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Dolez Hubert (1808-1880)

Portrait de Dolez Hubert

Dolez Hubert, Joseph libéral

né en 1808 à Mons décédé en 1880 à Bruxelles

Représentant entre 1837 et 1870, élu par l'arrondissement de Mons

Biographie

(Extrait de : R. WELLENS, dans Biographie nationale de Belgique, t. XXXV, 1969-1970, col. 190-192)

DOLEZ (Hubert-Joseph), ministre d'État, sénateur de l'arrondissement de Bruxelles, bâtonnier de l'Ordre des Avocats à la Cour de Cassation, né à Mons le 16 mars 1808, décédé à Bruxelles le 17 mars 1880 ; fils cadet de François Dolez aîné.

Entré très jeune au Barreau de Mons en 1829, Hubert Dolez fut nommé avocat à la Cour de Cassation lors de la réorganisation de la Cour suprême le 27 février 1836. La même année, il débuta dans la vie politique ; en effet, les électeurs de l'arrondissement de Mons le choisirent en qualité de membre de la Chambre des représentants en remplacement d'un ancien membre du Congres, Blargnies, nommé à la Cour d’Appel de Bruxelles. Il entra donc à la Chambre avant la conclusion définitive de la paix avec les Pays-Bas et fut désigné comme rapporteur du traité des Vingt-Quatre Articles. Il comprit la nécessité des concessions et se prononça en faveur de l'adoption du traité. Jurisconsulte habile et expérimenté, Hubert Dolez exerça une grande influence à la Chambre des représentants et contribua activement sur le terrain parlementaire à l'avènement du parti libéral. Comme la plupart des libéraux, il vota la loi de 1842 qui donnait enfin une charte à l'enseignement primaire ; il formula cependant des réserves quant à sa bonne application par les autorités catholiques.

Élu bâtonnier de l'Ordre des Avocats de la Cour de Cassation en 1853, il quitta momentanément la vie politique mais il y revint en 1857 et siégea sans interruption à la Chambre des représentants jusqu'en 1870. En 1866, il fut élu président de cette assemblée en remplacement de A. Vanden Peereboom qui avait décliné le renouvellement de son mandat. Hubert Dolez fut réélu à cette fonction le 10 novembre 1869 ; toutefois, lors de la dissolution des Chambres en 1870, il ne se représenta plus à Mons mais à Bruxelles où l'Association libérale lui offrit une candidature au Sénat. Il y fut élu le 29 septembre 1870. Le 5 mai 1875, le roi Léopold II nomma Hubert Dolez ministre d'État.

Dolez avait épousé le 18 février 1833 Rosalie Legrand, née à Mons le 16 septembre 1811 et décédée à Bruxelles le 29 septembre 1878.

Robert Wellens.


(Extrait de : E. BOCHART, Biographie des membres des deux chambres législatives, session 1857-1858, Bruxelles, M. Périchon, 1858, pp 17 et suivantes)

DOLEZ, Hubert-Joseph

Officier de l’Ordre Léopold

Né à Mons, le 16 mars 1808,

Représentant, élu par l’arrondissement de Mons

Le père de M. Dolez, après avoir été avocat au Conseil souverain du Hainaut, continua l'exercice de sa noble profession près du tribunal de Mons et près de la cour d'appel de Bruxelles. Pendant près d'un demi-siècle il fut la lumière et l'honneur du barreau montois, et sa mémoire y vit honorée et respectée. Son caractère profondément indépendant, ne lui montrait aucune carrière plus digne de l'homme de cœur que celle à laquelle il consacrait sa vie. Aussi ne conçut-il pour ses fils d'autre ambition que de les y voir continuer un jour ses exemples de probité, de délicatesse et d'honneur.

M. Hubert Dolez était le cadet de ses enfants. Après avoir fait de solides études au collège de Mons, il alla à l'Université de Liége se livrer d'abord à l'étude de la philosophie, puis à celle du droit, et y obtint de nombreux succès académiques, qui le signalèrent dès ce moment à l'attention et à l'estime de ses professeurs et de ses condisciples.

