Coppée Jules, Alexandre, Joseph libéral
né en 1837 à Tongrinne décédé en 1906 à Saint-Gilles
Représentant entre 1892 et 1894, élu par l'arrondissement de Charleroi(Extrait de La Gazette de Charleroi, du 31 mars 1906)
Le parti libéral carolorégien vient de subir une perte considérable : hier, est décédé à Bruxelles M. Jules Coppée, docteur en médecine. Le défunt était né à Tongrinnes, le 5 juin 1837. En 1864, à sa sortie de l’Université, les chefs du parti libéral jumétois lui conseillèrent de venir s’installer dans la commune, afin de contrebalancer l’influence des autres docteurs locaux, ) lesquels défendaient tous les idées cléricales.
M. Coppée se jeta immédiatement dans la politique militante. Dès 1866, il était élu conseiller communal ; en 1879, il était appelé aux fonctions d'échevin de l'instruction publique. C’est sous son échevinat que l’instruction populaire acquit une prospérité sans cesse grandissante. C’est grâce à lui que la commune possède actuellement un nombre considérable d'établissements scolaires ; écoles primaires, écoles d’adultes, écoles industrielles, etc. On peut dire que si Jumet est aujourd'hui une communes du bassin citée comme modèle au point de vue des établissements d’instruction, c’est à M. Coppée qu’il le doit tout particulièrement.
Le défunt était un démocrate sincère et convaincu. Aussi, jouissait-il d’une grande popularité ; la ouvrière lui avait voué une véritable vénération. Son caractère affable, son amour des humbles lui avaient assuré l'estime et le respect de tous, y compris de ses adversaires politiques.
En 1885, M. Coppée fut élu conseiller provincial, fonctions qu'il occupa jusqu’en 1895. A cette époque, le parti libéral l’envoya siéger à la Chambre des Représentants. Il s'y distingua par son attitude nettement démocratique, ne cessant d'appuyer tous les projets de réformes en faveur de la classe ouvrière lors des débats orageux provoqués par la demande de révision constitutionnelle, il s'affirma comme un partisans convaincus de l’égalité politique.
Naturellement, il sollicita le renouvellement de son mandat en 1894, avec la plupart des députés sortants. On sait que toute la liste libérale fut balayée par le flot montant du socialisme.
Il faut rendre cet hommage au défunt, qu’'il ne désespéra pas un instant de l’avenir de son parti. Il s’occupa de sa réorganisation, et nous le retrouvons en mai 1898 dans les rangs de cette liste de candidats libéraux qui luttaient pour l'honneur politique.
Le résultat ne fut pas sensiblement différente de celui de 1894. Le 31 décembre 1895, il renonça au renouvellement de son mandat de conseiller.
Depuis lors, M. Coppée se retira de la politique active ; en 1903, il quitta Jumet, pour aller habiter Saint-Gilles.
Au commencement de cet hiver, il s'était rendu à Nice. C’est là qu’il prit les germes de la maladie qui devait l’emporter, la fièvre typhoïde. Bien qu'il eût quitté notre arrondissement, il y avait conservé des intérêts industriels qui l'y ramenaient assez fréquemment.
Il avait conservé surtout parmi ses amis, ses anciens mandants et administrés, de vivaces sympathies.
(Extrait de La Gazette de Charleroi, du 3 avril 1906)
Hier ont été célébrées à Saint-Gilles et à Jumet les funérailles de M. Jules Coppée, ancien député et ancien échevin.
A Saint-Gilles, la levée du corps s’est faite simplement par le clergé.
Les cordons du poêle étaient tenus par MM. Louis Lambert, notaire Bughen, Diulait, ancien vice-président du tribunal de Charleroi, et Wéry. Le deuil était conduit par le frère et le neveu du défunt.
Parmi les personnalités présentes, on remarquait les généraux Ducarne et Cuvelier, MM. Féron, député, Ledoux, bourgmestre de Jumet, etc.
