d'Oultremont Adrien, Hyacinthe indépendant national
né en 1843 à Blicquy décédé en 1907 à Bruxelles
Représentant entre 1884 et 1892, élu par l'arrondissement de Bruxelles(Extrait de L’Indépendance belge, du 30 janvier 1907)
Le comte Adrien d’Outremont
Il est mort mardi matin, à 8 heures, au milieu des siens, dans son de l'avenue Marnix. Depuis trois ans, la maladie l'accablait.
On peut dire de lui, sans manquer au respect qui est dû à sa mémoire, qu'il était déjà entré dans l'oubli. Quand, il y a quelques mois, les passants le voyaient se promener au boulevard du Régent au bras de la comtesse d’Oultremont, sa femme, ou de la plus jeune de ses filles, personne ne reconnaissait en cet homme pâle et défait, amaigri et exténué par la maladie, la personnalité sympathique de jadis, qui participa si effectivement à la vie bruxelloise.
Car, en effet, il manifesta son activité dans divers domaines : dans le monde si spécial des expositions, dans la garde civique el aussi dans la politique.
Garde civique après avoir servi aux guides en qualité d'officier, Adrien d'Outremont fut placé à la tête de l'escadron de la garde civique à cheval, à la mort du commandant Mercier, et il ne quitta le corps que commande aujourd'hui M. De Ro que pour monter au généralat en remplacement du populaire général Slouffs. Il démissionna quelques années plus tard, laissant le souvenir d'un chef énergique mais courtois ; on le regretta.
Dès 1880, il s'était intéressé au mouvement des expositions avec Bordiau, Adolphe De Vergnies et Charles Buls , il avait organisé la fameuse Exposition nationale qui marqua notre Cinquantenaire. Depuis il ne cessa de suivre le marche de notre activité devant 1le monde et à l'étranger, et c’est encore lui que le gouvernement désigna en 1897 pour remplir auprès de l'Exposition de Bruxelles les fonctions de commissaire général.
La politique le tenta. Disons plutôt qu'il se laissa entraîner par ses amis. En 1884, les catholiques de l'arrondissement, impuissants par eux-mêmes à convaincre le corps électoral bruxellois, conçurent l'idée de grouper, sous la dénomination d' « indépendants », des cléricaux bon teint comme le comte de Mérode, Bilaut, et d'autres, avec des « indépendants » comme Somzée, Delebecque, Parmentier, Systermans. On sollicita le comte Adrien d’Oultremont : il accéda au désir de ses amis.
Il fut élu député de Bruxelles et siégea. Son rôle fut effacé et, cependant, il le marqua un jour d'un certain éclat : ce fut lorsqu'il présenta son projet de service personnel obligatoire. Il porta ce jour-là un rude coup au régime du remplacement et ce fut ce qui, politiquement, lui fit un nom.
Mais ce fut aussi une des raisons pour lesquelles les fanatiques s'empressèrent d'écarter de leurs rangs cet homme qui, au fond, n'était peut-être pas un clérical et qui se permettait d'esquisser un rôle en opposition avec toutes les traditions du parti catholique.
Depuis le jour où la politique le rendit à la vie normale, Adrien d’Oultremont continua d'apporter à la liste indépendante l'appui de son nom et de son influence; mais depuis quelques années, il n'y figurait plus en ordre utile et se contentait d'une place purement honorfique.
Le comte Adrien d’Oultremont était un patriote dévoué qui, dans divers domaines, patriote servit bien son pays. Le jour où il se dressa en adversaire irréductible du remplacement et en défenseur du service personnel, il mérita le salut de tous les bons citoyens
Et c'est pourquoi nous tenons à honorer sa mémoire.
H.D.
(Extrait deLa Meuse, du 30 janvier 1907)
Le comte Adrien d’Outremont, dont l'état de santé inspirait les plus cruelles inquiétudes ces derniers jours, est mort hier matin, ainsi que nous l'avons annoncé déjà.
