Lejeune Jules, Pierre, Gilles, Joseph libéral
né en 1819 à Waremme décédé en 1898 à Waremme
Représentant entre 1878 et 1886, élu par l'arrondissement de Waremme(Extrait de La Meuse, du 24 novembre 1898)
Waremme vient de perdre un de ses meilleurs citoyens, un des hommes les plus aimés et les plus respectés de l’arrondissement, M. Jules Lejeune, qui, pendant de longues années, a été à la tête de la commun. M. Lejeune est décédé hier 23 novembre à l'âge de 80 ans, entouré des soins affectueux d'une famille qui l'adorait. Il avait été représentant libéral de Waremme de 1878 à 1886 et bourgmestre de cette importante localité pendant 28 ans, de 1866 à 1894.
Ancien notaire, ancien président de la Chambre des notaires, c'était un fonctionnaire fort estimé et qui rendait très volontiers service à tous, c'était aussi un homme très aimable, d'une cordialité rare, d’un caractère ferme et droit et qui jouissait dans tout l'arrondissement des plus vives sympathies. La fermeté de convictions politiques libérales avait assuré sa popularité Waremme, où on ne l'oubliera pas de longtemps.
M. Jules Lejeune était chevalier de l'Ordre de Léopold. La nouvelle de sa mort a été accueillie avec douleur et les plus sincères regrets par tous ses amis. Nous adressons à sa famille nos plus affectueuses condoléances.
(Extrait du Peuple, du 28 novembre 1898)
M. Lejeune.
L'ancien bourgmestre de Waremme a été enterré, samedi matin, au milieu d’une foule venue d'un peu partout pour rendre un dernier hommage à celui qui joua en Hesbaye un rôle assez marqué.
M. Jules Lejeune, ni à Waremme en mars 1819, succéda à son père Michel Lejeune, comme notaire et bourgmestre de Waremme. Il fut président de la Chambre des notaires de l'arrondissement judiciaire de Liége. Dès sa jeunesse il fut un défenseur ardent des idées libérales, nuance Frère-Orban.
Pendant 30 ans, il fut le premier magistrat de Waremme. Il se signala surtout par son dévouement à l'instruction publique. N'eût-il que ce seul titre au respect du peuple, que cela suffirait, alors que nous voyons chaque jour porter atteinte, par les cléricaux sectaires, à la liberté de conscience et à l'enseignement public. M. Lejeune fit construire la nouvelle école moyenne, accorda à celle-ci une protection éclairée, créa en 1875 une bibliothèque populaire, fit construira de nouvelles écoles primaires, fonda l'école gardienne, etc.
Sous le régime censitaire. il fut envoyé à la Chambre pour l'arrondissement de Waremme. Il échoua ensuite contre M. Cartuyvels, arrivé au cri de : « Vive le protectionnisme ! »
M. Lejeune, depuis plusieurs années déjà, avait abandonné la vie politique. Il meurt après une longue maladie, laissant le souvenir d'un homme bon vivant, ayant eu toujours le souci jaloux de laisser chacun faire à sa guise, montrant en toute circonstance la plus large tolérance, sans jamais user vis-à-vis des petits de représailles, comme savent en employer les cléricaux où certains doctrinaires actuels qui n'admettant point les opinions contraires aux leurs.
(Extrait de La Meuse, du 29 novembre 1898)
Samedi dernier ont eu lieu Waremme, au milieu d'un énorme concours de monde. les funérailles de M. Jules Lejeune, dont nous avons annoncé la mort.
Nous avons remarqué, dans le défilé à la maison mortuaire, MM. le baron de Sélys-Longchamps et comte de Borchgrave d’Altena, sénateurs ; Streel et Pitsaer, représentants; Heptia, député permanent; Henri Massart, Naveau, Gérard, Mottin, conseillers provinciaux ; Lekeu et Jacques, juge de paix au tribunal de Liége : Dutilleux, juge de paix de Waremme ; de nombreux notaires du canton et de l’arrondissement et une foule de notabilités hesbignonnes.
L'élément populaire était extrêmement nombreux.
A la maison mortuaire, le vénérable M. de Sélys-Longchamps, sénateur, doyen du Conseil communal de Waremme, a prononcé d'une voix émue le discours d'adieu, au nom de la ville de Waremme et des amis du regretté défunt.
Après les obsèques, un long cortège, précédé de la Société de fanfares les Bleus, exécutant des marches funèbres, a conduit au champ de repos les restes mortels de M. Jules Lejeune, dont le souvenir restera longtemps à Waremme.
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Discours prononcé par M. le baron de Sélys-Longchamps, sénateur, conseiller communal de Waremme
« Messieurs, nous sommes réunis pour rendre les derniers devoirs au digne citoyen que la mort vient de nous enlever, qui fut pendant vingt- huit ans le bourgmestre populaire de notre ville, jusqu'au moment où sa santé altérée l'obligea à prendre sa retraite en 1894.
« Je remplis ce devoir de gratitude au nom du Conseil communal, dont le concours ne manqua jamais à M. Jules Lejeune pour prendre les mesures propres à développer la prospérité morale et matérielle de Waremme.
