Flechet Guillaume, Jean liberal
né en 1818 à Warsage décédé en 1887 à Warsage
Représentant entre 1882 et 1887, élu par l'arrondissement de Liège(Extrait de La Meuse, du 3 janvier 1887)
Nous avons annoncé, avant-hier, la mort de M. Guillaume Fléchet, représentant, décédé subitement la veille à Warsage, à l’âge de 70 ans.
Cette mort prive l’arrondissement de Liége d’un représentant capable, éclairé, dévoué à ses intérêts.
M. Guillaume Gléchet avait commencé par faire partie du Sénat où il fut élu le 19 avril 1872, en remplacement de M. de Hasse de Grand’Ry, décédé.
Après avoir fait partie du Sénat pendant dix ans, il fut nommé membre de la Chambre en 1882 ; son mandat avait été renouvelé l’année dernière.
Au Sénat comme à la Chambre, M. Fléchet prenait plus spécialement part aux discussions parlementaires relatives aux travaux publics et aux intérêts agricoles de la province. Vice-président de la Société agricole de l’Est de la Belgique, l’honorable député connaissait parfaitement toutes ces questions. C’était un homme d’un sens droit, d’un jugement sûr, ayant une grande expérience des affaires. Très serviable, très dévoué à ses commettants, il possédait dans notre arrondissement une légitime popularité.
Depuis un grand nombre d’années, M. Fléchet était bourgmestre de Warsage (canton de Dalhem), dont tous les habitants l’entouraient de la plus vive et de la plus sincère affection, et qui tous le pleurent comme un père.
Le regretté défunt était chevalier de l’ordre de Léopold et décoré de la Croix civique de première classe.
(Extrait de La Réforme, du 2 janvier 1887)
Une dépêche de Liége nous annonçait hier matin la mort de M. Fléchet, représentant de Liège :
Liége, 2 janvier.
M. Fléchet avait passé la soirée de la veille avec des amis. Il les quitta bien portant et de belle humeur. Le 1er janvier matin, on le trouva mort dans son lit, enlevé par une congestion.
L'enterrement sera probablement civil.
M. Fléchet avait été bourgmestre de Warsage ; de conseiller provincial il devint sénateur, puis ne payant plus le cas, il redevint simple particulier. Il demanda ensuite à M. Frère et obtint de lui la permission d'être candidat représentant en 1882, ce qui fit dire à M. Hanssen. et à feu Emmanuel Desoer que leurs candidatures, à eux, n’avaient pas été enregistrée.
Du rôle de M. Fléchet à la Chambre, rien à dire. Il n'en a joué aucun. Il ne se détacha du ministère doctrinaire qu'une fois, pour voter avec presque toute la gauche contre le ministère, uni à la droite, l'extinction du traitement des chanoines et la diminution de celui des évêques.
(Extrait du Patriote, du 4 janvier 1887)
En mentionnant hier le décès de l’honorable député de Liége, nous avons oublié une particularité intéressante.
M. Fléchet - qui n’a pas encombré le Moniteur de sa prose parlementaire - s’est néanmoins signalé par une grosse fumisterie, à peine pardonnable à un agothopète ou à un carabin.
A l’ouverture de la dernier session, il a prêté le serment constitutionnel en wallon..
On a trouvé cette puérile manifestation anti-flamingante délicieusement spirituelle… De gustibus et coloribus non st disputandum.
(Extrait du Courrier de l’Escaut, du 7 janvier 1887)
M. Fléchet, représentant de Liége, est mort subitement le 1er janvier.
Le défunt avait siégé au Sénat pendant quelques années pour le même arrondissement et avait cédé son mandat à M. Montefiore, en 1882 pour entrer à la Chambre.
C’est M. Fléchet qui, à l’ouverture de la session actuelle, prêta le serment constitutionnel en wallon, au milieu de l’hilarité générale de la Chambre [Note du webmaster : séance du 10 novembre 1886.]
