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Magis Alfred (1844-1921)

Portrait de Magis Alfred

Magis Alfred, Matthieu, Joseph libéral

né en 1844 à Liège décédé en 1921 à Liège

Représentant entre 1882 et 1893, élu par l'arrondissement de Liège

Biographie

(Extrait de Le Sénat belge en 1894-1898, Bruxelles, Société belge de Librairie, 1897, pp. 373-375)

MAGIS, Alfred-Mathieu-Joseph, sénateur libéral pour l’arrondissement de Liége. Né à Liége le 7 février 1840.

M. Magis fit ses études à l'Athénée et à l'Université de Liége el il obtint, en ce dernier établissement, les diplômes de docteur en droit et en sciences politiques et administratives.

Les électeurs liégeois le choisirent, le 2 septembre 1872, pour siéger au Conseil communal, et il fut appelé à remplir les fonctions d'échevin de l'instruction publique, le 21 août de l'année suivante . Il conserva ce mandat jusqu'en avril 1884.

L'arrondissement de Liége l'envoya à la Chambre des Représentants, en octobre 1882, et il y resta pendant plus de dix ans.

Enfin, en avril 1893, il fut élu sénateur et vit renouveler son mandat aux élections de 1894, lors du renouvellement intégral des Chambres. Il obtint, au scrutin de ballottage, 47,887 suffrages, soit environ 13,000 voix de majorité sur ses compétiteurs catholiques.

Chaque année, il prend part à la discussion des différents budgets, notamment de celui de l'instruction publique, où il fait constamment preuve de la plus grande compétence.

Partisan de la neutralité en matière d'éducation, l'ancien échevin de Liége a pris plusieurs fois la parole tant la Chambre en 1884 qu'au Sénat en 1895 pour combattre les projets gouvernementaux.

Signalons encore son attitude à propos d'autres sujets.

Etant représentant, M. Magis a, sur le terrain des questions sociales, voté contre le projet de loi relatif à l'insaisissabilité et l'incessibilité des salaires, ainsi que contre le projet sur les habitations ouvrières, à la discussion duquel il prit une part importante. Ses observations firent même modifier les termes du projet de loi, grâce à l'appui de celui qui est aujourd'hui le chef du cabinet, et il l'eût certainement voté si M. Woeste, au dernier moment, n'avait fait accepter un amendement qui amena toute la gauche, y compris l'honorable M. Pirmez, à voter contre la loi. Quoique favorable principe de la réglementation du travail des enfants, il s'est abstenu au vote de la loi de 1889, trouvant que celle-ci va trop loin dans la réglementation du travail des adultes et qu'elle laisse au gouvernement un pouvoir trop arbitraire vis-à-vis de l'industrie.

D'après cette attitude, comme aussi d'après les idées qu'il a maintes fois exprimées au cours des discussions que, souleva le dépôt des différentes lois tendant à l'amélioration du sort des classes laborieuses, on peut dire que l'honorable M. Magis a des tendances manchestériennes prononcées.

Il se rattache, comme la plupart de ses collègues du banc de Liége, à cette vieille école libérale. qui est la négation de toute conception socialiste, même dans le sens le plus mitigé du mot.

Il se déclara néanmoins partisan du projet de loi sur les règlements d’atelier parce que, disait-il, il constituait un essai loyal, une preuve de bonne volonté donner à la classe ouvrière et parce que le ministre de l'Industrie et du Travail avait amendé son projet en tenant compte, pour une large part, des observations des industriels.

A l'époque de la révision, avec le gros de l'armée libérale modérée dont feu M. Frère-Orban fut pendant tant d'années le généralissime, M. Magis se déclara adversaire résolu du universel, quoique corrigé par le vote plural.

Il s'abstint au vote sur l'article 17 de la Constitution établissant le nouveau droit électoral et il garda la mime attitude pour les articles relatifs au Sénat.

Dans la discussion du projet de loi relatif aux droits d'entrée, il s'est déclaré libre-échangiste.

Enfin, persuadé que le territoire national ne sera en sûreté que lorsque chacun remplira ses devoirs militaires, il a critiqué à plusieurs reprises le système du volontariat et préconisé l'établissement du service personnel et obligatoire.

