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Chroniques politiques et parlementaires du Nieuwe Rotterdam Courant (traduction) (1906-1914)
VAN DE WOESTYNE Charles - 1906

VAN DE WOESTYNE Karel, Chroniques politiques et parlementaires (mars 1907)

(Paru à Rotterdam, dans le quotidien "Nieuwe Rotterdamsche Courant")

La scission [du parti catholique] (6) - Travailleurs catholiques anti-socialistes et grands industriels anti-socialistes (8) - La Chambre vote (8) - Le travail de huit heures dans les mines du Limbourg voté (8) - La situation [politique] (12) - Une crise ? (22) - La crise évitée ? (30)

La scission [du parti catholique]

(Paru dans le Nieuwe Rotterdam Courant, le 6 mars 1907)

Bruxelles, 4 mars 1907

On peut difficilement qualifier Monsieur de Smet de Naeyer de grand homme d'État. Ni son talent d'orateur - Monsieur de Smet bégaie, manque d'agilité d'esprit, est maladroit dans ses gestes - ni sa politique - il est ministre des finances... comme il en existe malheureusement beaucoup ! - ni sa perspicacité - il préfère limiter son horizon au dos de ses amis politiques - ne lui donnent le droit de se considérer comme un Lycurgue. Il n'impressionne ni par la finesse, ni par la force, même pas par la ruse ou l'audace. Seule une chance inexplicable peut expliquer la brillante consécration d'une carrière qui a mené l'avocat libéral de bonne famille de Gand au poste de premier ministre catholique, qui lui a valu le titre comtal, et qui lui permettra de revendiquer l'honneur d'une longue série de lois sociales excellentes, même si le fils d'industriel qu'il est était généralement réticent dans son attitude quand il s'agissait de voter ces lois, - seul beaucoup de chance peut expliquer un tel résultat final, et peut-être autre chose encore, peut-être une qualité qui a bien servi ses bonnes chances : une flexibilité, une docilité, un opportunisme presque indécent, une impersonnalité quasi indigne, qui ont permis à ses amis, derrière le masque qu'il était pour eux et sans que leur propre dignité ne puisse en être affectée, de manœuvrer et de conspirer, de sorte que Monsieur de Smet de Naeyer ne peut pas être considéré comme leur chef, mais seulement comme leur porte-parole docile dans les affaires délicates, où l'on ne souhaite pas s'engager, seulement comme leur représentant malléable, seulement comme leur homme de paille, - ce qui peut être considéré comme sa seule manière d'être un « homme représentatif. »

De telles qualités peu dignes, un tel retournement de veste facile et étonnant, qui ne plaident pas en faveur du caractère du comte de Smet, mais... le maintiennent au pouvoir, il les a encore démontrées, vous vous en souvenez, lors du débat sur le Congo, où il a traité ses opposants de menteurs et de mauvais patriotes... pour venir déclarer, quatorze jours plus tard, quand ses amis ont vu que toute chance de victoire était perdue, soudainement et à un moment inattendu, qu'il était tout à fait d'accord avec ces opposants. Personne dans son parti, où il n'y a pourtant pas de manque d'audace, n'aurait osé assumer un tel revirement soudain ; Monsieur de Smet, lui, l'a exécuté comme un « beau geste », comme un acte extrêmement logique, comme le dénouement fatal de ce qu'il avait toujours soutenu, et... le gouvernement, c'est-à-dire le siège ministériel de Monsieur de Smet, était une fois de plus sauvé...

La récente attitude de Monsieur de Smet, caractérisée par une indulgence conciliante qu'il a souvent manifestée, peut donc sembler d'autant plus surprenante. La N.R.C. a rapporté comment, dans un long discours, notre premier ministre a rejeté solennellement une vingtaine de collègues de la droite, qui suivent les socialistes sur la question de la journée de huit heures, confirmant ainsi la discorde qui divise son parti depuis un certain temps déjà, d'un seul coup rhétorique et peut-être irréparable. Oui, là où tout le monde pensait que le gouvernement se rallierait à l'une ou l'autre motion qui aurait été une promesse pour le groupe Helleputte... pour devenir, plus tard, une concession apaisante dans le futur, une acceptation du principe sans confirmation par un texte de loi ; là où tout le monde imaginait que Monsieur de Smet veillerait avant tout à l'unité au sein du parti, par crainte des douze maigres voix de majorité, il a préféré renier les jeunes catholiques, pour se rallier à la proposition d'un groupe de libéraux, qui renvoie la question des huit heures aux calendes grecques, et qui, avant toute décision, demande une enquête, - une enquête qui ne fera sûrement pas vaciller une seule conviction, et qui est en outre impossible dans les mines de charbon... qui ne pourront être exploitées que dans une dizaine d'années.

Une telle détermination, si peu habituelle chez notre chef de gouvernement, et qui a résonné si inopinément aux oreilles belges, n'a pas seulement été accueillie avec surprise. Elle peut en effet avoir des conséquences que même Monsieur de Smet ne peut souhaiter. Car elle confirme la scission au sein du parti au pouvoir ; pire encore : c'est une déclaration de guerre à un groupe, dont Monsieur de Smet lui-même ne peut guère se dissimuler la puissance.