A Jumet, une foule considérable attendait le train de 2 h. 37, qui amenait la dépouille mortelle. Devant la gare étaient rangés les enfants de l'Orphelinat, des députations du corps enseignant et des élèves des écoles primaires communales et la police locale.
Quand la bière fut amenée devant le bâtiment de La gare de la Brûlotte, M. l'échevin Lauwers, ff. de bourgmestre, au nom de la commune, M. Jules Francq, au nom des usines Wattelar-Francq, et M. l'avocat Emile Jacqmain, au nom des amis du défunt, prononcèrent successivement discours que nous reproduisons ci-après.
Le funèbre cortège prit le chemin du cimetière : les orphelins et les députations IZ
des écoles marchaient en tête ; la police escortait le corbillard à quatre chevaux dont les cordons étaient tenus par MM. Louis Lambert, représentant les Verreries des Hamendes, M. Dulait, représentant la de Charleroi, M. Jules Francq, M. le notaire Bughin, M. l’échevin Lauwers et M. le docteur Deglimes, représentant le corps médical.
Au cimetière, trois discours que nous reproduisons également, ont encore été prononcés, par M. Maron, au nom du personnel enseignant, M. le notaire Frère, et M. Brise, au nom des humbles.
II était plus de quatre heures quand la triste cérémonie était terminée dans son imposante simplicité.
* * *
Discours de M. Lauwers
« Mesdames, messieurs,
« Vendredi matin, l'annonce du décès du Docteur Jales Coppée se répandait dans notre commune et semait la consternation et la tristesse chez tous se nos habitants ! Ceux-ci revoyaient devant eux cet homme à la carrure robuste, à la figure souriante, au regard franc qui, trop prématurément hélas. ! a été enlevé par cette terrible faucheuse : la Mort !
« C’est au nom de ces habitants de Jumet, que je viens dire un dernier adieu et rendre un hommage bien mérité à l’administrateur honnête et intègre que fut Jules Coppée.
« Quelques années après son arrivée en notre commune, en 1866, Jules Coppée fut élu par les électeurs libéraux de Jumet en qualité de conseiller communal ; la façon dont il remplit son mandat, ses nombreuses qualités d'administrateur, le firent appeler en 1879 aux fonctions d'échevin de l'instruction publique qu'il remplit dignement jusqu'en décembre 1895. Ce fut surtout dans l'accomplissement de ces fonctions que son mérite se fit jour. Il s'attacha à l'œuvre de l'instruction d'une façon admirable, prévoyant surtout les bienfaits qui devaient en résulter pour notre population ouvrière. Sous son échevinat, l'enseignement prospéra dans tous les domaines et si, aujourd'hui, notre commune peut être, à ce point de vue, donnée comme exemple, c’est grâce aux efforts continus du docteur Coppée. De nouvelles écoles primaires, gardiennes, ménagères furent créées ; l’école industrielle prit un essor considérable ; d'autre part, l'échevin d'alors eut aussi souci de la situation matérielle du personnel de l'enseignement et créa le barème qui porte son nom et qui est envié par les instituteurs e t institutrices de la plupart de nos communes environnantes.
« II fut le fondateur de l'école normale des instituteurs et collabora avec désintéressement à la création des hospices et de l'orphelinat ; son activité et son dévouement se manifestèrent surtout lorsque, pendant 20 années, il occupa la présidence du Comité de salubrité publique et de la Commission médicale locale.
« Qu'il me soit aussi permis de rappeler ici que c’est grâce à son initiative que fut instauré à Jumet, un Cercle de conférences populaires auquel il sut, avec quelques amis dévoués, donner une direction telle, que ce Cercle est aujourd'hui l’un des plus importants de notre Bassin.