Le 3 juillet 1829, il reçut le diplôme de docteur en droit. Immédiatement après il revint dans sa ville natale se livrer à la pratique des affaires sous la direction de son père, et, en peu d'années, il devint l'une des gloires du barreau de Mons.

Un plus vaste théâtre allait s'ouvrir pour lui : nommé, en 1836, avocat à la cour de cassation, il reçut, la même année, de la sympathie publique un mandat parlementaire qu'il n'avait pas sollicité. Il fut élu, le 16 décembre, membre de la Chambre des représentants pour l'arrondissement de Mons, en remplacement de l'honorable M. Corbisier, démissionnaire, et y siégea dans les rangs très peu nombreux alors de l'opinion libérale.

Malgré sa modestie, le nouveau représentant fut bientôt distingué parmi ses collègues. Sa voix toujours calme et digne était religieusement écoutée. Sur tous les bancs on rendait hommage au savoir du jurisconsulte, à l'habileté de l'orateur, à la conscience de l'homme de bien.

La session de 1838-1839, donna lieu à de solennels débats. L'existence de la patrie était en jeu. La Conférence de Londres avait fixé les bases d'un traité destiné à régler les conditions de la séparation des deux parties de l'ancien Royaume des Pays-Bas; le roi Guillaume venait tout à coup d'accepter ces bases qu'il avait longtemps repoussées, et qui imposaient à la Belgique le douloureux sacrifice d'une portion de son territoire. Le gouvernement, après avoir entretenu le pays dans l'espoir d'obtenir de profondes modifications à ces conditions, avait vu échouer tous ses efforts, et il dut venir proposer l'adoption du traité à la représentation nationale. Une émotion profonde agitait la Belgique. L'avenir était gros de tempêtes; la section centrale de la Chambre se prononça pour l'adoption, et nomma pour rapporteur M. Dolez. L'ardeur du patriotisme, la sincérité des convictions, la sagesse de l'homme d'Etat dominent dans le travail si complet de l'honorable rapporteur. Il n'est pas sans intérêt de citer quelques lignes de ce document historique :

« La section centrale, chargée de l'examen du projet de loi autorisant la conclusion des traités destinés à régler la séparation entre la Belgique et la Hollande, m'a fait l'honneur de me confier le soin de vous présenter son rapport. En acceptant cette mission, je ne me suis point dissimulé tout ce qu'elle avait de grave, et ce n'a point été sans éprouver plus d'un sentiment pénible que je m'y suis livré. Vous le concevrez, Messieurs, vous tous, qui, appelés par votre mandat à défendre les intérêts de la patrie, avez pu vous convaincre, en interrogeant vos consciences, qu'elle se trouvait dans une de ces circonstances suprêmes qui décident de l'existence d'une nation.

« En vous soumettant mon travail, je n'espère pour lui qu'une approbation, mais celle-là j'ose la réclamer de votre justice, c'est que vous reconnaitrez tous qu'il est l'œuvre d'un citoyen qui aime son pays. »

Passant en revue les longs travaux, les discussions animées et les votes des sections, le rapporteur disait plus loin:

« Ce traité de paix présenté à la Belgique par les cinq grandes puissances comme une œuvre fatale, irrévocable, son acceptation ou son rejet nous ont paru devoir se réduire à une question de nécessité.

« Vous vous rappellerez, Messieurs, que la Conférence, en adressant, le 23 janvier dernier, à notre plénipotentiaire à Londres, le nouveau projet de traité, terminait en ces termes la note qui l'accompagnait :

« Si, au contraire, le cabinet de Bruxelles venait à se refuser auxdites propositions, tandis que la Hollande les aurait acceptées, il ne resterait aux cinq puissances représentées à la Conférence qu'à aviser aux moyens de donner suite aux titres que la Hollande aurait acquis à leur appui. »

« Ah! sans doute, si la conséquence de notre refus se bornait à une lutte avec la Hollande, il n'est pas un Belge qui ne se décidât à l'accepter.

« Ces sentiments, ce regret de ne pouvoir vider notre différend avec notre seul ennemi ont été unanimes au sein de la section centrale.