Car Monsieur Helleputte, chef des catholiques démocrates, est très puissant. S'il ne l'était pas, il n'aurait pas commis l'imprudence d'agir avec autant de ténacité et de détermination. Tout le monde sait d'ailleurs que, si les anciens, la droite gouvernementale, peuvent compter sur la grande bourgeoisie et la noblesse, et s'assurent également le soutien de l'industrie lourde en s'associant aux libéraux du groupe Neujean, - tout le monde sait, je dis, que Monsieur Helleputte parle au nom des catholiques intellectuels, au nom de toute la jeunesse turbulente de l'université de Louvain, de la force catholique de demain, et au nom aussi de la petite bourgeoisie, et des travailleurs non socialistes, et de la majorité des agriculteurs : tous des électeurs, et qui ne sont peut-être pas en minorité !...

Oui, Monsieur de Smet a osé une « action ». Sa conviction est restée entière ; aucun compromis n'a réuni les opposants ; aucune réconciliation ne les a rapprochés. Le gouvernement, plutôt que de céder, même en apparence, a choisi la scission. Pourquoi ? C'est un secret d'autant plus obscur que cette fracture ne renforce évidemment pas le parti clérical. Monsieur de Smet aurait-il été influencé par de mauvais conseils ? Son ancienne âme d'industriel aurait-elle eu le dessus sur l'élasticité de sa conscience politique ?

Qui sait ? Mais une chose est sûre, la confiance d'une grande partie des catholiques belges dans la bonne volonté du gouvernement aura été perdue. Et la conséquence logique est que cette confiance sera transférée à l'ennemi de Monsieur de Smet, à Monsieur Helleputte.

Celui-ci parviendra-t-il enfin à monter sur le trône ministériel, comme le prétendent les mauvaises langues, depuis des années ?... En tout cas, un fait est certain : que, quelles que soient leurs opinions, à qui qu'ils confient leurs intérêts, le parti catholique, au Parlement, sinon dans le pays, a subi un coup important avec cette scission. Ou bien Monsieur Helleputte estime-t-il pouvoir accomplir un travail meilleur et plus sérieux avec une minorité bien entraînée qu'avec une majorité docile, inactive et désarmée ? Ce n'est pas impossible. Et ce ne serait pas du tout stupide... L'avenir nous le dira.


Travailleurs catholiques anti-socialistes et grands industriels anti-socialistes

(Paru dans le Nieuwe Rotterdam Courant, le 8 mars 1907)

Bruxelles, 6 mars 1907

Je ne pouvais guère penser ou espérer que ma déclaration serait si rapidement confirmée par les faits, lorsque je vous ai écrit avant-hier sur la façon dont l'attitude du ministre de Smet de Naeyer, parlant au nom du groupe dont le vieux monsieur Woeste est le chef, et reniant les camarades de parti beaucoup trop progressistes, pourrait avoir assuré aux anciens catholiques non seulement le soutien de la grande industrie libérale, mais certainement aussi celui de la petite bourgeoisie et des travailleurs non socialistes, avec une détermination accrue du côté de monsieur Helleputte - qui peut déjà compter sur les jeunes intellectuels du parti. Je vous ai laissé supposer que le fait d'une scission nette en matière de législation sociale, lors des élections de l'année prochaine, et en cas de deux listes distinctes - une liste Helleputte et une liste de Smet (je prends ici leur nom comme exemple, comme indication de leur façon de penser) - c'est bien la première liste qui pourrait remporter la majorité des voix, ou, en cas de collaboration commune, attirer le plus grand nombre de voix de préférence vers monsieur Helleputte ou l'un de ses alliés.

Le fait que je ne me sois pas trompé est confirmé par une motion et une pétition, la première émanant de l'Association des Travailleurs Catholiques de l'Arrondissement de Gand et insistant sur le vote de la proposition de Helleputte, la seconde de la part du comité central (patronal) du travail industriel, et adressée au Roi, demandant que la motion de Helleputte soit rejetée.

Cette association de travailleurs catholiques, résolument anti-socialistes, de Gand, dirigée par le lieutenant de monsieur Helleputte, le député Arthur Verhaegen, est la plus puissante du pays. Si l'on considère maintenant que l'année prochaine, lors des élections quadriennales, ce sera le tour de Gand, alors la parole de ces anti-socialistes, qui se rallient aux socialistes pour des intérêts communs et réclament une limitation légale de la durée du travail, aura une certaine signification - dans une ville, d'ailleurs, où l'année prochaine le comte de Smet de Naeyer conservera ou non son siège de député, puisque monsieur de Smet est envoyé à la Chambre par sa ville natale de Gand.

