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Chroniques politiques et parlementaires du Nieuwe Rotterdam Courant (traduction) (1906-1914)
VAN DE WOESTYNE Charles - 1906

VAN DE WOESTYNE Karel, Chroniques politiques et parlementaires (octobre 1907)

(Paru à Rotterdam, dans le quotidien "Nieuwe Rotterdamsche Courant")

Circonstances compromettantes (1) - Tournois silencieux (23) - Réconciliation (25) - Élection au village (26)

Circonstances compromettantes

(Paru dans le Nieuwe Rotterdam Courant, le 1er octobre 1907)

Bruxelles, 28 septembre 1907

Bien que le gouvernement puisse compter, lors de la prochaine discussion du projet de loi coloniale à la Chambre, grâce au changement d'avis, ou du moins de comportement, du ministre Helleputte, sur l’appui quelques jeunes catholiques dissidents, autrefois fermement opposés, et ainsi espérer que sa proposition – autrement dit celle du Roi – recevra un meilleur accueil et plus de voix qu'en décembre dernier, il est certain cependant que dans le camp libéral – très divisé sur la question coloniale, comme vous le savez – les récents événements ont changé de nombreuses opinions. Le principe de la colonisation, l'avenir du Congo, avaient attiré de nombreux partisans à notre future province : ce que l'on en sait maintenant, ce qui se révèle à chaque instant, les moyens de persuasion utilisés, comment la confiance du peuple est exploitée, ont ouvert les yeux de beaucoup et refroidi beaucoup d'enthousiasmes.

Je vous ai dit hier comment deux libéraux, autrefois totalement alignés avec la politique royale, respectés de tous : Charles Graux, ministre d'État et ancien administrateur de l'Université libre de Bruxelles, et Maître Sam Wiener, un sénateur redouté et respecté, ont choisi de se soustraire à toute influence d'en haut ; comment un Huysmans, qui a tant fait pour faire passer le projet de loi en décembre, comment même le président Schollaert, qui a parfois eu beaucoup de mal à rester impartial lors de la même discussion, ont refusé de voter le report, lorsque M. Beernaert a proposé d’interroger immédiatement le gouvernement sur l’arrêté constituant le Domaine de la Couronne en société. De tels exemples, venant de tels hommes, parmi lesquels le plus fidèle ami du gouvernement, sont symptomatiques. Ils caractérisent une situation. Ils sont une leçon pour les entêtés et les têtes brûlées. Ils donnent le droit, quelle que soit l'opinion, de rester purement objectif dans la constatation et la discussion des faits : le public en apprendra plus dans un récit presque cinématographique que dans les attaques virulentes que certains journaux pensent devoir se permettre. Le fait brut frappera plus qu'un récit pompeux, tout comme le cadavre d'un ivrogne en apprend plus que tous les livrets de propagande antialcooliques du monde.

Car maintenant, ce n'est plus une presse étrangère, ce n'est plus la « Congo Reform Association » anglaise qui éveille notre méfiance et nous fait craindre mensonges et tromperies ; ce ne sont plus des chroniques des atrocités ou des listes de tortures provenant de sources intéressées, sans sanction ni preuve : maintenant, c'est un Bulletin officiel du Congo, maintenant c'est un arrêté royal, maintenant c'est une plainte devant la justice belge qui parlent. L'État du Congo lui-même nous fournit des preuves contre l'État du Congo. L'inconscience ou le cynisme poussé à l'extrême nous montrent la plaie purulente qu'on veut nous confier alors que nous la savons incurable. – Où cela mènera-t-il ? Quel sera le résultat ? Nous ne savons rien de plus : le souverain voit maintenant ses meilleurs soutiens se détourner. Une belle leçon pour ceux qui veulent être rois parmi les borgnes.

Je parlais tout à l'heure de plainte devant la justice. Cela concernait le dernier fait qui a encore plus ébranlé la confiance belge. L'histoire nous est communiquée aujourd'hui. Pour être complet, je vous la rapporte.

Vous savez que le principal argument en faveur du maintien du Domaine de la Couronne était que ses revenus devaient être exclusivement destinés à des fins artistiques, scientifiques, philanthropiques. La générosité du Roi ne voulait pas que ces revenus servent à autre chose qu'à l'embellissement et à l'ennoblissement de la Belgique. Cet argument était certes un peu extensible ; il était cependant suffisamment clair pour exclure tout usage personnel, surtout dans l'esprit de celui qui en bénéficiait. Si ma mère fait un gâteau et dit : « il est pour toi », mais en mange ensuite trois-quarts elle-même, je me dis : « Certes, tu as fait ce gâteau avec ta propre farine, ô mère, et cuit sur ton propre feu, mais... promesse faite, dette à acquitter, et qui ne la tient pas aura mauvaise réputation, comme dit le proverbe. » Et le peuple belge connaît la fierté légitime de son souverain pour sa belle et droite stature....

