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Gierkens Adolphe (1855-1904)

Portrait de Gierkens Adolphe

Gierkens Adolphe, Joseph socialiste

né en 1855 à Verviers décédé en 1904 à Verviers

Représentant 1894-1898 , élu par l'arrondissement de Verviers

Biographie

(Extrait de La Chambre des représentants en 1894-1895, Bruxelles, Société belge de Librairie, 1896, pp. 332-333)

GIERKENS, Adolphe-Joseph,

Représentant socialiste pour l’arrondissement de Verviers, né à Verviers, le 9 avril 1855

M. Gierkens connut de bonne heure la lutte pour la vie : à peine âgé de 10 ans, il travailla la fabrique comme encolleur de chaînes puis comme tisserand ; de bonne heure aussi, il entra dans le mouvement socialiste.

Incorporé dans l'armée, il fut caporal au régiment des grenadiers.

Membre de l'Internationale, des Francs Ouvriers, du Cercle d'études et d'instruction mutuelle, il créa diverses coopératives et mutualités et fut délégué au Congrès de Bruxelles où fut créé le parti ouvrier belge.

En 1885, il a été appelé aux fonctions de conseiller prud'homme. Il est également membre-visiteur des prisons pour le Comité de patronage des condamnés, dont il fait partie depuis la fondation.

Il travailla en 1889 la célébration du centenaire de la Révolution française.

Il fut candidat aux élections communales et provinciales en 1884, 1887 et 1890, mais échoua. Il a été élu représentant par l'arrondissement de Verviers au ballottage du 21 octobre 1894 par 27,136 suffrages, contre 22,000, donnés la liste catholique. Au premier tour de scrutin, il avait obtenu 15,320 voix ; le plus favorisé des catholiques, M. Loslever, député sortant, en avait recueilli 19,071, les libéraux 10,000 et les progressistes 7.000 environ.


(Extrait du Peuple, du 10 juillet 1904)

Ce n'est pas sans une affliction sincère et profonde, qu'au nom du Parti ouvrier belge, nous voulons rendre hommage à la mémoire d'Adolph Gierkens.

Celui qui disparaît aujourd'hui et auquel les socialistes de la vallée de la Vesdre s'apprêtent à faire de touchantes funérailles populaires, fut, avant tout, une physionomie typique, incarnant d’une manière saisissante cette classe ouvrière du pays de Verviers, intelligente, cultivée, primesautière, tour à tour enthousiaste ou frondeuse, émotive ou sarcastique, joignant à la conscience du but, la vigueur de l'élan, à qui ne manque peut-être, vertu maîtresse de la race gantoise et des populations wallonnes du Centre, que l'opiniâtre continuité dans l'effort, capable de toutes les bravoures, de tous les sacrifices, de toutes les abnégations, mais mal préparée, dans l'exaltation de sa foi, à supporter les déconvenues, les revers, l’épreuve de la défaite, toujours prête cependant, après les premières heures d'amertume, à panser elle-même ses blessures, à retremper ses propres énergies, à raviver ses vieilles espérances déçues, à reprendre avec une ardeur nouvelle le combat un instant interrompu, et à poursuivre plus impétueusement que jamais la victoire finale, en vain tant de fois entrevue.

Pauvre cher Adolphe Gierkens. La fabrique fut l’école de sa jeune âme réceptive et douloureuse, si bien faite pour s'adapter aux âpres souffrances et aux sourdes amertumes dont les siens pâtissaient autour de lui. Il n'avait pas vingt ans que déjà l'esprit de sainte révolte et les nobles sentiments de solidarité s'éveillaient en lui ; tandis qu'insouciants et délurés, les petits rattacheurs, ses premiers compagnons de travail, la journée à peine terminée, s'évadaient vers les jeux, les guinguettes et le vagabondage a travers monts et vaux, el l'amour précoce des sèves printanières, lui, était hanté par les grandes idées de rénovation sociale qu'on respirait dans l'atmosphère, en cette période épique ; c'était au temps de l'Internationale ; il en fut, avec nos meilleurs et nos plus fidèles vétérans, dont beaucoup maintenant, comme Charles Picraux, s'en sont allés modestement dormir sous le tertre des humbles; el toute sa vie, on peut dire, qu'Adolphe Gierkens resta de l'Internationale.

Sa conception socialiste demeura d'une émouvante et belle sentimentalité révolutionnaire. Certes, il fut des nôtres par toute la logique de sa haute mentalité ouvrière, mais c'est par le cœur surtout qu’il nous appartint. Boycotté, il connut les angoisses du plus dur struggle for life, mais ce ne furent pas ses propres misères qui entretinrent chez lui, la flamme d une perpétuelle insurrection, ce fut le spectacle de la détresse des autres, voués une implacable insécurité et condamnés de cruelles privations. L'iniquité l'emplissait de colère, et il fut au-dessus de tout, un exaspéré de la grande injustice sociale.

Ce fut un mandataire intègre et dévoué ; il avait l'éloquence de la sincérité ; son langage à la tribune était celui d'un barde wallon qui eût clamé la géhenne où gémissent nos tisserands et nos fileurs... Maintes fois, dans l’auditoire, il fit pleurer les mères el se crisper les poings des vieux, quand il leur montrait un accent d'indignation vengeresse l'avenir réservé aux enfants, si un grand vent de libération ne passe pas !

Pauvre cher Adolphe Gierkens !

C'est fini ! Ta voix généreuse et puissante, s'est éteinte... Du moins, toi qui fut un prolétaire d'élite, grand par le cœur, ton souvenir vivra dans le cœur de tous ceux qui l’ont connu !


Le site du Maîtron (consulté le 6 décembre 2025) indique en outre qu’Adolphe Gierkens était :

- cabarétier ;

- un des fondateurs du cercle socialiste verviétois En Avant à la fin de 1881, un de ses propagandistes et collaborateur de son journal, La Sentinelle ;

- délégué de la Fédération des Sociétés de secours mutuels en tant que représentant des travailleurs, au bureau de la Commission d’enquête parlementaire lors de ses séances à Verviers en 1886.

- collaborateur de La Voix du Peupleen 1899 ;

- conseiller communal de Verviers à partir de 1899 ;

- candidat (non élu) lors des élections législatives en 1900 et 1902.