Lambiotte Auguste, Lucien, Thomas libéral
né en 1862 à Marche-en-Famenne décédé en 1920 à Fontainebleau (France)
Représentant entre 1892 et 1894, élu par l'arrondissement de Bruxelles(Extrait du Soir, du 8 mai 1920)
On annonce la mort de M Auguste Lambiotte, décédé à Saint-Germain, où il était allé s'installer depuis août 1914.
M. Larnbiotte fut député, puis sénateur de Bruxelles.
Il fut un des fondateurs de La Réforme avec Paul Janson, Emile Féron et Georges Lorand. Diplômé de l'Institut de commerce d'Anvers. M. Lambiotte s'était spécialisé dans les questions d'ordre économique, et sa parole, souvent, fit autorité au Sénat.
Foncièrement bon et généreux, il ne comptait que des amis, et sa mort causera chez tous ceux qui l'ont connu de vifs regrets.
(Extrait de La Dernière Heure, du 8 mai 1920)
M. A. Lambiotte est mort. Intelligence claire et cœur chaud, c’était un combattif.
M. Auguste Lambiott, ancien sénateur de Bruxelles, est mort dans la nuit de mercredi à jeudi, à Fontainebleau, où il s'était retiré depuis la guerre.
C'est une des curieuses figures du parti libéral qui s’évanouit. Auguste Lambiotte avait la trempe des lutteurs ; il était musclé comme un athlète et promettait une longue vie.
La mort, bizarre ironie, l’a surpris en pleine maturité, à peine âgé de 59 ans. Il donna le meilleur de son être à tout ce qu'il entreprit, que ce fût en politique ou en affaires; de là la mort précoce de cet homme qui, par son énorme stature, semblait pouvoir défier le temps.
On le revit pour la dernière fois à Bruxelles en novembre 1919, lors de la réunion plénière que tinrent les mandataires du libéralisme parlementaire. A ce moment. la maladie avait fait de grands ravages chez ce géant. Mais il avait conservé, malgré ses souffrances physiques, le cœur chaud et l'intelligence claire.
Sa parole possédait encore les robustes accents qu’on lui avait connus; sa foi en ses principes était demeurée entière. comme aux jours des grands combats.
Auguste Lambiotte s’était adonné à la politiqué dès la reprise du pouvoir par les cléricaux, en ISS4. Il batailla alors par la parole et par la plume qu'il maniait avec une égale puissance. En 1888, il fut le candidat de l'Association libérale pour la Chambre.
C’était la période d'incohérence dans l’opinion publique.
Il échoua. En 1892, il se présenta à nouveau. Cette fois. ce fut le triomphe. Il siégea à la Constituante de 1892 à 1894. Cela nous reporte aux violentes luttes pour le suffrage universel, qu'il détendit avec une âpreté farouche. La majorité de Chambre y était opposée ; il dut, hélas ! accepter le vote plural, qui marquait un progrès sérieux sur le régime censitaire à jamais sacrifié.
La période qui s'écoula jusqu'au moment où il entra au Sénat ne fut pas stérile au point de vue politique pour ce cerveau en constante ébullition, pour ce combatif exemplaire. Son ardeur ne tiédit point. Dès 1902, date à laquelle il fit partie de cette assemblée et jusqu'au moment de l’invasion. il prit une part active et parfois prépondérante à tous les débats.
Sa parole avait de l'autorité, de la précision et ure grande netteté. Elle éclatait avec force sous la coupole sénatoriale. En Auguste Lambiotte disparaît un des plus opiniâtres et des plus vigoureux soldats du libéralisme contemporain.
(Extrait du Matin, du 9 mai 1920)
Une ancienne personnalité, qui eut son heure de notoriété, vient de disparaître, alors qu’elle était déjà effacée dans l’oubli. Il s'agit de M. Auguste Lambiotte grand industriel du Luxembourg belge transplanté à Bruxelles, où il mena d'ardentes campagnes sur le terrain politique avec Janson, Féron, Robert, Lemonnier et tant d'autres. il fut de la pléiade ardente qui prépara, qui hâta, qui aida à réaliser la révision constitutionnelle.
C'était un beau tempérament de lutteur et son désintéressement était égal à son dévouement. Il fut parmi les fondateurs de La Réforme qu'il administra pendant des années. II fut député de Bruxelles à la Constituante, puis représenta le libéralisme uni au Sénat. Il parlait rarement, mais n'abordait, avec clarté et concision, que les questions qu'il avait étudiées et qu'il connaissait.
Jeune encore, la maladie l'avait terrassé, sans l'abattre. Il avait acheté une propriété à Fontainebleau, au seuil de la forêt merveilleuse. et il vivait là dans une retraite douce et tranquille. Tous ceux qui l'ont connu et qui, l'ayant connu. avaient appris à l'estimer se rappelleront ce gros garçon joufflu. toujours joyeux et souriant ; il était la cordialité incarnée, la bonté et la générosité en action.
Peu d'hommes laisseront derrière eux autant de sincères regrets. Peu d'hommes méritaient d'aussi sincères éloges.
De cette cohorte progressiste prestigieuse, qui lutta beaucoup naguère au sein du parti libéral - qui lutta trop, qui lutta pour la gloire ! - il ne reste guère, depuis la mort de Georges Lorand, que quelques sous-officiers de première classe.
Les autres ont disparu. Paix et honneur à leur mémoire !