De plus, quand, cette semaine, la commission des XVII a refusé d'accepter comme chose jugée que le budget de la colonie soit exclu du vote des Chambres, la réponse a été : soyez très heureux d'être dispensés de ce souci ; le Domaine de la Couronne est là pour couvrir tout déficit.

Avec une garantie suffisante, on aurait donc pu accepter que le budget échappe à la surveillance : le Domaine de la Couronne, même en société, serait le fonds de réserve responsable. Et ce serait peut-être une consolation pour la Belgique.

Le Domaine de la Couronne aux larges épaules avait donc un double objectif : l'utile et l'agréable, l'utile-dulci de toutes les bonnes choses. La Belgique embellie, pleine de nouveaux bâtiments et d'institutions caritatives ; tous les littérateurs entretenus aux frais de l'État, tous les peintres décorés, tous les fous traités comme des princes héritiers, une dot princière pour chaque nouveau-né. Et en plus : toutes les dettes, même belges, de l'État du Congo réglées, toutes les nécessités pécuniaires couvertes, toutes les préoccupations financières écartées par des clins d'œil entendus : le Domaine de la Couronne paierait tout... La vision était belle ; mais : on allait presque y croire : onze fois la Belgique dans une immensité inépuisablement riche, et avec cela le sixième des meilleures mines d'or du Congo....

Mais il se trouve qu'un simple architecte bruxellois est créancier d’une somme due par le dit Domaine de la Couronne, et ne peut l'obtenir. L'affaire, au fond, nous laisse froids, nous ne sommes, Dieu merci, pas encore responsables. Mais là où nous dressons l'oreille, c'est quand l'architecte soumet à la justice, sur papier timbré, le détail des travaux à réaliser, restés impayés, ou suspendus sur ordre supérieur. Et parmi ces travaux figurent ceux destinés au plaisir intime du Roi, à Laeken et aux environs, et qui ne contribuaient en rien à la prospérité de la Belgique ou aux charges congolaises. Les revenus du Domaine de la Couronne payaient donc, ou négligeaient de payer - en principe, c'est la même chose, puisque la reconnaissance de dette existe contractuellement - ce qui n'avait d'autre utilité que d'être agréable et profitable à Léopold II, dans ses possessions personnelles belges.

Maintenant, je serais bien le dernier à prétendre que le Roi n'a pas le droit de faire ce qu'il veut de ses revenus. Mais il y a revenu et revenu, et si je fais la promesse solennelle à la Société pour l'amélioration de la race des lapins de Lovendeghem de verser vingt francs par an à sa caisse contre les catastrophes, j'engage une obligation morale que je ne respecte pas si j'utilise les dits vingt francs pour acheter un parapluie ou une bouteille de champagne pour mon usage exclusif.

Car, bien qu'il soit évident que les dépenses pour les plaisirs personnels du Roi ne ruineront pas le Domaine de la Couronne, l'utilisation d'une partie de ses revenus à une telle fin, après des promesses solennelles et répétées, ne peut qu'éveiller méfiance et déception, pour ne pas dire manque de confiance et colère. Et dans les circonstances actuelles, de telles pratiques relèvent d'une politique mauvaise et imprévoyante, sinon arbitraire et malveillante. Elles sont, pour les opposants, mais aussi pour les bienveillants, compromettantes, bien que légales. Car le droit cesse d'être droit lorsqu'il blesse la bonne foi.


Tournois silencieux

(Paru dans le Nieuwe Rotterdam Courant, le 23 octobre 1907)

Bruxelles, 19 octobre 1907

Quand je vous ai parlé pour la dernière fois de la prise en charge du Congo - il y a déjà trois semaines, avant que la maladie ne me prive du plaisir de débattre avec vous - et que je prédisais non seulement un recul, mais aussi des concessions de la part du gouvernement et une résistance acharnée de l'opposition, comme expression de la volonté populaire, je ne pensais pas que les circonstances - les réunions répétées de la Commission des XVII et l'opinion publique qui se dessine à travers le pays - confirmeraient mes prédictions avec autant de force qu'elles l'ont fait. Il semble bien, comme je l'avais pressenti, que les arguments de ceux que je vais appeler, faute de mieux, des patriotes, par opposition à ceux qui sont principalement dévoués à la colonie et à ses maîtres actuels, finiront par percer les avancées du gouvernement en faveur du projet royal, sinon avec la dague répugnante du condottiere, du moins avec la persévérance d'une goutte d'eau qui, par son action répétée et rapide, finira par forcer la roche de la volonté supérieure à céder une petite cavité dont le pays pourra s'abreuver. Ce sont là des tournois silencieux, plus courtois que ce que la Chambre nous prépare certainement pour bientôt, mais où la froide politesse des adversaires repousse pas à pas le projet gouvernemental dans les limites de la justice, des discussions où une logique claire combat, réfute et triomphe progressivement des lois désuètes ou des réglementations adaptées à des circonstances très différentes ailleurs.