C'est une personnalité bruxelloise des plus sympathiques qui disparaît et ce décès met en deuil de nombreuses familles de l'aristocratie belge. Le comte Adrien d'Oultremont était le frère du comte John d'Oultremont, grand maréchal de la Cour ; du général Théodore d'Oultremont ancien aide de camp du comte de Flandre, et du comte Eugène d’Oultremont, président des concours hippiques de Bruxelles.
Le défunt était né dans le Hainaut, au château de la Cattoire, le 22 septembre 1843. Le 16 novembre 1862, il entrait à l'Ecole militaire, en sortit sous-lieutenant et fut successivement attaché au 6ème régiment de ligne, au 4ème lanciers, et, le 11 juillet 1868, il entrait dans le corps d'officiers du régiment des guides. Nommé lieutenant le 19 octobre 1871, il offrit démission d'officier le 26 juin 1874.
Peu de temps après, le comte d'Oultremont sollicitait son admission, comme garde, dans l'escadron Marie-Henriette, et, le 3 novembre 1888, il prêtait serment en qualité de commandant de ce corps d'élite, succédant au regretté commandant Mercier.
Le comte Adrien d'Oultremont était un actif, un laborieux. Il étudia beaucoup les questions d'ordre économique et commercial et il fit preuve, en diverses circonstances, d'une telle compétence en la matière, qu'i fut désigné pour remplir les fonctions de commissaire général des sections belges aux Expositions universelles de Philadelphie en 1876, de Paris en 1878 et en 1880 à la section d'art rétrospectif et de l'industrie à l'Exposition national de Bruxelles, organisée à l'occasion du cinquantenaire de notre indépendance nationale.
En 1881, le 19 février, sur la proposition de M. Sainctelette, alors ministre des travaux publics, le comte d'Oultremont est nommé commissaire spécial de Belgique près l'Exposition internationale d'électricité de Paris.
Le regretté défunt, cédant aux sollicitations réitérées de ses nombreux amis, entra dans la vie politique. Membre du groupe dit « Les Indépendants », il fut élu en 1884, à la chute du parti libéral, membre de la Chambre des représentants et son passage au parlement fut marqué par les discours qu’il prononça en faveur de la réorganisation complète de l’enseignement professionnel ; le 23 novembre 1886, il' développa une proposition qui fit grand bruit, en faveur dus service personnel et il obtint la prise en considération.
Il s'est intéressé aux efforts tentés pour venir en aide aux éleveurs du Brabant et il a fondé avec le chevalier Hynderickx et M. Paul Tiberghien, la Société du Cheval de trait belge, pour laquelle il obtint le patronage de l'Etat et des subsides des pouvoirs publics.
En 1885, le comte d'Oultremont remplit les fonctions de commissaire général à l’Exposition universelle d'Anvers; en 1888, au grand Concours international de Bruxelles, et en 1897 à l'Exposition universelle de Bruxelles.
Son mandat de député n'ayant pas été renouvelé en 1892, il fut nommé par arrêté royal du 6 mars 1893 général-major, commandant supérieur de la garde civique de la capitale et en 1897 il était appelé au commandement supérieur de la garde civique pour les provinces d'Anvers et de Brabant. Il démissionna en 1898.
Le comte d' OuItremont a présidé pendant plusieurs années la Commission permanente du Tir national.
En 1900 il fut nommé membre de la Commission chargée de l'organisation de la section belge à l'Exposition universelle de Paris.
Le défunt était grand officier de l'Ordre de Léopold, grand officier de la Légion d’honneur, grand cordon de l'Ordre royal d'Italie, commandeur de l'Ordre d'Isabelle la Catholique, grand officier de l'Ordre royal du Cambodge, chevalier de l'Ordre de Saint-Anne.
Les funérailles du comte d’Oultremont auront lieu dans la plus stricte intimité, suivant le désir exprimé par le défunt, qui a renoncé aux honneurs auxquels il avait droit, ainsi qu’à toutes fleurs et couronnes.