Voici maintenant ce que les travailleurs catholiques anti-socialistes de Gand ont décidé entre autres par motion : « Insister pour que l'amendement, présenté par MM. Helleputte, Verhaegen et compagnie à l'article 20 de la nouvelle loi sur les mines dans le Limbourg, visant à fixer la durée quotidienne du travail effectif à huit heures, soit adopté. »

Les grands industriels wallons, quant à eux, écrivent au Roi, briseur et pourvoyeur de ministères :

« Si une diminution de la production, due à la limitation de la journée de travail, entraîne une augmentation du prix d'achat, la concurrence avec le charbon étranger, déjà si difficile, deviendra impossible et il n'est pas trop audacieux de prétendre que nos mines les moins favorisées subiront des pertes et seront contraintes de cesser leur exploitation. Pour échapper à une telle issue, il n'y a qu'une seule solution, presque aussi douloureuse : la diminution des salaires, qui entraîne la misère des conditions de vie des mineurs. Ce que nous disons de l'industrie charbonnière, nous pouvons aussi le dire de l'industrie métallurgique, de la transformation du fer et de l'acier, de la fabrication du verre et des miroirs et du secteur de la construction. Le prix d'achat des produits de ces secteurs industriels, en effet, est déterminé non seulement de manière arbitraire par le prix d'achat : il est fortement influencé d'abord par le prix du charbon national, puis par celui de la concurrence étrangère, et il doit être d'autant plus bas que nous sommes confrontés à d'énormes barrières douanières et que nous subissons des tarifs de transport plus lourds que ceux imposés à nos concurrents. Encore une fois, pour éviter une augmentation du prix d'achat et pour ne pas perdre dans la lutte contre la concurrence étrangère, nous serions contraints, à la fin, de réduire les salaires, privant ainsi les travailleurs de leur maigre abondance, voire même d'une partie du strict nécessaire... »

Il va de soi que nous ne voulons pas prendre parti ici, et nous signalons seulement d'une part que ces travailleurs comprennent la liberté comme étant une moindre servitude et seraient prêts à accepter un petit texte de loi à cet effet, et non pas comme le conçoit Monsieur de Smet, qui traduit cette liberté par la négociation, sans ingérence de la loi, avec l'employeur ; et d'autre part, que ces industriels oublient que la réduction de la durée du travail n'entraîne pas nécessairement une réduction de la production, puisque la production est déterminée par le degré de fatigue musculaire soutenue.

Je voulais simplement mettre en évidence le caractère significatif des faits cités : ces travailleurs catholiques qui insistent sur le vote de la proposition de Helleputte ; et ces grands industriels, parmi lesquels il y aura sans doute beaucoup de libéraux, qui approuvent pleinement le discours du premier ministre et porte-parole catholique, le comte de Smet de Naeyer, cela ne semble-t-il pas remarquable pour l'avenir, en vue des élections de 1908 ?...

À moins qu'il ne s'agisse à nouveau d'une question de pure tactique. Car hier, toute la droite a tenu une réunion, où il a été convenu de confier la question à une commission extraparlementaire : concession du côté de monsieur Helleputte donc, et concession du côté de monsieur de Smet... Serait-il alors vrai, comme on me l'a dit, que la scission de la droite vise uniquement à conserver des sympathies dans les deux partis d'opposition hostiles, alors que le maintien de la majorité des voix des catholiques pour l'année prochaine est douteux ? Mais cela témoignerait d'une ingéniosité presque incroyable et... presque admirable !


La Chambre vote

(Paru dans le Nieuwe Rotterdam Courant, le 8 mars 1907)

Nous ne donnerons pas de compte-rendu des délibérations sur la limitation forcée de la durée du travail, qui ont été poursuivies et achevées lors de la séance parlementaire d'hier. Le sujet a été épuisé. Les intervenants d'hier étaient principalement des auteurs d'amendements, qui sont venus brièvement expliquer leurs propositions, et des membres désireux de faire clairement savoir à quel groupe ils se rallient en ce qui concerne la durée du travail dans les mines.

La séance s'est terminée par quelques votes, comme l'a déjà rapporté Reuter.

Tout d'abord, le projet de loi de Gielen visant à fixer la journée de travail pour les mines de charbon belges à un maximum de 8 heures a été rejeté à main levée.

Également rejeté sans vote nominal, un amendement de Pirmez visant à introduire la journée de travail de dix heures dans toutes les mines à partir du 1er janvier 1909.

Ensuite, l'amendement Pepin a été examiné, qui n'est destiné qu'à s'appliquer aux futures mines du Limbourg et qui fixe la journée de travail à huit heures, y compris la descente et la montée.

Un vote nominal a eu lieu sur cet amendement. L'amendement Pepin a été rejeté par 93 voix contre 33 et 3 abstentions.

Enfin, l'amendement Beernaert a trouvé grâce. L'amendement Beernaert stipule : « En l'absence d'une loi spécifique sur ce sujet (limitation de la durée du travail), un arrêté royal, après consultation du conseil des mines, fixera le nombre d'heures pendant lesquelles les travailleurs pourront être employés chaque jour sous terre lors de l'exploitation effective des mines de charbon du Bassin du Nord. »

On voit donc que Beernaert ne veut rien laisser déterminer par le législateur, mais donner au Roi le pouvoir de limiter la durée du travail des hommes adultes dans les mines à exploiter. Cet amendement tire son importance du principe qui y est énoncé. Il signifie en fait que le gouvernement est déclaré compétent pour limiter la durée du travail dans les mines qui n'existent pas encore. Mais l'adoption de cet amendement revêt une signification en termes de principe. En effet, la Chambre déclare par l'adoption de l'amendement Beernaert qu'elle n'est pas - comme le gouvernement - fondamentalement opposée à la limitation de la durée du travail des hommes adultes par voie gouvernementale.