La commission, à son honneur, reconnaît la diversité des opinions parmi ses membres et que la Belgique fait face à une grande question : la colonisation, dans des circonstances très difficiles, d'un territoire très vaste, alors que la mère patrie peut ne pas être à la hauteur des responsabilités et doit donc s'assurer toutes les garanties possibles.

C’est clair : il n'est pas question de calquer une loi coloniale belge sur celle d'une autre nation ; des circonstances différentes exigent de nouvelles mesures, et alors que nous connaissons à peine ce que nous offrent ces territoires en tant que sources de richesse, nos précautions et notre prudence ne peuvent être trop grandes lorsqu'il s'agit d'assurer la surveillance, pour pouvoir, après expérience, introduire un régime colonial plus large ou plus restreint, adapté aux conditions.

Il est nécessaire de le répéter : même ce qui était excellent sous la domination absolue de Léopold II, en tant que Souverain de l'État Indépendant du Congo, peut échouer lorsque toute la nation légifère et doit supporter les conséquences de sa législation. Le Roi était libre d'interpréter ses promesses solennelles d'humanité et de civilisation, faites avant la conférence de Berlin, comme il le jugeait bon par la suite : nous n'étions pas responsables si cette interprétation n'était pas universellement acceptée. Cependant, si nous héritons de la colonie et de l'exécution de ces promesses, nous devons veiller à les réaliser non seulement pour satisfaire tout le monde dans notre pays et la colonie, mais aussi pour satisfaire les puissances européennes qui ont baptisé le Congo. La responsabilité d'un pays entier sous un régime parlementaire est différente, plus grande que celle d'un souverain absolu. C'est pourquoi il est nécessaire que nous ayons les plus grandes garanties, tout comme on ne peut reprocher à un nageur de se prémunir contre la noyade avec une solide ceinture de liège avant de se lancer dans des eaux inconnues - il peut toujours l'enlever une fois rassuré sur les courants et les profondeurs. De même, nous devons être prudents et ne pas nous contenter de demi-mesures et de demi-garanties.

Il est réjouissant de constater que, sinon le Roi, du moins les amis de ses porte-parole commencent à céder. Il est également encourageant de voir qu'ils utilisent moins l'argument : « notre projet est inspiré par les grandes puissances coloniales ; donc il est bon », ce qui plaide en faveur du bon sens, qui domine de plus en plus les partisans et les adversaires.

Un tel argument a en effet peu de valeur. Parce que l'Angleterre fait ceci, et les Pays-Bas font cela, cela ne prouve pas que les mêmes mesures auraient de bons résultats au Congo. Le Congo n'est pas du tout organisé, et encore moins connu, comme vos colonies et celles de l'Angleterre. C'est une erreur de penser que le même sujet appelle toujours le même verbe, et ceux qui raisonnent ainsi sont comme des téméraires qui pénétreraient dans les forêts vierges américaines sans armes parce que la forêt de Soignes en Brabant présente peu de danger de bêtes sauvages. On commence à comprendre que copier purement et simplement la législation étrangère est, pour le moins, un pari qui peut tout aussi bien mal tourner que bien se passer. Tout examiner soigneusement avant de légiférer, puis consulter l'expérience des autres nations pour adopter les mesures les plus efficaces ; écouter d'abord nos obligations envers l'humanité et l'honnêteté envers nous-mêmes, les puissances de la conférence de Berlin, et surtout envers les indigènes, et ensuite seulement écouter les voix de l'intérêt personnel, quelle que soit leur provenance : ce sont les motivations qui doivent guider notre législation sur la prise en charge du Congo, les seules qui peuvent sincèrement accomplir le « rendre à César », et assurer au Roi tout l'honneur et tous les profits qui lui reviennent, sans crainte de trop ou trop peu. C'est un plaisir et un spectacle réjouissant de constater que la commission des XVII reconnaît de plus en plus, bien sûr avec quelques réserves, mais généralement avec une bonne volonté louable, comment il convient d'agir, et qu'une solution rapide et digne des travaux des membres peut être attendue, où chacun recevra sa part, autant que possible humainement.

Je ne vais pas entrer dans les détails du travail des trois dernières semaines : aussi considérable soit-il, il se perd parfois en petites choses de moindre importance. Je ne peux cependant pas vous cacher ce qui a été décidé sur certains points très particuliers.

Je vous ai déjà écrit que dans le texte de loi, les mots : « Le gouvernement est exercé par le Roi », ont été remplacés par : « Le gouvernement est délégué au Roi » ; un changement qui n'a pratiquement aucune conséquence, mais qui rappelle que tout pouvoir émane de la nation, ce qu'il est bon de rappeler parfois.