« L'homme ne se déshonore pas quand il cède à la force ; l'honneur d'un peuple aurait-il d'autres règles?

« Oh ! non, Messieurs, nous ne pouvons le croire; ni nos contemporains, ni l'histoire ne seront assez injustes pour dire que la Belgique, abandonnée de tous ses alliés, en butte à des menaces auxquelles ont participé ceux sur la sympathie desquels elle croyait pouvoir compter, se soit déshonorée en se résignant à subir un traité qu'une force irrésistible lui imposait.

« Nous nous trompons peut-être, mais nous n'hésitons point à croire que, si l'histoire consacre un jour des paroles sévères à cette triste page de notre jeune nationalité, ses stigmates ne seront point pour nous. »

Il terminait ainsi :

« En conséquence, et tout en déclarant qu'elle n'a fait que céder à l'empire de la nécessité, la section centrale vous propose l'adoption du projet de loi avec les modifications que vous trouverez indiquées dans la rédaction qu'elle vous soumet. »

A dater de cette époque, M. Dolez, prit une part importante à toutes les grandes discussions du Parlement, et chacun de ses discours lui valut de nouveaux succès.

Toujours laborieux, toujours exact, l'honorable M. Dolez apporte, en 1840, le tribut de ses lumières dans la discussion de la loi sur les duels.

En 1842, il parle en faveur de la liberté des communes, dans la discussion du projet de loi tendant à modifier la loi communale.

Ami de l'instruction du peuple, c'est le peuple qu'il défend dans son discours sur l'instruction primaire.

Les finances et l'enseignement supérieur ne le virent pas moins zélé, l'année suivante, témoin l'opinion qu'il émit à l'égard des jurys universitaires et des pensions civiles et ecclésiastiques.

Ces patriotiques travaux valurent pour récompense à M. Dolez, le grade de Chevalier de l'Ordre Léopold.

L'augmentation longtemps réclamée du traitement des membres de l'ordre judiciaire fut soumise à la discussion publique en 1844. Cette augmentation était de la plus stricte équité : c'est dire assez que M. Dolez se prononça en faveur d'une plus sage rémunération des hauts services de la magistrature.

Les élections de juin 1845 avaient augmenté le nombre des députés libéraux ; le ministère Nothomb était ébranlé ; M. Dolez, dont l'influence s'était vivement fait sentir dans la lutte parlementaire, fut appelé par le Roi à la mission de composer un cabinet. Le modeste représentant déclina respectueusement les offres de la couronne, et M. Van de Weyer vint, de son ambassade de Londres, courir les hasards d'un ministère mixte.

Pendant la session extraordinaire qui suivit l'avénement de ce ministère, M. Dolez, que le soin de sa santé avait momentanément éloigné des affaires, fut nommé vice-président de la Chambre; mais, à l'ouverture de la session suivante, il fit connaître à ses collègues qu'il ne pouvait accepter cette haute mission.

Dans le débat politique qui s'éleva, l'honorable député avait naturellement à s'expliquer sur l'appel que lui avait fait la Couronne ; il le fit avec une honnêteté et une simplicité de pensées et de langage qui furent universellement appréciées :

« Il est vrai, Messieurs, que le Roi m'a fait l'honneur de me mander auprès de lui lors de la dissolution de l'ancien cabinet. Sa Majesté me rappela que j'avais pris une part active aux attaques de l'opposition contre le ministère qui se retirait, et qu'en conséquence c'était pour moi une sorte de devoir de me mettre à la disposition de la couronne pour former un cabinet nouveau.

« Sa Majesté daignait me laisser l'option, ou de conserver dans la composition du cabinet une partie du ministère démissionnaire, ou de le former d'éléments nouveaux. Plus d'un motif me commandait de ne point me charger de la haute mission que Sa Majesté daignait m'offrir, et la Chambre comprendra qu'il m'eût suffi d'invoquer celui de <mon insuffisance personnelle. « (Nombreuses dénégations).