L'amendement Beernaert a été adopté par 79 voix contre 46 et 5 abstentions.

La signification purement théorique de l'adoption de l'amendement Beernaert ressort très nettement de l'adoption de la proposition qui a suivi. Cette proposition rend effectivement l'application de l'article précédemment adopté impossible. Le Roi peut intervenir en l'absence de dispositions légales spécifiques. Eh bien, immédiatement après, la Chambre a adopté une proposition de loi contenant une disposition spécifique sur la durée du travail dans les mines du Nord.

L'amendement Denis-Vandervelde stipule que le travail quotidien sous terre, pour le Bassin du Nord, ne peut pas dépasser 10 heures, y compris la descente et la montée, et que le travail proprement dit des mineurs ne peut pas dépasser 8 heures - uniquement pour le Bassin du Nord.

La première partie de l'amendement (10 heures sous terre) a été adoptée par 68 voix contre 50 et 7 abstentions. La deuxième partie (pas plus de 8 heures de travail) a été adoptée par 60 voix contre 53 et 10 abstentions.

Lorsque le dernier vote en faveur a été exprimé, les socialistes ont commencé à applaudir bruyamment. Le texte adopté correspond à la proposition originale de Helleputte.

Une proposition de Lantsheere visant à autoriser les inspecteurs du travail à autoriser des heures supplémentaires en cas de nécessité a été rejetée à main levée.

Je crois, Messieurs, a alors déclaré le président Schollaert, que les autres propositions ont été abandonnées suite aux votes tenus.

Et le gouvernement aussi ! s'est écrié Furnémont.

Tous les ministres étaient présents à la réunion. Ils n'ont pas fait de commentaire après le vote. Francotte, le ministre du travail, semblait nerveux.

La question de savoir si le ministère démissionnera après la défaite d'hier est bien sûr dans toutes les bouches. De Smet est un homme tenace. La Chambre s'est prononcée en faveur de la limitation de la durée du travail. Mais la Chambre n'est pas le seul organe représentatif. Le Sénat confirmera-t-il les amendements pour la limitation ? Si De Smet juge bon de connaître l'opinion du Sénat, il a encore du temps.


Le travail de huit heures dans les mines du Limbourg voté

(Paru dans le Nieuwe Rotterdam Courant, le 8 mars 1907)

Bruxelles, 7 mars 1907.

Ce fut un coup d'État !

Comment aurais-je osé penser, lorsque je vous ai écrit hier sur les concessions mutuelles des deux factions de la droite, que seulement quelques heures plus tard, cette attitude bienveillante de M. Helleputte, autrement dit un entêté de première classe, ne serait qu'un subterfuge ?

Pourtant, c'est exactement ce qui s'est passé hier. Profitant de l'absence momentanée du côté naïf de la droite, M. Vandervelde, avec un stratagème indéniable, a pris le contrôle total de la séance, empêchant les membres récalcitrants et obstructeurs du gouvernement de gagner du temps, et a forcé la Chambre à voter sur les différents amendements à la loi minière, proposant même avec M. Denis une nouvelle motion, accordant à M. Beernaert qu'un arrêté royal régira la durée du travail dans les mines, mais décidant également que cette durée ne dépassera en aucun cas dix heures, descente et montée comprises, et pour les travailleurs des profondeurs, ne dépassera jamais huit heures : on le voit, dans l'esprit sinon dans la lettre, c'est la proposition de M. Helleputte.

Et c'était une surprise, un coup d'État, une prise de contrôle de la Chambre stupéfaite ! Et c'est plus que cela : c'est l'assurance, maintenant, que nous avons une nouvelle Chambre, le gouvernement rejeté par ses amis, qui préfèrent continuer efficacement leur législation sociale commencée avec les socialistes et une bonne partie des libéraux, contre la volonté d'une minorité probable, qui préférerait ne pas agir de manière progressiste.

Car la proposition Vandervelde-Denis - qui aurait tout aussi bien pu s'appeler la proposition Helleputte - a été adoptée par une majorité qui, si elle n'est pas grande, est extrêmement remarquable dans sa composition. En effet, nous la voyons composée, outre du groupe socialiste dans son ensemble et du groupe Helleputte, de vieux catholiques et d'anciens ministres comme MM. Beernaert et Cooreman, et de vingt-deux libéraux, dont M. Mechelynck, appartenant à une famille de grands industriels ; tandis que d'anciens libéraux comme M. De Vigne ont préféré s'abstenir plutôt que de se joindre à un gouvernement très faible.