« Ses amis libéraux estimèrent que, à raison de son intelligence et de son travail, il pouvait rendre des services dans d’autres sphères : c’est dans ces conditions qu'en 1885 Julos Coppée fut élu conseiller provincial du Hainaut et qu’en 1892 il alla siéger à la Chambre des représentants. Toujours, en cette enceinte, il se fit le défenseur de la démocratie ; aussi, avons-nous encore tous à la mémoire son attitude dans ces fameux débats qui ont précédé la révision de la de 1894 qui ont précédé la révision de la Constitution ; nous nous rappelons tous que Coppée fut l’un des promoteurs les plus ardents de cette révision qui devait amener un peu plus d'égalité dans les droits politiques des citoyens. Cet élan de générosité pour les humbles lui valut la perte de son mandat de député, C'est à ce moment que cesse la vie politique de notre regretté docteur Coppée, que cesse cette glorieuse carrière administrative imprégnée de bonté et de justice.
« Au moment de la suprême séparation, les habitants de notre commune ont tenu à venir nombreux apporter à Jules Coppée l’hommage de leur reconnaissance et de leurs regrets ; bourgeois et ouvriers, riches et pauvres, conserveront longtemps dans leur mémoire le souvenir de l’homme juste et bon que fut en toutes circonstances Jules Coppée.
« Au nom des habitants de Jumet, Jules Coppée, adieu !
* * *
Discours de M. J. Francq
« Mesdames, Messieurs,
« Le Conseil d'administration des Usines Wattelar-Francq m’a chargé de le représenter à représenter en cette pénible occasion pour dire un dernier adieu à notre regretté collègue Jules Coppée.
« Des rapports d’amitié sincère le liaient au propriétaire fondateur de nos usines, qui datent de près de 35 ans.
« Il faut remonter à la mort du bien-aimé Maximilien Wattelar, pour trouver M, Coppée à la création de notre Société anonyme. Il y apporta d'abord des capitaux considérables et donna ainsi son concours pratique à la continuation d'une œuvre qui a coûté la vie à son fondateur et qui était appelée à un brillant avenir. Son bon sons t sa perspicacité lui montraient les chances de prospérité qu'apportait alors son concours financer.
« Cela se passait en 1877 et, en 1889, le docteur Coppée, en dépit de ses multiples occupations, entra dans le Conseil d’administration. Il n’y avait pas en ce temps-là, 1889, cette fièvre dangereuse des combinaisons financières industrielles, mais il existait déjà un commencement de prospérité exceptionnelle pour toutes les branches de l’industrie métallurgique.
« Pendant ces longues années, traversées souvent péniblement par notre Société, Jules Coppée fut toujours à son poste en multipliant ses conseils avisés, exerçant son influence et contribuant ainsi de son mieux à nous créer un réputation que rien n’aurait jamais dû flétrir.
« Des événements de toute nature s’abattaient sans cesse sur cette Société qu’une fatalité paraissait poursuivre et vouloir détruire.
« Jules Coppée vit avec plaisir les quelques jours heureux comme il supporta avec courage les longs moments difficiles. Des caractères moins bien trempés que celui de notre ami auraient déserté la lutte, mais lui resta sur la brèche, ayant, malgré tout, une foi robuste en des jours meilleurs pour notre Société.
« Nous sommes maintenant fiers de notre situation si chèrement acquise et confiants aussi dans l’avenir nous pouvons dire que ces jours heureux sont arrivés.
« Si Monsieur Coppée n’a pu en jouir longtemps, nous avons eu au moins la suprême consolation, avant de le voir descendre dans la tombe, de lui avoir procuré la joie de voir rétablie l’œuvre à laquelle il avait tant contribué, au prix de lourds sacrifices certes, mais vivante et prospère et reprenant le rang que sa bonne renommé lui avait conquise.
« Permettez-moi, maintenant, Mesdames et Messieurs, avant d’autres amis, de dire quelques mots d’adieu au nom de l’amitié sincère, de l’admiration sans limite qui me liait au bon docteur Coppée, à cet homme d’élite dont la mort a produit à Jumet une émotion si profonde.
