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Cavrot Ferdinand (1846-1918)

Portrait de Cavrot Ferdinand

Cavrot Ferdinand, Joseph socialiste

né en 1846 à Poperinghe décédé en 1918 à Ypres

Représentant 1894-1900 (Charleroi) et 1900-1902 (Bruxelles) et 1902-1904 (Charleroi) et 1908-1918 (Charleroi)

Biographie

(Extrait de La Chambre des représentants en 1894-1895, Bruxelles, Société belge de Librairie, 1896, pp. 259-260)

CAVROT, Ferdinand-Joseph,

Représentant socialiste pour l’arrondissement de Charleroi, né à Erbosoeul, le 6 mai 1846

Ouvrier mineur aux Charbonnages de Mariemont et ancien membre de l'Internationale, M. Cavrot a mis une infatigable activité au service de la propagande socialiste en fondant, depuis 1871, une foule de sociétés ouvrières et en collaborant aux journaux du parti. Il a assisté, en qualité de délégué, au premier Congrès international des mineurs, tenu à Londres en 1888, et a fondé. en 1889 et 1890, les Fédérations nationale et internationale des mineurs, au bureau desquelles il siège encore.

Membre du Conseil de prud'hommes de La Louvière depuis sa fondation (1886) et du Conseil communal de La Hestre depuis 1888, Il a été nommé vice-président du Conseil supérieur du travail. Il est également vice-président du Conseil d'arbitrage des Charbonnages de Mariemont.

M. Cavrot représente à la Chambre l'arrondissement de Charleroi ; il a été élu au ballottage du 21 octobre 1894, en opposition aux catholiques, par 69,410 voix, contre 46,314, accordées au candidat le plus favorisé de la liste catholique, M. Drion, représentant sortant.

Le 14 octobre, les socialistes avaient obtenu de 56,000 à 58,000 voix; les catholiques, de 32,000 à 36,000, et les libéraux, de 20,000 à 23,000.


(Texte élaboré à partir de la notice biographique de PUISSANT J., sur le site du Maîtron (consulté le 7 décembre 2025)

Issu d’un milieu ouvrier, Ferdinand Cavrot travaille à la mine dès ses douze dans les charbonnages de Flénu et de Mariemont.

Selon ses dires, Cavrot adhère en 1871 à l’Association internationale du travail.

Son établissement dans le bassin du Centre est concomitant avec un engagement social affirmé : cofondateur de la mutualité de La Hestre (1886), , création de la Fédération des mutualités du Centre (1891), contribution à la création de syndicats locaux de mineurs (1888-1889) puis au regroupement de ces syndicats dans une l’Union fédérale des mineurs du Centre (1890) dont il devient le trésorier.

Lors de la dissidence d’Alfred Defuisseaux (1887), il refuse de s’affilier au Parti socialiste républicain de celui-ci et constitue avec la coopérative Le Progrès de Jolimont la minorité fidèle au POB. De même, animé d’un esprit de modération, il préside une réunion convoquée pour mettre fin aux grèves initiées par le PSR, demande la grâce des condamnés, et préconise la mise en place de conseils de conciliation et d’arbitrage. Cavrot participe aussi au Congrès libéral progressiste de Bruxelles la même année.

L’Union fédérale des mineurs du Centre participe aux grèves pour le suffrage universel de 1891 et 1893. La presse socialiste le décrit alors comme un mineur instruit, énergique et influent.

En 1890, Cavrot est l’un des fondateurs de la Fédération nationale des mineurs au congrès de Jumet-Gohyssart, dont il devient trésorier. L’organisation vise la solidarité des travailleurs en cas de grève, chômage, accident ou vieillesse, et inscrit ses revendications dans le programme du POB, notamment le suffrage universel.

Cavrot siège au Comité national, participe au congrès international de Londres préparant la Fédération internationale des mineurs et représente les mineurs belges dans cette structure. Membre du Conseil supérieur du travail dès 1892, il en devient vice-président.

Défenseur de l’unité syndicale, il s’oppose à Jean Callewaert, partisan de l’autonomie des syndicats affiliés aux Chevaliers du travail ; l’unification ne sera réalisée qu’en 1904.

En 1907, il intervient devant la Commission d’enquête sur la durée du travail dans les mines.

Cavrot est élu conseiller communal socialiste à La Hestre en 1887 puis de 1895 à 1900.

En 1894, le suffrage universel masculin tempéré lui permet d’être élu député de l’arrondissement de Charleroi sur une liste unissant Fédération démocratique, POB et Chevaliers du travail. Il siège ensuite comme député de Bruxelles de 1900 à 1902, puis de nouveau comme député de Charleroi jusqu’à sa mort, sauf entre 1904 et 1908.

Cavrot est un des rares députés issus directement de la mine et se consacre essentiellement à la défense de ses camarades houilleurs. En 1911 notamment, il dépose une proposition visant à augmenter sensiblement la pension des mineurs, soutenue par d’importantes manifestations dans le Hainaut.


(Extrait de La Nation belge, du 8 novembre 1925)

L’expérience inutile. Une lettre…

M. de Broqueville a-t-il conservé la lettre que lui écrivit, le 3 août 1914, M. Ferdinand Cavrot, député socialiste de Charleroi ? Nous la voyons encore, le lendemain, qui était le premier jour de la guerre, trembler entre les mains du ministre, ému jusqu’aux larmes en la lisant ; nous voyons encore cette écriture de vieil écolier timide sur un papier quadrillé à un sou les douze feuilles... M. Cavrot félicitait M. de Broqueville d'avoir deviné le péril et fait voter la loi militaire de 1913. Pas de phrases. l)es mots jetés comme ils étaient venus. du fond du cœur, à la plume de ce brave homme, peuple des pieds à la tête. Pour finir. au lieu d’une quelconque formule de politesse : « que le Bon Dieu vous bénisse. »

Il serait regrettable, à plusieurs points de vue, que cet émouvant billet fût perdu. On ferait peut-être hésiter, en le publiant, quelques députés socialistes patriotes qui s'apprêtent tristement à détruire. sur l’ordre de M. Vandervelde. ce qui reste de l'armée de la victoire. M. Cavrot avait applaudi M. Vandervelde quand le chef de l'extrême-gauche avait dit à la Chambre, pendant la session de 1906 : la guerre ! nous n'en avons pas peur ; noue savons, nous sommes sûrs que la crainte des socialistes sera toujours, pour Guillaume II, le commencement de la sagesse ... Comme M. Camille Huysmans, comme tous ses collègues de l'extrême-gauche,. M. Cavrot riait à gorge déployée. en 1913. au sortir de la réunion secrète convoquée par le chef du gouvernement pour éclairer les députés et sénateurs sur les préparatifs de l'Allemagne. Sa lettre, son admirable lettre du 3 août 1814 respirait la plus parfaite contrition et le plus ferme propos. Qu'éprouverait-il, que dirait-il, s'il était encore de ce monde en voyant son parti retourner aux idoles : pacifisme, internationalisme, etc., qu’il s'accusa, en termes si touchants, d’avoir trop longtemps adorées ? (…)

Neuray F.


Voir aussi :

HARDAT Ph., Ferdinand Cavrot, de La Hestre : un pionnier oublié du socialisme, dans Cahiers du Grand Manage, 2022, n°26