Plus important est la décision selon laquelle le Roi, qui gouverne par arrêtés, dont un ou plusieurs ministres sont responsables, ne pourra modifier ou altérer par aucun arrêté la loi organique de la colonie, tandis que le parlement reste libre de réviser ou d'amender cette loi organique comme il le juge approprié. En l'absence d'intervention immédiate dans le gouvernement congolais, et faute, hélas, de surveillance immédiate de ce gouvernement, la constitution coloniale reste entre les mains du peuple, sans aucune possible violation. C'est une garantie non négligeable.

Malheureusement, un vote a fait échouer un autre espoir légitime : nous ne verrons pas le budget de la colonie voté par le Parlement, - selon le souhait de la majorité de deux voix de la commission, mais pas encore selon ce que la Chambre proclamera comme loi... Nous perdons donc une grande garantie : nous connaîtrons le budget colonial, mais nous ne pourrons ni l'approuver ni le désapprouver qu'une fois qu'il sera trop tard. Certes, le Conseil Colonial le supervisera, mais... le Conseil Colonial est nommé uniquement par le Roi, et donc...

En revanche, la question des emprunts et des concessions de terres, ainsi que des concessions d'autre nature, a été résolue favorablement. Aucun emprunt supérieur à cinq millions, aucun travail public au-dessus de ce montant ne pourra être autorisé que par une loi spéciale votée par la Chambre. Ainsi, nous sommes protégés contre des responsabilités trop grandes. Il était certain que, peu importe que le budget de la colonie soit séparé de celui de la mère patrie, c'est la garantie de la Belgique qui serait invoquée pour les emprunts ou les grands travaux. Nous ne sommes donc exposés qu'à des responsabilités imprévues de moins de cinq millions, ce qui n'est pas si grave.

Les concessions de terres et de mines, ainsi que les concessions de chemins de fer, ne seront pas soumises à une loi spéciale. Elles seront cependant soumises à la supervision et à la décision du Conseil Colonial, et leur projet sera déposé trente jours au bureau de la Chambre avant d'être approuvé. Pas de surprise possible donc, et la possibilité d'écarter tout ce qui pourrait être inapproprié...

Jusqu'à présent, la commission a progressé dans ses délibérations votées. Les résultats obtenus ne sont pas négligeables. Reste effectivement en suspens la question du domaine de la couronne ; la pleine maîtrise de notre future possession n'est pas assurée : la constitution coloniale reste garantie par la volonté du Parlement sans aucune possible infraction ; les surprises financières pour la mère patrie responsable ont été en grande partie évitées, là où une autonomie coloniale en matière financière était certainement souhaitée ; et la supervision que nous aurons sur les sociétés exploitantes, qui pourraient demander de nouvelles concessions, est de nature à susciter le respect nécessaire chez les concessionnaires. Si nous pouvions obtenir que la Chambre vote avant la prise de contrôle la révision de tous les actes de concession, notre pouvoir, dans des limites strictement légales, augmenterait encore en excluant les pratiques indésirables et pourrait peut-être aussi apporter une lumière claire sur la transformation du domaine de la couronne en société.

Le travail de la commission est loin d'être complètement accompli. De nombreuses questions se posent encore, qui pour l'instant...

Quelle sera, par exemple, la relation avec les puissances de la Belgique neutre, détentrice du territoire non neutre du Congo ? Jusqu'où s'étendra la tutelle financière de la Belgique sur le Congo autonome en cas de créanciers éventuels ? Dans quelle mesure interviendrons-nous pour la régulation de la justice, et quelle sera la relation entre la justice congolaise et belge ?... La solution n'est pas encore trouvée. Le travail sérieux de la commission, bien qu'il rencontre parfois des réticences, doit néanmoins céder devant une majorité de personnes raisonnables et droites, nous permettant d'espérer, sinon le meilleur inatteignable, du moins une situation acceptable. Des tournois courtois et honnêtes comme ceux-ci sont plus prometteurs que des joutes acharnées comme celles que nous voyons à la Chambre. Espérons que la commission soumettra au Parlement une loi qu'il pourra voter avec un minimum de controverse pour un maximum de satisfaction générale.


Réconciliation

(Paru dans le Nieuwe Rotterdam Courant, le 25 octobre 1907)

Bruxelles, 23 octobre 1907

La séance tenue hier par la commission parlementaire chargée d'examiner le projet de loi coloniale prouve une fois de plus que je n'avais pas tort de prédire, sinon une unanimité d'opinion parmi ses membres, du moins une attitude de réconciliation de part et d'autre. Cette attitude, de plus en plus affirmée, réjouira tout le monde ; elle prépare un résultat final qui, même s'il ne réalisera peut-être pas l'idéal, nous soulagera néanmoins de nombreux soucis et garantira de nombreuses certitudes ; et cela n'est déjà pas négligeable. D'autre part, l'édition bruxelloise d'un journal parisien exprime l'avis, sur des points très importants, d'une « personne bien placée » qui pourrait bien être un porte-parole du monde officiel congolais. Je reviendrai tout à l'heure sur ses déclarations, également très réconciliatrices.