« Vous le connaissiez tous comme moi ; je ne saurais en dire assez de bien pour vous satisfaire ; mon cœur déborde trop pour avoir le courage de réveiller dans un discours banal de solennité funèbre toutes les misères qu’il a soulagés, les larmes qu’il a taries, tous les bienfaits qu’il a répandus à pleines mains. Tout cela sans calculs, sans but, sans intérêts, tout simplement parce qu’il voulait faire le bien loyalement, sans ostentation, négligeant les petits points de vue mesquins qu’il savait n’être qu’apparents.
« Vous savez que nous ne l’avons jamais quitté, car nous l’aimions tous, n’est-il pas vrai, comme nous savons aimer à la campagne, sincèrement, sans arrière-pensée, mettant toute notre âm, toute notre affection en ceux qui, comme lui, en sont dignes, et souffrant avec eux quand le malheur les accable. Nous suivions anxieusement, sans relâche, les progrès de cette terrible maladie qu’il a gagnée dans le Midi de la France, et qui devait le terrasser, malgré sa robuste constitution. Nous n’avons plus aujourd’hui que son cadavre, où il a vécu longtemps entouré d’amis inconsolables, qui l’ont beaucoup aimé et qui le pleureront toujours !
« Pénible, abominable circonstance, pleine de périls nouveaux, nous avons laissé là-bas, à Bruxelles, sa malheureuse veuve, en proie au même mal qui a emporté notre ami et qui nous ménage peut-être d’autres terribles douleurs.
« Puisse l'unanimité de notre dernier hommage, les éclatants témoignages de haute estime et de sympathique respect, dont ce deuil est entouré, apporter à sa veuve adorée la santé dont elle a tant besoin et quelque soulagement à l'immensité de son affliction.
« Et toi, cher et digne ami, repose en paix ; de ta belle et brillante carrière de travail, toute de dévouement et de loyauté, il ne restera plus que le souvenir ; souvenir gravé dans mon cœur comme un modèle à suivre, et aussi comme un guide dans les moments difficiles, un encouragement dans les luttes de l'avenir.
« Jules Coppée, adieu ! mon cher ami bien-aimé. »
* * *
Discours de Jacqmain
« Mesdames, Messieurs,
« Laissez-moi quelques instante encore vous retenir devant le cercueil, afin de dire à notre cher ami Coppée un dernier adieu.
« Peut-être suis-je bien placé, ayant été depuis ma plus tendre enfance le protégé, l'ami, le confident puis-je dire, de ses joies, de ses peines, de ses espérances, de ses désillusions, pour témoigner que sa vie fut un exemple frappant des plus hautes vertus civiques et privées.
« Nul plus que lui ne fut aimé !
« Nul plus que lui, ni mieux que lui n'a mérité les marques d'affection, de respect et de vénération que nous lui donnons aujourd'hui.
« Mais nul plus que lui, ne donna à ses amis la plus grande et la meilleure partie de lui-même.
« Jeunes ct vieux s'inclinent et ont la gorge étreinte par les sanglots, les yeux mouillés de larmes.
« C'est que non seulement son cœur était généreux. Nou seulement sa voix savait, avec une affectueuse gronderie, une douce et frappante autorité, ramener le calme, la paix, la confiance à celui qui souffrait, il avait encore et au suprême degré, cette dignité, ce respect de soi-même, et cet amour de l’humanité qui commandent et imposent l'estime et la sympathie, même à ceux qui ne partageaient pas ses convictions ou ses idées.
« Non seulement il était un ami dévoué, se donnant tout entier, sans réticence à ceux qu'il aimait, mais sa main savait répartir avec une insouciante philosophie une part très large des biens que sa science, son expérience et un travail assidu, jamais lassé, lui avaient assurés.
« L'essence même de son tempérament était la bonté, une incommensurable bonté.
« Dès son arrivée dans cette commune de Jumet, qu'il aimait tant, à laquelle il était si fermement et si indissolublement attaché, il partagea sa vie en deux parts égales, mais toutes deux furent pour le peuple, pour ses semblables
« A ceux qui souffraient, il donna sa science, son talent, son expérience, et nombre de ceux qui l'accompagnent aujourd'hui à sa dernière demeure, lui doivent la santé, le bien le plus précieux en ce monde.