« M. Jules Lejeune, né le 13 mars 1819, était le fils de M. Michel Lejune, notaire, bourgmestre de Waremme pendant plus de cinquante ans. Comme lui, il était dévoué d’une manière absolue à notre commune, dont la situation ne cessa de s’améliorer depuis l’établissement du chemin de fer en 1838 et l’ouverture de nouvelles voies de communications, y compris la construction des chemins de fer vicinaux de Waremme à Huy et de Waremme à Oreye.
« Simultanément, notre Administration avait à pourvoir à la construction d’édifices publics importants, tels que les écoles communales, l’Ecole moyenne de l’Etat, nouvellement créée et dont le succès s’affirma rapidement ; la Justice de Paix, la gendarmerie, la reconstruction de l’église paroissiale, devenus insuffisants par suite de l’augmentation de la population qui, de 2,000 habitants en 1866, s’élève aujourd’hui à près de 4,000. M. Jules Lejeune s’est constamment préoccupé de ces grands travaux et d’en rendre la réalisation possible par ses démarches auprès du gouvernement.
« Je vais du reste vous retracer brièvement la carrière si bien remplie du regretté défunt.
« M. Lejeune fut nommé notaire en remplacement de son père, démissionnaire, en 1846, et, la même année, il fut appelé à la présidence du bureau de bienfaisance, charge qu'il remplit consciencieusement pendant vingt ans. Entretemps, ses collègues l'élirent président de la chambre des notaires de l'arrondissement judiciaire de Liége.
« Le 28 mai 1866, les électeurs l’appellent à faire partie du Conseil communal pour succéder à son honorable père, qui se retirait à cause de son grand âge. Le gouvernement ratifia ce choix en lui conférant, le 12 juillet suivant, les fonctions de bourgmestre de Waremme, qu'il occupa jusqu'au 13 avril 1894, époque à laquelle l'état de santé l’obligea à les résigner. C’est alors que le gouvernement, écoutant les vœux du Conseil et de ses habitants, nomma pour lui succéder M. Charles Lejeune, notre bourgmestre actuel, qui avait déjà remplacé son père comme notaire, en 1880, par suite de démission.
« En 1878, les Chambres créèrent une seconde place de représentant pour notre arrondissement, à raison de l’augmentation du nombre des habitants constatée par le recensement.
« La Société libérale de l’arrondissement de Waremme offrir la candidature à M. Jules Lejeune. Celui-ci éprouvait beaucoup de répugnance à l’accepter, une session de sept à huit mois par an à passer hors de Waremme n’étant pas dans ses goûts. Nous parvînmes toutefois à le décider à faire ce sacrifice à l’opinion libérale à laquelle toute sa vie il resta dévoué, et le 11 juin 1878 il fut élu, puis réélu le 9 juin 1882 pour un second terme de quatre ans, qui prit fin en 1886.
« Mais ses fonctions législatives ne lui souriaient guère ; il ne les accomplit que par devoir envers ses commettants, se bornant à émettre des votes consciencieux et à veiller auprès du gouvernement aux intérêts des communes de l’arrondissement et à ceux des habitants dont il avait à appuyer les requêtes particulières. Aussi ne fût-il pas réélu en 1886 ; il ne déplora le résultat de cette journée qu’au point de vue politique.
« Le Roi, sous le ministère libéral, en 1882, considérant les longs et nombreux services administratifs rendus par M. Lejeune pendant une période de trente-quatre ans, le nomma chevalier de l’Ordre de Léopold le 7 juin 1882.
« La partie active de sa vie se prolongea encore pendant douze années, ce qui forme un total de quarante ans de loyaux services publics.
« Sous son administration et avec son concours intelligent, un grand nombre d’affaires intéressant Waremme à un haut degré furent instruites et réglées. Citons les principales.
« Le 22 décembre 1866 eut lieu l’adjudication de la construction du grand édifice consacré à la Justice de Paix et aux écoles communales. L’école gardienne fut établi quelques années plus tard ainsi que l’école d’adultes.
« Le 9 juillet 1874, ce fut le tour de la reconstruction de l’Ecole moyenne de l’Etat : la reconstruction de l’église paroissiale fut adjugée le 7 juillet 1879.
« C’est encore sous son administration qu’eurent lieu la reprise par l’Etat des chemins de grande communication ; la Chaussée romaine, le chemin de Waremme à Oleye, celui de Waremme à Lens-Saint-Remy ; la création par l’Etat de la route de Waremme à Hasselt par Roclenge et Marlinne et celle de Waremme à Saint-Trond par Bettincourt et Goyer et l’ouverture des chemins de fer vicinaux de Waremme à Huy et de Waremme à Oreye.
« Celui que nous sommes venus saluer une dernière fois ici laissera parmi tout ceux qui l’on connu un souvenir inaltérable, car son caractère était franc et loyal et l’homme privé était aussi bon et serviable que dévoué.
« Moi, le plus vieil ami de la famille Lejeune, je viens lui dire un suprême adieu.
« Adieu ! cher et ancien collègue Jules Lejeune ! Repose en paix ! »