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Duquesne Watelet de la Vinelle Henri (1864-1924)

Portrait de Duquesne Watelet de la Vinelle Henri

Duquesne Watelet de la Vinelle Henri, Louis, Joseph catholique

né en 1864 à Vaulx-lez-Tournai décédé en 1924 à Vaulx-lez-Tournai

Représentant 1894-1900 (Tournai) et 1900-1919 (Tournai-Ath)

Biographie

(Extrait de LIVRAUW F., Le Parlement belge en 1900-1902, Bruxelles, Société belge de Librairie, 1901, p. 323)

DUQUESNE, Henri-Louis-Joseph-Lucien-Druon,

Représentant catholique pour l’arrondissement de Tournai, né à Vaulx-lez-Tournai, le 14 janvier 1864

Propriétaire et industriel à Vaulx, M. Duquesne a été nommé en 1889 conseiller communal à l'unanimité des votants ; peu de temps après, il fut appelé aux fonctions de bourgmestre.

Il fait partie de la Commission des habitations ouvrières, est président de l'Association conservatrice de Tournai et a créé dans son arrondissement de nombreuses sociétés ayant pour but le bien-être des travailleurs : secours mutuels, caisse de retraite, etc.

Il a été élu membre de la Chambre le 21 octobre 1894 par 27,327 voix ; au premier tour de scrutin, il avait obtenu 24,804 suffrages, contre 22,578, accordés au plus favorisé des libéraux, et 3,900, à la liste socialiste.

M. Duquesne est commandeur de l'Ordre du Saint-Sépulcre.


(Extrait du Courrier de l’Escaut, du 10 mai 1924)

Jeudi soir, vers 7 h. 1/2, M. Henri Duquesne de la Vinelle a été frappé de mort subite.

Il était encore venu à Tournai dan le courant de l’après-midi et était rentré chez lui, à Vaulx, vers 6 heures 1/2. La mort est venue l’y surprendre.

La santé de M. Henri Duquesne de la Vinelle avait été miné par la rude épreuve que constitua pour lui, au lendemain de la guerre, l’instruction judiciaire à laquelle il fut mêlé.

Le tardif arrêt de non-lieu prononcé par la Justice, en lui laissant son honneur intact, ne lui restitua pas ses forces physiques épuisées.

M. Henri Duquesne de la Vinelle meurt ainsi prématurément à l’âge de 60 ans. Il était né à Vaulx l 14 janvier 1864.

M. Henri Duquesne de la Vinelle joua un rôle important dans la politique de notre région.

Conseiller communal à Vaulx dès 1889 , bourgmestre peu après, il fut élu député en 1894 et ne cessa d‘être réélu. Il ne se représenta plus en 1921.

M. Henri Duquesne de la Vinelle avait été un actif président pour l’Association catholique. Il avait fondé dans le Tournaisis une foule de société et d’œuvres.

Il fut aussi un industriel de valeur et était membre du Comité de l’Association des Maîtres e Carrières du Tournaisis.

Son caractère aimable, cordial, son empressement à rendre service, avaient acquis à M. Henri Duquesne de la Vinelle une vive popularité.

Sa longue expérience de l’organisation politique avait fait de M. Duquesne de la Ville un conseiller volontiers écouté. Il avait été nommé président d’honneur de l’Association catholique.


(Extrait de La Libre Belgique, du 15 mai 1924)

Avec M. Henri Duquesne disparaît un lutteur de l'époque vraiment inoubliable de 1894, qui vit l'écrasement du parti libéral, dirigé alors par M. Bara.

M. Duquesne était le dernier des quatre députés qui affrontèrent la lutte, après la révision constitutionnelle généralisant le droit de vote. MM. Duquesne, Hecq, Hoyois, Moyart formèrent la lite catholique qui devait avoir raison de la puissance de Bara dans notre arrondissement.

Les vieux lutteurs du parti se rappelleront toujours ces luttes électorales agitées à la suite desquelles le parti catholique réorganisé, ayant pris conscience de sa force, manifestait publiquement dans la rue, où les libéraux seuls, avaient jusqu'alors fait flotter le drapeau bleu. C'est de 1894 que date la réorganisation définitive du parti catholique dans l'arrondissement, réorganisation à laquelle présida le jeune député Duquesne.

L'élan, dans le Tournaisis, en faveur de nos idées, avait été donné, avec une ardeur particulièrement combattive, par Joseph Hoyois. Dès 1892, celui-ci s'était mis résolument à l'œuvre, et avec l'aide de quelques amis, qui lui étaient particulièrement attachés, et dont quelques-uns sont encore en vie, il avait parcouru l'arrondissement, pour saper la puissance électorale de Bara. Ces efforts apparaissaient audacieux à ceux qui connaissaient l'influence considérable de l'ancien ministre libéral. Mais qu'importait à Hoyois et à ses ami ? Ils allaient de l'avant avec une juvénile ardeur et ils aboutirent au succès formidable de 1894.