« Toujours sur la brèche, avec quelle ardeur n'a-t-il pas ici même. combattu cette maladie qui, hélas ! aujourd'hui, l'a terrassé.
« Avec quelle tranquillité, il partait matin ou soir, allant là où le devoir l'appelait, sans crainte, sans émotion.
« Et par les chemins, dans cette commune surpeuplée, on entendait selon le degré d’intimité :
« - Bonjour, Monsieur Coppée.
« -Bonjour, médecin.
« -Bonjour, Jules.
« Affectueusement, toujours, il répondait, causait quelques instants, et content, se frottant les mains, continuait le pèlerinage, jamais achevé.
« Et c'est ainsi que nous l'avons vu lutter avec un irréductible et indéfectible acharnement, contre le choléra, le typhus, les maladies infantiles, la variole, les paquettes noires, comme on dit chez nous. Et là, où il y avait un danger, là où on était empoisonné, il se trouvait.
« Mais pourquoi le dire ? Chacun ne sait-il pas qu'il en fut ainsi ? N'est-ce pas chose banale ?
« Je voudrais parler encore, rappeler les traits et les traits sans nombre qui ornent sa vie et nous le montrent comme l’incarnation de la bonté, de la franchise et de loyauté.
« A quoi bon ?
« Le néant, l'immense néant, nous l'a pris !
« II fut un homme dans toute l'acception du terme. Et s'il fut incomparable dans sa vie professionnelle, il fut non moins dévoué et grand dans la vie publique.
« Ai-j besoin d'évoquer que Jules Coppée fut un politique militant, un libéral arde et convaincu, mais d'une grande tolérance ; il fut député de l'arrondissement de Charleroi à la Constituante, conseiller provincial du Hainaut, et durant de nombreuses années échevin de l'instruction publique de la commune de Jumet.
« Ce fut dans cette dernière sphère qu'il employa toute son activité, et montra l’ampleur et la largeur de ses vues.
« Il comprit dans ces importantes fonctions que l’homme n’est solidement armé contre les difficultés de la vie qu’au moye d’une bonne instruction, tout au moins primaire. Il donna aux enfants du peuple la mane intellectuelle, aussi nécessaire, sans doute, que le pain quotidien.
« Avec une inlassable patience, avec une persévérance de chaque jour, et bien que les ressources fussent modestes, il améliora, multiplia nos écoles
« Il fut de cette phalange d’hommes dont vos rues portent les noms, qui firent de Jumet cette belle et grande commune dont les écoles peuvent rivaliser avec celles des plus importantes villes de Belgique.
« Sur le fronton de votre hôtel communal le nom de Coppée n’aura pas besoin d’être inscrit. Son œuvre sera là impérissable, lui assurant la reconnaissance de ses concitoyens.
« Tous nous conserverons de lui l’immuable souvenir d’un homme de bien. Longtemps nos enfants, nos petits-enfants célébreront sa mémoire.
« Le nom de Jules Coppée planera sur cette commune. Ses vertus lui donneront l’heureuse et fière immortalité, la seule compatible avec les loi de la nature et de la raison humaine.
« Repose en paix, brave et cher ami. Ton souvenir restera dans nos cœurs. Et si aujourd’hui nos larmes et nos sanglots se mêlent à la terre qui va te couvrir, c’est non point seulement pour te pleurer, mais c’est aussi pour faire germer les idées de progrès, de liberté, de fraternelle égalité sociale, qui furent tiennes, ce que tu défendais avec une noble et fière ardeur.
« Repose en paix, tu as eu dans cette chère et belle commune des funérailles digne de toi.
« La population de Jumet te rend hommage. Elle et comprend les services rendus – comme l’amour que tu avais pour elle.
« Adieu ! Mon cher et vieil ami ! »
* * *
Discours de M. Frère
« Messieurs,
« Au nom du Conseil d’administration et du collège des commissaires de la Société des Charbonnages de Fontaine-l’Evêque, je viens offrir à la mémoire de notre collègue, le docteur Coppée, le tribut de nos regrets.