(Extrait de La Meuse, du 5 janvier 1887)
Funérailles de M. J. G. Fléchet, membre de la Chambre des représentants
Les funérailles civiles de Fléchet, membre de la Chambre des représentants, ont eu lier hier après-midi, à Warsage, au milieu d'un immense concours de monde. Le regretté défunt ne comptait, en effet, que des amis qui, toujours, avaient pu apprécier sa bonhomie, la franchise de son caractère et son extrême serviabilité ; dans l'arrondissement de Liége, dans le canton de Dalhem tout spécialement, il avait pu, dans sa longue carrière, et toujours avec la même modestie, obliger amis comme adversaires politiques. Et tous, dans ce jour de deuil, avaient tenu à accompagner la dépouille mortelle de M. Fléchet jusqu'à sa dernière demeure.
A Warsage. commune dont le défunt avait, pendant longtemps, été le vénérable bourgmestre, le deuil était général, et chacun déplorait la mort de cet homme de bien, de ce citoyen d'élite si dévoué à la chose publique. Un train spécial avait amené à Visé la députation parlementaire. Celle-ci, escortée par un escadron du 2ème lanciers, sous le commandement du capitaine Barveet, s'est rendue immédiatement à Warsage.
Nous remarquons MM. De Lantsheere, président de la Chambre ; comte de Kerchove de Denterghem, Lescarts, Léon d'Andrimont, Neef, Dupont, Neujean, Warnant, Hanssen, Jamme ; Bruninkx, secrétaire de la questure.
L'honorable gouverneur de la province, M. Pety de Thozée, avait reçu mission de remplacer le ministre de l'intérieur, empêché d'assister à cette triste cérémonie.
A la maison mortuaire se trouvaient déjà :: MM. Robert, vice-président du Conseil provincial ; Halbart, Masson, Marcotty, de Macar, Hodeige, Jeanne. conseillers provinciaux, et Cornet, de la Députation permanente ; Halkin, colonel commandant de place ; Nicha. Ghinijonet, conseillers communaux : une nombreuse députation de l'Association libérale de Liége et M. Dereux, président : un grand nombre de notabilités politiques. industrielles. M. Jules Neef, président de la Société agricole de l'Est, ainsi que beaucoup d'agronomes et d'agriculteurs ; le Conseil communal de Warsage, une foule d'amis et presque tous les habitants de la commune.
Les honneurs dus à un membre de la Législature étaient rendus par un bataillon du 9ème de ligne, le commandement du colonel Derasche, par l’état-major du régiment, le drapeau et la musique.
A la maison mortuaire. trois discours ont été prononcés : le premier par M. De Lantsheere, président de la Chambre des représentants. au nom de cette assemblée ; le second, par M. Emile Dupont, au nom de la députation liégeoise à la Chambre ; le troisième. par M. Jules Neef, président de la Société agricole de l'Est, au nom de celle ci.
Le cortège se met en marche vers 2 1/2 heures. En tête se trouvent les enfants des écoles communales, puis la musique « La Jeunesse de Warsage. » Le cercueil était porté par les huissiers de la Chambre et les coins du poêle tenus par MM. De Lantsheere, Pety de Thozée, Dupont et un échevin de la commune.
MM. Théodore, Jules et Lambert Fléchet, dont la douleur faisait peine à voir, M. Soubre et d'autres membres de la famille conduisaient le deuil.
Puis les porteurs de nombreuses couronnes ; les drapeaux de l'Association de Liége et des Etudiants libéraux, et enfin une foule immense d'amis et de connaissances de la famille. Les troupes sont échelonnées et encadrent le cortège.
Au cimetière. M. Marie, remplaçant M. le président de l'Association libérale du canton de Dalhem, prend le premier la parole ; un deuxième discours est prononcé par M. Fabry, au nom de la section cantonale de la Société agricole de l'Est, et un troisième par M. Schreurs, au nom du Conseil communal de Warsage.
Ces discours, que nous reproduisons, disent éloquemment la perte que l'arrondissement vient de faire et les universelles sympathies dont le regretté défunt était entouré.