Il est assez surprenant de voir M. Charles Woeste se présenter comme opposant au Roi-Souverain. N'est-ce pas la meilleure preuve que les défenseurs de la politique royale commencent à reconnaître leur propre impuissance face au droit et à la logique ?...

Je vous ai déjà écrit que le Conseil Colonial, chargé, aux côtés du Roi, de la gestion de la colonie, ne serait nommé que par le Roi, sans ingérence de l'État, du moins selon la proposition gouvernementale, dont M. Woeste est l'avocat habituel. Les conséquences néfastes d'une telle situation sont évidentes. Avant-hier encore, j'attirais votre attention sur la manière dont il rendait impossible toute surveillance à bien des égards. M. Charles Woeste l'a finalement compris et, tournant le dos au projet de loi qu'il avait le droit de défendre, il embrasse ce qu'il avait auparavant dénoncé. Pardonnez-moi cette métaphore audacieuse ; je voulais simplement dire, avec une nouvelle image, que M. Charles Woeste a rejoint l'ennemi, ou mieux encore, a jeté un pont sur le gouffre qui le séparait de l'ennemi pour - espérons-le ! - s'en rapprocher pacifiquement, pas à pas... M. Woeste trouve donc aussi injuste que le Roi nomme ceux qui sont chargés de contrôler ses actes en tant que gestionnaire de la colonie du Congo. Et hier, il a présenté une nouvelle proposition : le Conseil Colonial sera composé de dix membres, six nommés par le Roi, deux par le Sénat et deux par la Chambre. Cela ferait, en cas de conflit très probable, six contre quatre, ce qui n'est absolument pas « juste », comme on dit dans mon pays. Mais c'est, tout le monde en conviendra, un énorme pas en avant sur le chemin de la réconciliation, car cela garantirait une surveillance parlementaire ; et que M. Woeste prête son dos comme tremplin pour de nouveaux sauts est la meilleure preuve que le gouvernement accepte de capituler, et commence à reconnaître que le peuple a bien quelques droits sur sa future colonie... C'est un fait réjouissant : bien que la motion de M. Woeste n'ait pas encore été votée, le simple fait qu'il la propose est une garantie d'approbation de la part de tous les partisans du roi.

Une autre concession de M. Woeste : il reconnaît avec ses adversaires que nous devons être prudents dans l'octroi de concessions qui impliqueraient l'exercice de droits souverains. Il trouve dangereux de permettre de telles concessions uniquement par une loi : la Constitution interdit la délégation de droits souverains. Mais, comme l'a fait remarquer M. Beernaert : la Constitution belge ne s'appliquera pas au Congo. L'argument est irréfutable, il ne fait donc aucun doute que le gouvernement s'inclinera devant la motion qui exige qu'une loi spéciale soit requise pour l'octroi de chaque concession de ce type.

Le vote d'hier concernant l'organisation judiciaire est moins satisfaisant, bien qu'il contredise en partie le projet de loi gouvernemental. Vous savez que ce projet réservait au Roi le pouvoir de nommer les magistrats congolais et leur accordait le droit de révoquer leur mandat. Il est inutile de vous expliquer ici l'arbitraire qu'une telle mesure rendrait possible. La décision de la majorité de la commission n'a apporté que peu d'améliorations : le Roi conserve pour l'instant tous ses droits. Cependant, pour l'exercice sérieux de la justice, la décision de nommer tous les magistrats pour une période de douze ans, avec un droit à la retraite uniquement après douze ans de service, est importante. La garantie d'une meilleure administration de la justice que celle avec des juges nommés pour quelques années seulement, comme c'est actuellement le cas et comme l'association voulait le maintenir, est évidente ; étant donné que les décisions judiciaires du Congo sont exécutoires en Belgique, nous avions tout intérêt à assurer la présence de bons juges au Congo...

Voilà pour la commission. Permettez-moi de vous informer maintenant de l'avis probable du gouvernement sur trois questions très importantes, à en juger par les paroles de la « personne bien placée » mentionnée plus haut.

D'abord, bien sûr, la question de la transformation du domaine de la couronne en société : la question du jour, qui empêche beaucoup de voir avec confiance l'avenir de la Belgique en tant que puissance coloniale : un tiers, et le meilleur, de tout le territoire congolais retiré à l'État repreneur ; les six meilleures mines d'avance perdues : n'est-il pas surprenant qu'une certaine mécontentement soit né lorsqu'on a appris que le Roi, craignant un refus du Parlement, avait mis ses moutons à l'abri sous le toit de la « Société du lac Léopold II » ? Maintenant, cependant, la « personne bien placée » intervient et dit : la société a effectivement été créée, mais jusqu'à présent aucune concession ne lui a été accordée ; elle a bien un objectif, mais les moyens pour atteindre cet objectif dépendent de concessions qui doivent encore être faites...

