De Bleeckere Florent, Emmanuel, Jacques catholique
né en 1816 à Kruishoutem décédé en 1887 à Gand
Représentant entre 1880 et 1887, élu par l'arrondissement de Audenarde(Extrait du Moniteur Belge, du 13 mai 1887, p. 1432)
Funérailles de M. le représentant De Bleeckere
Mercredi ont eu lieu les funérailles de M. le représentant De Bleeckere décédé à Audenarde, le 8 de ce mois.
Des troupes de la garnison, composées de la compagnie d'école du régiment des grenadiers et d'un escadron de cavalerie, à pied, ont rendu les honneurs militaires à la dépouille mortelle de ce membre de la représentation nationale.
Une députation de la Chambre des représentants, conduite pat M. De Lantsheere, président de cette assemblée, est arrivée par train spécial à Audenarde, et a été conduite, escortée par un escadron de chasseurs à cheval, à la maison mortuaire, où M. le président s'est exprimé en ces termes :
« Messieurs,
« Le souvenir des services rendus à la patrie est au dessus des atteintes de la mort. Aux hommes survivent les œuvres, et la nation reconnaissante ne perd pas la mémoire.
« C’est ce que nous venons attester une fois de plus en rendant, au nom de la Chambre des représentants, les derniers honneurs à notre regretté collègue.
M. Florent De Bleeckere siégeait parmi nous depuis 1880.
« Il n’avait point ambitionné le mandat parlementaire. Ses concitoyens le lui imposèrent, en quelque sorte, au lendemain du jour où une mort Inopinée était venue interrompre la carrière pleine de brillantes promesses de M. Devos.
« Le nom de M. De Bleeekere était sur toutes les lèvres, tant son caractère et ses longs et nombreux services semblaient le désigner naturellement. Il se dévouait depuis plus d'un quart de siècle aux intérêts publics. Le canton d'Audenarde l’avait élu conseiller provincial le 25 mai 1853 et n'avait cessé de renouveler son mandat. Ses collègues du conseil l’avaient nommé membre de la députation permanente, le 6 juillet 1864. Travailleur assidu, il avait consacré tout son temps et toute son activité aux multiples devoirs de sa charge.
« Les députations permanentes n'étaient pas seulement à cette époque les tutrices des communes et les gardiennes des intérêts de la province. Elles exerçaient une juridiction plus étendue. Le contentieux administratif leur était dévolu pour la plus large part. C’était une véritable magistrature. Les connaissances juridiques de M. De Bleeckere, son jugement droit, son impartialité poussée jusqu’au scrupule, lui avait fat une place distinguée parmi ses collègues et lui avait attiré la confiance et le respect publics.
« Aussi, lorsque battues en brèche dans les débats parlementaires, les députations permanentes se virent arracher successivement leurs attributions les plus hautes, l'élection à la Chambre du député permanent de la Flandre orientale apparut-elle comme une protestation. Ce ne fut pas sans peine que l’on parvint à vaincre ses résistances. Sa modestie s’inquiétait à la pensée de ces nouveaux devoirs ; ses goûts pacifiques répugnaient aux agitations et aux luttes de la vie politique. Le mandat, qui pour d’autres est l'objet d’ardentes convoitises, était à ses yeux une sorte de servitude à laquelle il eût été heureux de se soustraire. Le sentiment du devoir l’emporta.
« Le premier discours de M. De Bleeckere fut consacré à la défense des députations permanentes : « J’ai eu l’honneur de faire partie pendant plusieurs années de la députation permanente de la Flandre orientale, disait-il le 2 février 1881, et à ce titre, je crois devoir protester contre les accusations imméritées dont ces collèges ont été l'objet. »
Après avoir discuté une à une ces accusations, il montra les députations permanentes, émanation directe, immédiate des conseils provinciaux, pouvoir indépendant, et ne pouvant, à ce titre, être considérées comme des instruments du gouvernement.