* * *
Discours de M. de Lantsheere, président de la Chambre des représentants.
Messieurs,
Quel spectacle navrant, Messieurs, que celui de cette tombe qui s'ouvre brusquement au moment où tous les vœux convient à toutes les espérances ! La mort est venue, implacable, nous montrer une fois de plus combien nos destinées sont incertaines et combien sont décevantes nos plus chères illusions.
II ne m'appartient pas, Messieurs, de chercher à apaiser de trop légitimes douleurs. A une femme, à des enfants tendrement aimés, toute consolation paraitra vaine, toute parole, de glace. Rien ne leur rendra les trésors d'affection et de dévouement que prodigue le cœur d'un père.
Mais la nation ne permet point que la mémoire de ceux qui lui ont généreusement fait le sacrifice de leur temps, de leur expérience, de leur science, s'efface sans qu'une voix s'élève sur leur tombe et en retrace le souvenir.
C’est la tâche que j'accomplis aujourd'hui, Messieurs, en venant, au nom de la Chambre des représentants. rendre un suprême hommage à notre excellent collègue Jean-GuiIlaume Fléchet, bourgmestre de Warsage, ancien sénateur, ancien conseiller provincial, chevalier de l'Ordre de Léopold, décoré de la Croix civique de première classe.
On peut dire qu'au milieu des agitations d’une vie qu’occupèrent les plus vastes entreprises, Fléchet sut toujours réserver une part, la meilleure part de lui même, au soin de la chose publique.
D'autres vous diront le dévouement qu'il consacra à cette commune de Warsage et les services qu'il lui rendit. Aussi bien cette foule qui se presse autour de la tombe est le meilleur témoignage de la reconnaissance qu'il y sut mériter.
Les convictions ardentes. absolues. le besoin d'action qui le caractérisait le jetèrent de bonne heure dans les luttes politiques. II y apporta la fougue propre à son caractère. son énergie et sa persévérance. Mais si, comme tous les hommes de combat, il n'épargna pas les coups plus qu'il ne les craignit, il savait, tant le cœur chez lui avait d'empire, oublier aisément, dès l'instant où il s'agissait d'un service à rendre. s'il était sollicité par un ami ou par un adversaire.
D'un abord facile. le regard à la fois bienveillant et pénétrant, apportant en ses discours une bonhomie, non exempte de malice, habitué à trouver en contact avec une foule d'hommes des conditions les plus diverses, il avait le talent de se faire également apprécier et aimer de tous.
Le canton de Dalhem lui confia son premier mandat, mandat moitié administratif, moitié politique, en l'envoyant siéger au Conseil provincial de Liége. II y acquit une expérience dont se félicitent toujours ceux qui ont eu le bonheur de passer dans ces assemblées avant de prendre place dans les Chambres législatives.
C’est au Sénat que Fléchet eut l'honneur de représenter d'abord l’arrondissement de Liége. Il fut élu en 1872.
A diverses reprises, il combattit le système de remplacement militaire inauguré en 1873, système qu'il jugeait onéreux et injuste pour les populations agricoles.
La loi décrétant la libre entrée des denrées alimentaires le compta également au nombre des opposants. Il estimait qu'elle devait enrichir quelques grands marchands au détriment de l'agriculture.
Le vice-président de la Société agricole de l'Est de la Belgique, le président de la section agricole de Visé inspirait manifestement. dans l'une et dans l'autre circonstances, le sénateur de l'arrondissement de Liége.
L'agriculture, d'ailleurs, l'avait toujours trouvé parmi ses défenseurs. II faisait mieux que d'en parler : il savait la pratiquer. Les défrichements considérables qu'il a opérés, les exemples qu'il a donnés à la sylviculture montrent à quel degré il était animé de l'esprit d'initiative et de progrès.
Ce sont encore les intérêts agricoles de la contrée qu'il habitait qu'il avait surtout en vue en réclamant, en de nombreuses occasions, d'importants travaux de voirie et divers travaux hydrauliques.