Que fera ce gouvernement, après une telle gifle, après le geste de rejet d'un ancien ministre du Travail (M. Cooreman) ? Il a vu que tous les efforts étaient vains ; que l'autorité du Premier ministre est ébranlée ; que le ministre actuel du Travail, l'industriel Francotte, n'est pas écouté, qu'aucun signal, aucun mot d'ordre n'est suivi. Finie la suprématie de Charles Woeste ; les intérêts du parti dans son ensemble ont été négligés ; la majorité de douze voix a été abandonnée pour les intérêts supérieurs de la nation. L'opinion de M. Helleputte selon laquelle une minorité catholique qui sait ce qu'elle veut peut faire un meilleur travail qu'une majorité gouvernementale fragile est approuvée. La plupart des libéraux, qui voient également un intérêt dans une politique sociale interventionniste, se rangent du côté des socialistes et des jeunes catholiques. D'anciens hommes d'État, des travailleurs expérimentés, comme Beernaert et Cooreman, n'ont pas honte, plutôt que de sacrifier leur conscience, de sacrifier le gouvernement pour le bien commun.

Que fera ce gouvernement ?

La dignité commanderait bien sûr une démission collective des ministres. Mais... M. de Smet tient beaucoup à son siège de ministre, et, ensuite, il est assez dépourvu de honte pour ne pas céder à la dignité. De plus, le vote d'hier doit encore être ratifié par le Sénat. M. de Smet jugera peut-être de son devoir de rester fidèle soldat à son poste jusqu'alors... Quoi qu'il en soit, il aura du mal à nier que sa situation est précaire et sa position intenable... - Entre-temps, le « Journal de Bruxelles » officieux reste muet comme un poisson ; même le « Patriote » fait comme si rien ne s'était passé ; et « le XXe Siècle », le journal de M. Helleputte, déclare froidement, dans une courte note que nous traduisons :

« Inutile de faire de longs commentaires sur le vote de la Chambre... Nous nous en félicitons nous-mêmes. La législation hollandaise sur le bassin houiller néerlandais va encore plus loin. Il est peu probable que la Chambre se contredise lors d'un deuxième vote... Quelques lamentations pourraient peut-être se faire entendre ici et là. Mais dans quelques années, même ceux parmi nos amis qui n'ont rien épargné pour faire rejeter ces amendements seront heureux qu'ils aient été freinés... »

C'est l'assurance tranquille après la victoire !


La situation [politique]

(Paru dans le Nieuwe Rotterdam Courant, le 12 mars 1907)

Bruxelles, 9 mars 1907

M. de Smet de Naeyer ne démissionnera donc pas. C'était prévu ; le contraire aurait été surprenant. M. de Smet est autoritaire ; il semble jouir de la confiance du Roi, sinon de la Chambre ; et puis : comment former un gouvernement si les ministres présentaient leur démission collective ?

Car la situation est la suivante : le Cabinet-de Smet ne dispose plus d'une majorité. Les douze voix remportées par la droite sur les factions opposées ont été annulées par le groupe des jeunes catholiques, qui compte une bonne vingtaine de membres, en plus des hésitants. Et on ne gouverne pas longtemps avec une minorité.

Mais d'un autre côté, aucune partie de l'opposition ne serait en mesure de former une majorité pour l'instant. Il n'est pas question de coopération entre les deux factions de la gauche - où les libéraux eux-mêmes ont des opinions très différentes - ; une action conjointe des socialistes avec les jeunes catholiques est encore moins possible sur le plan des principes. Et le groupe Helleputte est encore trop faible pour oser prendre le contrôle du gouvernement.

D'autre part, le ministère de Smet ne doit pas trop compter sur le soutien des amis de la gauche libérale ; seul l'intérêt de classe les a réunis. Trop de questions les séparent les uns des autres.

On voit que les circonstances sont favorables au maintien du gouvernement de comte de Smet de Naeyer. Mais savoir s’il est honorable de gouverner dans de telles conditions reste une question de dignité, d'estime de soi. C'est par ailleurs une situation qui ne peut pas durer. Peu importe comment le vent tourne, aussi favorable que puisse être le résultat du deuxième vote à la Chambre et du vote au Sénat : après la position tranchée des vingt dissidents, ils ne peuvent pas redonner la majorité au gouvernement actuel. Les jours de ce gouvernement sont donc comptés sans condition...

Quant à ce que sera le deuxième vote à la Chambre, on peut le deviner à partir du premier. Personne, bien sûr, ne se retirera. Et ce que nous avons vu mercredi se reproduira mercredi dans huit jours - date du deuxième vote. En outre, en examinant la liste des absents lors du premier vote sur la proposition Denis-Vandervelde, on constate facilement que le résultat de ce vote aurait été le même. Parmi les absents, il y avait 27 catholiques, 12 libéraux et 3 socialistes ; les socialistes, une demi-douzaine de libéraux et une demi-douzaine de catholiques auraient certainement voté pour ; on pouvait également compter sur quatre ou cinq abstentions de plus, ce qui, avec une Chambre complète de 166 membres, aurait donné presque autant de voix pour que contre et une quinzaine d'abstentions : un résultat qui, pris au mieux et même sans surprise, n'aurait pas été brillant pour le gouvernement. La moyenne des votes individuels laisse par ailleurs prévoir, lors du vote final sur l'ensemble du projet de loi, avec tous les membres présents, une majorité de huit à dix voix en faveur des partisans des idées de Helleputte : une petite victoire, mais funeste pour M. de Smet, qui a encore comme dernier recours le vote au Sénat, qui pourrait effectivement lui être favorable. Ce qui, il faut le souligner, ne lui redonnerait pas la majorité à la Chambre...