En ce qui concerne la question africaine, après avoir voté l'union personnelle, le prêt de 25 millions et la souscription de 10 millions pour la construction du chemin de fer, l'honorable sénateur de Liége s'est refusé à toute nouvelle demande de crédit quand il lui parut que le gouvernement engageait le pays de plus en plus dans la politique coloniale.

M. Magis est membre du bureau administratif de l'Athénée et de la Commission administrative du Conservatoire royal de Liége depuis 1873. Il a aussi été membre du Conseil de perfectionnement de l'enseignement primaire.

M. Magis est officier de l'Ordre de Léopold.


(Extrait de La Meuse, du 4 décembre 1921)

Un vieux Liégeois qui disparaît : M. Magis, ancien sénateur, est mort.

Une douloureuse nouvelle s'est répandue ce samedi matin en ville : notre cité vient de perdre un de ses meilleurs citoyens, M. Alfred Magis.

Le défunt avait consacré une grande partie de sa vie à la chose publique. Dès 1872 il entrait au Conseil communal, où il représenta le parti libéral jusqu'en 1895.

Dès 1873, il entrait au Collège, et dans les Collèges Pierrot et Mottard, il détenait le portefeuille de l'Instruction publique. Pendant onze ans il déploya dans cette tâche haute et difficile une belle conscience professionnelle, un sincère amour de l'instruction populaire. Sous son échevinal, de nombreuses écoles furent créées, des bibliothèques populaires organisées. M. Magis eut à appliquer la loi scolaire de 1879. Grâce lui, la guerre scolaire ne causa aucun préjudice à notre enseignement. Des réformes pédagogiques utiles introduites par M. l'échevin Magis laissèrent des traces profondes, et son nom est resté en honneur parmi les « anciens » du personnel enseignant.

En 1882, il entrait à la Chambre, où il siégea jusqu'en 1892. Membre actif du groupe Frère-Orban, il fut, dans la majorité comme dans l’opposition, un défenseur zélé des intérêts de notre ville : Wallon convaincu, il fut un des adversaires les plus constants du flamingantisme, dont il dénonça les premières manifestations.

La mort de M. Poulet l'appela au Sénat.

II prit part travaux de la Constituante et combattit avec autorité la loi scolaire de 1895. La première application de la R.P. l’écarta momentanément du Parlement.

II y rentra en 1901 et fut constamment réélu, restant jusqu’au bout un mandataire consciencieux et jouissant de la haute estime de ses collègues de tous les partis.

L'an dernier, une grave affection de la vue l'empêcha d’accomplir jusqu’au bout son dernier mandat. II se démit alors en faveur de M. Remouchamps.

Une manifestation de sympathie lui apporta l'hommage des groupements libéraux, celui aussi de l’œuvre du Vestiaire Libéral, dont il était, depuis la fondation, président d’honneur.

A cette occasi01i, on rappela qu'il avait patronné la première candidature de M. Xavier Neujean, notre actuel ministre.

De M. Magis, il restera le souvenir d’un honnête homme, unissant à un attachement inflexible à ses principes une haute courtoisie.

II meurt à l’âge de 81 ans, laissant une veuve. Mme Magis-Trasenster, et deux filles .

Son fils, qui donnait de grands espoirs, l'avait précédé de plusieurs années dans la tombe.


(Extrait de La Wallonie, du 6 décembre 1921)

Il vient de s'éteindre à Liége un homme politique qui reprsentait à lui tout seul une époque, Nous avons cité M Alfred Magis, ancien échevin de l’Instruction, ancien député, ancien sénateur. II meurt à 81 ans. Il avait quitté la vie politique, il y a deux ans seulen'ent. Mais à vrai dire son rôle avait été beaucoup atténué depuis l'effondrement de la puissance doctrinaice après 1894.

M. Magis entra au Conseil communal de Liége en 1871, époque du Conseil commtinal libéral homogène. ll fit partie du Collège échevinai. II y fit preuve de volonté anticléricale et antidémocratique. II représentait la hautaine bourgeoisie doctrinaire qui ne souffrait ni les prêtres, ni les petits et moyens bourgeois et encore beaucoup moins les ouvriers.