« Mais, Messieurs, il en était un autre qui avait encore, si c'était possible, un caractère plus absolu; cet autre motif se trouvait dans ma position personnelle, dans mes <obligations de chef de famille, qui ne me permettent pas de renoncer à mes travaux du barreau. »

Libre dans la marche qu'il s'était faite, M. Dolez ne s'écarta jamais de la ligne de ces devoirs multiples qui se résument en un seul, le travail pour tous, pour la patrie comme pour la famille.

M. Dolez faisait marcher de pair les soins désintéressés du député et les travaux incessants de l'avocat, et pendant qu'il devait à l'accomplissement des uns l'estime de ses collègues du Parlement, il devait aux autres la sincère amitié de ses confrères, qui l'investissaient des fonctions de bâtonnier.

Défenseur du faible contre le fort, partisan du progrès sans se laisser entraîner aux utopies, M. Dolez répandit la lumière sur la réforme postale, se montra toujours excellent patriote dans la discussion de la loi sur la garde civique, et ne craignit pas de s'opposer au torrent des pétitions relatives à la réorganisation du notariat.

« Comment ! - nous citons ici ses paroles,- il s'agit d'une de nos lois organiques les plus importantes, d'une de nos lois sur lesquelles repose la fortune des familles, d'une loi qui a passé dans nos habitudes et dans nos mœurs, et l'on vous demande de la modifier, tout en reconnaissant que le public, c'est-à-dire le pays, ne la demande pas !

« Si du moins on nous assurait que par les changements, l'institution du notariat sera améliorée, si l'unanimité des vues à cet égard nous en garantissait l'excellence pour tous les esprits, je vous dirais marchez, l'immobilité n'est pas chose désirable ; si un progrès certain se présente, il faut le réaliser. »

Le 27 janvier 1848, on attaque le major Guillaumot pour son administration dans la colonie belge de Guatemala, M. Dolez s'écrie :

« Vous accusez, et voici en quelques mots à quoi je réduis votre argumentation: J'accuse un homme d'honneur, j'avance que je le fais sans preuves; mais par cela même que je n'ai pas de preuves, je vous demande de commencer d'abord par le flétrir, peut-être les preuves viendront-elles ensuite.

« Les faits de la Compagnie de Guatemala ont été l'objet d'un débat, no -seulement devant les tribunaux, mais encore devant le public ; les calomnies ont dû finir par se taire, c'est qu'elles ont été confondues. »

Le devoir et la conscience avaient fait naître cette généreuse improvisation dans le cœur du loyal représentant.

Pendant, le cours de la même session législative de 1848, l'honorable M. Dolez prit souvent la parole, notamment sur le projet de code disciplinaire et pénal pour la marine marchande, sur la dette publique et l'enseignement supérieur.

A la session de 1848-1849, l'amélioration de la loi des faillites, les réformes sur le code d'instruction criminelle, les importantes questions de l'enseignement moyen, furent brillamment discutées par M. Dolez.

En 1850-1851, l'habile jurisconsulte ne faillit pas à sa tâche dans les solennels débats sur les droits de succession.

Lors des élections de 1853, M. Dolez renonça, après seize années d'exercice, au mandat de député. Celui qui avait plusieurs fois refusé le portefeuille de ministre, se retira entouré de l'estime publique, et se consacra tout entier au barreau. Toujours réélu bâtonnier, M. Dolez remplit encore aujourd'hui avec un zèle à toute épreuve ces honorables fonctions.

En 1856, le Roi, juste appréciateur du mérite, avait élevé l'ancien député au grade d'officier de l'Ordre Léopold.

M. Dolez n'était pas oublié de ses concitoyens; sa place était toujours marquée à la Chambre par l'opinion libérale. Défenseur dévoué des libertés publiques, il ne pouvait manquer de répondre à l'appel du pays lorsque, dans des circonstances difficiles, ses amis politiques reprirent le pouvoir à la chute du ministère De Decker.

Le 10 décembre 1857, aux élections générales, le nom de M. Hubert Dolez sortit le premier de l'urne montoise.

Le 27 décembre, l'honorable représentant fut proclamé deuxième vice-président de la Chambre, et trouva dans le choix de ses collègues le témoignage de la sympathie avec laquelle ils accueillaient son retour à la vie publique