Tout ce travail de nos dirigeants d'alors, secondés par un secrétaire d'Association, dévoué jusqu’aux plus dures épreuves, Alfred Ghyselinck, ne resta pas improductif : à ce jour encore, malgré les bouleversements de la guerre et la transformation du corps électoral, il en reste encore des germes indéracinables dans notre arrondissement.

II ne dépend que des jeunes catholiques d'aujourd’hui que ces germés fructifient à nouveau. Ils ont l'exemple de leurs aînés, qui doit leur servir de guide.

Les luttes d'aujourd'hui revêtent, sans doute, une autre forme que jadis, mais le résultat, quant au fond, reste toujours le même. Le succès de la cause catholique doit continuer à être l’objectif de toute notre action publique. A ce titre, il est bon de rappeler parfois le passé.


(Extrait du Courrier de l’Escaut, du 14 mai 1924)

Retracer la carrière de M. Duquesne de la Vinelle, c'est évoquer quarante années de la vie politique de notre arrondissement, à laquelle il fut intimement mêlé dès sa plus tendre jeunesse.

Quand, en 1884, le gouvernement libéral fut renversé, M. Henri Duquesne avait à peine vingt ans et déjà il collaborait activement aux travaux du Comité-directeur de l’Association. Quelques années plus tard, il présidait le Comité de Tournai, révélant des qualités d’organisateur qui donnaient à ses interventions une grande autorité, et préparant l’entrée au Conseil communal d’une minorité imposant.

Mais bientôt, son besoin d’activité le pousse à étendre son action dans l’arrondissement et, le 12 juillet 1890, nos amis le désignent comme vice-président de l’Association, représentant spécialement les cantons d’Antoing et de Tournai rural.

Le 18 février 1893, M. le baron du Sart de Bouland, alors président était chargé de remplir intérimairement les fonctions de commissaire d’arrondissement. Il demanda de désigner un vice-président pour diriger le Comité et M. Duquesne fut choisi à l’unanimité.

Ce stage présidentiel ne fut pas de longue durée. Appelé aux fonctions de gouverneur de la province du Hainaut, M. le baron du Sart donna sa démission de président de l’Association catholique le 12 août 1893. M. Henri Duquesne fut prié d’assumer la présidence effective, M. le baron Maurice Houtart le remplaçant à la vice-présidence.

On était à la veille de la révision constitutionnelle, qui devait appeler aux urnes tous les citoyens ; et il s'agissait d'adapter les statuts de l'Association à la situation du corps électoral. Le règlement fut révisé et des délégués furent nommés dans tous les cantons et dans toutes les communes pour le recrutement des membres.

Il s'agissait aussi de préparer la campagne électorale qui allait être pour le parti catholique dans le Tournaisis le signal d'éclatantes victoires.

M. Duquesne et ses collaborateurs s’attachèrent avec activité à la réorganisation de l’Association et à l’élaboration d’un programme électoral. Entre-temps, il fallait songer à la révision des listes électorales établies d’après le nouveau régime et à constituer partout es comités locaux.

La situation était difficile pour nos amis. Bien que le gouvernement catholique fût au pouvoir, l’influence de Bara restait puissant dans le Tournaisis et il fallait lutter contre cet esprit doctrinaire dont il avait su imprégner nos populations pendant de longues années d’action politique.

M. Henri Duquesne n’hésita pas à affronter la lutte et, en 1894, il accepta une candidature à la tête de la liste catholique.

La campagne électorale fut rude et active et ceux de nos vieux propagandistes qui survivent ) car héla ! que de disparus – gardent le souvenir de cette ardeur avec laquelle, à la suite de leur président, nos amis disputèrent au libéralisme ses dernières positions.

Les candidats libéraux, d’ailleurs, jouissaient d’une grande influence.

C’était le ministre d’Etat Jules Bara, entré à la Chambre en 1862 et réélu depuis sans interruption ; c’était M. Léon Broquet, conseiller provincial de 1886 à 1890, élu député en 1890 et réélu en 1892 ; c’était M. Victor Carbonnelle, alors bourgmestre de Tournai, élu député en 1884 ; c’était le notaire Huet, conseiller provincial depuis 1891.

