Dumont Eugène catholique
né en 1840 à Saint-Amand décédé en 1908 à Saint-Amand
Représentant entre 1884 et 1892, élu par l'arrondissement de Nivelles(Extrait de Le Sénat belge en 1894-1898, Bruxelles, Société belge de Librairie, 1897, pp. 291-293)
DUMONT, Eugène,
Sénateur catholique pour la province de Brabant
Né à Chassart (Saint-Amand-lez-Fleurus), le 7 juin 1840.
C'était à Nivelles, dans une réunion électorale, peu de temps avant la fameuse journée du 10 juin 1884.
Il s'agissait d'acclamer solennellement les candidats catholiques. Successivement, MM. de Burlet, Pastur et le baron Snoy, aux applaudissements de l'auditoire , développèrent et défendirent brillamment les idées protectionnistes. M. Dumont prit le dernier la parole et, par une phrase toute simple, mais qui le caractérise bien, il se présenta aux électeurs nivellois :
« Messieurs, dit-il, je ne suis qu'un agriculteur. »
Ce mot le dépeint en entier.
Le rôle politique de M. Dumont à la Chambre des Représentants, où le corps électoral l'envoya siéger de 1884 à 1892 n'a été qu'un long combat en faveur des intérêts agricoles. Les droits protecteurs ont trouvé en lui leur plus dévoué champion.
Une première proposition de loi sur les céréales, les bestiaux et la viande fut déposée par lui, mais rejetée, en 1885. Il ne se découragea pas, revint à la charge et eut la joie de voir enfin triompher la cause qu'il avait défendue avec tant d'opiniâtreté, d'abord, en 1887, par l'adoption d'une seconde proposition de loi dont il était l'auteur et qui concernait la viande et les bestiaux ; ensuite, en 1893, par le vote d'un autre projet sur les céréales non alimentaires. L'honorable député de Nivelles avait déjà présenté en 1891 ce second projet, qui fut laissé quelque temps dans l'ombre, lors de la période révisionniste, et qui fut ensuite repris et défendu par un autre protectionniste obstiné, M. M. Cartuyvels, député de Waremme.
Le 10 juin 1884, M. Dumont fut, en tête de la liste catholique, envoyé la Chambre par les électeurs de Nivelles. Les autres élus étaient MM. de Burlet, Pastur et le baron Snoy.
Les catholiques venaient de faire échouer des libéraux de marque, parmi lesquels un ministre, un vice-président et un questeur de la Chambre.
Le 19 juin 1888, M. Dumont était réélu avec MM. Pastur et Snoy ; M. deBurlet fut supplanté, au ballottage, par un libéral, M. Henricot.
Le 14 juin 1892, nouvelle élection. MM. Snoy, Pastur et de Burlet sont élus ; M. Dumont, à qui il manque voix pour atteindre la majorité absolue, est ballotté avec M. Henricot et il succombe parce qu'il n'a pu réaliser son programme économique.
Le Conseil provincial du Brabant, le préférant à un libéral, M. Hollevoet, bourgmestre de Molenbeek-Saint-Jean, lui a confié récemment le mandat de sénateur par 48 voix contre 34.
Au Sénat comme à la Chambre, il traite les nombreuses et difficiles questions qui se rattachent à l'agriculture. M. Dumont est, avec ses frères, propriétaire de ces immenses établissements de Chassart, qui passent à bon droit pour les plus beaux et les plus complets du pays.
Exploitations agricoles à la hauteur des derniers perfectionnements de l'outillage, culture avec machines à vapeur, une sucrerie, deux distilleries, neuf fermes, un bétail considérable dont les Bruxellois ont pu admirer quelques spécimens dans les bœufs énormes qui, lors du cortège de 1880, trainaient le char de l'agriculture. Un chemin de fer, parcourant une superficie d'environ vingt-cinq kilomètres, relie entre elles toutes les parties de l'exploitation. Le domaine de Chassart renferme tout cela et nous donne bien l'image grossie et modernisée des importantes et riches cultures de cette bonne forte terre du Brabant wallon.
MM. Dumont possèdent aussi, en Tunisie, un grand domaine, dont six cents hectares sont déjà entièrement cultivés à la vapeur.
Tout cela n'empêche pas l'honorable sénateur de gérer les intérêts de la commune de Marbais dont il est bourgmestre et d'être membre du Comité de patronage des habitations ouvrières de l'arrondissement de Nivelles.
M. Dumont est chevalier de l'Ordre de Léopold et officier de l'Ordre de la Légion d'honneur.
(Annales parlementaires de Belgique. Sénat, séance du 18 février 1908. p. 378)
Notification du décès de M. le sénateur Dumont
M. le président se lève et prononce le discours suivant, que le Sénat écoute debout :
Messieurs, la mort vient de faucher de nouveau dans les rangs du Sénat.
Nous apprenons à l'instant la triste nouvelle du décès de notre estimé collègue, M. Dumont, sénateur de l'arrondissement de Nivelles.
M. Dumont s'attachait tout particulièrement aux questions agricoles, pour lesquelles il avait une compétence toute spéciale. Il défendait les intérêts de son arrondissement avec un dévouement que rien ne put lasser et une activité qui ne connut pas de repos.
Nous perdons en M. Dumont un excellent collègue, qui, par son urbanité et l'aménité de son caractère, avait acquis la sympathie de tous. Aussi le Sénat conservera-t-il un affectueux souvenir du regretté défunt.
Je suis convaincu de répondre au sentiment unanime de l'assemblée en lui proposant de faire présenter à la famille les condoléances du Sénat. (Marques unanimes d'approbation.)
M. Liebaert, ministre des finances. - Le gouvernement s'associe avec émotion aux regrets si bien exprimés par M. le président. M. Eugène Dumont a siégé pendant de longues années dans l'enceinte parlementaire, à la Chambre d'abord, puis au Sénat. Il laissera dans les deux assemblées le plus durable et le plus sympathique souvenir. (Très bien ! sur tous les bancs.)
M. J. Vandenpeereboom. – Je m'associe, au nom de la droite, aux vifs regrets que notre honorable président vient d'exprimer. Notre collègue n'avait ici que des amis et nous serons unanimes à rendre hommage au grand dévouement et au zèle qu'il a apportés dans l'accomplissement de son mandat de sénateur. Sa mémoire restera vénérée parmi nous. (Marques unanimes d'approbation.)
M. Henricot. - Au nom de la gauche du Sénat et en mon nom personnel, je tiens à m'associer aux témoignages de regrets que nous cause la mort de M. Eugène Dumont. Habitant, comme lui, l'arrondissement de Nivelles, ayant non seulement des opinions politiques différentes, mais même des opinions économiques quelquefois différentes, je me fais un devoir de dire que j'ai toujours eu pour lui l'estime que l'on accorde à un loyal adversaire.
Pendant que nous siégions à la Chambre, nous avons toujours été candidats sur des listes opposées ; malgré cela, les rapports que j'ai eus très souvent avec lui ont été empreints de la plus parfaite courtoisie.
Je m'associe donc sincèrement aux témoignages de regrets qui viennent d'être exprimés par M. le président du Sénat, par M. le ministre des finances et par notre collègue de la droite, M. Jules Vandenpeereboom. (Très bien ! sur tous les bancs.)
M. Picard. Au nom de la gauche socialiste, je m'associe aux regrets justes et émus qui viennent d’être exprimés par nos honorables collègues.