La distinction est subtile. Et, tel que cela se présente actuellement avec la nomination des membres du Conseil Colonial, qui doivent délibérer sur l'octroi des concessions, comme décidé la semaine dernière par la Commission des XVII, la Belgique aurait, même si le domaine de la couronne restait au Roi, la possibilité de contrecarrer de nombreuses mauvaises intentions. Cependant, la difficulté réside dans le fait que la Belgique n'est pas encore en possession du Congo ; l'acte de fondation stipule que, quatre mois après le 20 juillet 1907, la société doit entrer en vigueur, c'est-à-dire commencer l'exploitation du territoire autour du lac Léopold II ; d'où il est facile de déduire que l'administration actuelle de l'État indépendant du Congo veillera certainement à ce que les concessions soient accordées avant la prise de contrôle. Ainsi, même si le principe de la fondation de la couronne est refusé par la Belgique repreneuse, nous risquons de perdre le territoire qu'elle occupe, ou du moins de le voir attribué sans notre consentement.

La déclaration de la « personne bien placée » a donc peu de signification pratique. En principe, cependant, elle indique qu'en cas de besoin, la Belgique aurait le droit de régler l'octroi des concessions, puisque c'est sur cette base qu'elle justifie la transformation du domaine de la couronne en société. La reconnaissance est importante : elle plaide pour le droit de ceux qui veulent que tout le pouvoir émane du pays possédant...

La deuxième question était : que se passe-t-il lors de la prise de contrôle avec les biens immobiliers que la fondation de la couronne possède en Belgique ? La réponse de la personne bien placée est : ces biens ont été donnés par Léopold II à l'État indépendant du Congo. L'intention du roi, logiquement, est de les transférer à la Belgique lors de la prise de contrôle...

Cette « intention » est précieuse. L'invraisemblance de cette intention, et en tout cas la faible possibilité de mise en œuvre, ressort du fait que le domaine de la couronne en Belgique comprend des propriétés payées qui ne sont destinées qu'à l'usage personnel du roi, et qu'il ne souhaite certainement pas voir passer sous la supervision de la Nation belge. La garantie du porte-parole repose donc uniquement sur une possibilité improbable, même si elle tentait de confirmer que la Belgique aurait tout à gagner à conserver le domaine de la couronne.

La troisième question touche directement à la conservation du domaine de la couronne. Et la réponse est : sans aucun doute, nous devrons le reconnaître ; mais, devenu une société, il sera soumis à la législation générale, et il n'est en aucun cas inaliénable, ce qui signifie que ses gestionnaires pourront le vendre en tout ou en partie.

On ressent ici encore l'ancien projet du Roi : voulez-vous ma propriété personnelle, achetez-la-moi ! Cependant, si l'on considère que l'État indépendant du Congo nous doit déjà environ 75 millions, sans compter les intérêts, on comprend comment une offre telle que celle de Léopold II est peu acceptable. On se demande également comment il pourrait encore être question de « don royal ». Si donc la transformation en société n'est qu'un moyen pour obtenir le paiement du domaine par la Belgique d'une autre manière, elle prouve, au lieu de la bonne volonté, une fois de plus la méfiance avec laquelle le Roi traite son pays, et bien que les déclarations de la « personne bien placée » soient indubitablement faites avec une intention réconciliatrice, l'explication de la manière d'agir du Congo lors de la discussion de la prise de contrôle, bien que nouvelle, montre tout autant que ses perspectives absolutistes restent les mêmes. Qu'elles ne soient cependant plus arrogantes, mais flatteuses, est caractéristique. De là à une plus grande soumission, il n'y a plus beaucoup de chemin à parcourir.


Élection au village

(Paru dans le Nieuwe Rotterdam Courant, le 26 octobre 1907)

Bruxelles, 23 octobre 1907

Mes devoirs patriotiques et les exigences de la loi électorale - il faut résider trois ans dans la même communauté pour être électeur - m'ont rappelé dimanche dernier dans le petit village au bord de la Lys où j'avais autrefois vécu et passé les plus belles années de ma vie. Une partie du conseil communal devait y être réélue, et on m'avait averti que la lutte serait homérique. Ce serait cette fois animé, dans ce coin tranquille de terre, ce recoin perdu de la Flandre que personne ne connaît sinon parce que quelques artistes y résident. Cela faisait trop longtemps que tout se déroulait paisiblement ; une fois élu à « la Loi », on y restait pour toute la vie, assurant sa position avec autant de droit et de raison qu'un membre de l'Académie royale flamande. Mais maintenant, cela allait changer, il fallait que cela change : une opposition s'était formée, grognant si elle ne criait pas, se réunissant dans les auberges pour conspirer, critiquant bruyamment l'éclairage public et insinuant à mots couverts que l'échevin des travaux publics avait été soudoyé par l'entrepreneur du pavage du « Klein Kasseidje ». Cela devenait terrifiant. On voyait le bourgmestre froncer son visage joufflu de souci et d'inquiétude, tandis que le chef flamboyant et rouquin de l'opposition déclarait solennellement à qui voulait l'entendre que, s'il était élu, jamais les gendarmes ne viendraient plus troubler les braconniers et les pêcheurs nocturnes du village. Il y avait des hochements de tête préoccupés lorsque les finances communales étaient abordées. On souriait de façon moqueuse lorsqu'on parlait du zèle de certains échevins. On clamait que c'était scandaleux que, depuis dix siècles, le clocher de l'église était privé d'une horloge à laquelle il avait droit. On chuchotait que le sacristain s'était rendu coupable de concussion en fournissant l'huile de pierre pour l'église. Et on avait soudain découvert que l'enseignement était défectueux.

