du mouvement politique du pays le firent adhérer ouvertement à l'opinion conservatrice.
Au mois de juillet 1892 la garde civique féta avec éclat le vingt-cinquième anniversaire de son vaillant commandant, que le cancer vient de terrasser.
M. Pecsteen était un officier d'élite, dont les qualités militaires étaient hautement appréciées. Le regretté défunt n'avait que 61 ans. Il était officier de l'ordre de Léopold et décoré de la croix civique de 2ème classe. Il portait encore d'autres insignes, entre autres la croix de chevalier d'Albert le Valeureux et celle de chevalier de première classe de l'ordre de la Branche Ernestine de Saxe.
Les funérailles auront lieu lundi prochain à Oostcamp.
(Extrait de La Patrie de Bruges, du 4 septembre 1895)
Nécrologie
Hier ont eu lieu à Ooscamp les funérailles de M. le baron Arthur Pecsteen, lieutenant-colonel commandant la garde civique de Bruges.
Une foule de Brugeois s'étaient rendus en cette commune pour assister au service funèbre.
La compagnie des chasseurs éclaireurs presqu'au complet et la garde civique très nombreuse - un effectif de 500 hommes - avec leurs corps de musique et la drapeau y étaient arrivés par train spécial., pour rendre les honneurs aux dépouilles mortelles de leur chef aimé et vénère.
C'est vers 10 1/2 heures que le rév. M Dambre, cure d'Oostcampt, avec son clergé, est venu faire la levée du corps. A ce moment M. le major Van der Hofstadt, commandant intérimaire de la légion, a prononcé le discours suivant :
« Messieurs,
« C'est sous l'impression d'une vive et profonde émotion que j'accomplis un pénible devoir en venant, au non de la garde civique et de la compagnie des chasseurs de Bruges, exprimer les regrets et la douleur que leur cause la perte de leur bien aime lieutenant colonel.
« Il y a deux mois à peine, riche de vigueur et d'espérances, entoure de considération et d'honneur, il marchait encore à la tête de cette légion dont il s'était fait une seconde famille.
« Tout semblait lui sourire, de longues années de bonheur lui semblaient encore promises.
« Quelques semaines ont suffi pour anéantir toutes ces espérances, pour nous enlever à jamais un chef aimé, et nous laisser consternés en face d'un souvenir.
« Tout jeune encore Arthur Pecsteen avait su attirer l'attention de ses concitoyens par son affabilité et son aménité, son caractère loyal et sincère. Il avait à peine 26 ans, lorsqu'il fut élu major du bataillon de la garde civique.
« Les aptitudes particulières dont il fit preuve, le dévouement qu'il mit à remplir ses fonctions lui méritèrent bien vite la confiance et la profonde estime de tous.
« Elu le 27 octobre 1863 conseiller communal, il fut nommé échevin de la ville de Bruges par arrête royal du 31 août 1872, et le 9 juan 1880 la confiance des électeurs l'investit du mandat de députe.
« Dans ces diverses fonctions civiles, par ses qualités d'intelligence et d’esprit, joints à de grandes qualités de cœur, Arthur Pecsteen s'était acquis le respect, l'affection et la reconnaissance de ses concitoyens.
« Mais c'est surtout comme officier supérieur de notre milice citoyenne que, par son caractère foncièrement droit et honnête rehaussé par la plus complète courtoisie et par la plus grande bienveillance qu'il montrait à tous, qu'il s'est assuré de sincères et inaltérables sympathies.
« Dès le 31 janvier 1867 Sa Majesté le Roi l'avait appelé au commandement supérieur de la garde civique de Bruges, commandement qu'il exerça pendant près de 29 ans, durant lesquelles il mit tout son dévouement au service de l'institution dont il avait accepté la direction.
« Ses premiers soins avaient eu pour but et pour effet de s'entourer d'officiers jeunes, animés, comme lui, de l'amour du devoir et qui pussent l'aider dans l'accomplissement de la miston dont la confiance du Roi l'avait honoré.
« Il appliqua dès lors toutes ses forces, toute son Intelligence à développer l'esprit de discipline dans la garde sous ses ordres.
« Pénétré de l'insuffisance des moyens d'instruction que donne la loi qui régit l'institution de la garde civique, il créa en 1876 la première compagnie d'instruction du pays, dont l'utilité fut par la suite si bien appréciée, qu'en 1882 elle fut imposée à toutes les légions du Royaume.
« A cette institution on peut, sans hésitation et à l'honneur du lieutenant colonel Pecsteen, attribuer le développement de l'éducation militaire de la milice citoyenne.
« Dans ce même but, et guidé par son amour pour la Patrie, il encouragea la formation au sein de la garde d'une compagnie de volontaires, de jeunes gens, mus par des sentiments patriotiques et résolus à faire en toutes circonstances tout leur devoir, plus que leur devoir.
« Sous son commandement supérieur, la compagnie de chasseurs prit un grand essor, et aujourd'hui, par sa force numérique, par ses qualités militaires, celle-ci peul rivaliser avec celles des autres villes du pays.
« Enfin, par sa fermeté, tempérée par un caractère bon, loyal et juste, le lieutenant colonel Pecsteen est parvenu à acquérir à la légion de Brugs le renom d'instruction et de discipline dont elle jouit dans le pays entier, renom dont nous sommes justement fiers, et qu'en mémoire de notre regretté colonel nous saurons lui conserver.