Une commission composée de MM. Duquesne, Houtart, Peters, Wibaut, Leduc et Ghyselinck élabora un programme électoral dont les principaux points comprenaient le maintien des institutions constitutionnelles, la réforme de la loi scolaire, la protection agricole, les travaux publics.

L’élan fut donné. Grâce à la réorganisation entreprise par M. Duquesne, nos propagandistes se répandirent dans toutes les communes et le 14 octobre 1894, le ministre d’Etat Bara était mis en ballotage avec sa liste.

Le 21 octobre, le triomphe du parti catholique était salué avec joie dans l’arrondissement. Le chef du doctrinarisme était abattu et MM. Duquesne, Hecq, Hoyois et Moyart entraient à la Chambre.

Huit jours plus tard, quatre conseillers provinciaux : MM. Delcue, Glorieux, Houtart et Dlannay remplaçaient quatre libéraux.

Cet éclatant triomphe des idées catholiques fut le point de départ d’une activité soutenue grâce à laquelle, sous l’impulsion de son Président, M. Henri Duquesne, l’Association catholique consolida son influence dans les scrutins qui se succédèrent.

En 1898, en 1900, en 1904, en 1908, en 1912, en 1914, tant sous le régime majoritaire qu’avec l’application de la représentation proportionnelle, M. Henri Duquesne fut réélu et il siégea au Parlement jusqu’en 1919. Toujours, il mit sa haute influence au service de son arrondissement et si, à la Chambre, il ne prononça pas de grands discours, il prit une part active aux travaux des Commissions où ses avis, toujours basés sur une connaissance approfondie des affaires, étaient d’un appoint précieux dans les débats.

Comme Président de l’Association, il donna à celle-ci un grand développement. On peut même dire que sous sa forme actuelle, elle est son œuvre. Il voulait qu’elle groupât dans son sein quiconque se réclame des principes catholiques. Ceux qui furent pendant de longues années ses collaborateurs se souviennent des patientes démarches auxquelles il savait s’astreindre pour promouvoir le zèle de délégués et recruter des adhérents. Malgré les absorbantes occupations que lui imposait la direction d’importantes affaires industrielles, il se consacra activement à la formation des groupements communaux, les encourageant par de nombreuses visites et guidant leur action permanente avec un dévouement dont il ne se départit jamais.

Sa grande préoccupation était d’adapter l’organisation aux aspirations de toutes les classes de la société : grâce à son expérience des hommes et des choses, au tact accompli avec lequel il savait mener toutes négociations, il savait attirer à l’organisation les sympathies populaires.

Industriel occupant de nombreux ouvriers, il avait avec ceux-ci des rapports cordiaux ; il accueillait avec bienveillance tous ceux qui s’adressaient à lui et trouvaient toujours la solution pacificatrice dès qu’un conflit menaçait de troubler la bonne entente dans ce laborieux bassin calcaire où il vivait comme au sein d’une grande famille.

Comprenant le devoir de ceux à qui la Providence a dévolu les dons de la fortune et de l’influence, dans le domaine administratif comme dans celui des œuvres, on le trouvait partout où il y avait du bien à réaliser.

Déjà en 1892, il était bourgmestre de sa chère commune de Vaulx et il exerça ces fonctions jusqu’en 1921. Toujours soucieux du bien-être de ses administrés et de la prospérité de la commune, il parvint à réaliser d’importants travaux sans grever la population d’impôts : réfection de la voirie, agrandissement de l’église et du cimetière, construction d’un nouveau presbytère, installations de pompes publiques, éclairage électrique, etc.

Homme d‘œuvres, sa sollicitude allait surtout aux initiatives destinées à améliorer le sort de la classe ouvrière. Dans sa commune, il fonda et encouragea de nombreuses institutions qui, soutenues par lui, sont encore prospères aujourd'hui : écoles libres, plus tard adoptées, patronages, œuvres de jeunesse, mutualités, fanfares, jeunes gardes, sociétés d'agrément, etc.

Son action sociale ne se limita pas à sa commune, mais dans tout l'arrondissement, il suscita des initiatives et les encouragea par son exemple et sa générosité. Œuvres religieuses, politiques, sociales, qu'elles intéressent l’agriculture, la petite bourgeoisie ou les ouvriers trouvaient toujours chez cet homme de bien un appui et une aide bienveillante.

Chrétien aux convictions inébranlables, il prit pour guide de sa vie les préceptes de l'Eglise qu'il défendait avec passion, donnant par ses exemples les enseignements d’un vie de devoir.

Il est enlevé trop tôt à l’affection des siens et de ses amis, à la direction des affaires qu'il menait ; mais l’hure est venue pour lui de l’immortelle récompense promise à ceux qui auront « combattu le bon combat. »