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La Belgique sous le règne de Léopold Ier. Etudes d’histoire contemporaine
THONISSEN Joseph - 1861

J.J. THONISSEN, La Belgique sous le règne de Léopold Ier. Etudes d’histoire contemporaine (tome I)

(Deuxième édition (« soigneusement revue, continuée jusqu’à l’avènement du ministère de 1855 et précédée d’un essai historique sur le royaume des Pays-Bas et la révolution de Septembre »), paru à Louvain en 1861, chez Vanlinhout et Peeters. Trois tomes)

Préface de la seconde édition

(page III) Cette nouvelle édition des Études d'histoire contemporaine n'est pas la reproduction textuelle de la précédente.

Les faits accomplis avant l'inauguration de Léopold Ier étant en général peu ou mal connus de la génération née depuis 1830, l'auteur a placé cette fois, à la tête de son livre, l'histoire succincte du royaume des Pays-Bas et le (page IV) récit détaillé des événements qui amenèrent la ruine de cette imposante création du Congrès de Vienne. Avant d'arriver au règne du premier roi des Belges, le lecteur connaîtra de la sorte les causes, les incidents, l'importance et les résultats de la révolution de 1830.

Une autre lacune avait été indiquée par la presse. L'auteur s'était contenté de signaler d'une manière sommaire le développement des lettres et des arts depuis la régénération politique du pays. Il n'avait rappelé ni les noms ni les œuvres des écrivains et des artistes qui sont l'une des gloires les plus éclatantes et les plus pures de la Belgique indépendante. Cette lacune est aujourd'hui comblée. Dans l'édition actuelle, les publicistes, les sculpteurs et les peintres, de même que les institutions scientifiques et littéraires, occupent. la place qui leur est due dans le vaste tableau des progrès accomplis depuis 1830.

Ces améliorations ne sont pas les seules. Tenant compte des efforts persévérants et des intentions loyales de l'auteur, la plupart des hommes qui ont joué un rôle important dans les événements lui ont communiqué, indépendamment d'un grand nombre de documents inédits, une foule de détails qui avaient échappé à l'attention de la tribune et de la presse. Dans les rangs de l'un et de l'autre des grands partis qui se disputent les sympathies de la nation, il a reçu un accueil dont il gardera toujours un souvenir reconnaissant; et, grâce à ce secours inespéré, il a pu considérablement améliorer le récit des opérations militaires de 1831 et celui de nos longs démêlés avec la diplomatie européenne représentée par la Conférence de Londres,

Le lecteur attentif ne manquera pas de faire une réflexion analogue à l'égard des chapitres consacrés à l'admirable (page VII) développement du commerce et de l'industrie depuis la révolution de Septembre. Toutes les publications faites par des hommes compétents, tous les projets qui ont vu le jour depuis 1835 ont été mis à profit, de même que les rapports des chambres de commerce et les nombreux renseignements statistiques, toujours si exacts et si bien coordonnés, qui sont publiés chaque année par les départements de l'Intérieur et des Finances.

Sans doute, malgré ces améliorations, l'œuvre est bien imparfaite encore, et l'auteur est le premier à en faire l'aveu. Il faudrait une plume plus brillante et plus exercée que la sienne pour retracer dignement le tableau des merveilleux progrès que la Belgique a réalisés, sous l'égide des libertés constitutionnelles, dans toutes les carrières ouvertes à l'activité des peuples modernes. Le seul mérite qu'il puisse revendiquer, c'est un dévouement absolu aux intérêts du pays, accompagné du désir sincère de le voir continuer à marcher de progrès en progrès sous le régime vraiment libéral inauguré en 1830.

En tout cas, il espère qu'on lui tiendra compte des difficultés de plus d'une espèce que rencontre inévitablement le publiciste qui se livre à l'étude de l'histoire contemporaine. Ecrivant au milieu du choc des passions politiques et des luttes journalières de la tribune et de la presse, il n'a jamais suspecté la loyauté des intentions ni la sincérité des convictions de ses adversaires. Énergiquement dévoué au drapeau sous lequel il s'est librement placé, il a toujours eu soin de respecter chez les autres un droit qu'il revendique pour lui-même. Tout en critiquant les tendances et les actes d'une politique qu'il envisage comme inopportune et dangereuse, il a fait abstraction des antécédents des (page VIII) acteurs pour ne considérer que le rôle qu'ils ont rempli dans l'enceinte des Chambres et dans les conseils de la couronne. Plaçant au-dessus de toute autre préoccupation la recherche loyale de la vérité, sans haine comme sans crainte, il s'est constamment efforcé de s'approprier la noble devise de l'un des plus beaux génies du quatrième siècle: ln omnibus caritas.

Louvain, 2 Septembre 1861.

Préface de la première édition

(page IX) Le règne de Léopold Ier figurera avec éclat dans nos annales.

L'organisation politique du pays, la marche régulière et calme de ses institutions, les progrès accomplis dans le domaine des arts et des lettres, la création d'une armée nationale, les rapports établis avec les puissances étrangères, le développement de l'industrie manufacturière, l'extension prodigieuse de tons les travaux d'utilité générale, l'Eglise catholique trouvant un appui dans les libertés modernes, la royauté conservant son prestige sous l'égide d'une constitution démocratique, tous ces résultats d'une nationalité pleine de sève forment un tableau historique qui n'est pas dépourvu de grandeur.

J'ai voulu placer ce tableau sous les yeux de mes compatriotes. Au moment où la lassitude et l'hésitation envahissent (page X) les âmes les plus vigoureuses, il est bon de dresser le glorieux bilan de nos institutions nationales.

La véritable gloire consiste dans le maintien de l'ordre , dans le progrès des lumières, dans le développement des intérêts moraux et. matériels du peuple, dans l'accroissement de la richesse nationale, dans la jouissance dé toutes les libertés compatibles avec la sécurité publique. J'ai voulu prouver que cette gloire ne fait pas défaut à la Belgique de 1830.

Placés par les traités dans un état de neutralité perpétuelle, les Belges doivent demander à leurs propres forces les éléments de la grandeur et de la prospérité de la patrie. C'est sous ce point de vue que j'ai envisagé les événements et leurs conséquences. Signaler les faits accomplis et les dangers évités depuis l'avénement de la dynastie nationale, suivre pas à pas les progrès réalisés par les Belges, rappeler les titres du pays à l'estime de l'Europe, chercher dans l'étude impartiale du passé quelques leçons pour l'avenir, tel est le but que je me suis efforcé d'atteindre.

J'ai eu soin de me dégager des préoccupations de l'esprit de parti.

Sans renier mon drapeau, j'ai fait abstraction des hommes pour ne considérer que les choses. Indifférent aux noms, aux opinions et aux antécédents des acteurs, je raconte avec impartialité les événements qui ont influé sur le sort du pays.

La justice et la vérité m'ont dirigé dans mes recherches.

Peut-être ai-je trop présumé de mes forces. S'il en est ainsi, j'aurai du moins tracé quelques sillons dans un sol que d'autres sauront féconder.

L'auteur.