Le ministère, aussi favorable que puisse être l'évolution ultérieure des événements, est gravement malade. Et cela, grâce à une loi, ou plutôt aux amendements à cette loi, qui sont pour l'instant dépourvus de toute utilité pratique, qui établissent une situation d'inégalité entre les deux bassins houillers du pays, qui ne manqueront pas de susciter des litiges juridiques sur certains points. Mais une loi qui consacre de nouveaux principes, une loi de signification principielle. M. de Smet, qui ne pouvait pas trouver ces principes satisfaisants en tant que gouverneur, en paiera le prix en tant que ministre, même s'il résiste, aidé par les circonstances.

Et comment le remplacer par ailleurs ? Nous sommes dans une situation étrange !


Une crise ?

(Paru dans le Nieuwe Rotterdam Courant, le 22 mars 1907)

Bruxelles, 20 mars 1907.

Ça chauffe !

Même si ça ne chauffe pas encore, si les rumeurs qui circulent sont prématurées et reposent provisoirement sur des fondements hypothétiques : la certitude avec laquelle des personnes bien informées parlent, l'inquiétude sur les fronts ministériels, l'éclat, en secret, d'un regard anti-gouvernemental, tout cela suffit à indiquer qu'une crise pourrait bien être imminente. Déjà, il y a quelques jours, le comte de Smet de Naeyer a déclaré à un intervieweur : « Moi, démissionner ? Mais oui, bien sûr, si je ne disposais plus que d'une minorité, alors... ». Et déjà, on parlait d'un possible cabinet de Trooz ; et l'on savait qu'il existait quelques frictions entre le ministère et le président de la Chambre Schollaert, par ailleurs beau-frère du trouble-fête Helleputte...

Maintenant, les rumeurs se précisent ; dans les couloirs de la Chambre, certains députés ont brisé le silence diplomatique ; les causes ne sont plus un secret ; les conséquences sont discutées ; et il apparaît que, à droite comme à gauche, la crise est envisagée comme une possibilité pas désagréable. On semble déjà respirer plus librement ; le printemps de l'année semble demander un nouveau printemps gouvernemental ; et ce printemps nous est promis pour avril, expressément, presque à une date précise, par des gens qui déclarent ne pas être présomptueux.

La cause en est la suivante : Léopold II, souverain de l'État indépendant du Congo, estime que le comte de Smet de Naeyer, Premier ministre de Belgique, est un serviteur faible. Dans l'affaire de la reprise du Congo, il aurait souhaité une attitude plus décisive, plus imposante. Peut-il s'attendre à cela de la part du comte de Smet ? Le Roi s'était trompé dans le choix de ses défenseurs. Car vous vous souvenez du discours creux du chef du gouvernement, des explications subtiles mais superficielles du ministre de la Justice Van den Heuvel, du pathos infondé de M. Woeste ; en aucun cas à la hauteur de la logique de M. Hijmans, de la netteté pondérée de M. Beernaert, de la précision mathématique de M. Helleputte. Et enfin, sur proposition de l'ancien ministre Cooreman, semble-t-il - qui, soit dit en passant, s'était montré très indépendant du gouvernement ces derniers temps - la fameuse « entente patriotique » ou soumission du ministère, pensait-on : au nom du Roi - puisque l'on affirmait que ses conditions étaient des « recommandations solennelles » - à la volonté de la Chambre et de la nation.

Inde ira - d'où la colère de Sa Majesté, qui se sentait trahie par les personnes en qui il avait mis sa confiance. A ce qu’on assure, la villa du Cap Ferrat tremblait sous sa colère, à tel point que le siège du ministre à Bruxelles lui-même vacillait...

Ensuite, les amis du gouvernement ont essayé de flatter le roi Léopold ; ils lui ont promis de s'assurer que dans la commission parlementaire sur le Congo, le poussin serait étouffé dans l'œuf ; ils allaient faire taire les mutins ; ils allaient sauver tout ce que le Roi voulait sauver ; et je vous ai écrit (N.R.C. du 27 février) comment M. Woeste, hélas en vain, avait fait de son mieux pour répondre à toutes les questions, qu'il avait déclarées « impertinentes », sur la gouvernance du Congo, par une réponse ridicule et naïve. Mais l'attitude réticente de la plupart des membres de la commission, la méfiance hostile qui semble animer certains d'entre eux, était conforme aux désirs du Roi-Souverain. Et la colère de Léopold II, loin de s'apaiser dans l'air chaud du Sud, montait jusqu'à une colère olympienne. « J'en ferai une maladie », aurait-il dit ; - et c'est ainsi, semble-t-il, que les rumeurs inquiétantes des derniers jours ont circulé...