M. Flechet quitta le Sénat en 1882. Mais il n’abandonna point la politique. L'arrondissement de Liége lui confia un autre mandat : celui de membre de la Chambre des représentants. II n'y prit point part aux débats publics. Mais on aurait tort de mesurer au nombre des discours le mérite de ceux à qui la nation conne le soin de ses intérêts.
Leur activité trouve à se déployer ailleurs, et notre regretté collègue y apportait. sans ménager son temps, le précieux concours de ses conseils mûris par l'expérience et dictés par un sincère amour du bien.
La mort est venue trop tôt briser sa carrière. Sa mémoire vivra longtemps parmi tous ceux qui l'ont connu.
* * *
Discours de M. Emile Dupont, représentant, au nom de la députation liégeoise.
Messieurs,
Au nom de la députation liégeoise à la Chambre. Je viens, à mon tour, adresser quelques paroles d'adieu à un ancien ami, qui, après avoir siégé pendant dix ans au Sénat, était venu, depuis 1882, prendre place au milieu de nous.
C’est dans ce canton de Dalhem qui l'avait envoyé pendant de longues années au Conseil provincial, c'est dans ce village de Warsage dont il était le bourgmestre depuis plus d'un quart de siècle, que nous venons rendre à sa mémoire ce suprême hommage.
Fléchet y était né ; il y a séjourné pendant la plus grande partie de sa vie ; il avait voulu y passer ses dernières années, et depuis que les grands travaux publics qui l'avaient occupé pendant longtemps ne sollicitaient plus son activité, il y revenait chaque fois que l'accomplissement assidu de son mandat lui laissait quelque liberté.
Vivant à la campagne, simple de goûts, agriculteur lui-même, il connaissait les besoins de nos populations rurales ; il s'était fait le défenseur de leurs légitimes revendications, au Sénat comme à la Chambre, au Conseil provincial comme au sein de la Société d'agriculture de l'Est de la Belgique, dont il était le vice-président.
Unissant l'expérience des affaires à un rare bon sens, ses avis avaient partout une grande autorité, dont il sut toujours user au profit des intérêts de son canton natal et de notre arrondissement.
Aussi jouissait-il à la Chambre et dans le pays de la considération qui s'attache toujours une carrière parcourue avec honneur, anoblie par le travail et par le dévouement à la chose publique.
Ici, Messieurs, c'était une popularité immense.
Il était dans ce canton important la vivante expression, la personnification même de l'opinion libérale. II était l'âme de toutes nos luttes, les victoires et les défaites du libéralisme étaient ici, on peut le dire, ses victoires et ses défaites.
Nos amis politiques conserveront avec respect le souvenir de cet homme de cœur qu'ils ont trouvé toujours à leur tête à leur l'heure du danger ; nos adversaires eux-mêmes ne verront pas disparaître sans regret un homme loyal et convaincu qui ne les a jamais traités en ennemis. Son concours était, en effet, acquis à tous ; son abord était, pour tous, affable et cordial.
Aussi comptait-il de nombreux amis dans tous les rangs de la société et dans tous les partis.
Puisse sa famille trouver dans les témoignages de l'estime publique un adoucissement à sa douleur !
* * *
Discours de M. Jules Neef, au nom de la Société royale agricole de l’Est de la Belgique.
Messieurs,
Les qualités de l'esprit et du cœurs qui rendaient chez Guillaume Fléchet l'homme politique si sympathique à ses collègues et dont vous venez d'entendre l'éloge mérité, faisaient aussi de lui l'agriculteur le plus écouté de nos diverses assemblées.
Nous l'avons vu siéger au Conseil supérieur d'agriculture, où depuis six ans il était l'un des délégués de la Commission provinciale d'agriculture de Liége.
II faut remonter à plus de trente-six ans en arrière. c'est-à-dire au 30 août 1850, pour avoir la date du premier arrête royal nommant Guillaume Flechet membre de la Commission provinciale d’agriculture pour le 6ème district. Ce mandat lui a été continué sana interruption depuis cette époque.