Voyait-on d'ailleurs cette chose terrible se produire : l'instituteur qui allait chaque dimanche au théâtre flamand de Gand, tandis que la bière des aubergistes locaux restait dans les caves à s'aigrir sans être bue ? Ne savait-on pas qu'il donnait des leçons grassement payées aux fils d'un châtelain, alors que les enfants de la seconde classe ignoraient même que le champ de leur père était un parallélogramme et qu'un hêtre bien formé pouvait se vanter du titre de cylindre ?

Ce n'étaient pas les seules plaintes contre l'administration communale en place : on criait que c'était une bande de radins ; bien sûr, d'un autre côté, on parlait de gaspilleurs d'argent qui avaient dilapidé les sous de la paroisse. Et ainsi, cent cinquante des deux cent soixante-dix électeurs, après de nombreux « petits voyages » à la bière, en étaient venus à penser qu'il y avait effectivement « quelque chose de pourri » dans l'administration du village au bord de la Lys ; s'ils avaient eu Ibsen comme lecture courante (mais l'enseignement est si arriéré !), ils auraient parlé d'un « cadavre à bord ». Maintenant, ils se contentaient d'aider énergiquement les leaders de l'opposition qui leur avaient ouvert les yeux - d'autres disaient que ces mêmes leaders jetaient au contraire de grandes quantités de sable dans ces mêmes yeux - ils se contentaient d'appuyer énergiquement en buvant des pintes ce qui leur semblait être des vérités incontestables. Il fallait un changement ; l'avenir était en jeu ; un déluge était imminent si cela continuait ainsi ; le vieux village devait connaître le progrès, s'il voulait être préservé de la ruine.

Voilà ce qu'on m'avait écrit : je craignais de trouver le village en effervescence, lorsque j'y suis arrivé, vendredi dernier. Je me trompais : tout avait conservé le calme d'autrefois. La salutation de Peetje Lauwaert était tout aussi gracieuse, le sourire de Treeze Verkerke tout aussi humble et amical qu'auparavant. Sur les basses plaines d'octobre, dans les champs où fumaient les petites maisons rabougries, je voyais les mêmes silhouettes au travail comme avant : on récoltait les dernières pommes de terre ; un semeur, en marchant, lançait rythmiquement les graines de seigle ; des femmes courbées coupaient des feuilles de navet ; et le soir, les longues traînées de fumée bleue des feux de pommes de terre s'étiraient à l'horizon infini leur ligne persistante... Les gens me parlaient : l'année, disaient-ils, avait été bonne, les épis pleins et la paille longue ; celui-ci avait eu son douzième enfant, celui-là sa vache était morte... C'était la vie simple d'autrefois, la même tranquillité amicale, la même beauté tendre que j'avais si souvent appréciée. Et je ne pouvais donc pas imaginer que cela changerait avec « la Loi » : avec mes souvenirs en tête, je voyais dans l'avenir comme dans le passé chaque conseiller se rendre à la réunion comme chaque mois : la chemise blanche fraîchement repassée, le costume en drap bien brossé, les chaussures épaisses où les cors aux pieds brillaient comme des miroirs noirs. Je les voyais s’y rendre, profondément pensifs ou souriants : le fermier Ivo avec ses six orteils et sa grande connaissance des bêtes, Nandje le menuisier avec sa parole lente et hésitante qui résonne comme un sifflement hésitant. Je voyais le petit échevin acariâtre, si naïvement satisfait de lui-même ; je voyais le bourgmestre, dégingandé qui ne sait quoi faire de ses mains ; je voyais le secrétaire nerveux et extrêmement poli. Et je les voyais tous, pour maintenant et pour toujours, assis à la réunion, hésitants et gênés par leur sens des responsabilités, surveillant la caisse communale avec soin et crainte. Et je ne pouvais pas imaginer que quelque chose avait changé, que quelque chose changerait, que quelque chose pouvait changer.

Cependant, lorsque je suis allé rendre visite à mes amis artistes le soir - je ne révélerai pas leurs noms - j'ai entendu que cette tranquillité n'était guère plus qu'un calme avant l'orage. Poorterken avait menacé son propre père avec son fusil pour lui faire comprendre que voter pour l'opposition était un devoir. Pierke Bakkers avait raconté désespérément que l'opposition donnerait le double de ce que Monsieur le Curé offrait aux pauvres gens comme lui ; et quelqu'un était devenu fou, complètement fou, si fou qu'il devait être surveillé jour et nuit, de peur qu'il ne tue son voisin, qu'il s'imaginait être le diable, à cause d'un morceau de caoutchouc que ce dernier avait touché...