Entre-temps, l'état d'esprit du Roi envers ses ministres à la Chambre était devenu notoire ; le groupe Helleputte y voyait une bonne occasion de montrer les crocs ; la loi sur les mines était l'occasion souhaitée pour cela ; de sorte que M. de Smet, abandonné par le Roi, abandonné par une bonne partie de la droite, abandonné même par l'un de ses meilleurs piliers, l'ancien ministre Cooreman, qui pourrait entraîner avec lui son beau-frère Begerem, - de sorte que M. de Smet se retrouvait finalement désespéré, ne sachant plus quoi faire d'autre que d'envoyer en toute hâte Van der Elst, secrétaire général au ministère des Affaires étrangères, à Mont Ferrat, pour expliquer la situation et demander pardon.

Ça n'a pas dû aider ; le Roi est resté inflexible ; de sorte que M. de Smet de Naeyer, abandonné à lui-même, ne voit d'autre planche de salut que le deuxième vote sur la loi minière, qui sera plus que probablement fatal pour lui... de sorte que la crise ministérielle est imminente.

Ce n'est pas tout : M. Schollaert veut démissionner de son poste de président de la Chambre. La raison ? Tout d'abord, bien sûr, la division au sein des partis politiques, principalement dans le sien. Et deuxièmement : dans un discours, M. Schollaert, répondant à une intervention du député français Pion, faite ici il y a quelques jours, a déclaré : « Je vous promets dorénavant de travailler à l'unité la plus étroite ; je vous promets de réprimer toute impatience. » Ce qui, pour quelqu'un qui comprend bien, signifie : « je démissionne de la présidence, qui m'impose une neutralité trop contraignante, pour agir plus activement au sein de mon parti, pour réconcilier mon beau-frère Helleputte avec mon ami Woeste, et pour utiliser mon autorité pour sauver le comte de Smet, même si je ne l'aime pas... »

Est-ce que cela va aider ?... On dit que le roi a rejeté toute médiation ; qu'il envisage, désormais, un cabinet composé de la droite et de la gauche ; et, si cela s'avérait impossible (et cela ne correspondrait de toute façon pas au désir du peuple), il constituerait un « cabinet d'affaires » en dehors du Parlement...

Dans quelle mesure tout cela est vrai est probablement connu pour le moment seulement par les personnes concernées. Nous le rapportons donc sous toutes réserves. Mais il ne fait aucun doute qu'un orage se prépare, qu'un orage couve. Qui verra le plafond s'effondrer ?...


La crise évitée ?

(Paru dans le Nieuwe Rotterdam Courant, le 30 mars 1907)

Bruxelles, le 28 mars 1907

J'ai profité de la pause parlementaire de Pâques, qui, en dehors de l'agitation quotidienne des sessions, a probablement apaisé les esprits et rendu la réflexion plus logique, pour aller consulter quelques personnes bien placées pour me donner un avis sur lequel on peut s'appuyer concernant la crise ministérielle sur laquelle on a beaucoup insisté ici. Les deux ont préféré rester anonymes : dans les circonstances délicates actuelles, ce désir est légitime et compréhensible. Je respecte donc leur anonymat et me permets seulement de résumer leur opinion.

Le premier, qui, sinon en pratique, appartient à la gauche selon l'opinion, a dit à peu près :

« Je ne m'emporte pas facilement ; et pour toute opinion honnête, même si elle va à l'encontre de ma conviction, j'ai du respect et je suis conciliant. Mais là où je vois des gens, qui ont été chargés par la nation d'agir en son nom et pour son bien-être de manière consciencieuse, démolir peu à peu ce qu'ils ont eux-mêmes construit, non pas parce qu'ils pensent s'être trompés dans la construction, mais parce que leur construction n'a pas plu à une personne haut placée, je trouve cela d'une lâcheté incommensurable. Et c'est ce qui s'est passé la semaine dernière dans la commission du Congo. Vous savez que cette commission avait décidé qu'un conseil colonial gouvernerait effectivement notre futur territoire conquis. La composition de ce conseil a fait l'objet de longues discussions ; il fallait trouver le moyen de garantir au pays, en matière de gouvernance du Congo, la plus grande surveillance possible, ainsi que le plus grand profit. - Tout à coup, on apprend la colère du Roi : la question Cooreman sur les comptes et les budgets des trois dernières années de l'État indépendant du Congo n'a pas plu à Sa Majesté ; le ministère de Smet devrait subir le mécontentement royal ; la crise est inévitable... Mais oui ! S'il n'y avait pas toujours « des accommodements avec le ciel » ! Et ces arrangements, ces « accommodements » n'étaient pas difficiles à trouver : on laisserait au Roi le droit exclusif de nommer les membres du Conseil colonial ! C'était simple et facile ; et, en effet : une majorité a été trouvée au sein de la commission du Congo pour donner cette gifle au peuple belge : par huit voix contre sept, le Roi a de nouveau été nommé souverain absolu, sans contrôle ni ingérence de la nation, sur notre future colonie. Il ne resterait au peuple que l'honorifique charge de payer le déficit d'exploitation, et la garantie que dans la gestion du Congo, rien ne se ferait plus contre la volonté de Léopold II.