« Hélas, notre comité de surveillance est bien éprouvé depuis quelques temps. Aprrès Fleuru, voici que Coppée disparaît à son tour emporté inopinément, lui qui, par sa robuste constitution, pouvait espérer des longs jours.
« Il avait assisté aux débuts de notre Société, qui le comptait parmi ses plus anciens actionnaires : récemment nommé commissaire, il remplissait avec le plus grand dévouement ses nouvelles fonctions.
« Par son affabilité et son aimable bonhomie, il avait conquis l’estime et le respect de tous.
« Après une longue carrière consacrée à la chose publique et à l’exercice de ses devoirs professionnels, il avait prit un repos bien mérité, mais qui ne devait pas être de longue durée.
« Et maintenant nous nous inclinons avec un douloureux respect devant la dépouille mortelle de celui que nous pleurons.
« Puissent nos sentiments de sympathique condoléance adoucir l’amertume causée à sa famille par une si brusque séparation.
« Cher collègue, ton souvenir restera gravé dans nos cœurs et nous te disons : Adieu ! Adieu ! »
* * *
Discours de M. Marron
« Mesdames, Messieurs,
« C'est au nom du personnel enseignant des écoles communales de Jumet, que m'incombe le pénible mais impérieux devoir de prendre la parole en cette douloureuse circonstance, le regretté défunt, M. Coppée, ayant été de 1879 à 1905 l dévoué échevin de l’instruction publique de notre importante localité.
« L’éloge de celui dont la dépouille mortelle repos, hélas, devant nous, n’est plus à faire, car dès la nouvelle de son décès prématuré, auquel, certes, nous étions loin de nous attendre, nous avons été tous frappés de la profonde émotion qu’on ressent, quand disparaît pour toujours un homme de bien, un protecteur.
« Si nous nous reportons en 1866, année où M. Coppée entra au Conseil communal, nous ne trouvons à Jumet qu’une seule école primaire officielle, établie dans les sous-sols de l’hôtel de ville ; alors, pas d’écoles d’adultes, pas d’écoles gardienne, pas d’école ménagère ; quelques classes privées, aménagées dans des locaux insuffisants et malsains et dirigé par des maîtres, dévoués il est vrai, constituaient tout l’enseignement élémentaire à Jumet. Il coûtait à la commune environ 4000 francs.
« En 1895, année où M. Coppée abandonna l'échevinat de l'instruction, la commune comptait 7 écoles primaires pour garçons avec 22 classes, 7 pour filles avec 21 classes, 17 cours d'adultes, 6 écoles gardiennes et 4 classes ménagères ; cet enseignement occasionnait à la commune une dépense de 48,000 francs.
« Depuis le départ de M. Coppée une seule classe nouvelle a été jugée nécessaire.
« C'est vous dire, Mesdames, Messieurs, l'œuvre immense accomplie par ce propagateur de l'instruction.
« Aussi, qui n'est frappé d'admiration à la vue de ces nombreuses, de ces vastes, de ces superbes installations scolaires, sagement réparties dans toute la commune, placées dans les meilleures conditions de salubrité et de confort, pourvues d’un mobilier didactique complet et perfectionné et dirigées par des maîtres choisis parmi les plus capables.
« Toutes ces nobles et bienfaisantes institutions, tous ces foyers de lumière, où la jeunesse vient gratuitement s'y former pour la vie, c'est à M. Coppée surtout qu'on les doit.
« Et si Jumet est, à bon droit, fier de son organisation scolaire, c’est à son administration communale éclairée, c'est surtout à M. Coppée qu’il en est redevable.
« Est-il nécessaire que je vous parle des progrès réalisés par la jeunesse studieuse pendant son échevinat ? Dois-je vous rappeler que sous son habile direction les écoles de Jumet sont toujours arrivés dans les concours à la tête du canton.
