Brenez Alphonse socialiste
né en 1862 à Hornu décédé en 1933 à Hornu
Représentant 1894-1929 , élu par l'arrondissement de Mons(Extrait de La Chambre des représentants en 1894-1895, Bruxelles, Société belge de Librairie, 1896, pp. 248-250)
BRENEZ, Alphonse,
Représentant socialiste pour l’arrondissement de Mons, né à Hornu, le 7 novembre 1862
Ouvrier mineur, M. Brenez est l'un des agents les plus actifs du parti socialiste dans le Hainaut ; il est secrétaire d'un syndicat de mineurs.
Il fut élu représentant par l'arrondissement de Mons au scrutin du 14 octobre 1894 par 41,722 voix, contre 19,509, accordées au plus favorisé de la liste. libérale, M. Houzeau de Lehaie, et 17,210 au plus favorisé de la liste catholique, M. Corbisier.
Lors de son élection, M. Brenez était détenu à la prison de Mons en exécution d'un arrêt de la cour d'appel de Bruxelles du 13 mai 1893 qui le condamnait à cinq années d'emprisonnement pour avoir pris part à une émeute à la tête d'une bande armée. La Chambre des représentants. dont il était appelé à faire partie, ordonna sa mise en liberté, sur la proposition de ses collègues, MM. A. De Fuisseaux, L. de Fuisseaux, Roger, Denis, Maroille et Bastien.
(Extrait de La Wallonie, du 15 février 1933)
Alphonse Brenez, ancien député de Mons, est mort à l’âge de 70 ans
Certes, on s'y attendait depuis quelque temps. Mais qui donc pourtant, au Borinage et parmi les vétérans du groupe parlementaire socialiste, apprendra sans émotion la mort de notre ami Alphonse Brenez, ancien député socialiste de Mons. Depuis longtemps depuis déjà, depuis plusieurs années, il ne quittait plus sa petite maison d'Hornu, impotent, presque aveugle, par vieille compagne toujours alerte.
Encore un des premiers élus de 1894 qui disparaît, quelques jours après Niézette. Une figure pittoresque. Alfred Defuisseaux l'avait baptisé « el Pèkeu (le pêcheur), à cause des histoires de pêche vraiment marseillaises que contait Brenez et qui avaient pour théâtre, si j'ose dire, les eaux et du canal de Mons à Condé. « El pèkeu » : le nom lui était resté.
Alphonse Brenez était né à Hornu, le 7 novembre 1862. En 1891, il fonda le Syndicat des Mineurs et la Coopérative Socialiste de cette commune. En 1893, il fut condamné à cinq ans de prison pour fait de grève, lors de l'agitation pour le suffrage universel. Un jour, un cortège parti de Quaregnon, s'était heurté aux gendarmes. II y eut une petite échauffourée. Il fut arrêté comme l'instigateur. Il avait purgé 19 mois de cette peine quand il fut élu pour la première fois député de Mons, avec Maroille, les frères Defuisseaux, Bastien et Roger.
Le petit mineur râblé d'Hornu passa directement de la prison de Mons au Palais de Nation. II y resta jusqu'en 1929, date à laquelle, spontanément, il renonça à son mandât qui n'avait cessé de lui être renouvelé depuis 1894.
A la Chambre, où il intervint parfois en faveur de ses anciens camarades de la mine, on le voyait arriver en compagnie de Maroille, son inséparable. Tous deux fumaient une grosse bouffarde au tuyau courbé.
Qui aurait cru que ce petit homme paisible, au regard malicieux, avait derrière lui une carrière si agitée. ? Séduit par l'uniforme, il s'était engagé dans l'armée, où il avait même gagné un galon de caporal. Après quoi, ayant quitté l'armée, il partit pour l'Amérique, mais après y avoir travaillé quelque temps comme mineur dans un pays tout à fait sauvage encore, il eut la nostalgie du Borinage où il revint prendre sa place à la mine et parmi les premiers militants socialistes. On sait le reste. Ah ! nous allions oublier… II fut, avant Gorges Plumat, le secrétaire de la Fédération Socialiste boraine. Mais ce fut un secrétaire original : il ne tenait pas de procès-verbal des réunions et il avait pour archives et la documentation, un mépris total. Mais on l'aimait bien quand même, avec tous ses défauts. (Qui n'en a pas ?)
En lui, la classe ouvrière voyait un des « vieux de la vieille », un des premiers qui osèrent lever l'étendard de la révolte. Elle gardera son souvenir avec ferveur.