A la Société royale agricole de l'Est de la Belgique, dont il était membre depuis sa fondation, en 1844, nous trouvons son nom, d'abord parmi les membres du Comité de la section de Herve-Aubel, dont il fit partie jusqu'en 1873. A cette époque, la constitution de la section de Visé imposa à Guillaume Flechet l'obligation d'en accepter la présidence, fonction qu'il n'a pas cessé de remplir depuis lors à la grande satisfaction des cultivateurs de cette région. Je me plais à lui rendre cet hommage, que c'est son habile et savante direction que la section de Visé doit de compter parmi les plus nombreuses et les plus prospères de la Société de l'Est ; que c'est à son zèle, à son dévouement et à ses connaissances spéciales qu'elle doit le succès des beaux concours organisés à Visé, Hermalle, Cheratte, Hermée et Herstal. Tout récemment encore, il présidait au concours de fermes de la section de Visé, accompagnant le jury dans ses visites et mettant, comme toujours, avec la meilleure grâce, ses vastes connaissances en matière agricole à la disposition de tous les amis et soutiens de l'agriculture. Flechet ne reculait ni devant la fatigue, ni devant le travail. ni devant les mécontents qu'il devait rencontrer sur son passage pour dicter un jugement équitable, pour faire rendre justice à qui le méritait, pour honorer l'agriculture dans ceux qui en étalent le plus réellement dignes.
Les services qu'il avait rendus à la noble cause agricole le désignaient naturellement pour occuper la première place qui deviendrait vacante dans le bureau de la Société de l’Est. Par la mort, en 1882. du regretté baron de Favereau, une des quatre places de vice-président de la Société était à conférer et tous les suffrages du Conseil administratif se portèrent sur Guillaume Flechet.
Je n’ai pas besoin de dire que ce choir fut ratifié par tous les membres de notre Société, praticiens et hommes scientifiques, ni qu'il le justifia par la place prépondérante qu’il sut prendre chez noue, comme à la Commission d'agriculture de notre province.
Le souvenir des agréables relations que nous avons entretenues avec Guillaume Flechet, des services rendus par cet homme de cœur qui n'avait d'égal à son savoir que son extrême modestie, que sa bienveillance, est trop récent parmi nous pour que nous pussions rendre, en ce moment, à sa mémoire tout l'hommage qui lui est dû. Puissent les quelques paroles d’adieu et de regrets que je viens d'exprimer au nom de tous nos agriculteurs adoucir l'amertume du chagrin de sa famille !
De même que nous nous sommes unis à vous de tout cœur pour féliciter notre regretté collègue lorsque la Croix civique de première classe et la décoration de l'Ordre de Léopold lui ont été conférées par S. M. le Roi, de même aujourd'hui nous nous associons à vous pour partager votre douleur en lui disant un suprême adieu.
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Discours de M. Fabry, secrétaire communale, au nom de la section agricole de Visé
Messieurs,
La section agricole de Visé se fait également un devoir de rendre un suprême et dernier hommage à son président, qu'une mort tout à. fait inattendue vient de lui enlever.
C’est à M. Guillaume Flechet, Messieurs, que la section agricole doit sa formation et de compter déjà treize années d'existence.
Dès le début, les membres de la section avaient appelé son fondateur à la présidence et, depuis lors. lui avaient constamment renouvelé son mandat : on ne pouvait, du reste, le confier à de meilleures mains.
Notre regretté président. nonobstant des occupations multiples de tous genres, avait su organiser divers concours et expositions agricoles à Visé, Cheratte, Hermalle, Herstal et autres communes ; et, par ses relations sociales sans nombre et le rare dévouement qu'il aimait toujours à apporter à tout ce qui était d'intérêt public, la réussite de ces solennités agricoles était toujours assurée d'avance.