« Dans cette longue carrière de dévouement, les marques de reconnaissance ne lui avaient pas fait défaut.
« Elles sont encore présentes à la mémoire de nous tous, ces solennités qui marquèrent le 25ème anniversaire de sa nomination au grade de lieutenant colonel, solennités uniques où nous voyons la population tout entière s'unir à nous dans un même sentiment d'estime et de reconnaissance pour notre chef aimé, solennités auxquelles toutes les autorités civiles et militaires eurent à cœur de prendre une part sympathique.
« Sa Majesté le Roi récompensa les services rendus par le lieutenant colonel Pecsteen en le nommant le 16 décembre 1873 chevalier puis le 4 mars 1887 officier de l'Ordre de Leopold, en lui décernant le 10 juin 1892 la croix civique de première classe.
« Cette vie, si bien remplie, devait avoir une fin prématurée.
« Souffrant d'un mal qui ne pardonne pas, et qu'il supportait, en le cachant aux siens, avec le courage d'un soldat et la résignation d'un chrétien, il a succombé au moment où il espérait encore la guérison.
« Je n'essayerai pas, Messieurs, d'adresser de banales consolations à Madame la baronne Pecsteen ni à ses enfants éplorés : Le colonel Pecsteen était de ceux qu'on aime quand on les connaît, et qu'on pleure sans consolation quand on les a perdus.
« Ce qui pourrait apporter un adoucissement à cette douteur, c'est de la voir partagée par les si nombreux anis du cher défunt.
« Car, si j'ai essayé de vous retracer rapidement la carrière parcourue par lui, et les qualités qui lui ont acquis le dévouement et l'affection de tous, je me sens impuissant à rendra l'affliction profonde que nous cause la perte que nous venons de faire, le vide immense laissé parmi nous par la mort de notre colonel.
« Arthur Pecsteen était, pour nous, non seulement un chef respecté, qui avait su rendre facile à chacun l'accomplissement du devoir ; c'était un ami qui par ses qualités de cœur et l'aménité de son caractère, par sa bienveillance jamais démentie, avait su se faire notre camarade ; et devant cette dépouille mortelle, ce n'est pas seulement du colonel, mais encore de l'ami véritable que nous déplorons la perte.
« C'est à l'ami, autant qu'au chef, que je m'adresse en lui disant avec l'émotion la plus sentie, au nom de la garde tout entière, de son corps d'officiers, et, permettez-le moi, en mon nom personnel, à moi qui pendant 23 ans ai eu le bonheur de servir à ses côtés : Mon colonel, adieu !
« Ce sera pour nous tous le plus bel hommage à rendre à votre mémoire que de continuer dans le corps qui était sous vos ordres, les traditions d'honneur, de discipline et d'union que vous y avez introduites.
« Nous nous rappellerons toujours votre manière d'être si sympathique qui avait rendu si puissant le lien qui nous unit tous.
« A jamais, dans nos cœurs, à tous, votre souvenir restera vivace et ineffacé.
« Au nom de la garde civique de Bruges. au nom de tous vos subordonnés dont vous aviez fait des amis : Adieu ! mon colonel, adieu ! »
Le convoi funèbre s'est mis immédiatement en marche aux salves de mousquetterie tirées par la garde civique et escorte par celle-ce.
Le deuil était conduit par MM. Raymond et Marcel Pecsteen, fils du défunt, MM. Otto de Mectock et Maleingreau d'Heinbize, capitaine au 4ème de ligne, gendres de M. le baron Pecsten ; suivaient les familles Peers, Otto van Caloen, de Schietere, etc. Parmi les notabilités présentes nous avons remarqué M. le sénateur vau Ockerhout, MM. Albert Ruzette, Albert et Ernest van Caloen, Emm. van Outryve Claeys, conseillers provinciaux, M. Alberic Kervyn, commissaire d’arrondissement, MM. les bourgmestres d'Oostcamp, de Saint-Michel et de Saint-André, M. le lieutenant colonel Stevens, des lanciers M. le major Warnez du 4ème de ligne.
Le cercueil sur lequel étaient étendus les insignes du défunt était porté par des sous-officiers de la garde civique. M. le baron Ruzette, gouverneur de la province, M le comte Amédée Visart, bourgmestre de Bruges. M. le major Van der Hofstadt et M. le capitaine Ensor tenaient les cordons du poêle.
A l'église il n'y avait pas moyen d'entrer, saut pour l'offrande à laquelle ont participé tous les gardes sans exception. C'était vraiment imposant.
En nous rendant à l'offrande, nous avons remarque dans le chœur Sa Grandeur Mgr Waffellaert, évêque de Bruges, qui avait tenu d'assister aux funérailles de M. le baron Pecsteen. Ce témoignage de sympathie publiquement donnée à la mémoire du défunt chef de la garde civique par le chef du diocèse a vivement impressionné la milice citoyenne.
La messe était à sa fin quand l'offrande durait encore. Après le service toute la légion a accompagne le corbillard jusqu'aux confins de la commune d'Oostcamp ; là une dernière décharge de mousquetterie a dit le dernier adieu de la garde à celui qui pendant 29 ans fut son chef respecté et aimé.
Ces funérailles ont été vraiment imposantes. L'empressement mis par les gardes à répondre à l'appel du commandant intérimaire, un jour de semaine, en dehors du territoire de la ville, le service absolument libre par une température suffocante, - c'est là, sans nul doute, une dernière et significative manifestation des regrets qu'inspire la disparition de M. le colonel Pecsteen.