« Aussi, en 1895, à la veille de la suppression de ces joutes pacifiques, M. Coppée, à une cérémonie de distribution de prix, félicitait-il chaleureusement les instituteurs et leur disait : « Vos élèves ont fourni cette année encore un chiffre d’élèves s’élevant à 6 p. c. de la population, alors que les règlements n’en demandent que 4 ; vous couronnez donc dignement la série des concours scolaires. J’espère que malgré leur suppression, vous continuerez à travailler avec le même zèle. »
« Ce conseil a été suivi ; tous les membres du corps enseignant ont tenu à prouver par leur travail que les paroles de leur échevin était restées gravées dans leur cœur : tous ont rivalisés e zèle et ont prouvé que, malgré la suppression des concours, ils continuaient, comme par le passé, à dévouer pour le bien-être intellectuel et moral de la jeunesse.
« M. Coppée s’était fait l’ami sincère, le protecteur dévoué, le véritable père des instituteurs qui, tous, avaient pour lui, le plus grand respect et les plus vives sympathies.
« Aussi est-ce avec bonheur qu’il visitait les écoles, s’enquérait des progrès des élèves, et s’intéressait à la situation de instituteurs ; il réunissait souvent ceux-ci pour les consulter, assistait à leurs conférences trimestrielles et les recevaient avec plaisir chez lui pour écouter avec bienveillance leur désidérata.
« Toujours en contact avec l’inspection et avec les instituteurs, il connaissait toutes les nécessités de l’enseignement et savait apporter immédiatement à celui-ci les améliorations jugées nécessaires.
« C’est grâce à M. Coppée que les instituteurs de Jumet sont dotés d’un barème de traitements qui leur permet de vivre dans une honnête aisance.
« C’est grâce à ses sentiments hautement généreux, à ses idées de grande tolérance qu’ils ont pu s’habituer à cette liberté de pensée et d’action, à cette initiative si nécessaire dans l’accomplissement de leur lourde tâche. C’est grâce à l’intérêt qu’il n’a cesser de leur porter, au prestige qu’il a su leur donner, qu’ils ont conquis dans la société le rang qui leur revient.
« M. Coppée a été le père des instituteurs dont il a facilité la mission en tout temps et qu’l a défendus ouvertement et énergiquement en toute occasion.
« Cher et regretté échevin, le corps enseignant primaire de Jumet dépose sur votre cercueil en ce jour de deuil immense l’hommage respectueux de ses vifs regrets et de sa profonde gratitude.
« Ami sincère, protecteur dévoué, homme de bien, adieu ! »
* * *
Discours de M. Brisse
« Mesdames, Messieurs,
« En cette journée de larmes et de regrets, douloureuse entre toutes, tous les éloges que méritait à un si haut point M. Coppée, ont été prononcé. Cependant, les humbles qu’il a tant aimés et envers lesquels il s’est tant prodigué durant les 40 années qu’il a passées parmi nous, veulent lui rendre, par ma voix, un suprême hommage.
« M. Coppée joignait à un grand cœur une affabilité et une tolérance sans bornes qui captivaient la confiance des humbles et les amenaient à disposer et de son appui et de ses conseils, ce que, inlassable, il ne cessait de faire avec dévouement et abnégation.
« Aussi quand, vers la fin de 1897, des hommes cœur jetèrent les bases d’une association des élèves diplômés de l’école industrielle tous les regards se portèrent vers M. Coppée pour lui en confier la présidence d’honneur. Il fut dans ce poste honorifique, ce qu’il avait toujours été, vigilant t serviable envers les associés, paraissant particulièrement heureux de la prospérité de notre Alma Mater ouvrière qu’il avait créée et gérée ensuite pendant de longues années.
« O amère dérision du destin, aujourd’hui, une fatalité aveugle, cruelle, enlève prématurément cet homme de bien, si éminemment utile à ses semblables, à notre gratitude, à notre reconnaissance.
« Cher Coppée, les humbles et les associés, au nom de qui je parle apprécient hautement ta vie. Pleins de regrets ouicants, ils vénéreront ta mémoire et te rangeront parmi les bienfaiteurs de l’humanité. »