II défendit le pouvoir et les écoles publiques contre le clergé. Il défendit les privilèges de la grosse bourgeoisie industrielle et financières contre les travaillèurs du peuple et de la petite bourgeoisie,

Maîtres absolus des communes, de la provinces et de l'Etat, après 1884, les doctrinaires firent sentir à tous les esprits indépendants la dureté de leur tyrannie, C’est ainsi que l'instituteur Célestin Demblon fut révoqué par l’échevin Magis pour avoir parlé en faveur du suffrage universel.

A la Chambre et au Sénat, M. Magis continua sa politique doctrinaire en prenant le ton des grands seigneurs de la bourgeoisie du XIXème siècle, c'est-à-dire en affichant une courtoisie plus dédaigneuse que cordiale et qui, voulant imiter l’urbanité des aristocrates du siècle antérieur, ne savait que se montrer hautaine et guindée.

M. Magis fit grande figure dans ce monde doctrinaire.

Si cette grosse bourgeoisie a fait tant de tort aux petites gens, nous devons pourtant dire que M. Magis dota la ville de Liége d'une école industrielle et de l'école moyenne laïque de demoiselles. Nous ne pouvons que louer ces deux heureuses initiatives.

Pour le surplus, avec M. Magis, disparaît un adversaire irréductible qui, dans son genre, fut un homme dangereux pour la démocratie ; mais ses excès de doctrinaire provoquèrent dans la ville un mouvement démocratique dont les socialistes sont aujourd'hui les héritiers.


(Extrait du Matin, du 6 décembre 1921)

Nous apprenons la pénible nouvelle du décès, dans sa 82ème année, de M. Alfred Magis, administrateur de la Banque de crédit commercial.

C’est une grande et belle figure qui disparaît du monde de la politique, de la finance et de l’industrie en Belgique.

Après de brillantes études, Magis conquit, très jeune encore, son diplôme d’avocat, mais il ne professe point au barreau où les plus belles espérances l’attendaient cependant : son inclination naturelle le poussant vers la politique et les affaires.

Appartenant à l’opinion libérale, M. Magis fut successivement conseil communal et conseiller provincial. A 30 ans, il était échevin de l’instruction publique à Liége, sa ville natale. Il fut, en outre, pendant plus de 40 ans, député, puis sénateur de cet important arrondissement. Il n’y a que quelques mois qu’il renonça à ce dernier mandat, pour raison de santé.

M. Magis ne s’est pas contenté de faire grande figure dans toutes les assemblées dans lesquelles il a siégé. Il y a laissé des traces de sa grande activité : sa compétence spéciale dans les questions financières et industrielles était unanimement reconnue et appréciée, même parmi ses adversaires politiques qui se plaisaient d’ailleurs à reconnaître la noblesse et l’intégrité de son caractère.

M. Magis connaissait et aimait Anvers : il appréciait la puissance économique de son port et tant à la Chambre qu’au Sénat, il poussa toujours à l’extension de nos installations maritimes et défendit le principe du libre échangisme.

M. Magis fut nommé administrateur de la Banque de crédit commercial de notre ville, en 1886. Il n'avait que 25 ans mais, déjà, son attrait pour les questions financières et commerciales avait éveillé l'attention d ses concitoyens. Depuis, c'est-a-dire depuis 56 ans, fait unique sans doute dans les annales des sociétés du monde entier, ce mandat d'administrateur lui fut renouvelé l'unanimité.

Au moment de son décès, M. Magis était encore revêtu de ce mandat.

En cette qualité, M. Magis contribua puissamment à la prospérité d’Anvers, dont lui, Liégeois, aimait à narrer, avec force détails, l'historique des principales maisons d'armement et de commerce de notre ville durant ces cinquante dernières années, et à ce titre, nous nous faisons un devoir de rendre un public hommage à sa mémoire et d'adresser à l’administration de la Banque de crédit commercial, l'expression de nos bien sincères condoléances.

M. Alfred Magis était encore administrateur de la Banque liégeoise, d’Ougrée-Marihaye et de diverses autres sociétés industrielles.

Sa mort sera vivement pleurée par les siens et par ses nombreux amis et admirateurs.


Voir aussi : CAULIER MATHY, dans Nouvelle biographie nationale de Belgique, Bruxelles, Académie royale de Belgique, 2003, t. 7, pp. 243-247