« Le Roi était naturellement satisfait de ses sujets ; M. de Smet était sauvé ; son ingéniosité avait de nouveau très bien servi sa souplesse. Et la crise était en apparence évitée.

« Je dis : en apparence. Car, n'est-ce pas, elle reste sans aucun doute virtuellement existante ! L'affaire du Congo a été réglée ; très bien. Mais reste la question des mines, où, quelle que soit l'issue, le gouvernement reste minoritaire. Et une minorité qui - on a négligé de le faire remarquer - se contredisait elle-même. Car, qu'est-ce que le ministère refusait principalement de reconnaître ? La limitation légale de la durée du travail. Mais par le vote de la loi sur le repos dominical, c'est-à-dire en 1905, le gouvernement a reconnu et confirmé cette limitation, en stipulant que la demi-journée de travail serait réduite à cinq heures, ce qui, je pense, établit clairement la limitation légale !... Et confier la direction des affaires de l'État à une minorité frivole et peu fiable ? Mais même la patience belge ne peut le tolérer !... De plus, il y a encore beaucoup de propositions de loi menaçantes à venir. Bien sûr, le gouvernement peut remporter la victoire avec la proposition de loi Coremans. Mais que dire de la loi sur le port d'Anvers ? Et de l'extension du droit de vote pour les communes et les provinces ? Et de la question de l'obligation scolaire ?... Je sais : la difficulté réside dans la composition d'un nouveau gouvernement ; pour l'instant, rien n'est à espérer de ce côté-là ; seule la dissolution de la Chambre par le Roi aurait été bénéfique. Mais maintenant que le Roi est satisfait et peut à nouveau profiter sans soucis du soleil du Sud... Voici donc mon avis : la crise reste ouverte. Le gouvernement, raillé, loué, rejeté par ses meilleurs amis, n'en restera pas moins légitime, même après un deuxième vote défavorable sur la loi minière. Mais attendez les élections de l'année prochaine !... M. de Smet de Naeyer a encore treize mois pour gouverner : d'avril à mai 1908. Mais le chiffre treize lui portera malheur... »

Mon deuxième interlocuteur, qui appartient au parti catholique, était moins pessimiste. Il a dit :

« La façon de gouverner de M. de Smet de Naeyer répond-elle aux désirs de la majorité de son parti ? C'est la question : elle ne peut être répondue que par l'affirmative. Certes, l'opposition entre certains membres est indéniable. Et il est indéniable que cette divergence porte sur des questions importantes. Mais combien d'autres points, tout aussi importants, nous unissent !... Le fait que la législation sociale ne soit en aucun cas notre point faible, notre « défaut de la cuirasse », a même été reconnu par les socialistes. Ce qui nous sépare vraiment, au fond, en tant que membres d'un parti solidement uni, n'est donc qu'une question de temps. Certains veulent aller un peu plus vite que d'autres ? la plupart préfèrent appliquer le festina lente avec prudence ; mais en réalité, nous sommes tous d'accord.

« Et nous sommes tous d'accord également sur le fait que le gouvernement de Smet brille dans les grandes lignes selon notre point de vue à tous. Regardez ce que le journal « Le XXe Siècle » du même Helleputte a exprimé comme protestation aux premières rumeurs de crise. N'est-ce pas encourageant pour M. de Smet, dans les jours désagréables qu'il traverse actuellement en tant que chef de gouvernement ?

« Certes, la volatilité humaine peut faire en sorte que M. de Smet cesse également de jouir de l'approbation de son propre parti. Mais qu'est-ce qu'un nom ? Et jamais, au cours des vingt-trois années de notre gouvernement catholique, un changement de gouvernement n'a affaibli notre pouvoir ? Dieu merci, nous avons assez d'hommes de talent et de stature, qui, en cas de faux pas, pourraient succéder à M. de Smet et à ses collègues ministres avec honneur... Mais pour l'instant, croyez-moi, il n'est absolument pas question de cela. Et l'avenir n'est pas aussi sombre qu'on veut le faire croire. Car il faudrait commencer par priver la droite de sa majorité ; et cela est impensable... Non, tant que nous aurons une majorité, nous serons représentés par un gouvernement digne...

« Et ces rumeurs des derniers jours ?... Mais la colère du Roi est-elle officiellement prouvée ? - Et qui dit que le deuxième vote sur la loi minière sera hostile à M. de Smet ?... Et puis encore, notre parti s'est toujours distingué par sa discipline. Aucun membre de la droite, aucun, n'oubliera jamais que l'union fait la force !.... Voilà mon point de vue. »

Que pourrais-je ajouter ? Toute espérance, qu'elle soit pour ou contre, est permise. Heureusement, il n'y a pas de taxe sur la propriété morale, même M. de Smet, ministre des finances, aussi fragile que puisse être son budget, n'oserait pas l'instaurer. Que chaque Belge pense donc ce qu'il veut. Je fais mon devoir de journaliste : j'attends avec un œil vigilant les circonstances à venir.