Je ne dirai rien, Messieurs, des qualités de cœur qui caractérisaient la personne de l'honorable défunt, des voix autorisées se sont fait entendre à ce sujet, mais je dois cependant affirmer que dans la classe des travailleurs agricoles comme dans les autres classes sociales, chacun avait accès près de cet homme. le pauvre comme le riche, l'adversaire comme l’ami, et jamais ce n'était en vain qu'on faisait appel à ses lumières, à ses sages conseils, à ses désintéressés services.
Aussi la foule si nombreuse accourue aujourd'hui de tous les points du pays pour accompagner cet homme de bien jusqu'à sa dernière demeure en donne-t elle un éclatant témoignage et puisse celui-ci adoucir l'indicible douleur qu'une mort aussi brusque, aussi inattendue a jetée au sein d'une nombreuse et estimable famille !
Cher président, au nom de la section, je te die adieu !
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Discours de M. Schreurs, au nom du Conseil communal
Messieurs,
Au nom du Conseil communal, J'ai la douloureuse mission d'adresser un dernier adieu à celui qui, pendant 25 ans, a présidé nos délibérations.
Le 1er jour de l'an a été fatal pour nous. Nous venons de faire une perte imprévue et irréparable : notre bien-aimé bourgmestre nous est enlevé - ô ironie du sort ! - au moment où nous nous disposions à aller lui présenter nos souhaits à l’occasion du renouvellement de l'année.
Jean-Guillaume Flechet est né à Warsage le 10 novembre 1816. Il occupa les fonctions de secrétaire communal à partir u 17 avril 1839. 10 novembre 181 Il s'initia alors aux affaires publiques sous la conduite de son regrette père, dont le souvenir est resté vivant parmi nous.
Elu conseiller communal le 13 avril 1863, celui que nous pleurons fut appelé aux fonctions de bourgmestre dans le courant de la même année.
Depuis lors, sa vie a été consacrée à la défense des intérêts de Warsage. Nous l'avons vu à l'œuvre ; nous avons pu apprécier les grandes qualités de ce citoyen dévoué, de cet administrateur modèle. Bien heureuse commune que celle qui possède comme chef un homme d'une telle valeur ! Mais pourquoi cette mort subite, si inattendue !
N'avions-nous pas le droit d'avoir confiance dans sa constitution robuste et dans sa vie exemplaire, d'espérer que nous le conserverions de longues années encore ?
Vous tous, ses amis, venus si nombreux pour vous associer aux derniers honneurs que nous lui rendons, vous pourrez juger son œuvre au point de vue matériel. Ces belles routes, ces grandes artères du commerce et de l'industrie, avenues faciles et salubres. qui donnent notre petit village un caractère si riant, si gai, ont remplacé, grâce a son activité, des chemins creux et impraticables, nos seuls moyens de communication d'autrefois.
Dernièrement encore, il complétait notre magnifique distribution d'eau potable par la création de ce bassin avec jet d'eau qui décore notre place publique.
Tout en accordant ses soins à tous les besoins hygiéniques, notre regretté bourgmestre ne négligeait pas les intérêts intellectuels de ses administrés.
II a organisé l'enseignement sur des bases solides ; sous son administration bienfaisante, l'instruction a été répandue à flots ; une école de filles a été édifiée. Il a créé une Bibliothèque populaire et une école de musique. où se recrutent les membres nouveaux de la Société d'harmonie, fondée et encouragée par lui avec l'ardeur qu'il savait toujours apporter dans la pratique du bien et du beau.
Si, malgré les dépenses considérables que ces travaux d'utilité générale ont nécessitées, Warsage est restée la commune la moins imposée du canton, c'est que notre bien aimé bourgmestre était un administrateur d'élite.
II ne dédaignait pas de surveiller activement les travaux en cours d'exécution, et il poursuivait, dans l'intérêt commun, cette sage économie qu'il devait à une longue expérience des affaires.
Tant de titres unis à tant de zèle avaient attiré sur lui l'attention des corps politiques, qui l'appelèrent successivement au Comité de I Association libérale da Liége, à la présidence d'honneur de l’Association libérale du canton de Dalhem, au Conseil provincial, au Sénat et à la Chambre des représentants.
