Dufrane Jules (1848-1935)

(Extrait de La Dernière Heure, du 7 août 1935)

M. Jules Dufrane-Friart est mort. Une carrière toute de travail et de dignité

Ainsi que nous l'avons annoncé. M. Dufrane-Friart, ancien sénateur de l’arrondissement de Mons, vient de mourir à Frameries, à l'âge de 87 ans.

M. Jules Dufrane-Friart était l'une des figures les plus connues du Borinage.

Sa carrière avait été toute de travail et de dignité. Né à Frameries, le 24 mars 1848, il était le benjamin et le seul survivant de six frères dont l'un, Joseph, décédé en 1906, à l'âge de 73 ans, avait publié sous le pseudonyme de « Bosquètiia » (l'Ecureuil) de nombreuses œuvres patoisantes qui demeurent comme le monument de la littérature du terroir borain.

M. Jules Dufrane-Friart avait été secrétaire communal de Frameries n 1872, puis échevin en 1892.

Dès 1882, il était entré au conseil provincial du Hainaut comme conseiller libéral-progressiste du canton de Pâturages. Des 90 conseillers de l'époque, M. Fulgence Masson et lui étaient les deux seuls survivants.

De 1892 à 1894 et de 1900 à 1904, alors qu'il dirigeait un journal régional de combat – « Tambour battant » - il avait siégé au Parlement et fait partie du groupe des 86 qui votèrent le suffrage universel.

Quatre ans plus tard, sous le régime censitaire et avec l'appui des socialistes. il rentrait au Parlement comme sénateur radical, puis après la guerre, il y demeurait sous l'égide du P.O.B.

En septembre 1933, M. et Mme Dufrane-Friart célébraient leurs noces de diamant.

Industriel, M. Jules Dufrane-Friart avait fondé une importante imprimerie ; il avait été pendant longtemps président d'une phalange réputée, la « Ducale Fanfare » de Frameries.

Depuis quelques années, il avait quitté la scène politique où il n'avait laissé que d'excellent souvenirs. Suivant les volontés expresses du défunt, les funérailles civiles auront lieu ce mercredi après-midi, dans la plus stricte intimité.

La Dernière Heure s'incline devant la dépouille de cet homme de bien et présente à sa famille, notamment à sa fils, M. Louis Dufrane, consul de Belgique à Rouen, l’expression de ses vives condoléances.

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(Extrait du Peuple, du 6 août 1935)

Jules Dufrane, ancien sénateur socialiste de Mons, est mort, hier, à Frameries

Une des plus belles figures de la démocratie belge disparaît.

Je l'al revu pour la dernière fois, vendredi soir, à son lit d'agonie, dans cette maison de Frameries qu'il avait fait construire au seuil d'un grand jardin, à côté de son imprimerie rebâtie, après l'incendie qui détruisit celle qu'il avait fondée, il y a exactement 60 ans.

Je suis encore sous l'impression de la sérénité, de la force d'âme vraiment stoïcienne, de la lucidité de pensée avec laquelle notre vieil ami me parla de sa mort prochaine.

Comme je le réconfortais et prodiguais les mots qu'on dit dans ces cas-là, il m'arrêta : « Inutile de vous donner tout ce mal, je sens bien que c'est ma fin, mes dernières forces s'en vont. » Il ajouta : « Je pense bien souvent vous tous, au parti, à vos difficultés. »

Ainsi, à son lit de mort, comme pendant toute sa vie, ce démocrate ardent, issu de la moyenne bourgeoisie se sentait plus près de nous que de n'importe quelle autre formation politique.

Il était né Frameries, en 1848, fils du clerc de l'église, d'où le sobriquet dont on l'appelait familièrement. Frère de ce Bosquetia, qui est une des gloires de notre littérature wallonne ; successivement secrétaire communal et provincial ; éditeur de journal, de ce « Tambour battant » qui empêcha les censitaires de dormir,à il fut envoyé la Chambre par les libéraux de Mons. Mais tout de suite. comme Léon Defuisseaux, comme Houzeau-de-Lehaie, il prit figure de radical très avancé, se prononçant pour l'égalité politique, l'instruction généralisée, le service personnel, la réforme démocratique de l'impôt.

A la constituante de 1893, il vota pour le suffrage universel. Il savait pourtant qu'il n'y avait aucune chance pour lui d'être réélu, avec ce mode de scrutin. Dans la suite, les socialistes de Mons et de Soignies le choisirent comme candidat, pendant de longues années, à l'époque où il fallait payer encore un certain cens pour être candidat au Sénat. et Dufrane-Friart continua de les représenter dans la Haute Assemblée après la révision de 1919, qui supprima la condition de cens.

La classe ouvrière socialiste entendait de la sorte marquer sa reconnaissance à un vieux brave dont les convictions démocratiques n'avaient jamais fléchi et qui venant de la bourgeoisie, s'était donné à la cause du peuple avec une ferveur et une sincérité touchantes.

Nous lui garderons à jamais une place dans notre mémoire.

Nous compatissons à la douleur des siens et notamment de son fils Louis, le sympathiqyu consul de Belgique à Rouen, et notre collaborateur Fernand Legrand.

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(Extrait de La Wallonie, du 6 août 1935)

Jules Dufrane, ancien sénateur socialiste de Mons, est mort.

Jules Dufrane, qui pendant de longues années représenta les socialistes montois au Sénat, vient de mourir à Frameries.

C’est un grand démocrate et un ami fidèle de la classe ouvrière qui disparaît.

Dufrane était né en 1848 à Frameries et était le fils du clerc de l'église. Successivement secrétaire communal et greffier provincial, il fut envoyé à la Chambre par les libéraux montois. Tout de suite. il se révéla radical très avancé et, en 1893, tout en sachant bien que, ce faisant, il ne serait pas réélu, il vota pour le Suffrage Universel.

Par la suite, la fédération socialiste et républicaine du Borinage l’envoya au Sénat où il siégea jusqu'au dernier renouvellement.

Dufrane, venu de la bourgeoisie. s'était donné à la cause du peuple avec une ferveur et une sincérité touchantes.

Nous prions les siens d'accepter nos fraternelles condoléances.

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Voir aussi : J. Dufrane-Friart, 1848-1935 in memoriam , Frameries, s.d.