« Les membres des députations permanentes sont, disait-il, les élus des élus.
« Et il terminait par ces mots : « Ce que je déplore avant tout, messieurs, c'est que ces accusations sans fondement, dénuées de preuves, retentissent jusque dans l'enceinte législative. où l'on a toujours donné l'exemple du respect qui est dû à la magistrature et aux autorités publiques.
« Ce n'est ni le lieu ni l’heure, messieurs, de rappeler les divers sujets que M. De Bleeckere traita avec une incontestable compétente, ni les circonstances nombreuses où il sut défendre, avec une autorité toujours égale et souvent avec un légitime succès, les intérêts de l’arrondissement d’Audenarde.
« Mais je vous aurais donné du représentant une idée trop incomplète, si je passais sous silence son active participation aux nombreux débats que soulèvent les questions de milice.
« Il y défendit avec ardeur les immunités ecclésiastiques : « Lorsque je vois l'abnégation et le dévouement dont nos prêtres font preuve dans l'accomplissement de leur mission, j’ai le droit et le devoir de dire, s'écriai-il, que cette conduite ne veut être inspirée que par la conviction et la vocation religieuses et que ce n'est l’appât dérisoire d’une immunité de milice qui a pu les décider à embrasser une carrière pétrie, aujourd'hui surtout, de peines, de déboires et de sacrifices ! »
« Il suppliait la Chambre de ne pas entrer dans une voie de luttes contre le prêtre et la religion catholique, dans un moment où la société n'aura pas trop de toutes ses forces vives pour se défendre contre l'ennemi redoutable qui la menace.
« Cette défense du prêtre et de la religion n'avait rien qui dût surprendre dans la bouche de notre collègue. Issu d'une race ou les fortes croyances se transmettent de génération en génération, il en était profondément imprégné et les pratiquait avec une inébranlable conviction. La religion a été le guide et le soutien de sa vie ; elle a été la consolatrice de ses derniers jours. En elle reposaient ses suprêmes espérances. La miséricorde de Dieu ne permettra pas qu’elles soient vaines. »
D'autres discours ont ensuite été prononcés au cimetière. Les coins du poêle étaient tenus par M. De Lantsheere, président de la Chambre des représentants, M. de Kerchove, gouverneur de la Flandre orientale, venu pour recevoir à la gare la députation de la Chambre, pat M. Verhoost, bourgmestre d'Audenarde, et par M. Van Monckhoven, président du tribunal de première instance.
Y compris la députation, la Chambre des représentants était représentée par MM. De Lantsheere, président, Tack et Van Wambeke, vice-présidents, de Burlet, d'Andrimont, De Sadeieer, secrétaires, Ronse, Coremans, Paternoster, Lescarts, Slingeneyer, Woeste, comte de Liedekerke, Bilaut, Van Hoorde, Verbrugghen, Struye, Stroobant, Delcour, Guyot, Halflants, De Neeff, Orion, De Kepper, de Stuers, Vanden Steen, Noël, Jacobs, baron Snoy, Fiévé, Begerem et Van Cleemputte.
Les services étaient dirigés par M. Bruyninckx, économe de la Chambre. On remarquait dans l'assistance, extrêmement nombreuse, MM. les sénateurs baron Pycke de Peteghem et Van Vreckem ; MM. Van Brabant Thienpont, anciens membres de la Chambre ; M. De Grave, greffier provincial; . Mussety, membre de la députation permanente ; le conseil communal au complet ; Vande Walle, commissaire d'arrondissement, M. Théodore Liefmans, ancien président du tribunal ; MM. de Crombrugghe et Leger, juges au tribunal de première instance ; M. Eeman, conseiller provincial ; plusieurs bourgmestres de l'arrondissement d'Audenarde, etc.
A l'issue de la cérémonie, la députation de la Chambre a été reconduite par son escorte à la station, où l’attendait un train spécial pour la ramener à Bruxelles.