Il y avait pire et plus inquiétant : de grands propriétaires terriens avaient averti leurs fermiers que, si l'opposition obtenait la majorité, le loyer serait augmenté. L'inquiétude et la colère grandissaient dans les esprits. Les esprits lents se mettaient à réfléchir ou à s'agiter. Extérieurement, on n'en voyait pas grand-chose : à l'intérieur, cela flambait.

Je m'en suis rendu compte plus tard, lorsque, pour me documenter, j'ai visité les « estaminets », accompagné de l'habitant de la ville qui agit comme premier opposant. Alors, j'ai vu qu'il y avait vraiment de l'agitation. Les têtes se rapprochaient ; on murmurait ; un juron montait, on criait bientôt : il fallait faire sauter tout cela ; ça ne pouvait pas continuer, ce serait explosif dimanche....

Dimanche est maintenant passé depuis trois jours déjà et... le changement a été très minime. Beaucoup de tension dans l'air de dimanche, vers le grand calme des nuages blancs qui flottaient au-dessus des champs non perturbés. Une hésitation, une peur de la bagarre annoncée, le soir, quand on aurait bu....

Ils allaient dignement, seuls ou en petits groupes mystérieux de trois ou quatre, vers l'école communale où l'on votait. Là aussi, calme tendu ; peu d'attention, sinon une attention craintive, pour le défi que l'opposition avait fait peindre sur une toile blanche : « Mille francs à celui qui peut prouver qu'il y a parmi les adversaires un athée ». Seules les auberges étaient un peu animées : on discutait des chances, on était inquiet, la loquacité bruyante de la veille était tombée en conversations presque monosyllabiques. Certains ivrognes commençaient leur tournée, entamant les discours profonds que le genièvre leur inspire... Et ainsi, midi arriva : un midi, apparemment, comme tous les dimanches, où d'abord on mangeait la viande de soupe aux carottes et on buvait un petit verre de bière, puis on faisait la sieste...

Je rencontre le premier candidat de l'opposition ; et à mon « alors ? », je vois un visage préoccupé, qui a perdu toute sa belle assurance énergique, flétri par les excès d'alcool des derniers jours, avec l'air fatigué de quelqu'un qui aurait passé de longues nuits au chevet d'un malade. Il hausse les épaules et répond : « Qu'est-ce que ça peut me faire ? Je veux simplement défendre mes principes, pas me mettre en avant ! » Et, la tête baissée sous le poids des soucis, il poursuit son chemin...

Peu à peu, la nuit d'octobre, froide et brumeuse, s'installe. Les ivrognes errent sur la route : ils sont les seuls à parler de l'élection. Une calme sournois s'installe partout ; dans tout le village, règne une indifférence hypocrite. Sous un masque de nonchalance dominicale, la curiosité de chacun se promène lentement de taverne en taverne. Et l'on demande : « Je vais prendre une bière ? » ; mais on dirait plutôt : « Quel sera le résultat «

Soudain, une nouvelle fuse comme un feu d'artifice : Nandje a une majorité de cent voix pour le poste d'échevin des travaux publics. Cela doit être vrai : le drapeau national est hissé sur la façade de chez Nandje. Sa maison est envahie : des verres sont servis ; la clique habituelle des buveurs est là ; la bonne nouvelle réclame soif, soif de genièvre...

Et maintenant, le résultat complet est bientôt connu : deux de chaque parti sont élus... Et l'orgie commence ; le passage de taverne en taverne devient une marche triomphale. Pour quelle raison je ne sais pas, mais on me souhaite aussi bonne chance ; ce qui me coûte quelques tournées...

Les élus se montrent généreux ; leurs soucis sont derrière eux ; leurs yeux brillent. Le premier candidat se montre humble : après tout, il savait bien qu'il ne pouvait être que élu. Les bandes envahissent les tavernes en hurlant. Poorterken répète en riant qu'en cas de défaite, il aurait tué son père ; Pierke Bakkers célèbre le futur radieux de la bienfaisance municipale avec une profusion de « gouttes ». Certains des ivrognes ambulants sont déjà allongés dans les coins en ronflant.

Ainsi dans la salle de taverne surchauffée, enfumée, maudite et criarde. Dehors, sous la pluie fine, mélancoliques comme des chiens mouillés, marchent deux gendarmes impuissants et très inutiles.

Plutôt que de vous servir des réflexions profondes sur les élections municipales des grandes villes, qui, par ailleurs, n'ont guère apporté de changement au pays et à la politique, je vous ai écrit sur l'élection dans mon village de la Lys.... Puissiez-vous bien vous en porter, gens, comme on dit.