Plusieurs ont redit les qualités qui le distinguèrent dans l'accomplissement de ses divers mandats politiques. Ces fonctions élevées, au lieu de le distraire de l'administration attentive de son lieu natal, ne firent qu'augmenter les innombrables bienfaits qu'il ne cessait de répandre sur ses concitoyens !
Tant de sagesse et de philanthropie ne devait pas rester sans récompense.
Notre Roi, après lui avoir conféré la Croix civique de première classe, le créa, quelques mois plus tard, chevalier de son Ordre.
Warsage s'enorgueillit de ces distinctions méritées et fut fier de compter parmi ses enfants cet ardent libéral, ce magistrat éclairé aimant tant de protéger les humbles et les petits, car nul n’a jamais frappé en vain à a porte !
Parvenu à l'apogée des honneurs. sa plus grande jouissance, son unique plaisir furent d'obliger ceux qui faisaient appel à sa haute influence. Son concours dévoué était acquis d'avance à toute œuvre qu'il reconnaissait juste et utile.
Qui redira jamais le nombre incalculable de ses bienfaits !
Il faisait le bien dans l'ombre et puisait dans son cœur généreux, avec la satisfaction que donne la pratique du bien, la force de résister à des ennemis politiques, autant injustes ou ingrats que déloyaux.
II est mort comma il a vécu : simplement et sans bruit.
Il s'est éteint sous l'égide de celui qui accorde la récompense à ceux qui ont travaillé toute leur vie à l'accomplissement de leurs devoirs.
Vénéré bourgmestre, reposez en paix !
Puissent les nombreux témoignages d'affection qui ont retenti aujourd'hui autour de votre tombe adoucir la douleur profonde de votre digne épouse et de vos chers enfants !
Pour nous, vos collègues du Conseil communal, pour vos administrés reconnaissants. vous n'êtes pas mort tout entier : il nous reste de vous vos nombreux bienfaits, ainsi que les souvenirs si doux que laisse un homme de bien !
* * *
Discours de M. Dejardin, président de l’association libérale de Dalhem (prononcé par M. Marie Fayn, vice-président de l’Association en remplacement de M. Dejardin, indisposé)
Messieurs,
C'est au nom des libéraux du canton de Dalhem que Je viens adresser un dernier adieu à l'homme estimable don éplorons la mort inopinée. Guillaume Flechet fut de tout temps un des plus fermes soutiens du parti libéral dans le canton. Dès sa jeunesse, comme dans son âge mûr, on le trouvait toujours partout où il y avait lutte, usant de son influence, payant de sa personne, parcourant le canton, assistant aux réunions afin de faire réussir les candidats patronnés par son parti. Jamais il n'a failli à la mission qu'il s'était imposée et toujours il l'a accomplie avec le plus profond dévouement. Grand partisan du progrès, il en poursuivait la réalisation en s'inspirant des idées libérales.
II fut nommé plusieurs fois membre du Comité de l'Association à Liége et en dernier lieu il fut l'un des fondateurs de l'Association libérale du canton de Dalhem ; il fut élu par acclamation président d'honneur. Il assistait régulièrement à nos séances et il apportait dans nos discussions les fruits de sa longue expérience. II y a quinze jours à peine qu'il présidait notre assemblée générale et rien ne pouvait faire prévoir qu'il devait nous quitter aussi subitement. Son caractère aimable, bienveillant, sa serviabilité ne lui attiraient que des amis, et non seulement notre Association, mais tout le canton auquel il était si virement attaché et qu'il a tant servi, ne peuvent qu'exprimer leur douleur de cette perte prématurée.
Cette foule recueillie qui nous entoure, ces habitants de toutes les localités environnantes, ces nombreux étrangers, tous venant apporter leur tribut de regret, nous montrent la profonde sympathie que le défunt avait su inspirer dans le pays.
Puisse cette manifestation imposante adoucir la douleur de sa famille éplorée !
Honorable et dévoué Flechet, je t'adresse au nom de tous un suprême adieu.